Les Mémoires de Syfaria
La région de Syrinth

Une joyeuse rencontre

Un peu de réconfort dans ce monde de brutes.
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Sujet lancé par Mirwen
Le 05-05-1512 à 20h33
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Posté par Mirwen,
Le 15-05-1512 à 20h27
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Mirwen

Le Sukra 5 Manhur 1512 à 20h33

 
*** La descente du transport m'avait laissée confuse.
J'étais de retour, mais était-ce là ma place ?
Pas de nouvelles de Kaelianne.
Pas de nouvelles de Kiril.
Seule.

Non, pas seule : Zeïel semblait apprécier ma compagnie mentale.
Et l'inverse était ô combien vrai...
Ses pensées m'avaient été précieuses.
Emplies de douceur et d'innocence.
Peut-être qu'elle s'entendrait bien avec Liam.
Ah... quand retournerais-je le voir ?

Je marche.
Dans la forêt, sur le chemin.
Je tombe sur un animal mort, depuis peu.
J'hésite un moment, puis je finis par récupérer son cuir...
Une bonne partie était en parfait état.
Voilà qui pourrait faire plaisir à nos artisans.

Je finis par faire une pause, et m'assieds contre un arbre, je soupire.
La journée sera longue.
Sentant quelque chose au niveau de ma tête, je me retourne et vois quelque chose luire au niveau d'un trou dans un arbre.
Quelques pierres finissent donc dans ma main.
Que font-elles là ?
Bah... c'est un signe.
Comme l'animal mort.
Qu'en déduire ?
Je ne sais pas.
Je n'y pense pas.
Je soupire, de nouveau.

Je finis par reprendre la route, tout en cherchant à manger, dans les buissons...
Après un frugal repas de baies et autres racines, je continue ma route.
Je suis vite prise d'une certaine allégresse, et me mets à fredonner une chanson.
D'où me venait cette joie ?
Je trébuche sur une racine.
Aïe !
Je crois que les baies m'ont fait quelque chose.
Je me relève, et je repars, un sourire aux lèvres.
Légèrement éméchée.

Je finis enfin à arriver devant Syrinth, non sans avoir prévenu Zeïel à l'avance.
Je m'adosse à un gros arbre, devant la ville, et attends.
Sourire aux lèvres, en train de chantonner pour moi-même.
Je suis bien.
***


***
Celle-qui-enseigna-l'art-du-cache-cache-à-des-Neldas
***

 
Zeïel

Le Dhiwara 6 Manhur 1512 à 20h07

 
*** Dans une existence morne, l'inconnu est la seule source d'espoir et de terreur. Et si l'existence de Zeïel n'avait été qu'un exemple flagrant de ce que pouvait signifier ce morne en question, l'inconnu avait fait une entrée fracassante dans la vie de la Tchaë, sous la forme d'un rêve un peu trop éveillé et qu'une créature flottante et carrée. Un Mou. L'histoire n'était jamais qu'extraordinairement banale, si on considérait la Symbiose comme telle, mais dans ce petit groupe-là, rien, encore une fois, ne distinguait cette jeune fille des autres âmes choisies par ces bestioles télépathes. Et, comme toute fille normale confrontée à une réalité qui s'effondrait, elle était paniquée. Ni plus, ni moins que paniquée.

Elle n'avait jamais rien cherché d'autre que tout bien faire et, de fait, était volontaire pour tout et à peu près bonne pour rien. Maladroite dans ses premières communications, elle était à peu près certaine de s'être humiliée à vie et d'être la prochaine risée de toute sa ville, si ce n'était pas la honte de ses parents. Elle, une symbiosée ! Elle devait montrer l'exemple du raffinement, de la sagesse, de la maîtrise, ses pensées éclataient un peu partout en désordre et, comble de l'indécence, il lui était arrivé de réfléchir DANS des gens. Elle trouvait ça obscène et son Mou avait beau être la patience même, elle s'était décidée à s'enfermer dans un coin et à ne plus penser du tout, pour au moins, quitte à être médiocre, faire la faveur aux siens d'être oubliée.

Mais quelques pensées répondirent avec calme et, chose surprenante devant sa maladresse impardonnable, avec affection. Mais quelqu'un avait un esprit doux, réconfortant, une bulle aussi tendre que les joues de son Mou qu'elle ne cessait de triturer nerveusement. Quelqu'un voulut la voir et lui adressa des phrases qui lui firent le même effet qu'une terre ferme dans un océan hostile. Elle s'y accrocha avec une force tremblante, pleine d'un enthousiasme débordant et d'une crainte fébrile d'agacer et de perdre. Elle n'était qu'une adolescente.

Rendez-vous fut donné, elle se prépara comme une fiancée. Il fallait bien présenter. Comment s'habiller ? Comment saluer ? Comment remercier ? Elle s'imagina vingt façons, trente réactions, aucune favorable et, avec angoisse, constata que le temps avait passé et qu'il fallait vite sortir de son recoin d'auberge - elle était trop apeurée pour oser se montrer devant ses parents, et s'ils confisquaient son Mou ? Et s'ils l'enfermaient comme avant ? - sous peine d'être en retard, de peiner, de frustrer, de mal faire encore une fois. Pour se donner du courage, elle descendit cul-sec un verre empli d'un breuvage assez mauvais et, les joues roses, elle sortit de l'auberge, dans une robe mal mise, les cheveux en vrac et l'expression pleine d'une attente angoissée. Les mains crispées sur son Mou qui gigotait sans trop protester, elle se fit la remarque soudaine qu'elle ne savait même pas tant à qui s'attendre, à part une femme, aussi, elle héla au hasard. ***


Hi, hi ! Hou-hou ! Mirwen ? C'est moi ! Je... Ouh la la !

