Les Mémoires de Syfaria
Hors de toute région civilisée

Le paradoxe des comédiens

[A Arameth]
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Sujet lancé par Agliacci
Le 06-05-1512 à 15h12
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Posté par Agliacci,
Le 28-05-1512 à 19h43
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Agliacci

Le Dhiwara 6 Manhur 1512 à 15h12

 
Faute de renseignements plus précis, personne, à commencer par Agliacci, ne sait exactement ce qu’elle vient faire, en ce pluvieux début de soirée, devant l’enseigne rouillée du Chat Luthier. Et, au vu de la porte qui se referme droit sur le nez de la tydale, le célèbre majordome du propriétaire des lieux n’en sait pas bien plus non plus.
Furieuse, Agliacci tente un désespéré :


Je vous affirme, monsieur, que mes intentions sont des plus honorables, pacifiques, bienveillantes ! Je suis ab-so-lu-ment Luthière. Je sais que ma tenue peut porter à confusion, mais je n’ai rien à voir avec les Témoins du S’Sarkh, contrairement à vos assertions premières, je vous assure !

Puis :

Je ne fais qu’apporter quelques cadeaux de bienvenue à mon nouveau voisin ! J’habite là, juste en face !

Et encore :

Puisque je vous dis que je suis la sœur bâtarde cachée de votre maître, laissez-moi entrer, enfin !


Pour finir :

Lorsque je décéderai d’une pneumonie, ce sera votre faute, et j’espère que votre conscience m’entend : votre faute !

Mais mauvaise foi, mensonge, flatterie et imprécations n’y font rien : la porte reste obscurément close.
Il faut dire à la décharge du serviteur que la créature longiligne, vaguement boueuse mais parfaitement trempée qui se tient devant l’entrée et réclame asile n’inspire pas vraiment confiance, malgré ses récriminations répétées concernant sa symbiose. Quoique sa voix clame haut et fort son appartenance à la gent féminine, son accoutrement pointe du doigt un héritage génétique important du côté du Koprocle.

Fulminante, Agliacci se met à faire les cent pas devant l’entrée de la vieille auberge, puis se ravise en constatant qu’elle quitte ainsi le maigre surplomb qui la protégeait de l’averse. Elle prend donc le parti de se coller contre la paroi murale, elle et tous ses bagages, et tâche d’envoyer le message mental le plus enjoué possible à avih Hir’Daeles.

Ah, oui, les bagages, parlons-en. Comme spécifié dans ses précédentes aventures, la Luthière revient de Lerth. C’est après avoir allégrement galopé sur tout le pourtour de la presqu’île qu’elle s’est mise en tête de revenir à la Perle ; ce qui aurait pu être une excellente idée, si tant est que son logement n’avait pas été saisi et transmis à sept tchaës particulièrement odorants. Elle espère donc très fort que son confrère saisira le sous-entendu lorsqu’elle tâchera de pénétrer à l’intérieur de l’ancienne auberge avec son sac-à-dos et le reste de ses possessions, c’est-à-dire deux sacs volumineux. Sa visite n’est pas vraiment désintéressée…Entassés contre le mur se trouvent aussi une tapisserie roulée sous une cape engluée d’huile afin d’imperméabiliser l’ensemble, et une sculpture pas plus haute qu’un bras et aux formes bizarres.

Enfin. Si elle parvient à assez amadouer l’Ordinant. Le prétexte est déjà tout trouvé.
Finalement, c’est sous les conseils mentaux du sémillant confrère qu’elle se rapproche à nouveau de la porte.


Apprenez, messire, que je viens apporter de quoi se sustenter à Syphilis, fait-elle avec aplomb et sans sourciller, quand bien même elle se demande intérieurement quel genre de plaisanteries lui fait là l’Ordinant. Syphilis…, ça sonne un peu comme un nom de chien, ça…, ou une autre créature toute aussi diabolique et répugnante. Se peut-il qu’elle dérange son confrère en charmante compagnie ? Après tout, Pandore n’est pas si loin que ça…Bah, tant qu’elle parvient à entrer.




Comme si c'était la dernière fois. La première fois.

