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Le Dhiwara 30 Marigar 1508 à 21h14
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| Les trois tydales sortirent de la cellule et firent volte face, laissant le tchaë à sa solitude et ses angoisses. La garde postée à côté referma immédiatement la porte puis rattrapa les tydales, joignant ses pas.
Leurs pas résonnaient sur la pierre froide tandis qu'elles se rapprochaient inexorablement de la cellule d'Aergad.
La garde sortit de nouveau un lourd trousseau de clé, ouvrit la lourde porte de chêne brisant le pesant silence, la porte grinça sous l'age puis la garde se retirait de quelques pas respectueusement tout en restant à disposition.
Au fond de la cellule, un Aergad aux traits tirés se levait avec détermination et s'approchait avec fierté, s'adressant dédaigneusement.
Que voulez-vous ? Que souhaitez de moi ? Sachez que je n'ai rien à vous dire et que si vous n'êtes ici pour me mener à ma mort qui fera de moi le martyr de toute un peuple, de toute une communauté, de tous les individus qui possèdent, consciemment ou non les mêmes pensées.
Si vous êtes ici pour faire mon procès et en apprendre plus sur les faits, alors repartez d'où vous venez. Nous savons tous qu'une enquête est inutile, nous connaissons tous les faits et nous savons tous que le jugement a déjà été rendu peu importe le procès qui me sera fait.
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Le Merakih 2 Astawir 1508 à 18h55
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| Et immédiatement le tydale réagissait, envoyant valser accidentellement une pluie de salive sur la mestre.
Quoi ? Personne ? C'est... Simplement car ceux qui m'accompagnaient étaient des personnes de confiance et que je ne souhaitait pas m'encombrer !
Mon action n'est rien qu'à vos yeux, femmes aveugles du matriarcat, elle possède une importance capitale au regard des autres ! Car qu'ils entendent mon action et ma souffrance pour eux par simple rumeur, qu'ils y prennent attention ou non ils se diront, consciemment ou non, il a raison !
Et en ces termes d'autres viendront et me suivront, et grâce à moi ils seront de plus en plus nombreux ! Vous serez submergés face à cette révolte qui renversera votre gouvernement, vos institutions si fragiles, si futiles !
Les mâles sont soumis, oppressés, dominés ! Mais cet effet de domination cessera le jour ou ils remettront en cause cette domination qui n'aura alors plus lieu d'exister !
Ne comprenez-vous pas ? Le matriarcat connait son déclin ! Pas celui de Syfaria, simplement de votre société qui tôt ou tard s'effondrera sous le poids et la fragilité de ses institutions ! Alors un nouvel ordre s'élèvera de ses cendres, guidé par ceux qui auront permis la destruction et une nouvelle société dont j'en suis l'élément fondateur naitra !
C'est le déclin, mais uniquement de votre société et nullement celle d'une autre !
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Le Julung 3 Astawir 1508 à 12h09
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| Foutaises !
Réagit Arkana avec colère.
Ils n'entendront jamais parler de toi et de ton action stupide car elle n'avait pas plus de cohérence que les dires d'une Déclinante à l'esprit perdu ! Ils ne verront en tes actes que le reflet de la folie d'un mâle capricieux et mégalomane.
Des assassins, au Matriarcat, tu n'es pas le premier et tu n'es pas le dernier, hélas. Où est le courage ou l'honneur dans le fait de tuer une garde ou de faire exploser une muraille ? Crois-tu que tes revendications décousues survivront appuyées de telles décisions par tous condamnables ?
Vous n'étiez que quatre fous, et vous n'êtes plus rien aujourd'hui. Tous regrettent, tous sauf toi ! Ah, il est beau ton 'mouvement massif'.
La Némésis agita la tête en continuant non sans hargne :
Oui, le Matriarcat connaît le déclin. Mais que crois-tu, Aegard, que d'autres alternatives existent ? Si nous "libérons" les mâles, la pérennité des tydales ne sera plus assurées, si les Anjas sont libre d'enfanter ou non alors le Déclin nous frappera encore plus fort et plus vite.
Et en quelques dizaines d'années ce n'est pas le Matriarcat qui disparaîtra, mais notre race.
Ta nouvelle société utopique qui naîtrait de ton fait signerait la fin de tous les mâles et les femelles tydales. Veux-tu toujours en être l'investigateur, pauvre fou ?
