Les Mémoires de Syfaria
L'île de Syfaria

Le Bateau : Quand le sage montre la hune, le fou regarde le mât

Lyne et CroOot, du pinard au pinacle.
Page [1]
Détails
Sujet lancé par Crooot
Le 31-01-1512 à 18h44
14 messages postés
Dernier message
Posté par Crooot,
Le 22-10-1512 à 17h38
Voir
 
Crooot

Le Matal 31 Jangur 1512 à 18h44

 
Un marin lève les yeux sur deux curieux gabiers grimpant le long des plus hautes cabines du bateau.
Ils ont presque atteint le clocheton du sommet quand le marin remarque que ces deux matelots sont en fait des symbiosés. Il plisse les yeux et les identifie. Il reconnaît le nelda clandestin CroOot et sa petite protégée, même si parfois, on croirait les rôles inversés.
Il l'aime bien CroOot. Sa vieille mère a coutume de dire que la première impression est, soit la pire, soit la meilleure. Elle se mouille pas trop sa vieille mère. Cela dit, celle de CroOot était de loin la pire.
Puant, sale et peureux. Un gros rat sorti d'un tonneau de saumure qu'il avait l'air.
Cependant après un bon bain, un tour du proprio et un verre ou d... en fait un verre a suffit à se faire une idée.
Il se révèle être un marin hors pair. Il n’était visiblement pas à sa place sur la terre ferme.
Ici, il est comme un poisson sur le pont.
Le pied ferme dans les haubans.
La voix forte en pleine tempête et surtout l’esprit d’équipage. Certes toujours un peu peureux et une faible résistance à l’alcool mais un fier matelot.

Le marin déplie le rapide portrait que le nelda lui a glissé dans la main, le jour où il lui a offert sa kalimguimbarde. Un instrument au son déplorable dont un musicien émérite ne tirerait que des stridulations douloureuses mais CroOot sembla touché du cadeau.

On lui a raconté divers histoires sur le nelda. Des histoires datant d’avant l’embarquement.
Aucune ne colle vraiment au CroOot que le marin connaît. L’artiste est aussi à l’aise en cale, au milieu des arsouilles au visage buriné chantant à gorge déployée des ballades salaces, qu’en tête à tête avec le bosco ou le cuisto, deux pointures du surinage verbal.

Mais à bien y réfléchir, il a déjà vu le nelda se perdre en lui même lorsqu’un autre symbiosé était présent. Un vieux reste de sa vie à terre...

La gamine est plus difficile à cerner. Elle a la bougeotte à faire pâlir une anguille dans une poêle et une curiosité de chaton devant un sac en papier. Les marins sont pas toujours à l'aise, ni avec les femmes à bord, ni avec les enfants alors une gamine...
Cela dit le charpentier lui a rapporté qu'elle lui avait été bien utile avec sa caboche bien faite et ses doigts de bricoleuse.
Elle pose tout un tas de questions aussi. La dernière fois il a fallu, pour la faire taire, céder à ses demandes. Elle a alors découvert que le cigare de cordage fait beaucoup tousser et un peu vomir.
Mais c'est pas une mauvaise ablette. Elle sait montrer les dents quand on l'agace avec un brûle-gueule.

Le marin reprend le calfeutrage en se demandant ce que ces deux matelots peuvent bien faire la-haut.



 
Crooot

Le Vayang 17 Fambir 1512 à 14h25

 
Prendre de la hauteur pour faire le point.
Changer d'horizon pour chambouler son point de vu.
S'extraire de la foule pour mieux l'apprécier.
S'isoler entre ciel et mer pour élargir son horizon.

Tout ça c'est du flan.

Faire la course pour savoir qui arrivera le premier là-haut.
Un pari déclenché par un "Même pas cap' de..."
Un pari validé par "chiche !"
Ils sont partis tous les deux comme des trombes en rigolant.
La fillette a un peu vieilli depuis sa symbiose, un peu trop, c'est la vie en général.
Le nelda, lui, rajeunit à son contact, pas assez, de l'avis général.
Avihs pour la vie !

