Les Mémoires de Syfaria
La région d'Utrynia

Sombre prophétie ?

Quand les Astres parlent des Runes
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Sujet lancé par Orphèle
Le 16-09-1509 à 20h25
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Posté par Narrateur,
Le 30-09-1509 à 23h27
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Orphèle

Le Merakih 16 Saptawarar 1509 à 20h25

 
***

Orphèle avait choisi l'entrée du Pilier d'Utrynia.
Elle était assise sur son vaste parvis, les jambes étendues devant elle.

Derrière elle se dressait le funeste édifice Eduen.
Devant elle s'étendait Utrynia et ses abords.
A mi-chemin entre la vie et la mort...

Au-dessus d'elle, infinies, les étoiles. Et les deux lunes.
Elle avait reçu cet alarmant message de Kysall.
Elle avait frémi, sensible comme elle était.
On y parlait de destructions.
De morts, d'extinction.

Pas en ces mots. Mais implicitement.
Et comme toujours, cela la mettait dans tous ses états.
C'était une fleur bleue douce et rêveuse.
Toutes ces choses, ça la dépassait.

Fin du monde ? Peut-être...
Elle appréhendait le regard qu'elle allait poser sur les étoiles.
De peur d'y découvrir quelques horreurs sans noms.
D'y perdre son âme.

Elle n'avait pas envie de perdre son âme.
Mais si cela pouvait les aider à prévoir ce qui allait se passer.
Si cela pouvait sauver des milliers de vies. Nemens ou non.
Alors elle était prête. Prête à tous les sacrifices.

Elle souffla. Et leva les yeux. Vers le Nord.
Vers le Pilier Perdu et cette zone de désolation qu'on associait à la mythique Rastryghën.
Là où se trouvait sans doute, peut-être, la belle et dangereuse Kysall.
Par une fois leur sauveuse. Peut-être pas deux fois, désormais...

Mais elle regardait aussi au-delà.
Encore plus au Nord. Vers la belle Ulmendya.
La Cité Puits, le havre et le nid souterrain des Nemens.

Elle but une gorgée de sa vinasse préférée.
Et se concentra sur la danse des astres.
Et leur chant, leurs murmures.

Tableau. Mon beau Tableau.
Dis-moi qui est prêt à mourir ce soir ?

***


 
Narrateur

Le Dhiwara 20 Saptawarar 1509 à 16h59

 
Rien.
Enfin, pas ce rien désarmant qui fonde les suicides, non un rien plus intriguant.
Un rien tout plein.
Subjuguant.

Les heures passent.
Orphèle finit par comprendre ce que ce rien peut signifier.
Splendeur et terreur mêlées.
Les étoiles, dans leur danse immémoriale, ralentissent.
Subtilement. Mais leur danse se fait plus douce. Plus lente.
Plus molle.

Comme si les cieux eux mêmes retenaient leur souffle avant la tempête...


 
Orphèle

Le Luang 21 Saptawarar 1509 à 13h50

 
***

Orphèle comprenait sans comprendre.
Comme souvent, d'ailleurs, mais là tout particulièrement.
Car ce qu'elle comprenait lui paraissait terrifiant.
Comment était-ce possible ?

On aurait dit que les cieux eux-mêmes ignoraient ce qu'il allait advenir.
Ils sentaient quelque chose arriver, sans savoir quoi.
C'était l'impression qu'elle retirait de sa lecture.
Et c'était tout bonnement terrifiant.
Surtout pour une Astrologue.

Comme si ses repères vacillaient, troubles, en proie au doute.
Comme si ce qui était sûr devenait incertain.
Elle déglutit, mal à l'aise.

Et se concentra davantage. Elle ignorait si elle pouvait aller plus loin.
Mais il fallait qu'elle tente, qu'elle puisse dire qu'elle avait essayé.
Comment évoluer dans les ténèbres et l'immobilité ?
Suivre des tracés fixes ?

Y avait-il un signe quelque part ? Quelque chose...
Comme un horizon orageux ou l'odeur d'une tempête ?
Une étoile rouge et clignotante, un oeil unique ?
Un fil de fatalité, un murmure grinçant ?

Quelque chose, une poussière d'étoile...

***


 
Narrateur

Le Merakih 30 Saptawarar 1509 à 23h27

 
Plusieurs jours s'étaient écoulés.
Avec une bienséance parfaite, plusieurs nuits s'étaient intercalées...

Orphèle avait sondé les cieux. Des yeux et de l'âme.
De toute son énergie.
De toute sa splendeur.

Elle avait interprété. Déchiré ses interprêtations.
Revêtu l'habit de colère puis celui de frustration, tout cela mêlé d'admiration.
Allongée ces nuits durant, la compagnie des étoiles la dominant.
Puis cette nuit là, elle se réveilla en sursaut au beau milieu des heures lourdes où plus rien ne vit.
Où tout s'assoupit, même l'écho des histoires sans fin.
Cette nuit là, l'herbe duveteuse qui lui caressait les joues lui sembla incroyablement plus fine, plus douce et piquante.
Elle inspira cet air si frais qu'il en était vie pure.

Et elle vit.
Au dessus d'elle.
Comme une réponse, comme un signe. Comme un clin d'œil à celle que les cieux chérissaient...

Une forme se dessina, fugace.
Celle d'une spirale. Une spirale qui se transforma lentement en maëlström qui engloutissait tout.
Puis plus rien. Le néant.

Ceci commencerait doucement.
Par petites touches. En une spirale, chaque enchainement était important.
Chaque évènement.
Et une pensée s'imposa.

Pour interrompre une telle spirale, nul doute que le seul moyen est à sa formation.
Ensuite, il n'y a plus qu'à figer ses appuis, et tenir.
Tenir jusqu'au possible reflux. Ou jusqu'à la toute fin...


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