Les Mémoires de Syfaria
L'île de Syfaria

L'incroyable Odyssée

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Sujet lancé par Batyias
Le 24-10-1511 à 23h42
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Posté par Syrtaï'Nhymurtayag Varoga,
Le 29-10-1512 à 16h19
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Antiorn

Le Luang 22 Otalir 1512 à 18h07

 
Évidemment, lorsque des artefacts anciens apparaissent au nombre de Six, un confrère ne peut que faire le rapprochement. Le Gardien des morts l'avait confirmé. Ils étaient en présence des Six et c'était eux qui allaient terminer le tout, pour le meilleur et pour le pire. Un fil imprévu de la pelotte qui restait toujours aussi dense et insondable. Ironie du sort...

Chaque décision de cette expédition le pèse.
Ils décident du sort du monde à l'aveuglette.
Que peuvent-ils faire d'autre ?
À l'heure qu'il est, les effluves doivent parvenir à la côte.
Lerth, Jypska, Korsyne...
Le Temps leur file entre les doigts.

Le temps nous est compté. Nous devons trouver le moyen le plus rapide d'accoster le S'sarkh, selon moi. Et je devrai accompagner Nelle de près. Molor pourra intervenir s'il advient quoi que ce soit à Knüt. Je ne suis pas habituellement un partisan de l'approche frontale et ne souhaites aucun mal à ce brave mou, mais nous travaillons ici avec des contraintes et le succès de notre entreprise est vital pour notre monde et ceux que nous avons laissé sur la terre ferme.

Le plus tôt nous trouvons un moyen d'interagir avec le S'sarkh, la plus grande parcelle d'île il nous restera à sauver des effluves que nous avons relâchées.


N'est impossible que ce à quoi on se défend de rêver...

 
Umbre

Le Luang 22 Otalir 1512 à 18h58

 
Umbre avait écouté. Puis il n'avait plus écouté. Les mots, trop nombreux, s'effilochaient dans son esprit pour ne devenir rapidement plus qu'un tas indigeste de notions et de concepts. Certaines choses, néanmoins, ne lui échappait pas. Malgré sa vague rêverie, certaines images germaient dans sa tête. Et c'était avec des images qu'il fonctionnait, davantage qu'avec des idées pures. Certaines choses en particulier retenaient son attention. Quelques propos de Nelle, là, à l'instant, et ceux du croque-mort nain. Dont le regard ne lui avait pas échappé. Le Masque finit par prendre la parole.

Si j'ai appris quelque chose au cours de ces années sur Syfaria c'est que un : la volonté est essentielle.
Et que de deux : la trame de la réalité est une symphonie. Là, la symphonie est en train de prendre des mauvais airs de requiem sinistre.
Avec la volonté suffisante et avec ces artéfacts, nous pouvons composer une mélodie qui nous conviendra mieux.
Je pense là, surtout, dans l'urgence, à empêcher Syfaria de se faire submerger par un typhon d'effluves.
Mais je pense aussi à la façon de communiquer avec le S'sarkh.


Il jeta un coup d'oeil appuyé à Ylmidan.

Si le Poinçon est en résonance avec les artéfacts. Le Luth l'est sans doute aussi.
Et jusqu'à preuve du contraire, les Obsessions sont comme les huit cordes de cet instrument fantastique.
Je me propose d'essayer d'en jouer. Puisque je suis rentré en symbiose avec elles.
Ensuite, par ce biais, d'atteindre les artéfacts.

Et d'essayer, tous ensemble, de recomposer la symphonie du monde.
Avant que de monde, il n'y en ait plus.


Son regard s'attarda sur chacun des protagonistes. Ceux qui avaient pris la parole. Quelques autres.
Il n'y avait plus beaucoup de temps. Mais le temps d'une réponse, oui, il y aurait toujours.

La magie de la musique lui semblait plus douce et subtile mais tout aussi puissante que la sorcellerie vulgaire de la Poussière.
Il espérait que Nelle et Antiorn, au moins, comprennent là où il voulait en venir.



Un visage est-il un masque de comédie posé sur la tragédie de l'âme ?

 
Antiorn

Le Luang 22 Otalir 1512 à 20h23

 
Enfin le Malsque daignait apporter son grain de sel.
Car c'est exactement sur ce genre d'idée qu'Antiorn rebondissait le mieux.
Et en ce moment il avait besoin d'autre chose pour le nourire.
De la musique, en somme.

Il appuie donc les dires de son compère d'un hochement appuyé de la tête et s'addresse aux autres.

Oui. Nous assumons qu'il nous faut accoster le S'sarkh alors qu'en fait, il nous faut entrer en communication avec lui. Voilà un plan que nous pouvons tenter en nous approchant, mais sans fouler la bête.

Des preneurs ?


N'est impossible que ce à quoi on se défend de rêver...

 
Nelle

Le Merakih 24 Otalir 1512 à 18h50

 
Le spectacle du S'sarkh, majestueux dans son immensité et sa tranquillité, laisse Nelle silencieuse et éblouie, sur la proue du navire, durant les dernières heures qui voient leur voyage parvenir à son terme...
Le S'sarkh...
Quoi qu'il advienne par la suite, Nelle sait que cet instant restera gravé dans sa mémoire comme un intense moment d'émotion.

Puis lorsqu'il s'en sont suffisamment approchés, vient le moment de décider de la suite...

Le sarcasme dans la question de Vorondil n'échappe pas à Nelle, mais la jeune propage a d'autres préoccupations que d'en chercher la cause, et encore moins de s'abaisser à y répondre.
Pendant que les uns et les autres s'expriment, elle observe les flux...

Puis, au lieu de donner son avis, elle interroge son mou, présageant que ses connaissances issues des Préservateurs lui permettront peut-être d'avoir un avis tangible sur la question de l'abordage :


Knüt, quelle approche ou accostage du S'sarkh préconiserais-tu, au vu de tes connaissances sur lui : y a t-il un endroit où nous pouvons accoster de préférence, voire peut-être un lieu fait pour ça ?

Knüt fouille.
Nelle perçoit qu'il a un peu "mal au crane", que la proximité du S'sarkh semble perturber son lien avec toutes ces connaissances.
Rien de grave pour le moment, mais la propage espère que les "pouvoirs" récemment acquis de son mou ne tomberont pas "en panne" au moment le plus crucial...


