Les Mémoires de Syfaria
La Région de Farnya

Où est l'Erudite ?

Thanakis a disparu
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Sujet lancé par Thanakis
Le 23-06-1507 à 18h28
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Posté par Sowane,
Le 01-07-1507 à 19h15
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Thanakis

Le Sukra 23 Jayar 1507 à 18h28

 
[Note : les textes sur la disparition de la responsable de la Bulle Bleue se poursuivent ici, pour ne pas interférer avec le scénario de l'enquête à Farnya]

*** Le poison végétal, dans sa progression parasite, conquiert organe après organe et s’approche de la peau, comme un monstre venu des profondeurs affleure la surface de la mer.

Polymorphe et conquérant, il émerge en début de soirée sous la forme d’une série de petites taches vertes, disposées en cercle au niveau d’une épaule.

La Première-née est inconsciente, réfugiée dans le coma. Elle s’est d’elle-même déconnectée du réel, sachant pertinemment ce qui va suivre sans toutefois, oser le formuler... et pour cause :

Les taches s’étendent. D’infimes radicelles s’attaquent à la peau claire de Thanakis, entre deux veines plus sombres, caractéristiques de l’étrange marbrure qui zèbre tout son corps. Dans leur mortelle avancée, elles touchent, elles effleurent une zone étrange, à la jointure entre peau blanche et peau foncée...

Ces marbrures sont anciennes, très anciennes. Elles sont la traduction non dite d’un abysse temporel sans fond, énoncé à l’Erudite lors qu’elle n’était pas en âge de le comprendre, au sein du ventre maternel. La révélation a tué sa mère et provoqué sa venue : situation plutôt hors norme, presque cocasse, pour une naissance.

Ce que son esprit ne nomme pas, sa peau le porte. Le poison végétal n’est pas un modèle de cérébralité, sa conscience des choses est on ne peut plus limitée, elle est presque infime, mais c’est suffisant : quoi que cela puisse signifier à son niveau, il « comprend » ce qu’il rencontre.

Il comprend et reflue immédiatement, en proie à ce qui s’apparente à une forme de pure panique. Malheureusement pour lui, dans son vaste réseau de fines nervures, l’information circule plus vite que la mort. ***


 
Lilyeth

Le Sukra 23 Jayar 1507 à 21h22

 
*** Voila un bon quart d'heure que Lilyeth faisait les cents pas dans le bureau d'Emeline. Elle n'avait rien trouvé d'utile !

Lilyeth savait qu'elle devrait trouvé le nom de cette rue, mais cela ne voulait toujours pas venir.

***


Bien ? l'argile ? l'argile ? Je suis sure que cela a un rapport avec la pierre...

*** Lilyeth se souvint soudain d'un tailleur de pierre qui résidait à Farnya et dont son père lui parlait souvent. Il était très réputé. ***


Quel est son nom déjà ? Maître Garl ? Cart ? Maître Garth ! Oui c'est ça.

*** Lilyeth savait où le trouver. Elle envoya rapidement un message à Cyan et sorti prestement de la bibliothèque. Elle se dirigea dans les rues de Farnya alors que la lumière du jour commençait à faiblir. Une légère brise se leva et Lilyeth releva son col.
Elle arriva rapidement devant l'atelier de Maître Garth et frappa à la lourde porte, elle attendit une réponse. ***


 
Sowane

Le Dhiwara 24 Jayar 1507 à 00h31

 
Oh Lothar, tu te bouges ? J'ai besoin de talc, je te dis ! Si je me déplace, bougre de faignant, tu v...

Arno Garth, dit maître Garth, s'interrompt brusquement : on frappe à la porte de l'atelier. Son père ? C'est bien le genre du paternel d'arriver en plein bazar, sans doute avec sa gamelle et deux-trois saucisses ! Il s'emmerde à la retraite, c'est sûr... alors il passe souvent le soir, quand l'atelier résonne des coups de ciseau, histoire de passer le temps, de boire un coup, de casser la croûte et de causer.

Souriant, le maître tailleur pose ses outils, tape dans ses mains pour en chasser la poudre de craie, se colle un cigare dans le bec et braille à ses trois apprentis :


C'est la pause, v'là mon papa ! Mathias, fais péter la roteuse et ramène le vieux pain, y'a d'la saucisse dans l'air !

Puis il s'avance vers la porte, qu'il pousse d'un geste large. Lorsqu'il voit Lilyeth, il ouvre la bouche... mais ne dit rien, les yeux comme deux boutons de culotte. Ses trois aides font bloc derrière lui. Il parle enfin, d'une petite voix :

Aahhhh non, c'est pas papa, ça...

Ni d'la saucisse, patron !
Renchérit Mathias.

 
Lilyeth

Le Dhiwara 24 Jayar 1507 à 11h13

 
*** Lilyeth entendit un long remue ménage à l'intérieur de l'atelier. Elle perçut quelques voix et cru entendre une vague histoire de saucisson.

Lorsque la porte s'ouvrit, Lilyeth s'amusa de la réaction des hommes devant elle. Elle faisait souvent de l'effet, mais elle devait avouer que ce n'était rarement à ce point. L'homme en face d'elle semblait tellement étonné de sa présence ici qu'il en gardait la bouche ouverte.

A cet instant, Lilyeth reçu un message de Cyan :

Citation :
Céladon, rue Céladon ! Thanakis est dans la rue Céladon !
Je nai pas vu le numéro, par contre. Trouve la, je t'en prie !


Mais bien sûr ! Lilyeth souhaita tout de même vérifié et toisa l'homme en face d'elle :
***

Bonjour à vous,
Je suis Lilyeth, diplomate bleue, fille de... Enfin bref, c'est pas vraiment ce qui m'amène. Si je vous dit : la fraîcheur de la porcelaine, la couleur d'un lac argileux, la marbrure de la peau de la Bien-Aimée, a quoi cela vous fait il penser ?


