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Le consensus ne sent rien.
Le conclave non plus.
Seule cette petite chambre de symbiose semble affectée.
Ciblée.



L'esprit de Tchik s'y concentre. Il fixe ce "lieu", cette zone. Avec une réelle volonté de l'atteindre, le toucher, ou de mieux le sentir. Mais pourquoi? le tchaë ne trahit aucune intention particulière, sinon celle de se concentrer de toute son âme ici et nulle part ailleurs.
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***
Et Tana sembla faire son choix rapidement.

Tchik reprit alors sa concentration.
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***
L'idée de Tchik avait du mal à prendre son élan.
Il y avait trop d'obstacles, de trajectoires divergeantes, d'esprits interconnectés.
Et le souci était que le tchaë ne pouvait s'empêcher d'aller "voir ailleurs".

Trop de fil de pensées ouverts, de discussions, de débats, d'échanges télépathiques.
Son cerveau était inondé, entravé, saturé. Peut être pas totalement, mais suffisamment pour gêner la progression de son idée. De sa concentration.

Au bout d'un moment, celle ci explosa en vol.



La tentative avait échoué, naturellement.
Cela coïncidait d'ailleurs avec le passage de certains esprits dans cette zone télépathique.
Il n'était peut être pas tout seul ici, finalement.

Peu importe.
Il allait falloir réessayer.
Mais cette fois, il se couperait du consensus.
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***
Encore rien.
Enfin pas vraiment rien...quelque chose se mettait à nouveau à s'agiter.

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A nouveau l'esprit de Tchik se concentrait.
D'abord, il avait tout fait pour s'éloigner au maximum du reste du consensus.
Et cela lui demanda un certain effort mental, car le lien ne pouvait être rompu si facilement.

Malgré lui il sentait la présence de tout cet environnement télépathique autour de lui.
Seulement il devait en faire abstraction.
Là où la réalité opposait un obstacle, l'imaginaire le changeait en chemin.
Il triait son esprit, comme on le fait avec un meuble ou un classeur.
Sa volonté d'éclaircir sa pensée s'était transformée en obsession.

Il tenait absolument à ce que sa tentative soit lancée sur des bases saines, propres, claires.
Faire le vide.



Ca y était, les éléments disparaissaient peu à peu.
Il se sentait loin.
Heureusement, si il y avait des esprits autour, ils gardaient le silence.
En quelque sorte, il n'existait pas pour lui tant qu'ils pensaient peu.

Désormais, il devait fixer ce point.
Ce lieu.
Et pourquoi pas ensuite, se laisser emporter par l'élan...
***

***
L'esprit de Tchik était lavé de toutes pensées.
Le plus dur lui semblait être derrière lui.
Comme imperméable à toute intrusion.
Elles étaient possibles, mais il n'y répondrait pas.
Ses pensées n'en donneraient aucun écho.

En quelque sorte, il se sentait bien.
Mieux.
La sensation d'être en un lieu où il était enfin seul.
Ou presque.



Qu'allait-il faire maintenant?
Ne surtout pas s'égarer.
La tentation était là toutefois, de penser à autre chose, imaginer, créer.
Mais il fallait étouffer ces idées.

Ne se concentrer que sur une chose : cette zone télépathique et une autre manière de l'appréhender.
De se l'approprier.
***

***
Maintenir sa concentration n'était pas de tout repos.
Les voix à l'extérieur résonnaient.
Très fortement.
Inévitablement son attention était attiré et il devait chaque fois se contenir pour ne pas s'y lier.

Parmi elles, quelques mots d'Istreen lui parvinrent.
Mais son subconscient s'en chargea.
Il avait la sensation d'être deux.
L'un était devant, au front, et essuyer tous les contacts.
L'autre se cachait derrière, loin derrière.
Tournant le dos, de peur d'être happé par les flux communicatifs.

Et ces flux étaient incessants, mais il parvenait à les éviter.
Plus facilement qu'il ne l'avait penser.
Il les voyait tourner autour de lui, mais son esprit, occupé par une seule et unique idée, s'accrochait à sa place.
Isolé, éloigné, protégé.



