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Le Dhiwara 26 Jayar 1511 à 20h48
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| Depuis le temps qu'elle en parlait, Ataraxine s'était enfin décidée à quitter l'Equilibrium pour aller visiter le pays des Hauts-Rêvants. Son nêhre lui avait laissé entendre qu'il apprécierait de faire le voyage avec elle. L'idée lui plaisait bien : quelle meilleure compagnie pour ce périple qu'un Élu aguerri aux voyages et au commerce inter-faction ? Mais Ataraxine était impatiente, comme toujours, et malgré les tentatives de Pyrhon pour tempérer son ardeur et ses ronchonnements, elle trouva qu'Enialix traînait un peu et entreprit de prendre un peu d'avance (la télépathie les aiderait bien à se retrouver sur la route).
Le soleil était déjà bien haut dans le ciel ce matin-là quand elle se tourna une dernière fois vers Syrinth avant de s'enfoncer dans l'Hatoshal en direction de l'ouest, à travers cette merveilleuse pénombre sylvestre traversée de rais féériques, si inquiétante pour les visiteurs des autres factions, mais si rassérénante pour tout Équilibrien. Elle marchait d'un bon pas et transpirait déjà un peu sous son barda et dans ses vêtements déjà défraichis. Elle se dit que, puisqu'elle avait une longueur d'avance, elle en profiterait peut-être pour faire une halte près d'une mare pour y prendre un bain (le printemps est une bonne saison pour prendre un bain). Mais pas avant d'avoir déjà bien avancé dans la forêt et de se sentir vraiment partie pour le grand voyage.
Hauts-Rêvants, me voilà ! s'exclama-t-elle pour elle toute seule, dans un nelda douteux, avec un accent à couper au couteau.
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Le Luang 4 Julantir 1511 à 21h24
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| Enfin Jypska ! Elle avait aperçu ses lumières en campant la veille aux pied des collines. La ville n'était plus très loin et Ataraxine savait maintenant précisément la direction à prendre le lendemain. Impatiente de pouvoir enfin visiter une ville étrangère, elle dormit mal et se leva avant l'aube pour entamer la dernière partie du voyage.
Le ciel nocturne bleuissait peu à peu à l'approche de l'aurore, la brume était levée et de la cité rêvante elle n'apercevait que quelques lueurs fantomatiques. Au sol, la prairie avait cédé la place à une terre ocre et poussiéreuse. Avançant à travers un brouillard féerique, mâchonnant un bout de tabac, Ataraxine avait l'impression tout en s'éveillant de pénétrer dans un rêve. Le songe d'une étendue plate à la végétation rase, d'étoiles alanguies dans l'air ouaté.
La farfouilleuse avait effectivement la tête ailleurs. Elle aurait dû percevoir le danger. Elle entendit juste des lianes fouetter l'air pour s'enrouler autour de ses jambes et de ses bras, la déséquilibrant, la faisant chuter, la tirant au sol. Elle fit mine de se débattre, mais déjà le poison de mandragora faisait son effet. Elle s'engourdissait. Ce rêve était plutôt un cauchemar.
*** ***
Après quelques instants d'étourdissement, elle se ressaisit. Elle était toute proche d'une grande cité, ce n'était pas l'endroit pour périr sous les coups d'une s'sarkherie de pâquerette pervertie !
Mais dans les brumes, avec la tête qui lui tournait, elle ne savait situer la racine de la plante, le cœur à extirper. Elle tenta de se relever pour regarder autour d'elle mais n'y parvint pas, restant étendue sur le sol, emberlificotée dans les racines de mandragora.
Elle se souvint soudain qu'il y avait deux personnes de sa connaissance qui se trouvaient peut-être dans ces parages, avec un peu de chance, et qui pourraient dans ce cas lui porter secours. Elle leur envoya un message de détresse puis perdit connaissance.
*** ***
Elle était encore engourdie quand elle reprit connaissance. Elle constata que Celegórn et Kallinor avaient accouru et tué la vilaine plante. Sans doute pas un grand exploit pour des voyageurs aguerris, mais Ataraxine s'était quant à elle bêtement laissée avoir.
Le couple l'aida à se dépêtrer des restes végétaux suintants. Elle les remercia, avant qu'ils ne la quittent un peu abruptement pour aller vaquer à d'autres affaires, la laissant assise sur la terre ocre, un peu hébétée.
La brume s'était dissipée, la cité rouge s'étendait devant elle sous le ciel azur. Enfin ! | |
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Le Matal 6 Saptawarar 1511 à 22h50
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| Ataraxine avançait maintenant dans les Bois bleus, tout en bougonnant un peu.
Pyrhon dit :Tu te laisses troubler par des broutilles, Ataraxine.
Pyrhon sortait de son taciturnisme habituel, et c'était pour la sermonner...
Des broutilles que t'appelles ça ? Je me tue à essayer d'arrondir les angles avec une Rêvante qu'a mal pris de se voir claquer la porte de Syrinth au nez, et v'là l'autre engourdi de graine de 'taku qui déboule et qui fait l'émeute dans Jypska alors que tout le monde lui a dit que le tapage c'est pas très apprécié, et ça finit en eau de boudin, et je devrais faire comme si de rien était ?
Elle avait retenu son agacement et même sa colère tant qu'elle était dans la capitale des Hauts rêvants, et même après, mais cette fois-ci c'en était trop, ça allait sortir, ça allait exploser.
Je distribuerais bien quelques claques si je m'écoutais, tu vois... Mais à qui je les file, hein ? Au Mirgahal qu'est déjà retourné au piliers ? Aux gardes qui n'ont pas su s'empêcher de lui cogner dessus ? À mon nêhre pour avoir amené ce brillant collègue avec lui ? Aux pages qui ont mal transmis les consignes de l'arch'rhon ? Hein à qui, dis-moi ?
Sa colère éclata en un grand cri, un hurlement de rage tout au fond des bois. Elle s'égosilla jusqu'à en perdre haleine, alignant juron après juron. Et puis il y eut un grand calme dans toute la forêt, troublé seulement par les halètements de la farfouilleuse qui reprenait son souffle, lessivée mais apaisée.
Puis Pyrhon brisa le silence :
Pyrhon dit :Tu vois, Ataraxine, quand quelque chose ne va pas, au lieu de le laisser macérer au fond de toi, il vaut mieux le laisser sortir une bonne fois pour toutes. Après tu en es libérée. Sinon ça te travaille pendant des semaines et ça prend des proportions énormes. Essaie de t'en souvenir la prochaine fois... | |
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