Les Mémoires de Syfaria
L'île de Syfaria

A la recherche du Temps perdu

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Sujet lancé par Umbre
Le 01-10-1509 à 19h30
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Posté par Jemori Colcook,
Le 05-02-1510 à 00h41
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Umbre

Le Julung 1 Otalir 1509 à 19h30

 
Au nord-ouest des faubourgs, à l'orée du désert d'Amody. 1509.

A quelle sombre contemplation m'adonner en cette nuit sans âge...
Sinon observer le puits infâme qui a vomi, voilà des siècles, la poussière d'autres mondes.
Le pilier est une colonne absurde qui se dresse entre l'île et les cieux. Voilà le pied d'un génie mort à qui j'aimerai tordre le cou pour entendre les cantiques de l'univers. Mais il est le silence du temps sans mesure. J'abaisse l'avant de mon tricorne sombre sur le front de mon masque sans bouche. Je libère un long soupir de cette pesanteur que je transporte avec moi depuis quelques jours. De violentes brumes s'amoncèlent derrière le rideau. Et j'observe les lumières miroitantes de la cité, refléter leur regard arachnéen sur la surface bleue du désert. Il fait nuit. Drajl et Kvetha jouent au jeu taquin des jeunes filles coquines. Cela ne marche pas avec moi.

J'attends. J'attends mes vieux compagnons pour un voyage étrange au but encore indistinct.
Le long manteau de cuir sombre qui me protège du vent et du froid n'évite en rien les morsures de l'appréhension.
Dans quelle folie nous jetons-nous ? A quel destin prétendons-nous sacrifier la Confrérie des Six ? Une utopie ?
Pas de promesses, ni d'ambitions. Seulement des énigmes à résoudre, des secrets à dévoiler.
Je tâte le manche de ma rapière du bout des doigts et je souffle dans l'humeur glaciale.

Qui y a-t-il pour ce périple au coeur des vieilles légendes et des mythes de notre faction ? Quatre Confrères.
Quatre âmes damnées. Parfaits ingrédients pour un drame mystique à la cinglante ironie...

Dorian. Un ancien tueur désormais maître-instructeur pour le Suaire. A peine adulte. Un adolescent.
Un ange de mort à l'innocence sacrifiée sur l'autel d'un vieux théâtre d'ombres amères et de sang séché.
Aliundil. Un ancien érudit obsédé par la Règle de Trois, maintenant enquêteur de haut vol pour le Poinçon.
Nouvelle personnalité ambiguë, enfermée dans un puzzle mental aux allures d'équation mathématique.
Colcook. Un diplomate à langue si bien pendue qu'elle finira en corde pour son propre gibet. Ego prime.
Dandy d'extravagances colorées, politicien bouffonesque aiguisé comme une lame de couteau.
Et moi. Personne d'autre. Qui d'autre ? Les autres m'importent peu. L'Oubli fait tout.

Mais quelle histoire allons-nous écrire ? Allons-nous seulement écrire quoique ce soit ?
Je lève de nouveau les yeux vers la ville, les bottes dans le sable.
Je guète l'arrivée des miens, la réunion avant le départ.
Les aiguilles tournent. Tic, tac. Tic, tac.



Un visage est-il un masque de comédie posé sur la tragédie de l'âme ?

 
Aliundil

Le Julung 1 Otalir 1509 à 20h46

 
***
Journal d'Aliundil, 1 Otalir 1509.

Ce soir j'ai rendez-vous avec des spectres.
Des fantômes réunis dans une coterie sans nom.
Ais-je envie d'être l'un d'eux ? A nouveau ?

Je me suis regardé dans le miroir de mon bureau.
Face à face avec moi même.
Face à face avec qui ? Je n'ai pas reconnu mon reflet.
Sicaire, tatoué, Aliundil ? Trois mots qui définissent le vide.
Où est Trinité, quand s'est-il égaré, où est-il parti ?

Mon hésitation a été suffisamment longue pour me mettre en retard, ce qui ne me ressemble pas.
Si quelque chose me ressemble encore, en imaginant qu'un cadre puisse me contenir.
L'ancien, le Professeur aurait accepté sa place au sein de ce conseil des troubles mais moi, Moi, puis-je seulement m'y sentir intégré. Beaucoup de choses ont changé. Bien du sable s'est écoulé dans le sablier.

La proposition vient du Pantin, un des membres de la fine équipe d'antan, à l'époque où nous partions pour un oui ou pour un non arpenter les routes en quêtes de réponses pour finalement revenir les poches chargées de questions.
Je ris mais ça n'a rien d'amusant.
Je ris d'un rire amer, grinçant.
Tout ça m'épuise. Chercher sans jamais trouver. Se battre contre le temps.
Les criminels, eux au moins, offrent la satisfaction d'être tangibles, d'avoir une essence sur laquelle on peut avoir prise.
Mais qu'en est-il de Syfaria ?

Trinité a tenté d'escalader une montagne sans sommet.
Quel orgueil. Quelle idiotie. Quelle futilité.
A l'heure où j'écris ces quelques lignes, pourtant, je me tiens à nouveau face à cette montagne.
Le Professeur est mort en chemin, ou peut-être m'attend-il là-haut, gisant sur l'une des mystérieuses corniches inexplorées.
Ais-je envie de le retrouver ?

Ce soir j'ai rendez-vous avec des spectres.
Des fantômes réunis dans une coterie sans nom.
***


Se suffire, c'est être puissant.

 
Dorian

Le Vayang 2 Otalir 1509 à 08h09

 
Les Faubourgs d'Arameth, au même moment (ou presque), plus à l'Est.

Alors que je dépasse les murailles de la ville sans âme aux mille visages, je sens la tête qui me tourne. Faiblesse impardonnable. Je m'arrête, trahi par ce corps que je me suis toujours vanté de contrôler. Mais est-ce lui qui me fait défaut ? La vérité, c'est que c'est mon cœur qui bat à se rompre.

Umbre, Aliundil, Colcook.
Mes maîtres, ma Trinité damnée, mes spectres tutélaires -je doute qu'ils apprécie que je les traite d'anges....

Ces maîtres là qui ont guidé ma vie, modèles improbables sur lesquels j'ai façonné toute ma personnalité. Arrivé enfant dans ce monde sans sens, ils m'ont donné ce principe vital à chacun : sois celui-là que tu dois être, que tu avais à être.

Et aujourd'hui, je suis l'un des leurs.

Je souffle, relève la tête vers la vitrine d'un magasin pourri des abords de la Perle. La Perle... La pourriture. Je vois mon visage autrefois si parfait, mûri, affermi, presque adulte, si tant est que ce terme signifie quelque chose. Je me regarde, absurde rapprochement du visible et de l'immatériel, et sourit.

Le Destin nous attend.

Nous lui avons tourné autour, nous l'avons courtisé, bravé, et souvent, il nous a remis à notre place, ce fuyard immobile. Aujourd'hui, nous avons rendez-vous. Peu importe chimères et dangers mortels, peu importe les conséquences et même l'avenir.

Aujourd'hui, j'ai l'égoïste et si jouissif sentiment de marcher sur le chemin de l'Histoire.


