Les Mémoires de Syfaria
Hors de toute région civilisée

Pèlerinage au Puits des souvenirs

Récit d'un aller et d'un retour...
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Sujet lancé par Herran
Le 05-09-1509 à 14h29
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Posté par Herran,
Le 24-11-1509 à 20h53
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Herran

Le Sukra 5 Saptawarar 1509 à 14h29

 
***
Accroupit sur la branche d'un arbre de la Sainte cité, Herran tendit l'oreille vers le Sud-Est. Une nouvelle fois, il lui semblait entendre un murmure lointain, très lointain... Comme si la brise portait à ses oreilles un appel indistinct...
Depuis plusieurs jours, Herran percevait cet appel, et faisait des rêves étranges, où il se voyait marcher vers une clairière baignée dans la lumière du crépuscule.
A mesure qu'il avançait, il distinguait la forme d'un puits de pierre, et à ses côtés, une silhouette féminine. L'Ombre ne pouvait s'empêcher d'accélérer le pas, pressée par une force invisible.
Cette silhouette, floue mais pourtant familière, prenait alors les traits de sa mère... Souriante, apaisée, elle levait lentement la main et lui faisait signe d'approcher.
C'est à ce moment là qu'Herran se réveillait.

Ces rêves le laissaient perplexe. Il y voyait un signe de la Dame, mais aussi un appel vers ce lieu mystérieux que l'on appelait le Puits des souvenirs. Car même sans y être allé, Herran savait que c'était cet endroit qu'il voyait.
L'envie était trop forte : il devait s'y rendre.

Son Nerhë venait de lui donner l'autorisation de partir, et le Tydale ne perdit pas de temps. Il avait confié son armure à une enchanteresse qui devait se rendre à pieds au Symposium de la Sorcellerie d'Arameth. Lui comptait prendre le transport Nemen, ce qui le laisserait presque sans protection le temps que la délégation équilibrienne arrive, et cela pouvait prendre plusieurs semaines. Un pari risqué, mais Herran ne pouvait plus attendre.

Après avoir quitté Syrinth, il arriva à la station de transport Nemen. Pour la première fois, il voyait de près l'impressionnant navire volant, pour l'instant amarré à la terre ferme. Il s'acquitta du prix du billet, et s'avança vers l'embarcation. Une sentinelle Nemen lui fit signe de s'arrêter et tendit la main. Herran lui donna son ticket. L'étrange garde le regarda, puis s'écarta pour laisser passer le Tydale, toujours sans un mot ***

*** Après avoir gravi quelques marches, Herran entra dans l'appareil, et ne put empêcher son regard plein de curiosité de se poser sur ses moindres recoins. L'intérieur était finement ouvragé, associant une élégance et une complexité propre à l'art Nemen.
Les yeux toujours en mouvement, le Tydale pris place sur un siège, peu de temps avant le décollage. Sensation nouvelle pour Herran, et qui lui décrocha un sourire où surprise et émerveillement se mêlaient.
Il était enfin parti pour Arameth... Pour la première fois, il pouvait contempler Syfaria d'encore plus haut. Pour la première fois, il quittait les terres de l'Equilibrium...

Plongé dans ses pensées, Herran se remémorait ses rêves. Que voulaient-ils dire ? Et quels rapports y avaient-il entre le Puits et sa mère ?...

***



Les Chroniques d'Herran

 
Herran

Le Luang 7 Saptawarar 1509 à 11h45

 
***
Le voyage s'était déroulé sans encombre, et Herran avait pris un grand plaisir à regarder Syfaria depuis le ciel. Vu d'aussi haut, les paysages se fondaient l'un dans l'autre sans notion de frontières et de territoires.
Une fois sur la terre ferme, l'Ombre ne s'attarda néanmoins pas sur l'étendue de sable qui s'offrait à ses yeux, et pris directement la direction du Puits des souvenirs. L'appel se faisait de plus en plus fort à mesure qu'il avançait.

