|
|
|
Le Matal 15 Jangur 1508 à 21h43
|
|
|
| A rkana qui avançait avec une extrême prudence, lança un regard de gratitude au vieux mage. La liadha éprouvait un sentiment étrange d’ambivalence : d’un côté le plaisir de trouver un compagnon sympathique et visiblement ouvert d’esprit –qui n’avait peut-être rien de pervers derrière ses airs de baroudeur-, et de l’autre les remords de continuer à trahir ainsi un être qui lui faisait si aveuglément confiance.
Mais la protection du Matriarcat exigeait des sacrifices.
Les sentiments n’avaient pas leur place dans cette affaire.
La Voroshk répondit néanmoins avec beaucoup de douceur, de patience et de tolérance, assez bas pour que les autres membres ne saisissent pas la conversation –du moins pas sa globalité- mais sans pour autant avoir l’air de conspirer avec le sorcier :
Némésis, cela veut dire que je suis une Mage de guerre. Ma mission première est… était de défendre le Matriarcat contre les effluves maléfiques. Dans le Matriarcat, si les mâles sont des outils pour la reproduction, de nombreuses femelles qui ont enfanté, les liadha comme moi, sont des outils de guerre dans la lutte qui oppose la faction au S’sarkh. Elles sont là pour assurer un équilibre, un maintien de l'ordre indispensable à la pérennité à moyen terme de la faction.
Je suppose que vous n'ignorez pas les petits problèmes liés à la grossesse, chez notre race... Vous devez donc en déduire les déséquilibres irrémédiables et les dangers pour l'avenir de toute une population qui peuvent en résulter. N'est-ce pas ?
Le regard, de biais, est interrogateur. La tatouée reprend :
Mon rôle était donc de me servir de mes quelques connaissances magiques –surtout dans les sphères offensives- pour éléminer les menaces.
Ou de mourir en tentant d'accomplir cette mission...
Rajouta la jeune guerrière, un reflet de tristesse dans les yeux.
Mais je dois avouer qu’en matière de magie, vous devez mettre supérieur ; et de loin !
Arkana enchaîna le plus naturellement du monde et sans réellement d’arrières pensées :
Je suppose que vous n’avez pas toujours été un fuyard. Vous avez une famille ? Des attaches ? J’ai l’impression que vous connaissez l’entièreté de mon être et que vous y attachez une petite importance, un intérêt que je ne mérite peut-être pas… Et je vous suis si reconnaissante…
Mais moi, je ne connais rien de vous.
Il y avait presque de la tristesse dans la voix de la magicienne. Et de une imperceptible dose de souffrance : mieux connaître Faelan c’était rendre plus amère sa trahison…
| |
|
|
|
|
|
Le Merakih 16 Jangur 1508 à 17h23
|
|
|
| Le tchaë bu attentivement les paroles d'Arkana, silencieux. Mais ses questions sur son passé le plongea irrémédiablement dans une solitude mélancolique, l'engloutissant dans ses souvenirs.
Il se souvenait, mais ses souvenirs ne faisaient que faire remonter une peine longtemps enfouie.
Difficilement, après un long silence il répondit à la tydale d'une voix monocorde mais empreinte de tristesse.
Bien entendu, je n'ai pas toujours été un "fuyard". J'ai une forge à Zarlif, c'est mon chez moi, mon refuge et elle me permet de vivre.
J'ai eu une fille, autrefois. Il y a bien longtemps de cela. Elle est désormais décédée. J'avais alors plongée dans une profonde dépression ne me faisant plus quitter le seuil de ma porte.
Je me suis plongé dans ma solitude et mon chagrin. Aergad m'en fit sortir. Pauvre bout d'homme frappant à ma porte, démuni, congelé par le froid et complètement perdu.
Je l'ai accueillie, écouter et protéger pendant plusieurs mois jusqu'à ce qu'il parte refaire sa vie. Il me redonna gout à la vie, il redonna raison à ma vie.
