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Le Julung 10 Jayar 1510 à 22h18
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| Penthésilée longe la route s'éloignant de Korsyne.
D'aucunes marchent en sa compagnie, ou un peu devant, ou un peu derrière. L'archère demeure attentive et veille à ce qu'aucun monstre ne s'invite et ne perturbe le départ des nombreux poussiéreux qui sont venus défendre Korsyne.
Ceci étant, les poussiéreux en question ne sont pas exactement des enfants de choeur et n'ont guère besoin qu'on leur ouvre le passage : c'est quelque chose qu'ils font très bien sans aide. Une série de tirs cadrés dans le cuir d'un harmonyste mal inspiré est tout de même nécessaire, à mi-chemin des transports nemens, pour clarifier la zone.
Autour de la Vigie du Rêve, il y a surtout des guerrières et mages du Déclin. C'est un peu le résultat du hasard, celui d'une contubernalité forgée dans les montagnes de Kryg, mais aussi la conséquence de leur venue en force. Le Matriarcat est la faction la plus représentée, après celle du Haut-Rêve évidemment. Les distances étant ce qu'elles sont, les lames et les sorcières sont arrivées un peu tard, et c'est bien dommage : présentes dès le début, elles auraient certainement fait pencher la balance du bon coté.
Il s'en est fallu de peu. D'un doigt. Tout le monde l'a ressenti... et ça, la jeune nelda ne l'oublie pas.
Elle demeure silencieuse, même dans le bref combat qui l'oppose - avec d'autres - à l'harmonyste. Ses pensées sont focalisées sur une discussion mentale récente. Une discussion qu'elle doit porter à la connaissance de ses alliées. Ce qui peut créer des remous, voire une houle sévère...
Mais elle n'a plus le choix et le moment est le bon.
La personne aussi.
Filles du Déclin, commence-t-elle...
Sashi à vous d'avoir saigné pour l'Etoile et le peuple du Haut-Rêve.
Ce devait être dit.
Elle marque une pause, puis attaque le vif du sujet :
Nous devons parler.
De Kysall.
Il y a deux jours de cela, j'ai conversé mentalement avec Arc'Rhona Nelle, sorcière des témoins du S'sarkh et fille de Salti's Dymer. Vous la connaissez très certainement, sa notoriété grandit et vient taquiner celle de son noble père.
Je lui ai fait part d'une idée... qui m'est venue, à propos de Kysall. Je voulais connaître son opinion avant d'en faire état, car Nelle est très au fait des manœuvres sournoises du P'khen S'sarkh et de ses sbires. Je savais aussi qu'elle avait échangé quelques mots avec la parjure sous les murs d'Oriandre. Son avis me semblait donc bienvenu.
Quelle ne fut ma surprise d'apprendre qu'elle partageait mon opinion, et de son coté, avait abouti aux mêmes conclusions que celles que je lui proposais..!
Une opinion que vous devez connaitre.
Un ange passe...
Le nom de Kysall a fait monter la tension d'un cran. Penthésilée se fend d'un sourire curieux, en biais, presque complice avant de poursuivre :
Je continue ?
Par cette question, elle offre tout simplement à celles que le sujet défrise de s'éloigner.
Son regard, à ce propos, est sans ambiguïté.
Penthésilée
Vigie du Rêve
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Le Vayang 11 Jayar 1510 à 06h51
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Nemès n'avait pris le temps de saluer personne à son arrivée à Korsyne. Les combats faisaient déjà rage, et elle s'était jetée dedans sans formalité.
Elle avait croisé de nombreux inconnus sur les dunes imbibées de sang, et de nombreux visages connus également, à commencer par ses liadha's, mais aussi d'anciennes connaissances... Penthésilée, dont elle gardait un souvenir respectueux depuis leur première chasse ensemble, Ligerio, qui avait été un excellent partenaire de Danse à Arameth, Hergranore, avec qui elle était partie en expédition dans les mines de rubis... A aucun elle n'avait adressé la parole, trop occupée à faire couler le sang.
Quand la ville était tombée, la Fille du Déclin avait à peine pris le temps de frotter son armure avec du sable pour en détacher les morceaux de chair et le gros des fluides vitaux qui la souillaient, puis était repartie en silence, comme elle était venue, l'esprit occupé par de sombres pensées.