*** Elle gloussa malgré elle, d'alcool et de nervosité. Quelle gourde elle faisait. ***


 
Mirwen

Le Dhiwara 6 Manhur 1512 à 20h31

 
*** Un des avantages de la symbiose, c'est qu'on peut se reconnaître facilement.
Un regard, et le nom vient assez instinctivement.
Là, en plus, une Tchaë qui vous appelle, ça aide.
Je souris.
Alors voilà Zeïel.
Je la détaille du regard, tout en l'appelant et en lui faisant un signe de la main :
***


Je suis là Zeïel !

*** Elle était petite, et assez fine.
La première chose que je fis, quand elle fut face à moi, ce fut de la serrer chaleureusement dans mes bras.
Sans lui faire mal, avec une douceur presque maternelle.
Je la lâche, tout de même, et minaude un :
***


C'est vraiment super d'être venue !
Alors, pas trop déroutée par toutes ces pensées dans ta tête ?


*** J'adresse un clin d'oeil à la demoiselle, puis la détaille des yeux d'une manière... professionnelle.
J'avais en effet des notions très pointues en physionomie.
J'étais simplement curieuse.
Mais très rapidement, je cesse de la contempler, ayant peur de la gêner, et l'invite à venir s'assoir près de l'arbre où je me trouvais.
Je lui montre l'exemple, puis dis :
***


Hum...
J'irai dormir au théâtre cette nuit.
Tu veux venir avec moi ?
Je te dégotterai un lit, et puis je te ferai visiter, avant.
Et on discutera.


*** Je m'étire, telle une chatte au réveil, et dis après un profond soupir, et un regard vers mes mains : ***


Mais faudra que je me lave...

***
Celle-qui-enseigna-l'art-du-cache-cache-à-des-Neldas
***

 
Zeïel

Le Dhiwara 6 Manhur 1512 à 22h38

 
*** On avait répondu. Sursautant à la voix, elle chercha tout autour, afin d'enfin trouver la Tydale. Ah, quel joli visage elle avait ! Dans sa naïveté, Zeïel avait tendance à considérer la beauté comme un bon présage et, quand sa rencontre lui ouvrit les bras pour les refermer sur elle, la Tchaë se lova dans l'étreinte avec un sourire de chaton et la confiance d'un enfant. Une fois relâchée, elle battit des cils, avant de retrouver un sourire un peu niais, les joues encore plus échauffées. ***


Oh mais, je te renvoie la remarque, c'est toi qui as fait le voyage ! Tu n'es pas trop fourbue ? Oh, moi, déroutée ?

*** Elle s'essaya vainement à afficher un sourire sûr, avant de baisser les yeux et les épaules sur un soupir. ***


Bien pire que ça. Mais, oh, je m'habitue, parole ! Je commence à sentir quand, hé bien, je pense aux gens, ou quand je pense, euh, dedans les gens.

*** La moue qu'elle fit était passablement comique, entre la surprise et l'effarement. Elle balaya l'air de la main avec un bref rire et la suivit d'une démarche guillerette, s'asseyant à ses côtés après avoir précautionneusement lissé sa robe pourtant sa valeur, sans prendre ombrage du regard scrutateur : sous le couvert de ses cils, elle détaillait de même.

Une fois installée, elle happa de l'air pour prendre la parole, laissa la Tydale s'exprimer, les lèvres entrouvertes, puis hocha plusieurs fois la tête. ***


Hm, ah, oh, oui ! Oui, pourquoi pas ? C'est à dire que je n'ai pas vraiment de lit à moi, enfin si, chez mes parents, mais je n'y suis pas retournée depuis... Que je suis bavarde. Ta couronne de fleurs !

*** Elle releva ses jupons pour extraire d'une des poches intérieures quelques fleurs tressées, dont elle redressa les pétales, sourcils froncés, avant de les présenter. Ces pâquerettes avaient été cueillies au matin et n'étaient pas encore trop sèches ou défraîchies. Elle s'excusa. ***


Ce n'est pas grand chose, mais j'espère que ça te plaira. Hm, la prochaine fois, je prendrais des bleuets, si j'en trouve, ça ira mieux dans tes cheveux... Mais le théâtre et le bain, d'abord !

*** Soudainement grisée - c'était le mot - par son enthousiasme, elle battit des mains, avant de tousser et de reprendre contenance. La dernière fois qu'elle buvait, juré, se dit-elle, avant d'oublier. ***


 
Mirwen

Le Dhiwara 6 Manhur 1512 à 23h29

 
*** La remarque retournée me fait hausser les épaules et répondre : ***


Physiquement, j'ai passé tout le trajet à me reposer, donc ça va.
Psychologiquement c'est autre chose...


*** Pas retournée, depuis... ?
Je hausse un sourcil inquisiteur, accompagnant la déclaration d'une mignonne petite moue (non, pas Neniel) interrogatrice...
Mais je ne renchéris pas dessus, voyant qu'elle préférait parler d'autre chose.
Elle se confierait quand elle en aurait envie.

Je place ensuite la couronne qu'elle me passe sur ma tête, et je ris.
***


Alors, ça me va bien ?
Ta couronne est très bien, merci beaucoup.
Tu as sûrement passé du temps pour faire ça...

Je ne m'en fais pas pour tes pensées, très vite tu développeras assez de "pudeur" pour faire attention quand tu penses des choses juste pour toi.
Après, ça devient instinctif.


