Les Mémoires de Syfaria
La Région de Farnya

L'Arc-en-ciel et la route

Quand un jeune Tchaë prend le large...
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Sujet lancé par Herménégilde
Le 21-09-1507 à 12h43
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Posté par Herménégilde,
Le 23-09-1507 à 17h05
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Herménégilde

Le Vayang 21 Saptawarar 1507 à 12h43

 
Quelques provisions, deux-trois ouvrages un peu poussiéreux et usés, des babioles mécaniques et du matériel de distillation vinrent s’entasser dans le sac du Tchaë, alors qu’il se préparait à partir vers Oriandre.

Oriandre… La Cité Noire. Il en tremblait presque.

Eternellement paré des couleurs de l’arc-en-ciel, il franchit la porte de sa maison. Les ruelles de Farnya s’animaient en ce début de matinée, les premiers rayons réchauffant doucement les passants. Le sourire au lèvres, Herménégilde avançait au milieu des artisans, des acheteurs potentiels, observant certains de la tête au pieds, s’attardant sur quelques établis. Bientôt il fut aux portes de la ville… Et dans un dernier regard, derrière lui, il s’en fut sur la route.

« Ne me dis pas que tu es triste… »

La petit voix résonnait dans sa tête, mais il n’y fit attention. Il savait qu’il s’était symbiosé avec un Mou, mais n’avait pas vraiment compris le processus. Il s’était réveillé avec une étrange sensation. Il pouvait discuter avec ses frères et ses sœurs du Désordre, mais il n’avait pas fait le lien avec une créature carrée, flottant derrière lui. Parfois devant, parfois à ses côtés. Le jeune Acolyte ne l’avait jamais vraiment remarquée. Vous voyez ? Jamais ses yeux s’étaient arrêtés sur la boule de chair pour que son esprit y accorde de l’intention et y réfléchisse. Ainsi, cette voix qui venait pour lui de parler n’était rien d’autre que son autre « moi », cette pensée avec laquelle l’on discute parfois. C’était le cas, mais pas dans le sens où il l’entendait.

Les montagnes se dressaient de chaque côté de la route pavée, immenses tours pointant vers le ciel leurs pics acérés. Quelle créatures pouvaient-elles bien dissimuler dans leurs vallées et leurs ravins ? Le Bleu préféra ne pas y penser d’avantage, sachant qu’il valait mieux ne pas risquer de les attirer en s’attardant trop sur leur existence. Il pria tous les Saint Patrons de la mécanique et de la distillerie de lui permettre un voyage calme et sans embûches…
Le paysage demeurait magnifique. Si l’on omettait les risques, les montagnes offraient de superbes architectures, et de magnifiques jeux de lumière et de couleurs. Les Luminaires étaient désormais hauts dans le ciel d’azur, et le petit Arc-en-ciel rayonnait. Parfois sautillant, il se sentait comme un enfant. L’air pur montagnard le grisait, avait sur lui un pouvoir euphorisant…


 
Herménégilde

Le Sukra 22 Saptawarar 1507 à 16h03

 
Il n’était pas pressé, ça non. La route recouverte d’immenses dalles de pierres serpentait entre les pythons rocheux, facilitant la naissance d’une étrange sensation dans le cœur du voyageur. Lui si petit. Un frisson le parcouru, et il décida de faire une pause. Cela faisait quelques heures maintenant qu’il ne voyait plus derrière lui les murailles de la Cité Rouge. Il était seul désormais. Plongeant la main dans sa besace, le jeune Tchaë en ressorti un petit carnet recouvert de cuir rouge. Les pages jaunâtres étaient déjà bien remplies. Se saisissant d’un crayon de bois avec une mine de plomb, il entreprit d’immortaliser ce moment.

« Le Vayang, Vingt-et-unième jour de Saptawarar, Année 1507.

Farnya n’est plus qu’un lointain murmure porté par le vent montagnard. Ici il n’y a rien d’autre que moi. Moi et mes objets. Et la montagne. »


dit :
« Et moi je ne compte pas ? »


Pourquoi se compterait-il deux fois ? Certes une voix lui parlait, mais il savait bien que c’était la sienne. Elle lui soufflait parfois des mots, des idées… Mais c’était lui. Toujours lui. Son autre lui, mais lui quand même.


« Non. Tu ne comptes pas. »


Il poursuivit.


« L’étrange sentiment que j’ai ressenti ici me ramène des années en arrière. Je n’étais alors qu’un enfant, un tout petit Tchaë curieux, et impatient. Cela se passa dans l’atelier de mon vieux fou de père. Quand il mit à ma disposition quelques outils, quelques roues dentelées, quelques petites manivelles, des écrous, des vis, des plaques de métal et des tiges hydrauliques… Quel bonheur ! Quelle joie !