La Faucheuse se détourna néanmoins de ses réflexions à l'évocation du nom de la Traîtresse. Kysall était véritablement la Honte personnifiée du Matriarcat, elle qui avait été enfantée, élevée, éduquée par les Filles du Déclin pour faire partie de la fine fleur des guerrières, avait choisi de servir leur archennemi, le P'kenhS'sarkh. L'Artisan du Déclin... responsable du D'Hapu, cette malédiction qui tuait chaque jour à petit feu la race tydale...
Jamais Kysall ne pourrait être pardonnée pour ses crimes envers le Matriarcat, et envers la Poussière en général.
Quels que soient les actes de repentance qu'elle pourrait entreprendre, la rédemption ne lui serait pas permise et un jour ou l'autre, elle mourrait assassinée par les Filles du Déclin. Et si elle revenait par un Pilier de Poussière, elles la tueraient à nouveau. Autant de fois qu'il le fallait jusqu'à ce qu'elle disparaisse définitivement.
La Traîtresse avait son utilité, prévenant quelques jours auparavant des attaques du Tark'Nal. Néanmoins il n'était pas à exclure qu'elle guide elle-même le monstre.
Nemès leva une main, comme pour interrompre Penthésilée.
***
- Si c'est pour la traquer et l'abattre, je peux te dire oui tout de suite.
Si c'est pour lui donner un sursis... je suis curieuse de t'écouter. dit-elle d'une voix calme, directe comme à son habitude.
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Le Vayang 11 Jayar 1510 à 13h21
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| La Vigie poursuit :
Voici l'idée générale. Elle a besoin d'être affinée dans le détail, mais l'essentiel y est.
Je t'en parle, ainsi qu'à tes soeurs, car vous êtes les dernières que l'on peut soupçonner de complaisance envers Kysall. Je me méfie aussi de celles et ceux qui lui accordent leur confiance sans raison, ou sous prétexte qu'elle a de grands yeux de biche...
J'en ai aussi, cela ne fait pas de moi une sainte.
Qui plus est, la tydale ayant grandi en votre sein, vous êtes plus à même que quiconque d'analyser son comportement.
Bref :
Plusieurs éléments me font penser, de plus en plus, que Kysall joue un double jeu... en notre faveur.
Ce n'est pas une certitude absolue, mais j'y pense de plus en plus...
L'idée peut sembler saugrenue. Je m'en explique :
Il est évident que la parjure est engagée dans un processus de destruction programmée de l'ensemble des cités poussiéreuses, lui-même partie prenante d'un projet plus général d'éradication des nemens du continent syfarien.
Il est également évident que le P'khen S'sarkh est derrière ce projet, puisque nous savons désormais qu'il est le dernier héritier de la race séculaire anéantie par lesdits nemens.
Le fait que le dénommé Loïa soit un agent directeur, si je comprends bien ce qui nous a été dit par les témoins, du projet du P'khen s'sarkh ne change rien à la responsabilité fondamentale de ce dernier dans l'holocauste en cours. Un holocauste qui ne nous vise pas directement... pour l'instant.
Mais ce qui m'intrigue maintenant, et ne cesse de me surprendre à chaque fois, c'est à quel point Kysall joue apparemment de l'infime liberté qui est sienne dans un sens qui nous est indiscutablement favorable :
Elle agit en hérault de la destruction, s'annonçant aux cités ciblées par le processus. D'aucuns peuvent y voir une morgue, une arrogance terrible pour ses victimes désignées, qui n'ont d'autre choix que de fuir ou d'être martyrisées. Un peu comme si l'humiliation devait s'ajouter à la défaite, la douleur morale à la douleur physique, le désespoir à la chute... selon une offensive tous azimuts, qui n'aurait d'autre but que d'abattre la poussière avant même qu'elle ne puisse envisager de se défendre.
D'aucuns peuvent le penser. Le maître, ou les maîtres de Kysall doivent le croire. Et je pense précisément que la tydale compte sur cette interprétation pour persévérer dans cette voie.
Mais pas dans l'optique que je viens de vous décrire...
Dans l'idée de nous aider.
