*** Un jeune Tchaë, l'air rigolard, sortit de l'échoppe en courant et en jetant son tablier en l'air. ***

*** Comme à l'accoutumée, le vieux maître artisan piquait une de ses colères journalières. Il sortit sur le seuil de son échoppe, le teint rouge vif et les poings en l'air, en lançant une flopée de jurons qu'il vaut mieux ne pas retranscrire ici. Le quartier était habitué à ces scènes et n'y prêtait même plus attention. Cela faisait partie du folklore local, en quelque sorte.

Avait-il touché juste ? Toujours est-il que le maître artisan devint encore plus rouge, si c'était possible, et se mit à trépigner sur place. ***

*** Accoutumé aux fugues de son jeune apprenti, il ne devait pas prendre la menace d'Aktarion très au sérieux...
Toutefois, le doute finit par naître sur son visage en voyant l'expression de son -ancien- élève : un regard sérieux, comme il en avait rarement vu dans le regard du jeune homme, lui qui ne prenait toujours tout à la rigolade. ***

*** Ce dernier mot fut presque craché. ***

*** Tournant les talons, Aktarion partir en courant, en riant aux éclats, ivre de joie.
Derrière lui, le propriétaire de l'échoppe commença à se décomposer. ***

***
Mais déjà, Aktarion n'écoutait plus. Les paroles de son ancien mentor -si on pouvait l'appeler ainsi - s'évanouissaient jusqu'à disparaître lorsqu'il tourna au coin de la rue.

Il courait vers sa nouvelle vie. ***

*** Quelques rues plus loin, et 2 chopines plus tard, Aktarion déambulait, sans but réel, dans Farnya.
Les mains dans les poches, celui-ci réfléchissait à son avenir.
L'euphorie de son départ précipité était retombé. On se sentait bien quand on sortait ses 4 vérités. Surtout à un gros porc comm son ancien maître. Mais voilà... c'était bien beau d'avoir tout lâché, il fallait bien continuer à gagner sa vie, sa pitance n'allait pas lui tomber toute cuite dans la bouche...

C'est plongé dans ces pensées que ses pas le menèrent machinalement hors de Farnya, vers les montagnes qu'il appréciait tant. Depuis tout petit, les vallées et les sommets entourant Farnya avait constitué un sacré terrain de jeu pour le bricoleur en herbe qu'il était. Il s'était tout naturellement dirigé vers les endroits qu'il affectionnait.

La tête encore plongé dans ses pensées, il shoota dans une pierre. Celle-ci dégringola dans un ravin. ***

***
Interloqué, Aktarion s'arrêta net. Tournant sur lui-même, il chercha du regard une présence. Ne voyant personne, il resta interdit quelques secondes avant de se reprendre. ***

*** Se penchant vers le bord du chemin, il scruta le fond du ravin. ***

*** Alors là, il croyait avoir des hallucinations auditives. En bas, rien. Rien qu'un pierrier, avec des tas de grosses pierres, même pas un sentier où il pourrait y avoir quelqu'un. Et personne... ***

*** Aktarion se frotta les yeux, incapable de savoir d'où venait le son. Il scruta le pierrier, rien que des pierres grises, tiens une pierre rose au milieu. Pile à ce moment, la pierre rose disparut !

Plof !

Il crut devenir fou...

Sans crier gare, la pierre se matérialisa devant ses yeux. ***

***
Réalisant enfin à qui -ou à quoi - il avait affaire, il entreprit de calmer son rythme cardiaque. ***

*** Comment n'avait-il pas réalisé plus tôt ? De nombreuses personnes à Farnya se promenait en ville avec ces curieuses créatures. Il paraissait que cela leur donnait des facultés de télépathie, mais il n'avait jamais vraiment compris quel lien unissait ces gens à ces espèces de caillou tout mou. ***

*** répondit-il avec une petite voix.
Réalisant soudainement que c'était dans sa tête qu'il entendait la voix du mou, il réalisa soudain l'absurdité de son excuse et devint tout rouge. ***

*** Les yeux du mou se plissèrent avec plaisir ***

*** Aktarion se mit vite à courir devant en rigolant comme un gamin. Sa nouvelle complice commençait à lui plaire.
***