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Le Sukra 11 Jayar 1511 à 15h44
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| Elle leva la tête.
Devant elle le Nemen, si calme, si froid. Elle admirait son visage de cire, des lignes impeccables qui se laissaient deviner malgré le heaume, un masque macabre certainement destiné à flanquer la frousse a d'éventuels curieux qui s'égareraient trop près du pont d'attache de l'immense vaisseau.
Un coup d’œil a sa montre gousset, elle était en avance. L'enthousiasme ne se lisait pourtant pas sur son visage, de la perplexité tout au mieux.
La vieille l'avait contacté quelques jours avant, réclamant sa compagnie pour un voyage en terres équilibriennes, une enquête dont elle ne lui avait rien révélé.
L'ingénieure s'était interrogée sur les motivations de la doyenne naturaliste, et elle y avait répondu succinctement que son ancienne qualité d'Analyste était requise, plus encore que ses talents d'interprète. Tant mieux, Kal'Ash parlait Shaï comme un Tawhak le Rabaän. Raison pour laquelle elle emportait pour le voyage une version miniature d'un manuel notoire d'apprentissage de la langue populaire d'équilibrium.
Le nemen ne disait mot. Une exaspérante habitude de ses congénères, certainement exacerbée de par sa condition de garde. Il la regardait fixement, sans agressivité, mais sans jamais détacher son regard.
Elle, clope au bec, s'imaginait lui souffler lentement sa fumée au visage - sans plus de provocation- juste pour voir si les yeux Nemens savent pleurer. Évidement il lui aurait fallut faire au moins le double en taille.
De ces yeux à elle ne reste que le gauche, le vert. "Le plus joli" la rassure parfois son amant, plus attentionné qu'à première vue. Depuis quelques temps l'autre moitié de son visage était surmontée d'un cercle de métal équipé d'un jeu opaque de lentilles. La prothèse inamoviblement fixée sur son visage en dégrade considérablement l’harmonie, le socle épousant ses lignes faciales s'étalant sur une zone allant du front à la pommette, de la base du nez à la tempe.
Cela ne semble pas déranger le planton, au contraire de la plupart des êtres de poussière éprouvant curiosité, gène ou dégout.
Avec ces deux mirettes il prend une avance considérable dans le duel de regard qu'il a lui même initié, cependant il allait falloir compter avec l’opiniâtreté d'une Tchaë du genre déterminée.
Il y seraient encore à coup sûr lorsque Baer Lupis débarquerait.
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Le Julung 16 Jayar 1511 à 21h42
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| Ce qu'elle finit par faire, en fin de compte...
Assembler ses affaires, monter le tout sur Bobosse et surtout, traîner le gigantesque animal jusque là, voilà qui avait pris plus de deux heures... Elle n'avait pas donné ce nom à l'yloataku, oh non ! L'aurait-elle eu adopté, qu'elle lui aurait donné le nom de telle plante robuste, ou de telle pierre cristallisée. Las ! Elle avait recueilli Bobosse tout traumatisé par l'abandon de son ancien maître, et déjà il ne répondait à aucun autre nom...
Assembler ses affaires... Ou plutôt, comment dissimuler une enquête inter-factionnelle en expédition scientifique... Elle s'était assurée de prendre de quoi faire vrai... De toutes les manières, elle avait vraiment eu besoin de s'y rendre à Syrinth, à un moment, alors...
En rejoignant la Grande Humaniste, la vieille eut un sursaut de surprise. Elle ne se souvenait pas de ces plaques de métal. Elle haussa les épaules de façon imaginaire. Elle se souciait peu des figures poussiéreuses. Après une salutation amicale et souriante, la Vieille aborda directement le fruit de leur présence.
Ma Soeur, je suis si heureuse de vous trouver ici. Avant que nous montions sur le navire, je dois vous dire que nous serons accompagnés par deux jeunes symbiosés qui seront là d'un instant à l'autre. Je ne sais pas si je dois les inclure dans le secret de ce qui nous conduit à Syrinth, qui, vous l'aurez compris, est plutôt ... délicat. Qu'en pensez-vous ? Dois-je vous en parler à vous en premier ?
La Vieille posait ses questions sans afficher de malaise. Sa qualité d'enquêteur débutant, elle l'acceptait de bonne grâce, et la mine qu'elle affichait était plutôt celle de la candeur que montrent certaines personnes agées face à quelque chose qu'ils ne peuvent pas faire tout seul.
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Le Vayang 17 Jayar 1511 à 16h52
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| Par l'intermédiaire de Monsieur Moustaches elle fut avertie de l'approche de la vieille Tchaë avant même t'entendre le pas lourd et mollasson de sa monture.