Réfléchissons : Kysall se montre, annonce l'apocalypse, en donne le détail, pose un ultimatum de deux jours.
L'offensive est transparente, évidente. C'est une mise en scène.
Pourquoi ? Ou plutôt, pour qui ?
Pour le P'khen s'sarkh, qui doit croire qu'elle est bien le vecteur de sa politique de pure terreur et de puissance revendiquée, assumée, affichée ?
Ou pour nous, qui sommes ainsi prévenus, et préparés, miraculeusement ? Elle nous offre systématiquement un coup d'avance. Repensez à ce qui s'est passé à Oriandre :
Le scénario suivi a été clairement exposé. Seuls les natifs manquent à l'appel. Kysall a manoeuvré de sorte que nous soyons prévenus de ce qui allait advenir à la prochaine cité, Korsyne, de sorte que nous ayons la possibilité de l'anticiper ! Il s'en est fallu d'un doigt que nous réussissions à repousser le monstre et son escorte !
D'un doigt...
Stratégiquement parlant, cela n'a pas le moindre sens. C'est une absurdité militaire. Pilier de Toh, formée par mes ainées à la chasse et au combat, je vous l'affirme. Mais vous le savez bien, filles du Déclin, qui maîtrisez l'art de la guerre mieux que personne.
Manifestement, dans la maigre mesure de ses possibilités d'initiative, Kysall agit pour nous. Elle est très certainement tenue, par ses engagements passés, sa parole, ses convictions ou que sais-je, à conduire une campagne de destruction des cités poussiéreuses... mais dans ce cadre général, irreductible et imposé, elle use de sa pauvre liberté en notre faveur.
Alors, si cette vision des choses a le moindre sens, je me pose trois questions de fond :
- Que doit-on comprendre et apprendre des paroles qu'elle a prononcé ici même, au siège de Korsyne, au-delà de l'évident avertissement concernant Zarlif, la prochaine cité martyre ?
- Comment peut-on jouer de cette ambivalence ? Peut-on introduire un coin, un levier, dans cette faille entre deux attitudes opposées, pour l'agrandir ?
- Combien de temps encore Kysall pourra-t-elle abuser celui ou ceux qu'elle sert ?
Voilà. Je peux me tromper... Nelle peut se tromper... Nous avons peut-être tout faux...
Ou pas.
Penthésilée
Vigie du Rêve
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Le Sukra 12 Jayar 1510 à 06h09
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Nemès resta silencieuse quelques instants.
Les réflexions que venait d'énoncer l'archère, elle les avait eu elle aussi.
Ce n'était pas sans raison qu'elle avait demandé à Miraë de ne pas attaquer Kysall au Pic de l'Oublié et de laisser faire la discussion...
***
- Si la Traîtresse souhaitait vraiment nous aider, elle nous aurait dit comment abattre le Tark'Nal.
*** Une courte pause. ***
- Je ne sais pas quels objectifs elle cherche à atteindre. Mais clairement, son attitude est des plus étranges. Si Nelle ou toi, qui lui avez parlé, connaissez le moyen et savez trouvez les mots pour lui faire cracher le morceau et qu'elle nous aide vraiment au lieu de rester le cul entre deux chaises... et bien j'imagine que personne ne vous empêchera de discuter avec elle.
Néanmoins, je n'ai pas les réponses aux questions que tu poses.
Je ne sais qu'une chose : la priorité est en ce moment à la défense des cités contre le Tark'Nal.
La première chose à faire me semble être donc de déterminer si Kysall n'est qu'un héraut de ce monstre, ou bien si elle est son guide.
Dans le premier cas, elle bénéficie d'un sursis en vertu de son utilité à notre cause.
Dans le second, elle doit être exterminée au plus vite.
Quoi qu'il en soit, le Matriarcat ne lui pardonnera pas ses crimes, son existence même est un insulte que les Filles du Déclin peuvent tolérer, mais pas éternellement.
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Le Luang 14 Jayar 1510 à 22h32
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| Moi ?
Sourire surpris de la Vigie...
Nous ne nous sommes jamais parlées. Et à peine vues. Elle m'aura peut-être aperçue lorsque j'étais proche de Nelle Dymer, devant Korsyne, mais sans doute m'a-t-elle prise pour une veilleuse quelconque. D'ailleurs, cet anonymat n'est pas pour me déplaire.