*** L'enthousiasme de la Tchaë était communicatif, aussi je ris en la voyant tousser, et me laisse tomber en arrière, dans l'herbe, à côté de l'arbre.
Je ferme les yeux un instant, et me mets à chanter une chanson.
Une chanson, au final, bien triste...
Une histoire de Tydale dont la fille est morte-née.
Les derniers mots s'échappent, des larmes perlent de mes yeux toujours fermés.
Je me redresse, me frotte les yeux, puis d'un ton jovial, comme si rien ne s'était passé, j'enchaîne :
***


Ah, j'ai les coquillages à te montrer !
Attends...


*** Je fouille rapidement dans l'un de mes deux sacs, et en sors trois Meryills : deux rouges, un jaune. ***


Ils te plaisent ?

*** J'ai les yeux qui brillent.
Je regarde alternativement ses deux yeux.
Tout sourire.
Toujours un peu éméchée...
***


***
Celle-qui-enseigna-l'art-du-cache-cache-à-des-Neldas
***

 
Zeïel

Le Luang 7 Manhur 1512 à 03h05

 
*** Elle hocha la tête un peu distraitement à ses propos réconfortants. Non pas qu'elle n'avait pas confiance en cette Tydale déjà, mais c'était plutôt en elle qu'elle croyait peu, ou pas ; aussi, l'idée de s'adapter tout à fait à cette Symbiose impensable lui paraissait bien utopique. Elle n'en dit rien, se contenta de sourire encore une fois en retour, et d'écouter, quand Mirwen chanta.

C'était étrangement mélancolique. Elle se laissa porter, yeux mi clos, menton dans la main et l'autre bras passé autour de ses genoux, veillant sa précieuse et nouvelle rencontre d'un seul oeil, l'autre s'étant fermé. A ce qu'on lui avait rapporté, les Tydales et les naissances ne faisaient pas de jolies histoires. Dans ce peuple, on lui avait confié, du bout des lèvres, que la mort accompagnait souvent le don de la vie. C'était ainsi. Elle s'efforça de bien entendre et de mémoriser, les quelques brumes éthérées qui enrobaient encore son esprit lui volant quelques mots, mais la plupart restèrent. Elle était émue quand Mirwen se redressa, ce qui se voyait aisément à ses yeux brillants et à ses lèvres entrouvertes.

Cependant, la Tydale versatile redevint vite joviale et son présent fit ciller plusieurs fois l'adolescente. Devant les coquillages, toutefois, la Tchaë joignit les mains et émit ce son aigu qui n'était charmant que chez les jeunes filles, alors qu'elle joignait les mains sous son menton. C'était un petit "oh" allongé, plus glapit qu'articulé, mais qu'elle parvenait à rendre adorable avant d'être agaçant. Les doigts frémissants d'expectative, elle piqua du bout des doigts le premier trésor, puis le second, enfin, elle fit rouler le troisième dans sa paume, toute joie retrouvée à son tour. ***


Ce qu'ils brillent ! Pour sûr qu'ils me plaisent, ça oui ! Et où les trouve-t-on ?

*** Elle les glissa les uns contre les autres, comme des cartes, les arrangeant plusieurs fois. ***


Ca doit faire de si beaux bijoux, et aux couleurs claires et délicates, qui plus est. Rien de trop clinquant, du meilleur goût !

*** Elle hochait la tête, fascinée par ses gamineries féminines, lissant sa robe bien fade, avant de relever la tête et de scruter de nouveau la Tydale, se cachant l'oeil droit du Meryill jaune. ***


Qu'est-ce qu'il est beau, ton regard.

*** Déclara-t-elle de but en blanc, avec une franchise innocente. ***


 
Mirwen

Le Luang 7 Manhur 1512 à 11h11

 
*** Je ris de nouveau, ayant d'heureux souvenirs à la Ruche qui me remontent à l'esprit.
Depuis combien de temps avais-je cessé d'être une Nourrice ?
Longtemps... très longtemps.
***


On les trouve près de Jypska, la cité des Haut-Rêvants.
Il y a une zone où on en trouve assez facilement.
Faut juste y passer un peu de temps.


*** Tempérant les rêves de la petite Tchaë, je dis avec douceur : ***


Tu sais, ça fait un peu gros pour des bijoux quand même.

*** Avant de pouvoir enchaîner, le compliment me touche, et ma seule réaction est d'ouvrir la bouche d'un air bête, et de cligner des yeux.
Puis je place ma main sous son menton et caresse sa joue avec le pouce, conquise par la jovialité et la gentillesse de Zeïel.
***


Merci beaucoup.
Ils ne te font pas... bizarre ?
Je sais qu'il y a beaucoup de personnes à qui ça fait étrange, et que ça rend mal à l'aise.
J'en connaît d'autres qui les aiment beaucoup.


*** Je retire ma main et lui prends un Meryill rouge, que je place devant mon oeil gauche, imitant la Tchaë. ***


Est-ce que tu voudrais faire de la peinture ?
Tu as l'air de bien aimer les couleurs, et la nature.
Ça te permettrait d'immortaliser ça.
Qu'est-ce que tu en penses ?


*** Puis, prenant une pose presque lascive, je minaude caricaturalement : ***


Et puis... je pourrai servir de modèle...

*** Je lui fais un clin d'oeil et éclate de rire avant de revenir à une posture plus respectable...
En tout cas, oui, ça ferait une bonne artiste.
Ça pourrait être chouette.
***


***
Celle-qui-enseigna-l'art-du-cache-cache-à-des-Neldas
***

 
Zeïel

Le Luang 7 Manhur 1512 à 19h12

 
*** Une brève moue lui échappe. ***


C'est un peu loin.