J'ai ensuite repris ma forge et ai pris mon temps à aider les plus démunis, ceux en difficulté. C'est pourquoi je n'ai pu refuser la demande d'Aergad de l'accompagner.
Enfin, tout ceci est du passé. Je ne sais rien de toi et là est bien le problème. Ne vas pas penser que je suis toujours suspicieux à ton encontre, non j'ai confiance simplement il est toujours agréable d'en apprendre plus sur chacun.
Je ne cherche qu'à comprendre... Et ce que je peux aujourd'hui comprendre en t'écoutant est que tu es une belle jeune fille Arkana. Oui une belle femme doué de nombreux talents je ne saurais en douter. Je suis persuadé que tu iras loin petite, que tu iras loin et que tu vivras heureuse. Oui, cela ne fait aucun doute...
Faelan afficha un sourire à Arkana, rapidement rattrapé par sa tristesse ; ses souvenirs.
Cependant ils avançaient et étaient arrivés à la limite des monts enneigés tandis qu'au loin se distinguait une tour de la cité de Kryg.
Aergad interpela le tchaë qui lui répondit par un léger hochement de tête. Faelan s'assit et déballa de son sac ses affaires notamment plusieurs flacons comblés de petit cailloux poudreux noirs.
Arrêtons-nous là que Faelan termine ses manipulations puis nous reprendrons la marche annonça Aergad.
| |
|
|
|
|
|
Le Merakih 16 Jangur 1508 à 18h41
|
|
|
| La Némésis décocha à Faegard un regard de compassion, lorsque celui-ci aborda le sujet de sa vie passée. Un regard dénué de pitié, qui voulait simplement dire « je comprends ».
Et la Voroshk sourit bien tristement, en concluant :
Vivre heureuse sur Syfaria, alors que le S’sarkh et ses effluves tuent des milliers d’innocents à chaque seconde, alors que notre monde oscille au seuil de l'apocalypse, ce serait porter des ornières, évoluer dans une trop utopique insouciance.
Le dernier mot était prononcé avec une inflexion bien particulière : un ton précis, nullement péjoratif, mais qui signifiait clairement que la Voroshk n’avait pas beaucoup et ne connaîtrait probablement plus ce sentiment aveugle.
Et Arkana hocha docilement la tête aux dires d’Aergad. La sorcière s’assit tranquillement et sans bruit à droite de Faerlan (à bonne distance pour ne pas le gêner dans ses mouvements), regardant avec beaucoup d’intérêt les objets que le mage manipulait. La Némésis ne posait aucune question –de peur de déranger ou d’énerver ses chers compagnons- mais affichait clairement sa curiosité, prête à absorber la moindre miette de science.
Sur l’absence d’Isibeal à leurs côtés, elle ne fit aucune remarque.
| |
|
|
|
|
|
Le Julung 17 Jangur 1508 à 21h30
|
|
|
| Aucun d'entre eux ne prit la peine de renseigner la Némésis sur la disparition d'Isibeal, peut être par manque de confiance ou simplement parce qu'ils ne savent pas, qui sait ?
Faelan concentré sur sa tache continua de boucher deux pots de terres cuites qu'il sortit de son sac avant qu'Aergad se rapproche de lui pour le questionner.
Alors, ou en es-tu ?
-J'ai finis. J'avais déjà tout préparé à l'avance mais je me suis dit que finalement quelques bocaux de plus ne feraient pas de mal. Kadarn a le reste dans son sac et j'en ai moi même deux dans le mien répondit le tchaë.
-Bien, Isibeal m'a contacté, elle a réussi à rentrer dans la ville sans se faire repérer apparemment et a réussi à récupérer dans la mairie un plan de la ville.
La ruche semble au nord de la ville, nous allons donc passer par le plus près de celle-ci, de même que la banque...
