Les Mémoires de Syfaria
Hors de toute région civilisée

Refleurir les jardins d'Ykena

Botanistes et Naturalistes bleus en mission
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Sujet lancé par MJ Syfaria
Le 29-10-1507 à 17h55
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Posté par Baër'lupis,
Le 29-01-1508 à 13h21
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Baër'lupis

Le Luang 10 Dasawar 1507 à 12h44

 
La vieille sourit de l'attention presque révérencieuse que lui porte Nelle en l'écoutant. En l'entendant parler à son tour, elle se mit à réfléchir sur la façon dont les évènements qui marquent la jeunesse forgent à vie la caractère et la personnalité. Elle comprit mieux, dès lors, la candeur et l'ouverture d'esprit de la jeune tchaë.

Je vois, vous avez vécu en quelques années ce que beaucoup de chez nous n'ont pas vécu en une vie.

Au moment où le Témoin s'intéressa au sort de marin, la botaniste les suivit machinalement, en portant les affaires du vieux. A dire vrai, elle savait qu'ils approchent du campement, et toutes ses pensées étaient dirigées vers ce qui les y attend. Etait-ce vrai ? Dans ce cas, qu'allaient-ils faire ?

Plongée dans une excitation angoissée qui lui dévorait les sens, elle ne vit pas les deux autres prendre de l'avance, puis disparaitre au loin. Seul l'équilion, qui mugissait d'inquiétude, était à sa hauteur.

Lorsqu'elle arriva, tous étaient rassemblés autour d'un des membres. La botaniste avait prévu d'aller saluer tout le monde, de montrer embrassades et accolades, car elle souhaitait montrer l'affection qu'elle portait à ses compagnons, et à la vie en général.

Mais elle le vit. Son oeil fut irrémédiablement attiré par un crépitement de lumière. Elle se tourna, et le vit.

L'Euphorbe Tesla. L'arbre mythique, dont ses professeurs avaient parlé comme d'une espèce remarquable en train de disparaître. Le teslandrier, dompté par les nemens, puis tombé dans l'oubli.

Elle tomba sur ses genoux, aphone, puis resta immobile plusieurs minutes. Les pensées s'entrechoquèrent dans sa tête, puis disparurent toutes en même temps pour laisser place à la béatitude.

Des cris la rappelèrent à la raison. Le marin hurlait comme un cochon égorgé, puis se tut. Autour, des cris étonnés fusèrent.

Elle se leva, puis rejoignit le groupe. Elle réalisa que quelque chose de grave se passait, et maudit son manque d'empathie. Elle bouscula sans ménagement les gens attroupés autour du marin et tomba nez-à-fesse avec le postérieur sec et malade de Krepion.

Elle observa un instant les blessures, puis s'exclama en regardant Thanakis :

Coquin de musard ! Il est allé se fourrer dans les brosses ! Regardez, là, et là ! ça commence à lui germer dans le fion !

La vieille recula, puis alla chercher ses affaires dans les malles d'Erjin. Elle en sortit des fioles et des onguents, qu'elle commença à mélanger.

Il va bien voir, par lui-même, ce que ça fait de trépasser. Il va nous claquer dans les doigts, et je ne suis pas bien sûre de pouvoir décocter mon herbicide à temps.


 
Krepion Loudmer

Le Luang 10 Dasawar 1507 à 14h35

 
*** Krepion navigue entre conscience et inconscience, vaste océan de visions toutes plus absurdes les unes que les autres. Tantôt il crie et se débat, tantôt il geint avec fatalité. Les monstres qui l'entourent et le torturent changent sans cesse d'apparence, de voix de comportement, de couleur...

On l'examine, on l'osculte, on le palpe. Pour le corps torturé du marin chaque geste est une agression, une violation, une persécution, qui se matérialisent dans son esprit en une suite d'images des plus déroutantes, de plus en plus destructurées...








A à un moment, le vieillard ouvre un oeil et s'imagine apercevoir la botaniste curieusement dédoublée, en adoration devant un arbre.



Une vision troublante mais la première n'ayant pas pour effet d'augmenter sa terreur. Le sentiment de plénitude qui l'accompagne contribue au contraire à l'apaisement du corps et de l'esprit du marin, qui se détend imperceptiblement dans les bras de son ravisseur.
Une nouvelle vision apaisée s'ensuit alors... Thanakis la femme-poisson s'entoure du reste du groupe devenus oiseaux, dont les sifflements rassurants bercent peu à peu les peurs irrationnelles du marin....



Krepion est maintenant tout à fait calme tandis que Baër'Lupis lui tâte le derrière... Le peintre qui lui murmure des paroles apaisantes se demande même si c'est bien un sourire qui germe au coin de ses lèvres écumeuses...?