Oui, il se sentait protégé ici.
Il essayait de ne pas trop se laisser envahir par son imaginaire...quand bien même celui ci s'avérait d'une utilité étonnante.
En effet, il visualisait une sorte de bouclier invisible, une écran, une vitre...une bulle de verre.
Et cela l'aidait à poursuivre sa concentration.
Mais il avait peur d'introduire d'autres éléments imaginaires ici.
Peur qu'ils déforment l'espace.
Peur qu'ils corrompent le résultat de son expérience et qu'il s'égare ailleurs.

Non! Il devait rester loin pour le moment, dans cette zone privilégiée du consensus.
Des barrières étaient déjà là pour le protéger.
Il n'avait qu'à simplement ne pas bouger.
S'y installer.

Et si besoin, il se couperait de la réalité aussi...
***

***
Agression spirituelle.
Des symboles apparaissaient.
Ils voguaient dans son esprit sans qu'ils puissent les rejeter.
Trop nombreux.
Il en virait 10, et c'était 100 autres qui débarquaient.



Pourtant, au bout de quelques minutes, sa concentration put se rétablir.
A l'extérieur de la Bulle, l'écho s'était apaisé.
Le consensus dormait.
Le silence inondait l'espace symbiotique.
Peut être que d'autres cherchaient à se concentrer comme lui...

Cela en tout cas l'aidait à évacuer ses propres pensées.
Ses équations.
***

***
Il y avait là dedans une certaine sérénité à vouloir protéger son esprit ainsi.
Et Tchik se sentait désormais apaisé.
Quelques légères tensions extérieures ou échos curieux.
Mais rien ne pouvait plus le perturbait ici.

Il était bien.
Loin d'être parfait, mais bien.
Juste ce qu'il fallait pour tenter de se saisir de ce lieu.
De le maitriser entièrement.

Oui, tenter...
***

***
Que faisaient ils?!
Une intrusion!
Il les sentait aux abords de son esprit.
D'autres symbiosés tentaient de l'atteindre sans permission.
Quels fous!
Ne voyaient ils pas la brutalité de ce geste?!
Une utilisation aussi sauvage de la Symbiose ne faisait que fermer les esprits un peu plus.
Les leurs aussi.



Le verre.
Fendu...
Ils s'y étaient mis à plusieurs pour passer en force.
Tchik avait été obligé de leur céder le passage.
Étrange toutefois.
Aussitôt entrés, aussitôt partis.
A quoi avaient joué ses frères?

Le silence était finalement revenu.
Tout aussi brutalement.
Encore plus présent qu'auparavant.
Comme si l'agitation avait créé un contraste frappant.
Plongeant Tchik dans une concentration toujours plus profonde.
Il mesurait d'ailleurs mieux son éloignement.

Aucun doute!
Les conditions parfaites étaient désormais réunies.
***

***
Qui est ce?
Ou quoi?
Sans doute une illusion lointaine...

Il voyait les contours.
Etrange paradoxe que ce monde immatériel borné par des éléments tout aussi impalpable.
Et pour être borné, il l'était solidement.
Pourtant, Tchik tenta de forcer le passage.
Pour trouver ce lieu isolé, le modeler de ses propres mains.



Nouvelle sensation.
Curieuse.
Inquiétante.

Tchik avait cette sincère envie d'être isolé.
Seulement, chaque fois qu'il s'accrochait à l'espace, celui ci s'extirpait de son emprise.
Il ne parvenait jamais vraiment à le posséder, le maintenir.
Comme de l'eau qu'il tenterait d'attraper avec la main.

Mais cette sensation était plus subtile.
Elle se déclenchait lors de chacune de ses tentatives!
Comme une sorte de vertige.

Oui!
Chaque fois qu'il tentait de fermer toutes les portes autour de lui, il se sentait affaibli, en perdition total, comme abandonné par sa symbiose.
Il vit comme un puits sans fin au loin.
Une issue terrible.