Knüt dit :
J'crois qu'il vaut mieux pas "l'agresser" d'une quelconq' façon.
Sarkhounet a des systèmes de défense, visiblement très efficaces, qui sont assez sensibles.
Donc vaut mieux pas foncer dans l'tas, quoi...
Moi j'dirais qu's'approcher au plus près, avec le navire, est la meilleure option.
L'navire semble aussi "vivant", j' sait pas pourquoi, mais le S'sarkh le crains pas.
C'est l'une des raisons, en plus de ce qu'on a fait pour être "invisibles", qui fait qu'on est arrivés jusqu'là.

J'perçois pas d'endroit particulier pour accoster. Pas d'accessible en tous cas.
Il faut s'approcher au plus près... et...heu... "toucher" le S'sarkh... ?
C'est tout ce qu'je ressens, j'sais pas trop si c'est un lien physique ou mental... ou les deux...


Est-ce que l'utilisation de la sorcellerie si proche, ou une fois en contact avec le S'sarkh, peut provoquer des réactions de sa part ?

Cette fois, Knüt répond du tac au tac :

Knüt dit :


Ouais, graaave !
Ca risque d'être perçu comme une agression... une altération d'la réalité pas très bienv'nue !


Nelle hoche la tête, guère surprise, et ajoute :

En plus de ça, je viens d'observer les flux... ou plutôt leur absence : les flux n'existent pas, ici.
Cela signifie deux choses possibles : soit il y a une telle abondance de puissance que je ne les vois pas, baignant totalement dedans... si c'est le cas, toute manipulation du réel sera sans doute amplifiée grandement, avec probablement autant d'effet retour...
Soit il n'y a pas de flux, et le lancement de sort, pour avoir un effet, affectera le corps du lanceur, voire de nous tous, puisant directement dans notre propre énergie vitale.


Nelle s'abstient d'ajouter la moindre consigne, et donc de tyranniser une fois de plus les apprentis sorciers du groupe : chacun fera bien ce qu'il veut de son mana, en son âme et conscience.

Au lieu de ça, elle demande à nouveau à Knüt :


Et maintenant que tu es devant le s'sarkh, est-ce que des informations plus précises te viennent quant à l'utilisation des Six pour arrêter la corruption ?

Knüt dit :
Heu...nan...
J' vois pas...
Enfin...Ssarkhounet est visibl'ment une créature intelligente.
Il doit bien savoir qu'il souffre. Et qu'on vient pour l'aider. On vient bien pour ça, hin ?
Aussi pour sauver nos miches, maint'nant, mais à la base, c'était bien une mission human... ssarkhanitaire ? Hu hu...

Alors j'pense que c'est lui qui d'vrait, si un lien "utile" est effectué, procéder à... heu... un interfaçage... L'tout est de bien établir un contact "intelligent" et "intelligible", non agressif et tout, et hop ça d'vrait aller comm' dans du beurre.
Et de c'point d'vue là, l'truc de Brebre m'semble être une bonne idée, vu qu'il est d'jà en symbiose avec les Obsessions, qui sont effectiv'ment une interfaces.


Nelle hoche la tête en se tournant vers Umbre et Antiorn :

Pour moi, les deux approches, les deux formes de contact, ne sont pas incompatibles, voire au contraire même complémentaires...

Et soudain, elle aperçoit Crooot et Lyne prenant leur envol vers le S'sarkh, dans les griffes des dragons qui les accompagnent depuis l'île !
Au moins, un contact physique semble bien se préparer... et soit pour l'adoucir, soit parce que nelda et la petite témoin feront office d'ambassadeurs, Nelle regarde Umbre en songeant qu'il n'y a plus à tergiverser...


 
Narrateur

Le Merakih 24 Otalir 1512 à 23h15

 
***

Sur Syfaria.

Les effluves déferlent.
Elles sont partout. Dans les plaines, les montagnes, les champs.
Les villages, évacués à temps suite à des ordres donnés par les dirigeants des factions, sont totalement détruits.
Rapidement, sans aucune pitié ni sentiment, la rage des Effluves fait place nette.

Elles attaquent aussi les animaux ou créatures, et même les rejetons.
Tout ce qui vit...

Pour l'instant, aucune ne pénètre dans les cités viables.
Elles rodent autour, frappant les murailles, cherchant à les détruire.
Elles y arriveront.

Ce n'est qu'une question de jours...



Sur le bateau.

Le Capitaine Krépion a saisi le souci.
Aborder le gros machin.
Pas simple, sans doute la tâche la plus ardue de toute sa vie maritime.
Il donne des ordres.
L'équipage, surentrainé et surmotivé, réagit à la perfection.
Malgré les vagues énormes, il manœuvre le navire pour qu'il se rapproche au plus près.
De plus en plus près.

Alors Crooot et Lyne s'envolent...



Ils filent rapidement vers l'immensité.
Les dragons ne semblent pas avoir peur, ni même hésiter.
Ils montent, montent, et montent encore.
Un bon kilomètre de haut.
Vertige...

Les poussiéreux, symbiosés ou non, sentent tous et toutes une présence.
Dans leurs esprits.
Un sentiment de curiosité innocente. Bienveillante.
La sensation est absolument délicieuse.
Comme d'être touché par une brise un beau matin frisquet.
Comme d'écouter le bruit des feuilles qui tombent un soir d'automne.

Comme d'être regardé par un Dieu...

La navire est tout près.
Krépion doit faire un choix.
S'il s'approche plus, il risque de briser le navire contre le S'sarkh.
Celui-ci ne sentira rien, mais eux seront alors évidemment en très mauvaise posture.
Mais s'il ne le fait pas, impossible pour les poussiéreux de toucher le géant.
Le frôler est possible. Risqué. Quasi improbable.
Mais possible.

Crooot et Lyne descendent doucement vers le sommet presque plat.
Ils ne sont plus visibles.
Eux aussi doivent faire un choix.
Les dragons hésitent à les déposer.
Comme s'ils sentaient un danger à le faire comme ça, sans plus de précaution.
Ils attendent à quelques dizaines de mètres au dessus, attentifs à la volonté de Crooot.

***


 
Umbre

Le Julung 25 Otalir 1512 à 17h52

 


Tout est musique.

