Les Mémoires de Syfaria
La Région de Farnya

Interlude bucolique

Page [1]
Détails
Sujet lancé par Kal'Ash
Le 13-01-1510 à 15h22
4 messages postés
Dernier message
Posté par Kal'Ash,
Le 21-01-1510 à 10h01
Voir
 
Kal'Ash

Le Merakih 13 Jangur 1510 à 15h22

 
Monsieur Moustaches dit :
Loin de moi l'idée de t'embêter, mais le travail ne se fera pas tout seul et Oriandre est complètement à l'opposée.


*** C'était vrai, le travail s'entassait, des parchemins conservant les esquisses de projets inachevés attendaient sagement que l'on se penche sur eux.
Les commandes, rares, n'étaient elles non plus pas encore honorées.

La logique voudrait que la jeune technicienne retourne à son atelier et donne un bon coup de collier pour compenser le retard.
Mais tout travail de forge nécessitant des matières premières onéreuses, elle préférait attendre le retour des prospecteurs. Il était plus simple et moins agaçant de négocier avec eux plutôt qu'avec les revendeurs avides de girasols du quartier marchand de la ville noire.

C'était peut être pour cela que les jours s'écoulaient sans que Kal' ne semble s'en soucier. Elle vadrouillait dans Farnya, chinant entre les étals des camelots, rendant quelques visites aux érudits dans les jardins.

Ce matin là, elle avait sanglé son sac avec une vigueur nouvelle et était sortie de la ville, suivant la route vers le nord alors que son Mou essayait de la ramener à une humeur plus productive.
***

Hum... Mous' ?

Monsieur Moustaches dit :
Oui ?


Et si tu la bouclais pour voir ?

Monsieur Moustaches dit :
Hein ?! .... mais je... bon d'accord...





 
Kal'Ash

Le Sukra 16 Jangur 1510 à 09h50

 
*** Après avoir passé les bâtiments de la station Nemen, Kal' bifurqua et quitta la route. Pataugeant dans la poudreuse, elle continua vers le Nord Est pendant un moment.

Silencieuse, arrivée au niveau d'une masse blanchâtre elle dessangla son sac et le laissa tomber contre la roche du contrefort enneigé. Sa besace aussi atterrit mollement sur le sol, elle l'ouvrit et farfouilla dedans avant de s'installer accoudée au rocher, un tube de métal dans la main.
Elle le déplie l'objet, qui se trouve être une succession de plusieurs cylindres de diamètre décroissant enchâssés les uns dans les autres, et amène sa plus petite extrémité à son œil.

L'image grossie et déformée par le verre vadrouille un moment sur l'étendue blanche qu'était devenue la plaine à cette saison. Puis soudain une masse compacte apparait dans la lorgnette, naviguant entre un blanc sale et un bleu pâle, nauséeux, une créature tentaculaire semble se laisser aller au gré de la brise.



Un sourire se dessine sur le visage de la jeune Tchaë. ***


Tu vois Mous, c'est pour ça qu'on est venus

Monsieur Moustaches dit :
La chasse ?


Non, expérience balistique en milieu naturel. Ça devrait me servir pour ajuster quelques paramètres sur la prochaine fournée de projets explique t-elle en rangeant sa lunette dans sa besace avant d'attraper son fusil et de coucher tranquillement sa cible en joue.

***
La bestiole ne l'a même pas remarquée, le viseur décrit des cercles approximatifs atour d'elle. Lentement le mouvement s'atténue, sa respiration également. A l'instant opportun elle bloque ses poumons et appuie sur la détente. Le coup de tonnerre qui retentit résonne en écho dans la plaine, la chose gélatineuse encaisse de plein fouet une décharge de plomb. ***


Héhé coup au but...

*** Elle se concentre à nouveau pour un second tir, la chose s'éloigne, mais trop lentement pour lui échapper. ***


Elle est faite comme un rat marmonne Kal'ash, grisée par la sensation de puissance qu'elle tire de la situation.

*** Elle semble avoir plus de mal à se concentrer, la fuite du Shmü est lente et suit une ligne droite, prévisible et facile à compenser. Mais quelque chose cloche. ***


Mous' ! Arrête de souffler comme un bœuf, j'arrive pas à viser


Depuis sa poche de veste le Mou répond :


Monsieur Moustaches dit :
Pardon ? Je ne souffle pas...


