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Le Sukra 19 Jayar 1510 à 15h30
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| Les consignes étaient claires. Et pourtant, plus Matroshka se rapprochait d'Utrynia, plus elle prenait conscience du pétrin dans lequel elle s'était fourrée. Réparer Utrynia certes mais si après, le Tark'nal rappliquait, cela signifiait l'exode de toute une ville à porter sur sa conscience. Détestable impression que celle d'être un pantin. Nemès était toujours de bon conseil. Elle saurait quoi faire avec ces informations entre les mains. C'était bien la seule personne capable et intelligente au Matriarcat qui pouvait faire quelque chose de sensé.
Mais pour l'instant, faute de mieux, elle obéissait consciencieusement, se dirigeant vers Utrynia, et plus particulièrement son comptoir. Qui que cela puisse être derrière ce réseau, ils avaient des membres à la Confrérie. Il était trop tôt pour suspecter la Confrérie, encore moins cette hypothétique horloge des chuchoteurs. Mais rien n'était impossible.
Plusieurs jours auparavant, Matroshka avant demandé une dérogation temporaire pour accéder à la ville matriarcale aussi elle se permettait d'avancer sans crainte. Personne ne s'étonnerait de la voir patienter à l'entrée, elle connaissait des gens à l'intérieur, elle avait des affaires à elle. Une excuse serait facile à trouver et elle pourrait avoir des preuves ou des témoins manipulables. Elle installa alors son campement près de la route, un peu à l'écart du Comptoir.
Attendre, encore et toujours.
Douter, encore et toujours.
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Le Matal 22 Jayar 1510 à 23h01
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| Un sage quelconque, un certain Pas'cal, un rêvant, avait émit une théorie, un concept philosophique farfelu mais qui avait su toucher la sorcière. Il pensait que les poussiéreux avaient besoin de se divertir. Ce divertissement pouvait prendre des formes diverses : arts, combats, alcool. Le seul objectif était de les distraire. De quoi ? De l'ennui. En s'arrêtant un instant, les poussiéreux réfléchissent à leur condition et constatent à quel point elle est pitoyable.
Matroshka à l'arrêt, obligée d'attendre sagement alors qu'à chaque instant, sa symbiose s'évanouit un peu plus. Et attendre à rien faire, réfléchir.
Réfléchir à tout ce qu'elle a fait, à tout ce qu'elle a dit.
Le bilan était lourd. Cette opération était la dernière chance qu'elle avait. Quitte ou double. Comme prévu, elle se retrouvait au centre d'enjeux qui la dépassaient et n'était plus qu'un simple pion entre une force inconnue, le Matriarcat, les poussiéreux et son sale caractère.
Que faire ? Que penser ?
Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre. Matroshka devait suivre cette citation d'un grand général tchaë. Son passé est chargé d'erreurs dont il faut tirer les douloureuses leçons. Sa situation actuelle n'était que la suite logique des évènements passés.
Attendre et apprendre.
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Le Julung 24 Jayar 1510 à 22h12
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| L'attente, interminable, insupportable était peut-être bien pire que les combats qu'elle avait vécue. Attendre, c'est réfléchir. Réfléchir, c'était douter. Douter de ce qu'elle était, de ce qu'elle pensait pour acquis, de ce qu'elle avait fait. Amère leçon que celle-ci. Constat sévère, comme celui d'une oratrice intransigeante qui évaluait une élève fautive. Bien plus qu'un coup de bâton sur les épaules ou une série de remontrances, sa longue attente lui faisait endurer bien pire.
Si proche et pourtant si loin du Matriarcat, elle voyait les matriarcales entrer et sortir. Elle voyait aussi les gardes qui avaient leurs consignes de Lot'hi. Persona non grata. Là, elle avait vraiment touché le fond. Le fin fond du problème : elle.
La longue introspection commençait. Difficile et Ô combien désagréable travail intérieur.
Tout autant nécessaire. Pour sa survie. Pour elle.
Elle attendait. Un signal, un tydale, un objet, une opportunité.
Mais ce n'était pas encore l'heure. Pour l'instant, elle avait quelque chose à travailler. Ou plutôt à retrouver.
L'amour du Matriarcat disait la vieille Akaliara...