Du premier cri du nouveau-né au soupir d'un dieu.
Il y a de la marge, entre les deux. Mais moins qu'on croit, très certainement.
Si court. Les années de Ruche ne sont pas si loin. Cligner des yeux. Être là, face à ça.
Tout est allé si vite. Il y a un trait d'union, ceci dit.

La musique.

La musique et la souffrance.
Naître poussière est un calvaire. Le redevenir l'est certainement. Vivre entre les deux aussi, parfois.
Et être un dieu ne doit être ni plaisant ni facile tous les jours.
C'est épuisant. Tortures sur tortures. Mais il y a des moments de belles félicités.
Pour ne pas parler des petits riens si multiples.
Un sourire. Un regard. Un baiser.
Le vent du désert.
Le goût du sel.
Un secret dévoilé.
Des applaudissements.
Et la lumière qui s'éteint, rideaux.

Oui.

Finalement, il est ce qu'il en est.
Les Six, le S'sarkh. Il aura accompli sa destinée. Sa quête.
Chercher et trouver le Mystère.
Il ne reste qu'une chose à faire. Pas des moindres.
La pièce de théâtre touche à sa fin.
Il faut partir avec panache. Brio.
Avec amour, aurait dit l'autre.

Le Masque ferme les yeux.
Il ouvre son esprit à tout et tout le monde.
Les chuchotements de la symbiose. Les errances d'un dieu.
Les caresses du monde. Communion, connexion.
Mieux : une invitation.

A un spectacle, peut-être.
Il sort son violon. Son violon d'Ingres....

" Il faut jouer, Umbre. Jouer à la perfection.
Jouer comme si c'était la dernière.
"

La dernière, sans doute.
Jusqu'à la prochaine...


*

Chercher en soi les énergies primordiales.
Les âmes secrètes qui dorment au fond. Les âmes anciennes.
Les âmes souffrantes, elles aussi. Les réveiller, doucement. Leur effleurer les sens.
Avec un parfum. Une odeur. Une pensée. Avec une musique.
Les inviter à la plénitude, au souvenir.



Mélancolie. Douce mélancolie.
Des éons en une seconde. Des horizons dans le regard.
Le monde dans la paume de la main.

Un feu éternel.
Pour éclairer les ténèbres.
Pour animer les ombres.
Pour réchauffer.
Le sang.
Les coeurs.
La putain de vie.

Cordes éthérées d'un instrument merveilleux.
Les pincer, les toucher, les frôler.
Jouer du Luth.

Enfin.

Jouer du Luth.
Comme on créé.
Comme on baise.
Comme on rêve.

Jouer du Luth.

Sur la symphonie de la création.
Pour charmer l'oreille d'un dieu.


Un visage est-il un masque de comédie posé sur la tragédie de l'âme ?

 
Crooot

Le Julung 25 Otalir 1512 à 18h05

 
Crooot se sent pris d’empathie pour ces kilomètres de sentiments confus.
Il n’a sur lui rien qui puisse être pris pour une arme et ne ressent aucune agressivité à l’encontre du titan.
Il fait signe aux dragons de le déposer, lui et Lyne sur l’insulaire mastodonte.
Une fois sur la chair ferme le nelda se sent submergé de vagues de sensations trop fortes, trop grandes pour lui.
Sa première réaction est de tendre la main vers Lyne qui subit le même raz de marée de perceptions.
Crooot n’est pas un érudit, un savant ou un chercheur.
Il est incapable de raconter avec une rhétorique parfaite l’histoire de Syfaria, des différents plans d’existence, de la magie des flux ou des piliers de poussière.

Crooot est un artiste. S’il sait faire quelque chose c’est aimer ses amis et dessiner.

Le nelda, s’accroupit, éventre son sac pour en déverser le contenu à ses pieds.
Dans une volée de pages et de feuillets emportés par le vent du large, il aligne ce qui lui reste d’encre, de peinture et de craie.
Il entreprend alors les grandes lignes d’une immense fresque sur le dos du S’sarkh.
Une fresque qui témoigne benoitement des bons sentiments du nelda.
Il retrace son passage sur ce monde.
Ce qu’il en a compris.
Ce qu’il en a retiré.
Ce qu’il a aimé.
Cette deuxième chance depuis le pilier où il est revenu.
Le dernier chapitre de son histoire.
Le meilleur chapitre à ses yeux.
Il fait une une première pause pour reprendre son souffle.
Il a couvert de couleurs plus de cent mètres carré.
Lyne lui tend ses couleurs en riant.
Le vent leur porte une musique pleine d'une humanité touchante.
Il se remet à la tache pour narrer la suite :
Son passage sur Syfaria.
Sa renaissance.
Sa rédemption.



 
Krepion Loudmer

Le Julung 25 Otalir 1512 à 19h47

 
*** Le S'sarkh...
La terreur des marins.
Après Thanakis, bien sûr, pour ce qui concerne Krepion Loudmer.
Car malgré tout ce qu'on dit sur lui, cette brave grosse poiscaille ne peut pas vraiment être aussi mauvaise que la sorcière bleue !
Mais bon, le S'sarkh, tout de même.

Et pourtant, l'idée de s'enfuir à toute jambe n'effleure même pas le vieux marin.
Au contraire, il ressent même un étrange bien-être...

Comme quoi, sa réputation est terriblement surfaite.
Tsss...

Krepion a suivi, mais n'a pas compris grand chose aux discussions sur la conduite à tenir.
Enfin si, il a perçu l'idée qu'il fallait s'approcher encore du gros hareng, mais gentiment, avec douceur et délicatesse.

Une tâche à sa mesure, ah ah !
Pourtant, si en tant qu'être le vieux marin alcoolique n'est pas vraiment renommé pour son doigté et sa subtilité, il faut bien en convenir...il en va autrement en tant que capitaine...
Non mais.

Comme personne ne donne de contre-avis à la proposition de se rapprocher du S'sarkh, et qu'elle semble tout à fait envisageable techniquement, et que même justement elle représente un défi que le vieux marin se ferait un point d'honneur à relever, Krepion s'en tient à cette décision et laisse les symbiosés continuer leur discussion et préparer leur concerto pour rejoindre la barre.

Rapidement, il donne ses consignes à l'équipage : cordes et grappins pour les uns, gréement pour les autres... lorsque tout le monde est prêt, chacun à sa place, concentré sur sa tâche... à la barre, Krepion Loudmer entame la manoeuvre.