 
Hir'Daeles

Le Julung 10 Manhur 1512 à 23h54

 
***
Quelques secondes passent.
Puis, dans un concert de verrous, conclu en apothéose par le grincement de la clanche de la lourde porte de l'auberge, la tydale peut voir la porte s'ouvrir.
Dans l'embrasure se profile le visage d'Horatio, et Agliacci peut deviner un sourire au coin de ses lèvres, chose inhabituelle pour lui.
***


***
Jetant un coup d'oeil mi-étonné mi-effrayé à la créature abritée contre le mur, il l'invite à entrer en ouvrant grand la porte. ***


Je vous en prie, entrez vite.
Je vois que vous avez quelques affaires, je vais les amener dans la maison.
Avihissan Hir'Daeles vous attend en haut avec Syphillis.
Montez, je m'occupe de tout.


***
La tydale arrive donc bien vite en haut des escaliers, et découvre la vaste pièce siégeant à l'étage du Chat Luthier.
La musique des gouttes s'écrasant sur la verrière au dessus de l'Artiste étouffe les sons dans la pièce, et visiblement, la personne qu'elle peut apercevoir, engoncée dans un fauteuil confortable devant un grand feu de cheminée, ne l'a pas entendu arriver.
***


 
Agliacci

Le Vayang 11 Manhur 1512 à 23h38

 

Pas trop tôt !

Pour entrer, ça, la tydale ne se fait pas prier. Horatio a à peine terminé son discours qu’Agliacci est déjà à l’intérieur, laissant dans son sillage un sol gadoueux et humide. Le soulagement de la tydale est perceptible, en particulier lorsque le majordome lui annonce qu’il s’occupera de ses affaires. Pour un peu, la Luthière prendrait le vieil homme dans ses bras et sangloterait de reconnaissance sur ses épaules. Evidemment, il n’est pas question de laisser paraître son émoi et de s’épancher en public. Les épaules raides et la nuque très droite, Agliacci gratifie Horatio d’un hochement de menton appréciateur.


Merci, fait-elle du ton le plus digne qu’elle parvient à se composer.

Et c’est sur ce qu’Agliacci monte, courageusement, affronter Syphilis. Mais de monstres ou chien de garde, il n’y a point ; seulement un tydale, apparemment fasciné par le feu qui gronde actuellement dans l’âtre d’une grande cheminée de marbre noir. Agliacci, et plus spécifiquement son imagination immodérée, en est presque… déçue.

Ouïe de l’intérieure, le bruit de l’averse qui se brise contre la verrière a quelque chose de…calme, oui, calme. Rassurant. Rien à voir avec la quasi-cécité et l’assourdissement que celle-ci lui imposait plus tôt. « Suave mari magno », dit-on. Elle suppose que c’est vrai, et savoure ce bref retournement de situation.

Il serait de bon ton de s’annoncer à son hôte -qui ne semble pas réagir à son arrivée -, mais Agliacci peine à croire que ce dernier n’ait fait attention au boucan qu’a provoqué sa traversée du parquet grinçant, au rez-de-chaussée. Elle est prête à parier que les lames de vieux bois ont été volontairement laissées dans cet état ; une sorte de parquet du rossignol au rabais…

Mais qu’importe. Sans chercher à être particulièrement silencieuse, histoire de ne pas effrayer son hôte, Agliacci le rejoint près des flammes, où, abaissant sa capuche détrempée, elle laisse avec plaisir la chaleur du feu épouser sa peau. Debout ainsi, immobile et le regard perdu dans les flammes, elle fait presqu’office de spectre solennel – effet étudié et voulu.


Votre serviteur est un homme très courtois, avihissan Hir’Daeles, et je vous remercie infiniment pour votre propre invitation.

Aimez-vous l’Art de Lerth ?


C’est à peine plus qu’un chuchotement, mais c’est certainement sans préavis.

Comme si c'était la dernière fois. La première fois.

 
Hir'Daeles

Le Dhiwara 13 Manhur 1512 à 23h07

 
*** Le tydale se retourne brusquement vers elle,le regard affolé, comme arraché à son activité favorite. ***


*** A savoir, boire un verre de bon vin, assis sur son fauteuil, devant un feu, tout en caressant le magnifique exemplaire de félidé femelle écaille de tortue lové sur ses jambes. ***


***
A la vue de la tydale détrempée, l'Ordinant se lève précipitamment, dans un concert de miaulements et feulements râleurs. et bafouille une suite de mots tout en s'agitant dans la pièce.
***


Par le S'Sarkh, mais vous êtes trempée !
Ne restez pas ainsi, vous pourriez attraper quelque chose !
Je dois avoir quelques affaires .... qui pourraient vous aller, dans ma chambre. Ce n'est pas grand chose, mais vous aurez au moins quelque chose de sec sur le dos.


