Les Mémoires de Syfaria
La Région de Farnya

Contourner Farnya

Des montagnes aussi dangereuses qu'éreintantes!
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Sujet lancé par Huan Jia
Le 12-06-1510 à 21h11
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Posté par Kasaar L'Tagta,
Le 10-07-1510 à 23h41
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Huan Jia

Le Sukra 12 Jayar 1510 à 21h11

 
*** Suite à la décision de leur compagnon, Kasaar et Huan Jia décidèrent qu'ils l'accompagneraient. Pour cela, il fallait faire demi-tour. C'était prévisible: suite aux problèmes qu'ils ont eu lors de leur dernière traversée de Farnya, l'accès leur fut refusé et c'est par les montagnes qu'ils devraient contourner la cité Tchaë.
Après quelques avancés, Huan Jia le craignait, les deux témoins rencontrèrent les prédateurs de ces montagnes. Et ce fut le Tydale qui en fut la première victime, chargé par un Braxat vicieux. Etant sur ces gardes, il eut le temps d'amortir le choc tout en déséquilibrant l'immense chèvre qui vint s'écraser sur un rocher tout en lâchant un cri de douleur. Cela laissa le temps à Huan d'avertir son ami: ***


- Kasaar! Un Braxat! Il faut fuir!

*** Malheureusement le monstre s'est relevé bien plus vite sue prévu et chargea Huan Jia dans le dos qui cracha une gerbe de sang avant de s'écrouler par terre. Huan Jia se releva et fit face à la chèvre. Malheureusement, Kasaar ne connaissait pas de sorts de soin. Le tydale devait compter que sur lui-même dans cet affrontement. C'est la chèvre qui chargea la première. Huan Jia se positionna sur des appuis fermes et intercepta la chèvre de face en attrapant ses cornes ce qui lui permit de la faire tomber sans prendre de coup. Le monstre à terre, Huan Jia frappa de toute ses forces tout en faisant tourner son poing sur lui-même afin que son gantelet à pointe pénètre la chaire du monstre. Mais comme il le pensait, les êtres des montagnes ont la peau rugueuse et la blessure infligée fut superficielle. Il ne fallu d'ailleurs pas plus d'une demi-seconde pour que le Braxat envoie valsé le tydale d'une ruade rageuse. Huan Jia réagit vite et le temps que son adversaire reprenne ses esprits, il s'était déjà caché sous un rocher.
***

*** Il n'apercevait plus Kasaar. ***


"J'espère qu'il a entendu mon appel et qu'il est déjà partit devant. Car dans tout les cas, retourner en arrière est du suicide."
*** pensa-t-il. ***


*** Huan Jia continua donc d'avancer, le plus discrètement possible, et en guettant le moindre mouvement ou bruit autour de lui. ***


 
Kasaar L'Tagta

Le Dhiwara 13 Jayar 1510 à 11h16

 
*** Le jeune serviteur de l'esprit se mit à regretter ses actions irréfléchies dans la ville de Farnya. Il était dans une crasse noire !
Alors qu'ils avaient décidé de contourner Farnya par le nord, à cause d'un Noosphage belliqueux venant du Sud, ils avaient eu le malheur de tomber sur un Braxat vicieux accompagné d'un koprocle jovial. Si, encore, le sorcier avait mérité son nom, cela n'aurait été qu'une petite rencontre sans conséquence, sauf que la plupart de ses sorts étaient inutiles. D'autant que le noosphage n'avait manifestement pas l'envie de rester au sud. ***


*** L'indécision est le pire des choix. Kasaar en fit l'amère expérience. Ne savant que faire, entouré de toutes ces créatures hostiles, il resta là, pantois. Les bêtes sauvages en profitèrent pour attaquer dans le même temps. Il ne dut sa survie qu'à son incroyable constitution et à sa résistance. Ces chocs brutaux ont au moins eu le mérite de réveiller le Tchaë. Il se décida de fuir vers l'Est. ***


*** Quel ne fut pas son soulagement, lorsqu'il aperçut que le Braxat ne le suivait plus. Il n'apercevait plus le noosphage, et il ne savait pas s'il devait s'en réjouir ou si, au contraire, c'était une très mauvaise nouvelle. Il n'eut pas le temps d'approfondir la question, un mouvement loin devant lui attira son œil. ***


Mais qu'est-ce que c'est que ce truc ? Ça n'a pas l'air bien méchant... Je vais essayer de m'en servir pour faire diversion de ces ignobles bestioles qui ne veulent pas me lâcher.
S'tik dit :
Ce truc, comme tu dis, est probablement vingt fois plus dangereux que toi. Il s'agit d'un condomignon ! Tu n'auras même pas le temps de comprendre quoi que ce soit (enfin, comme tu comprends jamais rien...) que déjà il t'aura perforé de milliers de petits trous ton affreux corps.