Donc, pour te répondre plus précisément, elle n'a aucune raison de me dire quoi que ce soit.
Le nemen corrompu, Loïa machinchose, ne peut être localisé. Même par nos meilleurs sages, à la fois capables de prononcer son nom complet et d'entrer en transe onirique. Il se cache, pourquoi se dévoilerait-il ? Je l'imagine mal nous donner la moindre opportunité de l'atteindre. S'il vient un jour à se montrer, celui-là, c'est qu'il sera en position de force.
Nemès, Anandra est arrivée à Ulmendya. Elle devrait s'entretenir sous peu avec la Judicatrice. J'espère que cette dernière sera plus loquace que les fois précédentes, qui sait ? La perspective de voir ses cités et ses ouailles rayées de la surface du monde pourrait l'inciter à s'épancher davantage ? En tout cas...
Eb tout cas, j'ai bien des questions à lui faire passer. Et parmi ces dernières, j'entends bien placer celle relative au rôle plus qu'ambigu de Kysall.
Tellement ambigu, en fait, que je n'hésite plus à le qualifier de sabotage.
Son comportement est contraire aux intérêts qu'elle prétend représenter, en tant que Hérault ou que maitresse du Tark'Nal.
C'est même, de ce point de vue, de pire en pire : aujourd'hui, voilà qu'elle nous annonce carrément quelle sera la prochaine ville martyre ! Demain, aurons-nous droit à la date, ainsi qu'à l'énoncé exhaustif des forces assaillantes ?
J'ai vraiment l'impression qu'elle saborde, tant qu'elle le peut, son propre programme de destruction annoncé, revendiqué, des cités poussiéreuses. Elle va de plus en plus loin dans ses annonces, j'allais dire dans ses prises de risque.
Si j'étais son "employeur", je peux vous dire que je l'aurais déjà très sérieusement recadrée, pour ne pas dire plus...
Nous ne pouvons pas ne pas tenter quelque chose.
Nous devons l'influencer.
Reste à trouver comment.
Penthésilée
Vigie du Rêve
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Le Matal 15 Jayar 1510 à 00h39
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| - Ne t'emballe pas Penthésilée.
*** La voix était dure, mais pas agressive. ***
- Les ennemis du P'kenhS'sarkh sont en priorité les Nemens. Pas les Poussiéreux.
Ce que fait Kysall ne va pas du tout à l'encontre des objectifs de son maître. Elle nous donne juste la possibilité d'évacuer les cités. Le but de l'Artisan du Déclin est actuellement de détruire les villes. Point.
Que les Poussiéreux crèvent avec ou pas, du moment qu'ils ne représentent pas de danger pour ses plans, il s'en tamponne le coquillard si tu veux mon avis. Parce que clairement, jusqu'à maintenant, nous n'avons pas été capable ne serait-ce que d'égratigner le Tark'Nal.
Les Filles du Déclin ont respecté la volonté des autres Poussiéreux de vouloir établir le dialogue avec la Traîtresse. Mais à ce que je vois, ce "dialogue" n'avance pas et rien n'a été entrepris pour vraiment lui tirer les vers du nez.
Notre patience a des limites.
Si les hypothèses de certaines des nôtres sont justes, Kryg suivra après Zarlif.
Et là on jouera selon nos règles, à savoir que je vais faire mon possible pour qu'on attrape cette chienne afin qu'elle reçoive le traitement qu'elle mérite. Si elle n'est pas coopérative elle va vite se rappeler que les exécutrices ne sont pas douées seulement pour donner la mort, mais aussi pour la torture. Je me ferai personnellement un plaisir de lui briser tous les os du corps un à un jusqu'à ce qu'elle nous dise tout ce qu'elle sait.
*** Un petit sourire détendit les traits froids de la Faucheuse. ***
- Et si quelqu'un se met en travers de mon chemin, il sera considéré et traité comme un ennemi...
***
Nemès se prit à espérer que Syin Lothar soit là cette fois. Lui qui avait osé assassiner Arkana quand celle-ci s'était opposé à l'idée de négocier avec Kysall... Qu'il ose une seule fois ouvrir le cloaque puant qui lui tenait de bouche pour défendre la Traîtresse, et elle se ferait un plaisir de lui rendre la monnaie de sa pièce...