*** elle n'avait pas une idée très précise de la distance, mais, pour elle, en dehors des murs était déjà une distance qui lui paraissait rendre inaccessible le plus grand des trésors. alors, quelques coquillages ! Tant pis, elle garderait d'autant plus précieusement ceux-là. ***


Oui, mais pour sertir ou ourler, je pensais qu'un artisan doué saurait les casser comme il faut. Même si ce serait dommage pour leur forme générale. Ou alors, juste en touche, pour une ceinture ou une boucle !

*** Le contact la fait rosir mais elle ne s'en écarte pas, plissant les yeux et rendant un sourire de chat, en pointe sur les joues. Elle replace bien le coquillage à l'imitation, avec un sérieux digne des femmes du commun, avant de lâcher un rire grêle et chantant. ***


Bizarres ? Bien un peu, mais pas repoussant du tout. Tu sais, ce qui est joli est très commun, rien n'accroche l'oeil, mais c'est, justement, très plat. Ce qui est beau ressort. Donc, ça fait toujours un effet surprenant. Mais ça n'est pas laid ou dérangeant. Pas pour moi.

*** Elle se tapote le nez, pensive. ***


C'est peut-être aussi pour ça que le joli est propre à tous et que la beauté n'est jamais la même... Oh ! Je divague, peindre, tu dis ? Te peindre ?

*** Elle en relâche le coquillage qui lui échappe des mains, rebondissant sur sa paume alors qu'elle essaye de le rattraper. L'agrippant au sol, elle rosit de plus belle et affirme. ***


Il n'est pas tombé ! Il n'est pas tombé !

dit :
Il n'est pas cassé. Respire.


Merci, mon Grisé.

*** Fait-elle avec un soupir soulagé, venant pincer la "joue" de la créature impavide. Elle s'évente du Meryill, papillonnant des cils. ***


Hé ! Je serais ravie d'essayer, mais... Ca ne sera pas joli. Et pas pour autant beau.

*** Saisissant son Mou qu'elle prend contre son ventre comme une peluche, malgré les gigotements de ce dernier, elle rit à son tour, les yeux pétillants et les joues échauffées. ***


 
Mirwen

Le Luang 7 Manhur 1512 à 19h48

 
*** Je hausse les épaules : ***


J'en ai quelques autres, si tu veux.
Et puis même si c'est loin, on pourra sûrement aller ensemble à Jypska à l'occasion.
Ils sont très gentils, les Neldas.


*** Je réfléchis un instant, ajuste la couronne de fleurs sur ma tête - elle a un peu souffert - et lui réponds avec enthousiasme : ***


Oui ! C'est une bonne idée, sur une ceinture.

*** J'écoute attentivement ses explications sur la différence entre le "joli" et le "beau", et je pose ma main sur son bras après qu'elle ait fait tomber le coquillage.
Je lui murmure :
***


Reste calme. Même si tu le casses, ce n'est pas grave.
Ils sont utilisés broyés, donc ça ira.
Et je ne suis pas là pour te juger.


*** Je laisse son bras - oui, Mirwen est très tactile - et enchaîne : ***


En tout cas, tu feras une Artiste parfaite. Tu es très sensible à la beauté, et... c'est une qualité trop rare.
La technique, que ce soit la peinture ou autre chose, si la peinture te déplait, ça viendra avec le temps.
Tu verras, tu seras surprise...


***
Celle-qui-enseigna-l'art-du-cache-cache-à-des-Neldas
***

 
Zeïel

Le Luang 7 Manhur 1512 à 20h40

 
*** Pas là pour la juger. La phrase, pourtant très simple, fit mouche avec une acuité formidable et, avec tout ses sourires et cette bonne humeur qu'elle avait déjà, Zeïel s'épanouit et afficha enfin quelque chose qui tenait de la joie tranquille, qui illuminait ses traits et rendait honneur à sa jeunesse et à l'éclat qu'elle pourrait avoir un jour - si elle se décidait à s'arranger un peu. ***


Parfaite ! N'allons pas jusque là... Déjà être, ce serait beaucoup ! Ce qui est sûr, c'est que je vais essayer. Et que j'en ai très envie.

*** Elle plissa subitement les yeux, se relève en deux fois, relâchant enfin le Mou qui retourna flottiller au dessus de sa frêle épaule, ses esquisses d'yeux bien fermées. Elle se posta face à la Tydale, agenouillée, les bras tendus et les doigts formant un cadre. ***


Alors voyons ! Comment veux-tu présenter ? Mirwen parlant à l'arbre sage ? Mirwen dansant avec les herbes hautes ? Mirwen contemplant les murailles de la cité ? Un portrait bien centré et des coquillages miniatures dans les cheveux, avec les fleurs ? Mirwen chantant avec les oiseaux du matin, peut-être ? Ou dessinant dans les nuages ?

*** Battant des mains avant de les poser à ses côtés pour s'équilibrer, elle retrouva son expression peinte d'un bonheur pur et frais. ***


Je dis ce qui me vient ! Tu aurais bien une envie particulière, hm ?