*** Elle avait sorti cela sans autre forme d'explication et observa les hommes devant elle. Le premier, Maitre Garth avait encore la bouche ouverte. Avec un sourire malicieux, Lilyeth ajouta : ***


Je vous autorise à fermer la bouche cher Monsieur !

 
Sowane

Le Dhiwara 24 Jayar 1507 à 15h52

 
- Bon sang d’bougre d’piston à clavett’, vise un peu la donzelle... pourquoi j’suis dans la bulle rouge, moi ? Le bleu, c’est mieux !
- Pousse-toi, Lolo, j’vois rien !! Ah ouais d’accord... Tu la connais, patron ? Tu nous présentes ??
- J’en oublierais presque les saucisses...


Fusillant ses hommes du regard, Arno Garth se retourne et s’exclame :

- C’est fini vos messes basses, têtes de bois ?!
X’cusez-les,vot’ seigneureté, ils... ahem : veuillez pardonner nos manières rustaudes, noble Voix, nous ne sommes guère accoutumés à pareil équipage. Vous, euh... vous disiez ? La... « fraîcheur de la porcelaine ? La couleur d’un lac argileux ? La marbrure de la peau de la bien-aimée ? »
A quoi cela me fait-il penser... et bien...
Louchant vers Lilyeth : A qui, j’ai bien ma p’tite idée, mais à quoi...

- Du marbre de Gorness ?
- Du stuc au père Toryl ?
- Ma cousine Simone ?


Soupirant, le tailleur de pierre reprend :

- Bon, voyons : ça doit être vert ou brunâtre, peut-être un oxyde ou un colorant, peut-être un émeri ou du... j’y suis ! Du Céladon ! On a ça en stock, Borgou ?

- Non patron, ct’andouille de Lothar s’en est servi pour éponger la bière qu’mathias a renversé sur ton bureau hier au soir, et...

- Ca va, c’est pas grave, on s’en tamponne l’coquillard d’savoir qui qu’a foutu l’dawa dans mon bureau ! Aheuuu, désolé Eminence, c’est l’émot... c’est la surprise. Donc, voilà, c’est du Céladon. La réponse. Je veux dire, le Céladon, c’est la réponse. A votre question.


- Y cause bien le patron.
- Ouais. N’empêche qu’il est tout pâle...
- Qu’il est tout chose...
- C’est la déception. Rapport aux saucisses.
- Tout rouge, plutôt, vu d’ici. Il est tout rouge. V’nez voir d’mon coté, c’est spectaculaire.
- Y’a pas que ça, qu’est spectaculaire.
- Y doit la connaître. Pour sûr, il la connaît. J’y crois pas... y va pas nous présenter... on a déclenché des grèves perlées pour moins qu’ça...


Semblant prendre une décision, maître Garth s’époussette une dernière fois, écrase son cigare tout neuf et dit d’une voix joyeuse :

- On manque de Céladon, certes ! Mais il y a une rue du même nom à deux pas, je la connais par cœur, on y trouve trois boutiques spécialisées dans l’art de la couleur : permettez que je vous y mène ?

Accompagnant le geste à la parole, il sort sur le perron et propose élégamment son bras à la diplomate...

 
Thanakis

Le Luang 25 Jayar 1507 à 16h45

 
Le parasite végétal s’effondre, victime d’un mal bien pire encore, d'un mal absolu, qui ne peut que vaincre. Il vieillit et se fane instantanément, puis devient poussière, puis ne devient rien. Comme s’il n’avait jamais existé...

Plus de tache, plus de blessure apparente, mais les dégâts occasionnés par l'Angmork, lésions internes, hémorragies... demeurent. L’Erudite est blessée à mort, incapable de bouger, incapable de se soigner, allongée en chien de fusil sur le carrelage d’un couloir anonyme. Progressivement, par étapes, elle sort de l’inconscience. La douleur revient, mais elle est acceptée, signe d’une forme de renaissance, de résurrection, presque comme une amie.

La Première-née ouvre les yeux. Elle mesure, à la pâleur de ses mains qu’elle voit de biais, dans son angle de vision tronqué, l’état de sa faiblesse. Elle comprend qu’elle est au seuil de la mort et que sauf miracle, elle ne pourra pas s’en sortir. La mémoire lui revient : l’enquête sur les disparus de Farnya, les travaux d’Aliobe, le cérémoniel divinatoire, la... la promesse ? Non, la requête, pas la promesse.

Les poumons encombrés de débris ligneux, Thanakis respire à peine, plongée dans des abîmes de réflexion : fait-il jour, ou fait-il nuit ? Combien de temps est-elle restée... absente ?

La première chose à faire est de contacter... ah, elle hésite : l’homme en noir ? A-t-il suivi ses instructions ? Sa Voix Bleue ? La Rectrice ? Son roi ? Le vieux Tryphon ? Son fils ? Elle choisit, et se concentre. Mais rien ne se passe... rien ! Qu’est-ce qu..?

Un bruit étrange se fait entendre, hors de sa vue, quelque part au fond du couloir. Une sorte de frôlement bizarre, qu’elle a déjà entendu, il y a longtemps... L’Erudite n’est pas seule, « on » s’est introduit dans son logement, à son insu ! C’est un rôdeur, un cambrioleur ? Un frère corrompu du S’sarkh qui l’aurait suivie jusqu’ici ? Non, non ! Elle a pris toutes les précautions ! Soudain, elle sait.

La créature, car ç’en est une, rampe lentement et s’approche de sa proie immobile...