Généralement les personnes âgées préfèrent des animaux moins volumineux, plus joyeux et démonstratifs. Il faut croire que Baër'lupis était encore assez jeune dans la tête.
Tout en continuant à fixer le Nemen elle leva une main en signe de salut à la Grande Naturaliste. Bien décidée à ne pas céder la première dans cette joute puérile, son regard se détacha cependant par réflexe lorsque Lupis lui annonçait comme une fleur la présence de deux frères, novices de la symbiose et donc des voyages de cette ampleur par corolaire.
Se tournant vers la botaniste elle mesura un instant la portée de ce qu'elle allait dire, filtrait le premier jet de mots pour en trier le désagréable et l'inefficace.
Oui je vous en prie, racontez moi tout en détail. Je ne sais toujours pas ce que nous allons chercher à Syrinth. Quelque-chose qui nécessitera, si je comprend bien, la présence de nos deux frères qui sont ... ?
Un regard bref pour le garde. Oui, c'est bon, tu as gagné...
Le mystère que la naturaliste faisait de cette affaire sous-entendait un objectif important, délicat. Il faudrait plus qu'un résumé sur un quai pour espérer avoir quelques chances. Une pleine coopération allait être nécessaire si elle voulaient éviter de s’emmêler les crayons devant des Equilibriens, suspicieux par définition, et peu enclins à ce que l'on vienne farfouiller en plein dans leurs petits secrets.
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Le Luang 20 Jayar 1511 à 00h22
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| La Vieille prit son inspiration ... puis soupira un bon coup. De faire des synthèses scientifiques, et résumer une affaire criminelle sans omettre de détail, ça n'avait rien à voir... Mais sans doute que ça lui permettrait d'y voir plus clair.
Bien. Il y a deux jours, frères Tchik et Dalmary sont montés me voir. Un de mes vieux amis avait été assassiné. J'ai par ailleurs recopié le rapport que détenait votre jeune enquêteur.
Elle tendit une feuille de parchemin.
Rapport de la garde a dit :Meor Prut. Botaniste depuis 1468.
La victime de corpulence moyenne et d'âge moyen a été retrouvée assassinée par égorgement moyen. N'ayant que peu de sang à l'endroit où on l'a trouvé, il parait évident qu'il a été tué ailleurs puis amené ici pour être caché. Ses vêtements d'érudits nous ont poussés à vérifier sa possible appartenance à la Bulle Bleue. Identifié comme l'un des hauts dignitaires de la Bulle en question par ses pairs, l'enquête devrait être bientôt confiée à d'autres enquêteurs plus…compétents.
Je n'arrive pas à savoir si quelqu'un a eu le temps de passer avant nous pour chercher quelque chose. Aucune trace d'effraction ou d'infiltration. Nous n'avons trouvé rien qui puisse faire avancer l'enquête préliminaire. Selon les voisins, personne n'est rentré depuis plusieurs jours. La victime elle-même ne rentrait pas tous les soirs, préférant souvent rester à la tour pour la nuit. La logique confirme mes premiers soupçons, il n'y avait probablement aucun élément susceptible de nous indiquer la nature de ses travaux que je suppose classée. Il n'avait aucune raison de ramener "du travail" à la maison et je doute qu'on l'aurait laissé faire.
Enfin, j'ai essayé d'interroger le chat mais il refuse de coopérer. Mais parce qu'il est gentil, je ne l'ai pas inculpé pour obstruction à enquête.
Après avoir interrogé une partie du personnel de la Tour, chose est confirmée qu'il y avait passé plusieurs nuits comme cela lui arrivait de temps en temps depuis plusieurs années. Rien d'anormal à mon sens puisque ça nous arrive à tous... A son habitude, il prenait toujours le même repas, ailes de poulet, salade, patates et un verre d'hydromel.
Avec mes moyens, ne pouvant aller plus loin dans l'investigation de la nature des travaux de la victime, j'ai préféré m'orienter sur d'éventuels ennemis connus et remonter dans son passé. On ne lui connaissait pas de travers notables d'après plusieurs sources jugées recevables par mes soins. Soit il s'agit de quelqu'un de parfaitement normal, soit un maître dans l'art de supprimer les preuves compromettantes. Il faut davantage d'informations mais en tant qu'enquêteur Noir, les moyens légaux sont limités.
Elle reprit, une fois que la borgne eut finit sa lecture.
