Les Mémoires de Syfaria
La Région de Farnya

Un lendemain de cuite peu commun

Ou la rencontre entre le vieux Loudmer et son mou Saillon
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Sujet lancé par Krepion Loudmer
Le 19-09-1507 à 20h08
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Posté par Krepion Loudmer,
Le 21-09-1507 à 19h05
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Krepion Loudmer

Le Merakih 19 Saptawarar 1507 à 20h08

 
*** Comme bien des matins, ou bien des après-midi aussi, Krepion se réveilla avec la sensation que son crâne allait exploser, ou imploser, ou plutôt les deux à la fois...
Il était allongé dans une herbe verte et grasse, autour de lui retentissaient les pépiements joyeux des oiseaux, et la température était douce sous les rayons chaleureux de Minath. Sans l'odeur mêlant alcool et vomi et l'aspect ravagé du vieillard étendu là, le tableau aurait pu être idyllique...
Mais le vieillard, sa canne et sa jambe de bois étaient là, dans ses fripes sales qui dégageaient une puanteur à faire fuir une fleur de fiel.

Dans un râle qui exprimait aussi bien la souffrance, la contrariété, la mauvaise humeur, et de façon générale, tout le mécontentement habituel du vieillard face à cette existence saugrenue et douloureuse, il se redressa et réussit à adopter une position assise relativement supportable pour ses vieux os.
Se massant le front et les tempes du bout des doigts, Krépion observa le paysage autour de lui, les yeux plissés par la lumière, avec un air d'intense réflexion... ***


Par Sitioux, mais qu'est-ce que j'fous là moi ?!!
Et puis c'est où ici, d'abord, nom d'un braken assoifé ?!!


Saillon dit :

Ici, c'est un peu à l'Ouest de Farnya. Un peu au-dela du pilier de poussière, pour être exact.
D'ailleurs on le voit d'ici.


*** D'une vivacité que son état n'aurait pas permit de deviner, le vieillard bondit sur ses pieds. Enfin, plutôt sur son pied, sa canne et sa jambe de bois, ce qui revient à peu près au même.
Tous les sens subitement en alerte et la canne levée d'un air menaçant, Krepion regarda de nouveau tout autour de lui, la mine renfrognée et vaguement inquiète. ***


Par Sarpitas, qui est là ?!!!!

*** Sans tenir compte de la réaction du vieux ni de sa question, la voix enchaina, impassible. ***

Saillon dit :

D'ailleurs d'ici on peut également apercevoir le lac. Y faire un petit tour serait à mon avis une idée judicieuse...


Mais qui me parle, bon sang d'bois ! Montrez-vous, par Rotus !!
***
Krepion avait beau écarquiller les yeux dans tous les sens et jurer par tous les patrons de la marine tchaë, il ne voyait personne, et n'arrivait pas à déterminer d'où venait cette voix. ***


Saillon dit :

Oui, un bon bain, ça ne serait vraiment pas du luxe. Hors de question que je me colle à toi tant que tu seras enrobé d'une telle couche de crasse.


*** L'expression du visage ridé et ratatiné de Krepion passa de l'inquiétude à l'indignation. ***


Ça suffit maintenant ! Hors d' question que quiconque se colle à moi !! J'trouve la plaisanterie plus que douteuse !! Vous allez sortir d'votre cachette et déguerpir, si vous voulez pas tâter d'ma canne !!

*** Tout en parlant - et en continuant de chercher dans toutes les directions où se trouvait le malotru qui avait vraisemblablement décidé de le faire tourner en bourrique, le vieux tchaë agitait sa canne dans tous les sens, manquant parfois de peu de perdre l'équilibre.
La voix continua, imperturbable. ***


Saillon dit :

Je viens de te le dire, je ne tâterai rien qui t'appartienne avant que tu ais pris un bain.
Même cette malheureuse canne empeste l'alcool et la crasse.


*** Krepion Loudmer s'arreta subitement de gigoter, tandis que ses pupilles continuaient de gesticuler à droite à gauche d'effarement.
Il venait de se rendre compte d'un truc : il n'arrivait pas à déceler de quelle direction venait la voix, pour la simple et bonne raison que la voix ne venait d'aucune direction. Elle était dans sa tête. ***


Par Lartia, v'la pas que j'deviens taré !!!
J'me met à entendre des voix !!!


Saillon dit :

Heu, non, une seule. La mienne uniquement.Mais ce n'est pas de la folie, rassure-toi.

***
D'un air bouleversé, le tchaë sortit une bouteille d'hydromel bas-de-gamme à moitié vide qui dépassait de sa poche, et la regarda comme s'il la voyait pour la première fois. ***


C'est p't'être c't'hydromel !!
J'me disais bien qu'ça avait un gout bizarre...