***
Hir'Daeles indique la direction de sa chambre d'un vague geste vers la seule porte de la pièce, laquelle, entrebaîllée, donne un apercu de l'arrière train du félin du Luthier.
***


Je vais aller faire chauffer de l'eau pendant que vous vous changez.

***
L'Artiste se dirige prestement dans un coin de la pièce, pour saisir une bouilloire encore fumante.
Une boule à thé est bientôt plongée dans une tasse brûlante.
***



 
Agliacci

Le Dhiwara 13 Manhur 1512 à 23h49

 
L’agitation soudaine d’Hir’Daeles, suivi d’un concerto de miaulements intempestifs et, de manière générale, la brisure soudaine du silence au profit d’un capharnaüm de gestes et de mots font sursauter la Luthière qui tente un pas de recul et, ce faisant, heurte le rebord d’un second fauteuil, manquant d’un cheveu en perdre l’équilibre.

Hein ? fait-elle, ce qui finit de gâcher entièrement le charme exagéré qu’elle affectait quelques secondes plus tôt. Néanmoins, le terme est à lui tout seul une quintessence de ce que ressent soudainement Agliacci, c'est-à-dire beaucoup de trouble et de confusion, avec une pincée d’abrutissement.

Mais qu’est-ce qu’il lui raconte ? Elle attrape les mots à la dérobée : attraper quelque chose, chambre, dos, eau…ce qui ne fait qu’empirer l’état de confusion de la tydale. Il lui faut quelques secondes pour ré-agencer les termes dans le bon sens et retrouver leur signification.


Euh…oui, bien sûr, la chambre…, tente-t-elle dans un effort pour retrouver prise avec la réalité.

La tydale file à reculons dans la pièce entrebâillée, pas très sûre au demeurant sur ce qu’elle est censée y trouver. Mais, apparemment, ça comporte au moins un chat. Agliacci tâche de dégager du pied la féline créature en refermant la porte derrière elle, ce qui engendre une série de feulements mécontents comme seuls les félidés savent le faire.


Mais tais-toi donc, créature du S’Sarkh ! souffle Agliacci, au demeurant assez mauvaise partisane des valeurs du comité de défense des animaux domestiques, ce que ces charmantes bestioles pleines de puces semblent lui rendre avec une ferveur aveugle. Yorick le crapaud, lui, au moins, ne mordait ni ne griffait, n’attaquait pas sauvagement les innocents dans la rue et ne cherchait-il pas outrancièrement à attirer l’attention. Mais Yorick avait péri en ses vertes années batraciennes sous les pattes malavisées d’un nelda ivre (on peut imaginer le drame qui s'ensuivit), ce qui en faisait un assez mauvais modèle de comparaison.

Agliacci parcourt la chambre du regard, à la recherche d’une garde-robe ou d’une tenue accessible – et, comme les mauvaises habitudes ne meurent jamais, passablement intéressée par les objets qui s’y trouvent. C’est, après tout, assez rare qu’elle se retrouve si rapidement dans la chambre d’un de ses compatriotes masculins et elle ne saurait contempler sa situation qu’avec la plus pointilleuse et déplacée curiosité.


Comme si c'était la dernière fois. La première fois.

 
Hir'Daeles

Le Matal 15 Manhur 1512 à 23h42

 
***
En poussant la porte, la tydale peut s'apercevoir que le terme de chambre est un petit peu réducteur.
En fait de chambre, il s'agit en fait du vaste entrepôt qui se trouvait auparavant derrière l'auberge du Chat Luthier.
Mais le nouveau - et richissime propriétaire - des lieux trouvait que la chambre de l'ancien propriétaire des lieux était quelque peu exiguë, et s'était attaché à l'agrandir en conséquence.