Le Tydale avança d'un pas rapide. Il croisa bien quelques poussiéreux, peut-être des confrères ou des participants du Symposium, mais il ne s'arrêta pas pour glaner des informations. Après tout, il n'était pas là en mission mais bien à titre personnel... Comme il ne portait pas d'armure, Herran pris soin de camoufler sa présence, surtout après l'attaque heureusement infructueuse d'un Noosphage.
Rompu à l'art du déplacement silencieux, que ce soit en terrain découvert ou en forêt, sa progression ne fut aucunement ralentie par cette précaution, et il arriva vite en vue d'une grande clairière.
Les battements de son cœur se firent plus forts. Était-ce le Puits des souvenirs ?..

***



Les Chroniques d'Herran

 
Herran

Le Matal 29 Saptawarar 1509 à 13h38

 
***
Herran avait atteint le Puits des souvenirs depuis bientôt deux semaines déjà. Coupé du monde, embarqué dans un voyage aussi bien géographique que psychique, l'Ombre était focalisée sur son objectif.
Une exploration succincte du lieux lui avait donné une idée générale de la marche à suivre pour rassembler, peut-être, des indices sur sa mère.
Sa première intuition fut la bonne, et la visite approfondie d'une des quatre maisons se révélé fructueuse...

Le flots des souvenirs l'avait assailli comme un raz-de-marée s'abat sur une plage paisible. De tous côtés, l'empreinte des pensées subsistante en ces lieux submergeait le Tydale.
Mais au sein de cette cacophonie mystique, il avait put reconnaître une voix familière, un appel... Maints événements s'étaient produit, et l'équilibrien se fit la promesse de les consigner dans son journal sitôt sa mission achevée.

Désormais, Herran entamait probablement la dernière étape de son périple, et la plus dangereuse...
Qui sait ce qu'il est sur le point de découvrir ?...

***



Les Chroniques d'Herran

 
Herran

Le Vayang 16 Otalir 1509 à 10h55

 
***
Herran avait réussi. Il n'était pas question de qualifier l'issue de cette aventure de "victoire" ou de "succès", mais au moins le Tydale cesserait de se poser mille questions sans réponse sur sa mère...
Bien entendu, ces mille questions furent aussitôt remplacées par mille autres, notamment sur son père...
Décidément, la famille apportait bien des soucis à l'équilibrien, lui qui était solitaire depuis l'enfance...

En ce moment, Herran s'apprêtait à quitter le Puits des souvenirs, accompagné d'une bien étrange partenaire de voyage...
Il commença d'ailleurs à réfléchir au voyage du retour : les Nemen le laisserait-il monter à bord du transport dans son état, et ainsi chargé ?
Bah, inutile de se torturer l'esprit davantage. L'Ombre verrait cela le moment venu.

Le trajet promettait d'être grave et silencieux. Herran, fourbu, blessé, sale, restait enfermé dans ses pensées. Même Aerin se contentait de sautillait à ses côtés sans essayer de lire l'esprit de son symbiote...

La lisière de la clairière se rapprochait. Bientôt commencerait le voyage de retour vers les terres équilibriennes. Une absence d'un mois pour l'un, de quelques dizaines d'années pour l'autre...

***



Les Chroniques d'Herran

 
Herran

Le Merakih 21 Otalir 1509 à 12h17

 
***
Le trajet du Puits des souvenirs au transport Nemen s'était passé presque sans encombre. Herran avait bien essuyé une ou deux attaques provenant d'un Noosphage, trop plongé dans ses pensées pour y prêtaier vraiment attention.
Les blessures étaient minimes, et l'absence de réaction du symbiosé avait dû semer la confusion dans l'esprit de la créature (si tant est qu'elle en avait un), puisqu'elle n'avait pas réitéré ses agressions.

L'Ombre avait quitté la clairière en plein milieu de la nuit, préférant inconsciemment ce manteau de ténèbres qui s'accordait si bien avec la noirceur de son esprit en ce moment précis...
D'une seule traite, sans prendre le temps de s'arrêter pour reposer ses muscles endoloris, Herran avait rejoint le transport Nemen. Ce fut machinalement qu'il camoufla sa présence et le bruit de ses pas. Même chargé d'une "compagne" de voyage, pas une feuille n'avait émis le moindre son, pas une branche n'avait craquée au passage de l'équilibrien.