 
Lilyeth

Le Luang 25 Jayar 1507 à 17h36

 
*** Lilyeth s'amusa des manières des hommes qu'elle observa en face d'elle. Chacun y allait de son commentaire et elle pouvait saisir la majorité des murmures destinés à Maitre Garth. En d'autres circonstances, elle aurait certainement pris plaisir à semer davantage le trouble dans l'esprit de ces honnêtes travailleurs mais ce n'était pas le moment. Maitre Garth, rougissant à vue d'oeil, confirma les pensées de Cyan. C'était bien la rue Céladon. Il lui proposait à présent de l'accompagner et Lilyeth se dit qu'il ne serait pas trop de deux pour fouiller toute la rue. Elle lui empoigna donc le bras... ***


Avec grand plaisir, Maitre Garth...

*** Et se retournant adressa un clin d'oeil et un sourire aux hommes restés sur le perron. Elle eut juste le temps de les voir rougir jusqu'aux oreilles avant de tourner au coin de la rue.
Son visage redevint soudainement sérieux. Elle observa Maitre Garth et l'arrêta. ***


Je n'ai pas suffisamment de temps pour vérifier votre fiabilité mais je vous crois assez honnête pour pouvoir m'aider à présent. Et je sais que je vais avoir besoin d'aide. Dans la rue Céladon, je dois trouver une maison dans laquelle quelqu'un qui m'est proche est surement en danger. Il va nous falloir frapper à chacune d'elle, les fouiller si nécessaire mais nous n'avons pas beaucoup de temps et je vous conjure d'être vigilant.
Allons-y si vous voulez bien.


*** Lilyeth repris la route d'un pas bien décidé. Arrivée, à la rue, elle fut soulagé de constater qu'elle n'était pas aussi longue qu'elle l'avait craint. Mais il leur faudrait tout de même du temps pour trouver la bonne maison. N'ayant pas de temps à perdre, elle s'empressa de frapper à la première. Attendant la réponse, elle regardait déjà par la fenêtre de la seconde. ***


Maitre Garth, signalez moi tout ce qui pourrait sortir de l'ordinaire, il faut faire vite !

 
Sowane

Le Luang 25 Jayar 1507 à 21h35

 
Maître Garth, aux anges, se laisse guider par Lilyeth. Il jette des coups d’œil amusés aux collègues qui vaquent dehors et les voient passer : ils sont étonnés, intrigués, admiratifs et – le maître tailleur n’en doute pas une seule seconde – sacrément jaloux ! Ah ah ah, il imagine déjà la tête de cette crapule de Tom Seldon, son concurrent, quand lui et sa muse vont passer sous ses persiennes...

Mais à l’entrée de la rue Céladon, Lilyeth s’arrête, brutalement, et lui parle de « recherche » et de « danger ». De danger... hein ? De danger ??

Il la regarde d’un œil neuf, impressionné et comme dégrisé. Elle semble sérieusement inquiète... Un court instant, Anton est déçu, presque atterré : comment a-t-il pu croire qu’une pareille princesse, diplomate de la bulle Bleue, pouvait le regarder ? Sans toutefois se départir de son sourire, le jeune tchae prend la parole en essayant d’adopter un ton rassurant et bien châtié :


Vous avez perdu l’adresse d’un parent malade ? D’un ami nécessiteux ? C’est cela ? Allons, ne vous en faites pas, cette rue n’est pas bien grande et...

Bigre ! Anton n’a pas fini sa phrase que déjà, la jouvencelle court et frappe aux portes comme si la peste ou le feu menaçaient ! Le tailleur ne s’affole pas, malgré la peur qui commence à le gagner, d’autant qu’il voit à deux ou trois cent mètres... une escouade de frères noirs qui semble, elle aussi, remonter la rue en fouillant les maisons ! Il faut se décider, et vite : rentrer dare-dare à l’atelier en oubliant cette histoire étrange qui commence à sentir mauvais, ou... ou prendre le parti de la belle bleue ?

Il voit Lilyeth s’agiter et bondir de porches en porches, gracieuse dans ses beaux atours, les cheveux en tous sens... Bon d’accord ! Avisant une arche à deux pas, il s’y réfugie et interpelle la Voix en retrouvant sa gouaille habituelle :


Ecoutez, ma dame ! Je n’sais pas c’que vous veut la maréchaussée, mais y’a tout un paquet d’charbonniers (en argot tchae : membres de la bulle noire) qui cherche la même chose que vous ! M’est avis qu’on aurait intérêt à pas tomber dans leurs pattes si l’temps presse ! C’te rue, j’la connais bien, pas la peine d’cogner à toutes les lourdes, c’est quasi qu’des boutiques à bourgeois qui crèchent au-d’ssus d’leurs turnes... vot’ parent ou vot’ ami, ct’un bleu ? Alors dans c’cas, y loue une piaule et des piaules à dispo, y’en a pas trente-six par ici. Venez !

Courant courbé pour ne pas dépasser de la foule, le maître tailleur se précipite vers un passage privé, qui mène à une petite court intérieure. Elle donne sur trois portes anonymes, fermées. Sur l’une d’entre elles, on peut lire : « A louer. 30 girasols au mois, payables d’avance. Demander Margot ».

Sur les deux autres, rien n’est écrit, mais leurs vitres sales permettent de deviner des couloirs. Anton pousse celle de gauche, qui semble résister. Il grommelle en insistant :

Par la barbe d’Balthazar, jamais y font l’ménage là-d’dans ? C’est plein de... de lierre !

 
Lilyeth

Le Luang 25 Jayar 1507 à 23h05

 
*** Lilyeth avait commencé à frapper à chaque porte. A chaque réponse négative, elle sentait son coeur se serrer d'avantage. Au loin, elle commença à apercevoir la garde royale. Ils avaient fini par se bouger. Elle cru deviner le Général au moment où Maitre Garth lui saisissait le bras. Il semblait bien connaitre le quartier et lui suggérait de se rendre dans une habitation en particulier. Lilyeth s'étonna de son inquiétude quant à la bulle noire. Avait-il des choses à cacher ? Pour autant, elle n'avait que faire de ses secrets, tout ce qui l'intéressait était de retrouver Thanakis au plus vite. Elle le suivit donc dans un recoin, approcha de trois portes et le laissa ouvrir la première. ***


Si elle est là, je vous invite à diner !