*** Kasaar avait du mal à croire les paroles de son mou. L'animal avait l'air si ridicule ! Mais il préféra prendre ses gardes et il ralentit sa cadence. Il eut alors la réponse à sa précédente question quant au noosphage. Il reçut une attaque cinglante dans le dos, heureusement, celle-ci n'atteint aucun point vital, mais le tchaë était déjà assez affaibli et une autre attaque de ce genre pouvait lui être fatale. ***


 
Huan Jia

Le Dhiwara 13 Jayar 1510 à 11h25

 
*** C'était un fait, Kasaar n'était pas devant. Etait-il tombé sous les griffes de leurs agresseurs? Quoi qu'il en soit Huan Jia ne pouvait rien faire. L'adrénaline passée, les séquelles de son précédent combat se firent sentir. Il décida donc de ne pas bouger, rester cacher le temps de récupérer. Quand il sera correctement rétabli, il repartira à la recherche de Kasaar, espérant que ça ne sera pas trop tard.

Puis Huan Jia pensa qu'il était préférable de ne pas partir rejoindre Hergranore. Si ces monstres là les mettaient en déroute, que serait-ce face à des rejetons féroces? Le mieux serait certainement de rentrer à Lerth. Là-bas, il s'entrainerait intensivement, avec l'intention de mener à bien ses prochaines expéditions. ***


 
Kasaar L'Tagta

Le Luang 14 Jayar 1510 à 17h49

 
*** La notion de temps n'avait plus aucun sens pour Kasaar. Toutes les autres non plus, d'ailleurs. Son cerveau était comme déconnecté, seul son corps fonctionnait mécaniquement, luttant contre l'attraction terrestre, contre ces montagnes à perte de vue et contre la douleur omniprésente. ***

*** Un pas, puis un autre, encore un. ***

*** Puis la chute. Il se laissa tomber à terre, harassé, épuisé, vaincu par la fatigue et les blessures. Sa conscience l'avait laissé tomber, son inconscience lui disait d'arrêter. ***


S'tik dit :
Espèce de rejeton fini ! Relève toi bon sang ! T'es pas encore mort ! Tu peux encore t'en sortir ! Allez, BOUGE TOI !
*** Le mou se tut quelques instants. Puis il reprit, doucement, comme s'il abandonnait: ***

Fais comme tu veux... Après tout, tu devrais pouvoir survivre à ta mort, puisque je suis là... Ou peut-être pas, je crois plutôt que je vais t'abandonner à ton pauvre sort. Il faut bien mourir un jour !


*** Deux secondes plus tard, le mou se téléporta hors du champ de vision du Tchaë.
Celui-ci ne réagit d'abord pas. Pourtant, il sentait qu'il manquait quelque chose. Une présence dont il s'était accommodé, non, qui lui était devenue indispensable.
Cela eut sur lui l'effet d'un électrochoc, son cerveau se remit à fonctionner correctement. Fuir, il fallait fuir, et trouver de quoi se soigner. Lentement, il se releva, puis recommença à marcher. ***


*** Le noosphage se faisait sentir, menaçant. Kasaar en avait peur, mais il n'avait pas le moindre choix, donc autant continuer à avancer, inlassablement. ***

*** Un pas, puis un autre, encore un. ***

*** Étrangement, le noosphage n'attaquait pas. Pourtant, la cible était facile, affaiblie, incapable de réagir à quoi que ce soit. Pas même au loup malfaisant qui venait de faire son apparition. "Une bête belliqueuse de plus à mes trousses" pensait le Tchaë. Cela ne l'empêcha de continuer de la même manière. Il subit sans broncher l'attaque de celle-ci. "Une blessure de plus ou de moins... Qu'est-ce que ça change ?"
"Tiens, un terrain plat... de l'herbe... c'est si doux... dormir" ***