Mais ce n'est que l'accalmie qui précède la tempête, car soudain le vieillard se cambre avec une intense violence, ses yeux se révulsent tandis qu'une douleur aigue le parcourt et qu'une nouvelle vision d'horreur envahit son esprit, persistante.


***


- Elite Fraternelle Tchaë -
Qui ne risque rien... ne rate rien.

 
Thanakis

Le Luang 10 Dasawar 1507 à 20h20

 
Catastrophée, l'Erudite voit l'état du marin s'aggraver sans pouvoir soulager son mal. En désespoir de cause, elle incante une magie de purge, espérant ainsi éliminer d'éventuels poisons ou maladies de son corps martyrisé... en vain. Rien ne se passe !

C'est alors que la Grande Naturaliste intervient ; elle demande finalement à Thanakis :


Dame-soeur, auriez-vous dans vos affaires de quoi décanter du cyanure de sel, et un peu de graisse pour l'incorporer ? Avec ce que j'ai de mon côté, ça devrait faire l'affaire, mais cela ne nous permettra sans doute pas de sauver sa peau...

La Première-Née répond, d'une voix atone, en baissant la tête :

Non, hélas ! Toutes mes affaires sont au campement !
Il va mourir...


 
Nelle

Le Matal 11 Dasawar 1507 à 01h44

 
Quoique moins effrayée, Nelle est autant surprise et prise au dépourvu que le vieux marin lorsque le Contemplateur arrive derrière lui et le ceinture en seulement quelques secondes.
Elle se recule pour éviter un coup, et observe la scène quelques secondes avec désappointement...Thanakis et Eleuname ne lui auront pas laissé le temps de savoir si la méthode douce aurait pu suffire à convaincre le marin...
Ses cris, ses pleurs, ses pathétiques tentatives pour se libérer de l'étreinte musclée du nelda sont autant de regrets pour la jeune tchaë de ne pas avoir réussi à faire autrement...
Mais quand elle voit les yeux révulsés et l'air perdu, complètement désorienté du vieillard, elle comprend qu'il n'y a pas d'autre solution... Celui-ci est manifestement en proie à une démence désormais incontrôlable. L'écume qui s'échappe de ses lèvres serrées, les cris inintelligibles et les mouvements désarticulés qu'il émet sporadiquement en témoignent...

C'est malgré tout le coeur déchiré que Nelle aide à la manoeuvre comme elle le peut.
Assister impuissante aux râles de souffrances et de terreur du vieil homme lui devient d'ailleurs à un moment tellement insupportable qu'elle s'éloigne quelques instants, les larmes aux yeux.

Bien mal lui prend, car un loup malfaisant surgit de derrière un rocher et se jette sur elle avec une violence inouïe ! Ce n'est pourtant pas la faim qui l'anime, car la créature dénaturée repart aussitôt pour disparaitre entre les rochers, laissant la jeune tchaë presque morte.
Nelle met d'ailleurs quelques longues minutes à reprendre ses esprits et à réussir à faire les gestes nécessaires à un sort de soin.

Quand elle retourne finalement auprès du vieillard à l'agonie, soignée et ressaisie, c'est pour entendre tomber le verdict de Thanakis.

" Il va mourir..."


S'sarkh, non... murmure-t-elle avec effarement.
Que ne l'a-t-elle pas laissé au campement avec le soldat, au lieu de le trainer avec elle jusqu'aux bois, puis à travers les montagnes ?!!
Qu'a-t-elle fait ?!!!

Levant tour à tour un regard suppliant vers Thanakis, puis vers Baër'Lupis dont elle attrape le bras des deux mains, elle s'exclame d'une voix paniquée, frisant l'hystérie :


Non ! Il y a bien quelque chose à faire !?!
IL Y A BIEN QUELQUE CHOSE A FAIRE ?!!


 
Baër'lupis

Le Matal 11 Dasawar 1507 à 01h56

 
La vieille pesta.

Qu'allons-nous faire, par Korany !

Elle balança sa préparation au sol, puis se mit à faire les cent pas à côté du marin retourné, qui s'éveillait de sa torpeur en hurlant des cris de douleur. De temps à autres, elle observait les germes de Brosse, qui se développaient dans Loudmer, puis parlait toute seule. Les assauts de Nelle, loin de la déconcentrer, la pressaient à intervenir le plus rapidement possible.


Bon, bon, bon... nous ne les tuerons pas de l'extérieur, alors, il nous faut trouver autre chose.

Alors ... si nous devons considérer que les germes se nourrissent maintenant de Loudmer comme d'un terreau, alors elle doivent puiser l'énergie de leur croissance dans la sienne propre, dans son sang, auquel cas ...


