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Le Matal 22 Jangur 1508 à 12h11
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 | *** Krepion fait à aubergiste un sourire affable et tout ce qu'il y a de plus innocent lorsque celui-ci lui jette un regard sceptique. Si le tchaë bedonnant -oui oui, les aubergistes sont toujours bedonnants- se rappelle du dernier séjour du marin dans son établissement, il n'en fait pas état, et ne tente même pas de le jeter dehors.
Hé hé, ça a parfois des avantages d'être en compagnie de bleusailles endimanchées...
Il s'enfile avidement son verre d'hydromel sans trop se soucier de son interlocuteur, qui ne semble pas lui non plus se soucier de lui faire la causette, ça tombe bien. Quand la gamine revient après s'être pomponnée à l'étage, le verre du vieux marin est presque vide. Et il s'aperçoit avec désarroi qu'elle sirote le sien à la vitesse d'un escargot hémiplégique...
Tandis que le musicien se met à chanter, Krepion appelle le tavernier sans réelle discrétion : ***
Hé l'ami, j'remets une tournée !
*** Puis plus bas : ***
Ton vin l'moins cher pour les p'tits jeunes, et pour moi mets-moi ta meilleure bière !
*** Les verres arrivent au moment où le troubadour cesse ses insupportables braillements, et Krepion lève le sien joyeusement : ***
A la vôtre, mes p'tits ! Et à ces fainéants d'la bull' rouge !
*** Il descend d'une traite la moitié de sa bière de Mjert, et ajoute avec un rire gras : ***
M'remerciez pas, c'est l'Erudite qui offre ! Hahahaaa !
*** Il finit bruyamment son verre et en commande un autre. Puis il regarde alternativement les deux gamins : ***
Vous voulez connaître la véritable histoire d'l'arbre rouge ? Celle qu'est pas écrite dans les bouquins moisis d'la bibliothèque ?
J'vais vous la raconter, moi :
On raconte... On raconte que c't'arbre, il est magique...
Ah, là j'sais bien qu'j'vous apprends rien ! Même un noiraud pas très futfut il peut comprendre tout seul qu'un arbre aussi grand et gros ça n'a rien d'naturel ! Surtout en pleine ville, et ça sans qui y'ait b'soin d'refaire l'pavage d'la grande place tous les ans !
Enfin bref, c't'arbre, donc, ben au début c'était un arbre tout c'qu'y a d'plus normal, en bois et tout, l'tronc marron et d'belles feuilles vertes et tout l'tralala...
Et pis un jour, y'a d'ça un certain nombre d'années, il s'est mit à croître, croître, croître encore et encore,d'façon complèt'ment invraisemblable ! De jour en jour, ses branches s'étendaient, son tronc s'élargissait et son faîte s'élevait de façon visible ! On pouvait presque l' voir pousser à l'oeil nu !!
Et en même temps qu'y grandissait, y s'est mis à rougir...L'tronc, les feuilles, les bourgeons, tout !! En moins d'une année, il surplombait une bonne partie d'la ville, et il était d'venu aussi rouge qu'les menstrues d'Erudite !
Puis un beau jour il s'est arrété d'grandir et d'rougir -pour ça il aurait été difficile d'en faire plus. Plus rien, du jour au lend'main.
Les gens ont bien continué d'guetter, d'venir voir chaque jour, d'comparer leurs mesures et leurs notes, mais y semblait plus vouloir bouger...
A c'moment là, l'Roi a fait une annonce. Il est v'nu à Farnya et a annoncé au peuple qu'cet arbre avait été édifié, par un procédé aussi magique que complexe, pour symboliser et honorer la bull' rouge qui s'était définitivement établie en Farnya. Et l'Prince Gorgo est d'venu Précepteur, et la Thanakis est d'venue Erudite dans la foulée.
Oriandre avait son arène et ses casernes noires, Farnya avait maint'nant son arbre rouge, qui r'présentait par sa grandeur -sa démesure- l'acharnement qu'les fiers travailleurs d'la Rouge mettaient dans leur labeur pour surpasser sans cesse leurs limites.
Les gens, pour la plupart, ont gobé ça sans s'poser plus d'questions, tous fiers qu'ils étaient d' leur imposant symbole rouge.
Un peu plus tard, z'ont construit l'escalier bleu et les jardins d'Ykena, pour pas qu'y ait d'jaloux.
*** Krepion s'interrompt un instant pour finir son verre et s'en servir un autre -le tavernier a fini par amener un pichet de vin.
Après une bonne rasade de piquette, il reprend, les joues de plus en plus rouges : ***
Mais la vérité, qui finit toujours par émerger, la v'la : Thanakis et l'Prince avaient tous les deux d'l'ambition, chacun dans leur domaine. Mais les postes d'Erudite et d'précepteur étaient encore bien loin dans la hiérachie... Or y z'en avaient marre d'attendre...
