Les Mémoires de Syfaria
La région d'Utrynia

Un boulot (presque) comme les autres.

Garde des Morts...
Page [1]
Détails
Sujet lancé par Ylimildian
Le 01-07-1507 à 17h05
3 messages postés
Dernier message
Posté par Ylimildian,
Le 03-07-1507 à 13h43
Voir
 
Ylimildian

Le Dhiwara 1 Julantir 1507 à 17h05

 
Bonjour, je m'appelle Ylimildian. Je suis un Garde des Morts.

*** Son interlocuteur ne réagit pas. Et pour cause, c'était un rocher. Simplement, en arrivant là, Ylimildian lui avait trouvé une ressemblance avec un Nelda.
Un nelda allongé, coupé en deux au niveau du torse, et doté de trois bras, certes, mais on ne perdait rien à être poli. ***

Parce que je garde les morts, en fait. Pas les vivants. Je les protège. C'est important.

*** Ce qu'il y a de bien avec les rochers, c'est qu'ils n'ont pas l'esprit de contestation. Ils restent silencieux, bien plus que les vrais neldas. ***

Tu n'aurais pas vu des morts dans le coin ? Parce que je dois les récupérer, tu vois.

*** Ce qui est moins bien avec les rochers, c'est qu'ils sont quand même sacrement butés, point de vue partage des informations. Autant demander au S'sarkh sa recettes d'oeufs à la neige, on a plus de chances d'obtenir des réponses. ***

Bon, tant pis, repose toi bien.

*** Recueillir les morts est une tâche qui peut s'avérer harrassante, surtout pour quelqu'un aussi frêle qu'Ylimildian. Mais c'est toujours interressant de voir leur état, voir comment la mort à figé leurs traits...
Puis prendre soin d'eux, s'attaquer à la moisissure, à la nécrose...
De leur vivant, la plupart des vivants se ressemblent.
Morts, ils prennent toute leur individualité.
C'est proprement fascinant. ***

Bon, il n'y a rien ici non plus.

*** Et pour cause. Les murs sont bien gardés. Aller mourir si proche d'eux, il faudrait le faire...
Plus loin, par contre, on peut toujours faire des découvertes interressantes. ***

Bon ! Direction les marais...

 
Ylimildian

Le Dhiwara 1 Julantir 1507 à 22h33

 
Tiens ? C'est quoi ça ?

*** Le cornulus rampait doucement sur la fange du marécage, délaissant un os apparant relié à un moignon encore bien fourni en chair.
Le tchaë s'aventura un peu hors du sentier de terre meuble, s'enfonçant jusqu'à mi-cuisse dans l'eau turbide.
Sans dégoût apparant, il saisit délicatement l'os, le tirant vers lui.
C'était un bras, visiblement tydale, féminin, adulte.
A la couleur de la chair, bronzée, on devinait quelqu'un passant du temps en extérieur. Les multiples cicatrices laissaient voir une combattante. ***

Normal. Les combattantes sont la pour tomber, se sont les autres qui meurent.

*** Ylimildian aimait particulièrement prendre son temps avec les cadavres, découvrir et déduire petit à petit ce qu'un coup d'oeil global aurait pu apporter.
La plaie au bras était marquée de multiples petites marques de dents, qu'on retrouvait sur l'os. Celui-ci était intacte.
La chair avait été dévorée après la mort, par des créatures petites, sans doute le cornulus, entre autre. Ce n'était pas lui le meurtrier. ***

Bon, bras fini. Un peu plus.

*** L'épaule sortit bientôt de la surface de l'eau. Démise, visiblement. Un choc violent. Une créature massive, assûrement.
D'avant en arrière. Donc sans doute un choc frontal, pas une créature habituée à combattre avec sa masse, sinon les os seraient brisés. Sans doute une bête à griffes, mais corpulente. ***

Allez, au torse maintenant.

*** La tête remonta avant, dévoilant un crâne rasé entièrement. Donc bien une combattante. Femme, assez jeune.
Pas d'eau sortant de la bouche, donc pas une mort par noyade. Elle était morte avant et était tombée ensuite.
Le torse suivit...
Au niveau des épaules, des marques rouges, la peau écorchée. On avait arraché une armure, blessant la chair en dessous et la dévoilant.
Ylimildian sourit doucement. Lui qui n'avait jamais connu l'union de deux corps n'était pourtant pas étranger au sentiment du beau et au désir. La tydale avait des yeux d'un vert tendre, et une poitrine attrayante, ni trop lourde ni trop plate.
Passant un bras dans son dos pour maintenir le corps à fleur d'eau, Ylimildian lui carressant doucement la poitrine, d'un air béat. Glissant la main vers le ventre, il sentit autre chose d'étrange... Et sourit d'un air béat. ***

Je le savais !

