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Le Dhiwara 8 Julantir 1507 à 11h13
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Dorian s’éloigna de la ville, et marcha un certain temps dans la plaine qui entourait Utrynia. Le danger rôdait, mais la peur n’était pas vraiment un sentiment connu pour le très jeune tydale. Comme tous les autres sentiments d’ailleurs.
Il parcourut l’horizon d’un regard fixe, et se demanda ce que les liadha’s pouvaient voir, par leurs yeux de guerrières. Première démarche. Abandonner cette sorte d’état de décalage par rapport au monde, où rien n’avait d’importance, puisque rien n’existait vraiment…
A moins que…
Ca n’allait pas. Ce n’était pas la bonne méthode.
Dorian s’assit le dos contre un arbre, et laissa reposer sa tête sur le tronc en fermant les yeux. Dès que Tara n’était pas là, il n’arrivait à rien, tout s’embrouillait et devenait flou. Pourtant, c’était lui qui avait voulu ça. C’était lui qui l’avait laissée à ses études en ville, à la corporation des artisants, pour se retrouver seul.
Seul… Quel mot abominable. Ses sourcils se froncèrent, et son visage impassible en toute occasion prit une expression de souffrance avant de redevenir serein.
Calme. Respirer. Ne pas oublier de respirer…
En ouvrant les yeux, il repensa à sa résolution. Rien ne devait l’en détourner à présent. Il leva devant ses yeux les épais cestus en cuir et lamelles de métal. Tant de lourdeur, de matérialité. Une expression de dégoût passa sur son visage.
En était-il capable ?
Il suffisait d’essayer.
Il enfila ces armes, ainsi qu’une armure de cuir nouvellement achetée. Quelle horreur. Lui qui n’avait jamais évolué que dans les méandres immatériels de la magie, voici qu’il se retrouvait comme tous les ridicules êtres qui se débattaient dans le monde pour s’y faire une place. Les « êtres de poussière ». Comme ce nom leur allait bien. Ridicules pantins aveugles sur le déclin de toute chose, aveugles sur la seule réalité éternelle… Tara… Un sourire finalement naquit sur le visage du Mish, ses yeux retrouvèrent leur teinte glacée et absente.
Dorian. Volonté pure, esprit désincarné, être incomplet, mais animé d’un but. Le sacrifice allait pouvoir commencer…
Sa santé mentale semblait toute relative... avec notamment des tendances à la mégalomanie... Et peut être aux personnalités multiples.
Ermandr, Explorateur du Suaire, à propos de son supérieur Dorian.
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Le Dhiwara 8 Julantir 1507 à 22h29
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Se relevant, Dorian fit face à l'arbre épais, et caressa de la main l'écorce rugueuse. Il supposa que d'aucuns devaient apprécier ce contact. Communion avec la nature, le sentiment d'être en phase avec son environnement...
Il enfila les gantelets cloutés, et fit jouer ses articulation à l'intérieur.
Il savait pertinement que donner un coup n'était pas chose aisée. Se précipiter lui occasionerait certainement une blessure pénible, non pas pour la douleur, mais qui lui ferait perdre du temps.
D'abord les bases.
La garde viendrait ensuite. Pour l'instant, il s'agissait de trouver une position correcte. Fermer le poing, veiller à avoir le pouce sur les autres doigts. Prendre la distance, bras tendu, mais pas trop.
Un coup au ralenti. Ca devrait être ça.
Une frappe.
Une autre...
Quelle étrange sensation... Les coups se répétaient, d'abord d'un bras, puis de l'autre. Quelle étrange sensation. Contacts... Les muscles qui jouent, la sueur qui perle d'abord, puis qui coule le long de la tempe.
Rectifier la position, vriller les hanches, puis le torse, et enfin le poing. Les souvenirs revenaient vite. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas repris l'entrainement de la ruche...
Depuis ce jour où ils s'étaient retrouvés en fait. Et qu'ils s'étaient consacrés à la magie. Tous les deux... Depuis ce jour, ils avaient tout partagé. Ils étaient ensemble à nouveau depuis ce temps.
A mesure que Dorian frappait, il se rappelait tous ces moments, ces heures passées à étudier l'Art, à jouer avec les formes d'Essencialis, à ressentir les effluves magiques à deux, communiquer sans la déficience des mots...
Dorian sentait la trame du monde jouer encore sous ses mouvements. Il pouvait ressentir le mana ambiant, et pouvait le manipuler sans effort.
Dans quelques mois, quelques semaines peut-être... tout ça aurait disparu à jamais...
Il s'arrêta un instant.