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Le Matal 29 Jayar 1510 à 16h59
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| Attendre, toujours attente. Le poids des erreurs passées faisait mal aux épaules, un tel fardeau n'est pas portable, n'est pas normal, n'est pas digne. Son esprit, noyé dans un maelström de réflexions continuait à ressasser les mêmes évènements, les mêmes réflexions, les mêmes actions, jusqu'à en avoir la nausée.
L'ardoise était lourde, fallait bien payer. Le calme apparent de cette situation la dérangeait. Trop de pensées contradictoires. Le labyrinthe dans sa tête lui faisait perdre son jurimancien. Alors que la prochaine attaque ne tarderait pas, Matroshka au lieu de se préparer devait attendre un hypothétique signe. Elle devait attendre, impuissante, que la corruption s'agite, risquer de se faire abattre par les gardes et réparer la ville avec un objet qu'elle ne connaissait pas, donné par des poussiéreux qu'elle ne connaissait pas et en lesquels elle n'avait aucune confiance.
Elle voulait s'élever à un autre niveau, la voilà servie. Autre niveau de puissance, autre niveau de risques également.
Toujours accroupie sur l'herbe, quelque chose vint la sortir de sa torpeur. Elle ouvrit les yeux pour être passablement surprise. Elle n'avait pas reconnu sa voix. Sans pouvoir retenir son étonnement, la sorcière haussa les sourcils.
Que voulait-elle ? Des dizaines de réponses affluèrent dans l'esprit paranoïaque et encore chancelant de la Voroshk. Son instinct lui disait de fuir mais ses jambes ne bougeaient pas. Quelque chose n'allait pas.
Mère des cieux...
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Le Merakih 30 Jayar 1510 à 00h14
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| Assise en tailleur, la sorcière cogite quelques instants. Elle encaissait sans broncher, c'était normal. L'une à un bout de la hiérarchie, l'autre qui n'en faisait même plus partie. Diamétralement opposées est un euphémisme.
Et pourtant.
Pourquoi poser les questions alors que vous connaissez déjà les réponses Mère des Cieux.
Un instant.
Je ne les aient même pas, ou je ne suis pas sûre de les avoir.
Je ne sais pas qui je suis, je ne sais plus ce qui est tenu pour acquis, j'ai du mal à me contrôler.
Les mains se crispent sur sa chymériade.
J'ai même peur du feu maintenant.
Pourquoi rester ici ? Elle le savait, mais en doutait. Elle n'avait aucune confiance en ces sardoines. Mais elle n'avait pas d'autres alternatives. Aller à Zarlif certes. Mais il fallait tenter. Tenter le destin, tout jouer sur une hypothétique bidouille qui pourrait réparer la ville de son enfance. La réparer mais aussi la condamner à être la prochaine attaque du Tark'nal. Avec les risques que cela comportait.
J'ai dégénérée, j'ai pas su me contrôler, embrasée puis soufflée comme une bougie.
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Le Vayang 2 Julantir 1510 à 20h59
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| La Mère des Cieux repart. Et elle reviendrait. Amenant à chaque fois de nouvelles questions même si elle disait l'inverse. De nouvelles questions pour se torturer l'esprit encore davantage. On disait l'âge de la Rédemption. Matroshka faisait la sienne et ça ne se ferait pas sans conséquences. Ca viendra tôt ou tard, comme la marque indélébile de ses trop nombreuses erreurs passées. Comment l'ancienne Mestre Erudite avait pu tomber aussi bas ? Elle le savait. Mais elle aurait pu réagir, redresser la barre ? Mais elle ne l'a pas fait. Pourquoi ? Son égoïsme, sa prétention, sa quête de savoir et de pouvoir l'a mené sur les sentiers de sa propre perdition, toute seule, comme une grande.
Etait-ce si mal que de vouloir apprendre comment fonctionne le monde ? Etait-ce le prix à payer ? Ce savoir chèrement acquis avait un goût amer. Parce qu'elle n'était pas capable de le supporter, elle s'est brûlée les doigts, jusqu'à l'os. L'arroseur arrosé bien qu'ici, on aurait pu dire la pyromane brûlée.