*** Un pas, puis un autre, une chute dans les ténèbres. Le serviteur de l'esprit eut juste le temps d'apercevoir une ombre devant lui. ***


 
Huan Jia

Le Matal 15 Jayar 1510 à 09h51

 
*** Haun Jia redevint apte à se déplacer convenablement après un bref repos. Il retourna en arrière et il aperçut ses précédents adversaires. Ces derniers chassaient de petits rongeurs. Cela le rassura: Kasaar leur avait échappé car pourquoi chasseraient-ils sinon? ***

***
Quoiqu'il en soit, retourner en arrière serait du suicide. Huan Jia continua donc son chemin. Pour ne pas se perdre, il longé les grands murs qui entouraient la cité Tchaë. Mais il semble que les remparts et la proximité de la ville ne suffisent pas à éloigner les monstres. Huan Jia entendit des sifflements. Il poussa un soupir d'exaspération en observant trois gros serpents l'entourer, montrant leurs crocs imbibés de venin. Huan Jia ne devait pas se faire toucher, il ne survivrait pas au poison. ***


*** Le serpent qui se tenait en face de lui sauta avec rage sur le Tydale. Mais lors de ces entraînements, il avait bien travaillé ses réflexes et attrapa au vol la créature d'une main. Il l'écrasa au sol et lui explosa la tête d'un coup de gantelet. Les deux autres ayant assisté au spectacle avaient compris, ils n'attaqueraient pas seuls: ils devaient travailler en équipe pour abattre leur proie. Ils commencèrent donc à ramper chacun de leur côté pour entourer Huan Jia. ***


*** Le protecteur ne chercha pas à comprendre ce qu'il se tramait et se mit à courir. De toute l'habilité dont il était capable, il sautait de rocher en rocher et prenait de la distance. Mais il faisait un effort pour ne pas succomber à la panique: quand nous stressons, notre corps secrètent de l'acidité que certaines créatures ne manquent pas de sentir, notemment les serpents. Ainsi, si la peur venait à succomber Huan Jia ça en serait fini de Huan Jia. Et lui-même le savait. ***

***
Sa course l'amena à sauter sur un rocher. Ce n'est qu'en l'air qu'il vit qu'il n'aurait pas du. A son atterrissage, le sol céda et Huan Jia chuta le long de flan. Rouler sur ce sol rugueux lui râpa tout le flan droit. Enfin arrêter, il se releva difficilement. Mais la douleur s'estompa vite: la plaine! Elle était là, à une centaine de mètre de lui! Il regarda en arrière mais il n'y avait aucune trace de quelconque prédateurs. Il laissa un petit rictus le prendre: il avait réussi. ***


*** Mais encore quelque chose le taraudait... Comment allait Kasaar?.. ***


 
Huan Jia

Le Julung 17 Jayar 1510 à 18h46

 
*** Huan Jia n'avait aucune nouvelle de Kasaar... Même pas un message télépathique, rien... Il décida donc de repartir en direction de Lerth au pilier afin de voir s'y Kasaar s'y trouve... ***


 
Kasaar L'Tagta

Le Vayang 18 Jayar 1510 à 16h40

 
*** Le néant ***


*** Ou... presque. Pas exactement. Plutôt un trop plein. Un trop plein qui se cache, qui se dissimule derrière un faux vide. Ou le contraire peut-être. ***

*** Et puis, la douleur. Trop intense pour être fausse. Et avec elle, un voile qui se déchire. ***

« Aaaaah !! UN LOUP! AIDEZ MOI »


*** Quelques uns des ivrognes qui peuplaient l'auberge sursautèrent, les autres étaient tellement saouls qu'ils ne réagirent même pas. ***

« Non mais ça va pas ! Vous voulez que je vous foute à la porte, peut-être ? Dans votre état, je ne donnerais pas cher de votre peau ! »