Evidemment ils trimbale leur fourbi là-haut.
A eux deux ils pèsent de quoi remplir deux tonneaux de broutilles pour certains, d'indispensables bordels affirmeront d'autres.
Il y a maintenant au faîte du navire dans le désordre:

* un anémomètre.
* des pinceaux.
* trois longues-vues.
* une kalimguimbarde mal accordée.
* une poche pleine de fil, de rubans, de noyaux, d'écrous, de vis, de clous, de schémas et de tout petits crayons.
* un sac plein d'encres, de peintures, de feuilles volantes, de morceaux de charbon, de craie ou de tout petits crayons.

* Un nelda.
* Une tydale.
* Deux mous.
* Une poche vibrante

Mais avant d'utiliser ce fourbi et d'en faire certainement tomber la moitié sur la tête des passagers, on profite de la vue.







 
Crooot

Le Matal 28 Fambir 1512 à 14h52

 
Dubulb' dit :
On est pas bien là tous ?
Tiens ça me donne envie de chanter moi le grand large.
Puant, sors ta kalimguimbarde et fais moi deux notes.
J'ai pas une aussi belle voix qu'Achille mais je me défends:



"D`abord…
D`abord il y a l`aîné
Lui et son mou Saillon
Lui qui a un gros nez
Lui qui sait plus son nom
Monsieur tellement qui boit
Ou tellement qu`il a bu
Qui fait rien de ses mitaines
Mais lui qui n`en peut plus
Lui qui est complètement cuit
Qui se prend pour l’capitaine
Qui se saoule toutes les nuits
Avec du mauvais vin
Mais qu`on retrouve matin
Dans la cabine qui roupille
Raide comme une saillie
Blanc comme un cierge du S'sarkh
Et puis qui balbutie
Et qui a l`œil qui divague

Faut vous dire Monsieur
Que chez ces gens-là
On ne pense pas Monsieur
On ne pense pas on boit jusqu’à la lie

Et puis, il y a l`autre
Des carottes dans les cheveux
Qu`a jamais vu un peigne
Qu’est fragile comme une duègne
Et qui donnerait ses poux
A des pauvres gens heureux
Qui dessine peu ou prou
Les habitants de la ville
Enfin des autres villes
Et que c`est pas fini
Qui fait ses petites affaires
Avec son petit pinceau
Avec son petit stylo
Avec son petit hypo.
Qu`aimerait bien avoir l`air
Mais qui n`a pas l`air du tout
Faut pas jouer les caniches
Quand on est qu’un toutou

Faut vous dire Monsieur
Que chez ces gens-là
On ne vit pas Monsieur
On ne vit pas on affiche, on pastiche

Et puis, il y a les autres
Achara qui ne dit rien
Ou bien n`importe quoi
Et du soir au matin
Sous sa belle gueule d`apôtre
Et dans son cadre en bois
Il y a la moustache du frère
Qui est le plus malin
Et qui regarde ses dévots
Gratter le parchemin
Et ça fait des grands Scrrrr
Et ça fait des grands Scrrrr

Et puis il y a la toute vieille
Qu`en finit pas de vibrer
Et qu`on attend qu`elle crève
Car sur le Poinçon elle veille
mais qu`on écoute même pas
Ce que ses pauvres mains racontent

Faut vous dire Monsieur
Que chez ces gens-là
On ne cause pas Monsieur
On ne cause pas on brode, on conte

Et puis et puis
Et puis il y a la petite Lyne
Qui est belle comme un soleil
Et qui est bizarre pareil
Qu'elle te trouve la petite Lyne
Même qu`vous vous dites souvent
Qu`vous serez sur le bateau
Avec des tas de fenêtres
Avec du trop plein d’eau
Et qu`vous monterez dedans
qu’vous aurez pas le droit d’y être
Même si c`est dans des tonneaux
C`est quand même peut-être