Difficile de partir quelque part à partir de ça. J'ai emmené les frères au Département, nous n'avons rien trouvé. Finalement, nous avons voulu rencontrer le Chat. Je vous passe de nos pérégrinations. Nous sommes tombés sur ... quelqu'un -un soi-disant assistant du Chat. Il nous a révélé plusieurs choses. D'une part, que Prut travaillait sur un projet tenu secret de la Fraternité -j'en suis tombée des nues, mais que la pègre équilibrienne en était au courant, sans doute par le fait que Meor était un agent dormant. J'ai beaucoup de mal à y croire..
Bref, les services du Chat ont repéré trois suspects qui venaient régulièrement à Farnya et qui y étaient la veille de la mort de Prut. Évidemment, ils ont disparu. J'ai récupéré leur rapport, le voici :
Rapport du Chat a dit :Individu 1 : 1m40 ; corpulence épaisse ; porte des favoris postiches, soupçon de perruque brune. Nez écrasé, menton carré. D’après étude, force bien au-delà de la normale, plusieurs blessures sur les bras.
Se prénomme Srat, apparemment le meneur mais pas le cerveau. Tient bien l’alcool. Classé « à tuer avant qu’il ne se rapproche de trop »
Individu 2 : 1m20 ; corpulence fine ; borgne ; tatouage en forme de serpent main droite. Apparemment un gradé dans la pègre de Syrinth. Probable supérieur hiérarchique des deux autres. Aime bien fréquenter les quartiers des plaisirs.
Répond au nom de Flatair, individu dangereux et probablement doué.
Individu 3 : 1m30 ; obèse ; chauve, nombreuses brûlures sur le corps. Effectivement marchand, marche étrangement. Ronfle fort. Aucune arme à feu sur lui. Probablement présent pour couverture, connu à Farnya depuis une dizaine d’années.
Nommé Tok, classé non dangereux sous réserve de plus d’éléments.
**Une deuxième écriture plus soignée et parfaitement alignée suit.**
Affaire : espionnage ; meurtre
Vol : aucun
Viol : aucun
Meurtre : 1
Suspects : 3 (équilibriens)
Mobile : recherches en botanique
Importance : haute
Commanditaire : T.
Action menée : sous-traitance
Supervision : E.
Approbation : C.
Etrange, que ce dernier paragraphe, n'est-ce pas ?
Dit la Vieille avec un haussement de sourcils.
Quoi qu'il en soit, nous nous sommes accordés avec Terenor. Il va rester suivre les pistes ici -j'ai pour le moment du mal à comprendre pourquoi le Chat a aussi bien mâché le travail pour nous, et j'irai à Syrinth. Je n'ai pas grand'chose à craindre, vu mon âge...
Lei dit :Et le contenu de ton grimoire...
Bref, c'surtout que je n'ai pas les outils d'analyse du Clephte, pour ça que vous êtes bienvenue... Et les deux jeunots, quelque chose me dit qu'ils nous serons très utiles... Ne serait-ce que parce que l'un d'eux parle shaï et est originaire de Syrinth...
Ensuite, tout dépendra de ce qu'on leur dit de notre affaire...
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Le Merakih 22 Jayar 1511 à 20h09
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| Elle prenait connaissance du dossier en silence, lisait ce que lui tendait l'ancienne sans montrer de surprise quant aux rebondissements de l'affaire.
Un dormant... enfin. Quelle sœur enquêtrice pouvait se targuer de n'avoir un jour rêver avoir à faire avec les légendes équilibriennes, ne serait-ce que pour prouver leur existence.
Les rapports étaient concis, précis, et surtout fiables quand on sait d'où il viennent. Pour une amateur dans le domaine la vieille Lupis n'avait pas à rougir.
Désolée pour votre ami. l ança t-elle sobrement après avoir terminé la lecture.
L'entreprise n'allait certainement pas être des plus simple, heureusement Lowfyr et Terenor continueraient de leur coté. Deux Tchaës de confiance s'il en est, et qui partageraient en temps réel leurs découvertes.
J'imagine que nous ne connaissons rien de plus de ce commanditaire que cette initiale ? Autant vous le dire, il est fort probable que notre voyage soit d'un calme plat. Nous pourrions chercher pendant des mois à Syrinth sans trouver la moindre trace.
Sans vouloir briser l'espoir de sa Soeur, Kal'Ash énonçait ce qui n'était peut être pas évident pour qui n'était pas une habituée des investigations. Les histoires romancées les rendaient volontiers haletantes, mais la réalité était souvent moins attrayante.
