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Le Julung 14 Jayar 1512 à 15h53
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| Elle n’est pas parvenue à rompre le cartilage nasal. A cette constatation, elle éprouve une vague de regret et de tristesse. La sensation cuisante qui affaire la partie droite de son visage la soutient : c’est bien dommage ! Monsieur-je-gifle-les-donzelles-en-détresse aurait eu l’air si malin, le pif recadré façon cubiste !
Comme on peut le deviner, Agliacci est passablement énervée. Les raisons de la colère étant ce qu’elles sont, c'est-à-dire absentes, l’instinct de conservation de la Luthière pique aussitôt du nez direction les plaines du négatif. Niveau symptômes, le tableau est touchant et assez rare : lorsque vraiment agacée, la Luthière a une tendance malheureuse à rougir et à renouer avec le côté primal de l’animalité poussiéreuse. Comme la gifle de Vel avait déjà laissé une agréable rougeur sur son côté droit, Agliacci est désormais parfaitement asymétrique : déjà qu’elle se paye des yeux hétérochromes, et maintenant la couleur du derme…
Pas non plus tout à fait stupide, la tydale se doute quelque peu du fil de pensées qui doit occuper actuellement la tête de l’étranger. Ce dernier a vraiment l’air de prendre goût à la scène. Un peu trop.
Ni une, ni deux, elle incante un sortilège de soin et se retrouve bientôt sur ses pattes, à faire face à Vel. Eh oui : qui a dit qu’il fallait faire confiance à une actrice… ?
Ses mains s’emparent du dossier du fauteuil, et elle tance le jeune homme du regard :
Est-ce que c’est assez exceptionnel et animé par la pensée au goût de monsieur le prodige musical, ou est-ce que je dois lui fracasser le crâne avec son propre mobilier pour calmer ses ardeurs ? demande-t-elle avec une mauvaise grâce absolue.
Comme si c'était la dernière fois. La première fois.
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Le Julung 14 Jayar 1512 à 22h29
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Le leurre de Vel ne fonctionne pas du tout sur la tydale – mais sur qui aurait-il pu fonctionner ? - , qui ré-affirme sa prise sur la chaise tandis que le musicien fait mine de s’approcher en catimini d’elle. S’attendant à une entourloupe d’un genre ou l’autre – prise de pugilat, crochet bien senti sur sa (jolie) figure – Agliacci est tendue et sur ses gardes. « Pose ce fauteuil, les mains en l’air » ? Et puis quoi encore ? La Luthière a bien remarqué que la chambre était fermée à clé. Pour le moment, la fenêtre est dans son dos, le bureau à sa droite…et elle compte bien affirmer son espace géographique, de préférence en envoyant valser son camarade de danse musclée à l’autre bout de la pièce.
Mais, entre tous les coups possibles et imaginables auxquels elle s’attendait, Vel ne choisit rien d’autre que de lui envoyer une bouteille à la figure. La Luthière a l’heureux réflexe de se baisser et le projectile explose dans son dos. Une bouteille ! Dans la tête de la tydale, ses pensées dérivent grosso modo de ceci à cela…Une bouteille entière ! Facile à esquiver – distrayante ? -, au demeurant…Mais tout de même. Dommage que cette dernière se soit rompue contre la façade : la Luthière n’aurait pas rechigné à la briser pour s’en servir comme arme de poing improvisée. Les tessons de verre, ça fait toujours son effet, particulièrement à quelques millimètres du visage.
A son tour, donc.
Délaissant le fauteuil – dont elle avait souhaité se servir comme leurre…- Agliacci avance sur Vel, profitant du fait qu’il se soit quelque peu rapproché d’elle pour l’agresser. En se redressant, elle tâche d’envoyer son genou dans l’entrejambe de ce dernier, prête à profiter d’un quelconque mauvais réflexe de l’étranger – comme la tendance générale du genre masculin, lorsque les circonstances requises sont remplies, à piquer du nez et à se tordre douloureusement en deux - pour fleurir le bouquet par un uppercut bien senti.
Comme si c'était la dernière fois. La première fois. | |
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Le Julung 21 Jayar 1512 à 19h33
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| De ce que peut en voir Vel, la tydale n’affiche effectivement pas très bonne mine. Son visage est imprégné de sang, dont une source sûre est l’arcade explosée de la jeune femme, et l’autre son cuir chevelu ouvert dans la chute. Pour le moment, bien que sa respiration soit des plus sifflantes, Agliacci ne fait pas mine de bouger. La chute assez spectaculaire du couple improvisé a par contre attiré l’attention des soudards locaux, qui s’échangent un bref regard, se demandant probablement sur quel pied danser…
Agliacci, pour sa part, est aveuglée et étourdie de douleur…il lui faut une poignée de secondes pour reconstituer exactement ce qui a bien pu se passer entre le moment où elle empoignait le musicien et celui où elle se retrouve n’être plus qu’une blessure géante sur le parvis malvenu et douloureux d’une rue araméthéenne. La réponse semble lui venir de très loin, tant ce qui l’entoure paraît ouaté, sourd, filtré à travers les pulsations douloureuses de sa cervelle qui ne sait plus comment gérer toutes ces nouvelles informations. Elle se sent un peu nauséeuse et éprouve l’impression de n’être plus constituée que de nerfs à fleur de peau.
Mais malgré tout cela, il semble rester une once de fierté agressive chez la Luthière, qui roule difficilement sur le côté et essaie, dans un effort assez pathétique, de se redresser.
