Les Mémoires de Syfaria
Hors de toute région civilisée

Refleurir les jardins d'Ykena

Botanistes et Naturalistes bleus en mission
[important]
Détails
Sujet lancé par MJ Syfaria
Le 29-10-1507 à 17h55
407 messages postés
Dernier message
Posté par Baër'lupis,
Le 29-01-1508 à 13h21
Voir
 
Nelle

Le Merakih 5 Dasawar 1507 à 23h50

 
Nelle se réveille pendant la nuit, transie de froid. Elle se relève, relance le feu dans le poêle avec les quelques braises mourantes. La température a considérablement chuté avec la tempête, et la pluie ne semble pas vouloir s'arrêter, au contraire il semble qu'elle a redoublé de violence...
Nelle sourit en apercevant Sirohl qui s'est endormi non loin de l'entrée de la tente, à moitié appuyé sur sa hallebarde. Le moins qu'on puisse dire c'est qu'il prend sa mission à coeur ! Et soudain elle s'étonne : le vieillard n'est nulle part en vue.
Elle le trouve dehors, juste à l'entrée du teepee, fumant tranquillement la pipe à l'abri d'un rabat de la tente. Rassurée, Nelle s'apprête à retourner se coucher quand un éclair tombe à quelques mètres à peine du campement, projetant les deux tchaës contre la paroi en peau du teepee sous le choc électrique. Nelle reste quelques minutes hébétée, les muscles ankylosés, avant de se ressaisir. Elle incante brièvement un sort de soin à l'intention du vieux marin, et finit par retourner au lit, après lui avoir conseillé de faire de même.

Le lendemain matin, la tempête s'est enfin calmée. Le ciel reste couvert et le temps humide, mais l'accalmie semble être partie pour durer. Après déjeuner, Nelle prépare quelques affaires et se plante devant le vieillard.


La tempête est terminée ! Venez, rejoignons la route pour aller attendre Madame Lupis !
Vous verrez bien par vous-même, ce que la symbiose permet...


Et sans lui laisser le temps de protester, elle le prend par la main et l'entraine à sa suite en direction du sud, après avoir prévenu le lieutenant de leur direction.
Krepion Loudmer n'offre d'ailleurs guère de résistance. Nelle espère que revoir la botaniste bel et bien en vie lui redonnera un peu d'allant...

Après plusieurs heures de marche, ils décident de faire une halte en arrivant au croisement des routes de Jypska et Korsyne. Soudain une silhouette se dessine à l'est.


Maollan ! Vous allez bien ?!
On ne vous a pas vu depuis le déplacement du campement, ni eu de vos nouvelles... Avez-vous fait des trouvailles intéressantes ?
Nous allons en direction de Jypska, à la rencontre de Baër'Lupis... Venez donc avec nous si cela vous chante ! Sinon vous pourrez rejoindre le campement en allant droit au nord à partir de ce croisement.


Nelle indique la direction du campement d'un signe de tête, et aperçoit une nouvelle silhouette, nettement plus massive qui en vient. L'Equilion et ses trente tonnes de muscles, de gras et d'écailles trottinent vers eux d'une démarche qu'on peut difficilement qualifier de gracieuse... Le chiroptère agressif qui trainait par là déguerpi d'ailleurs sans demander son reste...

Erjin ?! Décidément, le comité d'accueil de Madame Lupis s'agrandit sans cesse ! , ajoute Nelle avec amusement.

 
Narrateur

Le Merakih 5 Dasawar 1507 à 23h58

 
*** L'orage s'est éloigné. Le ciel reste tourmenté, boursoufflé de sombres nuages aux excroissances parfois veinées d'éclairs résiduels, mais la foudre ne tombe... presque plus.

Alors que les explorateurs progressent vers les sommets, curieusement, il y a de moins en moins de neige. Le Contemplateur Eleuname est en tête, suivit par l'Erudite Thanakis et l'Omnisciente Cyan. Au sens propre et figuré, l'atmosphère est chargée d'électricité. Toute vie animale a déserté l'endroit, si ce n'est la présence d'un massif tisseur de rêve, posté non loin, qui regarde passer les visiteurs d'un jour avec une certaine ironie placide...

Après deux heures de marche, un terre-plein sommital s'offre enfin à la vue. Une sorte de bourdonnement grave et bas se devine, comme si des bourdons ou de gros scarabés voletaient aux alentours... mais il n'y a rien de tel.

Au centre d'une esplanade vierge de toute neige, mitée d'une pelouse d'altitude grillée par... les soleils ? Le froid mordant ?... trône un chêne de taille moyenne.

Un arbre, tout simple.

Il est bleu, d'un bleu profond. Ses feuilles ont des reflets métalliques, son écorce renvoie la lumière comme si elle était tapissée de quartz. Il bruisse, vibrillonne et carillonne comme si le vent jouait dans ses branches de verre, en partie transparentes... mais il n'y a pas de vent.

Alors qu'ils regardent l'être surréaliste qui s'offre à leur vue, les premiers arrivés sont soudain témoins d'un évènement aussi brutal qu'inattendu : un flash lumineux insoutenable embrase la plante ! Aussitôt, une détonation assourdissante les soulève et les jette au sol, tandis qu'un désagréable sensation parcourt leurs corps tétanisés ! ***




*** L'arbre vient d'être foudroyé. ***




*** Une série d'arcs électriques jaillit des frondaisons et grêle les environs immédiats du tronc, forçant les spectateurs à reculer précipitamment. Non seulement la plante est intacte, mais Eleuname voit distinctement de nouvelles pousses jaillir, et croitre en maturité ! Il se souvient alors d'un vieux livre de conte, pour enfants, qui parlait de cette... chose, mi-végétale, mi-minérale :

Un Teslandrier.

L'Erudite tchae, tombée à la renverse, reste dans la même position en écarquillant les yeux : elle aussi connait cet arbre. Une Euphorbe Tesla...