Les jeunots... Elle-même n'était pas bien vieille, mais la symbiose lui laissait parfois l'impression d'avoir pris dix années d'un coup. j'ai des doutes mais pourquoi pas. Après tout un interprète de plus ne peut être qu'utile, quoique la coïncidence est intéressante. Vous disiez qu'il vient justement de Syrinth ? L'ancienne Analyste entend bourdonner le signal d'alarme, un Frère ayant des rapports avec l'équilibrium dans une affaire impliquant peut être un Dormant... Il fallait être sous Carnine pour ne pas tirer quelques traits entre les intervenants. Lupis semblait confiante pourtant, trop peut être.
Elle tire sur sa clope avec une expression semi-douloureuse, comme si le résumé lui causait quelques crampes d'estomac.
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Le Sukra 25 Jayar 1511 à 15h32
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| *** Le point à l'horizon grossissait lentement mais surement. On distinguait tout d'abord ce qui ressemblait à une tache verte, bardée de piquants. La tache s'approchant encore (sa trajectoire suivait le chemin venant de Farnya, et semblait résolument se diriger vers le groupe qui était à côté de la station nemen), quelques détails supplémentaires étaient désormais visibles. Les piquants étaient en fait des outils dépassant d'un grand sac. Le sac en lui-même ressemblait à une hotte de vigneron. Il semblait contenir un assemblage hétéroclite d'objets plus ou moins insolites. Le pavillon d'un clairon, des fioles multicolores, une pioche, quelques mètres de corde de différentes matières ainsi qu'un costume de vieux tissu en couronnaient le sommet. Le vert était la couleur des cheveux du tchaë, mais aussi de la hotte et de l'intégralité de sa tenue, du casque jusqu'aux bottes. Ils paraissaient avoir été cousus d'herbes, maintenues vertes par un sortilège ou une potion inconnue (ou peut-être simplement teintes ?). L'ensemble avait l'avantage (et l'inconvénient) de ne pas passer inaperçu sur la route pavée de pierres. Bientôt on put distinguer le visage de l'étrange propriétaire de cet accoutrement. Il rayonnait, et on semblait y lire un enthousiasme difficilement réfréné. ***
HRP : Ce RP se situe chronologiquement après celui-ci : http://www.syfaria.com/forum.php5?f=contrees&s=1530 | |
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Le Vayang 15 Julantir 1511 à 23h35
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| *** Guillo Muganga vit une des deux silhouettes - la plus petite, d'autant plus petite qu'elle semblait légèrement courbée sur sa canne - lui faire un signe de main. En s'approchant, il distingua une tchaë qui portait un visage souriant mais des traits marqués par l'âge, et un jeune homme à la chevelure flamboyante, d'allure nonchalante si ce n'était son oeil qui paraissait être le résultat du travail d'un maître machiniste dirigé par un doyen thaumaturge...On lui avait annoncé qu'il voyageait avec deux huiles de la bleue, dont la réputation avait atteint ses oreilles avant même que sa symbiose ne lui ouvre de nouvelles portes. Sur la première il savait peu de choses, mais la seconde l'avait marqué par son érudition et sa connaissance des plantes. Il se souvenait d'une réponse qu'on lui avait faite alors qu'il cherchait à compléter ses connaissances sur le Crychtiam, fleur qu'il appréciait plus que tout mais aussi ingrédient d'une potion qu'il cherchait à améliorer : « "va donc voir à la bibli si y'aurait-y pas un bouquin écrit par la Baër'Lupis" » . Il s'apprêtait à demander où se trouvaient les grandes naturalistes et humanistes, quand les paroles de la première lui firent comprendre sa méprise...et réaliser que le second était en fait une seconde...Il fit gêné un pas brusque en arrière, rajusta son sac qui laissa échapper une fiole qui se brisa sur le sol, quelques ustensiles et un clairon de cuivre reluisant qui sonna en laissant entendre un hock majeur... ***
« AH, EUH, je veux dire, euh, c'est vous, ah ! oui, bien sûr ! bonjour la viei..euh, mes respects très prolifique soeur de la ... euh...bonjour... »
*** Il dansait d'un pied sur l'autre, déstabilisé... ***
Nganga dit :Veuillez pardonner, Estimée soeur naturaliste, la désastreuse entrée en matière de l'hôte poussiéreux dont je partage la pensée depuis trop peu de temps pour avoir pu, bien lourde tâche pour une si petit moue, bien qu'il faille l'avouer j'ai parmi mes congénères la réputation d'avoir acquis une expression davantage travaillée qu'il semblerait de prime abord que l'on puisse trouver parmi les petits êtres de ma race, bien lourde tâche disais-je donc en prolégomènes à ce qui suit, qui consisterait à inculquer....
