Les Mémoires de Syfaria
Hors de toute région civilisée

Epilogue

Jusqu'au bord du monde
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Sujet lancé par Sadr
Le 02-05-1512 à 16h59
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Posté par Sadr,
Le 27-05-1512 à 14h41
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Sadr

Le Merakih 2 Manhur 1512 à 16h59

 
*** Sadr conduit Phlegme d'une main légère, tenant sa bride comme s'il s'agissait d'un bouquet de fleurs des champs. Pourtant, l'énorme bête suit, broyant de son pas lourd la route pierrée. Derrière, l'imposante roulotte de l'enfant-nuit cahote doucement, son bruit est musical, ses roues cerclées de fer jouant des pavés comme des touches d'un piano.

Parvenue aux portes de Kryg, la sibylle s'arrête et comme par miracle, l'Yloataluk fait de même. C'est heureux, car l'animal pourrait la réduire en bouillie, changer son corps fluet en peinture impressionniste mouchetée sur le sol. Mais il semble en phase avec sa maîtresse, alors même qu'au petit matin, ils ignoraient l'un que l'autre existait. Signe des astres, ou désastreux ?

Deux gardes s'avancent, intriguées par l'étrange équipage : ***


- Où vas-tu donc, liadha ?

*** L'astrologue répond, sans délais ni détour. Un bref dialogue s'engage : ***


- Je l'ignore.
Pour l'instant, j'attends le Juste. Nous cheminerons ensembles.
- Qui ça ?
- Diaspar. C'est important ? Il me faut te donner une explication, pour quitter la ville ?
- Non, non. Tu peux y aller. Mais gare ta roulotte si tu veux stationner près des portes. Elle bouche le passage.


*** Dirigeant Phlegme sans effort, Sadr s'écarte et va se poser un peu plus loin.
Elle se couvre les yeux, torturée par la vive lumière du printemps.
Elle attend. ***


Horoscope de Jayar

 
Pentar

Le Merakih 2 Manhur 1512 à 19h25

 
Adossée contre la muraille, Pentar observe le manège de sa soeur.
D'abord, elle ne dit rien et se contente de regarder.
Elle a reçu le message de l'astrologue. Cela l'intrigue.
Cela pourrait même l'intéresser.
La chaleur de la forge et l'étroitesse de la cité lui pèsent.
Repartir dans le vaste monde est une idée.
Mais elle ne pensait pas que l'enfant-nuit partirait si vite.
Si blanche, si fragile, si frêle.
Pourra-t-elle seulement affronter le vent ?
Les éléments ? Sans parler des monstres.
Sans parler de la mesquinerie des poussiéreux.
Les tromperies des uns et des autres.
La bêtise crasse.

Curieuse créature.

A quelques pas de la grosse monture et de sa maîtresse, à l'ombre des murs.
Elle mâche un vieux morceau de poulet froid et trop cuit. Skronch.
Après quelques secondes, elle fait entendre sa voix grave.
Pas forte, suffisamment pour que Sadr l'entende.

Comme d'habitude, son timbre est lourd, cassant.
La phrase est courte, réduite au strict minimum.

Où vas-tu ?

C'est simple et ça ressemble à la question des gardes.
Mais c'est un peu plus que cela, Sadr le sent.
La destination importe peu, finalement.


Ferme ton clapet, béjaune, de toute façon tu vas bientôt pourrir. Et en silence.

 
Sadr

Le Merakih 2 Manhur 1512 à 22h01

 
*** Cette voix. Cette aura...
Le goût de cendre, le son de l'eau, l'odeur de pierre, l'écho du vide et le Déclin à l'état pur...
Elle est la Valkyrie, debout dans son Manteau de Salamandre. ***


Pentar.

*** Une pensée du témoin l'informe à point nommé : il trace la route. Il est devant. Sadr peut répondre. ***


Le monde décline, le voile s'étiole. Bientôt, nous chuterons. Je dois le voir.
Le Juste Diaspar ouvre la marche.
Viens, joins-toi à nous.


*** Une pause ***


Si tu le veux.

*** Rajustant son voile, la sibylle frotte ses yeux blessés ***


Si tant est que cela importe, moi, je le veux.
Le manüsh acceptera.
Je le sais.