Ce qui est bon, ce qui est juste, ouvrir son coeur.
Ce ne sont que des mots, mais pourtant, à comprendre, c'était plus délicat que des énigmes confrères. Il n'y avait pas de mode d'emploi, pas de manuels, pas de codex. Rien. Justement ce genre de choses qui étaient si difficiles à comprendre, et encore plus à appliquer.
Le temps fera son oeuvre ? Jusqu'au moment où le sablier sera vide. Les vivants ne sont que des morts en retard sur leurs ancêtres. Matroshka rattrapera son retard. Bon gré, mal gré.
Sortant de sa réflexion, la nuit tombait enfin, la température devenait un peu plus acceptable.
Quelque chose ne tournait pas rond. Elle avait beau regarder autour d'elle, elle ne voyait pas. Les plaines, le comptoir de la Confrérie, les murs de la ville, tout semblait si normal, désespérément normal. Mais pourtant, elle le sentait, un élément n'allait pas dans le décor.
C'était elle.
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Le Vayang 9 Julantir 1510 à 13h11
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| Elle l'attendait celle-là. Une perche tendue bien vite attrapée. Mais la vérité était là. C'était le cas. Depuis des années, son carburant, ce qui alimentait sa magie pyrotechnique, ce qui la guidait dans beaucoup trop de pans de sa vie, c'était sa colère. Mais pas uniquement. Chose incompréhensible pour beaucoup, et même pour la sorcière, elle préférait le mot "passion".
Liberté, action, spontanéité, émotion.
Elle essayait, tant bien que mal d'appliquer ces principes. Mais la colère était une voix plus facile. Loin d'elle l'idée des cours métaphysiques sur le bien-fondé de tel ou tel principe ou d'une justification quelconque que la Mère des Cieux ne comprendrait pas. Elle voulait juste agir. Mais elle l'avait mal fait. Quelque chose à porter à bout de bras au lieu d'être portée. Perdre cette partie d'elle-même revenait aussi à trouver un dérivatif, une nouvelle source d'énergie. Elle y croyait dur comme fer. Alors il lui faudra chercher.
L'amour ? Certaines disaient que ça marchait aussi bien mais c'était plus difficile.
Trop réfléchir, quelle horreur. Voilà pourquoi la sorcière préférait l'action à la réflexion. Même son cousin Salash pourrait la battre dans ce domaine. Trop de questions d'un coup, mal de crâne en préparation. Mais une chose était claire, il lui faudrait trouver autre chose, ou plutôt la canaliser pour mieux se contrôler. Contrôler ce feu intérieur ? Bon courage. Mais les choix restants étaient limités.
Un jour Erfuinn lui avait dit que le comportement d'une personne avait changé le jour où elle avait appris à parler jurimancien, devenant plus sombre et plus renfermée. Pour être une bonne magicienne, Matroshka était persuadée qu'il était plus important de laisser libre cours à son instinct plutôt que d'apprendre dans des bouquins poussiéreux les phénomènes de marées.
Maîtriser son instinct, rien que ça...
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Le Luang 12 Julantir 1510 à 14h39
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| La sorcière sortit de sa torpeur. Partie un peu trop loin dans son introspection, elle en avait complètement oubliée la Mère des Cieux. Elle releva la tête, il faisait nuit et il n'y avait plus personne autour d'elle. De nouvelles questions amenaient d'autres questions en cascade. Et à chaque fois, les réponses étaient de plus en plus difficiles. Le constat, de plus en plus amer.
Akaliara disait que c'était la clef. La clef de quoi ? De la porte ouvrant sur sa Rédemption ? Probable. Pas question de la garder, mais de s'en débarrasser. Se débarrasser d'une clef pour ouvrir une porte. Le concept aurait pu fait rire Matroshka si la situation n'était pas si grave.
Elle cherchait, cherchait, cherchait, faisant tourner en rond les mêmes idées. La solution était quelque part. C'était juste un problème un peu plus compliqué que les autres. Un début de solution vint plus facilement que prévu.
Faisant le point sur ce qu'elle avait pu faire de ses dix doigts, elle pu enfin constater que ses découvertes n'avaient été guidées que par une seule chose. L'étude du nexus, l'enchantement chimérique, les sardoines, les dissections, tout ça n'avait été accompli par et pour son amour de la magie.