*** Il avait raison : grosse créature dotée de griffes.
L'espace entre chaque entaille était de plus de deux pouces, et le coup avait éviscéré la combattante, sur trois pouces de profondeur.
Plus profond du côté gauche, et partant du dos.
Oui, Ylimildian pouvait reconstituer le combat, sa fin du moins : la créature avait bondi, percutant l'épaule de la tydale au point de la demettre.
Puis, collé à elle, il l'avait lacéré de sa griffe droite, revenant vers le côté droit de la hanche, déchirant le ventre aux abdominaux musclés au point d'en faire jaillir les entrailles.
Un Gambol, peut-être, ou pire. Un truc de ce genre là. ***

Bon, ben c'est presque fini...

*** Paradoxalement, Ylimildian avait horreur de la suite, bien qu'elle soit indispensable. Plus d'une fois, il avait servi sa mère adoptive, lui apportant réconfort par ses caresses. Mais il restait une zone du corps féminin qui lui serait à jamais interdit, et dont l'approche du vivant de sa propriétaire pourrait lui valoir milles souffrances.
Regardant à droite comme à gauche, il sortit le corps de la tourbière et l'amena au sentier.
Puis, lui retirant ses solides cuissardes, il lui écarta les jambes avant de glisser deux doigts dans le vagin.
Aucun doute, vu l'espace, c'était une mère, elle avait non seulement connu l'Union mais aussi l'enfantement.
Ylimildian soupira de soulagement. Ce n'était pas une grosse perte pour la Ruche. ***

Bon, maintenant, il faut que je rentre tout ça, moi...

 
Ylimildian

Le Matal 3 Julantir 1507 à 13h43

 
*** Les marais regorgeaient de plantes diverses, mais pas d'arbustes aux tiges bien droites.
Ylimildian n'étant pas capable de transporter le corps sur son dos jusqu'à la sortie, il dut se résoudre à le replonger dans l'eau fétide. ***

Tu seras mieux là. Il y a moins de mange-chair dans l'eau que dehors.

*** Puis il ressortit des marais, allant couper quelques jeunes troncs, d'une épaisseur de deux pouces, avant de revenir.
Plongeant les deux mains dans l'eau pour retrouver le corps, Ylimildian s'aperçu qu'il venait de tirer le corps par les pieds, cette fois...
Une sangsue avait profité de sa courte absence pour venir se ficher près de l'intimité de la tydale, tentant d'absorber les derniers fluides du corps sans vie. ***

Trop tard, il fallait y penser avant.

*** Délogeant la sangsue, Ylimidlian déposa le corps sur la sécheresse relative du sentier.
Puis, arrachant quelques plantes des marais, il s'en servit pour confectionner un treillissage sommaire, reliant les bras de son brancard de fortune.
Porter un corps était hors de portée, le trainer serait plus aisé...

Ce n'est qu'à la nuit tombée qu'il émergea, crotté, épuisé, tirant derrière lui le corps éventré. ***

On ira pas plus loin cette nuit. Et lui j'ai faim ! Toi aussi, non ?

*** Pas découragé par l'absence de réponse, Ylimildian entreprit d'allumer un feu, avant de se diriger vers le ruisseau qui alimentait le marais.
Là, avec des gestes tendres et attentionnés, il lava le cadavre, lui retirant son équipement désormais inutile. ***

Tiens ? Qu'est-ce que c'est que ça ?

*** La tydale avait un unique bijou. A sa main intacte, une grosse bague tronait accrochée à l'annulaire. On y voyait un sceau complexe, mêlant les symboles de l'inaptitude au sigle désignant la responsable. C'était une Maîtresse du Harem, sa bague permettrait son identification.
En attendant, il fallait la garder, le reste était bon à jeter... ***

Maintenant, on va au feu avant d'attrapper froid.

*** Ylimildian encercla le feu de grosses pierres. Elles protégeraient d'une partie des étincelles tout en gardant la chaleur tard dans la nuit.
Le corps était maintenant gelé après son séjour dans l'eau, rigide.
Le tchaë l'allongea du mieux possible proche du feu, afin de la sécher. Puis il mit un peu de bouillie d'avoine à cuire. ***

Tu en veux ?

*** Cuillère de bois tendue vers les lèvres bleuies, il resta immobile, attendant patiemment de voir si une réaction allait avoir lieu.
Non, rien.
Ylimildian haussa les épaules, et mangea en silence. ***

Bon, bonne nuit, désolé, mais il faut que tu sèches...

*** Les excuses venaient du fait qu'il ne la couvrirait pas de son drap de voyage.
Pour autant, le dos restait caché du feu, et était encore humide.
Se lovant tendrement contre celui-ci, Ylimildian enlaça la taille fine d'un bras, effleurant du bout des doigts les lèvres de la plaie.
Puis, soupirant de contentement face au devoir accompli dans la journée, il embrassa la peau pâle de l'épaule déboitée. ***

Bonne nuit.
Et tu sais...
C'est dommage que tu sois tombée, ta peau et très douce.


*** Enfin, avec autant de naturel que si c'était une jeune tchaë bien vivante qu'il serrait contre lui, le Garde des Morts s'endormit. ***


Page [1]
Vous pouvez juste lire ce sujet...