*** Elle releva les mains pour recadrer sa toile imaginaire et, après un moulinet de bras, tombant sans mal sur son derrière, ce qui lui tira un petit couinement et un nouveau rire toussé. ***


 
Kaelianne Foha

Le Luang 7 Manhur 1512 à 21h09

 
***
Que fait-elle ? Elle lui caresse la joue. Elle pose, qu'elle est jolie, bien trop lascive. Ah. Que fait-elle ? Elle s’approche un peu, elle voit mal, n’entend pas. Se glisse entre les arbres, elle s’arrête aussi près que la lisière le permet, cachée à moitié derrière un tronc rugueux. Elle pose sa joue contre l’écorce, renifle doucement.
Elles rient. La Tydale ne comprend rien à la langue et même si elle le pouvait, elle n’entendrait certainement rien tant ses oreilles bourdonnent. Un terrible malaise la prend. Elle s’affaisse dans un bruit de tissu froissé contre le tronc, il n’y a qu’une dizaine de mètre qui la sépare des deux créatures joyeuses.
***


Tu as vu
, dit-elle d’une voix atone. Elle est blonde…
Viens, Maiike, on s’en va. Lui suggère sa moue d’une petite voix désolée.
Elle est blonde. Mais ce n’est pas un joli blond. Il est fade, trop…

***
Elle passe une main sur son crâne glabre. Elle repense à ses lourdes boucles blondes, chaudes, dorée comme les blés murs, nuancé comme le miel. Oui, comme le miel, et soyeux. Sa main tremble, l’ombre du feuillage fait danser des tâches de soleil sur son visage livide. Elle n’arrive pas à croire ou accepter ce qu’elle voit.
Elle est venue te dire au revoir, elle est repartie, tu n’aurais jamais dû venir. Mais maintenant, on sait au moins pourquoi cette …
***


Tu crois qu’elle … à elle aussi… ?

***
C’est trop, les larmes débordent. Elle hoquète misérablement secouée par des sanglots irrépressibles. Elle mord son poing pour étouffer ses pleurs, celui qui a les bagues, celui à quatre doigts. Ses yeux azurs noyés dans les larmes qui ruissellent sur ses joues de pêche ne parviennent pas à se détacher de la plus cruelle des trahisons. Ne parviennent pas à la quitter des yeux, tout comme ce corps qui refuse de se lever pour fuir. Noyée de tristesse, noyée de douleur. Une douleur viscérale, elle broie un peu plus son cœur d’enfant qui ne comprend pas… comment peut-elle… la trahir ?
Elle voudrait se lever, lui jeter sa bague à la tête. Très fort. Vraiment fort. Lui crier qu’elle la déteste, qu’elle ne l’aimera plus jamais. Elle voudrait, arracher chacun des cheveux blonds de la petite chose qui glousse. Ah elle rit. Comment peut-elle seulement rire ?

Sa petite moue piaille et ronronne contre elle pour la consoler – en vain – du terrible chagrin qui la laisse effondrée contre cet arbre. Un bel arbre, une belle journée. Elle se recroqueville un peu plus, ramène ses jambes, de longues jambes, jolie. Qu’importe la peau douce, les courbes de poupées, la beauté de ses iris. Bleu comme le ciel, un ciel de tempête, un ciel de désespoir.

Ses vêtements sont couvertes de sang, une brûlure sur son visage a à peine cicatrisé. Sa main est mutilée. Poupée cassée. Elle n'en tient pas compte. Cela ne fait plus mal. La douleur du corps est un mirage. Elle voudrait fuir, jouer avec les papillons, oublier. N'est-ce pas ? Si elle savait seulement encore oublier...

Douleur.

Noir. Funeste. Comment pourra-t-elle seulement… il faut qu’elle rentre. Qu’elle se punisse, demande pardon. Plus jamais. Plus jamais. Plus jamais. Plus jamais trahie.

Douleur.
***





Moi, c'est elle

 
Mirwen

Le Luang 7 Manhur 1512 à 21h30

 
*** Très envie !
Comme elle est influençable.
Elle est jeune. Mais c'est bien, la jeunesse et la passion vont de pair.
Il faudra juste veiller à ce que ça ne la blesse pas.

En l'écoutant citer tout un tas de possibilités de décors pour ses futures œuvres, je penche la tête sur le côté et réfléchis.
J'attends sagement qu'elle ait terminé.
Puis je lui parle de mon envie particulière :
***


Mirwen discutant avec Zeïel. Qu'est-ce que tu en penses ?

*** Je lui ébouriffe les cheveux en riant, puis m'interromps.
Un sanglot ?
Quelqu'un qui pleure ?
Je me retourne vers la Tchaë, l'air inquiète, et lui demande :
***


Tu entends ?

*** Je me lève et me dirige vers là où j'ai entendu le bruit.
Les derniers pas se font en titubant.
Je tombe à genoux, près de Kaelianne, en douceur.
Je passe ma main sur son visage.
Infime caresse.
Je murmure tristement :
***


Ma belle, dans quel état t'es-tu mise pour arriver jusqu'ici ?
Tsss.
Quand apprendras-tu à prendre soin de toi, hein ?

...

Merci.


***
Celle-qui-enseigna-l'art-du-cache-cache-à-des-Neldas
***

 
Kaelianne Foha

Le Luang 7 Manhur 1512 à 21h48

 
***
Incompréhension. Douleur. Accusation. Il y a de tout dans les yeux azurés. Mais en tout cas pas la joie innocente habituelle qui les habitent. Celle qui devrait l’habiter à l’heure des retrouvailles. La main de Mirwen lui fait l’effet d’un coup de poignard. Caresse poison. Elle tremble un peu plus en gémissant cette fois, poings pressé contre ses dents à s’en étouffer.
Ce serait si facile de se laisser choir contre elle, d’oublier le mal. D’oublier. Si aisé de céder à cette facilité. Elle y a renoncé il y a longtemps, pour une paire d’yeux vairons. Elle a renoncé à l’oubli.
Amère folie.
***


Il a bien fallut… que … le mâle qui m’a frappée… et mis sa magie de chaos dans le corps…
J’étais… presque morte.
Ah, mais ça ne faisait pas vraiment mal, ça.