Le navire tourne, pour peu à peu se placer parallèle au S'sark ; les voiles se gonflent ou se replient pour calquer sa vitesse sur celle de leur cible ; et lorsque c'est chose faite, doucement mais surement, la distance qui sépare les deux bâtiments se réduit...

Lorsqu'elle n'est plus que de quelques mètres, Krepion fait un signe, et les grappins sont lancés.
A l'abordage du S'sarkh.
Mais un abordage gentil, attention.
Tout doux.
Tout en délicatesse.

Brave poiscaille. ***


- Elite Fraternelle Tchaë -
Qui ne risque rien... ne rate rien.

 
Antiorn

Le Julung 25 Otalir 1512 à 20h42

 
Crooot et Lyne se sont envolés.
Envolés vers le S'sarkh.
Et lui sourit.
Ils seront les meilleurs ambassadeurs.
Les plus purs qui soient.
Les moins abîmés par la Quête.
Depuis le début il savait qu'ils auraient un rôle à jouer.
Le Tableau a tendance à trouver sa propre harmonie.
Il est fier du fragile artiste qui prend son envol.
Ce voyage l'aura changé.
Cette petite tchaë aussi.

Antiorn dégaine lentement son propre violon pour accompagner Umbre.
Pas que ce soit nécessaire,
Mais il est qui il est.
Finir ça en musique est un impératif auquel il ne peut se soustraire.

Qu'a-t-il fait au juste toutes ces années si ce n'est qu'accompagner les fous ?
Les appuyer dans leurs délires grandioses ?
Il est là, devant le S'sarkh, trois des Six en poche.
Près de son compère masqué, près de Nelle.
Près des autres symbiosés sur le pont qui ont ponctué son histoire.
Mais surtout celle de Syfaria.

En bonne compagnie.

À la mélodie du Luthier il rajoute l'espoir de demain.
Car il y aura bien quelque chose demain.
Peut-être pas pour lui, mais qu'importe.
Que reste-t-il à voir après ce spectacle ?
Il s'est embarqué sur ce navire pour ceux qu'il a laissé sur la terre ferme.
Son espoir qu'il met en musique, il est pour eux.
Pour Elle.

Un nouveau monde libre de cette douleur révolue depuis longtemps déjà. Un nouveau monde affranchi de cette vieille guerre dont le souvenir aurait du mourir en des temps bien reculés. Le titanesque S'sarkh lui fait pitié.

Cesse de souffrir l'ami. Nous sommes ici pour te guérir.
Et c'est cela qu'il a toujours fait au fond.
Appuyer les fous. Soigner les êtres brisés.
Quelques mots suffisent parfois.
Six, ici. Pour le S'sarkh et pour un monde.


Molor dit :
Psssttt ! Knüt ! Tu me fais signe si tu fais quelque chose hein ? C'est que je suis supposé être pas trop loin si j'ai bien compri,.. enfin je crois. Du moins c'est ce que je ressens. Ça veut dire qu'on est pote ?


N'est impossible que ce à quoi on se défend de rêver...

 
Mraw'La

Le Vayang 26 Otalir 1512 à 11h41

 
***
Mraw'La flotte.
Les discussions, les décisions, elle les accueille avec un sourire un peu absent, elle sait qu'on sait que ce n'est pas son fort, elle sait qu'on sait qu'il faudra lui dire, s'il y a quelque chose à faire.
Elle ondoie.
Sur les eaux troublées comme sur les eaux calmes,
Elle ne sait pas plonger dans les airs comme d'autres le font si bien.

Attendre, oui.

Tout son corps est en suspension, en attente de la suite,
Son esprit surnage sur les vagues molles,
Dans le clapotis flou de pensées éparses.

Elle est bien.
Penthésilée est là, son ancre qui l'empêche de dériver.

Pourtant quelque chose quitte l'amarre, sans qu'elle n'y prenne garde.
Quelque chose se détache, comme motivé par l'embrun qui rafraichit l'équipage à l'approche du S'shark.
Ca se lève, comme une voile sous le vent,
Se gonfle,
Ose,
Plus haut,
Plus loin,
Plus fort.

Sa patte a fait en quelques secondes plus de chemin qu'en plusieurs ans,
Dans le creux du coude de Saltis,
Amarrée comme rarement,
Elle se hisse.

Droite, fière, redressée,
Si tout a changé
Tout est pareil pourtant
Elle attend.
***


***
Le ridicule ne tue pas
- dit-on -
Et heureusement parce que sinon
On ne compterait plus ses trépas.
***

 
Baër'lupis

Le Vayang 26 Otalir 1512 à 12h47

 
Quelque chose dans la masse ondine titanesque l'hypnotisait. Ou bien c'était le comportement de ses amis ; eux aussi semblaient en proie à une contemplation paralysante. Les mouvements des marins autour d'eux, qui installaient cordes et grappins, étaient comme transparents à leurs yeux.

Les velléités agressives de la botaniste s'étaient éteintes comme un chandelle jetée à la mer. Peut-être était-ce dû au silence des flux magiques autour du navire. Peut-être était-ce dû à là où la plongeait la vision du S'sarkh' à portée de main : l'impression d'un tout absolu, qui avalait tout ce qu'il entourait. Rien d'autre n'existait, en fait.

Ces considérations presque religieuses la firent sourire. Elle regardait Krepion à la barre, et elle lui paraissait ... beau... De le voir ainsi transformé, de savoir qu'il avait passé une grande partie de sa vie comme un escargot dans sa coquille, cela lui fit penser à elle-même. Ses dernières, années, avec sa symbiose, elle s'était sentie plus vivante que jamais.

Elle regarda sa main, dont le cuir était blanc et crevassé.

Voir le S'sarkh, et mourir...



 
Narrateur

Le Sukra 27 Otalir 1512 à 18h37

 
***

Alors que les grappins sont lancés, et que chacun donne son possible pour atteindre le Cœur du Dieu, le bateau finit par s'immobiliser.
Il a subi quelques dégâts, grosses éraflures le long de la coque, mais rien de désastreux.
Il est amarré au S'sarkh.
Krépion et son équipage ont réussi l'improbable.

Tandis que les marins s'affairent sur le pont, les symbiosés tentent le contact par différents moyens, parfois simplement dans l'attente respectueuse, amoureuse...
Que ce fut sur le navire ou sur le dos du S'sarkh, il s'écoule plusieurs minutes incertaines.
Épuisés, les symbiosés ne savent pas véritablement si leurs volontés réunies portent et sont intelligibles.