***
Puis relevant la tête, il regarda de nouveau autour de lui, essayant désespérément d'apercevoir quelqu'un...
Personne à l'horizon. ***


Merde... j'déraille pour de bon !

*** Il entendit un soupir...toujours dans sa tête. ***


Saillon dit :

Bon ok, je descend, mais c'est bien histoire de passer à autre chose, parce que rien que de là-haut c'est déjà difficilement supportable...


*** Krepion leva les yeux, mais n'aperçut rien. ***


Saillon dit :

Hé ho ! Là, devant toi pépé !
Je te dis que je descend, alors c'est plus le moment de regarder en l'air !


*** Baissant les yeux, l'air effaré de Krepion s'accentua lorsque ceux-ci se posèrent sur le mou vert et carré qui flottait à quelques dizaines de centimètres devant lui.
Le mou le fixait de ses petits yeux perçant d'un air hautement réprobateur. ***


Saillon dit :

Bon, voilà, maintenant tu me vois et tu sais que tu ne délires pas. On peux y aller maintenant ?
C'est encore pire vu d'ici...


Mais... Mais...Mais... Par Loutiscrofil ! T'es... T' es un mou !
***
Mimant l'air ahuri du tchaë, le mou répondit d'un ton ouvertement sarcastique : ***

Saillon dit :

Mais... Mais... Mais... Par le roi des mous ! Tu es un insupportable vieillard unijambiste qui empeste l'alcool, l'urine et le vomi !!!!

Bon, maintenant que tu m'as fait la démonstration de ton sens de l'observation à toute épreuve, on peut y aller ?!

***
Véxé par la boutade, Krepion perdit son air ahuri et fronça les sourcils, se redressant légèrement. ***


Et aller où d'abord ! j'vais où j'veux !! Qu'est-ce que tu m'veux le mou ?!

*** Le mou poussa l'équivalent d'un soupir mental. ***


Saillon dit :

J'arrête pas de te le dire, t'es dur de la feuille ou quoi ?! Oui, certainement...
C'est pourtant pas très compliqué : je veux que tu ailles piquer une tête dans le lac à quelques pas d'ici, histoire de faire en sorte que tu empestes un peu moins !
C'est plus clair maintenant ?


Et pourquoi j'ferais ça d'abord ?! T'as qu'à dégager d'ici si j'te gène ! Non mais oh !


Saillon dit :

Ooooh, mais non mon p'tit père ! Tu vas le faire parce que tu n'as pas le choix, c'est tout !
On est en symbiose maintenant, mon vieux ! Alors tu vas me faire le plaisir de puer un peu moins ! C'est quand même pas la mer à boire !
Allez, hop, c'est parti !

***
Et sans lui demander plus avant son avis, le mou se téléporta juste derrière Krepion et entreprit de se jeter sur lui afin de le pousser en avant, en direction du lac.
Le vieux essaya bien de se débattre, gesticulant et jurant par tous les saints patrons de la navigation, mais devant la détermination de la furie verte, qui avait largement le dessus, il finit par abandonner la lutte...
Arrivé sur la rive, il n'eut pas non plus le loisir de tâter la température de l'eau, et se retrouva à patauger à quatre pattes avant d'avoir eu le temps de s'en rendre compte.
Il leva un regard furieux en direction du mou et leva un poing menaçant à son attention : ***


Tu vas m'payer ça, saleté d'boule de graisse ! C'est pas comme ça qu'on traite Krepion Loudmer, nom de nom !!!

Saillon dit :

Ouais ouais, je sais... Garde plutôt ton énergie pour te frotter la couenne, tu me remercieras plus tard !

Au fait pépé, moi c'est Saillon, enchanté aussi.


*** Et sous la surveillance implacable de Saillon, Krepion finit par obtempérer, sans cesser de maugréer toutes sortes de malédictions à l'encontre de son nouveau compagnon... ***


- Elite Fraternelle Tchaë -
Qui ne risque rien... ne rate rien.

 
Krepion Loudmer

Le Julung 20 Saptawarar 1507 à 17h09

 
*** Finalement, et même s'il ne s'abaisserait jamais à l'avouer à la nouvelle cause de ses malheurs, Krepion prit bien du plaisir à barboter dans l'eau comme un jeune tchaë insouciant.
Ce n'était pas le fait de se sentir presque propre, ça Krepion s'en moquait comme d'une guigne, mais il constata que tandis qu'il flottait allègrement dans l'eau fraiche, ses vieux muscles noueux et ses articulations rouillées étaient beaucoup moins douloureux...

Comme s'il avait lu ses pensées -ce qui devait probablement être le cas- Saillon prit l'air supérieur de quelqu'un qui aime bien avoir le dernier mot. ***


Saillon dit :

Bon alors, tu conviendras que ce n'était pas une si mauvaise idée, hein pépé ?!