Parce que les autres veulent pas
Parce que les autres veulent pas
Les autres ils disent comme ça
Qu`elle est trop bien pour toi
Que tu es tout juste bon
A sentir le nelda
Un nelda ça ne sent pas !
Ou Samael dans le temps
Oui j`ai pas oublié
Oui il sentait pas bon
Enfin ils ne veulent pas
Parfois quand tu la vois
Semblant que c`est pas exprès
Avec ses yeux mouillants
Elle dit qu`elle partira
Elle dit qu`elle t’emmènera
Alors pour un instant
Pour un instant seulement
Alors toi tu la crois
Monsieur
Pour un instant
Pour un instant seulement

Parce que cette petite là
Monsieur
Elle te voit pas comme ça
Elle te voit pas comme ça
Monsieur
Elle te voit pas comme ça
Mais il est tard Monsieur
Il faut que tu dessines tout ça."



 
Crooot

Le Merakih 29 Fambir 1512 à 18h50

 
Dubulb' dit :
Qu'est ce que vous dites de ça foule en délire ?!!!

J'imagine qu'il vaut mieux entendre ça que d'être sourd...
Tu as au moins raison sur le fait que le grand large ça inspire.
Je vais profiter de la vue pour peindre.


Le nelda entreprend de sortir ses affaires de son fatras et extirpe de son sac quelques fioles, pinceaux et carnet.

Dubulb' dit :
T'as pas perdu un truc le Puant ?


Je crois pas non.
Tu as vu un truc tomber ?



 
Antiorn

Le Merakih 29 Fambir 1512 à 21h23

 
Peu de gens s'en doutent (en fait peu de gens s'en soucient) mais ces jolis pots de peintures que manient les peintres sont parfois le résultat de réelles prouesses alchimiques. Broyer du lapis et trouver le bon liant constitué d'un blanc d'oeuf, d'huile de lin, de lait de braxat et d'une pincée d'amborcie broyée vous donnera un bleu azur dispendieux mais simple à concocter. Certains peintres ont même leurs propres secrets, passés de maître en élève depuis des générations ou gardés jalousement. Et comme les décoctions alchimiques, certains ont un effet escompté (couleur, opacité, texture) et des effets seconds (odeurs, toxicité).

Il se trouve par le plus grand des hasards que l'effet secondaire du vert que traîne Crooot est l'odeur. Et pour cause, ce vert particulier est un mélange d'algues broyées et macérées, de blanc d'oeufs et de quelque ingrédient secret chtonien qu'il serait impossible de rapporter ici tant l'horreur engendrée serait indicible. Et il se trouve, toujours par le plus grand des hasards, que le dit pot aux horreurs tombe. Il tombe droit vers un blanc nelda qui se dirige à tribord pour mater tranquillement le paysage marin.

Heureusement le pot ne lui fracasse pas le crâne, bien qu'il s'en faut de peu. Un léger déhanchement salvateur du navire qui tangue, probablement. Le pot aux horreurs s'écrase donc aux pieds du dit nelda qui ne s'en tire cependant pas indemne. C'est que le pot éclate. Et il ne fait pas les chose à moitié, ce pot. La céramique explose, se désagrège littéralement. Des grains de pots s'envolent dans tous les sens, talonnés de près par une matière d'un vert saillant mais ô combien nauséabond (tant que la peinture reste humide, un fois la peinture sèche, l'odeur est envolée, mais ça seul Crooot le sait). Le pauvre nelda en est aspergé, souillé, et en serait humilié si quelqu'un avait remarqué quoi que ce soi sauf lui.