Le regard du Dieu semble s'éloigner...
Se désintéresser.
Trop empli de sa douleur, ou trop vaste pour les percevoir plus que quelques instants.

Le S'sarkh bouge soudain plus qu'il ne le faudrait !
Le bateau tremble sous les vagues.
Les amarres se tendent brutalement.
Alors Knüt et Molor le sentent, il faut réagir rapidement ou tout finira là !

Sans prévenir leurs symbiotes, ils se téléportent.
Le lien se rompt avec Nelle et Antiorn !
Quelques secondes.
Et ils reviennent enfin. Ils sont... blessés. Vidés. Presque morts tous les deux...
Mais le S'sarkh s'immobilise.

Et alors tout va très vite.


Tous les poussiéreux, de Syfaria comme du bateau, symbiosés ou non symbiosés, tous voient ce qui se passe.
Un lien. Un contact s'est noué.
Via les mous, via les Consensus.
Le S'sarkh a vu la Poussière et a accepté son aide.

Doucement, le navire est solidement attaché au S'sarkh par de grandes tentacules.
Une bulle de force entoure le navire, le protégeant des vagues.
Le protégeant de tout.
Le navire semble maintenant faire parti du S'sarkh.

Les symbiosés du navire, ainsi que Crooot et Lyne, se sentent soudain bizarre.
Et se retrouvent ailleurs.
Ils ont été téléportés à l'intérieur du S'sarkh, dans une salle splendide.
Visiblement une salle de commandement.
D'interfaçage.

Sur la table, des emplacements pour les six Artefacts.



Nelle et Antiorn peuvent les déposer, les interfacer quand ils le veulent.
Ils comprennent via leurs mous qu'ils peuvent avoir le contrôle complet du S'sarkh.
Le Soigner. Le Sauver.
L'utiliser...

Ils savent aussi qu'un ultime choix s'offre à eux.

Déposer les artefacts, soigner le S'sarkh, réactivera les défenses Eduens.
Les piliers de poussière redeviendront des armes.

Mais aujourd'hui, le S'sarkh peut vaincre.
Détruire les défenses Eduens, rendre ce monde sain et sauf.
Il y laissera sans doute lui aussi la vie, mais ce monde sera débarrassé des reliques Eduens, quelque soit leur origine.
Ce monde sera sauvé... mais rendu à son état originel.



Il existe d'autres possibilités.

Une en particulier leur apparait.
Le S'sarkh est un vaisseau. Un navire gigantesque.
Il peut modifier sa structure, puis téléporter les peuples poussiéreux dans ses salles.
Il peut décider de partir de ce monde, le laisser aux Nemens et aux peuples natifs.
Sans sa présence, la production d'effluves cessera.
Les rejetons et les abominations disparaitront.
Syfaria ira mieux, lentement mais surement...



Tous les choix sont possibles,
autant qu'ils peuvent en imaginer.
Mais il faut décider très rapidement !

Car bientôt les défenses des cités tomberont.
Et il ne restera plus rien à sauver...

***


 
Vorondil

Le Dhiwara 28 Otalir 1512 à 00h12

 
*** De l'histoire, ceci est et restera unique.
Nos volontés, nos chemins, nos choix, tout ceci nous a menés à quelque chose.
Cet aboutissement, cette complétude se ressent, par la majesté du S'sarkh.
Chacun avait pris le bateau avec certains idéaux, les uns avec une motivations, les autres avec une totalement différente.

Au final, nous étions là, tous liés, tous unis par un but qui semblait à portée de la main.
Une décision capitale semblait nous incomber.
Nous baignons dans une stupeur collective, des images se présentant, des réalités semblant défiler dans nos esprits. Tout à l'état latent de potentialités.
Et au final, un choix.

Les larmes aux yeux, plein de sentiments aussi intenses qu'épars et indescriptibles, j'essaye de concentrer mes pensées envers tous les poussiéreux, tous ceux qui semblent connectés, ne former qu'une entité.
Union, réunion de toutes les factions, symbole d'espoir.
J'adresse une pensée, si vraiment il s'agit d'une pensée, maladroite :
***


Il semble que nous ayons d'innombrables possibilités. L'une d'elle serait d'emporter, ceux qui le veulent, du moins, tous les poussiéreux vers un avenir dont nous ne connaissons rien.
Un nouveau départ...
Vivre. Une liberté qui nous échappe, encore, probablement.
Un inconnu loin des effluves. Loin de la douleur, j'espère, et loin du sang qui trop longtemps a été notre quotidien.
Pouvons-nous réapprendre à vivre ?
Le voulons-nous ?


*** Suite à ces questions, mises en suspens, je m'adresse à Nelle et Antiorn - ainsi qu'à leurs symbiotes, d'une pensée pleine d'amour et de bienveillance : ***


Merci. Merci pour tout.
Le dernier mot, le choix final, vous reviendra.
Je vous en prie, faites en sorte que le S'sarkh ne soit pas une arme.
Qu'il soit l'Espoir, pour tous ceux qui le veulent.


*** Puis, à voix haute, j'ajoute : ***


Ce voyage aura été des plus incroyables.
Peut-être qu'il n'est d'ailleurs pas fini.
J'espère.

Votre compagnie, quoi qu'il en soit, fut appréciée, est appréciée, et enfin sera appréciée.


*** En y repensant, cette dernière phrase me semble tellement bête que j'en souris. ***


*** N'a-t-on pas le droit d'être bête, en ce moment ? ***


 
Nelle

Le Dhiwara 28 Otalir 1512 à 17h42

 
Alors que Umbre et Antiorn commencent à jouer, Nelle ferme les yeux et se laisse imprégner de cette douce félicité qu'ils tentent de communiquer au S'sarkh.
Et puis soudain, tout semble basculer. Et tout va si vite... En quelques instant, la béatitude s'estompe, le navire tangue, et Nelle perd tout contact avec son mou... et puis soudain, alors qu'elle récupère dans ses bras un Knüt étrangement raide et terne, presque mort, Nelle manque de perdre tout espoir.
Non !
Ils ne peuvent pas échouer si près du but !