Les nemens eux-même prétendent, depuis longtemps, qu'il n'y en a plus. ***


 
Krepion Loudmer

Le Julung 6 Dasawar 1507 à 00h49

 
*** Krepion se laisse entrainer sans chercher à contester. Mais où donc puise-t-elle toute cette énergie, cette gamine ?! Ah, la jeunesse...
Elle est bien brave en tout cas, cette petite, songe le vieillard en la suivant en silence.
Il n'a par contre pas pu ne pas remarquer l'étonnante affection qu'elle porte à la perfide dignitaire bleue... Pauvre petite... Elle est gentille, mais trop naïve et influençable. Il faudra qu'il trouve un moment pour la mettre en garde sur la véritable nature perverse de l'Erudite et lui conseiller de mieux choisir ses fréquentations.
C'est d'ailleurs elle qui a dû lui mettre en tête cette idée stupide de partir à la rencontre d'une morte.

Arrivés à la croisée des chemins, le vieillard s'assoit avec soulagement sur une pierre. Malgré la magie de la petite qui lui a un temps donné l'impression de gambader comme un gamin, il est maintenant tout fourbu.
Un charriot passe, sur lequel un marchand tchae hoche la tête en regardant le vieillard et donne un coup de coude à sa femme. Krepion l'entend marmonner : "Regarde ça, l'pauvr' vioqu' qui vend sa fill' pour 4 sous..."

Une fois qu'ils l'ont dépassé et lui tournent le dos, Krepion leur adresse une grimace. Mais pour qui le prennent-ils ?!!
S'il lui prenait l'idée de la vendre, il en tirerait bien plus que ça !!!
Elle est débrouillarde, polie, sait faire la cuisine... dommage qu'il n'y ait pas un tel marché à Farnya, sinon il aurait pu effectivement essayer d'en tirer un bon prix... Quoique, il doute qu'elle soit d'accord pour entrer dans la combine... Il a déjà échoué à vendre cette saleté de mou, elle se sauverait probablement elle aussi s'il essayait de la refourguer à un marchand...

Ses rêves de fortune prennent fin avec l'arrivée fracassante de l'equilion, qui fait fuir non seulement le chiroptère mais aussi les quelques mimics du coin et les marchands affolés.
Ah ah, bien fait !

Bon, par contre malgré les apparences il n'en mène pas large lui non plus...Retrouvant une vigueur nouvelle, il se relève et s'éloigne d'un pas vif, plantant sur place Nelle et l'argonaute avec une seule idée en tête : semer le monstre.
Ce n'est qu'une fois arrivé à l'orée de la forêt qu'il s'arrête enfin, essoufflé et les articulations plus douloureuses que jamais, et décide d'attendre la gamine, assis sur une souche... ***


- Elite Fraternelle Tchaë -
Qui ne risque rien... ne rate rien.

 
Baër'lupis

Le Julung 6 Dasawar 1507 à 11h48

 
Sur le chemin, en amont, la botaniste distingue tout d'abord l'immensité orange de l'équilion.

Elle sait qui vient la chercher, et elle commence à ricaner toute seule. Elle vient de passer par la non-vie, et tout à coup la présence de ses compagnons la met en joie. A part ces vieux croutons qui ne lèvent jamais leurs fesses de leur étude de Farnya, c'est ce qui se rapprocherait le plus d'amis.

Alors qu'ils se rapprochent, elle court vers eux, bondit sur Nelle et l'enlace en sautillant. Elle se tourne vers le vieillard et court pour l'embrasser, mais celui-ci la regarde, bouche ouverte, faisant tomber sa pipe au sol. Elle saisit le cuir de son visage à deux mains, et le rapproche du sien.


Vivants ! Vous êtes plein de vie, et moi aussi ! Que je suis heureuse de vous voir !


 
Krepion Loudmer

Le Julung 6 Dasawar 1507 à 12h42

 
*** Ah sa grande horreur, c'est l'equilion qui le rejoint le premier à l'orée des bois bleus. Malgré ses invectives, il l'a suivi... Krepion se rappelle alors que c'est en tchaë ancien qu'il faut s'adresser au monstre... La peste ! Il n'a jamais autant regretté qu'en cet instant de ne pas avoir écouté avec plus d'assiduité les leçons de sa grand-mère...
Il fouille dans sa mémoire les quelques mots de l'antique vocabulaire, à la recherche d'une injonction de circonstance, mais la gamine arrive, et s'esclaffe : ***


Allons monsieur Loudmer... Erjin n'est pas dangereux. Et de toute façon il semble vouloir vous suivre !! On dirait qu'il vous aime bien... Vous n'avez rien à craindre de lui !

*** Rien à craindre, rien à craindre...Elle en a de bonnes, la gamine...C'est facile de dire ça quand on n'a pas été sur le point d'être dévoré tout cru par la créature, noyé sous des litres de bave gluante et puante !!

Mais déjà le regard de Nelle s'éclaire en se posant sur un point derrière lui. Elle s'exclame joyeusement : ***


Baër'Lupis !! Vous allez bien ?!

*** Krepion se retourne, et en laisse échapper sa pipe d'ébahissement.
La botaniste ?! Impossible. Il l'a vue mourir. Il l'a vue.
Pourtant celle-ci se précipite dans les bras de la gamine, l'étreint quelques instants avant de se tourner vers lui et de lui saisir le visage.
Krepion essaye de se convaincre que cela ne peut être qu'une hallucination, mais tous ses sens lui prouvent le contraire : le fantôme de la petite vieille est d'une exactitude irréprochable, allant même jusqu'à reproduire cette bonne vieille odeur de transpiration que la tchaë exhale dans ses instants d'excitation... Et elle parle, de sa même voix rauque ! Et ses mains sur sa trogne semblent elles aussi on ne peut plus réelles...!!
Comment est-ce possible ?!!

