|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Le Merakih 8 Julantir 1509 à 16h19
|
|
|
| Chambellan Dhuri, tu te videras les valseuses une autre fois si tu me passes l'expression. On a des pains sur la planche, là, c'est sérieux. Je suis forcé de me tourner vers des étrangers pour avoir de l'assistance et, crois-moi, ils utilisent une farine que tu ne voudrais pas goûter.
La vache, on croit rêvé. C'est à se demander pourquoi t'es Chambellans si tu préfères aller farcir un bourgeon plutôt que de remplir ton rôle. Rha, ça me donne envie de dégobiller, chte jure. Je comprends qu'un Furyan ne t'ai pas motivé à bougé, Dhuri, mais deux pauvres neldas consanguins fastoches à arrêter... on se serait attendu à mieux de la part d'un Chambellan de l'Ordre.
Eddy, rappliques avec tes deux sorts qu'on les pougnasse, ces deux jacquards. Merci d'avance au Limonaire de vouloir honorer des galons injustement portés par le Poinçon.
Se suffire, c'est être puissant.
| |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Le Julung 9 Julantir 1509 à 16h37
|
|
|
| ***
Une voix mielleuse.
Un ton fleurit.
Un parfum de rose.
***
Une permission ? Vraiment ? Loin de moi l’idée de chercher à faire du mauvais esprit, mais on pourrait s’interroger, selon moi, face à une telle déclaration, sur trois points : l’origine de cette permission, son commencement et sa durée.
L’origine, d’abord, puisque, si je ne m’abuse, une permission est un semi droit officiel accordé aux éléments les plus méritants de l’Horloge du Poinçon. Or, malgré les symboles cousus d’argent, le plastron lustré et le salaire élevé – ce qui participe à l’identité du Chambellan du Poinçon, en sommes – je m’interroge sans malice et sérieusement sur les quelques mérites acquis jusque là et qui pourraient justifier une permission à ton égard.
Serait-ce ta parfaite contribution sur l’affaire Mélia ? Ton implication distinguée dans les recherches de l’invocateur fou ? S’agit-il de ta capacité avérée à minimiser les risques d’attaque des Furyans, ou de cette formidable technique oratoire qui valut aux troupes du Caravansérail le meilleur discours galvanisant que le monde ait jamais entendu ? A moins qu’on ne fasse ainsi référence à ton génie administratif lequel occupe, grâce à ton incroyable compréhension des requêtes ascendantes, cent pour cent de ton temps. Inutile ici d’aborder le sujet de tes talents de gestionnaires, très motivant pour le duo de symbiosés qui attendent tes ordres éclairés.
Voilà sûrement tout ce pourquoi tu es en permission. Aucun doute n'est permis.
D’ailleurs sur son commencement, maintenant, je m’interroge également. C’est intriguant, ne trouves-tu pas ? Intriguant car, dans les faits, une permission succède à une période d’activité intense et risquée. Faisons le bilan de ton dynamisme, veux-tu : il y a bien eu la résolution des meurtres de la mine de sel et de celui d’Okrima Tan (Grand Chambellan du Poinçon) mais ça, c’était Ellis. Peut-être la rédaction des nouvelles Lois ? Ah ! non, c’était Yeshal. Leurs mises en pratique a été gérée par Kalim. Alors, alors, que reste-t-il ? Je sais : les Obsessions et le Concile Nemen. Zut, personne ne t’y as rencontré. L’affaire du Jyrtryan infiltré à Arameth ? Ce fut bien co-orchestré par un ponte du Poinçon mais, assurément, ce n’était pas toi. Décidemment. La liste s’épuise. Voyons voir… Alveck ? Non, l’enquête avait besoin de limier et non de lévrier. L’affaire des comptoirs s’est réglée en quasi-totalité grâce au Vitrail et au Luth, et la quête de Flymeur a vu se déplacer les mêmes confrères que d’habitude. Ah là là. Si ! Je sais Quelle mauvaise langue je suis, franchement ; comment ais-je pu oublier ta contribution dans l’escorte de l’expédition de Silvio ? Voilà une action dans tes cordes, en parfaite conduite de tes attributions : escorter des confrères dans le désert. Non, vraiment, mille excuses. C’est suite à cela que tu as gagné une permission ?
Je serais bien méchant de croire que tu passes davantage de temps à observer ton gigantesque nombril plutôt qu’à faire ton travail. Une sortie pédagogique dans le désert vaut bien une permission. Oui.
Et puis, c’est un détail dans mon intervention, il faut dire qu’à côté de ça tu as déjà beaucoup à faire en tant que Chambellan – pas de blagues. Tellement de femelles qui attendent, lascives, que tu viennes faire régner l’ordre et la justice dans leur intimité. Tu trouveras sur ton bureau en rentrant une proposition d’intégration d’une brigade des mœurs dans notre Horloge. C’est, je n’en doute pas, un dossier pour lequel tu trouveras une motivation indiscutable.
Mais revenons-en aux fondamentaux du sujet : doit-on parler de nouvelle permission ou de prolongation ? Si j’ai bien compris au terme de ma liste, la permission dont tu fais mention a commencé le jour de ta symbiose et se prolonge aujourd’hui.
C’est bien ça ?
Sa durée justement, et enfin, est l’ultime source de mon questionnement.
En d’autres mots qui sonneront bien mieux dans ma bouche de sicaire : tu comptes te pignoler encore longtemps ?