*** Alors que l'homme maugréait, parvenant avec difficulté à ouvrir la porte, Lilyeth reconnu l'angmork ! ***


Ce n'est pas du lierre, c'est de l'angmork ! Et il est tout desséché. C'est forcément ici.

*** Lilyeth se rappela avoir vu sces plantes dans certains ouvrages de la bibliothèque. Elles l'avaient fascinées pour leurs nombreuses propriétés magiques mais surtout pour leur façon très particulière de s'entrelacer formant de petites alcôves ressemblant à des coeurs. Mais ici, les coeurs étaient particulièrement denses, presque tordus, et les feuilles de l'Angmork étaient comme brulées, desséchées. Rien de tout cela n'était normal et le sourire qui avait un instant illuminé le visage de Lilyeth à la pensée de retrouver la Première-née s'effaçait déjà de son visage.

Avec l'aide de Maitre Garth, Lilyeth réussi à pousser la porte suffisamment pour pouvoir pénétrer dans la petite maison. L'angmork était partout dans le mince couloir s'étendant désormais devant elle. Maitre Garth, la mine dégoutée par l'odeur forte et l'omniprésence de cette plante parvint à se glisser derrière elle. La pièce était sombre et il fallut plusieurs secondes aux yeux de Lilyeth pour pouvoir déceler autre chose que la plante.

Plus loin dans le couloir, elle crut apercevoir un trou dans l'amas de végétation. La plante paraissait encore davantage brulée en son contour. Au centre, elle la vit enfin, la Grande Erudite reposait le corps inerte. En s'approchant, comme pour vérifier ce qu'elle était en train de voir, Lilyeth remarqua les yeux ouverts de Thanakis semblant chercher alentours une aide inespérée. ***


Thanakis, Thanakis ! Ne bouger pas j'arrive !

*** Lilyeth murmura, comme si elle ne voulait pas troubler son repos. Sans même faire attention aux égratignures qui se formaient sur ses bras et ses jambes au fur et à mesure qu'elle se frayait un chemin, Lilyeth parvint à la rejoindre. ***


Ca va aller ! Vous verrez, ça va aller !

*** Elle usa de toute son énergie pour conserver un ton neutre et optimiste. Pourtant, elle remarqua rapidement la gravité des lésions s'étendant sur le corps de Thanakis. Elle avait beau être plutôt douée en soin, elle savait reconnaitre des blessures trop grave pour elle. Il lui fallait des soins magiques au plus vite et cela était bien au delà de ses compétences.Il était hors de question de la déplacer. Elle observa Maitre Garth, resté un peu en retrait et l'interpela, la voix grave. ***


Il lui faut des soins au plus vite ! Un guérisseur ! Aller voir les hommes de la bulle noire que nous avons vu tout à l'heure. Demandez à parler au Général et à lui seul. Dites lui que vous venez en mon nom et que je l'ai trouvé. Qu'il ramène ici un guérisseur au plus vite. Un grand magicien. Dépêchez-vous ! Nous saurons vous récompenser pour votre aide.

*** Lilyeth réfléchi. Connaissait-elle un guérisseur qui pourrait l'aider ? Tyana peut-être ?!? Elle lui envoya un message à tout hasard. Plus loin, dans la pièce, elle crut soudain entendre un bruit. Inquiète, elle se leva et observa. Elle reconnu un mou, sans doute celui de Thanakis. Il semblait, hésitant, tenter de la rejoindre. Lilyeth se pencha de nouveau vers Thanakis. ***


M'entendez-vous votre excellence ?

 
Krondor

Le Matal 26 Jayar 1507 à 19h46

 
- Général ! Il y a un civil qui souhaite vous parler. Il dit que c’est en rapport avec les rustines !

Krondor le regarde sans comprendre :

- Les « rustines » ? Quelles rustines ? Tu es sûr ?
- Euh, et bien... oui ! Les rustines, ou les redites, peut-être... à moins que ce n...
- L’Erudite, triple buse ! L’ERUDITE ! AMENE-MOI CET HOMME IMMEDIATEMENT !!


Le soldat s’éclipse en tremblant, puis revient accompagné d’un jeune tchae arborant les insignes de Maître compagnon, tailleur de pierre de son état. Ce dernier regarde nerveusement les frères noirs qui l’entourent, surtout lorsqu’il aperçoit Krondor, vêtu de son armure, un énorme maillet à l’épaule...

- Et bien ! Parle ! tonne le général, foudroyant l’artisan du regard : Où est-elle ??

- A deux pas d’ici, dans l’couloir d’une piaule à Margot, rue Céladon. La bonn’ fée a besoin d’soins, elle est comme mort’, a’ bouge plus ! V’nez, grand seigneur, c’est par là !


Tous accourent à la suite d’Arno Garth et déboulent, le Général en tête, dans la court intérieure où Lilyeth attend. Le général et trois soldats entrent dans le couloir, suivis de maître Garth. Lorsqu’il voit Thanakis au sol, Krondor blêmit et, se tournant vers Lilyeth :

- Vous, qui..? Vous êtes la Voix bleue, n’est-ce pas ? Nous sommes sans doute chez Thanakis, ici : il y a forcément des potions de soin ! J’en ai suffisamment vu pour les reconnaître, et vous aussi sans doute : aidez-moi à chercher, nous devons les trouver !

