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Le Vayang 23 Marigar 1512 à 18h20
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| *** Sadr écoute Toufic. Elle arbore une expression étrange, à la fois intéressée et détachée.
Quelle peut être son humeur ? Son regard flou, tour à tour posé sur les chausses ou les mains de son interlocuteur, n'aide guère à la situer.
Le tchaë comprend vite ce qu'il en est : plus que les mots qu'il emploie, c'est son enthousiasme qui attire et retient l'attention de la sibylle. Certes, il parle de technique ; mais l'important, à ce qu'il semble, est moins ce qu'il en dit que ce qu'il en pense...
Puis Jeaneudon enchaine. La tydale se tourne vers lui, les sourcils froncés, comme soudain dégrisée ou contrariée. Une question fuse, vive et claire ! Tant le plus jeune que le doyen des deux frères sentent - non : ressentent - à quel point leur réponse est attendue : ***
Oui !
Les machines nemens ont une âme...
Et les vôtres, frères du désordre ?
Horoscope de Jayar
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Le Vayang 23 Marigar 1512 à 18h46
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| La question prend Toufic au dépourvu. Il ne s'y attendait pas du tout.
Vous êtes sûre que les machines nemens ont une âme ? J'ai voyagé à bord des transports nemens et des gondolfiers, et ils étaient pilotés par des nemens. Je n'ai pas remarqué une indépendance quelconque de leur part...
En tous cas, nos machines à nous, elles n'en n'ont pas. Elle ne sont que le prolongement de l'idée, de l'imagination, de la réalisation, de l'esprit de leur concepteur.
Oui, leur concepteur doit en avoir une, mais pas les machines elles-même.
Elles ne peuvent exister en dehors de leur créateur...
Toufic était embêté. Le concept d'âme rapporté à une machine lui semblait tellement étrange.
Une machine, cela se crée, se casse, se répare, cela marche ou cela ne marche pas, mais cela ne devait pas avoir une vie intérieure...
Hésitant, il chercha du soutien auprès de Jeaneudon.
Tu en penses quoi ? Les machines ont-elles une âme pour toi ?
CIVIS PACEM PARA BELLUM : Si tu veux la paix, prépares la guerre.
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Le Vayang 23 Marigar 1512 à 22h26
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| *** A mesure que le dialogue s'engage, Sadr est de plus en plus surprise. Estomaquée, même.
A l'air quelque peu gêné ou perplexe des deux tchaës, elle oppose une expression sidérée. Lorsque Toufic l'interroge quant à l'âme des machines nemens, elle se mord la lèvre pour ne point répondre, sans plus attendre. Elle fait bien, d'autant que Jeaneudon semble approuver son discours. Ignorent-ils donc ce qu'est le cœur battant, le creuset même de la culture nemen ? La Fraternité du désordre s'illusionne-t-elle à ce point sur ses propres créations ?
L'enfant-nuit est prise d'un vertige : si la providence a placé ces curieux oiseaux sur son chemin, c'est pour une bonne raison. A l'évidence, ils n'ont aucune spiritualité et donc, ignorent tout du monde invisible. Elle doit leur dessiller les yeux ! C'est important !
Quelque peu stressée par l'enjeu, la tydale se lance : ***
L'âme des machines nemens, c'est la Rune.
Je pensais...
*** Je pensais que vous le saviez ***
Les vôtres sont... différentes. Non ?
Regardez.
*** Bras étendus, elle tourne sur elle-même, désignant d'un même geste tout ce que la rue offre au regard. ***
Toutes ces choses - maisons, tonneaux, charrettes, panneaux, épées, amphores, sacs - sont nées de nous. Sans nous, elles seraient insensées. Nul processus naturel ne saurait les accoucher.
Les tonneaux ne poussent point sur les arbres. Les amphores ne tombent pas des nuages.
Vous ne pouvez les expliquer sans nous expliquer.
Ce que j'essaie de vous dire...
*** Elle pose ses mains sur son sternum ***
Dire de ces ustensiles qu'ils ont une âme est inexact : il sont riches de milliers, de millions d'âmes. Celles des légions poussiéreuses qui les ont pensés, conçus, construits, créés et utilisés. Si une branche ressemble à un bâton, ce qui les différencie est absolument colossal : Le moindre objet manufacturé, aussi banal soit-il, nécessite toute une civilisation pour exister.