*** Ployant sous le flot de pensées de sa prolifique moue, Guillo retrouva sa contenance, et lui coupa la pensée : ***
« Bon, ben maint'nant qu'vous avez rencontré Nganga, qui bien heureusement n'a pô encor'd'bouche, les présentations sont faites, on pourrait p'têt y aller, non ? » | |
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Le Dhiwara 17 Julantir 1511 à 12h28
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| Un sourire étonnamment chaleureux.
Nous sommes honorées de vous rencontrer, éminent frère alchimiste.
La Vieille jeta un regard sur les deux tickets qu'elle tenait en main. Ils ne pouvaient plus attendre l'autre frère. Ce qui n'était pas plus mal, réflexion faite.
Elle suivit les deux autres jusqu'à l'embarcadère, où elle eut un argument quelque peu orageux avec les nemens du dock. Plusieurs invectives à la criée et gestes tempétueux en direction de Bobosse plus tard, et finalement délestée de son second billet, la botaniste rejoint en maugréant ses compagnons de route dans ladite cabine.
Bien, nous y voilà. Installez-vous confortablement, frère Muganga. Ce type de voyage dure tout au moins une pleine journée, pour peu que les conditions météorologiques soient favorables.
Elle toisa le jeune tchaë aux cheveux verts.
Syrinth ne vous est pas inconnue, n'est-ce pas ? Elle l'est pour moi ! Un guide tel que vous, voilà qui nous sera plus qu'utile.
Elle ajouta, en pensée et uniquement à sa soeur Grande Humaniste :
Je suppose que vous me conseillerez de lui en dévoiler le moins possible de cette affaire, n'est-ce pas ? J'ai pourtant tant à vous demander, sur la façon de ... de ... faire comme le Clephte fait si bien. Et mener une double conversation en pensée me gêne quelque peu. Ne pouvons-nous pas nous confier un minimum ? Je veux dire ... regardez-le, il ne casserait pas une patte à une mouche, non ?
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Le Dhiwara 17 Julantir 1511 à 17h04
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| Guillo Muganga admira le calme et les gestes savamment travaillés de la grande humaniste. Il se dit que bien que sa nonchalance feinte cachait sans doute une mécanique de réflexion mieux montée qu'une horlogerie de maître bricoleur, son sang-froid et ses gestes avaient une certaine classe....
« Je vous suis ! »
*** Il ramassa ses ustensiles répandus sur le sol, et se dirigea vers le vaisseau volant en évitant soigneusement de croiser les nemens du regard... ***
Il fut impressionné par la grandeur de l'appareil, qu'il n'avait à dire vrai jamais vu d'aussi près. Il essaya de cacher son trouble, et le semblant de peur mêlé de fascination qu'il n'avait plus ressenti depuis les soirs d'été où il lisait au plus haut d'un arbre non loin de la cité sainte. Il laissait alors pendre une jambe par dessus la plus haute branche qu'il avait pu atteindre pour tester ainsi les paroles de sa mère qui disait : l'équilibre de l'esprit provoque immanquablement l'équilibre du corps. Il le faisait aussi pour la petite pointe d'excitation que seule la découverte d'une nouvelle recette de potion avait égalée depuis. Cela lui avait valu un jour une des plus fortes remontrances qu'il ait jamais connu, et depuis lors il avait craint lors de telles expériences sur le vide les colères de sa mère davantage que les fifrelins...
Puis il jaugea intérieurement les paroles de la grande naturaliste. Que quelqu'un de cet acabit s'adresse aussi chaleureusement à un simple alchimiste était pour le moins surprenant...Il n'en ressentait pas vraiment de fierté, mais se demandait simplement si ces paroles étaient la marque de l'ouverture naturelle de la chercheuse bleue ainsi que de la politesse d'une certaine génération, ou si elles marquaient un intérêt sincère pour le jeune tchaë... Ah ! la symbiose avait de redoutables avantages, dont l'un -et pas des moindres- était de réduire la distance entre les classes fermées de la société tchaë, de même que de rendre davantage poreuses les frontières des bulles...
« Wep ! j'connais ben des passages dans la ville sainte, et j'devrais pouvoir vous guider....Pî avec la symbiose, ce s'ra possible de vous traduire que'ques phrases de shaï sans qu'vos intrélocu...intercolu...enfin, ceux à qui vous parlez s'en doutent ! »
Nganga dit :Interlocuteurs, mais ne me remercie pas c'est tout naturel
Ignorant la pensée de sa moue, il se garda bien de rappeler le nombre des années passées depuis son départ de Syrinth... Il savait bien que son lieu de naissance et la langue qu'il avait apprise de sa mère avaient bien plus fait que ses talents d'alchimiste et ses innovations en distillerie pour lui offrir cette place en aussi bonne compagnie. Il n'avait pas hésité une seconde quand la proposition lui avait été faite. Il fut juste surpris qu'il n'y ait pas d'autre symbiosé parlant shaï comme lui, et connaissant un peu la ville, et s'était demandé si son boniment avait été si efficace ou si ce choix cachait autre chose qu'il lui fallait découvrir. En tout cas, si son rêve de revoir Syrinth lui apparaissait plus proche que jamais, il n'en oubliait pas pour autant, avec sa roublardise habituelle, à chercher quel avantage il pourrait en tirer !