*** Et voilà, cette satanée boule de chair venait de réduire à néant la bonne humeur du vieillard.
Sans répondre aux sarcasmes du mou, Krepion sortit de l'eau par pur esprit de contradiction, bien qu'avec quelques regrets qu'il ne laissa bien sûr pas paraitre.
Il récupéra ses fripes étalées de ci de là, desquelles ils s'était débarrassé tant bien que mal une fois dans l'eau.
Tout était encore humide, mais secherait rapidement à la faveur des rayons conjoints de Minath et Silith, qui venait d'apparaitre dans le ciel clair de ce mileu d'après-midi.

Une fois rhabillé, Krepion sortit sa pipe et sa poche à tabac, mais se rendit compte avec désarroi que celui-ci était complètement détrempé... Ce qui lui restait de bonne humeur finit de disparaitre, et il lança un regard noir en direction du mou. ***


Par les verrues d'ma grand-mère ! Mon tabac est foutu à cause de toi et tes satanées idées d'propreté !!
Saleté !
L'est plus bon qu'à jeter, maint'nant !


*** Et tout en maugréant sur son sort, le vieux Krepion Loudmer se dirigea d'un pas clopinant mais résolu en direction de Farnya, dont les murailles étaient visibles à l'Est.
Tout en marchant il farfouillait le fond de ses poches, dans l'espoir de trouver un morceau de chique encore bon, et quelques pierres pour se racheter de ces précieuses herbes quand il serait arrivé au marché de Farnya...

Le mou se mit en marche à sa suite, sans rien répondre, mais l'air manifestement amusé...

Soudain, après une bonne dizaine de minutes de marche, Krepion s'arreta et se retourna vers Saillon : ***


Mais qu'est-ce que tu m'veux encore !? T'vas arreter d'me suivre nom d'une cale trouée !!?!
Retourne donc dans ton arbre et fiche moi la paix !!

***
Au fur et à mesure qu'il s'énervait après son mou, le visage ridé du vieillard devenait de plus en plus rouge et son souffle de plus en plus court. ***


Saillon dit :

Molo papy, t'énerve pas comme ça, c'est pas bon pour toi ! Faudrait quand même pas que tu me claques dans les pattes, hein ? Enfin, façon de parler.
Je t'ai déjà expliqué : on est en symbiose.
Toi et moi, c'est le début d'une grande histoire !


J'en ai rien à carrer d'ton histoire d'symbiose ! Et c'est l'début de rien du tout !
Tu vas m'faire l'plaisir de déguerpir et d'me laisser tranquille, par Falodron !
Allez ouste !!!
Va-t-en le mou !!
File !!


*** Krepion accompagnait ses paroles de virulents moulinets de canne, que Saillon n'avait bien sûr aucun mal à esquiver.
Finalement, le vieux abandonna et repris son chemin, décidant d'ignorer le mou, avec l'espoir que celui-ci finirait bien par se lasser et par repartir tôt ou tard.
Farnya n'était maintenant plus très loin, au pire il arriverait bien à le semer dans les ruelles de la ville... ***


- Elite Fraternelle Tchaë -
Qui ne risque rien... ne rate rien.

 
Krepion Loudmer

Le Vayang 21 Saptawarar 1507 à 19h05

 
*** Ignorant toujours le mou, qui persistait quand même à suivre le petit vieux avec une lueur amusée dans le regard, Krepion arriva finalement aux portes de Farnya.
Il salua les gardes d'un signe de tête sec en passant, mais ceux-ci se gardèrent bien de lui répondre : le vieil ivrogne, bien qu'arrivé en ville depuis quelques mois à peine, était déjà bien connu de la milice, et pas franchement pour sa bienséance et son exemplarité... ***


Bande de vauriens..., maugréa Krepion une fois le poste de garde dépassé.

*** Il emprunta de son pas claudiquant les ruelles sinueuse de la ville, et finit par atteindre le marché. Il se dirigea aussitôt vers l'étal où il avait l'habitude d'acheter son tabac, récoltant dans sa main les quelques cristaux qui trainaient au fond de ses poches.
Le marchand, un tchaë d'âge mur dont le visage s'ornait d'une moustache foisonnante, réprima une légère grimace en voyant s'approcher le vieillard, mais sa mine se radoucit quand il se rendit compte que, pour un fois, celui-ci n'était pas ivre.

Pas ivre, mais pas pour autant de bonne humeur, Krepion déposa une poignée de Girasols devant le marchand, sans même un bonjour ou la moindre politesse. ***


M'faudrait du tabac pour ma pipe.

*** Il lança un nouveau regard noir en direction du mou, avant de s'adresser de nouveau au vendeur : ***


Cette sal'té d'mou m'a balancé à la flotte, j'ai pu rien d'sec à fumer !!

