Les Mémoires de Syfaria
La Région de Farnya

Pierre qui souille...

En quète d'un certain mégalith.
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Sujet lancé par Nelle
Le 26-09-1507 à 12h53
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Le 12-10-1507 à 00h11
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Nelle

Le Merakih 26 Saptawarar 1507 à 12h53

 
Nelle rejoignit Saltis peu de temps après avoir quitté Farnya.
Sans un mot, elle lui tendis son sac contenant ses affaire récupérées à l'auberge, puis rajusta le sien, se préparant à la marche qui les attendait.
Le père et la fille se mirent en route, laissant le silence s'établir...
Nelle avait décidé qu'elle laisserait à son père le soin d'engager la discussion sur les derniers évènements, quand il en aurait l'envie, ne se sentant pas elle-même d'humeur à parler...
Elle ressassait encore dans sa petite tête la fin de l'échange avec le précepteur, et cette marche silencieuse était la bienvenue pour réfléchir à tout ça.

Ils arrivèrent rapidement au pied du pilier de poussière, et Nelle le contempla avec fascination... Il semblait en tous points similaire à celui près de Lerth : même taille imposante, même aura de puissance et de mystère, mêmes sortes d'inscriptions gravées sur toute sa surface, incompréhensibles...
Ces choses recelaient tant d'énigmes...

Mais le pilier n'était pas le but de leur expédition, et les deux témoins continuèrent leur route, Nelle devant, le pas un peu plus vif, et peut-être un peu plus impatient, que celui du vieux nelda...


Chiroptère au sud !

Mais la bête avait déjà disparu.

Soudain, une silhouette se dessina au nord, et Nelle reconnut le lieutenant Knïg de la bulle noire, rencontré quelques temps plus tôt à Farnya.


Tiens, bonjour Nelle. Heureux de vous revoir.

Son air maussade se dissipa et elle lui adressa un sourire chaleureux en lui répondant :

Oh bonjour lieutenant ! Comment allez-vous ?

Moi, fort bien. Mais je patrouille au alentours de Farnya car quelque chose de mauvais se prépare.


Et il s'éloigna après l'avoir saluée, continuant sa patrouille.
Nelle lui répondit d'un signe de la main, se demandant de quoi il parlait... Quelque chose de mauvais ?
Elle se retourna vers son père qui marchait quelques dizaines de mètre derrière, se décidant à l'attendre. La courte discussion avec Knïg l'avait curieusement détendue...


 
Nelle

Le Merakih 26 Saptawarar 1507 à 23h58

 
Le soir tombait quand les deux témoins arrivèrent au niveau de la station de transport nemen.
Finalement, le trajet était resté la plupart du temps silencieux... Pas un mot sur l'issue de l'entretien avec le précepteur.
Mais leur marche n'avait pas été pesante pour autant. Peu à peu, en s'éloignant de Farnya, Nelle avait retrouvé une certaine sérénité. Oh, elle était encore désolée de la façon dont la discussion s'était achevée, et restait persuadé qu'il aurait pu en être autrement, mais elle gardait confiance en son père, aussi avait-elle décidé de ne plus penser à tout cela pour le moment et de profiter du voyage...

A l'approche de la station nemen, Nelle aperçut dans la lueur du dernier soleil décroissant, la jeune femme blonde qui les avait accueillis à leur arrivée à farnya, Cyan. Elle était en compagnie d'un tchaë au cheveux longs et ils semblaient tous deux très concentrés dans leur discussion... Nelle salua la tchaë d'un signe de la main, sans savoir si celle-ci l'avait vu, mais n'osant pas déranger le couple.

Puis elle entreprit de ramasser du petit bois pour allumer un feu, tandis que Saltis montait la tente, à quelques pas de la guitoune nemen. Celle-ci était gardée par des sentinelles nemens à l'allure imposante, ce qui certifiait qu'au moins cette nuit ils pourraient dormir tranquilles et à l'abri de quelconques créatures.