*** C'est tout juste si Kasaar avait compris l'aubergiste. Il tentait désespérément de comprendre quelque chose à la situation présente. Il se souvenait d'une poursuite mortelle dans les montagnes, lui poursuivit par un loup et par un noosphage invisible.
Et puis... et puis c'était flou. Il s'était écroulé au pied de quelqu'un semblait-il. Un tchaë, sûrement, qui avait eu la fabuleuse idée de soigner un peu Kasaar. Mais le loup ne voulait pas lâcher l'affaire. Ou alors son esprit divaguait tellement qu'il croyait qu'il fallait continuer de fuir. Sans pouvoir remercier son sauveur, il continua de courir. Ou de marcher. De ramper plutôt. C'était même moins que ça. Enfin bref, une fuite d'un blessé à mort. Et... quoi après ? Ah oui ! Un petit village Tchaë, avec une auberge accueillante au milieu. Enfin, pas si accueillante.
Malgré son état lamentable, il avait dû consommer quelque chose pour pouvoir rester. Quelque chose d'infecte selon la langue du témoin. Quelque chose d'alcoolisé selon son cerveau . Quelque chose de malsain selon son estomac. ***

« Quelle horreur cette vinasse ! S'tik, tu me rappelleras de ne jamais boire de ce truc lorsque je suis blessé. »
grommela le serviteur de l'esprit.
« S'tik ? Eh ho... où es-tu ? Par les tripes d'un perverti, tu vas te montrer oui ? »


*** Petit à petit, le tchaë réalisa que son mou s'était fait la malle. Il l'aurait laissé tomber alors que son symbiote était en danger de mort ? Cela paraissait inconcevable pour le Tchaë. Peut-être l'attendait-il à un pilier de poussière, qu'il se réincarne... Kasaar n'y croyait pas trop, son mou était trop malin pour ça. Mais où était-il ? ***


*** Jamais la solitude ne lui avait fait si mal. Alors que ça avait été son quotidien durant si longtemps, l'arrivée de S'tik avait fait l'effet d'un baume extraordinaire sur le cœur. Désœuvré, déambulant dans les petites rues de Verkit, le témoin cherchait à se remémorer chaque instant depuis sa séparation avec Huan Jia pour trouver quand, et surtout pourquoi, son mou l'avait abandonné aux portes de la mort. ***


 
Kasaar L'Tagta

Le Sukra 19 Jayar 1510 à 18h27

 
*** Petit à petit, le corps du serviteur de l'esprit récupérait des précédentes blessures. Mais pas son esprit. C'était même plutôt le contraire. Son état psychologique, qui, en temps normal, n'est pas des plus sains, se dégradait à vitesse grand V. Plus ça allait, moins ça allait. Il y avait belle lurette que le Tchaë ne cherchait plus à se souvenir de ce qui s'était précisément passé. D'ailleurs, savait-il ce qui se passait ? Rien n'était moins sûr. ***

*** S'tik était là, immobile, comme muet, ou inaudible peut-être. Inaccessible en tout cas, terriblement distant et incroyablement proche.
Il était dépossédé de ses yeux. De ce qui l'animait aussi. Était-ce vraiment lui ?
Une tentative avortée de tendre le bras. Impossible de bouger. Un corps de pierre, rigide, dur et froid. Et le mou, encore plus immobile qu'avant. Informe maintenant. Incolore. Mais c'était toujours lui. Ou alors, ça n'avait jamais été lui. ***


« On ferme ! Tout le monde dehors ! »

*** La voix bourrue de l'aubergiste fit reprendre sa conscience à Kasaar. ***

« Qu'est-ce... oh ma tête ! »
*** Grogna-t-il, avant de se mettre péniblement debout et de se diriger vers la sortie. ***

« Quel étrange délire... Si irréel et si vrai... Mon corps devenu pierre, comme lors de la mort d'un mou. Est-ce que cela signifie que c'est ce qui m'attend si mon symbiote ne me rejoint pas ? Mais, dans ce cas, garderais-je ma conscience, pourrais-je encore penser ? Au moins je ne souffrirais plus. »

*** Silence ***

« Mais qu'est-ce que je raconte ? Il n'est pas question de mourir, encore moins de vivre sans S'tik ! Il faut que je le retrouve, même si cela implique retourner dans ces maudites montagnes... Non ! Je n'y retournerai pas ! Enfin, pas tout seul. Pas sans S'tik !
Rhââ, mais qu'est-ce que je raconte ?!
»

*** Le témoin était complètement perdu sans son compagnon télépathe. Ses réflexions ne le menaient à rien. Ses idées, quand il en avait, étaient toutes parfaitement absurdes. ***


« Je sais ! Je vais inventer un sort d'invocation de son mou ! Heu... non, je vais plutôt essayer de fabriquer un appeau à mou ! C'est ça, un truc qui ferait des sons comme des pensées... »