Sa santé mentale semblait toute relative... avec notamment des tendances à la mégalomanie... Et peut être aux personnalités multiples.

Ermandr, Explorateur du Suaire, à propos de son supérieur Dorian.

 
Jemori Colcook

Le Dhiwara 4 Otalir 1509 à 14h46

 
Vous êtes serieux ...?

***
Au beau milieu du Souk, j'en fais voir de toutes les couleurs à certains marchands, il faut dire que si ces prétendus marchands avaient justement un plus vaste panel de couleurs, je ne prendrais pas la peine de leur étaler ma palette.
Pourquoi, me demanderiez-vous, tarder au marché alors que je devrais dors et déjà être au rendez-vous.
Eh bien parce que, vous répondrais-je alors, étant donné la saison et la direction de notre expédition, un chandail et un châle ne seront surement pas superflus. Et que, malgré l'immensité de ma garde-robe, le plaisir de se vetir de quelque chose de neuf, sans histoire et sans imprégnation, pour se lancer dans une aventure des plus prometteuse, reste l'un des plaisirs les plus simples de l'existence.

Oh oui, je suis en retard... De toute façon, mes compagnons ont la fâcheuse manie d'être en avance.

Et puis, entre nous, ce n'est pas maintenant, à quelques instants du départ, qu'il faut se poser des questions et plonger dans l'abysse. Non... Rien n'avancera, rien ne se résoudra ni s'éclaircira. Enfin ceci ne reste que mon point de vue, surtout qu'il y aura assez matière à se torturer tout au long de l'aventure pour commencer maintenant, avant même d'avoir commencé. Autant se complaire dans la futilité, qui, par contre elle, fera défaut pendant les mois à venir.
Même si j'avoue que pour l'instant, cette futilité risque de m'exaspérer si je ne trouve pas quelque chose à me mettre. Parce qu'il ne s'agit pas de simplement trouver quelque chose, mais bien Quelque Chose. Car il est hors de question de vivre les moments clefs de l'Histoire vêtu passablement. A rencard avec le Destin, il faut être affublé en conséquence.
Le reste attendra.

Et c'est ainsi qu'un peu plus tard, satisfaits de ses achats, j'apperçois la silhouette du Pilier se découper dans l'orbe carmin de Drajl.
***


Il faut dépenser le mépris avec une grande économie, à cause du grand nombre de nécessiteux.

 
Umbre

Le Dhiwara 4 Otalir 1509 à 18h32

 
Après quelques minutes, des silhouettes se découpent dans les ombres nocturnes du désert.
Je lève le regard vers elles tout en me redressant, tiraillé entre des sentiments contradictoires dont le sens m'échappe.
Est-ce du plaisir, de l'appréhension, de la crainte, de l'excitation ? Elles s'approchent du Pilier, toutes si différentes et si belles, portant des fardeaux et des vérités dissemblables. Un hochement de la tête, je m'éclaircis la voix mais m'exprime pourtant à voix basse lorsqu'elles arrivent enfin à mon niveau. La situation et les manières évoquent quelque mystérieuse réunion pour le genre d'infecte complot dont la Confrérie a le secret. Ce que nous entreprenons est ô combien plus important. Et plus fou, très certainement.


Messieurs, je vous salue bien bas. Comme moi vous avez reçu le message de Ney.
Je pense qu'il est inutile que nous nous attardions ici pour l'attendre, je lui ai dit que la première étape était Utrynia.
Elle nous rejoindra donc sur le chemin, je suppose.


Mon regard glisse à peine sur Aliundil et Dorian qui, comme moi, sont originaires de celle que les Filles du Déclin nomment "le Joyau". Un simple réflexe, sachant que nous ne nous arrêterons certainement pas dans la ville, ni même contemplerons ses murailles. Je me tourne vers Jemori, plus flamboyant que jamais malgré l'obscurité. Son costume m'arrache un sourire derrière mon bauta orné. Trompe-l'oeil et trompe-la-mort. Comme toujours...

Il est Temps, mes amis. L'Heure tourne.

Inutile d'ajouter quoique ce soit. Je réajuste mon sac de voyage porté en bandoulière, dans lequel sommeille la toile que j'ai récemment peinte et l'Obsession de Garethmaïo. Puis, d'un pas décidé, je me mets en marche dans le désert, en direction de la route qui mène à Eleudice et le transport Nemen. Vers Utrynia, justement, et bien au-delà.


Un visage est-il un masque de comédie posé sur la tragédie de l'âme ?

 
Archess Ney

Le Luang 5 Otalir 1509 à 00h22

 
Un jour trop semblable aux autres, encore et toujours à Arameth.
***
Mais qui tire donc ces fils? Qui tire donc ces fils que j'ai moi-même mis en place?
Là, perchée sur ma muraille, comme d'habitude, c'est la seule vrai question qui persiste..
N'avais je pas plus de liberté quand je laissais agréablement ma main effectuer tous ces aller-retours entre les étalages et mon sac.. Peut-être pas.
Mais par ce choix si peu choisit, j'ai moi-même vissé les attaches et tendue les fils. C'est bon? C'est fait? Ca y est je suis une marionnette.

"Je défendrais l'Ordre et la Justice! La veuve et l'orphelin!"
Vaste blague...

C'est du beau travail, rapidement Chambellan, ma cause est noble et on me respectera. Mais on m'indiffère. Par contre eux.. Eux sont tous Chambellan, peut-être ne me regarderont ils pas tous de haut, peut-être me considéreront ils? Leur cercle est très fermé, on s'y appelle "Chambellan", un sourire d'auto-satisfaction aux lèvres.

Enfin de compte, je gigote et puis quoi? Et puis rien... Les voleurs cambriolent, les cambrioleurs volent. J'ai pris de l'altitude, le plus possible dans la Perle, mais les fils des marionnettes vont encore plus haut, je n'en vois pas le bout.

Je connais toutes les cordes par coeur, leurs mouvements sont toujours le même...

Rien ne change.

Mais eux, ne semblent avoir que faire des mouvements qu'on nous impose, même pas une ficelle, ils s'en vont... Et comme à mon habitude je regarde... de haut.

Puis comme une idée de pure liberté, un instant infime de contrôle, je décide de faire tout mon possible pour briser les attaches, couper ce câble. Ils sont partis? Je les rattraperais!

Une pensée, un saut salvateur depuis la muraille, je pars, pour la première fois, mal arrangée.. et alors?

Juste deux symboles sur moi, mon épée et mon arc, la seule chose que j'ai choisi, la voie des armes.

Je cours à en perdre haleine, je veux les rejoindre et à ce moment là, juste entendre:

"Archess"
***

Un jour unique, hors d'Arameth!

 
Aliundil

Le Luang 5 Otalir 1509 à 23h08

 
Ça me va.

***
Rien d'autre, trois mots, trois fois deux lettres, pas une de plus.

L'heure tourne, oui.
Tout comme j'ai le sentiment de tourner en rond.
En regardant mes compagnons, j'ai l'impression que l'Aiguille a fait bien des tours de Cadran et je peux sentir, rien qu'en les observant, qu'ils ont tous bien changé. Mais sommes-nous, eux comme moi, devenus différents pour autant ?