Après quelques secondes muettes de stupéfaction, le vieillard retrouve enfin sa voix : ***


Ba-ba-baër'Lupis ?! C'est vous ?
Mais-mais-mais... J'vous ai vu ! J'vous ai vu trépasser, là-bas !!!
Vous êtes morte !!!!!!!


*** Tout en parlant Krepion se recule lentement, mal à l'aise, sans la quitter des yeux... Est-ce l'oeuvre du S'sarkh ?!! ***


- Elite Fraternelle Tchaë -
Qui ne risque rien... ne rate rien.

 
Baër'lupis

Le Julung 6 Dasawar 1507 à 13h05

 
La botaniste rigole d'un rire guttural.

Allons, allons, Krépion, remettez-vous ! J'ai, tout comme vous, un Mou symbiote. Vous en avez entendu parler, n'est-ce pas ? Les symbiosés ont de fortes chances de revenir à la vie sur Syfaria s'ils meurent par accident.

La botaniste regarde ses pieds.

Tout à un prix, en revanche. Je me sens affaiblie, mon corps s'épuise plus rapidement. Ce que j'ai vécu ... je ne le souhaite à personne, pas même à ces imbéciles du Syndicat des Jardiniers. Ah ! Si j'avais écouté notre Guide ! Je n'aurais pas mis la mission en péril.

Devant l'air ahuri du marin, la botaniste haussa les épaules.

C'est bien moi, frère marin, vous devrez bien finir par l'accepter !

Elle se tourna ensuite vers Nelle.

Merci d'être venus me rejoindre. Comme vous le voyez, je vais plutôt bien. Mais nous devons d'urgence retourner auprès de Thanakis et votre ... collègue. Je vous expliquerai en chemin, mais c'est crucial !

J'ai les jambes coupées pour le moment. Comment pourrions-nous faire ?


Avec un sourire en coin, elle désigna du menton l'équilion, Erjin.

Je sais qu'il peut en transporter une vingtaine, comme nous. Est-ce qu'il est plus rapide qu'un tchaë qui court ?



 
Nelle

Le Julung 6 Dasawar 1507 à 16h23

 
En rejoignant le vieillard, Nelle envoie un message mental à la botaniste pour lui confirmer qu'ils sont partis à sa rencontre une fois le temps plus clément. Ils ne devraient plus tarder à se rejoindre.
Mais subitement elle se fige en recevant sa réponse : "Vous devrez me conduire de toute urgence aux côtés de l'Erudite et du Contemplateur, il en va de leur vie."
De leur vie !? Thanakis !!
Paniquée, la jeune tchaë joint l'Erudite à sa réaction mentale affolée. S'il lui arrivait quelque chose... Nelle ne supporte pas cette idée.
Mais la réponse de Thanakis ne tarde pas. Et si celle-ci rassure la jeune tchaë sur le fait qu'elle ne semble pas en danger, elle lui donne également un nouveau sujet de préoccupation sur les évènements à venir... Le contemplateur, consciencieux de faire son devoir, a manifestement contrarié la mission botanique...
Nelle soupire... Pourquoi faut-il toujours que les choses se compliquent ?

La vue du vieux marin terrorisé par l'equilion lui fait oublier ces tracas, puis enfin les chaleureuses retrouvailles avec la botaniste.
Quand celle-ci lui suggère de monter Erjin pour rejoindre les autres, Nelle ne sait pas quoi en penser...


Et bien... Jusqu'à présent je lui ai surtout remarqué une démarche qu'on ne peut pas franchement qualifier de rapide... Pataude serait le mot le plus approprié.


Nelle hausse les épaule.

Je vous avoue que je n'en sais pas plus, voire peut-être moins, que vous sur cet animal. Il pourrait nous porter tous, cela ne fait aucun doute. Il semble pouvoir marcher longtemps sans se fatiguer. Mais cela ne veux pas dire pour autant qu'il peut aisément servir de monture... S'il est lié à Thanakis, il n'en est pas de même avec nous...


Puis son regard glisse vers Krepion Loudmer, qui continue de dévisager la revenante d'un air méfiant.


Il semble cependant porter un certain interêt au marin, allez savoir pourquoi... Mais celui-ci ne m'a pas l'air d'être réciproque. En imaginant que la manoeuvre fut possible, je doute que notre ami accepte de monter sur Erjin !

Puis elle rajoute d'un air à la fois curieux et amusé, son regard revenant sur l'equilion :


Mais l'expérience promettrait d'être intéressante...


 
Krepion Loudmer

Le Julung 6 Dasawar 1507 à 16h48

 
*** Krepion regarde la vieille tchaë sans se départir de son air halluciné et soupçonneux... Les mous ? Cette chose verte qui le suit partout depuis quelques mois ? Elle aurait une utilité ?!
Balivernes, à part d'insupportables leçons de morale, Saillon n'a fait preuve de strictement aucune sorte d' interêt ... Il n'a même pas réussi à en tirer quelques pierres...
Pourtant la réalité est indéniable : la botaniste, qu'il a vue se faire éventrer par un gambol, est là, sous ses yeux ébahis, bien vivante, sans nulle trace de blessure...

La discussion qui s'est engagée entre les deux tchaës le sort cependant de sa torpeur et de ses reflexions. ***


Monter sur l'monstre ?!!!
Par la sirène du Grand Lac, vous parlez pas sérieus'ment ?!!
C'machin a déjà failli m'boulotter vivant ! Vous voulez connaitre la même torture ?!!
Vous croyez qu'y m'suit pour quelle raison ?! Il attend juste que j'baisse ma vigilance pour essayer d'recommencer !!


*** Erjin s'est d'ailleurs de nouveau rapproché du vieux marin... Krepion se déplace ostensiblement au plus près de la gamine et de la botaniste. Avec un peu de chance, il va en gober une des deux plutôt que lui-même...