Elle est jolie. C’est bien, tu m’as vite remplacée. Je comprends pourquoi tu ne m’aimes plus, et pourquoi tu m’as abandonnée une dernière fois. Et elle est blonde. C’est vrai. Moi, je suis laide. Elle est petite, c’est plus mignon, moins encombrant…


***
Un temps de silence, elle reprend visiblement pour elle-même.
***


Il faut… que j’aille… voir le désert ? Il fera chaud. Il fera doux. Ou alors la neige. Ce serait bien un désert de neige. Et du bleu. Ah. Est-ce que je trouverais ? Du thé amer. Aussi. Tout amer. Comme la trahison. Il y aura des fleurs…


***
Elle lisse son manteau couvert de son sang. Il a séché, il est brun, mais il est toujours là. Témoin morbide. Elle chantonne, cille, gentille poupée. Les larmes se font plus silencieuses, plus dignes, plus discrètes comme gênées d’avoir été surprise là.
La souffrance rend presque sifflante sa respiration mais elle sourit presque. Elle a ôté le poing pour parler. Ses lèvres charnues tremblent, elle veut s’échapper, partir, reculer. Cela se voit, se comprend à sa manière de regarder derrière elle. Comme un petit chaton apeuré.
***


Pourquoi ne me laissez-vous pas mourir... cruelle poussière...


Moi, c'est elle

 
Zeïel

Le Luang 7 Manhur 1512 à 23h42

 
*** La joie était intacte et l'enthousiasme toujours présent. Le contact, auquel elle s'habituait un peu, lui fit pencher la tête du côté opposé, pincer un peu les lèvres. Ses joues étaient plus roses d'amusement et de candeur que d'alcool, à présent, bien qu'il ait encore une emprise sur la petite demoiselle. Mais le geste s'interrompit, l'oreille capta quelque chose. Des pleurs, oui. Elle hocha la tête en confirmation vers la Tydale, les lèvres encore pincées, mais plutôt mordues et tout sauf rieuses. On ne riait pas quand quelqu'un sanglotait, c'était inconvenant, donc intolérable. Mirwen se leva et Zeïel en fit de même, sans la suivre de trop près, peureuse qu'elle était : épaules rentrées dont la courbe voilant en partie son menton, mains cherchant son Mou pour s'en faire un bouclier et yeux fébriles.

Puis, Mirwen trouva la source des pleurs, c'était quelqu'un, enfin, quelqu'une. Une grande Tydale, belle, glabre, occupée à se faire mal - le pas de Zeïel en fut figé sur place. Elles se connaissaient, très visiblement et les échanges étaient lourds. La Tchaë n'avait pas besoin de comprendre la langue pour en entendre le ton. C'était du reproche, de la douleur, de l'inquiétude, selon qui parlait, et de la tristesse pour les deux. Deux face à face.

Elle se remémora les pensées de Mirwen, ses quelques confessions, mâchouilla sa langue pour ne pas parler trop vite, ni partir immédiatement. Elle devait y être pour quelque chose, bien évidemment. Donnant un petit coup de nez sur son Mou, elle inspira, murmura, timidement. ***


Est-ce que... C'est la fleur dont tu m'avais parlé ?

*** Elle prit une inspiration et son courage aussi, avant d'avancer, de relever très légèrement le menton pour montrer son visage et de s'arrêter à quatre, cinq mètres, pour ne pas importuner. Elle leva une main, fit un petit signe discret, à peine tremblant et, maintenant qu'elle avait découvert son minois, s'efforça de sourire avec aménité. Elle cilla. ***


Je, bonjour. Je peux partir cueillir des fleurs, si vous préférez. Je peux faire des boucles à suspendre au dessus des oreilles, à la place d'une couronne.

*** Comme elle pouvait ne pas aimer les larmes. Les yeux légèrement agrandis, elle se cacha de nouveau derrière son Grisé, dans une attitude toute infantile, la tête rentrée dans les épaules et les pieds bien serrés. Une enfant modèle, une gamine qu'on pouvait confondre avec les pavés. En tous cas, sur l'instant, elle aurait sans doute bien aimé s'effacer. ***


 
Mirwen

Le Matal 8 Manhur 1512 à 10h21

 
*** Kiril ? Frapper Kaelianne ?
Étonnant...
Je soupire et réponds avec précaution :
***


Tu me raconteras tout ça, pas vrai ?
La chaleur, la douceur et le thé, je peux t'avoir ça.
Le désert, ça veut dire la solitude.


*** D'une pensée, je réponds à Zeïel, tristement : ***


C'est bien elle...
Je ne crois pas qu'elle comprenne le Shaï par contre.
Si tu n'avais pas compris, elle pense que je l'ai remplacée - par toi - et elle souffre.
Elle est très possessive.
Les fleurs ne devraient pas l'être...
C'est triste.


*** Puis, de nouveau à l'attention de Kaelianne : ***


Des fleurs, il y en a beaucoup ici.
Presque aussi belles que toi.
Tiens, mets-ça.


*** Je prend la couronne de fleurs qui ornait ma tête et la dépose sur celle de Kaelianne.
Je jette un regard désolé à Zeïel...
J'ai honte de donner ce qu'elle m'a offert.
Mais peut-être que ça l'apaiserait.
Peut-être qu'au contraire ça attiserait sa colère.
Je ne le souhaite pas...
***


Merci d'être venue...

***
Celle-qui-enseigna-l'art-du-cache-cache-à-des-Neldas
***

 
Kaelianne Foha

Le Matal 8 Manhur 1512 à 22h00

 
Le désert est chaud, il parle, il aime.