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Le Matal 8 Astawir 1508 à 00h38
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| *** La discussion avait suffisamment dérivé comme cela. Que Aergad soit un idéaliste prêt à toutes les horreurs pour parvenir à ses fins, elle le savait déjà.
D'après ce qu'il laissait transparaitre, il ne semblait pas y avoir de groupuscule anti-Matriarcat organisé au sein de l'Equilibrium, et c'est aussi ce qu'elle voulait savoir.
Il était donc temps d'en revenir aux faits, même si elle doutait qu'Aergad réponde sincèrement, et que cela ait la moindre incidence sur le jugement que prononcerait Lot'hi. ***
Peu importe tes idéaux, Aergad, ce pourquoi vous êtes emprisonnés aujourd'hui est uniquement dû aux moyens que vous avez employés pour les imposer au peuple tydale, à savoir le meurtre d'une tydale et la destruction d'un pan de muraille de Kryg.
Tu ne te fais aucune illusion sur le jugement? Fort bien, alors finissons en au plus vite et réponds à mes questions :
Qui a tué la tydale à Utrynia lors de votre infiltration? Depuis quand connais tu Isibeal et comment l'as tu rencontrée? J'imagine que tu ne l'as pas convaincue de te suivre en cinq minutes durant la nuit du meurtre.
Quelle étrange coutume... mais non voyons ne le prenez pas mal, j'aimerais au contraire en connaître plus sur vos us et coutumes. | |
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Le Sukra 12 Astawir 1508 à 19h32
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| Arkana soupira puis tenta une autre méthode :
Aegard, Aegard... Tu sais, si tu penses qu'à l'heure actuelle tu n'as plus rien à perdre, c'est faux.
Car tu peux choisir de te battre, de ne rien nous dire, de continuer à être buté et désagréable. Alors, tu seras exécuté -sans que quiconque ne soit mis au courant de ta mort- et ton nom se perdra dans les méandres du temps, quoi que tu en dises.
Mais tu peux aussi choisir une autre voie. C'est ta dernière chance...
Tu aimes Faelan ? Alors coopère. Il s'accuse de tout, à l'heure actuelle. Si nous n'avons pas la certitude qu'il n'a été qu'un pion de ta folie alors il sera exécuté. Exécuté pour avoir endossé tes responsabilités, exécuté par tes refus de répondre à des questions simples...
Tu aimes Isibeal ? Alors coopère. C'est ce qu'il y a de mieux à faire pour elle... On ne lui a pas encore choisi de mâle reproducteur, tu sais ? Et s'il s'avérait que tu étais viable, peut-être que je pourrai interférer en ta faveur... Tu pourrais être père de l'enfant issu de l'amour... Mais...
Mais pas si tu continues d'être aussi obstiné. Je ne suis pas un monstre, mais ton comportement me pousse de plus en plus à le devenir...
Alors, je répète les questions : qui a tué la tydale à Utrynia lors de votre infiltration? Depuis quand connais tu Isibeal et comment l'as-tu rencontrée?
Le ton était sec et sans appel.
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Le Merakih 16 Astawir 1508 à 18h57
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| Aergad semble faillir, hésiter, son regard dévisage tour à tour les trois tydales, inquisitrices à la recherche de vérité, ou de mensonges...
Crois-tu que la discrétion de mon exécution empêchera le peuple d'en parler ? Je ne crois pas, l'impact et le bruit de notre action se propagera et ma mystérieuse disparition fera parler dans les tavernes.
Dans un soupir, ses muscles semblent se raidir quelques instants avant d'ajouter.
Faelan n'est pour rien dans toutes les actions menées, je suis le seul investigateur, il n'a pas à recevoir l'injustice déjà démesurée du Matriarcat. Isibeal doit aussi être tenu en dehors de tout ca, mais vous n'avez rien à connaitre sur mes relations avec elle, nos souvenirs sont intimes et vous ne saurez me les arracher !
Mais si je suis l'organisateur, Kadarn a tué la garde lors de l'infiltration.
Instant de raison ? Toujours est-il qu'Aergad se tourne vers le mur, évitant le regard des tydales. Ses cernes semblent s'agrandir, sans nul doute sous la pression des nombreux lutins creusant sans relâche...
Mais sachez que nous supprimer ou nous enfermer n'empêchera le destin inéluctable du Matriarcat, il court à sa perte, vous le poussez vers le ravin...