Puisqu'elles ont tellement foi en leur parasite, ça ne devrait pas trop leur poser de problème, tiens... ***


- Elite Fraternelle Tchaë -
Qui ne risque rien... ne rate rien.

 
Thanakis

Le Julung 6 Dasawar 1507 à 18h06

 
Plongée dans des abîmes de réflexion, sous le coup d’un mélange d’angoisse, de colère et d’infinie tristesse, l’Erudite fait abstraction du contexte et ne remarque pas le manège du Peintre Royal Cälli :

Sans hésiter, il s’approche de l’arbre. Près. Trop près.

A une trentaine de pas, les cheveux de l’artiste se dressent sur sa tête, l’auréolant d’une crinière des plus comiques. Il sent des fourmis parcourir son corps, remontant du sol jusqu’à sa nuque. Des crampes légères le prennent. Ce n’est pas désagréable, c’est juste... étrange.

A une vingtaine de pas, ses extrémités le chatouillent. Il voit distinctement des aigrettes lumineuses en jaillir, prolongeant ses mains agiles de doigts illusoires, pointés vers l’arbre. Une aura chatoyante l’entoure, comme une seconde peau de lumière, tandis qu’un bourdonnement croissant s’élève autour de lui.

A une dizaine de pas, ses pieds soulèvent des étincelles à chaque enjambée. Un arc électrique jaillit d’entre ses chausses et remonte lentement entre ses jambes avant de disparaître, suivi d’un autre, puis d’un autre, dans un bruit de crépitement qu’il ne connaît pas. Il ne ressent rien de spécial, si ce n’est... des frissons, des chatouillis, tandis que toute sa pilosité se hérisse à son tour et que désormais, ses cheveux forment maintenant une sphère presque parfaite, autour de sa tête.

L’arbre frémit de haut en bas, ses feuilles s’agitent, ses branches se courbent légèrement ; on dirait qu’elles se tendent vers le tchae, qu’elles veulent l’étreindre, l’embrasser...

Thanakis sort de sa transe et d’une voix qu’elle tente de rendre claire, ferme et calme, elle lance à son frère bleu, de sorte à ce que tous entendent :


Mestre Calli, reculez, je vous prie ! Il nous faut attendre...

Ajoutant pour elle-même : « ...ou vous saurez vraiment ce que poussiéreux veut dire. »


 
Cyan

Le Julung 6 Dasawar 1507 à 20h12

 
Citation :
NON !

Fou ! Es-tu fou ?
Tu vas être pulvérisé !

Je t'en supplie, recule toi, ne touche pas cet arbre !

S'il te plait, Cälli, s'il te plait...



*** Cyan a reçu le message de Cälli signalant qu'il s'approchait de l'arbre.
Celui de Thanakis lui enjoigant de reculer.
Sans réfléchir elle envoie en retour ce cri mental, puis elle couirt de toutes ses forces sur la plaine enneigée. Elle tombe, s'écorche profondément la paume de la main, se relève, court encore, bouscule au passage Eleuname.
Sur la neige, des gouttes de sang la suivent.
Elle arrive non loin de Cälli. Il est là, au pied de l'arbre. Il guette une éclaircie.
Il est fou, comme insconscient du danger.
Que lui est-il arrivé dans sa vie pour qu'il ait si peu conscience de lui même ? Avant de la connaitre, il était presque fermé aux sensations aussi. Il est ... comme insconscient de lui, comme mort à lui-même.
Quel évenement, ou quelle répétition d'évènements peut engendrer cela chez une personne ? Quelle dose de souffrance surtout !

Cyan pleure et supplie Cälli de reculer. Elle est tombée à genoux dans la neige, en larmes, effondrée autant intérieurement qu'extérieurement.
***


 
Eleuname

Le Julung 6 Dasawar 1507 à 20h47

 
*** La petite Tchaë blonde le bouscule pour s'élancer vers Cälli qui se tient dangereusement près de l'arbre.

Eleuname ne sait plus trop où donner de la tête.
Des messages lui parviennent, certains presque hostiles, d'autres le suppliant de faillier à sa mission de ne pas déposer sur le registres des Contemplations la découverte de cet arbre.

Mais si il l'a découvert, c'est bien parce qu'il cherchait un signe du S'sarkh. Et il se doit de transmettre cela à un Transcient. Personne, sauf un Transcient, ne peut décider s'il s'agit d'un signe ou pas. Même l'Erudite ne le peut.

Et Cälli qui met sa vie en danger.
Et Cyan qui hurle de désespoir !

Il a proposé de partir s'il le faut. Il ne le fera pas de gaité de coeur.
Mais il ne veut pas vivre encore dans un climat hostile. Son enfance lui a suffit pour cela.

Mais avant de partir, il ne peut laisser cette petite Tchaë blonde à laquelle il s'est attaché si desespérée sans faire quelque chose pour elle.
Il ne peut laisser ce mage Tchaë un peu fou, mais qu'il apprécie néanmoins risquer ainsi sa vie par simple inconscience.
Alors il s'avance à son tour vers l'arbre, dans l'intention manifeste d'attraper le petit tchae... ***


[EDIT MJ 3] Eleuname, attendons de savoir ce que fait Cälli avant d'agir malgré lui (tu peux bien sûr parler avant qu'il ne bouge, si tu le souhaites)

 
Cälli

Le Julung 6 Dasawar 1507 à 23h22

 
*** Cälli s'arrête, se regarde quelques instants, puis remarques des signes étranges. Des arcs de lumière aveuglante semblent aller de ses jambes au sol, voir d'une jambe à l'autre.

Au vu du ton de la Première née, ce qu'il fait doit être dangereux, peut être même mortel... Bien...

