| Hey Monsieur Harkh, quand est-ce qu'on arrivera ?!
D'un bond félin le jeune tydale passa soudain ses jambes de l'autre côté de la rembarde, bandant les muscles de ses maigres bras pour réfrené son corps et retomber en position assise, en équilibre au dessus du vide.
Et s'il te plaît, raconte-moi ton histoire.
Saerass Telmar plongea ses deux grands yeux bleus dans ceux du protecteur. Une tendre mais insatiable curiosité l'envahissait soudain, et il était déterminé à connaitre la vie de ce vieil homme qui fut le premier fidèle à lui avoir permit d'échanger quelques mots après son long exil. C'était vraiment étrange de se retrouver à nouveau en compagnie de personnes civilisées, et il savait avoir beaucoup de choses à apprendre (et réapprendre) d'eux.
Mais au fond, lors de son séjour à Lerth, s'il n'aurait pas passer la plupart de ses journées au temple ou profondément absorber par la lecture d'un ouvrage de la bibliothèque, il n'aurait jamais tenu... Quel fait paradoxal, lui qui allait devenir propage ! Et lui qui était si souriant, bavard et innocent avec les autres Témoins ! Pourtant il ne supportait pas la présence des autres... En compagnie d'une personne étrangère, il sentait au plus profond de son esprit quelque chose de gênant... quelque chose de flou, quelque chose qui s'échappait constamment, qui fuyait et se dérobait sans arrêts, un brouillard instable, la trace d'une vague irritation, et toujours, cette tension...
Et dans ses rêves, il voyait aussi une porte. Une porte immense. Une porte en métal. Couverte de chaînes. Couverte de peau humaine et de morceaux de ferrailles tordus. Une porte d'où s'écoulaient par d'imperceptibles failles, du sang. Du sang toujours frais. Toujours suintant et dégoulinant lentement, très lentement, comme suspendus par le temps, comme si seul le poids du vide attirait ses gouttes vers le bas. Et le long des barreaux de cette prison, elles coulaient interminablement, dans un cycle infinis, n'atteignant jamais le seuil inexistant de cette barrière de chair cauchemardesque. Et loin, très loin dans cette porte infernale il sentait quelqe chose vibrer, quelque chose qui cherchait à s'échapper, qui se débattait contre des liens invisibles pour s'extirper d'une existence torturante. Il voyait les cris abominables des condamnés qui frappaient la grande porte, il pressentait leur horreur et la panique le submergeait. Ces longues et vaines plaintes suraiguës lui déchiraient les tympas, il hurlait, il hurlait, il courrait vers la porte pour la tuer, lui arracher le coeur et libérer les âmes damnées. Mais ses doigts se fracassèrent sur le métal froid, alors il frappait encore et encore, mêlant son sang à l'interminable cycle de la v... !
Saerass sursauta.
Il était à bord d'un transport Némen, il traversait Syfaria par la voie des airs, il était aux côtés d'Harhkmehthis. Par dans un rêve. Bientôt ils arriveraient à Arameth, et dans quelques jours débuterait la réunion sur l'arkan et l'anarkan. Le chemin du S'sarkh se dessinait sur le sable brûlant du désert.
Il allait enfin faire ses preuves. Sae ferma les yeux. Il entendait le vent lui caresser le visage, il était étrangement froid et piquant. Le souffle du S'sarkh... Il lui murmurait...
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