*** Saisie d'un soudain et particulièrement affreux pré-sentiment Kal' pivote doucement sur elle même.

A quelques pas une masse élancée la fixe de ses deux yeux jaunes. Des poils hirsutes sont dressés sur l'échine tortueuse, un grondement sourd émane de la bête alors que ses babines absentes laissent percevoir une dentition qui ne peut que présager le pire. ***







 
Kal'Ash

Le Luang 18 Jangur 1510 à 18h15

 
*** Pendant quelques secondes -ou peut être quelques heures- la bête tourne autour de la jeune Tchaë comme pour lui laisser le temps de prendre conscience que ce que sera sa fin lorsqu'elle passera à l'attaque.

Sur le qui-vive, Kal' pointe son arme vers elle, sans savoir pourquoi elle n'ose pas tirer. Le spectre d'un échec à cette distance retenait son doigts sur la gâchette, elle n'aurait certainement pas le temps de charger la cartouche suivante. Elle suit donc le mouvement, et pivote de façon à rester en vis à vis, et à ne pas tourner lui le dos.



La chose qui rassemblement vaguement à un loup se comporte en animal blessé. Toute en hargne et en grognements lugubres, sa colère semble attisée par les plaies suppurantes desquelles émergent des protubérances aberrantes. Ces excroissances ne ressemblent pas à des membres et sont de toute évidence le fruit gâté d'une mutation absurde.

En un éclair la créature s'élance gueule ouverte, grondement sourd. Kal' fait un pas de coté mais trop tard. Un coup de griffes acérées taille des franges dans un pan de sa veste alors qu'elle recule à la hâte en essayant de conserver un semblant d'équilibre. ***


Monsieur Moustaches dit :
AAaaaah !...



La ferme !
tonne t-elle entre ses dents.

***
Le loup revire et en bon prédateur ne laisse pas le temps à la Tchaë de reprendre ses esprits. Le second assaut est le bon, cette fois elle n'a même pas eu le temps esquisser une manœuvre d'évasion. Ses deux énormes pattes la renversent et la plaquent au sol.
La gueule bardée de crocs allongés s'élance pour engloutir la tête de sa victime.
Les dents claquent à quelques cils de sa peau. Elle sent le souffle rauque et excité de l'animal affamé, elle voudrait bien crier mais hormis quelques râles aucun son ne daigne sortir de sa gorge.
Bras tendus elle tien son fusil par chaque extrémités sous la gorge lacérée du molosse furieux. Ses claquements de mâchoires se rapprochent inexorablement alors qu'elle faiblit sous le poids du monstre. Ce n'est plus qu'une question de secondes avant qu'elle ne retourne à la poussière, et pas de la façon la plus douce.

C'est dans cet ultime moment qu'une idée fulgurante enfonce la porte de son esprit et s'impose à elle. Sa veste de cuir est pourvue d'un système tout à fait expérimental sensé capable d'émettre un nuage de fumée servant à se dissimuler des tireurs.
L'écume goute de la gueule enragée jusque sur elle. Elle tente de rassembler ses forces, d'oublier la douleur et de tenir encore un peu. Juste le temps de tourner la tête sur le coté et de saisir l'extrémité d'un cordon avec ses dents.

Une vapeur épaisse et suffocante jaillit d'une tuyère invisible cousue dans la manche de sa veste, directement dans la gueule du loup. Sous le coup de la stupeur, ou peut être à cause de l'inhalation brutale de la fumée, le loup a un brusque mouvement de recul, aidé par un coup bien sentit de crosse de fusil sur le crane.

Un coup de tonnerre retentit.

Un second, et puis un troisième.

Et puis le silence.

A bout de souffle la bête se laisse tomber sur le flanc, langue pendante. Un liquide pourpre et chaud s'épanche des perforations causées par le plomb. Les grondements d'outre-tombe on laissé la place à des gémissements plaintifs et des soubresauts. Kal' se relève avec difficulté, reprend sa respiration tout en essuyant la bave gluante sur son visage d'un revers de manche.

Une douleur dans la cuisse, un trou dans le pantalon et une plaie de la taille d'un rivet de treize, rien d'insurmontable. Elle approche du moribond en boitant, lance un chapelet d'injures entre ses dents et coince la nuque du fauve sous le talon de sa botte .