Un peu à l'avant du groupe, je garde le silence en mâchant un brin de paille tandis que le paysage défile devant mes yeux entrouverts. Je prête attention à mon environnement, décèle les subtiles variations du vents, écoute le chant grave du sable, reste attentif aux mirages qui apparaissent au sommet des dunes et s'évaporent aussitôt.
Je vis au rythme du désert.
Sur la piste d'Eleudice, j'existe par Amody.
Mon élément.
Ma nouvelle réalité.

...
Vraiment ?

Malgré cette concentration, mes pensées sont ailleurs.
Décontracté en apparence, mon ventre est noué.
J'ignore pourquoi. Non. Je sais. Mais je rechigne à l'avouer.
Moi qui n'hésitais jamais à pousser une réflexion dans ses derniers retranchement, me voilà réduit à feinter ma propre conscience pour éviter de faire face à mes interrogations les plus intimes.
Cela marche bien avec les autres mais pourquoi est-ce si difficile avec soi-même ?

Jadis, folie ou génie, je me serais réjouis de rencontrer en mon ego un adversaire de taille.
Aujourd'hui, je le trouve bien trop adroit pour mes esquives.
La route va être longue et, malheureusement pour moi, je sens que ma réflexion va elle aussi faire un bout de chemin.
***


Se suffire, c'est être puissant.

 
Dorian

Le Matal 6 Otalir 1509 à 13h09

 
J'acquiesce et me mets en marche à la suite des Confrères -ceux-là méritent la majuscule- et me demande si j'ai bien ma place parmi ces piliers d'rameth, ces quasi-légendes vivantes. La vérité, c'est que j'aimais à l'époque vivre dans l'ombre d'Umbre, et goûter à la lumière de sa présence et de sa réputation qui éclairait l'adolescent que j'étais.

Aujourd'hui, je marche à visage découvert à leurs côtés à tous.

En souriant, je me rappelle ce qu'ils ont pu m'en faire baver, surtout Trinité et Jémori, implacables mentors exigeant le meilleur de ce que j'avais à être. Le suis-je devenu ? Ils ne manqueront pas de me le faire savoir... De cela, il n'y a pas à douter.

Mais je sens dans leur silence que cette époque est quelque part révolue, et que le problème qui nous réunit aujourd'hui est autrement plus grave, autrement plus lourd de conséquence que celui de ma vanité. Alors, je tourne mes yeux vers Umbre, discret guide, mais apôtre grandiose d'un Destin qui ne demande qu'à venir ébranler la structure de notre petit univers à tous.

J'avance à sa hauteur, avide de réponses.


Puis-je en savoir un peu plus sur ces fameuses retrouvailles ? Comment, pourquoi, où et quand, pour faire simple ?

Sa santé mentale semblait toute relative... avec notamment des tendances à la mégalomanie... Et peut être aux personnalités multiples.

Ermandr, Explorateur du Suaire, à propos de son supérieur Dorian.

 
Umbre

Le Matal 6 Otalir 1509 à 15h15

 
Nous avançons sur la piste du désert à la cadence d'une meute de loups partis en chasse.
Rapides, mais pas trop, les sens aux aguets, le pas leste et mesuré, les yeux luisants dans le noir à la clarté des lunes. Les rares voyageurs isolés et imprudents qui errent encore sur la route s'écartent vivement à notre vue, reniflant l'aura de prédation qui suinte de nos ombres. Rien ne peut nous arrêter, un périple parfumé par les délices de la folie ne conçoit pas d'obstacle. J'écoute Dorian, venu à moi avec ses questions légitimes et sa curiosité bien-née. Mais je ne réponds pas. Pas tout de suite. Je laisse s'égrainer des secondes puis des minutes, feintant de n'avoir rien entendu. Il sait néanmoins que je teste sa patience et que je lui offre l'occasion de repenser ses mots. Pour repenser cette affaire. Il n'est pas là parce que sa lame est mortelle, il n'est pas là parce qu'il appartient à l'Horloge de la Quête, il n'est pas là non plus parce que c'est l'un des miens. Il est là pour une raison bien précise, et j'attends de lui qu'il le comprenne dés mes premiers mots.

Lors que ma voix, calme et veloutée, perce de nouveau le voile dela nuit, les lumières d'Eleudice pointent.
Nous aurons bientôt quitté le désert et rejoindrons la forêt. Toujours plus loin.


De l'impressionnante quantité d'adverbes dont vous venez de me faire cadeau, à tort ou à raison, je n'en garderai qu'un : "Pourquoi ?". Les autres ne nécessitent pas qu'on s'y attarde et la réponse à celui pré-cité répondra aux questions soulevés par ses malheureux congénères. Sachez tout d'abord qu'il m'est impossible de vous la faire lente, comme vous vous en doutez, et qu'en conséquence, je vais vous la faire longue. Et, si nous sommes chanceux : douloureuse.

Un autre silence, lui aussi étendu dans le chuchotement de nos pas et la rumeur du désert.

Vous vous souvenez sans doute de l'étrange apparition qui s'est révélé à nous lors de l'affaire Alveck, alors que nous achevions notre entretien avec le Grand Chambellan Lethra ? Ce vieux Nelda décharné sorti des ombres pour nous dire : "Le Temps est la clef d'une porte que vous ne désirez pas ouvrir"... Et bien, tout porte à croire que c'est hallucination était un message de l'Horloger lui-même, une projection chimérique qui, sous des allures d'avertissement, était peut-être un appel ou - tout du moins - un indice.

Si c'est pas là la première pièce du puzzle que nous sommes en train de reconstituer, c'est néanmoins celle qui a tenu lieu de déclencheur dans la vaste énigme que je m'efforce de résoudre depuis lors, avec le concours de nos chers compagnons ci-présent. Celle du "Retour de l'Horloger". Car c'est bien de cela qu'il s'agit. Oui, depuis le début, c'est de cela qu'il s'agit, que nous le voulions ou non, que nous le sachions ou pas. C'est le sujet de la quête des Obsessions, du meurtre d'Alveck, de l'affaire Flymeur. C'est le point commun de tous ces dossier, sans doute de bien d'autres, et c'en est peut-être également la ligne directrice.

Pourquoi ? J'y viens.

Cette phrase qu'il nous a si mystérieusement légué, je l'ai entendu quelques mois après. Et je suis fort déçu que vous ne l'ayez pas relevé lorsqu'elle est revenue sur le tapis. Vous étiez là, tout comme moi. Pour tout vous dire, c'est ma plus grande déception à votre propos. Mais c'est peut-être ma faute, de ne pas vous avoir suffisamment aiguisé les mirettes. Car cette phrase est revenue, oui, plutôt deux fois qu'une, lors de la réunion improvisée à Jypska avec le gratin de Syfaria. Cette réunion qui consistait à mettre nos informations en commun pour décider de la marche à suivre dans l'affaire Flymeur qui présageait d'impossibles catastrophes.

La Contemplatrice Lasha a rapporté son entière conversation avec une Ombre d'exaltation. Lors de cet échange absurde, l'Ombre a prononcé ces mêmes mots. Ces foutus mêmes mots. Quelques secondes après, la diplomate Nuruhuinë du Matriarcat (ou était-ce la grande perche de Kaliss ?) a transmis à l'assemblée la lecture astrologique d'une de leurs érudites. L'idée a pointé de nouveau le bout de son intrigant museau. Le Temps est la clef d'une porte qu'on ne veut pas ouvrir....