Un sourire s'illumina sur le visage d'Aergad tandis que le tchaë rétorquait surpris.
Aaaaaah, ainsi voilà ou était passé la petite. J'espère qu'elle ne se fera pas attraper, demande lui de nous attendre à l'extérieur de la ville je te prie. Bon et bien... En route !
Faelan afficha un large sourire à Arkana l'invitant à le suivre et à ne pas s'inquiéter. Ils partirent en direction du nord-est, prenant soin de rester hors de portée de vue des murailles
| |
|
|
|
|
|
Le Julung 17 Jangur 1508 à 22h47
|
|
|
| Attendez .
Dit la Némésis, en lançant des regards d’incompréhensions à ses compagnons.
Je… Je ne comprends pas.
Ou plutôt si, elle comprenait trop bien. Sa bouche s'élargit en un "oh" muet alors que la sorcière subissait l'illumination de plein fouet -en tentant de la dissimuler au mieux.
La substance que le sorcier avait dans ses bocaux ne pouvait être qu’un produit dangereux. Arkana jura mentalement, espérant que ce n’était pas un produit hautement inflammable -sinon un explosif- comme seul un membre de la faction dégénérée de l’Equilibrium serait susceptible d’en fabriquer ; sinon un membre de la race dégénérée des Tchaës...
Dans tous les cas, elle ne voyait pas l’intérêt que ces individus avaient à simplement passer près de la banque et de la ruche si ce n’est pour provoquer une diversion, sinon le maximum de dégâts.
Le cerveau de la Voroshk travaillait à cent à l’heure, alors qu’il lui semblait que tout s’imbriquait.
Un forgeron-sorcier... une poudre noire... le plan de la ville... la banque...
Il fallait gagner du temps. Oui, temporiser avant l'inéluctable.
Je ne comprends pas.
Répéta-t-elle.
Vous voulez entrer en ville ? Mais toutes les symbiosées savent que je suis une traîtresse ; sinon le Matriarcat en son entier, elles me tueront si elles me croisent et…
Elle désigna ses cheveux blonds –qu’elle n’avait pas rasés depuis plusieurs jours et qui la démangeaient affreusement là où ils repoussaient- ainsi que l’élégant tatouage violet qui lui barrait le visage.
…et je ne sais pas si vous voyez, mais je suis parfaitement reconnaissable. Je suis née à Kryg, on m'y connaît encore mieux qu'ailleurs...
Feintant avec le plus d'assurance possible :
Je peux donc difficilement aller au guichet de la banque et demander le solde de mon compte, je le crains ! A moins d'entrer la nuit, cagoulée, et de traverser la Cité en courrant, je risque bien de ne pas ressortir de ses murs vivantes.
Comme une intonation d’affolement –des plus réalistes- dans la voix :
Et… Eliam ne se trouve pas à Kryg. Je ne comprends pas…
| |
|
|
|
|
|
Le Vayang 18 Jangur 1508 à 00h51
|
|
|
| ***
Non loin de là, sur le chemin menant aux grandes portes de Kryg.
***
***
Fae'thil marchait à vive allure sur le chemin escarpé qui traversait le Mont des Cieux. Elle était accompagnée de Drardon, jeune apprenti artisan, qu'elle avait acceptée dans l'excursion hebdomadaire qu'elle faisait avec quelques gardes pour débarasser les montagnes des Koprocles ayant envahis les montagnes.
Les flocons de neige lui fouettaient le visage, mais elle n'y prêtait pas attention. Elle restait silencieuse. Pourtant, son visage changeait fréquemment d'expression.
Et pour cause! Depuis qu'elle avait appris la présence des étrangers, présumés responsables des incidents à Utrynia, elle avait du rebrousser chemin vers Kryg et ne cessait d'échanger par télépathie avec Arkana et les semeuses de mort.