D'un mouvement sec elle fait claquer le manche de son fusil et pose le bout encore brulant du canon contre la tempe du condamné.
Au coup de feu le crane du canidé explose dans un bruit d'os qui éclate et de marmelade jeté contre un mur.
***





 
Kal'Ash

Le Julung 21 Jangur 1510 à 10h01

 
*** La Tchaë avance avec difficulté dans la neige, tirant à bout de sangles une charge visiblement lourde. ***


... le plus drôle.... han.... c'est qu'a la base je suis pas venue pour toi.... Mais tu sais ce qu'on dit.... plus on est de fous....

Tu sais... je t'en voulais pas.... rien de personnel dans tout ça... C'est comme qui dirait "dans l'ordre des choses"... Même si j'suis pas tout à fait sure que ça te réconforte maintenant...


*** Un silence lourd de ressentiment s'écoule avec comme seul son celui de la respiration de Kal'Ash ***


Oh et puis tu es mal placé pour me faire la morale hein ! .... Je t'aurai laissé faire t'aurais finit par m'engloutir dans cette... merde visqueuse.... Entre nous t'avais pas idée de vivre dans un tel foutoir... Tu m'étonne qu'après ça on soit un brin soupe-au-lait avec les voyageurs de passage.
Et moi.... Et ben j'avais des raisons d'être en colère... Pas plus tard qu'hier je croise un loup... Et quand je dis un loup je te parle pas d'un demi-chien qui a les miquettes dès qu'on tape un peu du pied...
Non...
Il était énorme...
Immense...

Un putain de molosse... cette saloperie a faillit me vecter une tête...
Non mais c'est vrai quoi... moi qui suis déjà pas bien grande...

Tien regarde !... Une veste quasi neuve... Que j'avais acheté à Oriandre avec ma première paie.... Comment je rattrape ça moi maintenant ?...


*** Silence ***


Et puis .... c'est aussi pour mes expériences.... la science tu comprend ? .... Oui bon pour toi c'est pas ce qui a du te sauter aux yeux en premier... la science... Mais je te signale... que c'est quand t'a commencé à t'énerver que ça a tourné vilain...

Monsieur Moustaches dit :
Je pourrais savoir à qui tu parle ?


Hein ?.... Oh non à personne... laisse tomber...
***
Arrivant enfin près du contre-fort immaculé, Kal'Ash détache les sangles, et la dépouille de l'aberration boueuse s'en va rejoindre les autres. Dans l'entremêla de corps on peut reconnaitre celui d'un phacochère, un coffre de bois percé de trous, un loup moins la tête, et une chose gélatineuse.

La jeune Tchaë s'accroupit alors et fouille dans sa besace. Quand elle revient vers le charnier c'est munie d'outils étranges dont les allures alambiqués rappellent vaguement un compas, une réglette, une sorte de pied à coulisse, des pinces étroites.
Bardée de cet attirail, d'un masque protégeant le bas du visage et de ses lunettes, elle s'emploie alors dans une série de mesures aussi étranges qu'incongrues sur les corps et plus particulièrement sur les blessures que son arme leur a infligé.
A l'aide d'un morceau de graffite grossièrement taillé, elle prend des notes sur un vieux parchemin sale.

Un philistin aurait vite fait de la prendre pour plus folle qu'elle n'était, à ainsi s'acquitter d'une tâche aussi morbide et apparemment dépourvue du moindre sens.
Cela semblait bien peu lui importer.

Sautillant derrière elle, le Mou essayait de déchiffrer ses pattes de mouche. Les observations couchée sur le vélin se rapportaient à des mesures d'angles d'impacts, de diamètres, de profondeurs, d'angles de tir, de groupement de charges, de déformation de projectiles, de coefficients de pénétration...

Lui n'y entendait rien, mais il saisit à présent ce qu'était la notion "d'expérience balistique en milieu naturel" pour sa symbiote.

Lorsqu'elle eu finit la lumière du jour commençait à décliner, elle rangea son matériel, prit son Mou dans sa poche et entama le chemin du retour vers la ville, avec plein d'idées en tête. ***





Page [1]
Vous pouvez juste lire ce sujet...