J’ai…pas…abandonné, parvient-elle difficilement à exprimer.
Bien. Elle est désormais sur ses genoux. Rampant vers Vel, la Luthière tend le bras et invoque ses dernières forces dans l’espoir de marquer le coup final et finir en beauté, sachant que c’était là son chant du cygne…
…lorsqu’elle se rend soudain compte qu’un os sort à angle droit des chairs ouvertes et sanguinolentes de son coude. La révélation la laisse estomaquée et pantoise ; à travers le rideau lointain de sensations et de bon sens qui l’affecte, Agliacci a le temps de se demander s’il est bien normal qu’une partie de son corps lui fasse ainsi de l’œil, d’autant plus que l’angle lui paraît affreusement perpendiculaire. Ça ne devrait pas être monté comme ça, si… ?
Inutile de dire que non seulement la figure de la tydale vire au blanc voilé, mais qu’elle tourne de l’œil. Pour finir, elle s’écroule inconsciente en travers du torse de son adversaire.
Comme si c'était la dernière fois. La première fois.
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Le Luang 25 Jayar 1512 à 19h39
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| La chute avait été plus dure pour la Luthière que pour lui. Normal en un sens vu que celle-ci avait amorti sa chute de beaucoup.
Ironique...
Et voilà que celle-ci vient saigner sur sa chemise. Quel manque de savoir vivre, le sang c'est dur à faire partir au lavage. Enfin, sa chemise est déjà ruiné de toute manière alors tâche de sang ou pas elle finira à la poubelle de toute manière.
Et puis il y a avait tout ses badauds qui regardaient la scène sans rien faire. Navrant, totalement navrant.
Il remue un petit peu les membres. Tous lui font mal, tous sont coupés par les bouts de verre.
La jambe gauche ne répond pas. Cassé, c'est bête parce que là il aimerait s'enfuir à toute jambes. Ou plutôt qu'il avait interêt de le faire.
Il se redresse, entend le bruit déplaisant de ses vertèbres qui craquent une à une.
Il tente d'enlever Agliacci, sa main droite l'élance violement. Un coup d'oeil en justifie la cause: une jolie bout de fenêtre bien aguiser est fiché dans sa paume.
Ca c'était génant. Il ne devait pas le retirer avec les dents, il pouvait casser le verre dans sa main et ça serait vraiment affreux.
Mais pour le moment il observe. C'est artistique après tout, original même. Il écrira sur les fenêtres et les bouts de verres. Quand il sera en état d'écrire du moins...
Perdu dans sa contemplation il ne voit pas le nelda brun au pelage crasseux et à la tenue de forgeron qui s'avance vers eux et qui écarte la danseuse de lui.
Vel lui lance un regard vide, il tatonne de la main gauche et finit par saisir sa canne. Sans il ne pouvait pas se remettre debout.
Effort surnaturel pour se remettre debout. Le musicien tremble, agité de violents spasmes.
Nausée, mal de tête et vertige. Et pourtant il devait quitter Arameth ce soir.
Il essait d'articuler. Parler on fait comment déjà? Tellement compliqué de communiquer...
Aménez la chez un médecin vite..., dit-il au nelda avant de se retourner et de boiter en direction de l'auberge.
Le nelda semble tenaillé entre sa curiosité et l'urgence de l'état de santé de la Luthière puis il soulège la jeune tydale sans grande difficulté et l'emmène au médecin le plus proche en courant.
Les autres? La populace fait comme à son habitude. Elle commère déjà en continuant à vacquer à ses occupations.
Vel et Agliacci avait traversé la fenêtre? C'était leur problème, "chacun sa merde" comme ils disent.
De son côté l'artiste entre dans l'auberge. Toujours la même bagarre qu'il traverse comme un spectre.
Il trébuche une fois en chemin, reçoit des giclées d'alcool, se relève et monte devant sa chambre.
Il pousse la porte. Elle ne bouge pas d'un poil.
Soupire, il se laisse tomber au sol.
Cabodyyyyy! A l'aaiiide!
Cabody dit :Oui ça va, ça va.
Le mou se téléporte dans la chambre et repère la clé qu'il pousse jusque sous la porte.
L'artiste l'attrappe de sa main valide et ouvre la porte pour se trainer au sol dans la chambre.
Etrange sensation en rentrant dans cette chambre où il était tout à fait bien portant il y a à peine une heure.
Il rampe jusqu'à son sac, en sort plusieurs flacons.
Des drogues...
Eternelles amies de l'artiste. Pour une fois il en avait besoin comme calmant.
Il débouche un, deux puis trois flacons.
Attente...
Effets qui se font sentir assez vite. La douleur qui s'estompe pour un temps.
Mais est-ce que les calamars étaient au plafond depuis longtemps. Captivé quelques instants par l'hallucination son regard revient sur sa main et la bout de verre.
Il le saisit et tire dessus sans forcé. Il rit, il ne sent pas la douleur et c'est amusant les petits pissenlits qui fleurissent sur son majeur.
Le bout de verre est retiré et jeter dans un coin de la pièce. Il se remet debout. C'est dur mais beaucoup moins.
En une vingtaine de minutes il rassemble ses affaires et quitte l'auberge en laissant un trop gros supplément.
Direction le transporteur avec les deux poissons volants qui sont d'ailleurs de très bon camarades de routes.
Délirium quand tu nous tiens...
Alors il quitte Arameth après cette charmante soirée teintée de la folie des artistes. | |
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