Je ne plaisante pas, c’est une véritable question. En dehors de vivre au crochet du Poinçon, d’asséner quelques coups d’épées par-ci par-là – et seulement quand le danger est loin, entendons-nous, le tout sous prétexte de t’entrainer - et d’intervenir pour nous gratifier de nouvelles inepties intolérables pour l’esprit – ne prends pas mal ce qui va suivre mais : je me demande à quoi tu sers. Peut-être suis-je passé à côté de ton utilité indispensable et que mes médisances s’embourbent dans un goudron niaiseux. Je ne dis pas. Tu peux toujours me convaincre du contraire. Peut-être que chacun, dans cette sphère de pensée, répondra à mes questions en pointant du doigt l’évident bénéfice de t’avoir comme Chambellan de l’Ordre. En ce qui me concerne je vois aucune différence entre un Ligerio partie planter ses graines en permission et un Ligerio actif en train d’accomplir son devoir. J’ai l’image unie du bonhomme calme et distant qui empreinte pesamment les sentiers de l’impéritie et qui, summum du bonheur, parvient à se demander pourquoi certains agitent les bras pour qu’il s’arrête.
L’adage veut qu’on s’inspire de ses ainés mais tu poursuis un idéal bien médiocre avec un tel comportement (non, je ne te juge pas, je t’observe uniquement hélas). Tu places ton mandat sous le signe de l’incompétence poinçonné que le monde aramethéen critique depuis Ellis – le style en moins, bien sûr. Ai au moins la décence d’assume cette pauvreté jusque bout en recrutant des Ranaxaldron ou des Finghin (que je salue) ; malgré leur infamie, eux savaient nous faire rire et se montraient même parfois utiles. Au lieu de cela nous assistons au grand rien, à la perfection du quedal, à l’excellence du pas-du-tout. Alors, de grâce, réponds aux questions du spectateur fatigué que je suis et qui pourraient se résumer comme suit :
Ca va durer longtemps ces âneries ?
PS : les deux biges sont bouclés.
Se suffire, c'est être puissant. | |
|
|
|
|
|
|
|
Le Vayang 10 Julantir 1509 à 12h26
|
|
|
| Prendre ta place ?
***
Une pause.
Vous sentez Aliundil sur le point de rire, puis non.
***
C’est une plaisanterie ? Non évidemment puisque ce n’est pas (si) drôle. Tout d’abord je n’aimerai pas que tu démissionnes car je reste persuadé que tu peux changer, ensuite je ne désirs aucunement gagner les hauteurs d’Arameth qui présentent bien plus d’inconvénients que d’avantages. Sans compter qu’il faudrait alors marchander avec la charmante clique à Mamy, perspective loin d’être ravissante pour un sicaire.
***
Une nouvelle pause.
***
Pour ce qui est de ne pas t’aimer, je dois rétablir la vérité. Je ne voudrais pas dégrader notre « climat de travail » (comme c’est osé de ta part!). Pour ne pas aimer quelque chose ou quelqu’un il faut en avoir éprouvé le goût ; or, dans ton cas, comment pourrait-on se prononcer sur ta saveur ou ta fadeur alors que nous n’avons rien à nous mettre sous la dent ? Non. Non. Le meilleur sentiment qui puisse définir l’attention que je te porte est : découragement. Je ne cherche pas à te pousser à la démission, ni à t’insulter, pas plus que je ne veux ton statut, cette chose est sûre, mais j’ambitionne de te faire prendre conscience de l’importance et du sérieux de ton rôle.
Ne considère pas mon intervention comme une gifle mais comme une claque dans le dos un peu rude.
Comme je te le disais, tu te diriges dans un mur mais certains essayent d’attirer ton attention à grand renfort de gesticulations discursives. Pour simplifier mon développement : mes remontrances ne viennent pas de ta permission dont je me tamponne le coquillard gaiement, d’autant plus que chacun à la droit de batifoler un peu, mais du contexte dans laquelle elle arrive. D’abord, tu ne te manifestes que rarement quand nous avons besoin de toi ou alors c’est pour jouer de l’épée, et quand tu réponds c’est pour nous dire que tu n’es pas là mais que tu nous encourages et ça c’est le plus important que c’est trop bien. Tu comprendras que c’est un peu esquintant pour les nerfs d’être le seul à écoper l’eau d’une barque percée quand l’autre s’amuse à mettre le seau sur sa tête. Et Kalim à d’autres choses à faire que répondre à mes appels. Tu parlais en réponse du climat de travail. Tout ça me donne l’impression que tu te la coules douce au soleil pendant qu’on bataille contre la tempête, et le croiras-tu?, j’aimerai rien qu’une fois te voir te mouiller.
Vois-tu, je me demande quoi faire.
On à beau te bousculer, tu restes égal à toi-même, assis sur un trône à ressort, tenant le sceptre contrefait de l’autorité dans une main, et serrant la cuisse de l’apathie de l’autre. J’attendais une réaction musclée, digne, qui m’aurait montré c’est qui le patron ! Mais non, tu me parles de démission. Allez, remettons l’œil du Poinçon à sa place, fermons-lui son clapet, perçons son clairon, tapons du poing sur la table, menaçons-le de rupture de contrat, attaquons-le sur ses faiblesses, S’sarkh : agissons !
***
Une dernière pause.
***
Ne comprends-tu pas que c’est ce que je te demande au bout du compte, d’agir.
Se suffire, c'est être puissant. | |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|