Mais surtout, elle était furieuse, elle en voulait aux semeuses de mort d'avoir pu laisser ces dangereux étrangers atteindre Kryg. Elle n'avait cessé de leur répeter d'encercler ces fous. Mais non, on lui avait dit il y'avait un autre plan, donc plus assez d'effectif pour une attaque dans les montagnes sans risquer de pertes, et puis le mage ennemi savait animer deux bouts de bois donc c'était la fin du monde.
Bref, Fae'thil fulminait, surtout qu'on se rendait maintenant compte qu'ils possédaient de la poudre explosive et voulaient faire péter la ruche de Kryg et la banque du Matriarcat.
***
*** Les murailles de Kryg approchaient, elle accéléra encore le pas, il fallait prendre les mesures nécessaires avec la garde de Kryg... et oublier qu'elle avait envie d'étriper les faucheuses. ***
Quelle étrange coutume... mais non voyons ne le prenez pas mal, j'aimerais au contraire en connaître plus sur vos us et coutumes. | |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Le Dhiwara 20 Jangur 1508 à 15h24
|
|
|
| Kryg…
La cité blanche, forteresse du Matriarcat, se dressait parmi les monts enneigés.
Le soleil disparaissait, ses derniers rayons aspirés par les nuages neigeux parcourant le ciel et déversant leur peine.
Des feux s’illuminaient le long des remparts par des silhouettes dressées contre le vent. A quelques battements d’ailes de là des ombres avançaient entre les falaises et les flancs abruptes.
Plongés dans leurs pensées certains avançaient confiants dans leur entreprise tandis que d’autres, la peur au ventre, se rassuraient en se remémorant leur passé, en tournant ses pensées vers une toute autre préoccupation.
Arrivés à quelques mètres des murailles ils se cachèrent derrière un rocher. Balayant leurs regards le long des murailles ils finirent par apercevoir une large fissure qui commençait lentement par l’érosion à faire fendre la puissante muraille. Quelles craintes auraient pu avoir le Matriarcat d’une attaque sur un pan qui ne serait sans nul doute jamais attaqué du a sa position géographique ? Il n’existait donc aucune nécessité à un entretien régulier…
Un grand tydale à l’allure fier, au regard dur, endurci par les affres de la vie se tourna vers une tydale, Arkana Voroshk. Aergad lui chuchota quelques mots, délivrant à la traîtresse leurs intentions.
Faelan va faire effondrer ce pan de muraille, sous le chaos qui s’ensuivra tu en profiteras pour partir rejoindre Utrynia au plus vite. Utrynia sera déserté par les gardes qui accourront ici. Bien que risqué, vous ne devriez pas rencontrer de forte opposition pour délivrer Eliam.
Pendant ce temps nous attirerons l’attention ici, tentant de délivrer les males enfermés.
Un large sourire se dessina sur son visage. Confiance ou résolution face à la mort ? Nul ne saurait le dire mieux qu’eux-mêmes.
Joignant les actes aux paroles de son compagnon le tchaë Faelan se mit à courir un lourd sac sur ses épaules et un autre porté à bout de bras.
Arrivé au pied de la muraille, il sortit de nombreux pots qu’il disposa précautionneusement disposés les uns sur les autres.
Un cri au dessus de lui le força néanmoins à accélérer ses gestes. Une garde attiré par sa formidable discrétion se trouvait au dessus de lui, penchant le bassin et un arc au dessus des remparts.
Qui est là ? Montrez-vous ou je tire ?!
Futiles menaces puisque ses sens ne lui permettaient pour l’instant que d’entendre le tchaë mais non de le voir dans l’ombre de la muraille. Ce dernier avait fini et venait d’allumer une mèche à l’aide d’un briquet. Peu de temps, juste celui de rejoindre les autres…
Faelan courut aussi vite que ses petites jambes purent le supporter.