Le vieux nelda et la jeune tchaë étaient en train de manger devant le feu quand une silhouette s'approcha de leur campement : un nelda de taille moyenne, enroulé dans une grande cape de voyageur, un baton ferré à la main...
Sans savoir comment, Nelle su aussitôt de qui il s'agissait.
Elle le salua d'un hochement de tête, avant de lui faire signe de se rapprocher :


Heu... Bonjour... Vous êtes le propage Samael ?
Venez donc vous joindre à nous pour partager notre repas !


A moitié enfoncé dans sous sa capuche, Nelle ne pouvait bien distinguer son visage, et quelque chose chez lui la mettait mal à l'aise... Mais elle essaya de n'en rien laisser paraitre, et adressa un sourire qui se voulait avenant à l'étrange propage.

 
Nelle

Le Julung 27 Saptawarar 1507 à 12h22

 
Nelle s'était finalement endormie tôt, peu après le repas alors que la première lune se levait à peine, laissant les deux neldas à leurs discussions. La journée avait été longue et éprouvante pour la jeune tchaë, et se réfugier dans le sommeil s'avéra être un bon moyen de mettre de coté toutes les pensées et questions qui se bousculaient dans sa tête.

Le lendemain matin, elle se réveilla tôt, reposée et sereine. Elle raviva les braises et mit de l'eau à chauffer dans une petite casserole avant de se diriger vers une plage de galets au bord du lac pour faire un brin de toilette.
C'est tandis qu'elle sortait de l'eau et qu'elle terminait de se rhabiller qu'elle assista à un spectacle qui la laissa sans voix : un navire volant était sorti silencieusement de la brume matinale et se posait avec douceur à coté de la batisse nemen...
Immobile, Nelle admira la manœuvre aérienne avec fascination. C'était la première fois qu'elle assistait à ce genre d'évènement, et elle en ressentit une sorte d'émerveillement presque enfantin...

Une fois le petit vaisseau posé et arrimé, ses passagers en sortirent, et le charme se rompit. Nelle remonta vers le campement à grands pas, encore toute excitée par cet instant magique.
Elle n'en était qu'à quelques dizaines de mètre quand une jeune tchaëe se détacha du groupe des voyageurs et s'approcha d'elle lentement, une expression curieuse sur le visage :


Pardonnez-moi, mais... seriez-vous Nelle ? Vous quittez donc nos terres ?


Nelle s'arrêta et dévisagea la jeune femme, surprise. Mais avant qu'elle ait eu le temps de se demander comment celle-ci connaissait son identité, la magie de la symbiose opéra, et elle sut à son tour avec certitude qui se tenait en face d'elle :

Et vous, vous êtes Thanakis... L'Erudite.

Prise au dépourvu par cette rencontre inopinée, Nelle laissa passer un silence mêlé à la fois de respect et d'une certaine défiance.
Elle s'était attendue à tout sauf à rencontrer la légendaire tchaëe là, au réveil et le ventre vide, en pleine campagne...
Puis la crispation imperceptible qui l'avait saisie disparut, et la jeune fille sourit.


Oui, nous quittons vos terres...temporairement.
Le devoir nous appelle, quelque part au nord d'ici.


Puis, sans s'étendre plus, Nelle indiqua leur modeste campement d'un signe de tête :

Je m'apprêtais à faire du thé, en voulez vous ?

 
Nelle

Le Julung 27 Saptawarar 1507 à 15h24

 
L'érudite jeta un rapide coup d'oeil vaguement teinté d'inquiétude en direction de Samael, qui déjeunait en compagnie de Saltis, assis devant les tentes.

Et bien... connaissez-vous cette personne ?
N'en soyez pas fâchée, mais je dois m'assurer de la bienveillance des gens qui m'invitent. Mon roi... l'exige. En fait, il m'est interdit... de boire votre thé...


Nelle poussa un soupir d'exaspération... Les gens de ce peuple ne pouvaient-ils donc réagir autrement que par la méfiance, même face à une simple proposition amicale et spontanée, dénuée de la moindre arrière pensée ?!! Devrait-elle prouver sa bonne foi par des promesses, des courbettes ou des exploits guerriers pour chaque tchaë à qui elle adresserait la parole ?!!
Il lui était interdit de boire son thé ? Car offert par une étrangère ? Donc suspect ? Empoisonné, certainement ?!!