*** Sur ces mots, elle ébranle l'attelage et commence son voyage.
Quoi que fasse Pentar, l'enfant-nuit l'accepte.
Elles sont liées. ***


Horoscope de Jayar

 
Pentar

Le Julung 3 Manhur 1512 à 17h24

 
La Valkyrie observe, écoute.
Un instant dans l'ombre, elle regarde s'ébranler l'attelage.
Et le destin de la petite astrologue.
Elle la laisse s'éloigner, prendre la route.
Quelques secondes s'égrainent.
La roulotte disparaît finalement de sa vue.
A un virage entre deux formations rocheuses.
Dans la route sinueuse et chaotique des montagnes.
Les sentiers incertains.
Pentar finit son poulet et crache.

Puis se met en route à son tour, sur les traces de la caravane.
Elle suit sa soeur Déclinante.
Sans rien ajouter, silencieuse et vigilante.
L'air frais fait un moment voltiger ses longues tresses.
Main sur son épée, elle resserre son manteau de fourrures.
Son regard tâte l'horizon qui se découpe dans l'infini.
Du haut des montagnes, on peut contempler le monde.
Un grand et vaste Tableau.
Le monde les attend, déclinant.

Elles sont prêtes à l'admirer.
Et à l'accompagner dans sa chute.


Ferme ton clapet, béjaune, de toute façon tu vas bientôt pourrir. Et en silence.

 
Sadr

Le Dhiwara 6 Manhur 1512 à 19h56

 
*** L'équipage avance, cahin-caha, sur la route pavée menant de Kryg à Utrynia.

Sadr n'a pu marcher bien longtemps : courbaturée et victime de vertiges, elle est montée sur la place du cocher et mène Phlegme d'une bride légère. La lumière de la fin de journée l'agresse, malgré les plis de son voile qui lui couvrent presque entièrement le visage. La sibylle attend la nuit pour mieux profiter du voyage, lorsque entre chien et loup, elle pourra se découvrir la peau et admirer le paysage.

La plupart du temps, Diaspar est devant. Il marche, apparemment sans fatigue, parfois visible lorsque la route demeure à peu près droite, parfois caché par les accidents du terrain. Il n'a pas souhaité profiter - pour l'instant - de la roulotte, sans doute préoccupé par les nombreux dangers qu'il faut anticiper en chemin.

Pentar, pour sa part, est hors de vue. Mais l'enfant-nuit sent sa présence.

De temps à autre, l'astrologue s'arrête : telle plante, telle bête étranges attirent son attention. Comme elle est myope, elle doit s'approcher, plisser des yeux, supporter la brillance excessive de Silith... pour ne point voir grand-chose, au final. Pourtant, quelques heures après son départ, tandis que le dernier soleil commence à taquiner l'horizon, elle note que le Juste s'est arrêté. Il s'est également décalé de la route, debout, sur le bas-coté...

Dans la prairie, vers le sud, une sorte de mou bondit dans les herbes folles et se rapproche de lui. Sadr en est encore à se demander s'il s'agit d'une version sauvage de son Ombre lorsque le monstre - une triabe noirâtre - saute sur le témoin ! Aussitôt, une bagarre s'engage !

Surprise, la sibylle fronce les sourcils, s'interrogeant sur ce qu'elle pourrait bien faire d'utile en la circonstance. Oh, Diaspar s'en sort très bien, il est indemne, tandis que la boule de vice faiblit sous ses sorts. La liadha ne peut pourtant se contenter d'attendre...

Pointant un doigt accusateur vers le faux mou, elle dit, le plus sérieusement du monde : ***


Je te maudis.

*** SPROUATCH !!

Dans une giclée de miasmes verdâtres, la chose explose, projetant ses chairs aux alentours ! Armée d'une épée aussi grande qu'elle, la Valkyrie l'a trucidée !
L'enfant-nuit ne l'a pas vue venir, évidemment. Diaspar si, puisque le Juste s'est prestement reculé, de sorte à éviter le grand moulinet de Pentar et l'essentiel des humeurs méphitiques de la sale bête...

Ombre observe, cabotin : ***


Ombre dit :
Efficace, ta malédiction.


*** Pensive, l'astrologue observe les restes de l'étrange assaillant. Elle laisse courir ses doigts dans la chairs déchiquetée, puis les observe tandis qu'ils ruissellent d'un sang noir et corrompu...
Ensuite, non sans difficulté, elle remonte à l'avant de la roulotte et tandis que l'attelage s'ébranle à nouveau, elle dit : ***


Je dois m'habituer à cette violence.
Le monde entier est violence.
Le Déclin est violence.
...

Tout est violence.