« Et si y a besoin d'chercher que'que chose dans la forêt, faut pas avoir peur des fifrelins, j'sais trop bien les éviter ! Y aura besoin ? »
*** Il prononça cette dernière parole avec le même air détaché et fanfaron que le reste, un sourire sincère lui fendant le visage qui malgré son air bravache gardait un aspect juvénile... *** | |
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Le Luang 18 Julantir 1511 à 21h38
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| Sur le pont supérieur étaient généralement les suites, les cabines les plus somptueuses. Une manière pour les gens fortunés de faire étalage de leurs moyens, histoire pour quelques chanceux narcissiques d'être aux premières loges, immanquables.
C'était justement pour échapper aux regards que le pont inférieur était un meilleur choix. L’enquête serait délicate, l'ancienne avait expliqué avoir contacté les plus hauts autorités de Syrinth, prétextant une banale excursion symbiosée et jouant avec une certaine habileté avec les clichés Fraternel. Le groupe de scientifiques en randonnée exploratoire pour une quelconque recherche botanique. Plausible étant donné le champ d'expertise de la Lupis, mais aucune des deux n'était dupe de la naïveté équilibrienne. Très réduite dans le meilleur des cas, probablement inexistante en vérité. L'idée était donc de savoir si la curiosité des dignitaires serait plus forte que la méfiance.
A défaut de se fondre dans le décors, ils devaient donc paraitre ordinaires et se contenter d'une commune mais honnête chambre sur le vaisseau.
Dès leur entrée Kal' balance ses affaires sur la première couche, et range dans un coin la jute contenant pétoire démontée et munitions. "Pas de matériaux dangereux à bord" avertissait un écriteau sur le tarmac. Les pauvres, si ils savaient...
Elle restait à priori silencieuse, laissant l'ancienne faire aimable conversation avec le Frère. Elle ne regardait même pas dans leur direction, ce qui est définitivement plus discret en conversation mentale .
Ceux qui ne cassent pas de pattes à première vue sont souvent les pires. Cependant je n'aime pas l'idée d'emmener quelqu'un en mission sans qu'il n'en connaisse un minimum, ne serait-ce que pour éviter quelques impairs. De plus nous aurons largement assez d'anonymes auxquels nous méfier sur place. Autant maximiser la cohésion dès maintenant.Pensa t-elle à la vieille.
Sans préambule et en oblitérant totalement la conversation en cour elle lança comme on jette un pavé dans la mare :
Vous pensez que la pègre aura beaucoup évolué depuis votre départ ? assène t-elle, tonitruante, en plongeant son unique œil dans ceux de Muganga. Tenter d'y déceler une lueur, un sursaut de gène, un aveux, un mensonge à venir, n'importe quoi. Il lui fallait savoir sur qui compter en cas de besoin et également si d'autres talents ou capacités pouvaient s'adjoindre à la maitrise du Shaï et la connaissance des bonnes tables de la ville sainte.
Une sensation étrange, estomac qui remonte, quelques fourmillement dans les membres, la pièce penche. Le vaisseau vient de prendre son envol.
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Le Matal 19 Julantir 1511 à 14h30
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| La question du jeune alchimiste fit sourire la Vieille. Alors que le vaisseau entamait son ascension céleste, elle sortit une cahier couvert de terre qu'elle posa à côté d'elle.
Je ne m'en fais pas pour les fifrelins. A vrai dire, je ne m'en fais pour rien qui habite Hatoshal, à moins que nous n'allions trop vers l'est, ce dont je doute.
La question de sa collègue lui fit reprendre son sérieux.
Il s'avère que là où on vous emmène, frère Muganga, les dangers ne viendront pas de rejetons mineurs, dont nous vous défendront par ailleurs mieux que quiconque en la Fraternité, j'en suis sûre...
Une pause d'un instant, durant laquelle elle contempla le plafond de nuages qu'ils s’apprêtaient à rejoindre... Une Mission. Tels avaient été les mots télépathiques de l'Humaniste. Elle employait le même, pour ses expéditions naturalistes. Pour autant, quels étaient les points communs entre les deux ?