Nelle comprit soudain avec clarté la réaction de son père la veille, face au prince... Lui qui était sur les routes depuis des années, il devait ressentir une lassitude bien plus grande face à ce genre de réaction que celle qui commençait tout juste à poindre dans le cœur de sa fille...

Mais avant qu'elle puisse faire part de son sentiment à Thanakis, celle-ci enchaina à voix basse, en Ssarknesh :


Mais je veux bien partager votre petit camp !
J'ai du lait de chêvre caillé, et quelques fruits de mes jardins. Servez-vous...


Tout en parlant, la jeune femme avait ouvert son sac et lui présentait ses denrées d'un air plutôt avenant.
Nelle y prit un fruit oblongue et jaune qu'elle ne connaissait pas, en répondant d'une voix sèche :


Merci.

Elle mordit dans la chair pulpeuse et sucrée du fruit, et réfléchit quelques instants en savourant son gout délicat.
L'érudite s'était exprimée dans un ssarkesh parfait, presque sans accent. Pour lui faire savoir qu'elle comprendrait parfaitement la moindre messe basse entre Témoins ?!
Et bien peu importait ses soupçons, ils n'avaient rien à lui cacher.


Samael est un propage de notre faction, tout comme mon père.
Je l'ai rencontré "physiquement" seulement hier soir, mais nous avions échangé quelques messages télépathiques auparavant, et si c'est là le sens de votre question et votre inquiétude, je puis vous garantir sans prendre de grands risques qu'il ne vous sautera pas dessus pour vous égorger ou vous dévorer.


La réponse de Nelle s'était teintée de sarcasme.

Mais puisque vous semblez maîtriser parfaitement notre langue, ce qui est heureux puisque lui ne parle pas le tchaë, vous pourrez lui demander directement si telle est son intention.


 
Thanakis

Le Julung 27 Saptawarar 1507 à 19h18

 
L'érudite se tait. Elle s'assied, porte un bol de lait caillé à ses lèvres en gardant les yeux baissés, comme pour inciter la témoin à parler davantage. Finalement, elle se fend d'un sourire gêné et dit simplement :

Vous êtes bien sévère, jeune dame.

Levant souvent sa main devant elle, elle ajoute dans un murmure qui traduit sa pensée :

J'ai l'habitude de réparer les pots cassés du prince, voyez-vous, et il le sait... aussi me fait-il suivre...

Regardant Nelle avec intensité, Thanakis poursuit :

Je lui souhaite bien du plaisir, si notre conversation lui parvient. Personne, à ma connaissance, ne maîtrise votre langue en nos terres.



 
Nelle

Le Vayang 28 Saptawarar 1507 à 01h47

 
Déstabilisée par la réponse troublante de l'érudite, Nelle se sentit subitement mal à l'aise et ne sut quoi répondre...
Elle s'approcha des braises et retira la casserole dans laquelle l'eau bouillait, puis prépara le thé, dont elle se servit une tasse avant de venir s'assoir aux cotés de la jeune femme.

Une ou deux minutes s'écoulèrent en silence, durant lesquelles Nelle fixait intensément la tasse de thé coincée entre ses deux mains, pensive...
Puis elle murmura d'une voix douce, mais chargée d'amertume :


Pardonnez ma réaction... Il semble que la méfiance et la suspicion qui font le fondement de votre peuple aient fini par déteindre sur moi. Le prince s'en réjouirait surement...
Tout comme vos frères, à mon tour je me trompe de cible.


La jeune tchaë releva la tête et fixa l'érudite de son regard clair, dans lequel on pouvait y lire une certaine angoisse.


J'avoue avoir du mal à trouver mes repères.

Devant le calme et l'aura de sagesse que dégageait Thanakis, Nelle était passée de la colère à un sentiment de vulnérabilité qui l'avait submergée. En cet instant, sans savoir pourquoi, elle aurait eu envie de se blottir dans les bras de la jeune femme et de se laisser aller.

