| Les nuits sont fraîches en ce moment, baragouina pour lui-même Samael en se massant les pieds prés du feu de fortune. Son arrêt avait été précipité, et profitant des derniers instants de lucidité qu’il lui restait, il avait trouvé la force d’allumer un feu.
Essuyant la sueur abondante sur son front fiévreux, Samael luttait pour rester éveillé et finir ses soins. Une lueur étrange danse au fond de ses yeux tandis qu’il termine de dérouler le pansement qui lui enserre le bras gauche.
Une vilaine blessure suite à la rencontre importune d’une Sykramen. La coupure est peu profonde mais ses abords sont tout boursouflés et brûlant du venin de l’animal.
Cette saleté m’a pas raté, par le S’sarkh, c’est pas tant que ça fait mal, mais c’est douloureux, nom de nom !!! Ca me brûle comme une poignée de sel dans les yeux ! , maugréa le Propage en nettoyant la blessure avec la pointe de son coutelas.
Le venin commençait son effet, provoquant douleurs et fièvres, hallucinations et délires. La dose n’était pas mortelle pour Samael, habitués depuis longtemps à ingérer du venin de Sykramen lors des cérémonies en l’honneur du S’sarkh, mais il en serait quitte pour une nuit très agitée.
Replié en chien de fusil, la tête sur son sac, le Nelda s’endormit le corps agité de soubresauts irréguliers.
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Samael coure à perdre haleine, tentant d’échapper à un essaim de Sykramen. La forêt défile à toute allure tandis que le grand Nelda enjambe chaque obstacle. Ses poumons lui brûlent et son cœur semble prêt à s’extirper de son torse. Un bourdonnement assourdissant est juste derrière lui, le ramenant à la menace immédiate. Une de ses bestioles est une adversaire facile, mais tout un essaim, peu de chance d’en réchapper. Soudain, Samael trébucha sur une racine, s’étalant de tout son long sur la piste. Dans un réflexe de survie, il se replia sur lui-même plaquant ses mains sur son crâne et se bouchant les oreilles. Des dizaines de piqûre lui déchirèrent le dos, comme une multitude de poignard chauffés à blanc. Samael hurla de douleur tentant de chasser les Sykramens en battant lamentablement les bras dans son dos. Samael hurla encore et encore jusqu’à couvrir le bourdonnement de l’essaim. Il s’arrêta après quelques minutes, une odeur bizarre venait se mélanger au remugle de l’humus. Comme un odeur de brûlé, se concentrant ainsi, le Nelda se rendit compte d’une chose étrange : le bourdonnement avait cessé. Samael se releva sur ses avants bras grimaçant sous la douleur des piqûres et jeta un œil sur la scène autour de lui.
Les Sykramens gisaient au sol inerte tout autour de leur proie. Un sifflement bref se fit entendre derrière le Nelda, tournant la tête il vit une de ses assaillantes s’enflammer et exploser. L’odeur de brûlé parvint encore au museau du Nelda. Une envie de vomir monta en lui, son estomac se vida sur le sol d’une étrange substance jaunâtre qui s’enflamma aussi vite que les sykramens. Samael se redressa sur ses jambes flageolantes trop rapidement et retomba lourdement à genoux. Il suait à grosses gouttes, sa peau le démangeait, sa chair le brûlait. Le Propage retira prestement ses vêtements en se grattant. Son flanc droit marqué par les stigmates du S’sarkh étaient le plus douloureux. Ses plaies explosèrent l’une après l’autre d’un mélange de pus et de sang nauséabond. Hurlant de douleur, Samael regardait effrayé son corps se vider par ses plaies depuis si longtemps présentent sur son corps. Effrayé, il le fut encore plus quand il vit que la ou son fluide vital giclait, les herbes s’embrasaient. Bientôt l’incendie avait complètement encerclé le Nelda, trop épuisé pour tenter de fuir. Samael s’évanouit sous le coup des blessures et de la fatigue accumulées.
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Le petit matin le trouva endormi prés de son feu éteint, emmitouflé dans sa cape. Les effets du venin s’étaient estompés après une transe des plus intéressantes d’interprétations. Samael avait là de quoi réfléchir lors de ses longues journées de marche.
Appelez moi Charogne, et je vous appellerai Cadavre.
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