Horoscope de Jayar

 
Pentar

Le Luang 7 Manhur 1512 à 00h11

 
Vigilante, Pentar suit la roulotte.
Rarement sur la route, elle l'escorte. Jamais loin.
Elle a à peine aperçu celui que Sadr nomme "le Juste", un pèlerin ssarknesh.
Ne s'en soucis guère et n'a pas pris la peine de le saluer. Cela ne l'intéresse pas.
Un vague mouvement de tête, peut-être, pour signifier qu'elle a pris sa présence en considération.
Elle passe ses nuits loin de la caravane, loin des autres. Dans la nature, qu'elle arpente.
Quand le premier danger se présente, elle y met fin sans autre forme de procès.
Elle n'exécute pas, elle détruit. Style haché, efficace et barbare.
Sanguinaire, oui. Violent, certes.

Une fois la Triabe expédiée, elle distingue une fleur de fiel sur la route.
Elle souffle quelques secondes, reprend sa respiration. Mais a déjà la mort en tête.
Ne nettoie pas les restes qui s'étalent sur son armure et son corps.
Miasmes peu dérangeants. Qu'importe. Elle se met de nouveau en route.
La fleur en ligne de mire et...d'épée.

La quiétude de l'astrologue est garantie.
Par la violence.


Ferme ton clapet, béjaune, de toute façon tu vas bientôt pourrir. Et en silence.

 
Diaspar

Le Vayang 11 Manhur 1512 à 17h05

 
Attention, cité morte.
Utrynia. Tombeau géant.
Sinistre mausolée.

Diaspar, sur la route, considère un instant l'horizon. Les murailles et les toits de la ville se dessinent dans la plaine, étrange et lugubre spectacle que celui d'une ville touchée par la peste des effluves. Phénomène ô combien passionnant, trouble, amer. La petite troupe avance vers Utrynia, tandis que le Témoin sent monter l'appréhension et une étrange forme de compassion, qui est le lot de son peuple. Les effluves sont comme une maladie qui ronge ce monde, manifestations de la douleur d'une créature divine qui modèle chaque jour leur existence, sous bien des aspects et à bien des échelles. Terrible destin que celui du joyau du Matriarcat désormais membre fantôme de la faction.

Après quelques secondes de réflexion, le Contemplateur reprend la route. Il faudra la contourner pour reprendre la route du sud, vers Arameth.

Il s'approche de Sadr et de la roulotte après avoir soigné la patibulaire Pentar qui, de toute évidence, n'en rate pas une pour faire le ménage sur le chemin. Diaspar craint une violence aveugle, sanguinaire, presque gratuite. Il a déjà vu des guerrières de cette faction, elles ont rarement brillé par leur profondeur. Celle-ci, néanmoins, lui renvoie une impression différente. Comme une rage abyssale, une douleur constante et totale. Rien que ses techniques de combat sont originales. Elle est loin des habituelles danseuses de sa faction. Aussi mortelle, oui, mais sans grâce. Elle n'exécute pas, elle détruit. Et semble savourer le sang, le fer, la sueur. Un cas intéressant sans doute, si elle ne s'enfermait pas dans le silence et l'indifférence. Le contraste avec Sadr est frappant et rappelle au Témoin la complexité de cette faction si intrigante.

A quelques mètres des portes défoncée de la ville, Diaspar interpelle l'astrologue.


Nous allons bivouaquer ici ce soir, si tu n'y vois pas d'inconvénients.
Nous allons devoir contourner la ville par son pan Est en suivant les murailles pour retrouver la route vers Arameth.
Traverser la cité est hors de question. Les effluves matérialisées qui la peuplent sont très dangereuses.

Par ailleurs, j'ai des nouvelles de l'expédition.


 
Sadr

Le Vayang 11 Manhur 1512 à 19h13

 
*** Les mots du Juste bruissent dans la plaine sans éveiller d'écho immédiat. Des hauts murs de gré de la cité morte sourdent d'étranges litanies, dont les langueurs glauques évoquent le crissement des ongles sur l'ardoise, les pleurs d'enfants martyrs, le chuchotement lancinant des sans-repos. Sadr écoute ce qu'en rapporte le vent. Malgré la lumière excessive du printemps, ses yeux sont grands ouverts. L'expression neutre, elle parle d'une voix d'outre-tombe ***


Lorsque la ville est tombée, j'étais Anja.
J'envisageais alors d'intégrer la famille des Fileuses de Vie. J'aimais la musique et j'apprenais le clavecin. J'étais douée.
Puis j'ai rêvé des ténèbres. Et les ténèbres sont venues. Elles sont entrées en moi, elles m'ont broyée et le jour s'est changé en nuit.
A mon réveil...
A mon réveil, j'ai su que ma vie résumerait celle de ma faction.
Née riche d'envies et d'avenirs, j'ai été frappée par l'anathème. Les ténèbres m'ont anéantie, puis remodelée.
Désormais, je suis possédée par le Déclin.
Il est puissant, intense, et grandit tant qu'il balaiera mon existence avant terme.
Ainsi, j'en connaitrai l'épilogue.