Puis, se tournant vers ses hommes :

TOI ! TU FILES CHERCHER UN SOIGNEUR !
TOI ! TU CHERCHES DES POTIONS AVEC NOUS !
TOI ! TU SORS TON ARME, TU MONTES LA GARDE PRES DU CORPS, ET TU FRAPPES QUICONQUE S’EN APPROCHE SANS SOMMATION !


Krondor, sans plus attendre, commence à fouiller l’endroit. Maître Garth fait de même... en louchant, vaguement inquiet, vers le mou qui continue à s’approcher lentement. Mais il n'y pense guère, tout à son prochain... dîner !

 
Lilyeth

Le Merakih 27 Jayar 1507 à 12h51

 
*** Lilyeth vit apparaitre le Général et les hommes de la bulle noire avec un mélange de soulagement et de crainte. Ces hommes étaient peut-être doués sur des champs des batailles ou pour commander des troupes mais certainement pas pour soigner des mourants et comprendre quelques choses aux subtilités de la magie. Et si le Général en profitait pour.... Non, cela était ridicule !

Comme il le lui avait demandé, elle s'éloigna de Thanakis, qui n'avait toujours pas parlé, pour chercher des potions. Elle finit pas en trouver une dans une armoire renversée dans la pièce qui devait servir de salon mais qui était désormais envahie par les plantes.

Elle s'approcha de Thanakis. L'homme qu'avait posté le Général prêt du corps sorti son arme. ***


Stop, qui va là ?

*** Lilyeth sentit monter en elle une forte envie de violence ! ***


Bougre d'abruti, je suis la diplomate bleue. C'est moi qui ait trouvé Thanakis et qui suis venue vous chercher. Maintenant dégage de là avant que je ne te transforme en âne pour de vrai !

*** Elle bluffait, bien sûr, mais elle se réjouit de la frayeur qu'elle pouvait désormais lire sur le visage du soldat. ***


Euh ! Pardon M'dame, Euh ! Désolé !

*** Il s'écarta et Lilyeth, lui lançant un dernier regard haineux s'agenouilla prêt de Thanakis.

Plus loin, son mou continuait d'avancer. Elle leva la tête juste à temps pour voir Krondor lever le pied en direction de la créature. Il s'apprêtait à l'écraser. ***


NON ! Laissez-le ! Mais que faites-vous ? Ne voyez-vous pas que c'est le Mou de Thanakis. Je vous en conjure, ne faites rien.

*** Lilyeth cru lire dans son regard, la même haine que celle qu'elle avait adressé au soldat quelques instants au paravent mais retint tout de même son pied. ***


Si vous le dîtes, soit ! Mais s'il se montre agressif, je n'hésiterai pas.

Et que voulez-vous qu'il fasse ? Qu'il s'empare de votre épée et qu'il vous transperce le ventre après avoir invoqué des créatures du démon ? Ce n'est qu'un mou.

*** Lilyeth se mordit immédiatement la langue. Que venait-elle encore de dire ? Au général ? ***


Veuillez m'excuser, c'est certainement le stress de la situation.

*** Ajouta-t-elle avant qu'il n'ait le temps de répondre. S'il croyait ses excuses, elle allait passé pour une faible ! S'il ne les croyait pas, pour une insubordonnée agressive ! Décidément, cette journée était merveilleuse, pensa-t-elle ironiquement.

Elle se tourna à nouveau vers Thanakis et versa délicatement la potion dans sa bouche entrouverte. Celle-ci sembla faire effet rapidement, car déjà, la Première-née reprenait des couleurs. Elle se redressa difficilement, aidée du bras de Lilyeth. Le mou s'approcha à nouveau et se fondit en elle. Elle allait parler. ***


Prenez votre temps, Grande Erudite, gardez vos forces

*** Elle se tut pour la laisser prendre la parole. ***


 
Thanakis

Le Merakih 27 Jayar 1507 à 23h01

 
La Première-née reprend vie, par étapes. Lorsque son mou réamorce la fusion symbiotique qui le liait à elle, l'Erudite mesure à quel point sa retraite mentale s'apparentait à la mort : le petit être lui-même, confronté au néant du coma provoqué, s'était mépris... il pensait sa maîtresse trépassée et s'en était détaché, comme il l'aurait fait d'une simple dépouille.

Pour l'heure, la nouvelle association est trop neuve pour être télépathiquement fonctionnelle, mais cela ne tarderait plus.

La magicienne se dresse sur un coude, aidée de Lilyeth. Elle se fend d'un sourire lumineux envers sa diplomate, trop faible pour parler. Puis elle perçoit, à travers sa vue encore altérée, son environnement :

Trois hommes sont présents. Elle reconnaît immédiatement Krondor, qu'elle regarde sans trahir ses pensées. Lui-même observe la haute dignitaire en silence, les sourcils froncés, l'air à la fois contrarié et satisfait. Elle remarque son soldat, indécis, intimidé par l'Erudite désormais consciente. Elle note enfin la présence d'un tchae en retrait, accroupi à quelques pas, plus que troublé par ce qu'il voit et pour tout dire, anormalement inquiet...

Sa tenue et les codes qu'il arbore trahissent sa position sociale au sein de la Bulle Rouge : c'est un sculpteur et un maître tailleur de pierres. Si la présence de la Voix Bleue et du Général ont du sens, celle de... Ah, elle le reconnaît : Maître Garth fils ! Un artisan doublé d'un artiste particulièrement doué, l'un des meilleurs de sa génération, l'auteur de la statue de Poliadon et d'un fameux buste controversé de...

Mais, Krondor ne l'a donc pas reconnu ??

A la surprise générale, le premier son émis par Thanakis est sans conteste... celui d'un fou-rire naissant !