Après quelques instants de réflexions, le Peintre décide de faire quelques pas en arrière, mais juste de quoi ne plus avoir d'effet visible. à un peu plus d'une vingtaine de pas...


Presque immédiatement le Tchaë retombe dans sa quasi torpeur des derniers jours. Il a promis à Cyan de lui parler, de lui parler de son passer, mais il ne l'a pas fait, pas encore. Et chaque fois que ses pensées ne sont pas attachées à une réflexion urgente elles reviennent immencablement à cette promesse. Il n'aurait jamais du la faire, il n'aimait pas parler de son passé...

Mais d'un autre coté, cela lui permettrait de comprendre, de comprendre que le Tchaë ne ressentait quasiment rien dans tout le corps en dessous du cou... Le sens du toucher en particulier était atteint. Il ne ressentait que difficilement toute forme de douleur ou les différences de températures... Il avait cru à une bénédiction au début, mais avait vite déchanté, c'était en fait particulièrement dangereux. Les situations périeuses dans lesquelles il s'était retrouvées uniquement à cause de cela se comptaient par dixaines...

...

Cälli fut ramené au présent par Eleumane qui voulait manifestement l'éloigner encore et même se positionner entre lui et l'arbre. Cälli hésita entre un rire franc de le voir ainsi si naif comme si son simple corps pouvait faire barage entre le peintre et l'arbre gigantesque et l'envie de s'insurger de ce traitement... Il opta pour la seconde solution, se décidant des derniers messages mentaux échangés, où Eleumane avait prévenu ses compatriotes malgré la demande de Thanakis. Cälli n'avait pas tout suivi, la diplomaticie et les relations étrangères n'étaient pas encore de ses domaines d'étude, mais par principe, il était "du coté" de la Première Née... C'est donc d'une voix froide qui se voulait tranchante que le Tchaë s'adressa au Nelda:
***

Lachez moi immédiatement. Je suis capable de réagir en fonction des réponses qu'on me fait je n'ai nul besoin qu'on tente de me contraindre physiquement..

*** Sans attendre de réponse Cälli commence à étudier la situation, écoute attentivement les consignes de Thanakis:
Citation :
Le Teslandrier est saturé de puissance et de fluide électrostatique, après l'orage.
Il faut attendre quelques jours.

Vous voyez ces aigrettes lumineuses qui pointent au bout des feuilles ?
Vous voyez cette aura lumineuse qui environne les branches ?
Vous entendez ce bourdonnement grave ?
Vous sentez les vibrations de l'air ?

Ces signes doivent disparaitre, et la luminescence de l'arbre devenir simple fluorescence, pour qu'on puisse aller sous sa frondaison sans trop de risque.


Cälli prit alors seulement réellement conscience de ce qu'il en était, l'arbre saturé d'énergie, l'orage violent précédent... Décidément, il fallait qu'il revienne au présent au lieu de se morfondre, s'il voulait arrêter de mettre ainsi sa vie en danger par inattention...

En attendant que les conditions décrites par Thanakis soient remplis, Cälli se préapra, il ne voulait pas se retrouver à perdre du temps quand l'énergie aurait disparue de l'arbre, un nouvel orage pouvait arriver si vite à nouveau...
***


 
Thanakis

Le Vayang 7 Dasawar 1507 à 00h11

 
Figée, l'Erudite observe le manège des personnes qui l'entourent, avec cette pénible impression d'être dans un de ces rêves absurdes où l'on pédale dans la semoule tandis qu'autour de soi, tout va trop vite et nous échappe sans qu'on n'y puisse rien faire... jusqu'à l'épilogue, généralement sinistre : le monstre nous rattrape, le charriot nous écrase, la vague nous engloutit...

Mais la réalité, en l'occurrence, est plus magnanime : Des cris des deux femmes ou du geste d'Eleuname, ou plus simplement du bon sens de Cälli, nul ne sait ce qui pénètre la conscience volage du Peintre Royal. Toujours est-il qu'il s'arrête, recule de quelques pas, et se fend d'une remarque acide envers le pauvre nelda qui ne voulait qu'aider !

Thanakis ne peut s'empêcher de penser, en voyant l'air déconfit du Contemplateur, qu'elle n'a jamais vu quelqu'un d'aussi bien intentionné et maladroit à la fois...

"Ce n'est jamais agréable d'être rabroué quand on veut faire au mieux", songe-t-elle encore. "C'est le métier qui rentre..."

S'avançant d'un pas, elle s'exclame :


Mes amis ! Par le Marteau d'Oscar, calmez-vous ! Nous devrions faire liesse d'avoir trouvé une telle merveille. Ne pourrions-nous donc attendre avec le sourire, plutôt que nous agiter comme des pantins hystériques sous les frondaisons d'un être qui contient dans ses branches la puissance de milliers d'orages accumulés ?

Époussetant une pierre plate, elle s'assied dessus et fait signe aux explorateurs de la rejoindre. Avisant le nelda, elle insiste :

Oui, vous aussi, Eleuname. Je m'en voudrais de priver l'expédition d'un de ses membres, capable d'approcher un Teslandrier pour le bien d'un autre. Ce qui est fait est fait. Venez, vous dis-je...

Venez. J'ai à vous parler. Si vous restez près de cet arbre, je devrai crier... Parce que, voyez-vous, je ne m'approcherai pas.


Elle ajoute, sur un ton d'excuse :

Si vous n'en avez pas peur, sachez... que ce n'est pas mon cas.

 
Cyan

Le Vayang 7 Dasawar 1507 à 00h42

 
*** Cyan voit Eleuname se précipiter entre l'arbre et Cälli visiblement pour le protéger.
Elle entend Cälli le tancer vertement.
Elle en conçoit un grand chagrin pour Eleuname. Surtout quand elle se rend compte qu'au début, ce dernier ne comprend même pas la réaction du mage. Puis elle voit son regard s'éteindre et ses traits s'affaisser.
Elle entend Cälli les rassurer Thanakis et elle, puis il semble retourner à l'observation de l'arbre.