*** Pointant le doigt vers Utrynia ***


Celle-que-j'étais pourrit encore dans la ville morte.
Sa charogne nourrit les corbeaux, son fantôme nourrit les effluves.
Je sens son odeur. Je vois son aura.
Celle-que-j'étais...

Je te maudis.

*** Se tournant vers Diaspar ***


Des nouvelles ?

Horoscope de Jayar

 
Diaspar

Le Sukra 12 Manhur 1512 à 18h54

 
Le Témoin écoute avec attention Sadr, touché par la poésie, la souffrance et la profondeur de sa litanie. Sadr dévoile un peu plus de sa complexe personnalité et de son histoire. Il comprend qu'il y a là une clef fondamentale de son être. Transporté par cet étrange cauchemar qu'elle décrit, Diaspar tarde à reprendre ses esprits. La question flotte un moment dans l'éther. Il aimerait accompagner les pensées de l'enfant-nuit, mais ne peut pas. Il suppose aussi que ce serait inutile et maladroit. Elle seule peut porter son deuil, dans la solitude et dans les ténèbres d'un destin si abruptement dessiné. Il n'a pas une vision ni obscure et déterministe de la vie et du Tableau, mais si il y a bien une Fatalité, elle n'a pas fait de cadeau à la jeune femme. Il faut dire que la Fatalité n'est pas du genre à faire des cadeaux. Une existence déchirée de plus, comme il y en a tant sur ce monde.

Peut-être est-il préférable alors que nous ne nous attardions pas ici.
Avançons autant que possible pour t'épargner de douloureux souvenirs.
Nous nous poserons plus tard, plus loin au sud.

En reprenant la route, direction le sud-est, la ville morte à sa gauche, la plaine et la nature à sa droite, Diaspar restitue la dernière pensée de Nelle, traduite en tydale.

Voilà ce que la Propage Nelle 'Dymer a pensé sur le consensus :

Citation :
Le voyage a commencé dans un calme relatif (excepté la découverte de quelques symbiosés clandestins), jusqu'à la situation tendue mentionnée par Erling quelques pensées plus haut : rien de grave, si ce n'est l'arrivée impromptue et pour le moins inhabituelle du Capitaine Krepion Loudmer par... un placard, accompagné de deux autres tchaës (la Naturaliste fraternelle Baër'lupis et un bien atypique représentant du Matriarcat, Ylimildian), et -si j'ai bien compris, ce qui n'est pas certain- poursuivi par quatre confrères.

Cette arrivée étrange, pour laquelle je ne saurais pas vous donner plus de détails, a provoqué une grande confusion, des combats, quelques blessés, des morts, et beaucoup de tension.
Ce jour-là je n'étais pas vraiment en très bonne forme, aussi je vous avoue n'avoir pas vraiment pu suivre et comprendre ce qui se tramait.
Au final, deux confrères (symbiosés) sont morts, et il a été annoncés que les deux autres avaient été "renvoyés à terre", d'après les rumeurs courant parmi les marins, de la même façon qu'ils sont arrivés...

Voyage calme de nouveau par la suite, jusqu'à il y a quelques jours, où l'une des immenses créatures marines que nous apercevions ou devinions parfois s'est dangereusement intéressée à notre embarcation : il s'est finalement avéré qu'elle voulait qu'on la suive, plutôt que nous couler, ce que nous avons fait.

Et ce faisant, elle nous a mené jusqu'à une île, sur laquelle nous pouvons indubitablement distinguer d'anciens vestiges !
Voilà où en est notre voyage, un petit nombre d'entre nous s'apprête à débarquer pour aller explorer cette incroyable découverte...


Il sourit, intrigué et excité par ces nouvelles. De toute évidence, les aventuriers ne s'ennuient pas.

 
Sadr

Le Dhiwara 13 Manhur 1512 à 19h20

 
*** Sadr écoute Diaspar, non sans quitter la ville des yeux. Elle acquiesce silencieusement à sa proposition de poursuivre la route, quelques temps. L'enfant-nuit doit s'éloigner, parce que... ***


Utrynia est mon Alpha.

Si je tarde à m'en éloigner, elle deviendra mon Omega. Un étrange vertige me taquine l'âme, le vide m'appelle. Je ne saurai demeurer ici sans vouloir, sous peu, rejoindre celle-que-j'étais. Nous pourrions nous réconcilier dans le néant, en apparence...