 
Sowane

Le Julung 28 Jayar 1507 à 00h27

 
Arno Garth regarde l’Erudite. Il a tout entendu et son contraire, à son propos : fée ou sorcière, protectrice du peuple ou folle à lier... ce qui est clair, c’est qu’elle est d’une étrange beauté et particulièrement intimidante, maintenant qu’elle est sortie de sa torpeur.

Ce qui est clair, aussi, c’est qu’elle l’a reconnu ! Cela se voit à son regard insistant, clair et lucide, et cela s’entend puisqu’à l’évidence, elle s’en amuse beaucoup !

Le jeune tchae jette un coup d’œil nerveux au général, que l’hilarité soudaine de la Première-née semble crisper au plus haut point. Lui ne l’a pas identifié, apparemment : pourvu que ça dure ! Cette histoire de buste, bon sang, quand il y repense... comment avait-il pu ? Comment avait-il osé ? Pâlissant à l’évocation d’un souvenir aussi drôle qu’effrayant, maître Garth laisse vaquer sa mémoire...


*****************************

C’était... il y a six ans. Alors peu connu, n’ayant réalisé aucune des œuvres architecturales ou des sculptures qui feraient sa renommée, Arno Garth buvait un vin de myrtes en compagnie de trois collègues à la taverne... Lorsqu’un frère Noir, très désagréable, le défia au jeu : puisqu’il était « farci d’or et d’avarice, le pourceau rubicond », accepterait-il le pari d’un simple soldat ? Arno répliqua qu’il n’avait rien à craindre d’un « mouton noir aux ordres d’un panurge d’opérette », ce qui avait mis les deux tchaes dans les meilleurs termes. Ils engagèrent donc un jeu de portes, variante du poker, à cette différence qu’il n’y a qu’une seule mise dont l’importance croît à mesure de l’avancée de la partie.

Arno Garth proposa, s’il gagnait, que le soldat lui serve d’escorte personnelle un mois durant. Le frère noir, lui, exigea que le sculpteur réalise un buste en marbre à la gloire de son Général. Pour le meilleur et pour le pire, ce fut le guerrier qui l’emporta :

Le compagnon tailleur, homme d’honneur et de parole, composa le buste. Il y mis tout son talent, et s’imposa d’ailleurs en cette circonstance comme un sculpteur de génie. Grâce à ce stupide pari, sa renommée - et quelle renommée – fut faite ! Tous ceux qui eurent la chance d’admirer son œuvre avant sa mise au secret, qu’ils en fussent choqués ou non, convinrent de son incontestable magnificence. Ce n’était pas le problème...

Le buste du général Krondor le présentait sous son meilleur jour : de nobles traits, un port altier, un regard de braise, une ressemblance et une finesse dans l’expression tout à l’honneur du sujet et de son créateur... non, rien à dire, c’était un chef-d’œuvre, d’autant plus remarquable qu’il mesurait un bon mètre de haut et devait peser dans les trois tonnes !

Le soldat responsable de cette « commande » n’avait imaginé pareil monument, même dans ses rêves – ou ses cauchemars – les plus fous ! Quand il découvrit la sculpture, dans l’atelier de maître Garth père, il fut d’abord subjugué par sa majestueuse beauté, louant le ciel de lui avoir accordé un tel joyau. Puis il remarqua le... chapeau ?

En fait de chapeau, c’était un béret. Un béret de berger, en toile grossière, cette coiffe traditionnelle qui porte la marque du troupeau. Avec cette marque, tatouée sur la peau de leurs bêtes, les bergers affirment leur propriété...

Le buste de Krondor le représentait coiffé d’un tel béret, et la marque arborée dessus consistait en une dague sur fond de soleil noir, symbole de sa Bulle !

La nouvelle se répandit comme une traînée de poudre : Arno Garth, le fils d’Anton, avait sculpté une œuvre subversive qui moquait le Général et ses frères noirs, assimilés à de simples moutons ! Les premiers jours, ce fut un défilé et l’atelier se transforma en galerie d’art, voire en cirque, au grand dam de maître Garth qui fustigeait l’audace de son fils et s’inquiétait des suites. De fait, plusieurs frères noirs firent du grabuge et initièrent quelques bagarres, à tel point qu’au bout d’une semaine, les troubles étaient tels qu’on instaura le couvre-feu dans le quartier !

Finalement, sur ordre du roi, le buste fut saisi et transporté à Oriandre. Que devint-il ? Nul ne le sait. Krondor, pour sa part, refusa de le voir. En droit tchae, on ne peut impunément railler un haut dignitaire, mais la qualité d’une œuvre s’impose toujours à toute autre considération. Or, à l’évidence, ce buste était une pièce d’exception : son auteur ne fut pas inquiété.


*****************************

Plongé dans ses souvenirs, maître Garth ne voit pas le Général se tourner vers lui, mais l’entend soudain :

Frère rouge, j’ignore en quoi vous êtes drôle... voudriez-vous me l’expliquer ? Et déclinez votre identité.

 
Lilyeth

Le Julung 28 Jayar 1507 à 13h43

 
*** Lilyeth observa chacun des protagonistes l'entourant. Elle ne savait à quoi se fier, entre les regards intrigant et intrigués. La Grande Erudite semblait aller déjà mieux et Lilyeth s'en réjouissant. Fidèle à elle-même, le premier son qui sorti de sa bouche fut celui d'un prémisse de fou rire. Lilyeth ne savait exactement à quoi il était dû mais elle sentait un mélange de tension et de soulagement dans la pièce. Visiblement, un malaise de créait entre Maitre Garth et le Général. Lilyeth ne savait si elle devait également s'en amuser ou s'en inquiéter.
Lorsqu'il avait vu les hommes de la bulle noire, Maitre Garth avait semblé très inquiet, qu'avait-il donc à cacher. Lilyeth chercha dans sa mémoire. Son père lui avait souvent parlé de cet homme avec un mélange de respect et de moquerie. Des souvenirs qu'elle arrivait à faire émerger, Lilyeth se souvint d'une histoire que son père racontait concernant un membre de la bulle rouge qui avait créé une oeuvre à la fois magnifique et particulièrement controversée.
En temps que guerrier, son père avait été à la fois offensé et intrigué. S'agirait-il de maitre Garth ?