Et le résultat est là, dans toute sa démesure, devant les yeux de l'Artiste.
Sitôt la porte ouverte, une coursive se dirige vers un escalier métallique en colimaçon, descendant vers le sol de l'entrepôt.
En face d'elle,le mur de l'entrepôt est percé en son centre par une immense baie vitrée, constituée d'une kyrielle de tessons de verre soudés de façon à représenter le symbole de la Pyramide du Luth. A travers, on aperçoit un des nombreux canaux qui sillonnent Arameth.
Le soleil tombant et l'obscurité ambiante aidant, les algues de feu commencent à scintiller.

Trois mètres plus bas, le plancher de l'entrepôt.
Ici s'y entassent de nombreuses oeuvres d'art; tableaux, sculptures, ouvrages anciens manuscrits ...
Certains entreposés sous des draps, des bâches, d'autres exposés ci et là, sans grande organisation apparente.

Si elle arrive à s'arracher à la scène qui s'offre à elle, l'Artiste pourra peut être observer l'autre extrémité de la coursive.
Derrière la porte, à sa droite, se trouve la chambre de l'Ordinant proprement dite.

Un lit à baldaquin, aux draps défaits. se tient au milieu d'un espace de dix mètres sur dix.
Le mur n'est pas visible, camouflé derrière une massive penderie en bois noir, constellée de tâches de peinture dorée, apparemment disposées de façon abstraite.
Une bibliothèque occupe l'autre pan mural de la pièce. Plusieurs ouvrages sont d'ailleurs posés sur la table de chevet.

Une baignoire est remisée dans un coin, posée sur un petit espace carrelé.
Draps de bains, peignoirs, toute la panoplie du parfait petit baigneur est accrochée non loin d'une deuxième cheminée, celle ci en brique rouge.

Alors que son hôte s'affaire à côté, elle est seule - et libre - dans cette pièce.
***





 
Agliacci

Le Vayang 18 Manhur 1512 à 14h24

 
Indéniablement, son confrère a du goût.

Les bâches et autres draps, en contrebas, attirent particulièrement l’attention – du reste aisément distraite – de la Luthière. Pour le coup, la prétendue « chambre » de l’Ordinant fait office de cave aux trésors aux yeux vairons d’Agliacci…Et il semblerait que chaque nouveau pas vers la penderie précédemment repérée n’amène que plus de lots surprenants, de détails qui intriguent la Luthière et déclenchent quelques fourmillements du côté de ses phalanges…Et ça, c’est sans parler de la bibliothèque. Un livre, ce n’est pas n’importe quoi ; n’apprend-t-on pas beaucoup d’un homme, en examinant quels styles et verbes le retiennent le plus ?...Hir’Daeles serait-il tydale à reviser ses classiques, ou plutôt intéressé par les traités scientifiques les plus obtus ? Peut-être préfère-t-il, un peu comme elle, les drames en six actes ? Ou s’adonnerait-il en secret à quelques romans à l’eau-de-rose ? Ah, la tentation ! Elle jette un coup d’œil intrigué vers les ouvrages qui figurent sur la table à chevet, certainement les plus révélateurs.

Malgré son impudente curiosité, Agliacci prend soin de ne rien déranger autour d’elle et s’avance dans ces lieux étrangers un peu comme on va vers un autel sacré. Elle songe même à ôter ses chaussures boueuses et gluantes, paroxysme du respect pour la créature sinon éhontée qu’elle incarne.

La tydale trouve finalement l’objet de sa quête dans un des peignoirs que conserve l’Ordinant au-dessus de sa (tentante) baignoire. Ni une, ni deux, elle a tôt fait d’ôter ses guêtres…et rien à dire : la vie apparaît beaucoup plus confortable une fois engoncée dans un des meilleurs textiles d’Arameth, avec la perspective d’un feu de cheminée dans un coin de sa tête. Le facteur « serpillère » est en tout cas nettement diminué, elle en est convaincue, et se délecte de la situation.
Ayant atteint la fin de sa mission, Agliacci décide de reprendre son investigation depuis son point de départ. Vérifiant que ce satané félidé ne traîne pas sur son passage, elle descend la coursive et s’approche en silence des œuvres cachées de l’entrepôt. Singulier musée, songe-t-elle, écartant un voile de-ci de-là, s’arrêtant parfois pour mieux examiner l’œuvre qui lui fait face…


Comme si c'était la dernière fois. La première fois.