***
D’un geste de main, elle chasse la couronne de fleur qui tombe au sol pour être écrasée d’un pied. Placidement. Calmement. Avec une application enfantine.
***


Elles sont mortes, tes fleurs. Je n’aime pas les cadavres. Ca me rappelle… que… que …

***
Elle a attendu. Elle a cessé désormais de la regarder. Elle observe la chose blonde qui se recroqueville non loin. Elle caresse d’une pensée la magie qui ronfle dans ses veines, prête à répondre aux cris rageurs de sa haine, de sa tristesse. Elle renonce. Elle ne souhaite pas faire de mal à une innocente. Non. La seule responsable c’est Mirwen.
***


Voilà. Maintenant que je vois que même ce voyage… à deux… où tu as commencé par m’abandonner … n’était qu’une farce. Et pour moi… ce n’étais pas un merci… que j’attendais… en vérité …

***
Elle recommence à pleurer, les émotions l’empêchent de parler. Elle se relève en tremblant. Soulagée par son courage, elle fait un pas, un deuxième.
Lui adresse un regard désespéré. Si tu m’aimes montre-le-moi où laisse-moi partir.
Laisse-moi m’en aller.
Même si elle se tient voutée, elle est définitivement grande. Pataude, elle oscille, chancelle.
Elle réalise, oui, que Mirwen ne lui a plus accordé un seul signe d’amour depuis… tout ce temps et ces rencontres. Froide et distante.

Si elle me haïssait pourquoi m’avoir dit de venir avec elle ? Ah. Je souffre, c’est pour cela.
Si mal au cœur.
***

Nivyan dit :

Putain, Mirwen. Arrêtez de jouer à ce jeu de merde. Soit vous la laissez définitivement tranquille, soit vous la gardez, mais ne jouez plus avec elle comme vous le faites. On avait presque bien réussi à être en paix.
Si seulement vous l’aimiez un peu, voilà tout ce que je me prends à penser. Si seulement vous ne preniez pas ce malin plaisir à la faire souffrir. Vous profitez de son innocence, encore.

***
La moue furieuse murmure près de Mirwen, puis se téléporte à nouveau contre sa symbiosée.
***


Moi, c'est elle

 
Zeïel

Le Merakih 9 Manhur 1512 à 18h07

 
*** Remplacée ? Par elle ? Zeïel cilla de nouveau, deux ou trois fois, le regard passant de l'une à l'autre, rebondissant entre les visages, plein d'une perplexité rougissante. Elle recula d'un pas, un tout petit pas, entre la prudence et le retrait. Qu'est-ce qu'il se passait, exactement ? Est-ce que la Tydale éplorée s'était réellement figurée que...

Un nouveau pas de recul, alors qu'elle secouait la tête. Non, vraiment, non, la petite Tchaë était à cent lieues de pareilles pensées. C'était inconvenant, c'était terrible, c'était affreux ! L'avait-elle donc laissé entendre ? Imaginer qu'on la pense, elle, Zeïel, s'acoquiner de quelqu'un que ses parents ne lui avaient pas choisi, pire, qu'ils ne connaissaient même pas, bien pire encore, qu'il était évident qu'elle n'épouserait pas ? Mais !...

La couronne fut offerte, elle était trop choquée pour réagir sur l'instant, mais quand le talon écrasa les pétales, une onde glacée la parcourut. Oh, non, non ! Qu'on puisse offrir un cadeau, passait encore, qu'on le rejette, qu'on le pille, qu'on le détruise ! Pauvres fleurs. Les yeux de la Tchaë restaient fixés, atones, vides, sur les vestiges de son pauvre petit art. Comment pouvait-on faire ça ? Ah, la vilaine femme qu'était la fleur de Mirwen. Elle était si charmante, sa Muse, il fallait bien qu'elle ait une faille : et bien, la voilà, c'était elle. Une très vilaine femme. La laideur incarnée. Qu'elle fut jolie ne touchait pas la Tchaë. Elle ne pouvait pas être belle, puisqu'elle se comportait comme la dernière des souillures.

Déjà, elle avait pleuré, elle s'était faite remarquer. C'était inconvenant en soi. Et pour quoi donc ? Pour reprocher des choses fausses, sans se faire comprendre, qui plus est, et quand on venait faire preuve de charité, comment réagissait-elle ? Sans le moindre égard. Furoncle ! Ah, que la Dame était magnanime de la laisser exister.

Elle donna un petit coup de nez à son Mou que ses mains cessaient de serrer trop et attendit. Presque paisible, les mains caressant la surface grise de son pensif Symbiosé. Elle le sentait attentif, mais il ne commentait pas son flux de pensées. Affichant un petit air triste, tout à fait sincère, elle ne dit rien, resta là. Il aurait été déplacé de parler, tout comme elle aurait été impolie en partant, alors qu'on ne lui avait pas dit de le faire, quand elle l'avait proposé. Elle attendrait que l'orage passe, et elle verrait, si Mirwen s'occupait de laver la crasseuse, ou revenait sur ses promesses de promenades. Les deux lui iraient : Zeïel était patiente et compréhensive. Comme une vraie dame. Elle, au moins.

Elle lâcha un petit soupir peiné. Voilà qu'elle devenait acide. Un dernier regard sur ses fleurs broyées dilua la saveur des regrets. ***


 
Mirwen

Le Merakih 9 Manhur 1512 à 20h24

 
*** Je me mords la lève, des larmes me montent aux yeux alors qu'elle écrase consciencieusement les fleurs.
Les larmes coulent de plus belle alors qu'elle fait quelques pas.
Elle s'éloigne.
Elle part.
Je ne la reverrai peut-être jamais.