Non, les dangers viendront plutôt de la poussière... En fait, cette recherche botanique en forêt, dont je vous ai parlé ... c'est un genre de ... prétexte, à autre chose...
La vioque ne semblait, en toute apparence, pas du tout dans son élément. Plus qu'une gêne réelle, c'était une incapacité profonde à formuler clairement ce dont il retournait, tant le sujet semblait éloigné de ses propres spécialités. Elle jeta un regard vers sa Soeur, qui elle ne la regardait pas, en enviant sa propension à entrer franchement dans le vif du sujet, et à maîtriser tel un prestidigitateur les notions de relations factionnelles et autres profondeurs de la société poussiéreuse.
De gestes nonchalants, elle grattait de son ongle la boue qui tapissait l'épais cahier ; celle-ci se répandait en miettes à leurs pieds, sur le parquet craquant du navire volant.
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Le Merakih 20 Julantir 1511 à 11h40
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Ichifa arrivait au loin, très essoufflé d'avoir couru. à mesure qu'il s'approchait on pouvais voir les signes de sa faible habitude à courir.... si on regarde dans sa direction ! Car alors qu'il approchait il s'apperçu que tout le monde était en train d'embarquer ! Il piqua un sprint et arriva juste à temps pour être le dernier embarqué. Après quoi il rechercha à bord ses compatriotes puis une fois qu'il fut présent et qu'il eu repris son souffle il dit :
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« dé...désolé d'arriver si tard. J'ai attendu que soeur bertille termine de l'équipement pour moi. Je suis prêt maintenant. »
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Bien qu'habillé assez légèrement au moment Ichifa portait un gros baluchon qui laissait voir tout un fatras. Visiblement il ne voyageais pas léger.
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Le Dhiwara 14 Agur 1511 à 12h34
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| Pour quiconque aurait aimé une arrivée discrète en Hatoshal, il était évident que les Navires Nemens n'étaient pas le moyen le plus adhoc.
Lorsque le Transport amorçait sa descente progressive vers la clairière, son nid d’atterrissage au milieu de la forêt d'Hatoshal, c'étaient tous les environs qui levaient yeux, antennes ou mandibules vers les cieux, guettant l'énorme carcasse.
Et dans les-dits alentours, il était assez fréquent qu'une paire d'yeux de Surveilleur fasse partie du lot.
Se poster dans les alentours proches de la Guitourne était effectivement un moyen simple de contrôler les arrivées et départs les plus fréquents sur le sol de l'Equilibrium.
Arktus fut dont tiré de sa rêverie monotone par l'arrivée d'un nouveau vol.
Être de garde à la Guitourne n'était pas des plus passionnants. Plutôt reposant même, les gardes Nemens s'occupant eux même, et avec une certaine facilité il faut bien l'avouer, de tout ce qui trainait dans le coin ayant un peu trop de muscle,crocs ou appendices douteux.
Comment s'octroyer une semaine de repos du guerrier en quelque sorte.
Le Navire s'immobilisa progressivement au sol, les amarres furent fixées, puis son déchargement commenca.
Passagers d'abord, marchandises ensuite. Il y avait -encore- une -inaliénable- caravane de la Confrèrie. Un groupe de marchands équilibriens revenant de Farnya. Et peut être les 'clients' d'Arktus.
Il fallut attendre que le petit monde ne se disperse avant qu'il ne puisse repérer un 'petit' groupe pouvant correspondre à la description de ses cibles.
Arktus avait beau être lui même un tchaé, il ne pouvait s'empêcher chaque fois de s'amuser de la surprise et désorientation des étrangers, et particulièrement des tchaés du Désordre, à leur arrivée en Hatoshal. Dans cet environnement, la petite taille naturelle de ceux ci rendait encore plus éclatante la majesté et grandeur de la nature environnante.
Des arbres parfois haut de plusieurs dizaines de mêtres, vieux seigneurs de forêt encadrés de troncs plus jeunes, au sol, un amas de broussailles, fougères et arbustes rendant impossible la vision à plus de vingt mètres, des lianes pendant depuis la canopée, et partout, partout, ces bruits de forêt et de vie alors même que rien ne demeurait visible aux yeux des visiteurs non avertis.
L'ensemble formait une végétation dense, massive, quasi titanesque.
Les sentiments inspirés allaient du respect à la crainte. En passant par toute une palette d'émotion. Mais il était difficile de dire ne pas être affecté par le spectacle environnant.
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Calmement, Arktus utilise les branches et les lianes pour descendre de son perchoir. Avoir une bonne vision d'ensemble et être hors de portée des prédateurs au sol = trouver un nid confortable pour y passer une semaine de guet. Logique.