Avisant le Nemen en charge de la vente des billets, il déposa le "colis" au sol et demanda un billet pour Syrinth. Le Nemen se pencha par dessus son guichet et jeta un œil à la forme humanoïde enveloppée dans une cape gisant aux pieds du client.
Un regard interrogatif remonta sur le visage ensanglanté du Tydale. Celui-ci releva un pan du suaire de fortune et révéla un crâne.

***

Mission secrète de rapatriement pour l'Equilibrium.

***
Herran ignorait si le Nemen avait compris, mais celui-ci lui tendit un billet au bout de quelques secondes.
Inclinant la tête en guise de remerciement, le Tydale saisit à nouveau le squelette de sa mère et monta dans l'appareil.
Le garde en poste au niveau de la plate-forme d'embarquement le regarda passer, mais ne fit aucun geste pour l'arrêter.

L'Ombre s'installa au fond de l'engin, le plus loin possible des autres passagers. Ces derniers ne manquèrent pas de dévisager cet individu couvert de boue et de sang séché, aussi Herran n'eut pas de mal à se construire un périmètre de solitude...

Déposant sa mère sur le siège à côté de lui, il s'autorisa à sourire du tragi-comique de la situation. Un sourire amer, qui s'effaça dès lors que le transport Nemen se mit en branle pour prendre son envol.

Bientôt les deux équilibriens retourneraient sur leurs terres. Bientôt sa mère retrouvera la paix...

***



Les Chroniques d'Herran

 
Herran

Le Vayang 23 Otalir 1509 à 22h45

 
***
Sitôt arrivé sur les terres équilibriennes, Herran reçu un message télépathique lui annonçant qu'il pouvait venir récupérer son armure auprès d'Heltaïr, nouvellement promu Preux du crépuscule.
S'enfonçant dans l'Hatoshal, le Tydale s'arrêta près d'un ruisseau où il entreprit de nettoyer son corps et ses vêtements. Le rendez-vous n'aurait pas lieu de suite, aussi décida-t-il de passer la nuit à la belle étoile, toujours accompagné de sa mère...

Le lendemain, Herran dissimula le squelette avec des branchages, et entreprit d'aller chercher son armure. Habitué au trajet, et surtout anxieux de laisser ainsi les restes de sa mère sans surveillance, l'Ombre avala les kilomètres et effectua l'aller-retour en quelques heures seulement.
L'équilibrien prit juste le temps de remercier son Kielno et d'enfiler son armure avant de revenir auprès de sa mère. Il s'autorisa un croché par Minott pour acheter un grand drap blanc.

Désormais présentable et protégé, Herran se dirigea vers Syrinth. Il était parti depuis un peu plus d'un mois mais il avait l'impression d'avoir quitté la Sainte depuis des années.
L'agitation qui régnait contrastait violemment avec le calme presque angoissant du Puits des souvenirs. De nouveaux visages peuplaient les rues, de nouveaux symbiosés arpentaient la villa, mais tout cela, Herran ne le vit pas.

Transportant le squelette, Herran alla directement vers le Temple. Il y entra, et avisa la première Grise qu'il trouva, s'inclinant avec respect.

***

Om'shir Kielna.
J'apporte la dépouille de ma mère, éloignée de sa terre depuis trop longtemps déjà...
Je souhaiterais lui offrir une sépulture décente.
Pouvez-vous faire quelque chose ?



Les Chroniques d'Herran

 
Herran

Le Sukra 31 Otalir 1509 à 17h33

 
***
La Grise, arborant comme toutes celles qu'Herran avait pu croiser un visage imperturbable, baissa les yeux sur le squelette à demi-couvert par l'étoffe blanche.
Elle posa ensuite son regard sur Herran, lequel, toujours courbé, ne vit pas la lueur d'interrogation poindre un instant dans le regard de la jeune femme.