Et quelqu'un le regardait tomber.
Tchik l'imagina souriant et se moquant de lui.
Encore une illusion...

Au fond de lui, il comprit que ce chemin là était vain.



Le temps de lutter pour ne pas sombrer, son esprit reprenait chaque sa place dans le consensus.
Inéluctablement.
Ainsi était la nature de la symbiose.
Un cercle vicieux.

En un sens, tout cela était logique.
En un sens, sa tentative n'avait pas lieu d'être.
Il en avait désormais conscience.
Ou du moins, il savait comment procéder maintenant.

Son étude ne faisait que commencer.
***

***
Une simple extrapolation.
L'esprit s'ouvrait.
Le consensus se dévoilait.
Un mécanisme enfantin en fin de compte.

A chaque tentative, l'appréhension de l'espace télépathique se faisait plus facile.
Tchik comprenait ce qui l'entourait.
Il donnait un nom à chaque choses.
Eléments.
Détails.
Et quand il reposait son attention dessus, ces entités semblaient plus facilement palpables.
Tout prenait un sens.

Même les limites.



Encerclé.
Les esprits autour formaient un siège duquel il sentait ne pas pouvoir s'extirper.
Mais cette sensation, il la connaissait déjà.

Alors il se concentra pour mieux cerner son espace.
Cette salle du consensus était formée par trois...non...quatre...six esprits.
Dont le sien.
Il mesurait combien lui même était responsable de ce cloisonnement.

Comment cela fonctionnait il?
Un ensemble et des sous ensembles.
Les variables étaient posées.
L'expérience reprenait son cours.
***

***
Rien ici.
Ni là.
Juste...rien.
Ou presque.

Il butait contre des parois impalpables.
Les autres symbiosés formaient autour de lui des murailles infranchissables.
Une chose est sûre : ils sont bel et bien présents.
Même s'ils ne pensent pas.
La place que leur offre la Symbiose au sein du consensus est pleine.
Entière.

Un moment l'idée lui vint que peut être, ses sens lui avaient joué des tours.
Peut être qu'il avait imaginé ce lieu.
Qu'il y avait tellement cru qu'il lui avait donné vie.
Mais la réalité était autre : sa pensée ne pouvait aller plus loin.
Et la sensation d'être oppressé, comprimé, enfermé dans cette structure consensuelle revenait peu à peu.
Il se sentait petit.
Tout petit.
Minuscule, ridicule.
Réduit à une simple case dans un tableau.
Coincé...

Sa pensée était à deux doigts de craquer et de hurler sa rage.
Être confiné ainsi, sans pouvoir bouger, ni contempler.
Toute sa vie il avait lutté contre les limites.
Les esprits fermés.
Le fatalisme.

Il se sentait misérablement petit.

Et cette chose l'observait.
Encore.
Toujours...



Il devait nettoyer sa pensée.
Sa télépathie était polluée par des fausses pistes.
La meilleure solution : tout bruler.
Tout!
Puis reprendre une feuille vierge.

La frustration se dissipait.
Étouffée par une explosion pragmatique.
Il pouvait se concentrer à nouveau.

Si le Néant se cachait là derrière, il était bien difficile à atteindre.
En un sens, cela avait quelque chose de rassurant.
***

***
Rassurant.
Mais perturbant.
Quelque chose n'allait pas dans ce consensus.
Quoi?!

Qu'est ce qui n'allait pas?!
L'esprit du tchaë ne parvenait pas à mettre un mot sur son impression.
Il faisait face à un véritable labyrinthe.
En ce sens que ce n'était pas Tchik qui choisissait son chemin.
C'était le chemin qui se dessinait pour lui.
Où qu'il aille, il revenait au point de départ.
Il tournait en rond.

Et c'était le consensus qui voulait cela.
Des murs partout.
Mais pas par hasard.
Rien d'aléatoire ici.
Sonder l'espace en quête d'un esprit perdu ou silencieux ne menait à rien.
Comme si...