Chapitre terminé. Nous passons à l'acte suivant, à la vitesse supérieure.


Je m'arrête un bref instant, attentif à notre environnement et à l'attitude de Dorian, avant de rependre notre marche.

Quelques temps après, convaincu que l'Horloger a à voir avec tout cela, je décide de m'entretenir avec la Shaïm.
C'est une Première-Sortie, une Nelda, l'Elue de la Dame Grise et j'ai déjà eu de rapides échanges télépathiques avec elle. Je sais et je sens qu'elle peut m'aider dans les fils qui s'emmêlent autant qu'ils se démêlent.

Nous parlons, et je lui expose ce que j'ai appris. N'omettant rien de ce que je sais, évoquant au passage les trouvailles de dame Nemeth dans les archives du Suaire, à propos des dossiers scellés de l'Horloger concernant ses recherches actives sur les Obsessions et ces deux objets qui y étant liés, ce peigne et cet anneau (cet anneau que vous avez retrouvé dans les appartements d'Alveck, souvenez-vous). Dossiers qui, rappelons-le, ont été confisqués par le Terreau avant même que nous puissions y jeter un oeil (bien évidemment)... Bref, je lui dis tout.

Les révélations qui suivent ont failli placarder mes intestins dans son charmant jardin, cloîtré au coeur du fameux Palais des Murmures. Elle me confirme entre autre que cette phrase, désormais emblématique, correspond aux dernières paroles de Kryniosias avant qu'il disparaisse. Mais elle m'apprend surtout que les dernières recherches auquel se consacrait l'Horloger avant de s'évaporer dans la nature concernait...l'Artéfact du Luth.


Mon regard pivote vers le Chercheur, les yeux brillants :

Vous êtes bon en calcul ? C'est cela même.
Les Obsessions sont le Luth.


Nouveau silence. Je me tais achevant ici la première partie de mes explications. Conscient que cela fait beaucoup, je préfère laisser du temps à Dorian pour digérer ce qui vient de lui sauter à la face et, pourquoi pas, afin de lui permettre d'en placer une si il s'en sent la force et l'inspiration (questions, remarques, divagations, etc...). Inutile de le mettre à mort dés maintenant, il y a encore un ou deux coups de théâtre qu'il lui faut entendre. Nous dépassons le Station Nemen et le village d'Eleudice enveloppés dans un manteau venteux. Le désert est déjà derrière nous. Arameth et sa toile de secrets aussi. Pourtant....


Un visage est-il un masque de comédie posé sur la tragédie de l'âme ?

 
Dorian

Le Matal 6 Otalir 1509 à 17h14

 
Pourtant la toile s'étend devant nos pas, plus gluante et poisseuse qu'elle ne le fut jamais. A l'instar du savoir qu'il accroît le sentiment d'ignorance à mesure qu'il s'accroît, la vérité rend l'ombre plus tangible et menaçante à mesure qu'elle croît.

J'écoute, fasciné, le conte mortel du trouvère.

Je passe sur la déception, bien extrêmement sensible à ce genre de reproches, préférant oublier cette période où tout à mon drame personnel, j'avais trop à faire avec ma morale pour tenter de faire autre chose que de trouver un sens à ma vie alors misérable. L'Ombre que j'étais n'avait alors aucun intérêt pour celles des piliers...

Ce qui n'est plus le cas.

Les Obsessions... Artefacts réagissant à la musique, chantant, modifiant la réalité, cette fameuse trame si chère aux nemens. Tout est dans la description. Vibrantes, harmonisées, calmées par l'Art. L'Art-efact du Luth, le Luth légendaire si longtemps cherché : l'évidence est telle qu'elle paraît presque insultante. Je repense à l'endroit où les confrères ont caché ces entités phénoménales et souris. Plus que cinq, dirait-on.


Ne vous flagellez pas, cher Umbre -à moins que vous n'aimiez cela. Vous ne pouviez ouvrir ce que je n'avais pas alors. Aveugle à tout problème extérieur, ces phrases ne pouvaient me faire réagir à cette époque. Ceci-dit, c'est tout simplement une extraordinaire enquête que vous avez réalisé là.

Votre don pour la mise en corrélation est stupéfiant.

Mais quid de ce peigne et cette bague ? Quel est leur rapport, finalement, avec les Obsessions ? De plus, si je me rappelle bien, les Grands Chambellans du Suaire et du Terreau avaient évoqué une "force grandissant dans l'ombre". Serait-ce l'Horloger ? Comment sont-ils au courant ? Pourquoi le voient-ils comme une menace ?


Je repense à la vision du nelda. Le Fondateur de la Confrérie...

Rien que cela.


Sa santé mentale semblait toute relative... avec notamment des tendances à la mégalomanie... Et peut être aux personnalités multiples.

Ermandr, Explorateur du Suaire, à propos de son supérieur Dorian.

 
Umbre

Le Matal 6 Otalir 1509 à 21h16

 
Nous avançons maintenant vers la forêt, dont l'aura ténébreuse ne fait qu'ajouter à l'atmosphère de cette nuit sans âme.
Comme je m'y attendais, Dorian va droit au but, au risque de brûler les étapes. Je choisis de répondre à certaines de ses questions dés maintenant, tandis que les autres trouveront leur propre écho dans la suite de mon résumé. Les intrigues se lient, se délient dans une danse frénétique dont les motifs ne sont pas toujours évident à contempler malgré le lourd travail d'analyse et de collecte effectué depuis plus de deux ans. Je n'entends donc pas m'y perdre en les exposant à mon ancienne âme damnée. Même si cela est difficile pour moi, il me faut procéder de façon structurée, logique, étape après étape. Je m'éclaircis la voix en laissant naviguer mon regard sur les hauts cimes des arbres qui s'approchent de nous. Car ce sont eux qui viennent à nous et pas l'inverse. La Vérité, le Destin, le Temps, l'univers se jettent sur la Poussière.


Le seul lien qui m'est apparu entre ces objets et les Obsessions est le métal extrêmement particulier qui les composent. Ce métal aux propriétés très particulières. Un métal brillant, chaud, léger....vivant. C'est un lien bien mince, mais suffisant à mon goût. Je crois que ce matériau est une autre piste à suivre dans le vaste schéma qui se dévoile devant nos yeux aveugles. Il est la clef de quelque chose de plus grand.


Je referme ici cette parenthèse, qui devra bien un jour être réouverte à cause des questions que soulève son contenu.
Puis je reprends ce qui, à bien des égards, est davantage un exposé qu'un récit.


Sardoryanne - la Shaïm - ne m'a pas appris grand chose à propos de l'Horloger lui-même. Par contre, elle s'est davantage étendue sur les Artéfacts. En tant que Confrère, et plus encore en tant que Sudariste, cela devrait vous intéresser.