Elle n'ose pas pendant un temps regarder le Nelda. Son désarroi la touche trop.
Elle s'occupe de soigner sa main, assise dans son coin.
Soudain, une ombre. Elle lève la tête. Le Nelda qui s'était un peu éloigné est revenu, il lui propose de l'aider à faire son bandage et lui signale qu'elle s'est mise du sang sur le visage.
Elle sourit bravement.

Thanakis leur demande d'approcher, Cyan se lève et va rejoindre la Bien Aimée.
Elle espère que Cälli viendra les rejoindre, lui aussi.
***


 
Eleuname

Le Vayang 7 Dasawar 1507 à 01h07

 
*** Eleuname ne comprit pas pourquoi Cälli lui parla si froidement.
Il ne comprit pas non plus ce qu'il se passa en lui.
Juste une grande vague de tristesse qui engloutit tout.
Il s'éloigna.

Puis il se rendit compte que Cyan était assise dans son coin à tenter de se soigner. Faire seule un bandage sur une main n'est jamais simple.
Le Nelda revint sur ses pas alors. Il ne voulait pas la laisser seule.
Elle semblait si malheureuse, avec le sang de sa main qui maculait son visage. Il l'aida.

Thanakis les appela auprès d'elle. Même lui ? Oui, elle l'appelait lui aussi, malgré.... malgré !

Eleuname s'approcha. Il aviserait ensuite. Pour l'instant, il se sentait un peu trop triste pour décider quoi que ce soit. ***


 
Nelle

Le Vayang 7 Dasawar 1507 à 01h42

 
Après un court moment d'absence, Nelle se tourne vers Baër'Lupis et Krepion Loudmer, l'air inquiète. L'angoisse est un sentiment qui se transmet aisément, surtout par la voie de l'esprit...
Elle s'atténue cependant peu à peu de sa voix, tandis qu'elle relate la réponse de Thanakis :


N'ayez crainte, monsieur Loudmer, nous n'allons finalement pas grimper sur Erjin.


Elle détaille, surtout à l'intention de la botaniste :

Il nous faudrait un harnachement adéquat pour voyager sur son dos, car ses écailles sont trop glissantes et sa morphologie...heu...pas adaptée pour la monte à cru...
Et en plus de ça il ne comprend que le tchaë antique !
Rajoute-t-elle avec un sourire...attendri ?

Donc voilà qui règle la question : nous irons à pied !

Sur ces entrefaites, l'argonaute Maollan croisé quelques temps plus tôt les rejoint et se réjouit lui aussi du retour de la botaniste. Nelle le salue de nouveau avec chaleur, et lui résume la situation, espérant que l'explorateur solitaire va peut-être se joindre à eux :

Maollan, nous avançons vers le Nord, vers le plateau enneigé des écrins, pour rejoindre le reste du groupe et une merveilleuse découverte... Venez donc avec nous ! Il nous restera de toute façon l'est des montagnes à explorer par la suite.

Et tandis qu'elle se met en marche vers le nord, Nelle est subitement prise de doutes en songeant aux derniers évènements... La tempête au campement, la manière dont elle a trainé jusqu'ici le vieux marin, presque sans lui demander son avis, et maintenant la façon dont elle prend la tête de la marche... Que lui arrive-t-il à subitement devenir aussi directive ?!


 
Baër'lupis

Le Vayang 7 Dasawar 1507 à 12h09

 
Oui, oui, bien sûr ... l'ancien tchaë, comment aurais-je pu oublier ce détail.

L'air goguenard, la botaniste détaille en coin le marin, recroquevillé derrière elles.

Allons-y, donc, sans perdre plus de temps.

La botaniste emboita le pas à l'Adoratrice. Ils devaient arriver vite pour réduire les risques encourus par le groupe.

En y repensant, elle regrettait sincèrement d'avoir été aussi agressive envers le Contemplateur, mais il était évident que ce religieux n'avait aucune conscience de l'importance de sa découverte. Il faudrait calmer les esprits et les ardeurs. Et ne pas perdre de temps, surtout !



 
Krepion Loudmer

Le Vayang 7 Dasawar 1507 à 13h13

 
*** Krepion avait suivi ses deux comparses en direction du nord, alternant les regards toujours un peu méfiants envers la ressuscitée et d'autres inquiets en direction de l'énorme equilion.
Il mit à profit une courte pause au pieds des premières collines pour aller discrètement satisfaire un besoin naturel : s'éloignant de quelques pas en direction de la forêt encore proche, il finit par trouver un coin tranquille derrière un gros buisson d'orties.
A l'abri des regards, le vieillard baissa son pantalon et s'accroupit, vérifiant une nouvelle fois le confort de cette jambe articulée qui lui permettait de poser un étron facilement, sans s'adonner à la gymnastique complexe qui lui était auparavant coutumière pour trouver un équilibre dans cette position spécifique...

Son visage se contracta quelques instants, avant d'afficher cette béatitude typique qui s'ensuit invariablement après ce genre d'effort intestinal.
Puis il prit dans sa sacoche un des feuillets distribués en début d'expédition par la botaniste, qui faisaient régulièrement preuve d'une indéniable utilité, et s'en servit pour s'ébrener consciencieusement.

La manoeuvre pour se relever fut toutefois moins aisée que pour s'accroupir, et Krepion failli s'affaler dans le buisson d'ortie. ***


Aaaaieuuu ! Sal'té !

*** Sa fesse gauche s'ornait maintenant d'une trainée rouge, irritante et brulante, là où l'une des orties l'avait caressé de ses multiples piquants.