Son regard se plisse et avise les hauteurs pour y déceler deux formes. Le même regard plissé redescend vers le pont et avise un sceau d'eau savoneuse laissé à l'abandon un instant par un mousse. Ne faisant ni un, ni deux (c'est qu'il est douloureusement conscient de ne pas sentir les roses), il se verse le sceau sur la tête, les robes, le pelage opalin. Jetant ensuite le sceau par terre, le regard toujours plissé, il se retrousse les manches (mouillées et toujours nauséabondes mais tout de même un peu moins) et débute l'ascension du mât.

C'est que ça va barder...


N'est impossible que ce à quoi on se défend de rêver...

 
Crooot

Le Julung 1 Marigar 1512 à 11h18

 
Dubulb' dit :
Puant ?
On dit rouge de colère et bleu de peur ou encore rire jaune mais je trouve pas pour vert...
Vert... vert....


Vert de rage Dubulb'.
On dit vert de rage.
Pourquoi ?


Dubulb' dit :
Héhé non, non, pour rien...



 
Antiorn

Le Luang 5 Marigar 1512 à 15h47

 
Pour être vert on peut dire qu'il est vert, le blanc nelda. Non de ces verts unis qui tapissent les textures cependant. Non. Vert moucheté, éclaboussé. Légèrement dilué par le sceau d'eau, ce qui n'a fait qu'agrandir les taches... Et les a fondues au pelage et aux fibres de ses robes. Vert de nauséabond, aussi, ne l'oublions pas.

Donc le blanc nelda vert grimpe avec émotion. Mais est-ce la rage, la curiosité, l'incrédulité, la détresse face à la réalisation de sa mortalité alors qu'il vient de frôler la mort sous la forme d'un inoffensif pot de céramique...

Il grimpe le long des cabines, suivant le chemin emprunté par ses prédécesseurs, prêt à en découdre. Les silhouettes de l'origine de sa détresse commencent à se dessiner sur contour de ciel. En fait, malgré les circonstances, cela lui fait du bien. S'il n'a jamais été un combattant, il a du moins dans le passé été une être d'actions et d'aventures. Grimper ainsi, lui rappelle l'exploration d'un col de montagne pour négocier le passage d'une caravane afin de palier à quelque assulters imprévus bloquant le chemin escompté... ça ou d'autres folies d'un temps révolu. D'avant la symbiose, les fins du monde, la chambellance et toute la pelote de liens à démêler...

En fait, plus il grimpe, plus il se sent revivre...


N'est impossible que ce à quoi on se défend de rêver...

 
Lyne

Le Vayang 9 Marigar 1512 à 16h30

 
Lyne est rose.
Rose de plaisir.
Le visage battu par les vents, ses joues se parent d’un vermillon qui n’a rien à envier aux rhododendrons.
Pour la première fois depuis le départ de Papi, elle se sent bien. Parfaitement à sa place.
L’angoisse s’est envolée. Et avec elle, la trouille et le mal au cœur.
Elle fait maintenant partie de l’équipée. Si ce n’est encore de l’équipage.
Elle a un but. Une fonction. Elle est utile.
Il y a bien une enveloppe toujours cachetée au fond de sa poche, mais assise là, à côté du Quipu, elle l’oublie. Tout comme les cauchemars qui viennent la nuit.
Les exploits de Mirgahal la poursuivront encore longtemps. Il ne saurait en être autrement.
N’empêche qu’elle a eu de la chance.
Et maintenant elle est là.
Sur le bateau.
En route vers le S’Sarkh.
Alors, aujourd’hui, rien ne pourrait venir la contrarier.
Rien.
Pas même le Nelda moucheté de verdâtre qui est en train de grimper au hunier.

