*** Je suis arrivée en ville hier soir, sans me faire remarquer.
Le ciel est noir, les rues sont sombres. Je suis dans mon élément.
Je m'approche d'une propriété. Quelqu'un d'important dans cette ville, un collectionneur réputé qui plus est.
Une pluie fine se met à tomber, parfait. Deux gardes à l'entrée, pas de lumière à l'intérieur. Le moment est venu de passer à l'action. Après toute une journée d'observation, j'ai décidé de passer par la fenêtre de derrière du premier étage, elle a un petit dysfonctionnement...
Je m'enroule dans ma cape et m'approche à pas de loup. Les gardes ne m'ont pas vu, tout se passe comme prévu.
En bas de la bâtisse de pierre, je cherche des yeux les meilleures prises pour un chemin discret sur les quelques mètres à parcourir.
Sans un bruit je me hisse jusqu'à la fenêtre, et avec une dague que j'introduis derrière la fenêtre à l'endroit fragile je donne un coup sec. La fenêtre est ouvert, je me glisse dans l'ouverture avec de la refermer du mieux possible, histoire de...
Je sors le plan de l'étage :
Il faudrait faire attention aux serviteurs et aux gardes, peut-être certains seraient encore éveillés.
Je me déplaçai donc jusqu'à la porte d'en face, m'arrêtai pour écouter. Pas de bruit, j'ouvris donc la porte le plus silencieusement possible.
Je pris à gauche, et vis un faible rai de lumière venant de sous la porte de la chambre des servants. Sans bruit je m'approchai et collai mon oreille à la porte afin d'essayer de savoir combien de personnes étaient debout.
Je reconnus le bruit de la plume sur le parchemin, et n'entendant pas d'autre bruit je continuai silencieusement, mais une planche grinça alors que je passai devant la caserne. J'entendis du bruit, aussi je me dépêchai vers la salle d'eau, qui fort heureusement était ouverte. Alors que je refermai la porte derrière moi, j'entendis un garde se précipiter à l'extérieur, cherchant à repérer un éventuel intrus. Je me mis dans un coin et me recouvris de ma cape et attendis que la porte se soit refermée avant d'oser bouger.
Après un bref coup d'œil, il me sembla que le garde était bien rentré dans la caserne. Je continuai donc mon chemin en direction des escaliers... Je savais où il fallait aller. C'était tout ce que je savais.
Je descendis les escaliers avec précaution, tournai à gauche une fois en bas et me retrouvai dans une salle vide, une seule porte en face. Elle était fermée, aussi sortis-je mes outils et commençai à crocheter la serrure avec dextérité.
Clic.
Elle s'était ouverte en un clin d'œil, parfait.
Je savais qu'en face se trouvaient les appartements du maître des lieux, à droite jusqu'à faire demi tour se trouvait l'entrée de la demeure, mais je décidai d'aller à droite, puis à gauche de suite après : les cuisines.
Oui, c'était là bas que je devais aller.
La porte était ouverte, j'entrai donc, et une odeur de ragoût emplit mes narines...
La cuisine était emplie de toute sorte d'épices inconnus, certains avaient une odeur forte... pénétrante... enivrante. Mais il n'était pas temps pour moi de m'abandonner aux délices des sens... je me repris et me dirigeai vers un tapis qui n'avait visiblement rien à faire là... Et effectivement, il révéla une trappe en bois. Fermée, évidemment...
Je prononçai quelques mots, ma dague fut alors parcourue d'un rayon bleuté sur toute sa lame, et je retirait les gonds sans un bruit, à l'aide de la dague qui semblait animée d'une volonté propre...
Après avoir fait basculer la trappe, la lame redevient normale et je la rangeai à ma ceinture.
Je pénétrai dans le trou béant, laissant place à des escaliers descendant dans des profondeurs obscures...