Mais la farce, en vérité, serait grotesque et sinistre : la symbiose m'interdit de mourir. Je serais mâchée par les effluves et recrachée, poupée vilaine, par quelque pilier gris.
Je ne peux vouloir cela.


*** Le ton s'apaise ***


Tu as raison. Une fois encore.
Partons.


*** La roulotte reprend la route, de sa démarche lente, claudiquante et chaloupée. Puis le Juste parle des siens. La sibylle accroche son regard. Elle l'observe, sans ciller, autant qu'elle l'écoute. Lorsque le manüsh évoque l'immense créature, ses pupilles s'arrondissent et ses mains s'étreignent. Elle murmure : ***


Oui...

*** Puis, plus distinctement ***


Les règles de notre monde n'ont rien d'universelles. C'est une belle nouvelle.
La fin de notre temps n'est pas la fin de tous les temps.

Diaspar,
Dis cela à tes amis :

S'ils voient le monde changer, de deux choses l'une :
Soit le monde change, soit...
Ils changent.

Demande-leur, si tu en as le pouvoir.
Qu'ils posent leurs regards en eux, tout autant qu'ils le font autour d'eux.
Qu'ils sondent leurs corps, leurs esprits, leurs âmes.
Qu'ils questionnent leur symbiose.


*** Doucement ***


Ils seront surpris.

Horoscope de Jayar

 
Aliana

Le Matal 15 Manhur 1512 à 21h22

 
Semeuse de mort d'Utrynia...

Ces mots résonnent à ses oreilles comme une chanson d'enfance, une ritournelle qui trotterait aux abords d'un songe. Croc-Rouge dans sa main, elle contemple du haut d'une colline avoisinante la ville maudite où elle à passé sa jeunesse. Elle ne l'a pas vue tomber, elle n'a pas pu la défendre lorsque les effluves l'ont envahies.

Sa ville, son berceau...abandonnée aux engeances et à la vicissitude

Un tremblement secoue ses épaules et un goût amer remonte sur sa langue lorsqu'elle se détourne du panorama et entreprend de rejoindre la route qui la ramènera à Kryg en resserrant sa cape autour d'elle .

Lorsqu'elle entame la descente en direction du pilier, au dessus d'elle, la lumière du jour laisse peu à peu place aux étoiles et aux astres nocturnes. Laissant trainer sa main sur le sommet des hautes herbes balayées par le vent,, elle repense à l'étrange périple qu'elle à entreprit. Elle ne s'est guère aventurée très loin dans les collines maudites, la prudence lui dictant de ne pas trop trainer dans ce dangereux endroit. A côté, les montagnes entourant Kryg passeraient pour un camp de vacances. Mais le voyage lui à apporté de nouvelles idées, un nouveau but... La Danse, les armes et les Lames ont été toute sa vie jusqu'ici, elle à arpenté le Matriarcat du Nord au Sud de nombreuses fois, mais elle sent que quelque chose lui manque...

Ses pensées sont interrompue par la lumière naissante d'un feu de camp perçant a travers les buissons à quelques dizaines de mètres de là. La solitude à souvent du bon pour une exécutrice matriarcale mais à travers les plaines, passer une soirée en compagnies de voyageurs, quelque soit leur origines est souvent préférables à se réveiller avec un noosophage qui vous mordille les orteils. Elle remet donc Croc-rouge au fourreau et met le cap en direction du bivouac.

*** ***


Trois tydales, deux femelles et un mâle sont assis près du feu qui brule devant leur chariot.
Ce n'est qu'en apercevant Pentar qu'elle reconnait l'étrange convoi. La roulotte de Sadr est une vision burlesque dans cette partie du territoire tydale, mais les lumières qui filtrent par les petites fenêtres de la carriole en bois ont quelque chose de réconfortant, de mêmes qu'apercevoir des visages familliers.

Entrant dans la lumière du brasier, elle pose son sac et son arme en saluant le trio...ou tout du moins les Matriarcales. Elle ne connait Diaspar que de vue, croisé lors d'une beuverie à l'auberge avec Zéna...Et tout ce qu'elle sait c'est qu'il n'est pas causant...


-Aka's hajar liadhas...Quels fils vous ont donc portés jusqu'ici?

Les regards qui se lèvent vers elle l'ont toujours mise mal à l'aise...Que ce soit Pentar, la plus sileucieuse des Exécutrices, ou Sadr, l'astrologue...Ses deux soeurs l'ont toujours intriguée à la limite de l'intimidation...De même que les étranges réponses de celle-ci...Mais à choisir entre dormir seule ou avec ses semblables.