 
Thanakis

Le Vayang 28 Saptawarar 1507 à 21h10

 
La Première-Née hésite, esquisse un geste amical et se fige soudain : un instant, l’espace d’une folle seconde, son regard brille d’une lueur de pure panique ! Elle se dit que tout ceci est une mise en scène, que sa voisine est trop frêle, trop fragile, trop désorientée pour être honnête, qu’elle est au cœur d’un complot meurtrier impliquant les deux Neldas ! Toute dignitaire et cultivée qu’elle soit, Thanakis est le produit de son éducation, à laquelle s’ajoute une histoire personnelle des plus éprouvante...

Mais la sagesse commence par la maîtrise de soi.

Elle se reprend, considère posément la situation, fixe à nouveau son attention sur la jeune fille perdue assise à ses cotés : l’Erudite est empathique, elle perçoit l’humeur vagabonde de Nelle, oscillant entre curiosité, amertume et spleen... alors elle s’approche, prend ses mains dans les siennes en les pressant doucement, et dit d’une voix chaleureuse et délicate :


Oui, la méfiance et la suspicion fondent notre culture.
Non, elles ne déteignent pas sur vous.

Ce que vous ressentez, c’est de la tristesse, née de votre déception. Sans doute pensiez-vous... être accueillie en amie ? Quelque part, nous avons trahi votre espoir, mais n’en soyez pas si fâchée : dites-vous que votre attitude est saine, que nous sommes seuls fautifs, car c’est la vérité. Nous autres frères et sœurs du Désordre sommes frappés d’une sorte de... de malédiction, de folie collective, ancrée au plus profond, qui nous isole du monde. Que cette misère soit fondée ou non, qu’elle soit réelle ou imaginaire, est devenu secondaire : le mal est fait... et nous le subissons.

Mais pas vous, Nelle. Vous n’avez pas été nourrie de nos contes, épouvantables, de nos légendes, abominables, de notre histoire, gâchée... vous n’avez ni à endosser, ni à subir cela.


Thanakis fait une pause, frissonne sous l’assaut de quelque souvenir lointain, puis énonce enfin :

Ne laissez pas votre avenir s’embarrasser des cendres de notre passé.

 
Nelle

Le Sukra 29 Saptawarar 1507 à 11h18

 
Le contact rassurant et la voix chaleureuse de l'érudite calmèrent rapidement la jeune tchaëe. Elle serra pourtant à son tour les mains de la jeune femme, comme pour s'y accrocher, réalisant à quel point une telle présence féminine et maternelle lui avait manqué jusque là...
Elle laissa passer quelques secondes durant lesquelles le temps sembla s'être arrêté, avant de sourire timidement à Thanakis et de répondre d'une voix troublée
:

Vous avez raison...
Mais alors que dois-je faire...? Devrais-tourner le dos à mes espoirs naïfs et attendre que les choses changent d'elles-même, en me disant que je n'y peux rien...?
Se dire que l'on a raison ne change rien au désarroi que l'on peut éprouver parfois devant l'erreur des autres... Se résigner à l'impuissance ne soulage pas la conscience...
Quelque part, ce peuple est encore un peu le mien... Si le sort ne m'en avait pas éloignée...que serais-je à cette heure ? Et puisqu'il l'a fait, que dois-je en retirer ? Comment ?

Pourtant, le tableau n'est pas aussi sombre... Tous ne sont pas si fermés... Lilyeth et son amie Cyan nous ont accueillis sans la réserve dont d'autres ont fait preuve.

A ce souvenir, Nelle esquissa un sourire avant d'ajouter :

Votre Voix parle d'ailleurs mieux le Ssarknesh que vous ne semblez le croire, Thanakis.
Au moins en cela notre venue fut fructueuse...


 
Thanakis

Le Sukra 29 Saptawarar 1507 à 22h35

 
Les premières phrases de Nelle font mouche au-delà de toute prévision, provoquant un effet inattendu : L'Erudite se fige, comme sous l'effet d'une intense surprise. Son expression se fait douloureuse. Sans lâcher les mains de la jeune fille, elle ferme les yeux et se détourne. D'une voix sourde, triste à fendre les pierres, elle répète lentement :

Oui, oui... ce peuple est encore un peu le mien... Si le sort ne m'en avait pas éloignée...que serais-je à cette heure ?

Puis elle ajoute, à la limite de l'audible :

Oh ! Je connais ce sentiment... Il faut croire au changement, il faut persévérer, persévérer, mais... mais ne rien attendre. Les plus grandes vertus sont leur propre récompense...