Herran redressa alors la tête, un mélange de confusion, d'espoir et d'attente dans les yeux. Toujours impassible, la Grise prit la parole.
***

Il n'est pas dit que la Dame, dans sa miséricorde, n'honorera pas les siens.
Mais dites-moi : qu'est-il arrivé à votre mère ?


***
Le Tydale fronça légèrement les sourcils, inquiet. S'il annonçait que sa mère s'"tait donné la mort, la Grise refuserait peut-être de s'occuper de sa crémation. Se suicider pouvait apparaître comme une preuve de perte de foi envers la Dame...
Néanmoins, mentir ne servirait à rien, aussi Herran choisit prudemment les mots qu'il employa.
***

Je ne saurais vous expliquer comment je le sais, mais ma mère... S'est ôtée la vie il y a bien des années...
Tout au long de mes recherches, je n'ai fait que me laisser guider par une multitudes de signes, jusqu'à trouver enfin la dépouille de ma génitrice...
Je crois sincèrement que la Dame m'a mis sur la voie. Et je crois sincèrement que recevoir les rites funéraires de sa faction permattrait à l'âme de ma mère de reposer en paix auprès de la R'hin Assia...


***
L'Ombre ponctua sa phrase en inclinant à nouveau le buste. La Grise garda le silence quelques minutes... Auant dire une éternité pour le symbiosé.
Finalement, elle leva une main en signe d'apaisement.
***

Il en sera fait selon Sa volonté... Vous n'auriez pas abouti dans vos recherches si Elle n'avait pas voulu que ce soit le cas...
Nous nous occuperons de sa crémation.
Lorsque nous irons disperser ses cendres dans l'Hatoshal, nous vous contacterons afin que vous joigniez à la procession.


***
Sans attendre de réponse, la Grise saisit délicatement le suaire et son contenu, puis disparu au détour d'un couloir.
Herran resta quelques minutes immobile, soulagé, avant de se retourner et de quitter le Temple.
Cette avanture toucherait bientôt à sa fin...
***



Les Chroniques d'Herran

 
Herran

Le Matal 24 Nohanur 1509 à 20h53

 
***
Alors qu'il laissait son esprit vagabonder, adosser contre le tronc d'un arbre (sur une haute branche, est-il besoin de le préciser ?), Herran reçu un message télépathique l'informant que les funérailles de sa mère allaient débuter.
L'Ombre descendit lestement et se dirigea vers le Temple. Quelques minutes plus tard, 5 Grises en sortirent, la troisième transportant une urne finement ouvragée.
Elle contenait les cendres d'une Tydale s'étant donnée la mort...

Herran suivit la procession sans bruit. malgré l'agitation de la ville, il semblait s'être installé une "bulle" de silence autour du cortège qui s'avançait lentement vers l'Hatoshal. Tous s'écartait à son passage, inclinant respectueusement la tête, affichant même parfois une compassion sincère...

Il sembla au Tydale que la Grise en tête de file psalmodiait des litanies en l'honneur de la défunte et de la Dame, mais il était trop plongé dans ses pensées pour en distinguer la teneur.

Le brouhaha ambiant s'estompa à mesure que la procession s'approchait de la forêt... Peu de temps après, seul le bruissement du vent dans les feuilles venait troubler la solennité du moment.
Arrivées dans une clairières, les Grises s'arrêtèrent. Elles s'avancèrent pour former un demi-cercle en son coeur, la porteuse de l'urne au milieu.
Alors que cette dernière élevait le récipient au dessus de sa tête, les 5 femmes entonnèrent en coeur une prière à la Dame. Lorsqu'elle fut terminée, la Grise centrale bascula l'urne afin de répendre son contenu sur l'herbe.
Presque volontairement, le vent se leva juste à ce moment pour disperser les cendres parmi la végétation.

Lorsque cela fut fait, les Grises repartirent vers la ville, s'inclinant en passant devant Herran.
Ce dernier resta longtemps immobile dans la clairière, son regard fixe ne regardant rien.
Il se retourna enfin, et crut entendre alors qu'i partait un mumure à peine audible porté par le vent
***

Derynn...

***
N'était-ce que le souffle de l'air jouant dans les branchages ?
Herran ne le saurait jamais...
***



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