 
Kasaar L'Tagta

Le Vayang 25 Jayar 1510 à 17h06

 
*** Kasaar s'en tirait relativement bien. Son apparence horrible tenait à l'écart les indésirables, mais cela ne l'empêchait pas rester dans ce petit village. Il rendait deux ou trois services, grâce à ses piètres talents de magicien, et on tolérait sa présence. Pas plus. Ça avait au moins le mérite de lui laisser le temps de réfléchir, de penser à la disparition de son compagnon, qu'il commençait à croire pas si fidèle que ça. Peut-être que le mou avait prévu depuis le début de l'amener à se faire tuer par des bêtes sauvages ? Peut-être qu'il n'était pas le premier poussiéreux à subir une telle traîtrise de la part de son propre mou ? ***

*** La paranoïa s'emparait peu à peu du témoin. Il finit par croire que tout, depuis sa symbiose, jusqu'à sa montée en grade dans sa faction, en passant par le voyage d'étude des effluves, sans oublier l'abandon de ses compagnons de voyage, avait été prévu pour causer sa perte ! Pour Kasaar, cela ne pouvait être autrement, puisque cela avait toujours été ainsi. Depuis sa plus tendre enfance, bien que tendre ne soit pas le mot, tout le monde avait œuvré pour son mal. L'humilier, le ridiculiser, le rabaisser n'étaient que des avants-goût des futures tentatives de meurtres perpétrées à son encontre.
L'invocation par Hergranore de l'esprit Naturel n'avait pas pour but de l'entraîner, mais bien de le tuer ! Ou, tout du moins, de tester ses capacités en vue d'un véritable assassinat. Comment avait-il pu être aussi aveugle ? C'était pourtant tellement évident. On tue deux ou trois monstres ensemble histoire d'installer un semblant de confiance, on s'incite à semer la zizanie en ville, provoquant une interdiction implacable de pénétrer dans celle-ci, et puis on s'abandonne en plein milieu hostile, sans la moindre aide, ni quoi que ce soit ! ***

*** Et dire que S'tik était le principal instigateur de tout ça. Kasaar ne pouvait supporter l'idée qu'il avait partagé ses pensées les plus intimes avec une créature aussi vicieuse et perverse. Car c'était cela, du pur plaisir sadique que de voir souffrir cet être si laid, si ignoble qu'il en devient difficile de le fixer plus que quelques secondes. Mais il fallait avouer qu'il avait magnifiquement bien manœuvré, le Serviteur de l'esprit n'avait rien vu venir. Une attaque dans le dos déguisée en accident de périple, quelle grandiose tactique ! Mais il fallait croire que le mou avait sous-estimé la résistance et l'endurance de son symbiote. Maintenant que le pot aux roses était découvert, S'tik se cachait, de peur des représailles. ***

*** Ou bien il continuait à l'observer... Oui ! C'était ça ! Il ne peut se défaire de sa symbiose tant que son symbiote était encore en vie. ***


*** Ainsi délirait le cerveau malade de Kasaar L'Tagta, témoin du S'sarkh et Serviteur de l'Esprit. Absolument sûr de son raisonnement, il passait des journées entières à scruter les alentours, attentivement, espérant distinguer une petite masse grise pleine de perfidie en train de préparer un nouveau méfait. ***


 
Kasaar L'Tagta

Le Merakih 30 Jayar 1510 à 14h29

 
*** La paranoïa avait atteint son paroxysme. Tout était source de crainte et de haine pour le Tchaë, parfois même son propre corps. Il s'était complètement replié sur lui-même, imperméable à la réalité qui l'entourait. Toutes les informations qui lui parvenaient étaient déformées et vidées de leur sens premier.
Un vieillard se ballade dans la rue : Nul doute qu'il patrouille pour repérer la position du témoin. Un jeune tchaë se dirige vers la taverne : Nul doute qu'il va s'y fournir en armes afin de chasser le sorcier du village.
Mais le serviteur de l'esprit était malin. Il les avait pris d'avance en se fabriquant un abri dans les collines proches. Un endroit qu'il avait créé de toutes pièces, et dont personne ne soupçonnerait l'existence. Il était parfaitement sûr et certain que même après des mois de recherches actives de la part des villageois, aucun d'entre eux trouverait cette cache.
Elle se situait au fond d'une impasse déjà difficile d'accès. L'entrée de la semi-grotte creusée, au moyen d'une pelle rouillée volée à un villageois, par le témoin était dissimulée par une série de piton rocheux extrêmement coupant.
Certes l'endroit était loin d'être confortable, mais le serviteur de l'esprit en avait vu d'autres, et sa cachette le rassérénait. ***