Antiorn.
Un Confrère…

La petite lui jette un coup d’œil distrait puis s’en retourne à son barda.
Farfouillant longuement dans son sac, elle finit par en extirper un petit pot solidement scellé.
Sur l’étiquette, tracé d’une écriture soignée, on peut lire « Cerises au sirop, cycle 1511 ».
Chapardé en douce dans les celliers, il était normalement destiné à leur goûter. Mais l’urgence de la situation exige des mesures aussi immédiates qu’expéditives.
Surtout qu’Il est maintenant presque au sommet.
Elle concentre toutes ses forces dans le couvercle : il n’y a plus de temps à perdre.
Ce dernier résiste quelques secondes avant de céder avec un plop des plus prometteurs.
Lyne le dépose soigneusement à côté d’elle, plonge les doigts dans le sirop et s’empare d’une cerise gorgée d’un liquide poisseux et sucré.
Juste à temps.
Le Moucheté vient de parvenir à leur niveau, le rebord laissant apparaître le sommet d’un pelage anciennement immaculé.
Le bras de la petite se raidit.
Il faut qu’elle attende le dernier moment.
Le visage du Nelda apparaît enfin.
Elle n’attend pas de savoir ce qu’il exprime et tend la main, laissant apparaître la cerise susnommée.

Aysh’in, avih Antiorn. On a des cerises au sirop. Vous en voulez ?



 
Antiorn

Le Matal 13 Marigar 1512 à 15h53

 
Son ascension est freinée sec.
Un obstacle.
Un geste de bonne foi.
Un piège ?
Mieux vaut se méfier...

Il a vu des beautés assassines en son temps. Rencontré des colosses des plus fragiles. Des érudits imbéciles. Des fleurs mortelles. La gamine qui lui tend un pot de cerises trempées dans le sirop pourrait bien être sa fin... surtout dans cette position précise, entre vents, mer, cieux... et pendouillant trop loin au-dessus du pont pour son bon plaisir.

Elle parle un rabaän teinté d'un accent tout ce qui a de plus compréhensible. Elle est symbiosée, mais non consoeur. Elle est sur le navire sans invitation.

Un sourire se dessine sur le faciès du nelda. Un sourire amène comme il sait les conjurer. Et puis ce sourire, en à peine une seconde, il finit par y croire lui-même. Il grandit, l'élargit, lui fend le visage. Il rit, il rit au risque de tomber, soubresauts à l'appui. En fâcheuse position pour prononcer autre chose que des "Hoho !" et des "Haha !", il se hisse sans plus de cérémonie au niveau de la petite et se laisse choir sur le dos, toujours riant jusqu'aux crampes.

Le monde est à sa fin, ils voguent vers le S'sarkh, et on l'attaque à la bombe puante et lui offre des cerises pour officialiser la trève ? C'est trop. Il rit ainsi un bon moment. Jusqu'aux larmes. Puis se ressaisit et se redresse en position assise.

C'est alors qu'il constate la présence de Crooot.
Alors le fou-rire reprend de façon encore plus incontrôlable.


N'est impossible que ce à quoi on se défend de rêver...

 
Crooot

Le Matal 13 Marigar 1512 à 17h58

 
Crooot tend la main vers le bocal se sert et lance une cerise en l'air en ouvrant la gueule en grand.
Le fruit dessine une parabole parfaite, passe devant le soleil cuisant avant de retomber droit dans la bouche…

Dubulb' dit :

Gloups ! C’est sucré votre truc !


Le mou lévite juste au dessus de son nelda en faisant la grimace, fait mine de s’étouffer, louche vers Chamallow, lui fait un clin d’œil puis se téléporte devant Crooot et lui colle, d’un « Pfffffiou » tonitruant, la cerise entre les deux yeux.

Un rire annonce alors la venue d’un des rares amis de Crooot.
Antiorn se hisse en se tenant les cotes. Il tombe à plat dos et tente de reprendre son souffle entre deux spasmes tordants. Le nelda est heureux de retrouver son acolyte immaculé. Il n’a pas eu le temps de vraiment converser avec lui depuis son embarquement clandestin.

Pour être vraiment honnête Crooot est étonné.
Antiorn a toujours été pour lui indissociable d’Achara.
A telle point qu’il est difficile pour l’artiste de les imaginer l’un sans l’autre.