Un sifflement derrière lui, il se força à ne pas regarder. Le choc le plaqua au sol, il tâtonna son épaule, enduisant ses doigts d’un liquide pourpre. La douleur lui donnait des vertiges, lentement il se remit sur pied mais ce ne fut que pour recevoir un autre sifflement dans le mollet le clouant de nouveau contre le sol rocailleux.
Encore trop près. A mi chemin entre la muraille et le rocher salutaire, il tendit le visage vers ses compagnons, amis de toujours. Le regard suppliant et désespéré, ils commencèrent à sortir de leur cachette pour lui venir en aide.
Il était trop tard. Pourquoi ? Pourquoi ! Arkana ! Il n’en avait pas finis, il fallait encore sauver Eliam et Arkana.
Arkana !
L’explosion résonna dans les montagnes et la cité. La garde tenta vainement d’imiter les oiseaux, propulsée par le souffle.
Une pluie de pierres s’abattit violemment sur le tchaë tandis que ses compagnons eurent tout juste le temps de s’abriter.
| |
|
|
|
|
|
Le Dhiwara 20 Jangur 1508 à 16h40
|
|
|
| *** Fae'thil se trouvait non loin de là, dans la rue jouxtant la ruche de Kryg. Elle patrouillait, en recherche de la dénommée Isibeal qui, d'après Arkana, avait réussi à s'infiltrer au sein de la Cité.
Elle entendit une explosion, un bruit assourdissant. Les pierres de la muraille volaient en éclat, ainsi que le corps d'un garde.
Se protégeant comme elle pouvait, elle s'abrita derrière une maison en attendant que les gravats finissent de s'écraser sur le dallage de Kryg. ***
Les misérables !! Ils vont payer au centuple ce qu'ils ont fait ! Si les faucheuses m'avaient écoutée, nous n'en serions pas là !
*** Après quelques secondes, l'amat de pierres était retombé. Une grande brêche s'ouvrait dans la muraille. La poussière s'amoncelait, en suspension dans l'air, obligeant les personnes présentes à protéger leur bouche avec la main.
Fae'thil courut en direction des gravats, à la recherche des equilibriens. Malgré la confusion, elle aperçut une forme, un tchaë, pris au piège des briques de pierre.
Folle de rage, elle se rua dans sa direction, en appelant la garde. ***
GARDES!! TUEZ CES FOUS QUI TENTENT DE PENETRER DANS KRYG!
Quelle étrange coutume... mais non voyons ne le prenez pas mal, j'aimerais au contraire en connaître plus sur vos us et coutumes. | |
|
|
|
|
|
Le Dhiwara 20 Jangur 1508 à 16h48
|
|
|
| NON !
Et le cri d’Arkana se perdit dans l’explosion. Le temps sembla se figer en une seconde éternelle, alors que la muraille éclatait sous la déflagration et que les blocs volaient de toute part. Les yeux de la Voroshk se fixèrent sur Faelan, alors que le petit être disparaissait dans la poussière et les gravas. Puis les pupilles noires de la sorcière glissèrent sur le corps désarticulé projeté dans les airs d’une de ses Sœurs qui n’avait voulu que défendre le Matriarcat.
Un instant, la Tydale vacilla, comme prise d’un vertige.
Et le fracas se fit entendre. La Voroshk poussa un cri aigu en se jetant au sol et en se protégeant la tête, alors qu’elle ne cherchait plus à retenir ses larmes. Mais l’heure n’était pas encore aux pleurs…
Et le calme revint. Lourd, apocalyptique.
Un flot de pensées envahit la sorcière.
Elle n’avait pas voulu cela… Elle n’avait pas voulu cela…
Arkana se releva prestement et courut vers Faelan qui paraissait au seuil de la mort. La Voroshk se jeta à genoux à côté du mage et commença à le dégager, sans cesser de tenter d’étouffer ses sanglots. Peine perdue, la femelle se rendit rapidement compte que la vie de Faelan ne tenait qu’à un fil. Un fil que seule la magie pouvait consolider désormais… Elle était déchirée. Ce mage avait tué une de ses soeurs, mais...