Elle s'arrêta, levant un doigt au ciel.


Auquel cas, il nous faudra procéder ainsi ...

Mais non, non, non. ça ne pourra qu'accélérer sa mort, tant il est déjà affaibli ... Imbécile de têtu, trop fier pour dire quoi que ce soit. Il est perdu, ah le pauvre !

Bon, nous n'avons pas le choix, de toutes façons.


Elle héla tous ses compagnons, pour qu'ils l'écoutent avec attention.

Frères, nous devons agir vite ! Les prochaines minutes seront décisives !

Il faudra empoisonner le sang de notre compagnon, pour qu'il empoisonne la plante à son tour. Au moment où la plante mourra pour de bon, nous devrons immédiatement purger son sang grâce aux soins magiques.

J'ai besoin de savoir qui parmi vous maitrise les arcanes sombres qui corrompent le sang. S'il n'y en a pas parmi nous, j'aurai besoin d'un homme au pas leste pour aller quérir du venin naturel, par exemple là-bas.


La naturaliste désigna, loin au sud-ouest, dans les hauteurs de la cuvette où ils étaient, un buisson autour duquel virevoltaient des insectes énormes.

Allons-y, agissons, et vite !


 
Cälli

Le Matal 11 Dasawar 1507 à 07h57

 
*** Cälli se relève semblant toujours calme extérieurement. Intérieurement le Tchaë accumulent les raisons pour se développer, apprendre, pour "servir" enfin... ***


Oui, la plante attire les Sikramen... Dites nous comment récupérer le venin, j'y vais de ce pas.

 
Thanakis

Le Matal 11 Dasawar 1507 à 11h36

 
Oui ! Le poison est la solution ! Mais la Décrépitude ne donnera rien... elle ne génère pas de véritables toxines, elle provoque simplement des effets similaires... les granules parasites ne seront pas affectées !

Frère Cälli, si j'osais...


Hésitante :

Il faut porter Krepion Loudmer jusqu'au pied d'Alambarique. Inutile d'y aller à plusieurs, ce serait risquer des empoisonnements superflus et de dangereuses attaques...

L'un d'entre nous doit y aller. Quant à savoir qui...


Regardant le Peintre Royal :

Voulez-vous le faire ? Voulez-vous porter votre frère jusqu'à ces créatures ? Elles attaqueront immédiatement, soyez-en sûr... elles VOUS attaqueront, avant de piquer notre ami...

Ne tardez pas. Je vais vous protéger comme je le puis.


 
Cälli

Le Matal 11 Dasawar 1507 à 14h34

 
Oui... Evidement, je m'en occupe..

*** Sans hésitation le mage se baisse vers le vieux marin et le soulève, puis commence à avancer en direction des créatures... Le peintre peste un instant contre sa frêle musculature, il lui fallait un peu d'aide, le vieux Tchaë était plus lourd que prévu... Eleumane vint aider le peintre, prenant les jambes de Loudmer. Cälli lui tenait le haut du corps, sous les bras, et avançait en tête.

Heureusement, la distance à parcourir n'est pas bien grande...

Plus Cälli avance, plus le vrombissement des Sykramen revet un air sombre, comme une marche funèbre...

Contre toute attente le Tchaë sourit, saisit par l'ironie de la situation... Il avait souvent eu, au début, des rêves de grandeur de ce type, pouvoir, tel un héros, avancer au mépris du danger, le corps insensible (enfin... presque) aux douleurs qui l'attendaient...

Mais finalement, il n'avait jamais rencontré que les inconvénients de son état de sentience restraint. Et voilà que, pour une fois, dans une de ces situation héroïque qu'il avait appelée de ses voeux étant plus jeune et fougueux, il ressentait en réalité une peur grandissante à chaque pas...

Puis murmurant pour lui même, pour se donner un peu de courage et aprcourir les derniers mètres:
***


N'a de courage que celui qui a peur, comme disait papa...

 
Narrateur

Le Matal 11 Dasawar 1507 à 16h20

 
*** Les abeilles géantes et difformes grondent et décollent du sol en tournoyant, leurs dards hideux pointés en évidence hors de leurs abdomens distendus.

Tandis que le Peintre approche, portant le marin seul sur les derniers mètres, elles fondent sur le duo de tchaes et attaquent sans attendre : à plusieurs reprises, elles perforent le corps du vieillard, incapable de se défendre et d'esquiver les assauts...

Cälli, lui, n'a nul besoin d'être piqué : il esquive les plongeons des monstres comme il le peut, sans toutefois lâcher sa précieuse cargaison, qui serait sans doute dévorée s'il venait à l'abandonner sur place.