« Antiorn et Achara » « AntiornetAchara » « Antiornéachara »
ça sonne comme un personnage inédit dans l’imaginaire Croootien.
Il a traversé le pays avec Antiornéachara.
Il a visité la Cité Puits des némens avec Antiornéachara.
Antiornéachara l’a protégé des dangers alentours.

Crooot appréhendait jusqu’alors, d’aller voir Antiorn seul.
Ils composaient une mélodie si entrainante tous les deux.
Une musique si enveloppante que Crooot pouvait alors se permettre une ou deux dissonances.
Elles passaient inaperçues.
Mais sans Achara pour harmoniser Antiorn, Crooot avait peur de dénoter.
Il avait peur qu’on l’entende, qu’on l’écoute.

Pour être vraiment honnête Crooot est étonné.
Pas de gène, plus d’appréhension.
Le rire du nelda blanc est il communicatif ? Peut être…
Crooot a changé ? Certainement…
Est ce la joie de retrouver un peu de fraîcheur avec le confrère ? Sans doute…
Il y a aussi cet air de "déjà vu" quand il regarde Lyne et Antiorn avec lui là-haut…

Ce dernier croise le regard de Crooot et rit de plus belle.
Il n’y a définitivement plus de gène.
Le nelda gribouilleur gobe une nouvelle cerise poisseuse.
Il sourit.
Rigole.
S’esclaffe !


…et s’étouffe…

Tout est différent mais rien n’a changé.




 
Antiorn

Le Vayang 16 Marigar 1512 à 17h10

 
Le blanc nelda se redresse péniblement, toujours secoué de spasmes et de crampes, puis assène quelques tapes bienveillantes au dos de Crooot qui cherche son air. Il rient, s'esclaffent, s'étouffent... comme dans le bon vieux temps.
Les secousses deviennent tressaillements. La mer se calme. Alors seulement Antiorn pose le regard sur la fillette qui accompagne le confrère.

Sourire.

Merci, petite.

Il incline la tête et se sert une cerise poisseuse et sucrée.
Le rire est passé. Reste la sérénité et le calme.
La contemplation de ce moment parfait.

Je suis Antiorn, un ami de Crooot.
Et les amis de Crooot sont mes amis.


Cela lui fait étrange.
La dernière fois qu'il a vu le gribouilleur, il croquait des spécimens dans le jardin de Batyias alors que le directeur de comptoir, lui, tentait d'avoir une discussion sérieuse sur la vie, l'univers et le reste avec le Kar'nem S'sarkh. Crooot avait l'air si décalé, si loin des préoccupations du monde... si distant de tout cela qu'il avait cru bon de l'embarquer, mais Nelle et Umbre s'y étaient opposés. Et le voilà sur le navire par ses propres moyens... ou alors par ceux de cette enfant qui cache très certainement une force de caractère insoupçonnées.

Crooot ne s'attache pas ainsi aux molaçons.
Il fait le contre-poids.

Il mange des cerises...




N'est impossible que ce à quoi on se défend de rêver...

 
Crooot

Le Julung 4 Otalir 1512 à 15h04

 
Il est rentré de l'île accompagné.
De cette compagnie un peu encombrante que l'on ne contrôle pas.
Comme un maître d'école et sa classe d'élèves dissipés.

Il cherchait à comprendre pourquoi le gros reptile avait peur.
Son hypobulle tentait de calmer son cousin ailé en fredonnant.
Crooot guettait le curieux duo en espérant que le plus gros des deux ne prenne le plus petit pour un hors d’œuvre.
C'est alors que les amis du gros reptile ont rappliqué en nuée compacte.
Puis tout s'est enchainé rapidement dans un chaos indescriptible.
Tout le monde s'est retrouvé sur la plage pour revenir au bateau.

Crooot a attrapé son hypobulle, l'a fourré dans une de ses poches et a couru rejoindre les autres,
suivi de la petite Lyne...

...et de la nuée compacte.