Son amour de la magie, pour elle et pour le matriarcat.
Elle commençait à comprendre. Mais une autre idée faisait son chemin dans son crâne vide. Ce que lui avait dit Nemès, à plusieurs reprises.
Oublier son amour propre au profit de son amour pour le matriarcat.
La nuit porterait conseil et Matroshka se roula en boule dans sa couette.
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Le Merakih 14 Julantir 1510 à 10h05
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| L'alchimiste attendait à la sortie d'Utrynia. Une livraison importante allait lui parvenir. Elle se portait au-devant de la convoyeuse même s'il lui faudrait encore vraisemblablement attendre encore quelques jours. Elle reviendrait à cet endroit chaque matin, impatiente.
C'est dans ce contexte que Conscience remarqua Moustique. Certes, ce dernier n'était ni rond, ni jaune, mais toute la vie de la moue de Zynia ne se résumait pas au gang des mous jaunes. Et puis, la couleur de Moustique tendait à devenir légèrement jaune pâle également.
Profitant du fait que sa symbiote était perdue dans ses pensées suite à ce qu'elle avait appris concernant l'état d'avancement de la corruption d'Utrynia, Conscience s'enhardit et rejoignit Moustique.
Conscience dit :Hello,
Tu n'as pas l'air d'aller très bien, toi. Que se passe-t-il? Tout le monde semble ne pas aller bien, remarques. Ce Tark machin paraît mettre tous les poussiéreux sens dessus dessous.
Zynia Mestre érudite, Maître Alchimiste | |
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Le Dhiwara 18 Julantir 1510 à 18h18
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| Matroshka dormait à poings fermés. Un sommeil lourd, sans saveur ni joie. Au contraire, les mêmes réflexions continuaient à tourner en rond dans les rêves de la sorcière. Moustique n'était pas le genre de mous qui s'occupait beaucoup de sa symbiote. Quelques remarques cyniques de temps à autres lors des nombreuses boulettes de la tydale, mais en dehors de ça, il restait plutôt sage, ne prenant jamais part à la vie active de la Voroshk. Malheureusement, il risquait bien de payer également pour les bourdes de la tydale. Si Moustique avait eu des bras, il aurait bien mis des baffes à la symbiote pour lui apprendre la vie. Mais hormis rebondir et se téléporter, il ne pouvait pas faire grand chose. Hormis voir et attendre.
Mais plus il attendait plus il doutait. Sa symbiote était bête comme ses pieds mais il avait fini par s'y habituer en trois années de vie commune plus ou moins voulue. Le temps passait et les effets du bannissement commençaient à peser de plus en plus. Le mou, comme sa symbiote, le sentait bien. Le début de la fin ne saurait tarder. Une situation où si la symbiote était partagée entre le désespoir et la volonté de survivre, le mou lui par contre souhaitait uniquement survivre.
Un comparse vint le sortir de ses pensées maussades. Les deux symbiosées se connaissaient bien mais les mous n'avaient jamais eu l'occasion de se rencontrer. Méfiant et toujours préoccupé par son avenir instable, il bondissait mollement vers Conscience.
Moustique dit :Certes non puisqu'avec la petite, nous allons probablement disparaître prochainement. C'est ainsi. Ma symbiote est son propre déclin, quelle ironie pour une matriarcale.
Ce Tark machin comme vous dites concerne uniquement les poussiéreux. En tant que mou, ce n'est pas de notre ressort ni notre rôle que d'y prendre part. Surtout que techniquement parlant, je souhaite bonne chance au mou ou à la molle qui souhaite se mesurer au Tark'nal. Mais bon, je ne peux m'empêcher de m'inquiéter.
Moustique se tourna lentement vers Matroshka endormie.
Moustique dit :La petite a déjà payé de sa vie ce combat mais son plus grand adversaire reste son immaturité. Elle a pris de gros risques avec ses sardoines bizarres. Je l'ai senti, son esprit a été haché menu par ses expériences. Elle est complétement délabrée.
Certes oui, je suis égoïste. Le Tark'nal fait beaucoup de misères mais c'est mon avenir et celui de la petite qui m'inquiète.