Et je vous parle là de choses communes, de bibelots, de peccadilles...
Mais vos machines ! Votre technologie ! Imaginez !
Elles...
*** Ardente ***
Elles n'ont pas d'âme, oh non :
Elles sont votre âme.
Je pensais...
*** Je pensais que vous le saviez. ***
Horoscope de Jayar
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Le Dhiwara 25 Marigar 1512 à 19h04
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| La surprise laissait place à l'amusement. Finalement, elles étaient rigolotes ces tydales.
Je ne sais pas. Cela me semble un raccourci bien étrange de dire que les objets ou les machines que nous fabriquons ont une âme parce que nous les fabriquons et que nous avons une âme.
Sans nous, sans notre savoir-faire, ces objets n'existeraient pas. Après notre disparition, ils disparaitront à leur tour, même si certains peuvent nous survivre longtemps.
Non, les objets sont inertes, ils n'ont pas de conscience propre, ce ne sont pas des êtres vivants. Et en tant que tel, ils ne peuvent avoir d'âme.
Un objet ou une machine est incapable de décider seul de ce qu'il va faire. Le fait d'être créé ou détruit ne provoque aucun sentiment en lui.
Une création, n'est que la matérialisation d'une idée, d'un concept. Elle peut révéler la personnalité de l'artisan qui la fabriquée, mais n'en reste pas moins un objet inerte.
Et puis, nous, sommes nous sûrs d'avoir une âme ? Savons-nous même d'où nous venons ?
Toufic était perplexe. Il trouvait la tydale très sympathique, mais vraiment étrange.
CIVIS PACEM PARA BELLUM : Si tu veux la paix, prépares la guerre.
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Le Dhiwara 25 Marigar 1512 à 21h49
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| *** Sadr hausse les épaules. Son visage se ferme. ***
Peu importe d'où nous venons, frères du désordre.
Seul importe où nous allons.
Savez-vous où vous allez ?
*** Question de pure rhétorique ***
Je vais trop vite, semble-t-il. Je vais trop vite et je vous perds. Alors, notre conversation s'achève.
Elle reprendra, plus tard.
C'est écrit.
D'ici là, je vous abandonne.
*** Ses yeux étincellent un instant : tristes, furieux ? Puis elle lance cet étrange compliment ***
Vos machines sont plus grandes que vous.
*** Sur ce, elle tourne les talons et disparaît. ***
Horoscope de Jayar
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Le Merakih 28 Marigar 1512 à 21h29
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| *** Après moultes attaques de monstres invisibles, de cul de sac, de détours, de monstres visibles et autres bestioles plus ou moins dangereuse. Karnu arriva enfin à la fameuse cité de Kryg.
Il vit ses frères discutant avec ce qui s'avérait être des Tydales. ***
dit :Hoooo des inconnues !
*** Le Tchaë s'approcha donc du petit groupe et entamma d'une voix mélodieuse : ***
Je vous salue mes frères,
Avec qui j'ai parcouru la terre
Et vous aussi, étrangères
Que je ne connais encore guère
A ceux qui ne me connaissent pas
Karnu est mon nom
Et barde ma profession
dit :Tu penses vraiment que c'est le moment pour arriver en chantant ?
*** Karnu regarda l'assistance tout fier de son entrée... ***
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Le Julung 29 Marigar 1512 à 18h29
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| Toufic salua poliment la tydale qui avait pris congé.
Il avait vu ses yeux étinceler un bref instant, sans savoir ce qu'il devait en penser.
Mais la tydale, si elle avait été étrange, s'était montrée amicale, donc il ne s’inquiéta pas trop.
Peu de temps après, Karnu arriva en ville. Il était arrivé à bon port, le commandant en était rassuré.
Tiens, c'est vrai, je ne connais rien de la musique tydale. Ici, la musique est-elle appréciée, tolérée ou défendue ?
Soyons prudents. Chez les Hauts Rêvants, tout bruit était considéré comme un désordre dérangeant le Rêve et devait être puni.
CIVIS PACEM PARA BELLUM : Si tu veux la paix, prépares la guerre.
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