Je fais un pas maladroit en arrière, trébuche, et tombe sur les fesses.
Pleurant à chaudes larmes, presque en silence.
Trop, c'était trop.
Je ne pourrais pas reconstruire sur des éternels reproches.
Pas une fois de plus.
Je devais la laisser partir.
Mais c'est si douloureux... ça fait tellement mal...
Je n'arrive plus à parler, j'aimerais répondre, lui expliquer, lui demander...
Mais...

Je devais accepter que nos routes se séparent.
Accepter la douleur.
Je me relève, lentement, et lui tourne le dos.
Je regarde Zeïel, essaye de sourire - ma vue brouillée par les larmes - mais n'offre qu'un pâle reflet empreint de cette douleur qui me ronge.
Je me dirige vers mes affaires, laissées à seulement quelques mètres.
Si rien ne me trouble, je les ramasse et me dirige vers les portes de Syrinth.
Sans un mot.
***


***
Celle-qui-enseigna-l'art-du-cache-cache-à-des-Neldas
***

 
Kaelianne Foha

Le Merakih 9 Manhur 1512 à 20h54

 
***
Ça fait un bruit d'os qui brise, puis ça froisse la chaire. Un chuintement répugnant.
La lame du couteau s'extrait de la paume qu'elle a transpercé. Elle considère la main à quatre doigts blessée qui saigne abondamment. Ah, voilà les fleurs qui se colorent de pourpre, souillées de perles carmines.
***


Je t'aime. Moi. Je t'aime vraiment. Pas pour de faux.


***
Elle regarde un peu en arrière. Entre-apercevoir sa silhouette pour l'avoir bien en mémoire.
Elle veut se figurer, ce qu'elle a ressenti avant de tout briser. Elle. Il y a une éternité.
Elle retourne le couteau contre sa gorge. Se concentrer, appuyer sèchement.
La sensation de douleur est immédiate mais pas la mort. La lame a glissé contre la gorge d'albâtre qu'elle a strié d'une coupure sanguinolente. La coupure est trop superficielle bien que profonde pour être dangereuse.
Elle chouine, les mains tremblent et manque de lâcher la lame. Elle parvient à la garder entre ses doigts poisseux. Elle se concentre, sa vision ondule à cause des larmes.
Elle ne veut pas faiblir. Ne pas échouer.

A défaut d'être très douée, elle persévère. Si elle se taille suffisaient de peau et veine, elle finira bien par mourir n'est-ce pas ? ***


Et devenir... du sable...
elle balbutie. ... chaud qui aime...

***
Elle le sait à présent. Mirwen lui a répondu. Elle ne doit pas la gêner puisqu'elle ne l'aime plus. Elle doit la laisser puisque c'est ce qu'elle veut.

Le couteau tombe au sol alors qu'elle chancelle dangereusement.
Sans espoir, pas de vie, sans Mirwen, pas de vie.
De la poussière, voilà ce qu'il restera.
De la poussière.

Un désert, un désert merveilleux qui ondule et danse.
***


Moi, c'est elle

 
Zeïel

Le Julung 10 Manhur 1512 à 22h43

 
*** L'incompréhensible sourire de Mirwen ajouta au dégoût de la Tchaë. Qui était cette Tydale, sinon une fleur empoisonnée, pour ainsi arracher le sourire du visage de sa Muse et changer sa fraîcheur en larmes, comme elle avait changé la couronne en gâchis ? Non, décidément, cette femme dont elle ignorait le nom n'était pas une rose délicate, ni même une fleur fanée : c'était une tige. elle avait manifestement perdu la tête et il n'en restait que des épines. Vilaine chose aux larmes bruyantes ! Les sanglots de Mirwen, eux, étaient polis, car silencieux. La cruauté infantile de ses propres pensées ne parurent pas à Zeïel, voilée qu'elle était par son jugement outragé. Elle rendit au sourire une expression de compassion effarée, fit un pas vers elle, un bruit retint le second.

Un bruit dégoutant.

La minuscule tourna tête vers l'odieux spectacle et poussa une exclamation horrifiée, pleine de terreur ; elle sursauta et replia ses mains sur sa poitrine, dans un geste de défense aussi sincère qu'inutile. Mais qu'est-ce qu'elle faisait ? Mais qu'est-ce qui lui prenait ? L'image de pareille mutilation était à peu près ce que la jeune fille avait vu de pire dans sa petite vie et elle n'avait jamais même cauchemardé de tant de sang à la fois. Son cri premier s'étrangla dans sa gorge alors que la vilaine tige serra le couteau encore une fois, pour se frapper à la gorge.

Elle se tut, souffle court, coeur manquant un battement. Ses oreilles étaient emplies des gémissements, articulés ou non, de la Tydale en sang et, si toute son âme lui commandait de partir, de courir au plus vite, de ne jamais se retourner et d'aller pleurer dans les jupons maternels, ses yeux eux refusaient de se détacher de l'horreur. Son esprit était étrangement fasciné, subjugué par l'inimaginable, ses pensées s'étaient suspendues aux gouttes carmines et chaque goutte lui donnait l'impression de couler de ses propres veines. Elle en ressentait elle-même une vive douleur, parvint à porter ses mains à sa gorge, le visage tordu par une expression de frayeur et d'agonie. Mirwen parla, ou cria peut-être ; Zeïel, terrorisée, ne l'entendit même pas. Les cris du sang recouvraient toutes les autres voix. ***


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