Un bruit de pas et de discussion proches se fait soudain entendre. Thanakis se redresse, adresse un timide sourire d'excuse à Nelle et regarde en direction de l'Est : trois silhouettes se découpent sur le chemin...

La Première-Née reconnait l'une d'entre elles. Son expression redevient aussitôt joyeuse :


Pardonnez-moi, Nelle... Mais voilà dame Lilyeth, justement. Je l'attendais. Elle doit partir en voyage.

Elle conclu, sur un ton nâvré :

Je vais devoir... vous quitter.

 
Nelle

Le Dhiwara 30 Saptawarar 1507 à 14h51

 
Surprise, Nelle ne sut quoi dire ou faire devant la réaction violente et inattendue de l'Erudite. Un sentiment de culpabilité l'envahit l'espace d'un instant : elle ne savait pas pourquoi, mais ses paroles semblaient l'avoir blessée, ou du moins avoir ravivé une ancienne et cruelle blessure, et Nelle s'en trouva aussitôt terriblement confuse...

Mais déjà la jeune femme semblait avoir balayé ces émotions, son visage s'épanouissant de nouveau en apercevant Lilyeth qui arrivait non loin.

Sans le vouloir, Nelle ressentit alors une jalousie féroce et presque haineuse à l'égard de la diplomate, qui par son arrivée allait lui voler la compagnie devenue si précieuse de Thanakis... Et qui par sa simple présence la rendait joyeuse tandis que ses mots à elle n'avaient provoqué que la douleur...
Nelle regarda Lilyeth avec envie, puis détacha ses mains de celles de l'Erudite avec regret et résignation, étonnée de se rendre compte à quel point elle s'était attachée à cette mystérieuse jeune femme qui n'était encore qu'une inconnue quelques heures plus tôt...

Puis, reprenant ses esprits, Nelle leva de nouveau les yeux vers Thanakis, la détailla quelques instants avec une intense tendresse, puis esquissa un sourire hésitant avant de répondre simplement :


Alors...a bientôt...

 
Thanakis

Le Dhiwara 30 Saptawarar 1507 à 18h09

 
L'Erudite s'incline avec grâce :

Notre destin est ce que nous en ferons, chère Nelle. J'espère vous revoir et vous reparler, ici ou ailleurs, peut-être même... chez les vôtres ? Il me faudra vaincre quelques peurs tenaces, mais qui sait ? Je ne vous oublierai pas...

Sur un dernier regard chaleureux, elle s'éloigne en direction de Lilyeth. Quelques minutes plus tard, les deux soeurs bleues s'étreignent, échangent quelques mots... se séparent...

Puis Nelle voit distinctement la Première-Née porter la main à son front, geste typique de quelqu'un qui reçoit un message mental et se concentre. Curieusement, elle revient aussitôt, avec une certaine hâte, vers le campement des témoins !

L'expression mi-gênée, mi-soucieuse, l'Erudite dit à Nelle :


Oh vraiment, je suis confuse ! La providence me joue un drôle de tour ! Voici qu'un frère noir plus... lucide que les autres... me demande céans à l'instruire sur le P'khenS'sarkh ! Il veut en savoir plus sur cet être, mais... je suis bien ignorante, dès qu'il s'agit d'histoire syfarienne...

Sans oser s'assoir, elle précise :

Vous devez vous demander pourquoi je ne poursuis pas notre échange par contact mental... Vous allez me croire folle, tant pis :

C'est à cause des mous. Je n'ai aucune confiance en ces... choses... dont on ne sait rien ! Je ne communique jamais d'informations essentielles par leur biais. Alors, je me déplace. C'est lent, c'est risqué, mais c'est plus sûr.


Baissant la voix jusqu'au murmure :

Que pouvez-vous me dire du P'khenS'sarkh, qui pourrait aider mes frères ?

 
Nelle

Le Luang 1 Otalir 1507 à 00h46

 
Nelle regardait l'Erudite rejoindre Lilyeth l'air songeuse, un sourire charmé flottant encore sur ses lèvres.
Elle n'avait pas bougé, perdue dans ses pensées, quand la jeune femme revint à sa hauteur et lui en expliqua la raison.