Quoi qu'il en soit, il ne faisait nul doute que le Général n'apprécierait pas sa présence. Lilyeth se sentant un peu coupable de l'avoir mêlé à tout cela et redevable de l'avoir conduite à temps auprès de la Première-née.

Elle se leva, s'assurant au préalable que Thanakis pouvait se tenir assise seule. Elle lui adressa un sourire complice et se dirigea vers Maitre Garth. ***


Général, laissez moi vous présenter l'homme qui a permis de sauver Thanakis. Sans son aide, nous ne l'aurions surement jamais trouvé à temps. C'est également un bon ami et un membre très respecté de la bulle rouge. Je crois que nous lui devons tous un grand merci, ... et moi un repas...

*** Elle adressa un clin d'oeil discret à Maitre Garth et son plus beau sourire au Général. Elle attendit une réaction de sa part. Thanakis quant à elle semblait s'empourprer à mesure que son fou rire prenait forme. Lilyeth commença à le sentir contagieux et elle ne parvenait déjà plus à se défaire de son sourire... ***


 
Krondor

Le Julung 28 Jayar 1507 à 23h22

 
Le Général écoute, désormais concentré sur quelque chose de nouveau : L'Erudite est tirée d'affaire, elle devrait pouvoir user de sa magie d'ici quelques minutes... En revanche, la présence de l'artisan demeure un mystère. Il s'épaissit même, puisqu'il semble qu'on veuille taire son nom.

Car l'intervention de la Voix bleue est anormale : lorsqu'on présente quelqu'un comme un héros, on s'assure de bien l'identifier, par reconnaissance et par respect. La dame ne l'a pas fait...

Krondor, sous des dehors d'ours, est un renard. Il aime jouer les brutes pour cacher sa finesse, cela décontenance ses ennemis qui souvent, à leurs dépends, le sous-estiment. Thanakis le connaît trop bien pour en jouer, non, elle rit de bon coeur, véritablement amusée. Cela signifie donc qu'il n'y a pas de danger. Mais alors, où est le problème ?

L'homme en noir est curieux, voire inquisiteur. Il n'a pas l'habitude d'être contesté, même poliment. Alors, il insiste :


Et bien, frère rouge, votre intervention fut salutaire, je vous en suis reconnaissant ! Vous méritez d'être cité, j'en toucherai un mot au prince. Qui devrai-je nommer ?



 
Sowane

Le Julung 28 Jayar 1507 à 23h43

 
Et voilà. Ca devait arriver ! Tout ça parce que... Tssss !

Maître Garth soupire intérieurement, songeant qu'il aurait mieux valu qu'il soit moine, ou eunuque, indifférent aux charmes du sexe opposé ! Il serait encore dans son atelier, au chaud, à plaisanter avec son père et ses trois apprentis, au lieu d'être coincé dans un couloir d'immeuble en compagnie du Général Krondor !

Le dignitaire n'avait jamais relevé l'offense : l'occasion était trop belle, cette fois. Il était en droit d'exiger réparation, sous la forme d'un duel par exemple... et dans ce cas, le plaignant a le choix des armes. Arno manie le ciseau de sculpteur, il n'est pas un guerrier : son sort lui semble scellé.

Alors, foutu pour foutu, autant partir en beauté, avec panache ! Se redressant soudain, drapé dans sa fierté, il s'avance vers le Général et assène d'un ton on ne peut plus sérieux :


Je me nomme Garth, Arno Garth. Compagnon Ouvrageur, Maître sculpteur, Maître tailleur de pierre.

Et vous ?


 
Thanakis

Le Sukra 30 Jayar 1507 à 16h06

 
Le rire cristallin de l'Erudite meurt doucement tandis qu'elle s'appuie sur un mur pour se tenir droite. Elle manipule ses bracelets colorés, premisses d'une incantation à venir, en demeurant étrangement sereine et silencieuse compte tenu de ses blessures et de la tension, palpable, qui croît entre les deux hommes...

Lylieth se doute bien qu'en quelques paroles sages, usant de son charisme et de son statut, Thanakis pourrait désamorcer la situation. Mais elle n'en fait rien. Au contraire, elle se tient volontairement coite. Sa Bulle n'est pas impliquée, est-ce la cause de son détachement ?

Alors que la diplomate la regarde, inquiète, espérant qu'elle vienne à son aide, elle n'obtient qu'un sourire léger... tandis que l'Erudite lui envoie ce message mental :


Ô belle Voix,

Deux coqs dans la basse-cour
Montant sur leurs ergots
Confrontant leurs egos
De rage devenus sourds...

N'attendant qu'un signal
Infime, subliminal,
Pour se sauter dessus
Et s'étriper menu...

Saurez-vous de vos mots
Les guérir de leurs maux ?


Et Thanakis, d'un geste gracieux, invite Lilyeth à s'exprimer. Cette dernière comprend alors qu'elle doit parler, qu'elle doit intercéder, avec... diplomatie.

C'est là sa charge et son devoir.