-Nous portons le Déclin et le Déclin nous porte, ma soeur. Je prends la route pour prédire le pire à qui veut bien l'entendre. Pentar agit, lors que je parle. Diaspar, le manüsh que tu vois, témoigne à sa façon de notre périple. Si tu désires consulter le ciel, ma voyance est à ton service.

Un sourire, rictus gêné, étire les lèvres d'Aliana alors qu'elle s'assied en bordure du cercle de lumière...

-Sans avoir à lire le ciel, je peux te dire qu'il semblerait que la Voie de ma Danse emprunte un autre tissage...

Puis, avec un haussement d'épaule, elle se rapproche de Sadr, s'assied en tailleur à même le sol et lui tend la main, paume tendue vers le haut comme elle le ferait avec une diseuse de bonne-aventure...

...Mais je ne suis qu'une Exécutrice après tout.

-Aliana, Semeuse de mort de Kryg,Fer-Née-
"Danser, c'est comme parler en silence. C'est dire plein de choses... sans dire un mot!"


 
Sadr

Le Matal 15 Manhur 1512 à 22h44

 
*** Sadr descend le marchepied de sa roulotte et vient s'asseoir en face d'Aliana. Elle a pris son coffret d'osier, duquel elle sort ses instruments : une toise d'ivoire, cinq astragales d'ivoire et bois précieux, un stylet d'obsidienne, un astrolabe en cuivre brossé, un calepin de papyrus relié de cuir tendre, une plume en roseau et un encrier de poignet.

Son matériel éparpillé autour d'elle, l'enfant-nuit lève le nez au ciel et consulte les étoiles. Après quelques minutes, elle prend la main de la Semeuse et parle doucement, comme si la nuit justifiait ses murmures ***


Veux-tu profiter un peu du feu et boire quelque chose de chaud, avant que de questionner ton destin ?
Je peux te proposer une décoction de plantes ; elle pourra, selon ta préférence, t'aider à dormir ou t'aider à veiller.


*** Les yeux de la sibylle se détournent, comme indisposés. Elle grommèle ***


Mortelune ! Je ne te vois pas...

*** Prenant sa fine dague, elle pique brièvement la paume d'Aliana et porte la pierre aigüe à ses lèvres. Elle tressaille, ferme ses paupières et soliloque à voix basse ***


Oui, oui... tu es à la croisée des chemins, Liadha.
Tu as tué plus que ton compte, mais ton compte n'y est point. Tu aimes tuer, toujours, mais pour une raison qui t'échappe... ou plutôt, sur laquelle tu te méprends...
Ton credo était l’annihilation, mais voici qu'il évolue et devient la transmutation. Tuer pour tuer ne te satisfait plus. Voilà qui est fort intéressant...


*** Chuchotements inaudibles. Puis ***


Cela se voit dans ton Aura. Tu portes, tu as toujours porté un Manteau de Vapeurs. Mais il change. Il se commue. Anciennement, le Feu dominait la Pluie, la Foudre commandait l'Eau. Aujourd'hui, l'Air domine puissamment la Phlogistique. L'Ether est à l'affut, en embuscade. Il attend son heure. Il s'imposera lorsque tu auras fait ton choix. Et la Terre, toujours absente, viendra enrichir ta palette... de savoirs-faire.

Tu sèmes la mort, c'est certain. Hier, tu accomplissais ton devoir de Semeuse. Aujourd'hui... Aujourd'hui, c'est différent.
Tu ne veux plus détruire, tu veux façonner.


*** Ouvrant les yeux et fixant intensément la liadha ***


N'est-ce pas ?


Horoscope de Jayar

 
Aliana

Le Merakih 16 Manhur 1512 à 00h10

 
Aliana écoute Sadr la main tendue, un sourcil levé...Elle s'est penché imperceptiblement pour entendre le murmure...

Cela n'a rien de comparable avec le discours imagé et tarabiscoté du Nuage, ni avec le phrasé particulier de Séoane. Les mots qu'elle utilise sont complexes, alambiqués, les métaphores dont elle se sert mettent un temps certain à transpercer le voile de pragmatisme de la Semeuse. Mais l'astrologue est dans le vrai.

Pas qu'elle n'ait plus envie de tuer...La Danse coule dans ses veines et l'acier à toujours été le prolongement de sa main...c'est juste que...


-En quelques sorte tu as raison...