Ici, c’est un peu la même chose. On a déposé devant moi une route et des montagnes, et c’est comme si l’on m’avait dit… »


dit :
« Va, et fais-en ce que tu veux ? »


« Oui, exactement ! Quelle belle phrase ! Il faut que je la note. Je me demande où je vais chercher tout ça moi… »


L’Acolyte se dépêcha de noter les mots qu’il venait de prononcer. Il était tout de même vraiment génial.


dit :
« Crois pas qu’t’es un ouf ‘… Oublies pas qu’on est deux sur ce coup là. »


« Tu-tut, pas d’accord. Toi et moi, c’est la même. Même combat, tu comprends ? Alors on est seul sur ce coup là. Enfin, euh, JE suis seul. Bref… »

se cachait en réalité le Mou qui le suivait depuis quelques jours maintenant ?

Dans ce monde, ces créatures peuvent rester en suspension dans l’air…
Tout autour de lui, il n’y avait cependant rien, à auteur d’yeux en tous cas.
C’était sans compter sur la malice du nouveau compagnon de notre jeune héros.


Puisqu’en effet… !



 
Herménégilde

Le Dhiwara 23 Saptawarar 1507 à 17h05

 
En effet… Celui-ci flottait paisiblement au dessus du Tchaë. Inutile de vous préciser qu’il n’avait rien remarqué. Il se croyait toujours aussi seul, face à l’immensité du monde qui l’entourait. Cette image lui arracha un sourire. Herménégilde s’imaginait très bien se tenant fièrement sur les restes d’une muraille perchée au sommet d’une colline herbeuse, dominant l’île. Jambes écartées, et les mains sur les hanches. Ses cheveux de feu ondulant dans les airs, poussés par un vent arrière puissant. Quel sublime tableau…

dit :

« Hem… »


L’image se brouilla rapidement. Il referma le petit carnet qu’il replaça dans la poche bleue de sa veste, se releva et reprit son chemin. Les débuts de son ascension étaient plutôt de bons présages pour la suite des évènements. L’Acolyte en costume d’arlequin avait prévu un petit parcours, et pour l’instant tout se passait à merveille. Soit, il n’avait pas fait grand-chose. Mais c’était déjà pas mal. Les possibilités de promotions étaient d’ailleurs largement ouvertes…

dit :

« Quand tu auras fini de rêvasser, peut-être que tu remarqueras qu’il y a un loup qui t’observe d’un œil étrange, Ô Grand Alchimancien… »


La voix était pleine de sarcasmes. Et pourtant le sourire béat du Tchaë s’agrandit d’autant plus à cette révélation au grand dam de son nouveau compagnon. Enfin ! Il allait pouvoir démontrer sa toute puissance ! Déposant son sac au milieu de la route, l’arc-en-ciel pensant alla à la rencontre de la créature. En effet, celle-ci ne semblait pas des plus accueillantes, mais peu importe, il maîtrisait l’énergie purificatrice.


« Salut à Toi, Créature de la Montagne ! Saches que tu es sur le chemin d’Herménégilde, Héros de la Fraternité ! »


dit :
« Je flaire les ennuis… »


Tout en prononçant cela, il s’avançait vers la bête démoniaque. Qui grondait d’ailleurs, de plus en plus. Toujours aussi sûr de lui, il s’arrêta à quelques mètres à peine. Devant le peu de coopération dont faisait preuve le canidé dégénéré, le Penseur décida de passer, « aux choses sérieuses ». Se concentrant du mieux qu’il le pouvait dans une telle situation, il ferma les yeux pour mieux canaliser son énergie.

dit :
« Attention ! »


Rouvrant brusquement les yeux il fit un saut en arrière de surprise. Mais rien.

dit :
« Hé hé hé… »


Maudissant son esprit qui lui jouait des tours, il reprit la procédure de lancement de sort. Mais cette fois, il garda un œil à demi entrouvert, juste histoire de surveiller quoi… Traçant les symboles dans l’air devant lui, il poussa un grand cri au moment de diriger ses mains vers l’animal.

« CaaaaméééAAAAAAAAaaaah ! »

Rien.
Quedalle.
Des clous.

Il avait raté son sort.
Le loup, lui, meilleur stratège, avait choisi ce moment pour passer à l’attaque de sa nouvelle proie. Et il n’était pas décidé à rater. Prenant ses jambes à son cou, le rouquin s’enfuit aussi rapidement qu’il le pouvait, accompagné du soupire désespéré qui soufflait dans sa tête…


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