Mais il avait été si... gentil.
Les blessures du Tchaë étaient importantes, mais la Tydale promit malgré tout et bien qu'elle savait qu'il fallait peut-être mieux que Faelan meurt ici qu'il soit jugé par le Matriarcat :
Je vous promets que je vous sauverai…
Elle lui serra un peu plus la main.
S’ils m’en laissent la possibilité.
Rajouta-t-elle par désespoir, avant que ce désespoir ne se transforme en haine féroce.
La Némésis essuya ses yeux humides d’un revers de la manche. C’en était trop. Couverte de poussière, une entaille sanguinolente lui barrant la joue, la sorcière en piètre état se releva, dressée devant Faelan comme un rempart et face à Aegard et Kadarn. Puis, comme si rien au monde n’était plus important, la Tydale se mit à hurler de toute la force de sa colère, emplissant chaque mot de tout le dégoût que lui inspiraient l’action et la folie de ces… terroristes.
Combien ! COMBIEN ?! Combien de sang vous faudra-t-il verser pour atteindre vos objectifs stériles !?!
Elle fixa ses yeux emplis de rage sur Aegard, en lui crachant à la figure :
Vous êtes prés à sacrifier tous ceux que vous aimez pour assouvir des instincts qui ne peuvent apporter que malheur et destruction ! Après Faelan, qui cela sera ? Isibeal !?
Aucun amour, aucune liberté, ne peut légitimement se construire sur des cendres !
Vous me dégoûtez !
Le ton était acerbe. Et les pensées se mêlèrent aux paroles, alors que la Voroshk transmettait avec violence ses mots à Isibeal à travers sa symbiose.
Courrez ! Courrez délivrer les mâles ! Courrez mener la race Tydale à sa perte ! Et s’il vous faut pour cela abreuver le sol de vos ancêtres du sang de vos sœurs, du sang de celles qui se sont sacrifiées pour qu’aujourd’hui vous ayez la possibilité d’exister, du sang de vos amis, du sang de votre père adoptif ou de l’être que vous aimez, peu importe !
Je peux tenter de soigner Faelan, mais à quoi bon ! Pour que vous le précipitiez de nouveau dans un acte suicidaire et destructeur ?!
Une respiration rauque, à mi-chemin entre l’étranglement et le début d’une nausée.
Ce n’est pas cela, aimer ! Ce n'est pas cela, exister ! Je refuse ! Je refuse ces ambitions stériles et dangereuses, je refuse le déséquilibre et l’injustice que vous dénoncez mais que vous appliquez sans vergogne !
Vous n’incarnez pas l’espoir ! Vous n’avez jamais incarné l’espoir ! Vous êtes la mort et la désolation ! Vous êtes l’irrespect de la vie et la destruction ! Vous êtes la haine !
La longue mèche blonde claquait dans le vent. La Voroshk se dressa de tout son haut, le corps de Faelan à ses pieds. La sorcière ne se laisserait pas faire et toisait les deux mâles avec un regard qui défiait quiconque de l’approcher. Elle conclut en répétant dans un murmure sifflant d’écœurement :
Vous me dégoûtez.
| |
|
|
|
|
|
|
|
Le Dhiwara 20 Jangur 1508 à 19h18
|
|
|
| Aergad et Kadarn attendirent que la pluie de pierre se tarit et que la poussière engendrée par l'explosion se dissipe.
ils se jetèrent au secours de leur ami, mais ce ne fut que pour voir une tydale, Fae'thil, émerger des gravats et se jeter sur tenter de le percer de sa lame.
Faelan, allongé sur le sol agonisait l'os de sa jambe droite écrasé, sa cage thoracique percée, il suffoquait et sa prochaine mort ne faisait plus aucun doute à moins que des soins rapides ne lui soient octroyer.