*** La nourriture ne lui posait pas le moindre soucis, les rats et autres insectes étaient légions dans le coin, et un source d'eau se trouvait très près de son "chez lui". Kasaar eut presque l'impression de retourner plusieurs années en arrière, alors qu'il vivait encore dans la décharge, alors que la symbiose était quelque chose de totalement inconnu pour lui. C'était exactement le même train de vie, sauf qu'au lieu de lire des livres de magie, il s'exerçait directement à celle-ci. Il se rendit compte que depuis sa symbiose, il avait dépassé un cap. Il avait franchi la limite qui l'empêchait de pratiquer la magie. Il avait appris à réfléchir et il s'était intégré dans une faction pour de bon. Il réalisait que sans S'tik, il n'aurait jamais quitté sa décharge, il n'aurait jamais eu la chance de devenir apprenti Transcient. ***

*** Il avait oublié son but ! ***

*** Depuis son entrée dans la faction des témoins du S'sarkh, Kasaar avait toujours voulu devenir transcient, et il s'était engagé en tant que serviteur de l'esprit. C'était même grâce à ce grade qu'il avait participé à l'expédition pour Oriandre. Et avec les évènements récents, il avait complètement oublié pourquoi il faisait tout ça. Voilà pourquoi son mou l'avait laissé tomber comme ça. ***

S'tik dit :
Eh ben ! On peut dire que tu es lent à la détente mon vieux. Et complètement aveugle aussi. Et sourd de surcroît. Et j'en passe et des meilleurs. Mais tu as au moins le mérite de savoir réfléchir quand tu t'y mets.

« S'tik ? C'est bien toi ? Tu m'as fait une de ces peurs... »

*** A la vue du mou, toute la haine, toute la rancœur qui avaient animé le tchaë durant les derniers jours disparurent purement et simplement. La réalité lui crevait les yeux : Il avait nagé en plein délire. Comment, et surtout pourquoi, S'tik aurait-il pu faire quelque chose d'aussi ignoble ? Comment, et surtout pourquoi, Hergranore et huan Jia se seraient-ils donnés tant de mal pour agir ainsi ? ***

S'tik dit :
C'est bien ! Tu as enfin repris conscience. Je t'ai observé, ou plutôt, j'ai observé tes pensées ces derniers temps, et je dois avouer que tu m'as un peu effrayé. Tu as beaucoup d'imagination, mais ce n'est pas toujours très sain chez toi. Enfin bon, je suis quand même content de te retrouver.

« Moi aussi ! Mais une question me taraude : Pourquoi m'as-tu abandonné alors que ma vie était en danger ? Tu as intérêt à me répondre correctement, sinon sache que jamais plus je ne pourrai te faire confiance. »

*** Le mou pris son temps avant de s'expliquer, comme s'il s'apprêtait à raconter une longue, très longue histoire. ***


 
Kasaar L'Tagta

Le Sukra 10 Julantir 1510 à 23h41

 
*** S'il avait fallu trouver un cadre plus adapté à la situation, Kasaar et S'tik se trouverait dans une petite maison rustique, autour de la cheminée où brûlerait doucement un joli feu de bois. S'tik tirerait alors un peu sur sa pipe (qu'on se demanderait comment il la tient, mais là n'est pas problème) avant de jeter un regard rieur à son public (Kasaar dans ce cas là). Puis il s'exprimerait de cette façon : ***

S'tik dit :
Bon, reprenons depuis le début. Il était une fois un jeune mou et son symbiote. Ce mou s'appelait S'tik, et, dans un grand élan magnanime, il avait changé la vie de Kasaar grâce à la symbiose. Celui-ci avait acquis moult pouvoirs incroyables, dont la capacité de faire de la magie presque sans effort et à volonté. Mais Kasaar était capricieux, et menait la vie dure à son sauveur. Il décidait de tout, sans lui demander quoi que ce soit. C'est sur sa décision qu'ils allèrent dans la faction des témoins du S'sarkh. Le pauvre mou répétait sans cesse que cela était folie, que Kasaar allait droit à la catastrophe. Mais loin de l'écouter, le futur témoin s'arrêta pas là, il désirait s'accaparer la connaissance des transcients. Il voulait devenir l'un des piliers de la folie S'sarkhastique ! Le mou plein de vertus s'évertua à l'en dissuader, mais rien en fit. Sous les conseils d'un des témoins, Kasaar finit par accéder au rang de Serviteur de l'Esprit, autrement dit, un apprenti transcient.