Le vieillard finit de se reboutonner, donna un coup de canne vengeur dans le buisson, et rejoignit ses compagnes l'air de rien, le pas un peu plus léger.
Régulièrement il ne pouvait toutefois s'empêcher de gratter machinalement son arrière-train irrité... Saleté d'ortie... ***



***

Sur le vélin souillé qui trainait dans l'herbe, oscillant doucement sous l'effet du vent, et autour duquel commençaient à se réunir quelques mouches grasses, Krepion aurait pu y lire, s'il avait su lire :

***

"Brosse du S'sarkh

Herbacées rare et pourtant, tristement célèbre, la Brosse du S'sarkh se présente sous forme de taillis denses évoquant des orties épaisses et ligneuses, hérissées de fins piquants affreusement irritants...

Le poison de cette plante n'est pas ordinaire : il inocule à l'infortunée créature qui s'y frotte par mégarde de minuscules granules, qui sont autant de graines en attente de germination.

Si l'on est ainsi contaminé, on souffre en permanence de vertiges, d'affaiblissement et de démangeaisons pénibles qui privent de sommeil, jusqu'à ce que mort s'ensuive. Les graines germent alors dans un bel ensemble, faisant de leur victime le meilleur des engrais possible. "


- Elite Fraternelle Tchaë -
Qui ne risque rien... ne rate rien.

 
Thanakis

Le Vayang 7 Dasawar 1507 à 14h44

 
Dans son fort intérieur, l’Erudite n’a aucune idée de ce qu’elle va bien pouvoir raconter à ses compagnons.

Quand elle a pris la mesure de la gabegie ambiante, elle a immédiatement opté pour la seule stratégie qu’elle connaisse sur le bout des ongles : le dialogue. C’était ça, ou la rafale de sorts offensifs ! Mais l’époque où ses collègues sorciers l’appelaient « sale guenaude », dans son dos, est révolue depuis longtemps. Thanakis n’est certainement pas née sage : elle l’est devenue, progressivement. Au terme d’un long et douloureux voyage...

Pourtant, voyant l’Omnisciente, le Contemplateur et le Peintre rassemblés, elle improvise par la force de l’habitude un discours qui lui semble adapté. Avant que d’entrer dans le vif du sujet, à savoir ce qu’il convient de faire à propos du Teslandrier, elle s’enquiert d’un ton qui se veut ouvert et amical :


Est-ce un effet de mon imagination ?

Il me semble que depuis quelques jours, de sombres nuages planent sur notre expédition. Je ne parle pas du drame, du seul drame véritable, qui nous affecte toutes et tous... la mort accidentelle de notre Grande Naturaliste, non : je parle des liens qui font de nous une fratrie, plus que la simple addition de personnalités, de races et de cultures variées...

Je ne peux croire qu’un échange acerbe, aussi vert soit-il, ou qu’une remontrance quelconque, aussi vive soit-elle, puissent défaire en peu de mots ce que des semaines de dangers et de joies partagés ont construit. Je ne peux le croire, car vous n’êtes pas des adolescents que l’on tance lorsqu’ils se chamaillent, vous êtes - nous sommes - des êtres supérieurs, des êtres... symbiosés.

Des êtres privilégiés.
Des êtres puissants.

Nos vies sont riches, aventureuses, fascinantes. Lorsque nous tombons, nous nous relevons, bien distincts des pauvres gens ordinaires qui nous regardent passer dans les rues avec des yeux ronds, l’expression marquée par la peur, par l’admiration, par la jalousie... et qui nous voient en icônes, en modèles, en guides...

Nous vivons, ils survivent.
Nous grandissons, ils stagnent.
Nous participons, ils regardent.
Nous ressuscitons, ils crèvent.

Et, pis que tout : Nous avons tous les droits, ils n’ont que des devoirs...

Voyez où nous sommes aujourd'hui ! Songez au chemin parcouru, à tout ce que nous avons découvert, au savoir accumulé ! Lorsque nous rentrerons, que d'histoires à raconter à nos proches, à nos amis, à nos enfants ! A tous ces gens qui ne peuvent sortir de leurs maisons, de leurs villes, qui sont coupés du monde, parce qu'ils n'ont pas de mou !

Vous verrez leurs yeux briller...

Ils pleureront la mort de notre sœur comme s'ils l'avaient vécue...
Ils vous feront répéter les mêmes phrases, encore et encore, pour rêver un temps ce que vous vivez tout le temps...

Alors, je m’interroge : qu’est-ce qui se passe, que je ne vois pas ? Qu’est-ce qui m’est caché, et qui vous perturbe à ce point ? Ce doit être grave ! Ai-je manqué à ma tâche ? Ai-je mal agi, sans le savoir ? Vous ai-je fait défaut ?

Ou peut-être... Y a-t-il des choses que j’ignore ? Des problèmes majeurs, urgents, qui mettent en danger toute l’expédition ?

Nos amis vont nous rejoindre bientôt. Baër’lupis cavale comme une folle dans les prés dans l’espoir de trouver votre assemblée joyeuse autour de son arbre, car ne vous y trompez pas : ce Teslandrier la ressuscitera bien plus que tous les piliers de poussière ne le feront jamais !

Allons-nous l’accueillir ainsi ? Avec vos têtes d’enterrement... et mes leçons à deux sous ?



 
Nelle

Le Vayang 7 Dasawar 1507 à 17h58

 
Alors que les deux tchaës marchent côte à côte, elles en viennent assez vite à reprendre une conversation qu'elles avaient laissé en suspens.

La naturaliste sort son grimoire magique, et montre directement à Nelle les arcanes inscrites dessus. On peut voir que certaines pages sont à peine usées, et ponctuées de fleurs et feuilles séchées : il s'agit plus d'un herbier que d'un grimoire !