Avec un brin d'amusement, elle songea un bref instant qu'elle était redevable à la providence de ramener si vite Thanakis auprès d'elle, puis s'étonna de sa requète : l'Erudite n'était-elle pas une première-sortie ?! Et elle se prétendait ignorante, plus ignorante qu'une jeunette de 17 ans, toute Témoin du S'sarkh qu'elle fut ?
Mais malgré l'improbabilité de la situation, la jeune femme semblait sincèrement préoccupée par la question... Aussi Nelle la prit-elle au sérieux.

Elle jeta un regard curieux vers Knüt, troublée par cette méfiance de l'Erudite envers ces êtres... Nelle avait accueilli avec bonheur la symbiose avec son mou, s'étant aussitôt sentie complice de la petite boule jaune qui s'était liée à elle...
Mais il était vrai qu'elle ne s'était jamais posé de question à ce sujet, acceptant cette nouveauté comme naturelle... Etait-elle trop confiante ?
Knüt lui rendit un regard indigné, avant de disparaitre dans un *plop* ostentatoire.

Nelle haussa les épaules, chassant ce sujet des ses pensées, puis se releva pour être à la hauteur de Thanakis, restée debout.
Se rapprochant de la jeune femme, elle répondit à sa question d'une voix tout aussi basse :


Il est vrai que notre faction est peut-etre celle qui depuis toujours s'intéresse le plus au P'khenS'sarkh... Il est à nos yeux une abomination, une plaie à la surface de l'ile que nous n'avons de cesse de combattre... et donc de connaitre, pour ce faire...
Beaucoup l'assimilent au S'sarkh, par ignorance ? Par facilité ?
Car à ce sujet seules des spéculations oiseuses existent.


Elle fit une pause, fixant la jeune femme d'un air concentré, puis reprit en souriant avec embarras :

Mais votre question est vaste... En quoi le PkhenS'sarkh interesse-t-il vos frères noires, au juste ? Il existe dans notre bibliothèque de Lerth bien des légendes, des contemplations, des recueils de signes, et des théories et hypothèses, sur ce soit-disant "fils du S'sarkh", ce rejeton le plus abominable de tous... Je ne les connais pas tous, et d'ailleurs un Transcient serait bien plus à même de vous renseigner.
Mais le sujet pourrait allègrement nous occuper plus de la journée entière... Et hélas... mon père et moi allons reprendre la route.
Savez-vous quelles informations à son propos intéresseraient vos frères ?


 
Thanakis

Le Matal 2 Otalir 1507 à 11h53

 
Malheureusement non, et le temps nous est compté... il faudra donc qu'un jour prochain, j'organise un déplacement jusqu'à votre bibliothèque. Sans doute mon roi refusera-t-il de me voir partir ainsi !

Je devrai trouver une solution...


L'Erudite s'approche de Nelle et l'étreint chaleureusement, avant de se reculer :

Cette fois, je dois vraiment vous quitter : le devoir m'attend à Oriandre, je ne peux laisser mes frères noirs dans l'incertitude et le besoin.

Que la route vous soit joyeuse et le destin clément, Nelle. Et louons le jour où nous nous sommes croisées, prémisse d'autres à venir.

Il ne tient qu'à nous..!


 
Nelle

Le Matal 2 Otalir 1507 à 18h15

 
Alors faites-moi prévenir le jour où vous déciderez de visitez Lerth, je me ferai une joie de vous guider dans la Scintillante.

Nelle frémit imperceptiblement sous la douce étreinte de l'Erudite, et répondit enfin d'une voix émue :

Je n'oublierai pas ce jour, Thanakis, ni aucun de ceux à venir qui se verront illuminés par votre compagnie.
Prenez soin de vous...


Le coeur serré, Nelle suivit des yeux la jeune femme tandis qu'elle s'engageait sur la voie menant vers Farnya. Quand elle eu disparu au détour d'un virage, la jeune tchaëe poussa un soupir à la fois nostalgique et empli de ravissement.
Assurément, cette rencontre l'avait marquée.