Les nouveaux venues tournaient autour des barques et parfois frôlaient les poussiéreux du bout d'une aile.
De retour sur le bateau il est vite devenu évident que les nouveaux passagers reptiliens causeront du chambard à bord si cette foule virevoltante n'est pas contrôlée.
Crooot prend sur lui de les attirer en hauteur pour essayer de juguler ce tumulte.

Le voilà au sommet du clocheton, encore poisseux de jus de cerise, au milieu d'un nuage de ces lézards volants tentant de créer un contact avec eux.

La tâche semble ardue.







 
Crooot

Le Dhiwara 14 Otalir 1512 à 11h51

 
Cela fait un petit bout de temps maintenant que Crooot est la-haut.
Il a maintes fois été bousculé par les dragons dans leur vol désordonné mais à chaque fois il y en avait un pour le remettre sur pattes. Il est au centre d'une nuée de ces créatures, qui depuis la disparition des effluves sur le bateau, ne font plus d'aller-retours entre lui et le combat. Ils tournent autour du nelda en masse compacte.
Crooot tente de communiquer avec eux comme il peut.

Il n'est pas aussi bon linguiste que peut l'être Achara et il voit bien que ses pauvres:
"Cracroooaaaa"
"Brooouuuuaarrrghlll"
"Graooooouuurg"
n'ont que peu d'impacte dans la communication entre eux et lui.

Il a aussi fait quelques dessins:
"Lui et eux dans un grand coeur"
"Lui et eux se serrant la patte"
"Lui faisant un signe de paix"
Les dragons d'abord curieux ont fini par manger ses croquis.
Crooot ne considère pas forcément ce geste comme négatif d'ailleurs.

Finalement alors que l'un d'entre eux se pose à coté de lui pour reprendre son souffle, Crooot attrape sa grosse tête en plaçant ses pattes de part et d'autre des joues du dragon et plaque sont front sur celui du volatile.
Le tout chapeauté par son mou et son hypobulle vrombissant autour d'eux.

Il plonge le regard dans les yeux du saurien volant.


Dubulb' dit :


Tu vas te faire bouffer je le sens...




 
Crooot

Le Luang 22 Otalir 1512 à 17h38

 
Trois jours.
Trois jours à tenter de créer un lien avec ces créatures fantastiques.
Trois jours à capturer une pensée qui n'est pas la sienne la laisser filer et tout recommencer.
Trois jours à sentir une intrusion, lever ses défenses par réflexe, se maudire et recommencer à nouveau.
C'est le temps nécessaire pour se comprendre...même sommairement.
C'est le temps qu'il faut pour atteindre leur destination.

Quand le bateau arrive en vue du S'sarkh, Crooot est aussi peu préparé qu'un bambin en armure devant une armée de rejetons.
Il a réussi à faire comprendre aux dragons que les poussiéreux ne sont pas du gibier, ni des jouets car parfois ces petits monstres ailés se comportent comme des enfants.
Il aurait aimé leur faire comprendre leur but, leur idéal, leur espérances et leurs espoirs.
Cela le nelda n'est pas certain d'y être parvenu.

Les dragons ont compris que l'artiste cherchait à rejoindre le S'sarkh et ils le prennent au mot.


Lyne je crois que les dragons ont compris que nous voulions....
Haaaaaaaaaaaaaa mais qu'est ce......


Deux dragons se saisissent de la fillette avec précaution mais fermeté.
L'un des plus gros congénère à écailles enserre Crooot et la nuée prend son envol vers l'île vivante.
Crooot ne sait pas si ses amis tenteront d'entrer de force, de monter dessus ou de foncer dans le tas avec le bateau mais lui prend la voie des airs un peu malgré lui.

Durant le vol, tout en criant à s'en vider les poumons le nelda sent son cœur lui remonter dans la gorge.
Il espère ne pas vomir sur le S'sarkh.





Page [1]
Vous pouvez juste lire ce sujet...