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Son mou ne répond pas. Adossée à un roc à la périphérie immédiate de la ville désertée, la jeune tchaë glisse doucement sa main dans son sac, en sortant en plusieurs fois quelques tubes, une crosse et un mécanisme d'arme à feu.

Le plus silencieusement possible, elle assemble son fusil, cherchant à atténuer par des gestes ralentis les sons de frottements métalliques.

Tout en combinant les différents morceaux selon un schéma pré-établit, elle émet quelques pensées à l'attention de sa fratrie bleue. Devant l'inconnue, l'aide des savants ne serait certainement pas du luxe. Dernière de la Fraternité aux abords d'Oriandre, elle a le devoir moral de dénicher le maximum d'informations avant de reprendre la route.

Quelques jours auparavant la situation était inversée, elle se trouvait dans les murailles de la cité, bien décidée à empêcher l'ennemi d'entrer. Voila qu'elle était a présent à l'extérieur de la cité fantôme, tentant d'y débusquer ce qui avait prit possession des lieux.

Elle avait vu la corruption naitre aux racines, puis courir sur les murs, inexorablement, atteignant les toits les plus hauts, souillant les bâtiments les plus prestigieux.

La ville avait été abandonnée par l'immense majorité, sur ordre du Roi. Quelques personnes étaient portées disparues, et elle n'entretenait déjà plus d'espoir à leur sujet.

Oriandre avait changé, de protectrice elle été devenue glauque, vicieuse, sournoise et mortelle, en un mot : Ennemie.

La jeune Analyste abandonna deux pieds de tubes d'acier, s'improvisant une arme plus courte et maniable que celle qu'elle avait utilisé du haut de la tour.

S'approchant de la bouche grande-ouverte de la ville morte elle essayait de repérer la source de ce sifflement lugubre qu'elle entendait depuis les montagnes. ***

*** A plusieurs reprises des coups de feu claquent, se répercutant en échos dans les ruelles désertes.

Quelques instants plus tard, la rouquine déboule par la grande porte béante, comme recrachée par la ville.

Quelques enjambées puis elle s'écroule. Avec toutes les peines du monde, elle se redresse, fait quelques pas flageolants pour venir s'appuyer contre un mur extérieur et vomir un liquide rougeâtre.
Elle reste un moment ainsi, la mine cadavérique, un filet pourpre dégoulinant de son menton, l'œil hagard.




Elle l'avait vu.



La corruption s'était dévoilée à elle alors qu'elle venait d'entrer dans Oriandre. Elle sentait l'omniprésence de cette conscience maligne, partout dans la cité.
Elle avait vu les amas sombres là ou avant se tenait un marché animé ou une cour d'école. Alors l'entité s'était matérialisée devant elle, une forme indéfinie, fluctuante.
Le combat qui avait suivit fut particulièrement court, et malheureusement pas à l'avantage de la jeune Tchaë. Elle qui ne s'était jusqu'ici engagée que dans quelques parties de chasses aux aberrations mineures, elle avait fait face à une forme pure d'effluve matérialisée.


Le souffle court, les mains encore sur les genoux, un sourire incompréhensible traversa son visage.

Elle été toujours en vie, bien qu'il s'en eu fallut de peu. Mais mieux que ça, elle ne repartait pas bredouille.
Ramenant son poing fermé dans son visage, elle écarta les doigts. Dans sa main une fiole de verre contenait une petite quantité d'une matière obscure.

De la matière E.


Il n'était plus question de retourner agacer l'esprit malveillant de la ville fantôme, elle savait qu'elle avait échappé de peu à un funeste sort qui s'était emparé de bien plus aguerris qu'elle.
La chance était de son coté, à moins qu'autre chose l'ai tenu en sa protection.
Peu lui importait, à présent il lui fallait rallier Farnya avec son butin. Elle aurait tout le chemin du retour pour réfléchir aux expérimentations à mener. ***