Encore que, n'importe quel symbiosé matriarcal doué d'un peu de raison aurait du être au courant...

-Nous avons une nouvelle Maitresse d'armes...mais nous manquons d'armes. Du moins, de celle dont on se sert pour tuer efficacement. Nos artisans sont doués, mais aucun n'atteint les niveaux d'orfèvrerie guerrière que nous avons connu de par le passé...Je ne cherche pas à ne plus détruire, ni même à façonner...Disons juste que je cherche à détruire plus efficacement...


Avisant le matériel de Sadr, elle sourit à l'astrologue...

-Ce sont de magnifiques ouvrages que tu possèdes là. Peuvent-ils t'aider à me dire quelque chose que nous ne sachions pas déjà?

-Aliana, Semeuse de mort de Kryg,Fer-Née-
"Danser, c'est comme parler en silence. C'est dire plein de choses... sans dire un mot!"


 
Sadr

Le Merakih 16 Manhur 1512 à 21h15

 
*** L'enfant-nuit réfléchit un instant avant de répondre ***


Je l'ignore. Le ciel peut se montrer avare ou prolixe, c'est selon. Ce soir...

*** Levant les yeux ***


...l'empire céleste est agité. Je vois, pour ce qui nous importe, le Ferrant, l'Aiguille et le Tourment comploter de concert. Tu ne veux point façonner, dis-tu ? Le ciel persiste et signe. L'Aspic nage dans le Fleuve, il court le long de l'Epine Dorsale et fend les nuées d'Est en Ouest : les changements en cours seront peut-être... douloureux.

Laisse-moi le temps d'analyser le jeu des métamorphoses ; les étoiles dansent et nous parlent, mais parlent-elles bien de toi ?
Ce qui se joue nous le dira.


*** Prenant l'astrolabe, la sibylle vise trois étoiles brillantes et note leurs écarts angulaires sur son carnet. Puis elle entreprend d'écrire une longue série de signes cabalistiques dont Diaspar reconnait le style : la sibylle retranscrit les changements en cours, pour capter la dynamique qui régit l'évolution des accablements étudiés. L'exercice dure quelques minutes, puis ***


Je n'ai rien préparé, notre rencontre me dépasse. Pourtant, j'observe une grande tendance, dès lors que je raccorde ce que tu donnes à voir et ce qui bruisse au firmament :

Tu veux produire de quoi tuer. La cause explique la conséquence. C'est entendu.
Cependant... une dynamique est née. Elle gagne en puissance et pour l'heure, ne t'a point été révélée.
Lorsqu'elle adviendra, liadha, tu seras surprise.

Sous peu, tu vas te lancer. Tu vas façonner les armes que le prix du sang réclame, pour toi comme pour les nôtres.
Cependant, le temps passant...
Tu vas aimer ça. A terme, tu n'auras plus besoin d'argument. Tu n'auras plus besoin de prétendre.
La conséquence deviendra ta cause.

Tu transformeras la matière et tu l'ennoblira, parce que, de la sorte...
Tu t'ennobliras toi-même.


*** Une pause ***


Je ne dis rien de tel.

*** Pointant le doigt vers un regroupement d'étoiles marqué ***


C'est le Ferrant qui le dit.

Horoscope de Jayar

 
Aliana

Le Vayang 18 Manhur 1512 à 13h54

 
*Aliana regarde le doigt, puis les étoiles...puis a nouveau le doigt...et enfin Sadr...N'aurait été la chevelure naissante de l'Exécutrice, son visage ressemblerait à une pleine lune...

Et bien si le Ferrant le dit...C'est que les astres dictent plus ma destinée que la nécessité et les besoins de nos soeurs.

*La Semeuse se frotte la main là où la dague l'a piquée..

J'ai souvent pensé dans ma jeunesse que ce talent ne me serait que d'une piètre utilité.
Mais finalement, peut-être bien que j'y étais destinée depuis le commencement de la fin.


Au dessus du bivouac, la nuit a déjà bien avancé, en souriant ,elle déplie son couchage et l'installe près du feu...

Je crois que l'astrologie me paraitra toujours comme le plus obscur des arts, et même si le tableau avance et que le Déclin approche jour après jour, nous sommes avant tout responsable de la manière dont nous retardons l'inévitable ou pas.

Je te remercie pour ta lecture Liadha Astrologue...


-Aliana, Semeuse de mort de Kryg,Fer-Née-
"Danser, c'est comme parler en silence. C'est dire plein de choses... sans dire un mot!"