Le contact qui se noue, que tous perçoivent, l'acceptation de leur aide et de leur présence, surviennent pour Nelle comme une grande inspiration pour qui serait en train de se noyer.

Lorsque Nelle rouvre les yeux, son regard est noyé de larmes lorsqu'il détaille, un peu confusément d'abord, l'éblouissante salle où ils se trouvent désormais.

S'sarkh... murmure-t-elle pour elle-même sous le coup de l'émotion, avant de peu à peu reprendre ses esprits et de percevoir, à travers Knüt, les multiples chemins qui s'ouvrent à eux.
Une perspective qui lui donne le vertige.

Lentement, la propage s'approche de la table, et caresse d'une main hésitante et craintive l'un des réceptacles devant elle, tandis que de son autre main, elle sort révérencieusement un premier artefact de sa sacoche.
Le temps presse.
Pourtant, jamais décision n'aurait plus mérité une longue et profonde réflexion...

Sans hésiter plus longtemps, alors qu'elle dépose un premier artefact dans son emplacement, la pensée de Nelle s'envole vers Antiorn, et surtout Sardoryanne, Akaliara, Batyias, Elchior, Syphine Andromar et Firydor :


"Ô meneurs de toutes les factions,

Vous avez peut-être suivi, sur vos consensus ou ailleurs, le voyage qu'un petit nombre d'entre nous avons fait jusqu'au S'sarkh.
Voyage qui a occasionné, par nos choix, le déferlement d'effluves qui s'incarnent à ce jour partout sur Syfaria, et notamment aux portes de nos cités.
Voyage qui touche à sa fin, alors que le S'sarkh a accepté notre aide...

Cette fin, cependant, c'est à nous de la choisir.
La façon de mettre fin au effluves, de sauver nos peuples, de sauver Syfaria, le S'sarkh, les nemens... tout est possible, et de diverse façon.

Les choix qui s'offrent à nous aujourd'hui pour débarrasser Syfaria des effluves peuvent se résumer de manière simple : plus de S'sarkh, plus d'effluves.
Le S'sarkh peut soit être détruit, en combattant et détruisant les reliques Eduens, soit quitter ce monde.

Je vous le dis sans ambiguïté : il est impensable pour moi de prendre le parti de détruire le S'sarkh, alors même qu'une autre solution est possible.
Du fait de l'idéologie qui m'a forgée, mais aussi et surtout car la preuve est faite que le S'sarkh n'est pas une entité maléfique, et qu'il est plus qu'un outil : une entité dotée de conscience. Un Être.

Le S'sarkh peut donc quitter ce monde, et ainsi faire cesser la production d'effluves. Les rejetons et les abominations disparaîtront.
Syfaria ira mieux, lentement mais surement...

Or le S'sarkh est un vaisseau. Un navire gigantesque.
Il peut emporter les peuples poussiéreux en son sein : laisser ce monde aux nemens et aux natifs... comme avant notre arrivée.
Il peut aussi partir seul.
Ou encore seulement avec ceux qui le souhaitent.

La vie sur Syfaria sera certainement plus douce, sans effluves ni rejetons, et si une cohabitation paisible s'établie avec les natifs.
Le départ de Syfaria peut sembler attrayant, pour ceux qui l'ont toujours considérée comme une prison, ou pour ceux que l'hégémonie Nemen insupporte et qui veulent être libres de leur destin.
Pour autant, ce choix est des plus incertains.

Cette fois-ci, ce choix me semble bien trop lourd à porter pour nos seules frêles épaules. Je ne peux décider pour nos peuples entiers, je ne me sens aucun droit de choisir leur destinée.
Peut-être que vous si, par la confiance qu'ils vous accordent depuis de plus ou moins longues décennies ou siècles : vous êtes leurs dirigeants, ceux qui décident ce qui est bon pour eux.

A moins qu'ils ne puissent, chacun, décider pour eux-même..."


Juste après avoir formulé cette pensée, elle la sait réalisable.
Oui, chaque poussiéreux pourrait décider pour lui-même.
La puissance combinée du S'sarkh et de ces artefacts le permettrait...

Son choix, quant à elle, est déjà fait.

Plaçant le deuxième artefact, sa pensée se tourne alors vers Syrtaï'Nhymurtayag Varoga, dont elle n'a jamais reçu de nouvelle depuis sa mort à Arameth. Sans doute pour la dernière fois, songe-t-elle avec un brin de tristesse pour cette énigme qu'elle laissera irrésolue derrière elle.

Syrtaï'Nhymurtayag Varoga...

Depuis Arameth, toutes mes pensées vers vous sont restées sans réponse. Sans vous trouver.
Je vous ai vue mourir, disparaître.
Et jamais revenir.

Une dernière fois, j'essaye de retrouver votre trace.
Si elle existe toujours.

Une dernière fois.
Car sous peu, c'est moi qui quitterai ce monde.

Les vôtres seront saufs.
J'espère qu'ils continueront de veiller sur les poussiéreux qui resteront.

J'aurais aimée vous savoir sauve vous aussi.
Et qui sait... vous inviter à prendre part à ce voyage. Si tant est que cela fut possible...

Prenez soin de vous, Syrtaï'Nhymurtayag Varoga.


Et enfin, après avoir acquis par Knüt l'assurance de pouvoir le faire, elle envoie un message... au P'KhenS'sarkh.
Le plus légitime maître de ce vaisseau...

"Sire,
En ce jour, nous pouvons faire cesser la Souffrance.
La nôtre.
Celle du S'sarkh.
De Syfaria.

La vôtre...
Votre présence ici n'a plus de raison d'être.
Votre combat non plus.

Il ne tient qu'à vous..."


Le troisième artefact qu'elle détient rejoint à son tour sa place.

Etait-ce sage, de convier ainsi leur plus ancestral ennemi ?
Nelle n'en sait rien.

Mais à défaut de sage, elle sait que cela est juste.


 
Saltis' Dymer

Le Dhiwara 28 Otalir 1512 à 23h20

 
Le vieux Nelda tenait Mraw'La par les épaules.
Le bras, le coude, les épaules.
De la tendresse, de l'amour, des sentiments tout plein dégoulinants.

Il était temps, murmura Saltis à l'oreille de la guerrière.
Venir au bout du bout de la fin pour enfin se décider à se dérider les poils tous les deux, je crois qu'on ne pouvait pas attendre un brin d'heure de plus.