 
Lilyeth

Le Dhiwara 1 Julantir 1507 à 15h25

 
HRP avant toute chose, Lilyeth ne parle et ne comprend plus le runique (changement sur l'archétype sensät). Je partirai donc du principe qu'elle a toujours eu des conversations en tchaë voire plus tard en tchaë ancien puisqu'elle est adepte pour l'instant ! /HRP

*** Lilyeth observa à nouveau chacune des personnes présentes dans la pièce. La tension était de plus en plus palpable et il était indéniable que les choses risquaient à tout moment de s'envenimer.
Elle était désormais mal à l'aise, taraudée par plusieurs choses. C'était elle qui avait conduit Maitre Garth ici et il lui avait rendu un service énorme. En même temps, elle devait un minimum de respect au Général et elle ne souhaitait pas s'enfoncer davantage.... Et puis le message de Thanakis...
Alors qu'elle aurait naturellement ressenti le besoin de calmer les choses elle se sentait à présent observée. Sa première mission officiel de diplomate, bien que sur les terres de la fraternité ! Elle voulait faire honneur à Thanakis, ne pas la décevoir mais cela ajoutait à son malaise une pression supplémentaire et une pointe d'angoisse.
Ces sensations étaient toutes nouvelles pour Lilyeth qui se savait habituellement pleines de certitudes et de convictions, parfois même un peu trop.

Comment aborder le sujet ? Sujet qu'elle ne maitrisait finalement pas plus que ça.

Rassembler les éléments en sa possession... Maitre Garth ne semblait vraiment pas enchanté à l'idée de se retrouver face à la bulle noire et tout particulièrement le Général. Krondor était quelqu'un de direct et de malin, et il commençait à flairer quelque chose de louche. Thanakis s'amusait de la situation, ce qui aurait certainement pu la dédramatiser en d'autres circonstances mais Thanakis avait pris l'habitude de s'amuser de tout ce qui pouvait contrarier Krondor. Et ce que ne voulait pas Lilyeth à cet instant précis, c'était un Général contrarié ! Qui sait ce qui pourrait lui passé par l'esprit et quelles pourraient en être les conséquences ?

Brisant le silence qui commençait à se faire pesant, Lilyeth prit la parole et se surprit elle-même du calme et de l'autorité dont elle parvint à imprégner ses mots. ***


Très cher confrères, je me réjouie que des membres de chaque bulle aient oeuvré main dans la main pour parvenir à sauver notre Grande Erudite. En ces temps troublés que traverse notre fraternité, délaissée et délestée de nombreux frères qui passent souvent plus de temps à se renvoyer les fautes qu'à agir de concert pour le bien de notre peuple, c'est un grand moment que nous vivons ensemble et un exemple formidable qu'il nous faudra conter.
La bulle bleue par sa sagesse et sa connaissance nous a permis de sentir le danger et de s'y préparer.
La bulle rouge, par son expérience et son sens du devoir nous a permis de trouver cet endroit.
La bulle noire, par sa force et son pouvoir, de mener les hommes et de protéger notre Douce Thanakis.

Je peux sentir en cet instant, les interrogations qui nous envahissent et notre volonté de vérifier chez l'autre sa valeur dans cette affaire et certainement même bien au delà. Je crois comprendre également que des éléments du passé viennent entacher cette belle journée.

Mais le passé reste le passé et je suis tournée vers l'avenir. Tout comme moi, j'en suis sûre, et les actions de ce jour tendent à me le prouver, chacun d'entre vous se soucie du devenir de notre grand et honorable peuple. Ce qui importe aujourd'hui c'est d'unifier nos frères pour leur rendre leur grandeur d'antan.

Racontons leur comment en travaillant de concert, nous avons réussi là ou les initiatives individuelles auraient certainement conduit Thanakis à la mort. N'entachons pas ce jour par de viles représailles, méritées ou non et offrons un cadeau formidable à notre fraternité : l'espoir !


*** Ragaillardie par son petit discours, Lilyeth avait redressé le torse et souriait à pleines dents. Loin d'être naïve, elle savait que la confiance inconditionnelle des membres d'une bulle envers ceux d'une autre ne serait certainement jamais une réalité mais elle croyait en chacun de ses mots et elle espérait qu'il en serait de même pour tous. ***


 
Sowane

Le Dhiwara 1 Julantir 1507 à 17h26

 
les deux hommes se tournent vers Lilyeth, un moment distraits de leur joute verbale par son discours nuancé.

Le Général semble insondable, froid, tandis qu'il prend connaissance de l'identité d'Arno Garth. Ce dernier, en revanche, sourit franchement à la Voix Bleue, légèrement penché vers l'homme en noir, comme pour lui sussurer : « Alors ? Elle est pas top, ma copine ? »

Il rompt le silence en parlant à son tour :


- Pour sûr, ct'une journée pas banale, euh... général Krondor. Sans votre idée d'chercher une potion magique dans ces... plantes cramées, not' Bonne fée n'serait peut-être plus de ce monde... Pis si la b... la diplomate bleue n'était pas v'nue me chercher, voilà, tout ça... enfin bref, c'est comme elle dit, une belle coopération, un peu comme des rouages, voyez, sans lesquels un réducteur à clapets peut pas fonctionner et...

 
Krondor

Le Dhiwara 1 Julantir 1507 à 17h39

 
- J'ai bien compris, Maître Garth. J'ai bien compris... C'était un discours judicieux et plutôt habile, j'en conviens.

L'expression du Général demeure fermée. Il incline brièvement la tête en direction de Lilyeth, puis de Thanakis, avant... de tendre la main vers l'artisan ! Ce dernier, interloqué, fait de même avec un temps de retard...

Les deux hommes se saluent vigoureusement, puis maître Garth grimace, gémit et pâlit soudain, tandis qu'on entend distinctement un craquement sournois !

Le Général se fend alors d'un sourire en coin et sortant du couloir, suivi de ses hommes, il dit sans se retourner :


Vous rencontrer fut un plaisir, tailleur de pierres. J'espère que ma poigne ne vous a pas meurtrie, je m'en voudrais de vous causer du tort dans votre travail.

Les frères noirs s'éloignent et disparaissent.

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