Après quelques instants, j'arrivai dans une cave avec deux tonneaux sur des cales, une table et un tabouret à côté, un godet posé sur la table. Un premier coup d'oeil dans cette salle dont les murs étaient de pierre me permit de constater un passage potentiel contre un mur. J'arrivai effectivement à détecter ses contours, mais aucun système d'ouverture n'était visible...
Je fermai les yeux une seconde, puis me tournai vers les deux tonneaux, et, passant entre les deux, tâtai avec de chercher un mécanisme, mécanisme qu'il ne me fallut que quelques instants pour trouver.
Le mur s'était légèrement décalé, de telle sorte qu'il me suffit de le pousser pour me libérer un passage sur plusieurs mètres qui mena dans une salle ronde, comportant 3 "portes" apparemment identiques. Mais sur chacune des portes se trouvait une inscription...
Je commençai par celle de droite où il était inscrit :
"Nous sommes deux sœurs,
Nous sommes fragiles,
Mais à nous deux
Nous pouvons faire disparaître le monde."
Une énigme... il me faudrait surement la résoudre pour pouvoir passer.
Qu'est-ce qui pouvait faire disparaître le monde ? Que fallait-il prendre au sens propre, ou au sens figuré...
J'entendis une voix très légère et douce me susurrer la réponse : "Les paupières..."
Bien sûr, les paupières... Quand je prononçai ces mots, la porte s'ouvrit, comme tout à l'heure et je la poussai légèrement pour pouvoir passer dans l'ouverture.
Je marchai un peu pour arriver dans une petite salle ronde, toujours en pierre, mais au milieu se trouvait un trône en pierre surmonté d'une statue d'un Nelda avec un regard froid. Une épée courte pendait à ses côtés.
Je m'approchai légèrement, la statue ne bougeait pas, mais quelque chose m'incitait à la prudence malgré tout. Je touchai l'épée, et soudain la main de pierre tenta de se saisir de la mienne avec une vitesse insoupçonnable !
J'esquivai de peu, puis je vis la statue se lever et dégainer. J'en fis donc de même et commençai ma danse avec cette Statue-Nelda animée... Les premiers coups que je lui portai ne semblaient pas le gêner, parfois des bouts de roche éclataient au contact de ma lame, rien de plus. J'esquivais péniblement se coups, puis, m'ayant acculé et se préparant à me porter un coup je fis un geste désespéré en direction de sa main portant l'arme, et le choc fut terrible !
Sa main partit en morceau et son arme vola dans la pièce, tandis que la statue s'écroulait en redevenant inanimée... mais ma lame s'était elle aussi brisée sous le choc ! Quelle tristesse...
Je me relevai haletante, et ramassai l'arme de mon adversaire vaincu. Ça ferait l'affaire...
Ne trouvant rien de plus dans la pièce, je reviens sur mes pas et fis face à la porte qui se trouvait maintenant à ma droite.
L'inscription était une autre énigme :
"Un champ blanc, une semence noire.
Cinq hommes sèment sous la direction de deux autres.
La meilleure nourriture qui soit."
Cette fois-ci, il était clair que le sens était implicite, aussi je retournai les mots dans ma tête plusieurs fois essayant de trouver un sens.
Noir sur blanc. Oui, les cinq hommes seraient les doigts, les autres les yeux. Et la nourriture en question est celle de l'esprit !
"L'écriture" dis-je, confiante.
Effectivement, la porte s'ouvrit, et j'avançai comme toujours...
Cette fois-ci, la salle était un petit peu plus grande et au milieu de la pièce se trouvait un tombeau avec une inscription dessus : "Ici repose Shuuno'Lomaï, Lumière du rêve dont nul ne doit troubler le sommeil."
Je sentis pourtant qu'il me fallait ouvrir le tombeau, aussi je poussai le couvercle, et à ce moment précis, je vis une silhouette se dresser avec majesté en face de moi, le visage paisible d'un Nelda dans la force de l'âge m'observait en silence, puis voyant que je le regardai fixement, il me sourit. ***