Mraw'La, on part ensemble avec Nelle ?
Tous les deux, avec ma fille. Je ne veux pas la laisser, et ce monde est trop plein pour moi.
Le S'sarkh est un chemin, on est en plein dedans.
Ça te va, j'espère ?


Il regarde sa fille.
Déterminée. Assurée. Pleine d'énergie. De bonne énergie.
Il regarde les autres, avec plus ou moins de sympathie.
Il regarde en particulier Krépion. Krépion puis Ylimildian, qui se fait discret à côté du Capitaine.
On est au bout, mais on emporte une partie des énigmes avec nous, et pas que le Tchaë bleu...

Le vieux Nelda grommelle à voix basse.
J'espère qu'on laisse ici les énigmes les plus méchantes.
Parce que si on a fait tout ça pour libérer un truc pire que tout ce qu'on a pu connaitre, là ça craindra vraiment.

Se forçant à sourire de tous ses crocs, il élude toute possibilité de question et encourage Antiorn du regard à en finir rapidement.

Quand on se coupe un membre, ou au choix qu'on s'arrache un pansement, autant le faire vite...

Libre est la voie du S'sarkh !

 
Thosen Noril

Le Dhiwara 28 Otalir 1512 à 23h40

 
Deux yeux fiévreux sur un visage émacié.
Le jeune diplomate n'a pas fière allure mais se remet lentement et péniblement de l'étrange mal qui a ponctué sa traversé.
Après des semaines passées dans les cales du navire, le pont supérieur comme seul horizon, le voilà transporté dans cette immense salle aux murs faits de nébuleuses. L'intérieur du S'sarkh, lui qui avait appris l'abordage de la créature par un mou surexcité se téléportant régulièrement entre la dunette et sa cabine.

Se relever fait déjà perler la sueur sur son front.
Un peu hébété, il cligne des yeux et observe l'assemblée de poussiéreux qui s'apprête à bouleverser à jamais l'ordre de Syfaria.
L'instant touche au sacré et fait trembler sa mâchoire, peut-être est-ce la fièvre.
La gorge serrée, il se rassoit doucement et fixe les deux poussiéreux qui portent les six artefacts, et tellement plus.

Antiorn et Nelle.
Une gorgée d'eau claire dans les montagnes, des transactions enflammées dans le confort d'une auberge d'Oriandre, une rencontre un après-midi de printemps sur le marché de Lerth, deux souffles qui se mêlent dans un fossé.
Tout cela semble déjà si lointain.
Il sait qu'il va rester assis, que leurs avenirs sont entre de bonnes et nobles mains.

Son visage se pose contre une fraiche constellation et il ferme les yeux.


 
Antiorn

Le Luang 29 Otalir 1512 à 00h20

 
Le S'sarkh.
Ils y sont.
En son sein.

Le confrère prend un moment pour contempler l'endroit.
L'Être.
Ses entrailles.

Ils sont au coeur du mystère.

Il regarde Nelle avec confiance.
Perçoit certaines de ses pensées.
Il sait qu'elle ne détruira pas le S'sarkh.

Son choix à lui est fait. Il l'était avant même que choix il y ait.
Tout comme pour beaucoup de ses compagnons d'ailleurs.
Ce monde est sauvé. Le chemin que prend la propage est aussi le sien.

Il ira voir au-delà.
Il le doit.
Il est qui il est.

Un à un, il dispose les Six dont il a la garde en un silence révérencieux.
Combien de Temps s'est-il écoulé depuis qu'ils cherchent en vain cet endroit ?
La somme des grains de sable dépasse toute mesure.

Et ils sont là.
Ici.
En ce moment.

La croisée des chemins, des fils.
La fin de la Rédemption.
Le passage à une page blanche.

Ce qu'il a toujours désiré.
Affranchir la Poussière de cette guerre sans début ni fin.

Les artefacts à leur place, il va rejoindre Nelle.

Je suis en accord avec vous en tout point. Le choix est primordial. La préservation de cet être aussi. Ce qui suivra ne sera pas sans conséquences. Mais vous n'avez pas à porter le fardeau seule. Je suis avec vous. De tout coeur. Sans hésitation.

Puis il se tourne vers les autres poussiéreux présents.
Chacun vivra. Chacun verra.

Chers amis, ce fut un honneur de partager ce carrefour des destins avec vous. Ce que la trame nous réserve ensuite, nul ne pourrait deviner. Je vous souhaite la meilleure des chances et emporte en mon sein un souvenir des plus tendre de chacun de vous pour la suite. J'espère que vous saurez pardonner les frêles épaules sur lesquelles tombent les rideaux des derniers siècles d'histoire.


Sourire.

Je suis pour ma part optimiste.


N'est impossible que ce à quoi on se défend de rêver...

 
Heltaïr

Le Luang 29 Otalir 1512 à 16h16

 
Au départ il y avait eu une femme, un projet, une promesse.

Au départ, il y avait eu Cadécia, un projet, puis votre enfant. Une promesse faite : celle de tout faire pour que votre fille ne connaisse pas les souffrances de votre monde.
C’était il y a deux ans.

Au départ il y avait eu Nelle, un autre projet, fou en apparence, un espoir. Une promesse, faite à la même femme, de tout faire pour que cette entreprise puisse apporter du nouveau, du changement, un espoir. Une rédemption. Une autre vie que la vôtre à votre fille.
C’était il y a un mois.


Maintenant vous y êtes presque. Tous ensemble, vous avez pu vous hisser jusqu’à ce point.
Le point de non-retour, le point de conclusion.
La conclusion d’une histoire, d’une ère.

Une conclusion qui était une fin. Tout en promettant un nouveau début.

Certains parmi vous ont joué un rôle prépondérant par rapport à d’autres. Tu regardes songeur Nelle, Antiorn. Ymilidian.
Pourtant, même si vous êtes arrivés là ou aucun encore n’était parvenu, vous n’êtes pas de taille à assumer encore seuls les choix à faire. Simples Poussières.
Nelle a fait le bon choix, tu te plais à le penser, tu aurais fait de même.

La Rédemption peut s‘achever. Paisiblement, tu pries.