Elle m'a appris que les Six Artéfacts appartiennent à un système. Un système original, unique, fondamental mais dont la nature lui échappe encore. Ce système a néanmoins ses propres lois, sa mécanique, et il est très étroitement lié au concept de révolution permanente, de cycle infini dans lequel est ancré le monde de Syfaria. Je ne sais si ceci est lié à cela, mais le fait est qu'elle m'a également révélé qu'il n'était possible de trouver un des Six Artéfact que si l'on avait trouvé le précédent. Selon la règle de l'hexagone confraternel. Ce qui signifie, pour être plus clair, que le Luth permet de trouver le Poinçon, que le Poinçon permet de trouver le Limonaire, ainsi de suite....

Nous (la Confrérie) avons dors et déjà le Luth....et le Poinçon.


Suspense.

Il y a de cela quelques mois, d'étranges évènements ont eu lieu à Utrynia. Enlèvements d'anjas, invasion de Rejetons (un Furyan à leur tête), disparition d'un Garde-Mortuaire du Matriarcat et...présence de Confrères en ville, visiblement de mèche avec les créatures de l'Adversaire (à en croire les allégations des Filles du Déclin). Le Garde-Mortuaire disparu possédait une étrange épée. Evoquant, paraît-il, une Flamberge de Ravages. Les dernières traces de l'enquête menées par les Matriarcales se perdent dans le désert, à Arameth.... Ces mystérieux Confrères ont vraisemblablement enlevé Ylmiliadan (le Garde-Mortuaire), ont détruit son corps et gardé son épée.

La Shaïm m'a assuré, et je la crois, que cette arme est le Poinçon.
Qui sont ces Confrères qui ont agi dans le plus grand secret ? Nous l'ignorons. Mais au vue de ce qu'ils ont fait, en s'associant notamment à des Rejetons, il est probable que ce ne soient pas des enfants de coeur.
J'ai eu beau jeu d'activer, dans la plus grande discrétion, nos réseaux du Luth. Rien.
Je ne peux pas dire non plus que j'ai été très ambitieux. Le Terreau veille.
Et je ne désirais pas voir ma liberté de mouvement entamée.


Ai-je oublié un quelconque élément dans cette mosaïque de détails ?
Je réfléchis quelques instants, songeant qu'à vue de nez cette partie de l'affaire est balayée.


Maintenant, revenons un peu au coeur des affaires de la Cité des Perles Sombres.
Vous avez raison de souligné les propos de Syphine, relayé dans le testament d'Alveck et récemment évoqué par Lethra dans un entretien que l'Oeil Aliundil a eu le plaisir de mener avec lui. Car voilà une énigme essentielle, non résolue, une pièce centrale du puzzle. Qui apparaît sous quatre angles différents :

Primo, la crainte à peine dissimulée, les divagations et les sous-entendus mystérieux des Grands Chambellans. Deuzio, l'association de Confrères oeuvrant dans l'ombre avec des Rejetons lors de l'affaire à Utrynia. Tertio, une certitude de la Shaïm concernant l'affaire Flymeur : l'Adversaire recherchait Kryniosias (et la fameuse citation de l'Horloger, revenue à plusieurs reprises lors de ladite affaire, tend à démontrer que ce dernier y a tenu un rôle, quel qu'il soit, tout comme la vision de Penthésilée dans la grotte de Kysall quelques temps après). Certitude réaffirmée par Lethra dans son échange récent avec l'Oeil. Quatro et non des moindres, la présence d'horribles peluches parasites retrouvées dans les canaux d'Arameth, de facture inconnue, entièrement constituées de champignons et de moisissure en évolution permanente, qui pourraient bien être l'oeuvre de Rejetons (ce sont là les conclusions de l'enquête non-close d'Aliundil, conclusions en partie validées par Lethra), prouvant par là-même la présence de ces derniers en ville.

Vous avez là une piste de réflexion quant à la réponse à votre pertinente interrogation "Pourquoi le voit-il comme une menace ?". Peut-être le voient-ils comme une menace parce qu'ils n'ont pas mené la Confrérie sur la ligne que désirait Kryniosias aux origines et que son retour pourrait malmener leurs affaires. Peut-être aussi le voient-ils comme une menace parce que sa relation à l'Usurpateur est plus ambiguë qu'il n'y paraît....

Car, oui, nous sommes en droit de nous poser cette question : quel est le rapport exact entre Kryniosias et le P'khenS'sarkh ? Entre un puissant et mystérieux groupuscule de notre Faction consacré à la Quête de l'Horloger et des Rejetons de l'Adversaire ? C'est pour des réponses à ces questions, entre autre, que nous partons à la recherche de l'Horloger. Voilà donc mon "Parce que.." à votre "Pourquoi"....


Puis je lève les mains, paumes ouvertes vers le ciel, en haussant des épaules. Signe d'impuissance.

Qui sait. Les Confrères ont toujours été des êtres complexes, paradoxaux, abscons, retors.
Que faut-il donc attendre de leur mythique Fondateur ?


Mon visage sans bouche, sans face, sans expression se tourne vers les traits marmoréens de la gueule d'ange qui m'accompagne. Mes yeux hétérochromes luisent un peu plus intensément et lui demandent, en silence, si il a d'autres questions en tête. Et nous entrons dans le bois maudit de cette Forêt qui Chante, semblables à des loups égarés qui reniflent la piste du défunt meneur...


Un visage est-il un masque de comédie posé sur la tragédie de l'âme ?

 
Jemori Colcook

Le Merakih 7 Otalir 1509 à 01h29

 
***
Loup parmi la meute.
Qu'il fonde la plus prestigieuse des cités, qu'il ouvre les chemins de l'éternité aux âmes des défunts, qu'il soit annoncé comme le destructeur de monde, ou qu'il soit haï comme la peste, un loup reste un loup.
Fascinant prédateur devant l'Éternel.
Et ceux là ont fiere allure.

D'une oreille légère, je prête attention au discours du Masque. Un sourire aux lèvres, et le regard vagabond sur les alentours, je m'amuse des réactions de Dorian. Fascinante... Envoutante intrigue que voilà mon cher, n'est-ce pas ? Mais qui sait ce qui nous attends désormais...

Je me mets alors à fouiller dans les recoins de mon costume. D'un geste fluide, sort mon porte-cigarette ainsi qu'une gibecière, et tout en allumant mon tabac d'une main, de l'autre, je tends la petite besace de velours noir, cinglée par une lanière de cuire ocre.
La tends à l'adolescent, sans vraiment prêter attention au geste.
Sans un mot, pour simplement alimenter le discours de mon ami.

S'y trouve, que le jeune homme l'ouvre ou non, deux petits, mais très ouvragés, coffrets d'ébène à l'intérieur rembourré de soie rouge. Dans l'un, se trouve une simple fourchette, nue, sans fioriture, ni extravagances. Dans l'autre, un bout de fil. Mais si au premier examen ni l'un ni l'autre n'ont rien d'exceptionnels, un deuxième regard dévoile toute l'ampleur de ces babioles. La fourchette, se trouve être faite d'un métal tout particulier, un métal loin d'être inconnu, surtout pour une personne qui, comme Dorian, a côtoyé les Obsessions. Quant au fil, sa matière semble tout aussi étrange, car il semblerait être fait d'ombre.