Le poison se répand dans les veines de Krepion Loudmer, s'attaquant aux tissus vivants et aux nerfs. Lorsqu'il parvient au contact des granules de Brosse, il les neutralise, puis les tue sans autre forme de procès. L'Etat du marin, déjà déplorable, devient critique : cette fois, ce sont les sykramens qui vont avoir sa peau !

Cela suffit, décide le peintre : il recule avec hâte, tirant le quasi cadavre martyrisé du marin en arrière, l'éloignant de l'Alambarique si précieux aux yeux des Sykramens.

Cyan s'avance alors et par magie, purge Krepion du poison qui continue son mortel office...

Aussitôt, le tchae ouvre les yeux : il se redresse sur un coude, regarde l'assemblée des explorateurs penchés sur lui...

A son air à la fois hagard et soupçonneux, tout le monde comprend qu'il a repris et ses esprits, et sa santé ! ***


 
Krepion Loudmer

Le Matal 11 Dasawar 1507 à 17h51

 
*** Krepion ouvre effectivement les yeux l'air hagard, d'un coup, comme s'il se réveillait d'un mauvais rêve. Puis rapidement toutes sortes d'image lui reviennent, et toutes sortes de sensations, tandis qu'il se rend compte qu'il git complètement à poil dans l'herbe enneigée. On lui a même ôté sa jambe pour l'examiner...
L'examiner ?! Le torturer, plutôt !!

Comme une grande claque mentale, les derniers évènements lui reviennent en masse, lui rappelant douloureusement que ce n'était pas complètement un mauvais rêve... Le manège de la sorcière bleue, avec la complicité de la gamine qui avait pourtant l'air si gentille, pour le livrer aux mains du nelda sanguinaire... Krepion jette un regard affolé vers Eleuname, mais celui-ci semble avoir retrouvé sa forme habituelle, tout comme Thanakis et Nelle qui ont elles aussi dégonflé...
Qu'importe, ça ne prend plus, Krepion connait maintenant leur véritable nature !!

Rapidement, sous les regards un peu tendus et expectatifs de ses bourreaux, Krepion s'éloigne vivement en rampant dans la neige, sans se soucier de sa nudité et du froid mordant.
Fuir ! Il doit fuir avant qu'ils ne se ressaisissent de lui et ne le tourmentent à nouveau !!

Avant que quiconque ait eu le temps de faire un geste, il arrive aux pieds du tisseur de rêves, qui a observé le déroulement des derniers évènements avec l'impassibilité propre à sa race. Mais celle-ci le quitte subitement, car alors que Krepion s'apprêtait à lui quémander son aide, la puissante créature lui assène deux baffes dignes d'une matriarche en colère. Puis il s'éloigne sans plus d'explication, toujours aussi stoïque et énigmatique...

Krepion émet un gargouillement ensanglanté, observant d'un oeil vide son sang fraichement purgé se répandre sans la neige...
Mais pourquoi donc tout le monde s'acharne sur lui ??!!!

Mais déjà l'Erudite à l'affut l'a rejoint et commence à incanter le sort qui va l'achever. Le vieillard terrorisé ferme les yeux et attend la mort avec une sorte de résignation, et de soulagement...
Mais c'est la vie qui sort de ses mains, et en quelques instant la vieux marin est de nouveau presque intact... ***


Krepion Loudmer ! Revenez... et n'approchez pas de cet arbre !

*** La botaniste l'a également rejoint, et les deux femmes se tiennent debout devant lui, lui coupant toute retraite. Les mains de Thanakis crépitent de mana contenu... Comme statufié, Krepion comprend le message clair comme de l'eau de roche : il est sa chose, elle le tient en son pouvoir. S'il tente encore de fuir, elle le tuera... ***


- Elite Fraternelle Tchaë -
Qui ne risque rien... ne rate rien.

 
Baër'lupis

Le Merakih 12 Dasawar 1507 à 01h38

 
Lorsque le peintre retire le marin du guêpier, la botaniste jette un rapide coup d'œil à l'état des germes sur son corps. Le contour gris, presque de cendre des plantes jaunies et fanées montrent qu'elles sont bien mortes. Elle approuve alors les soins portés à Krepion.

Mais lorsque celui-ci recule, en gémissant, vers l'arbre mythique, elle ne peut que rejoindre Thanakis pour l'empêche d'avancer, à tout prix.

Alors qu'elle voit le vieillard, secoué de peur, les mains devant son visage, elle n'a qu'une envie : celle de lui coller un aller-retour. Mais, le tisse-rêve s'en est déjà chargé, et le tchaë n'a pas recouvert ses esprits.

Elle se penche vers le marin, dégrafe son manteau, l'en entoure en susurrant des paroles réconfortantes. Puis, elle le serre dans ses bras, comme un vieil, très vieil enfant.