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Le Dhiwara 18 Julantir 1510 à 18h40
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| C'est au petit matin que Khamaat revint de Kryg : elle avait aperçu la veille les remparts d'Utrynia et s'était levée tôt pour se mettre en route.
Marcher dans la plaine encore endormie lui plaisait : peu de monde, peu de marchands sur le chemin et donc peu de tentations de dépenser ses morions...
Arrivée à la hauteur du comptoir des confrères, elle vit une masse informe recroquevillée, adossée au bâtiment : décidément, c'était la crise et la mendicité s'étendait hors des murs protecteurs des villes... pensa la Sorcière.
Elle s'approcha pour vérifier qu'il ne s'agissait pas d'un cadavre : d'ici que le corps attire des charognards, manquerait plus que ça. On avait déjà le Tark'Nal comme fléau, pas la peine d'en rajouter, ronchonnait intérieurement Khamaat.
Visiblement, il s'agissait d'un tydale... non, d'une tydale... qui était visiblement en vie et dormait profondément, au vu du mouvement de régulier de respiration que la Sorcière discerna.
S'approchant plus près, elle put constater que sa congénère n'était pas blessée...
Aka's ! Par le Tableau !
Khamaat étouffa son exclamation en plaquant ses mains sur la bouche, étonnée : la clocharde pionçant comme une bienheureuse n'était autre que celle qui l'avait initiée à la magie offensive, qu'elle considérait comme son mentor en la matière : Matroshka Voroshk !
Mais une Matroshka en piètre état : sale, échevelée, négligée au possible... jamais elle ne l'avait vue ainsi !
Pleine de bons sentiments, elle s'installa à distance respectable pour lui laisser finir la nuit, de l'autre côté du chemin. Après avoir sorti de son sac quelques produits et babioles qui serviraient à rendre forme tydale à Matroshka (ce qu'elle comptait bien lui proposer, ne serait-ce que se servir de son nécessaire de toilette, ce qui ne serait pas une mince affaire vu son état de saleté), elle entreprit de préparer un solide et copieux petit déjeuner qu'elle comptait bien partager avec celle qui avait été autrefois son maître...
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Le Dhiwara 18 Julantir 1510 à 21h45
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| Matroshka finit par émerger de sa léthargie. Rien, toujours rien. L'attente insupportable ne la rendait plus anxieuse. Plus ou moins résignée, elle se contentait d'attendre. Tant mieux pour elle, elle n'avait pas encore fini ses tergiversations. Perdre ce qu'il l'avait mené sur les sentiers de la perdition et retrouver ce qui la remettrait sur ceux de la rédemption. Le joli titre que voilà se disait la Voroshk qui émergeait lentement.
Et pourtant, quelque chose de pas commun troublait cette monotonie méditative. Ce n'était pas la Mère des Cieux. La silhouette aérodynamique du crâne lisse de l'ancienne Mestre nourricière. Installée comme si de rien n'était à coté, c'était presque un fantôme d'une vie passée, de l'époque où l'une était Mestre de ville et l'autre Mestre Erudite. Beaucoup d'eau a coulé sous les ponts. Sa jeune apprentie n'avait plus rien de la magicienne débutant dans le lancer de boule de feu. Sauf qu'elle n'a pas sombré dans la folie d'une apparente puissance. Matroshka si. Ce constat délétère lui arracha un sourire forcé.
Par réflexe, elle chercha des mains son bâton d'afflux avant de se souvenir qu'elle n'en avait plus et qu'elle ne pouvait plus en porter. Cuisant souvenir d'une défaite bête comme ses pieds. Elle se leva difficilement pour se diriger vers l'arcaniste.
Liadha Khamaat...rassurante vision attestant que la magie ne rend pas folle. Entre ma cousine et moi, je me posais quelques questions.
Bref rire caverneux mêlé de toussotements.
Où est celle qui ratait ses sorts, qui tremblait face à un flaviste hargneux, qui s'initiait à l'art du combat magique, celle à qui je pouvais apprendre ?
Disparue.
Un peu comme elle-même.
Utrynia sera la prochaine ville a être attaquée, soyez avertie.
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