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Le Matal 15 Jayar 1510 à 22h34
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| Penthésilée observe la tydale en biais, apparemment dubitative :
Tu réfléchis avec tes tripes, ô Nemès.
Ce n'est pas l'organe adapté. La colère, même froide, est mauvaise conseillère. S'il est quelque chose que les neldas savent, c'est bien cela.
Si tu ne vois pas, à ce stade, en quoi les agissements et paroles de Kysall ne contrarient pas le projet qu'elle prétend incarner... alors, je ne peux rien ajouter. Mon devoir d'alliée est de te donner des éléments, des informations, des éclairages. S'il s'agissait simplement de se battre, vous autres filles du Déclin n'auriez besoin de personne. Mais ça ne se gère certainement pas à ce niveau seul... et c'est heureux, car sinon, compte tenu de la puissance de l'adversaire, la messe est dite et notre sort, réglé.
A jouer selon tes règles, comme tu le dis, sauf miracle : vous perdrez.
J'ai appris, au cours de mes voyages, que l'Ordre ne détenait pas toutes les clés de compréhension, ni même toutes les vérités inhérentes à ce monde. J'ai appris que le Rêve, si essentiel fut-il, n'était pas tout.
Regardant la guerrière avec acuité :
Et toi ?
Qu'as-tu appris ?
Penthésilée
Vigie du Rêve
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Le Merakih 16 Jayar 1510 à 05h06
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| *** Nemès avait l'habitude de voir la plupart des Poussiéreux considérer les Filles du Déclin comme des folles, furieuses et insensées. Certaines d'entre elles, les Sang-Cesse en particulier, avaient effectivement un tempérament sanguin... mais c'était loin d'être la cas de tous les membres du Matriarcat qui était une faction - on l'oubliait trop souvent - où l'Art primait en tout.
Mais venant de Penthésilée, ce discours la surprit. La choqua même.
Cependant le visage de la Faucheuse ne se départit pas de son fin sourire, restant impassible tandis que ses réflexions s'alignaient froidement. Elle avait l'habitude qu'on la voit comme une tueuse sans cervelle.
Penser avec ses tripes? Ca avait été le cas il y a bien longtemps. Elle en était morte d'ailleurs.
Elle savait depuis lors que la colère était mauvaise conseillère : oh oui, la leçon avait été chèrement apprise... ***
- Je ne vis malheureusement pas dans un rêve, Penthésilée.
Je vis dans un cauchemar au sein duquel ma race se meurt à petit feu, inexorablement. Un cauchemar dans lequel chaque anja et chaque mish qui met sa vie en danger en sortant de nos cités accélère un peu plus notre déclin...
Plus que n'importe quelle autre faction, la perte de nos cités sera un coup dont le Matriarcat ne se relèvera pas.
Ce que j'ai appris... le sourire de Nemès disparut... c'est que si les Filles du Déclin sont capables de comprendre à peu près les autres Poussiéreux, visiblement la réciproque n'est pas valable.
*** L'exécutrice soutint le regard de l'archère. ***
- Tu penses comprendre Kysall mieux que moi? Je ne chercherai pas à te convaincre du contraire, mais rappelle toi de deux choses Penthésilée.
La première, c'est qu'elle et moi avons été élevées à la même école, celle où on nous apprend à accomplir notre objectif quels que soient les moyens à employer. Et son objectif est la destruction de nos cités, n'en doute pas. La seconde, c'est que la technique du dialogue a jusqu'à maintenant prouvé son inefficacité : nous n'avons toujours aucun moyen d'arrêter le Tark'Nal et nos cités continuent à tomber une à une.
Si tu as une tactique à proposer plutôt que d'attendre passivement que la Traîtresse nous annonce qu'une autre de nos cités sera corrompue, je suis toute ouïe.
Sinon, je pense avoir répondu aussi franchement que je pouvais à tes questions.
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La tydale inclina brièvement le buste en guise de salut en direction de Penthésilée puis répéta l'opération en direction de Ligerio, s'apprêtant à partir.
Zarlif attendait.
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