Calmez-vous, mon frère. Vous êtes entouré d'amis. Vous venez de traverser le pire, et la meilleur reste à venir. Reposez-vous, et prenez une bonne gorgée, cela vous fera du bien.

La botaniste débouche une petite bouteille, et la pose dans la neige, à côté de lui.


 
Nelle

Le Merakih 12 Dasawar 1507 à 20h38

 
Mal à l'aise et quelque peu désemparée, Nelle est restée en retrait pendant toute la dernière phase de "l'opération de sauvetage".
En regardant le vieillard nu se trainer dans la neige pour fuir ses sauveurs, elle est partagée entre le dégout et la pitié... Le pauvre vieux a-t-il définitivement perdu l'esprit ?

Mais le tisseur interrompt ses pensées, en manquant de tuer le fuyard. Nelle s'approche, prête à aider, mais la créature s'est déjà éloignée et la puissante magie de Thanakis a fait son oeuvre... sur le corps du marin à défaut de son esprit, car celui-ci semble encore plus se ratatiner de terreur devant la dame bleue...
Elle dépose les affaires du marin devant lui et se recule de quelques pas, se tournant vers la jeune tchaë :


Viens, Nelle, s'il te plait... ta présence devrait rassurer notre ami, parce que moi... je lui fais peur...


Nelle hésite, un infime instant, avant de se tourner vers le marin. Mais elle voit avec soulagement que Baër'Lupis a pris les devants.
Elle observe l'étrange couple durant quelques secondes, sans esquisser le moindre geste, avant de répondre à Thanakis :


Oui...Il a l'air complètement perdu...Mais je crois que notre Directrice a pris les choses en main.

Et tant mieux... songe-t-elle.
Nelle repense avec un certain malaise au regard plein de déception et de haine que lui a lancé le vieillard quand Eleuname l'a saisi par surprise... Il n'est pas dit qu'il ait maintenant plus confiance en elle qu'en l'Erudite, s'il l'a effectivement associée à la manœuvre...
La botaniste n'est arrivée qu'après, elle risque donc d'être bien plus convaincante pour expliquer au marin que tous n'ont agis que pour son bien... La tache promet de ne pas être des plus simples...

Le regard de Nelle se pose de nouveau sur le visage encore tendu de l'Erudite, s'arrêtant un court instant sur sa joue gauche, qui heureusement ne porte plus la marque de sa rencontre avec la semelle Loudmer.
Lui prenant la main elle demande doucement :


Et toi...ça va ?

 
Krepion Loudmer

Le Merakih 12 Dasawar 1507 à 22h08

 
*** Quand l'Erudite reprend la parole après l'avoir soigné, l'air furieux avec lequel elle s'exprime confirme ses craintes : elle va le tuer s'il moufte. Aussi ne prend-il pas le risque de réagir. ***

Allez-vous donc vous calmer ? Un vil poison a manqué de vous tuer, et nos amis ont pris des risques pour vous sortir de ce mauvais pas. Ne les regardez pas comme s'ils n'étaient qu'une bande de criminels...

*** Complètement tétanisé, Krepion n'esquisse pas non plus le moindre geste lorsqu'elle dépose ses vêtements et sa jambe près de lui, et continue de faire le mort quand elle s'éloigne de quelques pas... C'est peut-être une ruse...

Il ne peut par contre s'empêcher de se raidir imperceptiblement quand la botaniste, qu'il avait presque oubliée, s'agenouille, lui passe son manteau sur les épaules et le serre contre elle. Le marin reste quelques secondes tendu comme une corde de violon, ne sachant plus quoi croire ou penser...
Depuis deux jour il souffrait le martyr, et ces dernière heures en ont été l'apogée. Il n'en garde que des souvenirs flous, mais imprégnés de terreur, de souffrance, d'humiliation...

Subitement le corps tremblant et noueux du vieillard se ramollit dans les bras de la vieille tchaë, tandis qu'il se met à pleurer à chaudes larmes. Il entend vaguement le peintre lui parler lui aussi, mais n'y prête guère d'attention, s'accrochant simplement à Baër'Lupis tandis qu'il laisse libre cours à son désarroi et sa honte.
Au bout d'un moment, il remarque la petite bouteille, la saisit et en avale son contenu d'un coup, ce qui semble effectivement lui faire du bien...

Puis il se redresse enfin, lentement, les yeux baissés, et entreprend de se rhabiller en silence. Il sent peser sur lui les regards de ses compagnons, et songe qu'il ne s'est jamais senti aussi misérable. ***


- Elite Fraternelle Tchaë -
Qui ne risque rien... ne rate rien.