Comme si quoi?!
Aucun mot ne convenait pour définir l'anomalie...



A moins que...
...si il n'y avait pas de mot, c'est peut être parce...
...qu'il n'y avait pas d'anomalie.

La perfection incarnée.
Ni faille, ni incohérence.
Toutes pensées étaient encadrées.
Ou recadrées.
Tout était prévu.
Façonné pour acceuillir leurs esprits.
Y compris le sien.
Même la pensée déviante avait sa place ici...

Cette pensée là fit trembler le contact télépathique de l'ingénieur.
Paralysé.
En proie au doute.
Effrayé.

Nouveau déclic.
Celui ci amenait des idées qu'il n'avait pas envisagé.
Des hypothèses réduisant à néant ses expériences certes.
Et ouvrant une voie pour des théories à la fois cohérente et inconcevable.
Les autres ne pourraient pas comprendre.
La paranoïa tuerait ces idées là.
Ou s'en emparerait pour attiser une consensuphobie fulgurante.
La sensation montait en lui d'être en possession d'une idée terrible.
Un raisonnement qu'il ne pourrait pas partager!
Qu'il ne devait pas partager!

Peut être se laissait il gagner par cette paranoïa justement.
Peut être était il en train de s'égarer.
Peut être n'était ce là que le fruit d'un fantasme scientifique.
D'une folie passagère.

Devait il vraiment avoir confiance en ses propres sens?

RAAAAAHHHHHHHHH!!!

Nouveau cri.
Il devait absolument se débarrasser de ces pensées néfastes.
Tout nettoyer!
Tout bruler!
Aérer son esprit et tenter autre chose.

La perfection est un défaut.
Une preuve.
Rien ne servait de l'affronter.
Au contraire, il devait l'intégrer à son paradigme, à ses règles.
L'exploration sera la même.
Seule l'interprétation des résultats sera différente.
***

***

Il l'ouvre.
Le scrute.
Attend.
Une pensée se trouve là. Un fil.
Le principe est simple et pourtant si abstrait.
Tchik tente de se détacher de toutes conceptions classiques de cette 'chose consensuelle'.
Malgré lui pourtant, il les considère comme des tiroirs.

En sont ils véritablement?
Peu importe.

Armé de sa concentration et de son pinceau spirituelle, il époussète chaque recoins télépathiques qui se présentent à lui.
Il y a tant à d'informations, tant de liens, de sensations, de pensées...
Alliant une incroyable stabilité avec une certaine flexibilité.
Ces choses là pouvaient bouger.
Ou plutot "être bougées".
Dans son élan, Tchik tente alors d'en capturer une.
Elle est là, juste au creux de son esprit, il la sent, la cerne, la comprend.
Mais rien y fait.
Comme pour ces satanés barrières de télépathie, son seul esprit est trop faible pour envahir ce qui ne lui appartient pas.
Hors ces pensées ne lui appartiennent pas!
Non, elles appartiennent toutes au Consensus.

Toutes, vraiment?
Une idée s'insinue alors dans sa démarche.
Il prend du recul et observe l'ensemble.
Tchik cherche quelque chose de très précis.



Des noms!
Les esprits des symbiosés.
Toutes ces pensées sont liées à l'un d'entre eux.
Alors il sonde.
Et sonde encore.
Pendant des heures.

Il ne s'attendait plus à trouver d'anomalie ici.
Mais la perception des anciens, de ceux qui avait eu un jour la symbiose et s'en étaient allés, lui donnait à penser que le consensus pouvait servir d'une toute autre manière de ce dont il l'avait entrevu jusque là.
Le lien! C'est le lien qu'il fallait exploiter.


Un visage apparait alors.
Celui d'un renégat.
Une sensation de symbiose.
Intérieurement, Tchik sourit.
Il n'a pas fini son travail sur le Maelström Télépathique, mais il sent qu'une nouvelle piste vient de s'y adjoindre.
Peut être n'est ce rien, encore une fois.

Seulement, une part de lui était heureux.
Le lien, avec ce frère, n'était pas mort...
***