Nelle le prend et commence à le feuilleter avec une déférence curieuse... Au fur et à mesure qu'elle parcourt le grimoire de Baër'Lupis, elle fait des commentaires à voix haute :


Si des sorts de soins moins personnels vous intéressent, je connais ceux de soin mineur et modéré. En terme de renforcement, il y a aussi l'aura d'essencialis. Pour ma part je ne m'en suis presque jamais servi, excepté la fois où mon père et moi avons combattu un monolithe de perversion... Très résistant à la magie, nous n'avons pu en venir à bout que par la force physique de mon père. Que l'aura d'essencialis, entre autre, m'a donc permis d'accentuer... Ce jour-là, lui et moi étions bien contents qui je sois en mesure de lancer ce sort...

Nelle frissonne à l'évocation de cet âpre combat, puis poursuit.

Je ne sais par contre s'il pourrait vous être d'une quelconque utilité dans vos recherches botaniques...?
Sinon, toujours dans la sphère d'essencialis, j'ai également appris le sortilège de fuite de mana... Celui-ci, par contre, je n'ai encore jamais eu l'occasion de le lancer...
Elle sourit. Je vous avoue que ce sort représente à mes yeux plus de l'esbroufe qu'un réel intérêt d'usage, mais il m'amusait de le connaitre !

D'ailleurs, connaissez-vous des plantes qui utilisent, ou dégagent cette...forme d'énergie ? La mana ?
C'est drôle, je ne m'étais guère intéressée à ce domaine avant le début de cette expédition, mais au fur et à mesure de nos découvertes -en tout cas elles le sont pour moi- je trouve le sujet tout à fait passionnant !
Vos recherches doivent l'être tout autant, et je cerne mieux votre engouement pour chaque nouvelle trouvaille....


Tout en parlant elle tourne les pages et s'arrête sur celle recensant les arcane d'évolution...

Je connais trois sortilèges en plus de ceux-là : Corps d'acier, Purge Corporelle, et Force de Taureau. Ce dernier est encore un de ceux qui ont permis à mon père de venir à bout de la carapace minérale du monolithe...
Cependant je vous recommande surtout le second : lancé correctement il vient à bout de la plupart des poisons connus ! Et si certains ne provoquent que de légères fièvres, d'autres peuvent être bien plus douloureux, quand ils ne sont pas carrément mortels... Oui, je vous copierai ce sort, il est toujours bon de savoir le lancer, surtout dans une expédition comme celle-ci, où l'on ne sait jamais quelle créature va nous tomber dessus...

Oh, quelle jolie fleur !


En continuant de tourner les pages du grimoire, Nelle s'est arrêtée sur une double page vierge qui s'orne d'une magnifique fleur aux pétales si fins et longs qu'il s'apparentent presque à des mèches de cheveux. Leur couleur rouge-orange encore vive et lumineuse malgré le séchage, ajoutée au jaune ardent du coeur de la fleur donne l'impression que celle-ci est un feu minuscule aplati sur le vélin, encore chatoyant...

***

***


Celui-ci se reflète quelques instants dans les yeux émerveillés de la jeune tchaë, avant qu'elle ne tourne enfin la page pour arriver à celle concernant la sphère de Chimère.

En Chimère aussi je connais d'autres sortilèges, plus ou moins utiles : si je n'ai encore jamais eu l'occasion de lancer Vent de Changement, Silence ou Perturbation visuelle, Brume de dissimulation et Invisibilité mineure se sont avérés fort utiles pour éviter l'agressivité de certaines créatures !

Terminant sur le chapitre de la Décrépitude, elle sourit à la mention du sort de Blessure légère.

Vous savez que c'est ce sortilège qui a mis fin à notre combat contre le monolithe ?! Un simple exercice de débutant, qui a parachevé de justesse le combat de longue haleine que menait mon père avec son baton ferré...!!
Si cette sphère vous interesse, je n'aurai par contre que le sort d'Affaiblissement à vous proposer... Et encore, il serait à mon avis plus rapide de l'acheter en bibliothèque, vu son faible prix, car le copier me prendrait du temps...


Elle rajoute alors d'une voix plus basse, l'air un peu mal à l'aise...

Cette sphère m'intrigue et me répugne à la fois... Peut-être est-ce pour cela que son apprentissage m'est plus difficile que les autres...
Décrépitude... Il y a dans cette arcane un coté sombre qui m'a donné le sentiment de me...souiller... chaque fois que j'en ai usé... Et pourtant toujours cette espèce d'excitation...malsaine...


Un frisson la parcourt tandis qu'elle referme le grimoire et le rend à sa propriétaire.


Oh, et j'ai failli oublier : Eleuname m'a ramené de son escapade à Farnya les parchemins de Soin Majeur et d'Adresse du singe. Il me faut encore trouver le temps et la concentration pour les apprendre, mais vous pourrez les rajouter à la liste de ceux que je peux vous copier... Bien qu'il me faudra certainement un temps considérable pour copier ces sorts de cinquième arcane...

Voilà, vous savez tout !
conclut-elle dans un large sourire.

Dites-moi donc ce qui vous interesse, et puisque vous avez des parchemins conceptuels j'arriverai peut-être à ne pas mettre trop de temps à vous les copier.
Ah d'ailleurs, je crois que je vous l'avais déjà dit, mais voilà ce que j'avais acheté pour mon père, à l'origine :


Nelle sort de son sac trois vélins bruts et des sachets d'Akonite en poudre et les tend à la naturaliste.

Cela vous servira plus qu'à moi, si vous désirez travailler d'autres parchemins. Oh, et ceci. Il me semble que ça entre dans la composition de certaines recettes d'enluminage, pour le peu que j'en sais.


Une cervelle de chiroptère, désormais séchée, vient s'ajouter aux précédents ingrédients.
Soudain, la jeune propage se fend d'un sourire d'excuse.


Oh mais pardonnez-moi, je parle, je parle... Racontez-moi plutôt vos recherches mêlant magie et botanique ?!


Vous pouvez juste lire ce sujet...