 
Thanakis

Le Julung 13 Dasawar 1507 à 01h00

 
Surprise, Thanakis accueille la main de Nelle et la regarde avec une curiosité non feinte :

Moi ? Et bien, je...


Depuis combien de temps ne lui a-t-on posé une telle question ?


Je vais bien. Mais pour moi, c'est facile, alors que pour lui...

S'avançant vers l'unijambiste, l'Erudite le regarde sans manifester son sentiment, consciente qu'à ce stade de son "rétablissement", toute démarche sera interprétée à contrario de son intention. Pourtant, quelque chose la taraude, maintenant qu'elle sait ce qui affligeait le marin :

Frère Krepion...

Il y a trois jours de cela, vous vous êtes sans doute assis sur un massif de Brosse du S'sarkh, et les granules de cette terrible plantes se sont insinuées sous votre peau.

Ces granules génèrent une démangeaison telle qu'on se gratte et se frotte jusqu'au sang, parfois jusqu'à se dépouiller de sa peau. L'insomnie est totale, et la folie frappe dès les premières heures. En général, la victime d'un tel mal meurt au coucher du soleil ou, le jour revenu, d'un arrêt du cœur...

On a vu parfois des guerriers vétérans, ou des mineurs de fond, ou des paysans aux conditions de vie épouvantables, tenir jusqu'au second soir, et ne mourir - de folie suicidaire, ou des conséquences d'infâmes hallucinations - que la nuit suivante...

La Brosse du S'sarkh se moque de la vitalité ou de la robustesse de sa cible : elle tue parce qu'à un moment ou à un autre, l'esprit cède. Alors, le corps lâche à son tour...

A ma connaissance, jamais personne n'a tenu trois nuits et trois jours.

Par le mot ! Krepion Loudmer ! Dans quel genre d'enfer avez-vous grandi ??


 
Krepion Loudmer

Le Julung 13 Dasawar 1507 à 10h59

 
*** Le regard toujours baissé, Krepion l'entend plus qu'il ne la voit s'approcher, reconnaissant désormais sans mal sa démarche redoutable. Que lui veut-elle, encore...?!
Sans bouger, il l'écoute cependant parler avec attention, car si elle dit vrai il peut maintenant mettre un nom sur le mal qu'il vient d'endurer...
Mais bien qu'elle laisse à penser qu'il vient de réaliser -bien malgré lui- un exploit, il ne ressent nulle fierté.

A sa question, il ne peut toutefois s'empêcher de frémir et de lever furtivement les yeux vers elle, avant de fixer à nouveau la neige.

Ainsi voilà la nouvelle torture qu'elle lui a préparé ? Après qu'il ait été déshabillé, palpé, humilié... faible et ridiculisé aux yeux de tous... Après son corps c'est donc son âme qu'elle voudrait voir mise à nue, dépouillée, dépecée devant eux ?!!

S'égrènent quelques secondes de silence, puis il répond simplement, le regard toujours fixé sur la neige : ***


Du genre dont on ne ressort pas grandi.

- Elite Fraternelle Tchaë -
Qui ne risque rien... ne rate rien.

 
Thanakis

Le Julung 13 Dasawar 1507 à 12h21

 
Du genre dont on ne ressort pas tout court...
Vous êtes toujours dedans, mon frère.


Thanakis se dit qu'une façon de requinquer le marin serait de le tancer : le ton monterait, ils s'enverraient toute une palanquée de noms d'oiseaux à la figure ("richarde", "vieux débris", "salope", "éponge", "maudite sorcière", "musard"...), ce qui lui ferait le plus grand bien. Seulement voilà : ils ne sont pas seuls. L'Erudite ne se fait aucune illusion, sa démarche serait incomprise.

De toute façon, Krepion Loudmer est trop apeuré pour l'instant. La Première-Née ne renonce pas à son projet, se demandant néanmoins si le vieux renard tombera dans ce panneau. Bah ! Qui ne tente rien...

Quoi qu'il en soit, il n'aime pas être au centre de l'attention, et n'attend qu'une chose : qu'on l'oublie, momentanément.

Thanakis peut lui rendre ce service. S'asseyant sur un pan de sa robe, elle commence un petit discours d'une voix posée :


A ma connaissance, il n’y eu jamais que trois Teslandriers sur Syfaria.

Le premier fut localisé sur l’île de la Tortue, au centre du lac au Pic. Cela remonte à plus de 3 siècles... Il n’avait pas vraiment poussé en haute altitude, c’est sans doute pour cela qu’une équipe de pêcheurs poussiéreux le trouva sans mal.

Plus qu’intrigués par cette plante extraordinaire, ses découvreurs s’en approchèrent mais fort heureusement, furent témoins de la désintégration d’un mimic, instantanément réduit en cendres alors qu’il passait trop près de ses branches ! Ils comprirent qu’ils avaient découvert quelque chose d’exceptionnel, et chacun en parla à ses factionnaires.