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Le Vayang 18 Astawir 1508 à 01h03
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| *** Pleine d'inspiration, Fae'thil renvoya son regard à Arkana, l'air de dire "Pas mieux".
A vrai dire, elle ne voyait rien à ajouter, la Caria Lot'hi devait maintenant posséder toutes les cartes pour rendre son verdict.
Avant de partir, elle voulut elle aussi lancer un petit trait de moral à Aergad. ***
Je ne sais pas ce qu'il adviendra de toi, Aergad, mais réfléchis à ça :
Le peuple tydale n'a pas choisi sa sombre destinée, elle nous a été imposée par le rejeton du S'sarkh.
Tu t'es trompé de cible, quel que soit le mode de vie que nous ayons choisi d'adopter, nous sommes condamnées à l'extinction, mais nous avons fait le choix de survivre le plus longtemps possible pour avoir l'opportunité de comprendre l'ensemble du Tableau d'existence jusqu'au moment fatidique.
Notre seul espoir est la levée de la malédiction, il est là le combat, et non dans des luttes intestines. Tu es trop rongé par la haine pour le comprendre, mais peut être te réveilleras tu un jour.
Si tu as encore un jour un vivre, pensa t'elle.
*** La Mestre de Kryg se tourna vers Lot'hi, lui signifiant qu'elle en avait fini avec l'interrogatoire. ***
Quelle étrange coutume... mais non voyons ne le prenez pas mal, j'aimerais au contraire en connaître plus sur vos us et coutumes. | |
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Le Vayang 18 Astawir 1508 à 18h26
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| La Carias hoche la tête, laisse son regard impénétrable errer encore quelques secondes en direction du tydale au fond de sa cellule, puis, après un signe de la main invitant les deux liadha's à la suivre, elle se dirige vers les escaliers qui remontent au rez-de-chaussée de la mairie.
Une fois en haut, tout en les entrainant jusqu'au bureau de la Mestre de ville, elle leur fait part des dernières informations :
Je viens de recevoir par message mental le rapport de la Carias de la Ruche quant à l'interrogatoire de l'Anja Isibeal.
L'Anja symbiosée du nom d'Isibeal à avoué sans retenue l'ensemble des connaissances qu'elle semblait porter à propos de cette affaire.
Elle aurait rencontrer ce fou, Aergad, alors qu'elle échappait une première fois à la surveillance des nourrices, dans la forêt.
Il semblerait qu'il l'ait sauvée alors des créatures hostiles auxquelles cette inconsciente ne s'était pas préparée.
Elle semble manifestement s'être attachée à ce mâle, amoureuse, et ce serait réciproque.
Elle l'aurait aidé, lui et ses compagnons, à entrer dans la ville d'Utrynia.
La suite, récupérée entre deux sanglots nous indique qu'elle aurait été dépassée par les évènements, et qu'elle regrette.
A propos du meurtre de la garde de la Ruche, elle ne désigne personne en particulier, ses seules indications générales désignant tout le groupe.
Il semblerait qu'elle aurait ensuite cherché à les rejoindre après qu'ils aient fuis la ville, tandis qu'elle était restée à Utrynia, notamment chez l'Artisane Shyama.
La suite est connue. Elle les a rejoints et a principalement servi alors d'éclaireuse et d'indicatrice au groupe : en tant que tydale du Matriarcat elle s'est infiltrée dans Kryg pour y faire des repérages et fournir les informations nécessaires au plan des étrangers, allant après l'explosion jusqu'à tirer sur certaines de nos soeurs afin de protéger Aergard et ses amis.
Elle continue de prétendre que les Semeuse qui l'ont rattrapée ont essayé de la tuer avant de la faire prisonnière, mais cette accusation a déjà été entendue et jugée non fondée.
Lot'hi s'interrompt un instant, semblant réfléchir, puis elle regarde tour à tour Fae'thil et Arkana Voroshk.
Bien. Nous avons donc entendu ou eu les dépositions de toutes les personnes possibles, témoins, suspects et accusés.
Comme les accusés sont étrangers et peu coopératifs, aucun procès ne sera organisé. Ils nous ont déjà fait perdre assez de temps, et eux-même ne semblent pas vouloir organiser une quelconque défense.
Je rendrai donc simplement un jugement à partir de tous les éléments que vous m'avez aidée à réunir, et celui-ci sera aussitôt appliqué.
J'aimerais entendre vos avis, Liadha's, avant d'étudier de nouveau les différents rapports et d'établir un jugement.
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