*** Le tchaë lui tendis une pochette de tabac sec et commença à compter cinq pierres parmi celles que Krepion avait posé sur l'étal, quand celui-ci ajouta : ***


J'veux bien un morceau d'chique, aussi, j'en ai presque plus.

*** Le marchand rajouta un sachet contenant un morceau d'une pâte maronnâtre et à l'aspect peu ragoutant, puis retira deux nouvelles pierres au tas du vieux, qu'il repoussa ensuite vers celui-ci.
Krepion ramassa la demi-douzaine de girasols, la fourgua dans une poche avec la blague à tabac et la chique, et s'apprêtait à repartir quand la voix désormais familière de son mou retentit dans sa tête. ***


Saillon dit :


Et "Merci au revoir" on t'a jamais appris ?


Toi la ramène pas, sale parasite !

*** Le marchand regarda Krepion d'un air surpris et indigné, avant de répondre : ***


Non mais oh, je ne vous permet pas de me parler comme ça, monsieur ! Je supporte déjà bien gentiment votre manque d'amabilité, mais faudrait pas exagérer, je ne vais pas non plus me laisser insulter !

*** Krepion regarda à son tour le marchand, l'air surpris, avant de comprendre que celui-ci avait pris pour lui sa réponse au mou. ***


C'est pas à vous qu'je parlais, c'est à cette sal'té d'mou !
Y m'suit partout d'puis c'matin, il arrète pas d'causer dans ma tête et j'arrive pas à m'en débarrasser !


*** Puis, comme pris d'un idée subite, Krepion se rapprocha du marchand et repris d'un ton plus bas, plus confident : ***


Vous l'voulez ?! J'vous l'échange contre trois sachets d'tabac bien frais !!

Saillon dit :

Non mais ça va pas ?!!
Je ne suis pas ta propriété, et je ne suis pas à vendre ni à échanger !


Silence le mou ! Laisse moi négocier en paix !
Alors, ça vous tente ? Pour ce prix-là c'est une affaire !! Allez, deux sachets et il est à vous !!


*** Le marchand sembla réfléchir quelques instants. Il savait que les symbiosés progressaient plus vite dans la société, et progressaient aussi plus vite dans ce qu'ils entreprenaient...
Mais les rumeurs sur la symbiose disaient que ce n'était pas le symbiosé qui choisissait de l'être...
Il regarda Krepion d'un oeil méfiant puis répondit : ***


Bon c'est d'accord. Je vous propose un sachet et une boite d'allumettes. Ça vous va ?!

Conclu ! Vous l'regretterez pas, c'est un bon mou !!

***
Et sans attendre son reste, Krepion ramassa la blague à tabac et les allumettes et s'éloigna rapidement, un sourire satisfait aux lèvres.
Il avait fait d'une pierre deux coup ! Il s'était débarrassé de cette saleté de mou et avait même gagné du tabac gratos pour sa pipe ! ***


Finalement, il aura servit à quelque chose ce machin insupportable ! , pensa-t-il joyeusement en quittant le marché...

*** Mais subitement, à son grand désarroi, le mou réapparut juste sous son nez, l'air narquois. ***


Saillon dit :


Hé pépé, tu crois quand même pas que tu vas te débarrasser de moi comme ça ?!


Qu'est-ce tu fous là ?!! Retourne voir ton nouveau maître !! Ouste !


Saillon dit :

T'es vraiment dur de l'oreille interne, hein pépé ?!
Je t'ai dit que je n'appartenais à personne.
Je vais où je veux, avec qui je veux, quand ça me chante.
Et il s'avère que c'est toi que j'ai envie de suivre !
J'ai comme l'impression que tu viens de voler un honnête marchand...


*** Et pour illustrer ces dires, le tchaë moustachu déboula des étals du marché en direction de Krepion, l'air furibond. ***


VOLEURS !
Ah vous avez voulu m'arnaquer, hein, vous et votre mou !?!
Rendez-moi mon tabac et mes allumettes, tout de suite, sinon j'appelle la milice !!!


Saillon dit :

Hé, j'y suis pour rien, moi...


*** Devant l'air passablement énervé du marchand qui ne semblait pas ouvert à la discussion, et sous les regards répprobateurs des passants qui s'étaient arretés pour observer la scène, Krepion sortit prestement le sachet de tabac et les allumettes et les jetta vers le tchaë qui s'approchait.

Puis, avant de s'éloigner de l'allure la plus soutenue que sa jambe de bois lui permettait, il répliqua d'un ton hautain : ***


C'pas d'ma faute si vous êtes pas capable d'apprivoiser un mou...


(La suite des incroyables aventures de Krepion Loudmer dans Sous les pavés, la plage ^^)

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