Une équipe pluridisciplinaire et plurifactionnaire se constitua. Conseillée par des nemens, elle nomma et étudia le Teslandrier. Son cycle de vie fut ainsi établi, de même que la condition sine qua none de son apparition et de sa croissance. Elle rentra faire son rapport, puis fut renvoyée sur place pour conduire d’autres expériences...

A son retour, la plante avait disparu. A sa place, on ne trouva qu’un cratère, bien lisse, bien propre...

Le second causa accidentellement la mort d’un chasseur tydale, il y a 275 ans. Le drame eut lieu dans les montagnes qui environnent la cité interdite de Kryg : le guerrier mâle pensait sans doute s’abriter sous un chêne étrange, mais... normal. Ce guerrier, cependant, est revenu à la vie par un pilier de poussière. Il a donc pu témoigner, et situer l’endroit de sa découverte. Les matriarches sont allées sur place pour observer la chose, s’étant entre-temps informées à son propos auprès des autres factions et des nemens, de sorte à ne pas commettre d’impairs...

Le chasseur leur servi de guide. En lieu et place d’un Teslandrier, les matriarches ne trouvèrent qu’une roche nue, en creux, vierge de toute plante...

Cette fois, l’histoire fit le tour de Syfaria : bien que les deux disparitions soient éloignées de plusieurs décennies dans le temps, et de centaines de lieues dans l’espace, la coïncidence était troublante ! Les uns accusèrent les autres d’avoir dérobé les plants merveilleux, sans doute dans l’espoir de les replanter au cœur des cités, pour les protéger de la foudre ?

Si cette idée peut vous sembler saugrenue, vous devez savoir que depuis la première expédition de 1188, les savants factionnaires savent très bien qu’un gland de Teslandrier ne peut germer de façon artificielle :

Pour qu’une graine prenne racine, elle doit être foudroyée ! Il existe une magie permettant de simuler un éclair de fluide électrostatique, mais sa puissance est ridiculement faible par rapport à la foudre naturelle d’un orage, surtout d’un orage de montagne. Non seulement la graine ne germera qu’à cette condition, mais en plus, l’impact énergétique doit être extrêmement violent : la plupart du temps, il sera insuffisant. Alors, ce que peut faire un mage, ou même un aréopage de mages, est comparativement négligeable...

Dès lors, il n’y a qu’une façon de « planter » un Teslandrier chez soi : il faut l’emporter.


La Dame beue fait une pause, observant la plante toujours crépitante, auréolée de feux de Saint-Elme et parcourue de boules bleues, lumineuses et frémissantes :

Le troisième...

Vous l’avez devant vous.



 
Baër'lupis

Le Julung 13 Dasawar 1507 à 14h12

 
Lorsque le marin marin pleura à chaudes larmes sur son sein, quelque chose, qui avait cassé en elle, semblait se recoller d'un coup. Elle retint elle-même de fondre en sanglots.

Vivant.

Il était vivant, aussi vivant qu'elle l'était. Malgré l'intensité des souffrances qu'il avait enduré, elle ne put s'empêcher de l'envier.

Alors qu'il remettait ses frusques en regardant vers le bas, elle ne put s'empêcher de lui sourire. Un sourire qui ne trahissait aucune pitié, mais au contraire qui irradiait la joie.

Elle revint à la réalité, en entendant la dureté de l'échange entre Krepion et Thanakis.

Elle écouta attentivement le discours de Thanakis, en hochant la tête à plusieurs reprises, puis rétorqua.


Allons, allons ! Nous avons de fortes chances de condamner cet arbre, si nous l'extrayons de son milieu, si tant est que nous puissions effectivement le faire.
J'aurai, de toutes les manières, besoin de ces glands pour mes études.


La botaniste se frotta le menton.

Alors, nous pourrions attendre qu'il se décharge entièrement... Ce qui risque de prendre un bon moment. Plus nous restons ici, plus nous compromettons l'arbre.

Elle jeta un regard en coin au nelda.

En revanche, avez-vous vu la proximité entre le Tesla et cette source d'eau ? Ah, si seulement nous pouvions en changer le cours...


 
Thanakis

Le Julung 13 Dasawar 1507 à 14h39

 
Ne vous mèprenez pas sur mes paroles, Ô Grande Naturaliste : ce que j'essaie de vous dire n'est pas "emparons-nous de cette plante"... dans l'hypothèse irréaliste où nous aurions ce pouvoir... et où nous pourrions cautionner un tel crime.

