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Mes frères,
Je rappelle à tous que dans notre Fraternité, la vente de biens ou de services précis est presque toujours liée à l'activité d'une guilde et donc, placée sous la responsabilité d'une Bulle.
S'il existe un Syndicat d'Alchimie, c'est précisément pour que le commerce des potions obéisse à des règles claires et ne soit pas le théâtre d'une foire d'empoigne entre commerçants patentés, officiellement déclarés, dont le travail engage l'image même de la Bulle Rouge toute entière, et des vendeurs amateurs à la sauvette... voire des musards à l'honnêteté plus que douteuse !
Que diraient les honorables professeurs de la Bulle Bleue si des vagabonds se mettaient soudain à vendre des cours à prix cassés ? Que diraient nos vaillants soldats si quelque petit chef d'opérette les recrutait, en offrant de meilleures soldes que ce qu'ils touchent déjà ? Ce serait l'anarchie !
J'engage chaque responsable, et j'engage mes pairs hauts dignitaires, à surveiller leurs ouailles : que chacun exerce son métier sans nuire à ses voisins !
Légalement parlant, exercer une activité étrangère à sa guilde et surtout, à sa Bulle, est toléré à la condition expresse que cela demeure discret et strictement occasionnel. Si un beau matin, un tisserand vend une épée dont il ne se sert plus à un cousin de passage, pas de problème. S'il se lance ouvertement dans ce commerce, s'il passe des annonces publiques à ce propos, il devient de facto concurrent déloyal des honnêtes travailleurs d'un Syndicat ayant pignon sur rue ! C’est indigne de notre tradition, c’est insulter nos valeurs, c’est mépriser sa propre Bulle et la Bulle spoliée !
Comprenez, mes frères, qu'il en va de votre propre intérêt de client : si quelqu'un vous vend une armure, et que ce quelqu'un n'est pas membre d’une guilde concernée (en l’occurrence : Syndicat du Génie Militaire, Syndicat de la Forge, Syndicat des Comptoirs Marchands), il peut vous arnaquer en toute impunité ! Vous ne pourrez pas vous plaindre de lui, précisément parce qu’il ne s’agit pas d’un « acte marchand », mais d’une simple convenance à caractère privé ! En achetant un bien ou un service auprès d’une structure officielle, vous garantissez vos arrières : un Coursier perd votre cape, par exemple en se la faisant voler sur la route, ou en succombant sous les crocs d’un loup ? Le Syndicat des Transports de Biens vous dédommagera. Votre buste en marbre, réalisé par un Sculpteur Ornemaniste, se fend au premier gel ? La Loge des Arts Monumentaux vous offrira sa copie. Un musard disparaît avec votre colis, destiné à un ami lointain ? D’honnêtes militants pourront s’en plaindre et obtenir réparation, mais pas vous ! C’est votre affaire, vous n’aviez qu’à faire appel à un professionnel ! L’inverse est également vrai : votre élève refuse de payer votre cours de Nelda ? Si vous êtes artilleur, ma foi, tant pis pour vous ! Seule la Bulle Bleue, si elle l’estime nécessaire, pourra agir.
Pour que les choses soient claires : chacun, en fonction de sa guilde, peut faire commerce d’une profession de manière officielle et garantie. Le reste, vous le faites à vos risques et périls.
Si vous avez quelque doute à propos d’une activité donnée, que vous soyez demandeur ou pourvoyeur de ladite activité, n’hésitez pas à consulter vos supérieurs, voire un haut dignitaire : communiquer sur nos prérogatives respectives n’est pas un service, c’est un devoir.
Ethan Gorgo, de la lignée Gilgesh
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