Elle retourna finalement vers leur campement sommaire, l'esprit léger, et se rendit compte que le propage Samael était parti.
Son père finissait de plier la tente et de ranger leurs affaires. Quand elle s'approcha pour l'aider, il lui adressa un long regard pensif, mais ne dit rien.
Une fois leurs sacs fermés et les cendres dispersées, Nelle et Saltis prirent à leur tour la route, mais en direction du nord.

Quelques centaines de mètres plus loin, la jeune fille s'arrêta et se retourna pour assister une nouvelle fois à la danse aérienne du navire nemen, qui décollait cette fois-ci, emportant sans doute la diplomate bleue et ses deux acolytes.
Nelle sourit en repensant à la jalousie puérile qu'elle avait ressentie un peu plus tôt, et souhaita silencieusement que le voyage de Lilyeth et de ses amis se déroule pour le mieux.


 
Nelle

Le Julung 11 Otalir 1507 à 01h18

 
Plusieurs jours de marche plus tard, Nelle et son père étaient arrivés à l'orée du Bois des Ans. Ils avaient campé une dernière fois sous le ciel clair et étoilé, et s'engagèrent le lendemain matin dans la forêt, les sens à l'affut. Selon ce que leur avait dit le précepteur, le mégalithe se trouvait là, dans cette forêt, dans la partie ouest...

Le trajet avait la plupart du temps été silencieux, le nelda reprenant ses habitudes méditatives et contemplatives de vieux propage solitaire. Ce qui convenait parfaitement à Nelle, dont l'esprit revenait sans cesse à sa rencontre avec Thanakis... Sans pouvoir se l'expliquer, ses pensées revenaient constamment vers cette troublante jeune femme, et sa hâte d'arriver à leur but et de terrasser le mégalithe n'était maintenant motivée que par l'idée de retourner à Farnya et l'espoir de s'entretenir de nouveau avec elle...

C'est à la mi-journée que le regard vif et perçant de Nelle débusqua l'aberration : une énorme masse de cristaux conglomérés, de quelques mètres de hauteur, dont certaines parties brillaient d'une lumière bleutée en une sorte de pulsation malsaine. Le plus effrayant était qu'au centre de cet amas de noirs cristaux, on arrivait à distinguer un visage, immense et mauvais... Dès qu'elle le vit, Nelle ne put que difficilement en détacher ses yeux, à la fois fascinée et révulsée par cette abomination.
Elle finit par s'extirper de sa contemplation hypnotisée, et se tourna vers son père, murmurant d'une voix blanche :


Quelle horreur... ! Papa tu as vu !? On dirait...on dirait qu'il nous regarde...

Parcourue d'un frisson, Nelle avança en suivant son père, qui avait prit la tête, et prépara un sort tout en approchant avec circonspection de la créature. A mesure qu'il approchaient, un silence inquiétant se faisait dans la forêt. Ni oiseau ni rongeur ne peuplait plus ce lieu, et même le vent semblait faire bruisser les branches et les feuilles beaucoup plus faiblement...

Bien qu'ils s'y étaient préparés, la rapidité de l'attaque du mégalithe les surprit : des centaines de fines échardes de pierre se détachèrent subitement de l'amas de cristaux et s'abattirent sur les deux témoins en une pluie coupante et mordante. Aussitôt et malgré la douleur des multiples entailles dans sa chaire, Nelle incanta un sort de décrépitude. C'était un sort faible, mais qui serait suffisant pour jauger son adversaire et sa résistance magique.
Elle ne fut pas déçue. Au moment où le mana s'échappa, elle ressentit le monstre lui résister avec une force imprévisible, et seule sa détermination lui permit de passer de justesse cette muraille psychique qu'il venait de dresser. La sphère noireâtre qui s'échappa de ses mains atteignit l'aberration, mais son effet fut encore moindre que celui escompté.
La jeune tchaë se replia aussitot derrière un arbre pour se protéger de la nouvelle salve d'épine minérale que le mégalithe lui envoya en réponse, et cria à l'attention de son père qui incantait lui aussi :


Papa, il est bien trop résistant à la magie pour que nos sorts l'atteignent !

Mais déjà la sphère d'essencialis jaillissait des mains du nelda. Elle éclata sur la surface dure et noire du mégalithe en une gerbe silencieuse, mais n'eut pas plus d'effet que le premier sort de Nelle.