*** Le mou marquerait à cet instant une pause lourde de suspens. Il fixerait son public droit dans les yeux, avant de reprendre : ***

S'tik dit :
Alors, déçu de son échec, le jeune mou s'enferma dans un mutisme profond. Nul ne sut si son symbiote l'avait remarqué ou non, mais il ne semblait pas particulièrement affecté, trop heureux de s'engager corps et âme dans une voie sombre et de mauvaise augure. Les jours passèrent, se ressemblant beaucoup pour le mou, riches de nouvelles choses pour Kasaar. Alors que S'tik plongeait droit dans une dépression sans fond, le futur transcient s'envolait vers la connaissance et le savoir du S'sarkh et cela lui plaisait. Oui, cela lui plaisait plus que tout autre chose, malgré toute la perversité de cette voie.
Mais S'tik restait persuadé qu'au fond, celui qu'il avait choisi pour la symbiose, restait un être exceptionnellement bon et juste, même s'il était laid et incompréhensible. Et c'est cette foi en Kasaar qui le fit continuer, qui l'animait jour après jour. Il prenait son temps, mais, petit à petit, il arrivait à modifier les attitudes du serviteur de l'esprit, à changer ses modes de pensée, à améliorer son contact aux autres. Tout cela avançait pour le mieux, lorsqu'un jour, en à peine dix minutes, tout s'écroula. Ce jour funeste se nommait : "le jour de l'acceptation d'un imbécile quant à la plus horrible manière de choisir sa mort, entouré de fous pervers et malsains".

*** Le public aurait frémi en entendant ce terrible nom. Il s'imaginerait diverses scènes toutes plus affreuses les unes que les autres, puis, tremblant de peur à l'idée de la suite, il demanderait : "Qu'est-ce qui s'est passé ce jour là ?". Une étincelle au fond de l'oeil, le mou aurait répondu : ***

S'tik dit :
En lui même, ce jour n'est pas si terrible que l'on pourrait le croire. Mais toutes les actions qui découlèrent des décisions prisent ce jour-là, tournèrent au cauchemar. Et même bien plus que cela. Ce jour-là, alors qu'il commençait comme un autre, c'est à dire par une série de réflexions fallacieuses si chères aux transcients, lorsque Hergranore, personnage dont je ne vous dirai rien, au risque de perturber à jamais le sommeil de tout un chacun, proposa à Kasaar et à un autre jeune témoin du S'sarkh, Huan Jia, d'étudier la ville récemment pervertie connue sous le nom d'Oriandre.

*** Le public (toujours Kasaar seul) aurait frémi en entendant ce nom désormais devenu synonyme de malsain. ***

S'tik dit :
Rendus totalement inconscients par le temps passé chez les témoins du S'sarkh, Kasaar et Huan Jia acceptèrent de suivre l'Odieux, malgré les vives protestations émises par leur mou respectif. Leur rendez-vous était fixé à l'aire d'atterrissage des transports Némen situé près de Farnya. Le plus simple pour s'y rendre consistait à emprunter l'un de ces transports. Ce fut la première erreur, et non des moindres, de Kasaar dans ce périple, une erreur qui marquait le début d'une longue et interminable suite de bourdes provoquées par lui et par lui seul. En effet, au vu de la constitution du jeune témoin, il paraîtrait évident à qui que ce soit qu'un tel voyage deviendrait une torture pour celui-ci, mais cette évidence ne sauta pas aux yeux du principal concerné. Jamais ses tripes ne furent autant source de douleur que durant cette traversée aérienne. J'épargnerai les détails peu ragoûtant et peu intéressant pour l'histoire.

*** S'tik marquerait une nouvelle pause, plus longue que la précédente, emplie de la gravité des évènements à suivre. ***


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