Les Mémoires de Syfaria
Hors de toute région civilisée

L'envol du S'sarkh

Voyage de deux témoins à Arameth
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Sujet lancé par Saerass Telmar
Le 02-09-1509 à 17h01
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Posté par Saerass Telmar,
Le 05-09-1509 à 11h54
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Saerass Telmar

Le Merakih 2 Saptawarar 1509 à 17h01

 
Hey Monsieur Harkh, quand est-ce qu'on arrivera ?!

D'un bond félin le jeune tydale passa soudain ses jambes de l'autre côté de la rembarde, bandant les muscles de ses maigres bras pour réfrené son corps et retomber en position assise, en équilibre au dessus du vide.

Et s'il te plaît, raconte-moi ton histoire.

Saerass Telmar plongea ses deux grands yeux bleus dans ceux du protecteur. Une tendre mais insatiable curiosité l'envahissait soudain, et il était déterminé à connaitre la vie de ce vieil homme qui fut le premier fidèle à lui avoir permit d'échanger quelques mots après son long exil. C'était vraiment étrange de se retrouver à nouveau en compagnie de personnes civilisées, et il savait avoir beaucoup de choses à apprendre (et réapprendre) d'eux.
Mais au fond, lors de son séjour à Lerth, s'il n'aurait pas passer la plupart de ses journées au temple ou profondément absorber par la lecture d'un ouvrage de la bibliothèque, il n'aurait jamais tenu... Quel fait paradoxal, lui qui allait devenir propage ! Et lui qui était si souriant, bavard et innocent avec les autres Témoins ! Pourtant il ne supportait pas la présence des autres... En compagnie d'une personne étrangère, il sentait au plus profond de son esprit quelque chose de gênant... quelque chose de flou, quelque chose qui s'échappait constamment, qui fuyait et se dérobait sans arrêts, un brouillard instable, la trace d'une vague irritation, et toujours, cette tension...

Et dans ses rêves, il voyait aussi une porte. Une porte immense. Une porte en métal. Couverte de chaînes. Couverte de peau humaine et de morceaux de ferrailles tordus. Une porte d'où s'écoulaient par d'imperceptibles failles, du sang. Du sang toujours frais. Toujours suintant et dégoulinant lentement, très lentement, comme suspendus par le temps, comme si seul le poids du vide attirait ses gouttes vers le bas. Et le long des barreaux de cette prison, elles coulaient interminablement, dans un cycle infinis, n'atteignant jamais le seuil inexistant de cette barrière de chair cauchemardesque. Et loin, très loin dans cette porte infernale il sentait quelqe chose vibrer, quelque chose qui cherchait à s'échapper, qui se débattait contre des liens invisibles pour s'extirper d'une existence torturante. Il voyait les cris abominables des condamnés qui frappaient la grande porte, il pressentait leur horreur et la panique le submergeait. Ces longues et vaines plaintes suraiguës lui déchiraient les tympas, il hurlait, il hurlait, il courrait vers la porte pour la tuer, lui arracher le coeur et libérer les âmes damnées. Mais ses doigts se fracassèrent sur le métal froid, alors il frappait encore et encore, mêlant son sang à l'interminable cycle de la v... !

Saerass sursauta.
Il était à bord d'un transport Némen, il traversait Syfaria par la voie des airs, il était aux côtés d'Harhkmehthis. Par dans un rêve. Bientôt ils arriveraient à Arameth, et dans quelques jours débuterait la réunion sur l'arkan et l'anarkan. Le chemin du S'sarkh se dessinait sur le sable brûlant du désert.
Il allait enfin faire ses preuves. Sae ferma les yeux. Il entendait le vent lui caresser le visage, il était étrangement froid et piquant. Le souffle du S'sarkh... Il lui murmurait...


 
Harhkmehthis

Le Merakih 2 Saptawarar 1509 à 22h57

 
Te raconter mon histoire ? Je ne la connais pas moi-même. Ou si peu. Passion des flux, sorts maitrisés, longues courses dans tout la région nord-ouest de notre île. Et puis, un épisode bizarre qui me laisse d'étranges souvenirs, un passage au centre de soins qui m'a laissé meurtri. Meurtri de ne pas avoir compris. La trame de mon cerveau avait changé après ça. Plus tourmentée, mais aussi plus puissante. Quelque chose de sauvage s'est introduit en moi, est parti, mais en laissant son empreinte.Mais tout celà n'est que sensations et suppositions. Si tu veux savoir l'essentiel, retiens que je consacre ma vie à secourir et soutenir les Témoins. Qui qu'ils soient. Je ne juge pas, je sauve.

Harhkmehthis regarde fixement celui qu'il surnommait le petiot. Il était admiratif de la fougue, de la volonté qu'il sentait chez ce garçon. Saerass à ses yeux incarnait l'imprevu. Il était la vie.
Puis le mage, blasé depuis longtemps des transports aériens, se coucha dans les cordages, et s'endormit.


Sauver ou Périr

 
Saerass Telmar

Le Sukra 5 Saptawarar 1509 à 11h54

 
Une pensée jaillit dans l'esprit de Sae.
Le vent.
Le vent était une des rares choses que ne maîtrisait pas ou très peu le S'sarkh. Ils étaient indépendants l'un de l'autre, des opposés qui ne pouvaient pas se combattre et dont le seul lien était la hauteur des vagues qui noyaient les marins et coulaient les navires en mer. Peut-être que pour rencontrer le S'sarkh il fallait souffrir de ces tempêtes, mais peut-être aussi qu'il fallait être plus astucieux, le surprendre, et tenter de l'atteindre par la voie des airs. Ce serait splendidement terrifiant de sauter du haut d'un transport Némen dans les vagues déchaînées par la présence du S'sarkh ! Grisé par cette pensée totalement démente, l'adolescent écoutait à peine Harhkmehthis. Pourtant son mou intervint, et la rabrouant pour son impolitesse tout en lui répétant ses paroles, Sae fini par s'arracher au flot de pensées dans lesquelles il baignait, bercé par le vent et toujours en équilibre au bord du vide.

Il regarda Lekhrian, puis le mou de Monsieur Harkh, et encore le sien. Puis il sourit.
Malgré des apparences très différentes, au plus profond d'eux-mêmes, ils se ressemblaient.

Alerté par ces révélations inatendues d'un vieil homme si discret, il faillit lui répondre instincitvement que son père lui avait dit qu'on était tous sauvages au fond de nous, que c'était mal de refuser nos mauvais côtés ou ce qui nous faisait peur, parce que c'était dur de les comprendre mais que pourtant c'était en franchissant ces gouffres qu'on trouvait la vérité. Lui il la connaissait déjà. Mais monsieur Harkh avait peur, et il se fuyait en aidant tous les autres. Alors Sae le laissa aller se coucher, mais il se promit que dès qu'il le pourrait il l'aiderait.

Le voyage touchait à son but, la nuit tombait et un androgyne cria qu'ils arriveraient à destination demain midi si tout se passait bien. Alors Saerass, assis seul sur la rembarde du transport, continua calmement de contempler le ciel et le paysage qui s'étendait loin sous ses pieds. Rêvant dans un nuage, à nouveau, il se perdit pour se trouver. Tout était tellement minuscule vu d'ici...



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