Les Mémoires de Syfaria
La région d'Oriandre

L'Arc-en-ciel et la route

Quand un jeune Tchaë prend le large... (Suite)
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Sujet lancé par Herménégilde
Le 24-09-1507 à 16h48
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Posté par Herménégilde,
Le 28-09-1507 à 15h15
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Herménégilde

Le Luang 24 Saptawarar 1507 à 16h48

 
Le héros de l'aventure est sur la route ralliant Farnya à Oriandre. Après une désastreuse tentative de lancer de sort sur un loup trônant au milieu du chemin, celui-ci décida de passer à l'attaque, alors que son attaquant s'enfuyait à toutes jambes...


Couraient, couraient les chaussures fushia sur les dalles de pierres froides. Soufflait, soufflait le jeune Tchaë en fuite. Derrière lui, le monstre perverti grognait, tout en fixant ce qu’il espérait être son futur repas de ses yeux vengeurs. De sa gueule entrouverte s’échappait un filet de salive gluante. La prestation ne l’avait, apparemment, guère impressionné. Ce qui était, d’ailleurs, tout à fait compréhensible. Une main tendue vers le sol vint saisir une besace remplie. Bien trop remplie pour celui qui voulait la porter… Ce nouveau poids était une épreuve de trop dans ce rebondissement de l’aventure. Le héros tituba d’étonnement, mais un aboiement le rappela bien vite à l’ordre. Reprenant sa course effrénée il avisa un sentier dans la montagne sur sa droite. Il bifurqua rapidement, mais la perte de vitesse fut critique. L’écart entre les petites jambes colorées et les pattes velues était trop faible désormais.

dit :

« BOUH ! »


Le loup sursauta d’étonnement. Le Mou carré s’était téléporté devant lui, apparaissant soudainement devant ses yeux. Guère habitué à ce genre de tour de magie, la bête avait fait un écart sur la gauche, donnant ainsi quelques secondes de répit au fuyard. Quelques secondes qui lui permirent de se sauver. Les branches d’un arbre lui offrirent un refuge presque inespéré. Trouvant un petit coin tranquille, il s’adossa au tronc, les jambes pendantes. Un cri avait résonné dans sa tête, violent, rageur. Il ne comprenait pas, lui même n’avait ouvert la bouche que pour avaler de grands bols d’air. Alors qui ? Qui d’autre que sa personne pouvait prononcer un mot dans sa tête ? Peut-être avait-il tout simplement imaginé. Son esprit devait sûrment le fourvoyer, fatigué d’un tel sport. Il serra contre lui son sac, inspirant profondément, reprenant son souffle.

Sauf.
Pour le moment…



 
Herménégilde

Le Julung 27 Saptawarar 1507 à 01h31

 
Il avait passé la nuit dans l’arbre, mais n’avait pas beaucoup dormi. Le long et lugubre hurlement du loup s’était fait entendre plusieurs fois sous le ciel étoilé, et le jeune Tchaë craignait qu’il soit encore dans les parages au matin. Et accompagné. Mais les rayons lumineux commençaient à dorer le haut de la montagne, sans qu’aucune manifestation de l’animal ne soit perceptible.

Tant mieux.

Mais l’inquiétude ne le quittait pas. Il étira ses muscles endoloris par une mauvaise position, encouragé par le pépiement d’un oiseau. La matinée s’annonçait belle, et ne laissait rien transparaître de la fuite de la veille. Sortant quelques provisions essentielles pour un voyage de ce genre : saucisson sec, pain, fromage, le héros entreprit de se restaurer.
Ces détails essentiellement physiques étant réglés, il fallait reprendre la route. Il inspecta à nouveau les alentours, et descendit avec moult précautions de son refuge. Retournant sur l’imposante voie de pierres, il poursuivit en direction de la Cité Noire.


« Et ben mon vieux, on peut dire que tu l’as échappé belle… »

dit :
« Grâce à qui ? Hein ? »


« A mes incroyables talent de coureur de fond, à mon souffle si travaillé et mon œil si avisé, bien entendu. Qui voulais-tu que ce soit d’autre ? »

dit :
« Moi, par exemple. »

« Oui, c’est bien ce que je dis, moi. Ah, ne commence pas avec ça ! Je te l’ai déjà dit, toi et moi, ça fait moi. »

Non non, ne vous inquiétez pas, c’est normal. Tout génie génial se parle à lui même, cela est bien connu. Tout génie possède ce dédoublement du Moi qui fait qu’ils sont tout simplement supérieurs aux autres personnes, plus… Terre à terre. Il faudrait qu’il pense à effacer cette fuite peu honorable des archives de ce voyage. Une page malencontreusement perdue. Ou non, mauvaise idée, on serait tenté de demander ce qu’il y avait à la place, et quel immense savoir a été perdu. Non, l’omettre. L’oublier. Rien de cela ne s’est passé. Il n’en garde aucune trace… Personne ne le saura.

dit :
« Tchiteur. »


« Comment ? »

dit :
« Non, rien. C’est un mot de notre langage à nous pour désigner les tricheurs. »


« Votre langage à VOUS ? Il suffit avec cela ! Et je ne suis pas un tricheur ! Un homme de ma trempe ne s’abaisserait pas à de telles pratiques. Non, je parlerai plutôt du fait de laisser tomber certains épisodes inintéressants et inutiles pour les générations futures… Disons que je leur permet de passer directement à l’essentiel. »