J'adresse un regard en coin au Sudariste, et comme si de rien n'était, au milieu d'un nuage de fumée exhalée, lui jette un clin d'œil.
***


Il faut dépenser le mépris avec une grande économie, à cause du grand nombre de nécessiteux.

 
Aliundil

Le Julung 8 Otalir 1509 à 20h41

 
***
Alors que Umbre lève petit à petit le voile sinistre qui enveloppe le mystère de cette expédition, j'observe les cieux morbides planer, de leurs ailes sombres, au dessus de nous.
Les petites maisons d'Eleucide, accroupies dans l'obscurité, sont déjà bien loin quand s'abattent en oblique de fines gouttes de pluies. Les feuilles, qui se tordaient déjà frénétiquement à cause du vent dégoulinant des montagnes, ne tardent pas à courber l'échine sous la petite averse.

J'abaisse ma capuche.
Cache mon bagage sous ma cape.

Je n'aime pas la pluie.
Elle écrase les odeurs, épaissit les ombres, efface les empreintes.
C'est un rideau gris posé sur mes sens.

Le ciel ressemble au couvercle d'un cercueil menaçant.

Je jette un coup d'œil en arrière sans me rendre compte de l'air maussade que j'affiche. Ceux qui s'avancent avec moi dans les profondeurs de cette fausse commune semblent imperméable à une épreuve aussi futile que la pluie.
Je souris en regardant discrètement Dorian, assailli par les souvenirs de notre rencontre à quelques lieues d'ici, à quelques cycles d'ici, mais en de semblables conditions.
Puis mon regard glisse vers Jemori avec cette insistance subtile qu'il daignera sûrement ignorer une poignée de secondes avant de poser sur moi ses yeux candides.

Véritable regard de faussaire.

J'agite plusieurs fois mon pouce à hauteur de mes lèvres dans l'espoir qu'il me confie, le temps d'une étincelle salvatrice, son fameux briquet d'amadou.
Une cigarette me fera le plus grand bien.
Non pas parce qu'elle me peut me détendre.
Mais parce qu'elle peut m'occuper un instant.
***


Se suffire, c'est être puissant.

 
Archess Ney

Le Vayang 9 Otalir 1509 à 17h47

 
***
Chassez le naturel, il revient au galop...
L'esprit matérialiste d'Arameth est bien trop ancré en Archess, une expédition en partant sans rien... Plutôt ridicule!

La symbiose peut s'avérer très pratique, les sardoines aussi.. Ainsi après un bref arrêt près de la station nemen, je reprend ma route, à dos de Tawhak, on est sacrement balloté, mais faut avouer que c'est diablement plus rapide et moins fatiguant.
Je ne devrais pas en avoir pour longtemps pour les rattraper à ce rythme.
L'excitation monte et je fais de mon mieux pour ne pas trop forcer sur cette pauvre bête qui n'a aucune raison de subir mon envie de rejoindre ces hommes extraordinaires.

La pluie s'invite au parcours, heureusement dans mes fontes se trouve une länne de sécurité, parfaite contre la pluie, les gouttes perlent le long du tissu, perdant un peu de leur substance à chaque centimètre. Je ne peux m'empêcher d'y voir un parallèle avec les araméthéens et la Perle.. Combien de moi-même ai-je fini par perdre depuis l'entrée dans cette horloge, avant je me cherchais, depuis je ne crois pas m'être trouvée.

La forêt, je n'ai jamais été aussi loin, eux, évidemment. Je ne connais rien en fait, que m'a apprit Arameth? Pas grand chose, au moins je ne crains pas pour ma sécurité, c'est un point positif. Lame en main je me sens sûre de moi, j'en touche souvent le pommeau quand j'ai besoin de me rassurer. Une épée comme partenaire.. j'espère que tout ce passera bien avec eux.

Ça y est je les aperçois, ils sont juste là, je freine, touche le pommeau..
***


 
Dorian

Le Sukra 10 Otalir 1509 à 18h08

 
La perspective de voir l'Horloger débarquer comme un archange vengeur et mettre un bon coup de pied dans le Terreau et ses sbires du Vitrail me laisse un instant rêveur. Mais l'exutoire fantasmé se trouve vite interrompu par l'apparition entre mes mains des petits coffrets de Jémori. Alors que je découvre dans la besace les deux contenants et leur mystérieux contenu, je ne peux m'empêcher de détourner mes yeux des reliques et de l'Histoire pour regarder autour de moi.

Le bois où dit-on, se cache le puits des souvenirs. Bien sûr, nous ne nous y arrêtons pas, mais ici, d'autres souvenirs se réveillent et me saluent. Souvenirs d'un jeune tydale et de sa soi-disant sœur, tous deux âgés d'à peine 15 ans, fuyant le Matriarcat. Blessés, affamés, tendus, ils avaient rencontré le premier membre de ce qui allait devenir leur famille.

Certes, il y avait eu Nemeth. Mais ils se considéraient alors encore comme des enfants du Tableau. Alors que je fuyais avec Tara, c'était bien Aliundil que j'avais découvert au détour du chemin, boiteux, "stoïque", et déjà particulièrement retors. Le fameux Trinité.

Je détourne mon regard du passé pour reposer mes yeux sur le sicaire nerveux du présent. Je souris, reconnaissant. Certainement, si nous étions tombé sur quelqu'un d'autre, la Confrérie n'aurait jamais eu autant d'attraits, cette saveur de l'interdit et de la piquante intelligence de ses membres.

...

Un cheveu et un peigne. D'abord incrédule, j'interroge le diplomate du regard, qui me répond d'un clin d'œil. Alors j'observe plus attentivement : le fil ne semble pas refléter la lumière, il semble comme la cacher, comme si lui-même n'en bénéficiait pas. Le fil d'ombre, bien sûr...


Bien, bien, bien...

Je vois avec peu de surprise que la Confrérie est fidèle à sa réputation, et que finalement, tous les objets de pouvoir finissent bien entre nos mains, mais... de quelles mains parle-t-on finalement ? Car, cher Umbre, vous dites que la Confrérie possède le Poinçon, mais il semble plus juste de dire que certains Confrères le possèdent.


Ma meute autour de moi, j'avance en silence. Plusieurs questions se bousculent, prêtes à sortir, mais finalement, je n'arrive à en formuler aucune. Trop de zones d'ombre et d'inconnues. Trop de forces en présence, de factions dans la faction. Et soudain, je comprends pourquoi ce groupe, pourquoi cette sensation presque sensuelle de groupe bestial et prêt à mordre. Je comprends pourquoi il fallait réunir une sorte de coterie loyale et sans a priori moraux...

La vérité, c'est qu'on ne sait pas à quoi s'attendre, que ce qui va arriver pourrait tout simplement changer le visage de la Confrérie, et que dans cette lutte mystico-politique, le coup peut venir de n'importe où. Il fallait être ce nombre restreint, il fallait pouvoir agir vite et sans se disperser.

Il faut aussi être prêt à tout perdre. Vie, raison, foyer.
Au mieux.


Sa santé mentale semblait toute relative... avec notamment des tendances à la mégalomanie... Et peut être aux personnalités multiples.

Ermandr, Explorateur du Suaire, à propos de son supérieur Dorian.