J'essaie de vous dire que les deux exemplaires historiques, les deux seuls Teslandriers découverts à ce jour, dès l'information divulguée, ont été volés, arrachés à leur support, et emportés.

Nulle faction poussiéreuse n'est capable d'un tel exploit. A ma connaissance, seuls les rejetons, ou les nemens, peuvent accomplir pareil prodige. Pourquoi ? Parce qu'un Teslandrier ne se décharge jamais : sans quoi, il mourrait. Il perd de sa violence avec le temps, nous pourrons bientôt récolter les glands tombés à ses pieds...

Mais lorsque nous serons repartis, lorsque plus personne ne pourra assister au vil larcin qui peut-être, se prépare déjà... il sera pillé.


 
Nelle

Le Julung 13 Dasawar 1507 à 21h40

 
Nelle écoute avec attention ce que leur révèle Thanakis. Elle comprend mieux pourquoi elle n'avait jamais entendu parler de cet arbre avant cela, et surtout pourquoi le rapport d'Eleuname au socle des Contemplateurs a tant révolté l'Erudite...

Cela dit, tout ne lui semble pas pour autant limpide... Ainsi les conclusions découlant des deux seuls autres exemplaires connus désigneraient les nemens ou bien les rejetons comme kidnappeurs de ces arbres si rares ?
Puisque manifestement l'hypothèse que ces disparitions pourraient tout simplement être le résultat d'un mécanisme...d'auto-défense ou d'auto-destruction de l'arbre, semble soit n'avoir pas été soulevée, soit être écartée...
Un arbre associal, qui disparait ou fuit dès que ses découvreurs ont le dos tourné... L'idée fait sourire Nelle, mais ne lui semble finalement pas si saugrenue, après toutes les plantes aux capacités ou comportements étranges qu'ils ont récoltées depuis le début de cette quête botanique...

Mais là n'est manifestement pas la question. Même si pour Nelle la conclusion parait un peu rapide, Thanakis semble sure de son fait, en parlant de pillage...
Et quand bien même ces disparitions soient bien l'oeuvre des nemens ou des rejetons... Enlèvement ? Destruction ? Et pour l'un comme pour l'autre, dans quel but, ou pour quelles raisons ?
Les nemens vivent dans une cité-puit, quel besoin auraient-ils d'un paratonnerre ?? Ou les rejetons, éparpillés sur l'île ou habitant, comme certaines rumeurs le prétendent, eux aussi dans une cité souterraine...
Si c'est alors un besoin d'élimination, ou au mieux d'étude secrète, que provoque ces arbres... quel secret inconnu des races de poussières cherche-t-on à leur cacher ?

Décidément, que de questions, songe la jeune tchaë. Avant de demander finalement à voix haute :


Alors, que devons-nous faire... ?


 
Krepion Loudmer

Le Vayang 14 Dasawar 1507 à 00h53

 
*** Prenant bien soin de ne pas exprimer la moindre réaction à la réplique pour le moins ambigüe de l'Erudite, Krepion s'était enfin remit à respirer normalement en constatant avec soulagement qu'elle changeait de sujet, et ramenait sur elle l'attention par la même occasion.
Il écouta distraitement ce qu'elle avait à raconter, avant de s'en désintéresser. Que les nemens, les rejetons ou les chiroptères à moustaches emportent donc cet arbre, cela lui était bien égal, il ne ressentait pas le besoin d'en faire tout un flan !

Quand il fut certain qu'on ne le surveillait plus, et après avoir discrètement vérifié les attaches de sa jambe de bois, il s'éloigna précautionneusement en direction de l'alambarique, qu'il n'avait pas manqué de remarquer et de reconnaitre, gardant l'information dans un coin de son esprit, au moment de sa fuite éperdue vers l'infâme tisseur de cauchemars.

Il parvint sans se faire rattraper jusqu'à l'arbre autrement plus mythique pour le vieillard que leur teslandrier ridiculement tape-à-l'oeil, et ses espoirs se confirmèrent : c'était bien un alambarique, dont la représentation stylisée mais aussi parfois fidèle ornait nombre de tavernes de sa fréquentation.

Sans prêter une grande attention aux piqures pourtant douloureuses des sykramens qui défendaient -de façon bien vaine face à un Loudmer en quête de boisson- l'accès au pied de l'arbre nain, il s'assit enfin devant le tronc et sortit un petit couteau pliant à la lame légèrement rouillée, ainsi qu'un godet de métal. Il allait vite pouvoir vérifier si certaines allégations de comptoir sur cette fameuse plante étaient vraies...
Avec lenteur et d'infimes précautions presque révérencieuses, il entreprit de faire quelques entailles dans l'écorce du végétal, et approcha son récipient pour en recueillir la sève... ***


- Elite Fraternelle Tchaë -
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