La voix se tut. Visiblement, il ne fallait rien attendre d’autre du Tchaë à l’ego très développé. Le périple se poursuivait, mais il ne devait pas être sans dommages…


 
Herménégilde

Le Vayang 28 Saptawarar 1507 à 12h14

 
…Et non sans dangers. Pour l’aventurier qui ne le sait pas, cette route peut se révéler mortelle. Bien qu’il ai échappé au loup, il n’allait pas en rester à cette seule rencontre peu désirée, et peu désirable. Après quelques heures de marche, Herménégilde sentit qu’il n’était plus seul. Que quelqu’un, ou quelque chose, le suivait.
Il se sentait épié.
Pire…
Traqué.

Il ne lui fallut pas longtemps pour vérifier la véracité de ces pensées : devant lui, venant de la gauche, se trouvait celui à qui il avait déjà échappé. Bas sur ses pattes, avançant doucement, en parallèle du Tchaë. Tel un jeune chat ayant repéré la souris de son déjeuner. L’animal ne faisait aucun bruit, les coussinet sous ses pattes feutrant sa marche attentive. Il fallait fuir. Le prendre de vitesse.

Ni une, ni deux, le pas de l’Arc-en-ciel s’accéléra soudainement, se transformant rapidement en course. Contre la montre.
Contre la mort.
Le canidé n’était cependant pas dupe. Et au changement du rythme des enjambées de sa proie, bondit en avant et se dirigea vers la route, dans le but de l’intercepter. Aspirant, expirant aussi rapidement que ses poumons lui permettaient, l’arlequin filait aussi rapide que le vent. Bientôt, cette simple course poursuite se transforma en chasse au Tchaë. Car d’autres créatures résidaient dans les parages et comptaient s’approprier cette jeune musaraigne. Il ne l’avait pas vu, mais un serpent de sang le mordit à la jambe, les cruels crochets sortaient traîtreusement d’un buisson. Il manqua de trébucher sous la douleur. Mais il ne pouvait. Le loup se rapprochait. Le cœur du jeune Acolyte battait à tout rompre, l’adrénaline s’insinua doucement dans son cerveau. Il reprit la course.

Sur la droite, un autre chasseur. A gauche. Il serait bientôt encerclé. Sa seule chance résidait dans le fait qu’ils préfèreraient attendre qu’il soit au sol pour s’occuper de celui qui l’aura mis dans cet état. Deux déjeuner pour le prix d’un, en somme…

Non ! Il fallait poursuivre. Le sac se faisait de plus en plus lourd. Il ne tiendrait pas. Et pourtant au prochain tournant devait se profiler les murs de la Cité. Le savait-il ?

Un choc. Une sensation de flottement, puis le bruit sourd du corps qui retombe sur la pierre. Le loup l’avait dépassé, entraîné par la vitesse de son bond. Le Bleu en profita, se remettant sur ses jambes. Mais quelques pas plus loin, de nouveau, il fut mis à terre. Du sang perlait de ses blessures, ses vêtements étaient déchirés aux jambes, au flanc. Se délectant d’avance, le prédateur s’avançait prudemment de la proie qui gisait au sol. Un sac vint le percuter, rempli de livres. Debout, de nouveau. Courir. Courir…



 
Herménégilde

Le Vayang 28 Saptawarar 1507 à 15h15

 
D’instinct, devant l’agitation qui reprenait, les monstres qui observaient la scène se remirent en chasse. Un Alchymandias et une Kroniade de feu s’étaient joins à la partie. Ce n’était qu’un jeu entre créatures, finalement… Elles s’amusaient avec le petit homme, l’épuisant, l’essoufflant. Un coup par-ci, une blessure par-là. Le projetant au sol avec autant de facilité que le vent qui soulève une feuille morte. Mais sans jamais dépasser une certaine limite. A croire qu’elles se plaisaient à courir après lui, se nourrissant de la peur et du désespoir. Mais avait-il vraiment peur ? Ou fulminait-il seulement de rage à la pensée que ses beaux atours étaient dans un état lamentable ? Un peu des deux. Se retournant une nouvelle fois, le Tchaë dessina rapidement des runes dans l’air, permettant à un projectile de filer vers le loup. Le sort fit mouche, mais la magie du jeune fugitif était beaucoup trop faible. Après le mouvement de recul occasionné par la boule d’énergie, il reprit sa course. Les quelques sorts que notre héros arrivait à lancer suffisaient à tenir la distance entre ses poursuivants et lui. Et bientôt, les hauts murs de pierre brute étaient en vue.

Enfin.

Les secours étaient proches. Il allait s’en sortir… Une lueur d’espoir naquit en lui, et il rassembla les quelques forces qui lui restaient. De découragement et de rage, les créatures perverties abandonnèrent la poursuite. L’Arc-en-ciel filait trop vite… Aussi vite que la lumière.

Le col.
Les tours de défense.
Les murs.
La porte…

Il la franchit. Epuisé, le sang coulant de ses nombreuses plaies, les vêtements en lambeaux, il eut un regard hagard pour son entourage… Et s’écroula sur lui même, dans un bruit mat.
Sauf.

Ou presque…


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