 
Umbre

Le Dhiwara 11 Otalir 1509 à 13h32

 
La dernière remarque de Dorian ne nécessite pas de réponse, puisque c'est précisément le point de ma démonstration. Je devine à son silence qu'il a compris et me tais en retour, satisfait de cet esprit bien fait que j'ai en parti formé. Inutile de tout lui expliquer, il est bien assez intelligent pour saisir toute la portée de ces évènements et de leurs conséquences. Non-dits, sous-entendus et vérités implicites sont le pain quotidien de Confrères tels que nous et tel que lui, devenu en l'espace d'un an plus intime avec les secrets de notre faction et ses mauvaises habitudes que certains de ses membres de longue date.

La pluie, qui s'est finalement décidée à tomber, ruissèle sur mon épais manteau de cuir et s'écoule le long des rigoles de mon tricorne pour se déverser en ruisseaux sauvages sur les aspérités de mon masque. Avec la nuit noire, la forêt se fait plus sombre et inquiétante, mais notre horde ne craint ni la nature, ni le climat, ni mêmes les monstres qui guettent à l'orée des arbres, au bord de la route sinueuse qui parcourt le bois. Le sentier de la quête est pour nous une ligne de lumière dans les ténèbres de l'inconscient collectif. Ou un fil d'ombre dans l'espace flamboyant du monde. La meute des ombres progresse, vite et bien, mais la nécessité d'une arrêt, d'une étape avant le plus gros du voyage ne tardera pas à pointer le bout de son nez.

Nous sommes certes Immortels, mais demeurons Poussières balayées par les marées du Temps....

*

Après deux jours supplémentaires de marche ou de course forcée, magique ou non - et ce malgré les douleurs et la fatigue, malgré l'orage qui gronde au-dessus de la région et les vivres rudimentaires - nous décidons de nous arrêter la nuit venu au village de Lestris pour une repos bien mérité. La forêt est déjà loin derrière nous et nous avons traversé les plaines alentours sans difficultés. Le périple jusqu'aux montagnes, lui, risque d'être gourmand en énergies et il nous faut toutes nos forces pour accomplir ce que nous avons à accomplir. Qu'il s'agisse de la route jusqu'à la grotte ou de ce que nous aurons à y faire une fois là-bas. Nos esprits se devront d'être efficaces, clairs et préparés à toutes éventualité une fois le moment venu. Un passage à l'auberge du petit village matriarcal s'impose donc de lui-même, ne serait-ce que pour profiter d'un bon feu, d'un bon repas et d'un bon lit.

La venue de cette étrange délégation de Confrères n'est pas sans engendrer méfiance et soupçons. Les regards sont obliques et les questions nombreuses. Je me demande un instant si c'est en raison de l'existence fermée de ce genre de communauté ou à cause des tensions qui animent les relations entre nos deux factions. Tensions qui prennent leurs sources dans l'affaire qui nous préoccupe et qui concerne nos légendaires Artéfacts. Mais fort heureusement pour nous, Lestris n'est pas Utrynia ou Kryg et les portes nous restent ouvertes moyennant baratin et quelques cristaux. Les gens du village n'ont que faire de la politique internationale et de ses absurdes vicissitudes. Une nuit pour des voyageurs éreintés, aussi inquiétants soient-ils, n'est pas grand chose et l'hospitalité prédomine. Souvent. Quelquefois. Nous nous installons à l'auberge en prenant soin de commander cinq chambres et un dîner conséquent.
Notre dernier dîner respectable avant longtemps. Peut-être même notre dernier dîner tout court, qui sait...

Pourtant une fois les mets sur la table, je ne mange pas. Et ce n'est pas par caprice ni même à cause de mon masque, qu'il me serait aisé d'enlever face à ceux que je considère comme ma famille. Non, c'est autre chose. Mes réflexions, l'appréhension peut-être, me coupent l'appétit. Une image aussi, et la musique qui va avec, me hante. Comme un requiem.
Un requiem pur et solennel, apposé à un étrange auto-portrait...






Moi, sur fond de rouages cyclopéens...
A la recherche du Temps perdu.



Un visage est-il un masque de comédie posé sur la tragédie de l'âme ?

 
Aliundil

Le Luang 12 Otalir 1509 à 14h25

 
***
Ce soir je ne trouve pas le sommeil. Et, à la faible lueur d'une bougie mourante, je reste penché au dessus de mon éternel calepin, la plume suspendue à mi chemin de la feuille, les mots au bord des lèvres sans être capable de les prononcer.
Les autres dinent, picorent ou jeûnent - il dépend.

Mon mutisme à quelque chose de ridicule, je le consens. Il doit sembler bien étrange à mes compagnons car si "Trinité" n'a jamais été d'un naturel prolixe il conservait néanmoins un avis sur tout - ou en donnait la fausse impression - ce qui ouvrait sans cesse de nouvelles pistes de discussion.

Je n'ai pas décoché un seul mot depuis notre départ, non pas que les conversations m'ennuient ou me semblent suffisamment éloignées de mes questionnements sur cette quête pour que je n'y participe pas.
Non.
Le fait est que je redoute les mots.
Je crains d'avoir à soutenir une dialectique.

La peur de parler.

Je dois être honnête avec moi-même : cette peur n'est pas liée à ma rhétorique de sicaire, laquelle demeure satisfaisante bien que nettement éloignée de celle de l'ancien Chambellan. Au contraire, j'ai peur de ce qu'elle pourrait lui ressembler, de ce qu'une conversation avec Umbre, Jemori, Dorian ou Archess pourrait réveiller et de l'impact que cela aurait sur ma conscience éprouvée.

Voir ressurgir depuis le cimetière de mon esprit le corps massacré de Trinité des Mots m'est à ce jour encore intolérable.
Trop de choses ont changé.
J'évoquais, quelques jours auparavant, l'idée de recroiser sa dépouille sur la route que nous empruntons et connaissant mon ancien "moi", je le sais tout à fait capable de s'agripper à ce que je suis aujourd'hui, de m'écraser tel qu'on me connait à présent pour reprendre ses droits.

Trinité le retour.

Seulement me voilà devenu un autre poussiéreux.
Quelqu'un de différent.
Un autre.
...
Me voilà devenu un autre poussiéreux, n'est-ce pas ?

Alors pourquoi chaque pensée, chaque réflexion abondant dans ce sens me renvoi un écho ironique.
***


Se suffire, c'est être puissant.

 
Dorian

Le Matal 13 Otalir 1509 à 14h13

 
Ce soir plus qu'un autre, je ressens ce discours silencieux entre les histoires et l'Histoire, entre les destins de poussière voués à l'Oubli et la grande trame qui se déroule sous nos yeux, et qui a invoqué les acteurs que nous sommes pour advenir comme bon lui semble.

En mangeant avec mes compagnons sous le regard réprobateur des matriarcales -pensez, que des mâles, et en liberté qui plus est- je parcours du regard ces figures masquant bien des tourments. Aliundil plus particulièrement semble en proie à une lutte intérieure particulièrement âpre. Il ne tarde d'ailleurs pas à monter, son éternel calepin à la main.