Le Surveilleur attend que le groupe se mette en marche pour se rapprocher d'eux. Discrètement comme à son habitude mais sans plus. Sa mission n'est pas de leur faire peur.
La tchaé qui ouvre la tête du groupe le remarque en premier. La première chose qui passe l'esprit d'Arktus en détaillant cette première représentante du désordre est 'WTF?' suivie de ' Toi, déjà Syrinth c'est grillé'.
L'ensemble métallique qui lui cercle le visage et l'arme qu'elle transporte négligemment à bout de bras la condamne quelque peu...
Mais bon, il est là pour une raison précise. Levant le bras en guise de salut, il se lance dans un discours préparé d'avance :
''Om'shir. Bienvenue sur les terres équilibriennes. Mon supérieur, le Preux Heltaïr vous transmet son salut ainsi que ceci.''
Sortant un ensemble de parchemins reliés entre eux de sa gibecière, il les tend vers le groupe.
''Ce sont vos Titres de Déambulation. Ils vous permettront de circuler librement sur nos terres et permettront de justifier de votre présence à quiconque vous le demandera.''
Le temps de finir son petit blabla déblatéré d'une traite, le groupe est aggloméré devant lui et il est presque soulagé de constater que les autres ont une apparence plus... 'normale'.
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Le Luang 22 Agur 1511 à 21h27
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| Elle baladait un œil blasé sur l'hatoshal. Ce lieux consacré, surement quasi-saint pour les locaux avait effectivement quelque-chose de grandiose. Résistant à une sempiternelle approche pragmatique du genre " une forêt est une forêt " elle montrait à ces bois mystérieux cette indifférence désormais presque naturelle. Car si quelques années auparavant elle aurait aligné les superlatifs, ses grands yeux écarquillés devant la beauté et le gigantisme relatif des arbres les escortant jusqu’à la ville, elle affichait désormais une attitude désabusée, savamment travaillée et retravaillée.
Un individu s'approche. Probablement autochtone. Certainement pas là que pour chercher des champignons.
Arrêtant la marche elle laisse le tchaë arriver jusqu'à eux et dans un signe subtil de quiétude relâche son emprise sur les poignées de l'absurde chose de métal, qui, prestement semble se ratatiner d'elle même dans un concert de cliquetis et autres grincements métalliques avant de finir comme happée dans le dos de l'ingénieure. Presque diminuée de moitié, l'extravagant canon ainsi sanglé en un étrange agrégat métallique paraissait beaucoup moins menaçant.
Elle ramasse le morceau de parchemin que lui tend celui qui se présentait comme le subalterne d'Heltair sans y prêter attention.
L'individu n'est à l'évidence pas habitué aux machineries Fraternelles, mais sa réaction n'a rien de surprenant, rien d’intéressant non plus d'ailleurs.
Les présentations étaient-elles nécessaires ? Visiblement le sous-fifre avait su les reconnaitre.
Vous semblez savoir qui nous sommes et vous ne vous êtes pas présenté. Vous avez une longueur d'avance.
Loin de constituer un compliment destiné à flatter l'équilibrien, l'affirmation visait à mettre en exergue l'inégalité de l'équation. Le tchaë aurait certainement à cœur de rétablir l'équilibre.
Rencontrerons nous le Preux Heltaïr avant notre arrivée à la ville ? demande t-elle, bien consciente de faire attraction à l’intérieur des murs et probablement jusqu'à quelques convergences psychiques. Quitte à montrer pattes blanches autant le faire avec un interlocuteur de poids.
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Le Luang 5 Saptawarar 1511 à 17h55
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| Dès qu'elle eut posé un pied dans la forêt d'Hatoshal, les tchaës s’affairant autour de la botaniste disparurent. Certes, elle pouvait reconnaitre du premier coup d’œil chacune des essences singulières qui suaient leur sève autour d'elle, aussi nombreuses soient-elles. Certes, il aurait fallu pénétrer au cœur de la forêt pour éventuellement rencontrer des spécimens qui auraient éveillé sa curiosité scientifique. Certes, elle connaissait Hatoshal. Relativement bien.
Mais la simple présence de cette luxuriante végétation, l'amalgame de pollens qui chatouillait ses narines, et l'humus si fort qu'il rendait l'atmosphère moite, tout cela lui fit oublier la raison de sa présence en ces lieux.
Ce n'est qu'au bout de quelques minutes qu'elle réagit.
Oui, Heltair... Appelons-le.
Elle tendit son esprit vers celui du Preux du Crépuscule -qu'elle commençait à connaitre, maintenant.
Nous sommes arrivés. Pouvez-vous nous rejoindre ?
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