 
Sadr

Le Dhiwara 20 Manhur 1512 à 09h11

 
*** Sadr acquiesce d'un battement de cils, puis surenchérit. Comme souvent, en ces circonstances, l'identité spirituelle de sa soeur lui apparaît : après La Valkyrie, Le Juste, Doigts-de-fée et Eau-de-pluie... ***


Née du fer, tu es née pour faire. Telle m'apparais-tu, Aliana Fer-née.
Ne sois pas trop dure avec toi-même : aimer faire n'est point pêcher ; c'est donner du sens à ton engagement.
Le fer qui plie surclasse celui qui se brise.


Ombre dit :
Psst ! Ton dû !
Fais-toi payer, boubourse !
Je te l'ai dit : tu ne dois pas travailler gratuitement ! L'Astrologie ou le truc que tu fais, là... c'est un métier !


*** Un regard à son mou, puis ***


Regarde mieux, mon Ombre.
Je suis rétribuée, plus qu'il ne le faut.


*** La sibylle propose une décoction de plantes roboratives à Aliana, puis se sert elle-même ***


Aliana. C'est moi qui te remercie. Toute mantique est une lucarne ouverte sur le ciel.
Plus je sers, plus je vois.
Plus je vois, plus je sers.


Horoscope de Jayar

 
Aliana

Le Merakih 23 Manhur 1512 à 00h14

 
*L'Exécutrice avait bu la parole et la boissons offertes par la Sybille. Et c'est l'esprit serein qu'elle se réveilla le lendemain devant un feu de camp encore chaud...Alentours, plus aucune trace du chariots et des tydales...

Etrange rencontre...murmura-t-elle en se grattant le crâne...Aliana Fer-née.

*Elle sourit...Elle honorerait cette rencontre.

*Des traces de roues avait courbés les herbes en direction du Sud...Sa route à elle retournait vers le Nord, la glace et l'acier.
Quelques minutes plus tard, elle filait en direction de Kryg


-Aliana, Semeuse de mort de Kryg,Fer-Née-
"Danser, c'est comme parler en silence. C'est dire plein de choses... sans dire un mot!"


 
Sadr

Le Merakih 23 Manhur 1512 à 11h00

 
*** Quelques temps plus tard ***

*** Sadr a simplement dit ***


J'ai besoin de sang.

*** Pentar n'a pas répondu, encore moins posé de questions.

Au petit matin, la sibylle trouve un grand broc débordant qu'elle s'empresse de rentrer dans sa roulotte pour le préparer, de sorte qu'il ne rancisse point les jours suivants.

Ressortant de sa roulotte, elle affiche sur sa porte... L'horoscope de Jayar ***



*** En remplacement du précédent. ***


Horoscope de Jayar

 
Sadr

Le Dhiwara 27 Manhur 1512 à 14h41

 
*** En obliquant vers l'Est, les monts du Vent passés, la forêt primaire d'altitude au climat tempéré s'est muée en jungle tropicale, pour finalement céder la place à la savane.

Sadr souffre de la chaleur.

Elle peut se protéger de la lumière crue des soleils en se couvrant, de haut en bas, de ses toges pâles ; ses yeux, derrière des lunettes d'os aux mailles serrées, sont à l'abri. Nul centimètre carré de sa peau blanche ne s'expose et de la sorte, peut-être survivra-t-elle à l'ensoleillement du désert d'Amody. Mais contre l'élévation progressive de la température, que faire ?

L'astrologue est bouillante. Elle ne sue point, ou si peu. Ce qui pourrait plaire à certaines l'afflige douloureusement, car de fait, la tydale a toutes les peines du monde à contenir sa fièvre naissante. Régulièrement, elle fait halte et rentre dans sa roulotte pour boire, s'allonger quelques minutes et reprendre vie, dans la pénombre de sa chambre aux rideaux de lin tirés, aux volets de bois fermés. Phlegme, brave bête de somme, attend... que sa maitresse soit de retour pour repartir.

Mais parfois, il faut presser le pas. Il y a deux jours, un feu de brousse a menacé de réduire l'attelage en cendres. Poursuivie par le front de l'incendie, la sibylle a manqué tout perdre, vie incluse. Pentar et Diaspar, son escorte de luxe, était trop en arrière, ou en avant, pour l'assister ; mais qu'auraient-ils pu faire, contre les flammes ?

La savane cuit la voyante. Elle se demande si ce qu'elle voit - un paysage ocre et vert pâle, vibrionnant sous les ondes de chaleur tombées du ciel - est bien réel. Peut-être hallucine-t-elle sous l'effet de la fièvre...

Et le désert n'est point en vue. ***


Horoscope de Jayar

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