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Le Luang 20 Fambir 1512 à 21h30
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| Elle avait parcouru l'Hatoshal de long en large, tant et si bien qu'elle connaissait quasiment chaque recoin de cette immense forêt où la végétation se superposait à la végétation, parfois jusqu'à occulter complètement la lumière des soleils.
Au risque de sa vie, elle s'était aventurée haut dans les montagnes pour contempler le visage de Syfaria depuis ses plus hautes cimes.
Elle avait aussi arpenté ses plaines, des étendues d'une telle monotonie aux yeux d'une forestière qu'un champ de mandragoras vénéneuse y était quasiment une promesse de réjouissances.
Il restait pourtant un endroit a proximité de sa région natale qu'elle n'avais encore pas visité.
Un étrange repli souterrain situé en l'un des points les plus bas sur la face de Syfaria, une cuvette qui accueillait les eaux perdues de deux rivières, qui se mélangeaient une vaste étendue boueuse que l'on appelait, non sans à-propos, le Cloaque.
Aussi Ataraxine avait-elle décidé d'aller visiter la grotte aux larmes de la Déesse, à la lisière d'un dangereux marécage.
S'sarkherie de saleté de bouillasse !
La farfouilleuse, habituée à un terrain plus sec, se tenait dans une position insolite et quelque peu grotesque, un pied botté enfoncé dans la vase jusqu'aux chevilles, l'autre jambe levée presque à l'horizontale avec à son extrémité un peton dénudé. Sa deuxième botte se trouvait près de l'autre, prise dans la boue et désormais vide de tout occupante.
Pyrhon dit :
Ne perds donc pas ton calme, Ataraxine...
Tu vas finir par attirer une attention malvenue.
Quelque chose avait justement commencé à s'agiter derrière une petite haie de joncs, juste à côté... | |
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Le Merakih 29 Fambir 1512 à 19h56
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| *** P'teuh ! ***
L'un des espèces de tournesols parmi les plus proches venait de projeter des spores en direction d'Ataraxine, un peu comme si elle lui crachait dessus.
*** P'teuh ! P'teuh ! ***
Plusieurs autres plantes l'avaient imitée sur le champ. Instinctivement Ataraxine s'était retournée en protégeant le bas de son visage pour ne pas respirer le nuage de spores qui commençait à se former.
*** P'teuh ! ***
*** P'teuh ! P'teuh ! P'teuh ! ***
*** P'teuh ! ***
La seule solution semblait être de sortir au plus vite de la nuée en formation. La farfouilleuse prit donc la fuite, s'éloignant à grandes enjambées, sans trop demander son reste. Elle laissa derrière elles deux bottes orphelines dans la boue.
*** P'teuh ! P'teuh ! *** | |
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Le Sukra 17 Marigar 1512 à 20h52
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| Elle avait trouvé une ouverture, une anfractuosité dans un renflement du sol desséché. Sale comme elle l'était, elle n'avait pas trop hésité à s'y engouffrer, même si cela lui demandait d'aller à quatre pattes ou en canard, parfois même de ramper dans des boyaux terreux. Si elle se trompait, elle risquait d'atterrir dans la tanière de Dame sait quelle abomination, à coup sûr vindicative et anthropophage. Mais normalement cela devrait lui permettre de déboucher dans ce lieu incroyable dont on lui avait parlé.
À la lumière tremblotante d'une torche elle déboucha enfin dans un espace plus large. Une grotte assez vaste, même. Elle n'eut pas de difficulté à trouver la grande flaque qui en occupait le centre. De l'eau suintait du plafond et goutait sur le sol, ruisselait le long des parois, formait tout un réseau de rus minuscules qui s'y déversaient.
C'était ici, dans le ventre de la terre qu'on trouvait la meilleure eau de tout Syfaria. Ataraxine s'agenouilla à côté de l'eau, mit ses mains en coupe et puisa un peu de l'onde pour la boire. Puis elle en reprit un peu pour se nettoyer le visage. Pas plus, de peur de souiller la source. Elle en remplit quelques gourdes qu'elle avait amenées spécialement pour cela, puis elle s'assit au bord de l'eau pour méditer un peu sur les bontés infinies de la Dame.
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