Aergad et Kadarn se jetèrent sur la mestre de ville pour l'empêcher d'achever leur compagnon. Mais gênées pas les éboulis et les gravats tout comme l'était Fae'thil Aergad ne réussit qu'à l'entailler légèrement de son poignard tandis que la Mestre l'avait profondément entaillée.
Les paroles d'Arkana à côté d'eux, penchée sur Faelan ne furent que souffle dans le vent du combat.
Aergad recula de quelques pas pour vociférer de fureur au visage de la tydale.
Mais que crois-tu ? Que j'ai souhaité sa mort ? Il est mon meilleur ami alors plutôt la mienne que la sienne ! Soigne le si tu en es capable ! Mais sache que notre entreprise, notre espoir, cet espoir qui nous nourrit s'appelle liberté.
Cette liberté ne s'acquérira que dans le sang et les larmes, j'en suis conscient et j'en fais les frais mais même par delà notre mort cet utopie d'un monde meilleur continuera de vivre dans le coeur des poussiéreux car les poussiéreux sont faits pour vivre libres et égaux !
Cet utopie qui nous nourrit couve dans le coeur de chacun, à chacun d'en prendre conscience et de lutter pour l'accomplir ! Je pensais que tu avais su ouvrir les braises de ton coeur mais cela ne semble pas être le cas !
Le temps de se lancer un sort de régénération lui permettant de soigner légèrement sa blessure et Aergad sauta à côté de Kadarn et dégainant son poignard.
Kadarn emporte Faelan et fuis le plus loin et vite possible, ramène le à Zarlif, à sa forge !
-Tu fais erreur mon ami ! Tu pars et je reste ! Ou nous mourrons tous deux ici ! Rétorqua le guerrier.
Et dans ce discours de sourds, paroles lancées entre deux attaques au milieu d'un champ de ruines, devant le corps de leur compagnon agonisant, aucun des deux ne fléchit et ne bougea, attendant sans doute que l'autre parte.
Puis une flèche atteignit le mollet de la Mestre, Isibeal qui venait de se percher sur la muraille bandait de nouveau son arc, des larmes s'écoulaient le long de ses joues, le combat continuait.
| |
|
|
|
|
|
|
|
Le Dhiwara 20 Jangur 1508 à 20h18
|
|
|
| *** Fae'thil y croyait à peine. Ils étaient tous fous! Deux tydales et un tchaë pour attaquer une véritable forteresse. Complétement tarés!
Et ils débattaient pour savoir qui ramènerait le malheureux tchaë! Se rendaient ils compte qu'ils allaient mourir ou bien être capturés? La fuite? Comment pourraient ils? ***
*** Après les premières passe d'arme, Fae'thil avait calmé ses ardeurs. Ils étaient deux, semblant connaitre le métier des armes, Arkana papotait sans l'aider, et de plus quelqu'un lui tirait dessus, à moins que ce ne soit une garde particulièrement maladroite.
En tout cas, ni gardes ni semeuses de mort n'avaient l'air d'arriver pour l'instant et ceci était pour le moins ennuyeux.
Attaquer ou suivre l'idée d'Arkana? Elle n'était pas si mauvaise cette idée de soigner le mage, mais ils avaient interêt à se dépêcher de déposer les armes sinon Fae'thil ne se ferait pas longtemps désirer. ***
Ecoutez donc votre amie, vous n'avez aucune chance de vous en sortir. Rendez vous, déposez les armes. D'autres tydales vont arriver d'ici peu. Vous ne pouvez pas fuir, le temps de retirer tous ces décombres de votre ami tchaë et vous serez déjà encerclés, voire morts.
*** Tout en parlant, elle maintenait sa double lame en garde, prête à toute attaque, ou à porter un coup si l'un des deux tydales venait à bouger trop brusquement. ***
Quelle étrange coutume... mais non voyons ne le prenez pas mal, j'aimerais au contraire en connaître plus sur vos us et coutumes. | |
|
|
|
|
|
Le Dhiwara 20 Jangur 1508 à 20h29
|
|
|
| Enfin, une tydale laissa le passage libre.