Tu as raison, on n'en viendra pas à bout de cette façon !


A son tour retraité derrière un large tronc, le Propage détacha le solide baton ferré de son sac à dos et resserra son armure.
Nelle, quant à elle incantait de nouveau, mais en direction de son père cette fois-ci, et lorsque celui-ci fut prêt à engager le corps à corps, il était nimbé de plusieurs auras : si la magie ne pouvait atteindre le monstre, elle restait grandement efficace pour soutenir le combattant.

Et ainsi la confrontation s'engagea : sous l'influence des sorts de sa fille, le vieux nelda paraissait rajeuni de 30 ans, virevoltant autour du mégalithe avec agilité, abattant son baton ferré à chaque endroit stratégique qui se présentait. Chaque fois qu'elle le sentait faiblir, Nelle incantait de nouveau, puisant le mana dans le flux aussi bien que dans sa propre vitalité quand cela était nécessaire, et chaque fois le combat reprenait de plus belle. Son père ratait rarement un coup et le métal s'abattait sur la pierre avec une force décuplée qui faisait voler en éclats les cristaux noirs solidement agglomérés.
Et à l'inverse, les ripostes de l'aberration se faisaient de plus en plus faibles, et de moins en moins précises.

Le combat si mal engagé tournait peu à peu à leur avantage, pour peu que ni le vieux nelda ni la frêle tchaë ne faiblissent...


 
Nelle

Le Vayang 12 Otalir 1507 à 00h11

 
La nuit était tombée, et les deux témoins combattaient toujours...Mais la fatigue commençait à se faire sentir. Les coups du nelda devenaient moins précis, moins efficaces.
Et puis arriva le moment où ils devinrent inutiles et vains.

Nelle paniqua. Ses sorts n'agissaient plus ?!!
Si, ils agissaient, justement : seuls leurs effets permettaient au vieux propage épuisé de tenir encore debout, mais c'était tout ce qu'il arrivait encore à faire, ses forces l'abandonnaient.
Impuissante, Nelle murmurait son soutien, le visage crispé d'inquiétude.


Papa, tiens bon, tu y es presque !!

En effet, le roc noirâtre s'effritait de toute part, ses lueurs malsaines s'étaient éteintes...ses dernière défenses étaient en train de céder.
Tout comme celles de son père.
Un nouveau coup...dans le vide. Mais la réplique de l'aberration acculée l'atteignit avec force. Une nouvelle volée de fines échardes minérales le transperça, faisant s'imbiber ses poils et sa chemise d'un peu plus de sang.
Nelle n'y tint plus, elle bondit de derrière son arbre et rejoignit son père, essayant de le tirer en arrière. Mais le vieux nelda têtu résista. Hors de question de battre en retraite maintenant, alors que la victoire était si proche !
Alors, mue par l'énergie du désespoir, Nelle puisa une nouvelle fois dans ses réserves : sans tenir compte des forces qui la quittaient et de la douleur qui s'accentuait, elle incanta de nouveau en direction du monstre. Le sort était faible, mais c'était tout ce dont elle restait capable. Elle aussi s'était dépensée sans compter tout au long de cette laborieuse journée...

La boule de décrépitude atteignit le mégalithe et paracheva le travail du baton : ce qui restait de l'amas de cristaux se disloqua dans un hurlement aigu qui sembla faire trembler toute la forêt.
Epuisée, Nelle se laissa tomber à genoux, le souffle court.


Papa !! On l'a eut !!!

La jeune tchaë exultait. Mais l'inquiétude remplaça bien vite ce sentiment, quand ses yeux se posèrent sur le visage fatigué et le pelage poisseux de sang de son père.

Papa, ça va ?!

Un grognement lui signifia qu'il allait bien. Ou du moins pas si mal.

Rassemblant ses dernières forces, Nelle se releva et se mit en quête de bois mort pour faire un feu. Tout comme son père certainement, elle n'aspirait plus qu'à une bonne nuit de sommeil.
Ils prendraient le temps qu'il faudrait pour se remettre de cet âpre combat avant de repartir vers Farnya.


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