 
Hir'Daeles

Le Dhiwara 27 Manhur 1512 à 21h01

 
La Bibliothèque se trouve être un florilège d'ouvrages divers et variés, sans aucun classement à première vue.
Des traités d'Art, des planches Anatomiques, des recueils de nouvelles sur Arameth, Syfaria, et au delà.

Des contes, beaucoup. L'Ordinant semble être un féru de contes. Les ouvrages provenant des provinces des Témoins du S'Sarkh et de la Fraternité occupent les premières places, loin devant les autres exemplaires du folklore Syfarien.
Des essais d'auteurs plutôt en vogue dans les fumoirs et les salons d'intellectuels Araméthéens, mais ceux ci sont refoulés dans les rayons inaccessibles de la Bibliothèque.
Et d'innombrables pièces de théâtre, des incontournables classiques au ouvrages d'auteurs dont la gloire est à venir.

Dans un rayon protégé derrière une vitre, et fermé à clé, d'autres ouvrages.
De vieux ouvrages.
La tranche est en vieux cuir craquelé, révélant encore des caractères anciens, que la tydale reconnait aisément.
Du Nemen, de l'Anarkan, du Shaïran, du Tchaë Ancien.

Son livre de chevet est à lui seul une relique.
Il s'agit de l'original du plus célèbre roman confrère, le premier faisant clairement allusion à la septième horloge.
Une vie de salaire d'un pauvre hère des Bas-Fonds ne pourrait pas payer un chapitre de ce livre.

L'entrepôt, en bas, est le résultat d'une boulimie d'Art dont le plus barbu des Ordinants est victime depuis maintenant dix ans.

Tableaux de maître, sculptures, certains gigantesques, les draps les recouvrant se drapant d'étranges ombres torturées alors que les soleils dardent leurs derniers rayons dans la pièce. L'Artiste peut d'ailleurs noter qu'un des murs est recouvert des tentures qu'elle avait confectionnées à l'occasion de la réception pour l'intronisation du Chambellan Edaregord au Limonaire. Des mannequins, une armée, occupent un coin, tous recouverts de vêtements, parures, parfois majestueux, d'autres fois aériens, des fois - souvent - à la limite de la convenance.

Des bruits de pas se font entendre, et la tête de l'Ordinant apparaît en haut de l'escalier.
Cherchant du regard l'Artiste, il l'apostrophe ensuite.


Ah, vous êtes là, ma chère.
Puisque vous semblez décidée à ne me laisser aucun secret, je descends avec notre collation.
Laissez moi toutefois vous complimenter sur votre tenue, cela vous va à ravir.


***
On ne saurait dire si le tydale a reconnu sa robe de chambre posée sur le frêle organisme de la tydale.
***


***
Le tydale s'engage dans l'escalier, portant un lourd plateau sur lequel sont regroupés, outre deux tasses fumantes, des fruits confits, des entremets, des pâtisseries, aussi belles que délicieuses.
Posant son plateau sur le socle d'un satyre en bronze, le tydale invite d'un signe de la main celle-ci à se restaurer au pied de la créature grimçante.
***


Vous n'aviez pas parlé de Lerth ?


 
Agliacci

Le Luang 28 Manhur 1512 à 18h29

 
Hir’Daeles fait bien de retrouver la tydale, car cette dernière est tout à fait obnubilée par les trésors mystérieux dont rengorge l’entrepôt. D’ailleurs, lorsque ce dernier l’interpelle, la Luthière lève son joli minois vers lui d’un air circonspect…comme si, au demeurant, c’était lui qui s’était introduit dans sa propriété et non l’inverse. Il faut dire qu’Agliacci n’a jamais eu de conception très nette de la propriété privé, au grand dam de nombre d’individus sur cette île…

Lorsque son confrère la rejoint, Agliacci a cessé de papillonner entre les œuvres et observe curieusement une élégante sculpture en verre, représentation des Pyramides d’Arameth. Etonnant que l’œuvre l’intéresse tant ; elle pêche par une précision et une perfection d’ordre quasi-mathématique, qualités qui font d’ordinaire fuir la tydale…et qu’elle regarde désormais comme si ces droites très pures et rectilignes constituaient l’objet le plus fascinant qu’il ait été donné de voir. Enfin, captant les bruits de pas de l’Ordinant qui descend, ainsi que le tintement – plus discret – de quelques tasses, elle entreprend un demi-tour gracieux et s’approche pour offrir son aide.