Cette quête dans laquelle nous nous sommes lancés révèle notre âme de Confrères, et quelque part, je trouve en cette épreuve une sorte d'accomplissement, une conclusion à mon apprentissage, à ma quête personnelle. Au delà de l'intrigue et de la rhétorique, il y a ce pari fou, ce désir en tout confrère de toucher aux mystères du monde, ce besoin de grandeur, de toucher au sublime même dans le sordide ou l'adversité.

Pas de fuite du monde chez nous, pas de dieu ou de fatalisme, juste cette conscience aiguë du Mystère pour toute spiritualité et l'acte d'éclat pour tout dogme. L'ambiguïté tente d'allier l'individu à la mesure du monde, et je devine les déchirements de chacun pour se préserver dans cet univers où les personnalités sont broyés au nom des puissances titanesques qui s'affrontent.

Ce soir, je décide d'oublier l'Horloger et le Maudit, les Artefacts et tout le reste.

Et je mange, plutôt de bon appétit.
Après des années de prise de tête métaphysique, je me rends compte que je me sens plutôt heureux, en compagnie de gens que j'aime, et qui sont plus qu'une famille ou des amis.

Je bois donc à notre santé... qui risque d'en avoir bien besoin d'ici peu.


Sa santé mentale semblait toute relative... avec notamment des tendances à la mégalomanie... Et peut être aux personnalités multiples.

Ermandr, Explorateur du Suaire, à propos de son supérieur Dorian.

 
Jemori Colcook

Le Merakih 14 Otalir 1509 à 10h44

 
***
'O.B.'
Habillement gravées sur la douille d'argent, ces deux lettres me ramènent en d'autres Temps. Des Temps où l'existence était, étrangement, bien plus délicieusement insipide qu'aujourd'hui.
Oz Bougalou.
Décidément, de l'étalage de ses étrons, il n'y sera jamais arrivé.

Un regard à mes compagnons me fait clairement comprendre que ce soir ne sera pas un grand soir. Haussant les épaules, je me contente de picorer mon assiette. J'aurai volontiers manger plus, mais le Matriarcat et ses régions ne sont pas connus au travers de Syfaria pour leur cuisine. A mon grand dam.

Dans un geste volontairement désinvolte, je pose mes pieds sur la table, et laisse tomber ma tête en arrière dans un profond soupir. C'est alors que la vue dont je jouis sur les autres clients de l'auberge me laisse entrevoir une soirée un peu plus haute en couleurs.

Déposant le briquet sur la table, au cas où Aliundil en aurait une nouvelle fois besoin, je m'agite et me lève d'un air guilleret, pour me diriger vers l'une des tables baignant dans la pénombre et la tranquillité de l'endroit -nous ne dirons pas dans le 'morose ennuyeux de l'endroit' pour ne point vexer nos hôtes déjà bien peu enthousiastes-. Y sont assis trois hommes généreusement barbus, d'un age certain, aux corps usés par le Temps et le labeur, qui doivent surement être trois rugueux bonhommes du coin. M'invitant à leur table, en quelques traits d'esprits, je me fait invité à leur jeu.
C'est un jeu traditionnel des Tydales de Harem, qui se joue à l'aide d'osselets et de dès.
D'ailleurs sans vouloir m'en vanter -bien que je ne fasse que cela à longueur de journée- il fut en Temps où j'étais loin d'être mauvais. Ah... Voilà qui me ramène encore à mon passé.

Dois-je y voir un mauvais présage ?
Dans le fait de voir ma vie défiler sous mes yeux ainsi.
Oh surement pas.

Nous disions ? Ah oui : double trois.
***


Il faut dépenser le mépris avec une grande économie, à cause du grand nombre de nécessiteux.

 
Umbre

Le Julung 15 Otalir 1509 à 12h58

 
La nuit déroule ses heures au gré des rêves des uns et des cauchemars des autres. Je reste un long moment dans la salle principale à écrire sur des parchemins des suites de mots sans résonances tandis que Jemori plume les clients de l'hôtel. Certaines de mes pensées vont à Aliundil, qui n'est pour moi qu'un masque et le pantin d'un Trinité toujours présent, scrutant avec froideur les mécanismes de sa propre énigme depuis les profondeurs de son inconscient. Je plains cette destinée, parce que je la comprends mieux que quiconque, et me demande à quel point cette quête pèsera sur cette schizophrénie utile, désirée, calculée. Mes autres réflexions s'attardent sur Dorian, le garçon exilé innocent aux rêves romantiques que la Confrérie a transformé en tueur ombrageux et en amant incestueux. Je pense aussi à Archess Ney, jeune et jolie cleptomane assassinée par la fureur d'Elis et qui, aujourd'hui, a repris les fonction de son meurtrier en dédiant sa vie aux armes et à la justice qu'elle bafouait autrefois.

Et puis il y a moi et Jemori. Les deux faces d'une même pièce. L'alter ego, l'âme-frère.
L'Ombre et le Fou. Je suis l'Ombre qui masque la Folie et il est la Folie qui joue avec l'Ombre.

Voilà la meute des ombres, coterie sans nom, conseil des troubles.
Qui court après ce Temps qui presse, qui fuit, s'écoule, s'échappe et se perd.
Les heures tournent, les aiguillent progressent, l'horloge résonne.

*

Nous passons nos première heures de la matinée à étudier le trajet sur nos vieilles cartes, avec les recommandations avisées du diplomate. Le voyage, comme prévu initialement, ne sera pas une partie de plaisir. Les collines maudites portent bien leur nom et les montagnes qu'il nous faudra arpenter ensuite ne s'annoncent guère mieux. Se préparer au pire semble être le mot d'ordre.

Une fois prêts, nous quittons Lestris - non sans avoir acheté de lourdes fourrures pour notre expédition montagnarde - et reprenons la route en direction de l'Ouest avant de remonter plein Nord en nous engageant dans les superbes plaines de la région. Je m'efforce, au fur et à mesure de notre marche, de prodiguer les sorts nécessaires pour une avancée correcte et des efforts maintenus. Il nous faut également des protections magiques solides en prévision des monstruosités à venir. Même si, pour le moment, le terrain est dégagé et les rares créatures qui viennent nous titiller nous font l'effet d'insectes promptement éliminés, cela risque de ne pas durer.

Malgré la vigilance dont je dois faire preuve, l'exercice continue et mes obsédantes pensées, je m'attarde avec plaisir sur la juste contemplation de ce splendide environnement. La vallée verte s'étend au loin sur des kilomètres, son herbe haute se balançant au gré du vent, la forêt qui s'allonge en amas chaotiques sur notre gauche et le marais des mères qui borde le lac du même nom sur la droite. Syfaria ne m'était jamais apparue aussi belle qu'aujourd'hui. Douloureuse et pressante nécessité que de devoir traverser ces lieux sans pouvoir en profiter. Mais il est à parier que si nous ne faisons pas ce que nous avons à faire et perdons d'inutiles secondes à rêvasser, il sera à jamais impossible de profiter de quoique ce soit sur cette maudite île en quête de rédemption...

Car j'en suis de plus en plus convaincu, le destin de l'Univers et celui de l'Horloger sont intimement liés.
Reste à savoir de quelle manière. Trouver l'Horloger, est-ce condamner ou sauver le monde ?



Un visage est-il un masque de comédie posé sur la tragédie de l'âme ?

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