Mais ce n'était pas une hésitation. Il enleva simplement les gantelets, et enroula des bandes de tissu autour de ses mains. La transpiration rendait le geste moins sûr. Il remit les gants et reprit les frappes en rythme.
La déchirure serait atroce. Comme perdre un sens certainement. Les perdre tous en fait. Goûter à la magie... prendre ce chemin qui accapare tout l'être, qui change la vision du monde...
Dorian allait perdre tout cela.
Mais le sacrifice était nécessaire. Il savait pourquoi il faisait tout ça.
Il savait surtout pour qui il faisait tout ça.
Sa santé mentale semblait toute relative... avec notamment des tendances à la mégalomanie... Et peut être aux personnalités multiples.
Ermandr, Explorateur du Suaire, à propos de son supérieur Dorian.
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Le Luang 9 Julantir 1507 à 15h58
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| *** La Justicière, peu après être sorti de la ruche pour affaire, voulait prendre l'air et se défouler avec sa double-lame. Mais dès qu'elle eut quitté les murailles de la ville d'Utrynia, elle vit un jeune tydal, un mish. Mais ce qui attira son attention était son arme qu'il portait, certainement un gantelet clouté. ***
Mish, que faites-vous ici? Vous n'avez pas le droit de sortir de la ville.Pire encore vous osez porter une arme alors que cela vous est interdit.
*** La Tydale énervée par le non-respect des lois de la ruche, voulait l'attaquer mais elle se souvint qu'elle était devenu Justicière pour éviter ce genre d'action. Il devra répondre de ces actes devant le justice. ***
Tu n'as vraiment pas de chance, c'est moi la justice du Matriarcat!
*** Un sourire sardonique tordit sa bouche alors qu'elle proférait ces derniers mots... *** | |
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Le Matal 10 Julantir 1507 à 21h59
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Passent les jours, passent les semaines.
L'aube grise salue l'arbre blessé, dénudé par les coups répétés, sculpture étrange et douloureuse, évoquant la nature meurtrie et l'acharnement forcené.
Dorian salua son compagnon de l'aurore, témoin silencieux de sa conversion. Le jeune Tydale était conscient que son manège était de plus en plus suspect. Trop longtemps absent de l'enceinte de la ville, les mains meurtries et les muscles se dessinant de plus en plus sous les légers voiles qu'il portait pour "étudier" la magie.
Cacher cela surtout devenait de plus en plus problématique. Sa concentration déclinait à une vitesse vertigineuse, et le moindre exercice d'essencialis devenait un labeur qui lui arrachait des tremblements et des douleurs nerveuses à la limite de la torture pure et simple.
Tout cela, il pouvait cependant l'endurer. Mais Tara n'était pas dupe... Ses questions étaient de plus en plus insistantes, et son sourire ne suffisait plus à apaiser son tempérament de feu...
Il enfila pourtant ses gantelets usés par les coups et fit quelques mouvements pour s'échauffer. La rupture définitive était pour bientôt, il le savait. L'arrachement au monde de la magie l'attendait au coin de sa vie, assassin de tout son univers.
Il se mit en garde, et commença un enchainement classique qu'il avait mis au point.
Direct, direct, enchainement droite gauche, esquive latérale, crochet, coup de pied frappé en bas, en haut, chassé arrière du gauche...
Autodidacte, il savait qu'il ne pourrait prétendre acquérir la grâce et les mouvements fluides et terribles des danses-lames, mais les oeillades volées dans la salle d'entrainement lui permettait de se faire son univers martial.
Il songea que l'apprentissage de la magie puis celui des armes donnerait quelque chose de sûrement étrange.
C'est à ce moment qu'il entendit la voix de la justicière.
Lentement, il se retourna, alors que la garante de la justice lui souriait d'un air mauvais. Impassible, Dorian se rappela brièvement de Némès... Décidément, toutes les Liadha's semblaient vouloir le dépecer...
D'une voix monocorde et douce, Dorian répondit en s'inclinant.
Veuillez m'excuser, justicière, je n'ai effectivemment rien à faire ici. Je rentre de ce pas en ville.
Docile, et sans ajouter quoi que ce soit, il enleva ses gantelets et prit la direction de la ville. Il n'y avait rien à ajouter. Il n'avait aucune excuse et la justicière l'avait pris sur le fait.
Il serait certainement puni.
Sa santé mentale semblait toute relative... avec notamment des tendances à la mégalomanie... Et peut être aux personnalités multiples.
Ermandr, Explorateur du Suaire, à propos de son supérieur Dorian.
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