Très rapidement, elle se saisit d’une très charmante pâtisserie à la vanille puis s’empare de la tasse de…de quoi, d’ailleurs ? De thé ?

Agliacci jette un regard méfiant à la concoction, mais elle doit reconnaître que le breuvage possède le net avantage d’être chaud, à défaut d'être fortement alcoolisé. Quant à être bon, elle ne saurait trop le dire, ses connaissances en matière de tisane ayant depuis longtemps torpillé le zéro absolu.


Encore une fois, permettez-moi de vous remercier. Je crois que vous ne pouvez vous imaginer à quel point votre sollicitude est appréciée !...fait-elle avec un sourire de matou satisfait.

La tydale s’installe aux pi…sabots du satyre, guère dérangée par la grotesque physionomie de cette dernière, et entreprend de lisser les pans de la robe de chambre.

Parfaitement.

Je crains, d’ailleurs, vous avoir dérangé en pleine méditation lors de cette suggestion…, vous m’en voyez navrée !
J’ai mentionné plus tôt le nom de la Scintillante pour une raison très simple ; j’en ai ramené quelques œuvres dont je désirai vous faire prendre connaissance, et j’escomptai vous offrir l’une d’entre elles. Maintenant que j’ai eu la chance de côtoyer cette cave aux trésors, je suis même tentée de toutes vous les laisser. Nul doute qu’elles auront leur place ici…




Comme si c'était la dernière fois. La première fois.

 
Hir'Daeles

Le Luang 28 Manhur 1512 à 18h49

 
***
Appréciant la tisane - à juste titre, ce n'est pas du cresson infusé, tout de même - le tydale répond tout en essuyant une poussière imaginaire sur la patte droite du satyre.
***


C'est tout naturel, voyons.
Je n'allais pas vous laisser dehors par ce temps.

Horatio m'a dit que nous étions voisins. Cocasse, n'est ce pas ? Nous ne nous sommes jamais croisés, et la maison mitoyenne est une charcuterie fermée depuis cinq ans.


***
Le tydale laisse un instant le silence s'installer avant de reprendre, un sourire malicieux aux lèvres.
***


Je vous taquine, bien sûr.
Je serais ravi de voir les oeuvres que vous avez réussi à extirper des griffes des Témoins. J'essaye d'exposer certains de leurs Artistes depuis de nombreuses années, mais sans grand succès jusqu'à aujourd'hui. Et si vous n'avez nulle part ou les entreposer, je vous prêterai volontiers mon local.


Ou pourrais-je les voir ?



 
Agliacci

Le Luang 28 Manhur 1512 à 19h43

 
Agliacci se demande si elle peut s’en sortir en prétendant qu’Horatio est un mythomane invétéré, oui oui cher monsieur, je l’ai vu indiscrètement dans les archives d’un très célèbre psychiatre d’Arameth qui traite justement votre majordome…Tout à fait, très bon médecin, un spécialiste des névroses, la crème de la crème en matière de cerveaux qui défaillent…

Les yeux espiègles, Agliacci opte pour un autre angle d’approche.

Soit !

Vous m’avez percé à jour…j’admets que de vous voisiner, je n’ai point la fortune.
Mais pour tout le reste : j’affirme, confirme et persiste ; tout le reste est bel et bien vrai !
Du reste,
rajoute-t-elle en haussant un index méticuleux, croyez que j’eusse fait une excellente charcutière. Une fois trouvé le bon bout pour embrocher les veaux, s’entend.
Quant à ces morceaux d’ailleurs dont nous parlons…sans doute Horatio s’en est-il déjà occupé. Probablement nous faudra-t-il regagner votre demeure pour en dévoiler les contours…


La Luthière jette un œil concupiscent vers une pêche juteuse et finit par céder à la tentation, comme toute personne déraisonnable qui se respecte.


J’ai beaucoup ouï dire de vos expositions lors de mes débuts dans le Dédale. L’anecdote au sujet de la Venus de l’Ile est-elle vraie ? Il se dit tellement de choses…



Comme si c'était la dernière fois. La première fois.

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