 
Syrtaï'Nhymurtayag Varoga

Le Luang 29 Otalir 1512 à 16h19

 
***


Syrtaï'Nhymurtayag Varoga est de nouveau en vie...
Doucement, elle inspire l'air frais, hume les parfums délicats, écoute les bruits ténus alentours.
Elle regarde les montagnes au loin, sent les esprits des cités éloignés, entend les chants de la Trame qui s'entortillent autour des piliers Eduens.



Elle est vivante.
Grâce à la poussière. Grâce à la foi d'une enfant, qui ne saura jamais qu'elle l'a réveillée.
Elle regarde le ciel.
Il est trop tard pour les adieux.
Trop tard pour tout, sauf pour l'entremêlement des destinées...



Au loin, le Ss'arkh reconfigure ses systèmes organiques.
Il s'allonge, s'étoffe, prend une allure moins combattive.
Il intègre le navire de Krépion Loudmer à sa structure.
Il rend le pont de commandement accessible, compréhensible.
Une barre, des instruments de mesure explicites, des mécanismes à mouvoir par un équipage entrainé.
Le navire et le S'sarkh fusionnent en une seule entité...

Doucement il s'élève.
Splendide, merveilleusement accompli.
Plus aucune souffrance, plus aucune effluve.
Le flot se tarit.
Les piliers Eduens s'activent tous pour redevenir des armes !
Des sphères bleues se forment, s'amalgament.
Quelques instants et le chaos déferlera sur Syfaria pour assouvir la rage d'anciens ennemis tous disparus depuis si longtemps...



Conformément à la décision de Nelle et d'Antiorn, derniers dépositaires des artefacts, ils ont soigné le S'sarkh, ont permis sa régénérescence et celui-ci a accompli en retour un miracle.
Les dirigeants avaient été contactés.
Aucun n'a donné de consigne ou d'ordre.
Certains ont juste évoqué ce qu'ils allaient personnellement faire.

Sardoryanne resterait. Firydor aussi.
Les dirigeants tchaës partiraient, à l'exception notable de Thanakis.
Akaliara avait décidé de partir, ainsi évidemment que Batyias.
Et Syphine Andromar avait décidé de rester...
La plupart des autres dignitaires, petits ou grands, resteraient sur Syfaria.

Chaque poussiéreux, symbiosé ou non, avait eu à choisir sa destinée.




Syrtaï'Nhymurtayag Varoga regarde le ciel.
Le S'sarkh est prêt, visible dans son gigantisme au loin.
Les piliers sont activés et crachent leur lumière bleue, prêts à attaquer.

Alors, avant que ne se déchaine le cataclysme, le ciel s'ouvre.

Et dans un éclair, le S'sarkh accélère et s'échappe !
Les piliers cessent d'émettre leur puissance.
Ils se désactivent.
Une guerre a été évitée.

A la vue du ciel qui se déchaine, une autre semble commencer...




A peine sortis de l'attraction de la planète, les poussiéreux présents sur le pont du S'sarkh le constatent avec effarement : l'univers est plus vaste que prévu.
Un océan dans lequel ils viennent de plonger !
Et dans lequel ils ne sont pas seuls...



Plusieurs portails s'ouvrent autour d'eux.
D'autres vaisseaux en sortent, et tirent aussitôt sur le S'sarkh !



Des chocs violents !
Plusieurs boules de lumière éclosent autour du gigantesque navire !

Celui-ci réagit, autant grâce à son intelligence propre qu'à l'aide que lui apportent les symbiosés, Krépion Loudmer en bon Capitaine et tous les autres dans leur volonté incroyable de survivre !

Le S'sarkh se reconfigure, subit plusieurs assauts.
Puis riposte !
Des vaisseaux ennemis explosent, illuminant le ciel de Syfaria, de ce monde d'où ils viennent !



Ceci est dangereux pour leur Monde.
Pour leurs amis restés en bas !
Les explosions créent des ondes de choc, des débris qui vont tomber.
Le ciel reste ouvert tant qu'ils sont là.
De plus en plus de vaisseaux ennemis arrivent par les portails.
Des vaisseaux de taille et de forme différentes, mais tous leur tirent dessus à boulets rouges !
Certains, plus rares, commencent à descendre vers la surface !

Il faut fuir.
Il faut sauver le S'sarkh, et Syfaria...

Tournant le nez du vaisseau vers la noirceur lointaine de l'infini, l'ordre est donné et leur vaisseau - et désormais demeure - accélère violemment.
S'échappe !
Derrière eux, le ciel de Syfaria s'obscurcit, comme si un voile opaque recouvrait leur monde.
Comme si le temps lui même ne pouvait pénétrer ce voile...



Syrtaï'Nhymurtayag Varoga a assisté comme tous les peuples de l'île au fantastique combat.
Comme tout un chacun, elle a perçu les pensées affolées des poussiéreux, puis leur détermination, leur lutte pour survivre.
Et enfin elle a ressenti leur volonté de fuir pour leur donner une chance, à eux qui étaient restés en arrière.

Alors seulement, le lien établi par le S'sarkh avec tous les poussiéreux fut coupé.
Le ciel redevint celui qu'elle connaissait depuis toujours.
Ce ciel à la fois changeant et immuable.
Ce ciel qui visiblement les protégeait d'ennemis jurés et vengeurs, qui n'hésitaient pas à employer des armes démentes pour tenter de les tuer.

Syrtaï'Nhymurtayag Varoga regarde le monde et ne comprend pas.
Que recèle cette île pour déchainer tant de peur ? Tant de haine ?
Elle tourne ses pensées vers là où certains des vaisseaux se sont écrasés, étoiles filantes qui leur réservaient un avenir incertain.

Elle pense à tous ceux qui sont restés.
Le monde a changé.
Les effluves ne sont plus là. Le monde est plus sur, sans corruption et bientôt sans rejetons.
Le P'khenS'sarkh les a suivi, a répondu à une invitation. Elle ne sent plus sa présence.
La guerre est enfin finie.

Les peuples, même dans les villages les plus reculés, pourront vivre paisiblement.
Se développer. Profiter des leurs familles.
La poussière va devenir un arbre florissant !



Syrtaï'Nhymurtayag Varoga songe aux dangers qui les guettent.
Elle sera là.
Tentera d'aider cette poussière qu'elle a tant appris à aimer.

Mais au fond d'elle même, elle espère qu'un jour les voyageurs reviendront.
Oui, elle veut y croire, ils reviendront chez eux !

Un jour, leur incroyable Odyssée prendra fin...








***


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