C'est pas trop tôt... Lui dit-elle sans cacher son mépris.
Elle fonça à toute allure le long de la muraille Nord pour trouver la brèche, et elle fut rassurée de constater qu'elle n'était pas si grande. Elle remarqua toutefois quelqu'un sur les murailles, semblant chercher à se dissimuler, et à épier ce qui se déroulait en ville. Surement une complice, elle ne devrait pas avoir le temps de fuir maintenant qu'elle est repérée, si elle descend elle sera cueillie comme une fleur.
Elle arriva sur la scène centrale arme en main et casque sur la tête. Elle ne dit rien, les gestes parleraient d'eux-mêmes. Elle tenta juste de se mettre assez près de la Mestre pour lui apporter du soutien, mais pas trop pour qu'elles ne se gênent avec leurs double-lames.
Elle jaugea ses ennemis, son alliée, et l'autre dont elle n'était pas certaine du sort qu'elle lui réserverait... c'est beau la famille...
| |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Le Luang 21 Jangur 1508 à 17h20
|
|
|
| Aergad avait fini par abandonner d'essayer d'attaquer la Mestre, elle semblait une combattante émérite tandis que lui un piètre escrimeur.
Il connaissait les formules de régénération entropique mais il s'était jusqu'ici refuser de l'utiliser sur Faelan. Les conséquences pouvaient être autant tragique que bénéfique, à plusieurs reprises il s'était vu voir imposé des blessures conséquentes alors qu'il se lancait le sort.
Mais devant l'ultimatum des tydales il ne recula pas et lança le sort, s'empêchant de réfléchir aux conséquences possibles. Les effets au grand soulagement d'Aergad furent bénéfique et des os brisés se ressoudèrent, le tchaë lentement repris conscience.
Il le prit par les épaules et le traina sur de nombreux mètres pour l'éloigner des combats mais ce fut vain car les tydales ne démordaient pas le suivaient. Il lança au tydale.
Hors de question de déposer les armes ! Si nous nous rendons nous mourrons de toute manière alors autant mourir dignement, les armes à la main en martyre !
-Haha ! Vous avez entendue ? C'est contre moi que vous allez vous battre dorénavant ! Allez venez !
Nargua Kadarn, cherchant à attirer sur lui les guerrières pour laisser le temps à son compagnon de soigner le tchaë, ce fut vain, seule une tydale l'attaqua et il engagea le combat contre elle tandis que les autres continuaient à attaquer Aergad.
Le tchaë déglutit et recracha une gerbe de sang de ses lèvres puis un gargouillis se fit entendre, sortant de sa bouche. La magie opéra, le tchaë se lancait avec de grandes difficultés et douleurs des sorts de soin lui permettant de stabiliser son état.
Plus loin, sur les murailles, Isibeal laissait écouler sa colère et toutes les larmes de son corps. Elle tirait à tout va sur celles qu'elle estimait mettre en danger la vie de celui qu'elle aimait et de ceux pour qui elle s'était pris en affection.
Puis Drardon la rejoignit sur la muraille, ne sachant si celle-ci comptait l'attaquer la jeune fille tira une dernière flèche puis sauta à bas des murs, se rattrapant de justesse mais sans mal puis se mit à courir dans les montagnes vers le groupe.
Aergad venait de retenter une nouvelle fois son sort de régénération anarchique, priant pour qu'il réussi et ne faillisse pas. Le résultat dépassa ses espoirs, les os fracturés, les blessures importantes de Faelan se ressoudèrent miraculeusement, Aergad n'avait jamais réussi aussi bien son sortilège et restait lui même dans la stupéfaction.
| |
|
|
|
|
|
|