Alors y s'sont mis d'accord et ont trouvé un plan pour augmenter la rapidité d'leur promotion sociale : avec patience et subtilité, y z'ont éliminé un à un les membres éminents d'leur bulle qui leur f'sait d'l'ombre. Tout en prétendant travailler à ce symbôle que d'viendrait l'arbre rouge d'la cité pourpre, c'qui les arrangeait bien : sous les rituels magiques d'la sorcière, c't'arbre s'ouvrait selon leur volonté, et les deux malfrats y cachaient leurs victimes.
V'la pourquoi au fur et à m'sure d'leurs méfaits, l'arbre grossissait et rougissait : y s'gorgeait d'son infâme nourriture, s'imprégnait d'leur corps et d'leur sang pour croître et prendre la couleur d'l'hémogo...d'lhémlogob...du sang, quoi.
Quand tous les gêneurs ont été supprimés, l'Erudite a accédé à la tête d'la bulle bleue, et l'Prince à celle d'la rouge. Et l'arbre a cessé d'être nourri, et donc d'grandir...
Là où tout l'monde n'voit qu'le symbole honorable d'la bulle rouge, s'trouve en fait l'produit du plan machiavélique l'plus parfait...
Bien sûr, personne peut l'prouver, puisqu seuls l'Erudite et l'Prince connaissent l'moyen d'ouvrir l'arbre de nouveau...Et y'a fort à parier qu'quiconque essayerait d'enquêter d'trop près s'retrouv'rait lui aussi transformé en engrais pour arbre rougissant...
Et voilà, vous connaissez la véritable histoire d'c't'arbre ! Etonnant, non ?
C'est un poiv...un ami qui m'la racontée un soir d'beuv... d'discussion philosophique fort intéressante... L'répétez pas trop, parce qu'si la sorcière apprend qu'vous êtes au courant... Enfin, vous avez compris, j'pense...
*** Il finit d'une traite son...quatrième ? cinquième ?...verre de vin, et regarde les deux jeunes d'un air satisfait, et légèrement absent... ***
- Elite Fraternelle Tchaë -
Qui ne risque rien... ne rate rien. | |
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Le Matal 22 Jangur 1508 à 21h55
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| *** Krepion termine son nouveau verre, puis eructe avec aussi peu de distinction que de gêne. Il regarde d'un oeil vide le fond de sa choppe et le fond du pichet, tout aussi désespérément vide, puis le verre des deux jeunes gens, dont le niveau a à peine baissé.
Son regard trouble s'arrête enfin sur la gamine. ***
Zzhhhzzeuu... ppp-ppr-pprrrotezzzte... vvvhvvvec ...éééêêênèèèèg-g-gg-giiie...!
*** Il semble avoir encore plein d'autres choses passionnantes à exprimer, mais s'interrompt soudain en dodelinant de la tête, le regard définitivement ailleurs. La seconde d'après il s'effondre sur la table. Et de se mettre à ronfler bruyamment, le visage détendu. ***
Saillon dit :
Ah... Curieux...
D'habitude il lui faut quelques litres en plus pour atteindre cet état...
L'émotion d'être rentré, sans doute.*** Le mou cubique du vieillard vient de se poser sur la table et regarde son symbiote quelques instants avant d'émettre ce qui pourrait passer pour un sourire. ***
- Elite Fraternelle Tchaë -
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Le Merakih 23 Jangur 1508 à 00h07
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Le regard que Nelle pose sur le vieillard ivre mort n'est ni réellement sévère ni complètement indulgent. Elle soupire, détaillant rapidement le mou vert dont l'air guindé contraste fortement avec la personnalité de son symbiote jovial et déluré... Qu'est-ce qui a bien pu pousser ce petit être compassé à s'attacher une personne aussi...opposée ?! La symbiose et ses mystères... Le phénomène est encore trop récent pour que des livres répondent à toutes les questions qu'il soulève, songe la jeune tchaë...
Puis elle regarde de nouveau le barde, un sourire à la fois navré et emprunt de légèreté s'étirant doucement sur ses lèvres.
Voilà, si vous n'aviez jamais rencontré Krepion Loudmer vous venez d'avoir un petit condensé de ce curieux personnage !
A la fois touchant et agaçant, drôle et triste, fier et pathétique...
Ne tenez pas compte, et surtout ne prenez pas ombrage de sa diatribe sur le Précepteur et l'Erudite. Il ne doit pas en penser un mot, et il y a même fort à parier qu'il ne s'en souviendra pas demain... Mais il aime se donner en spectacle, je crois, ou du moins c'est plus fort que lui !
Si vous comptez organiser un concert ou une manifestation culturelle, vous devriez songer à l'embaucher : nul doute qu'il contribuera avec succès à la réussite du divertissement !
D'ailleurs, vous dites ne pas avoir réussi à faire aboutir votre idée de concert faute de main d'oeuvre ? C'est curieux, il m'a semblé pourtant apercevoir plusieurs musiciens dans ces jardins...
Et c'est en tout cas fort dommage, car vous chantez admirablement ! Merci pour ce chant, ce fut un moment véritablement plaisant.
Elle sourit, et s'interrompt pour boire une gorgée modérée de son verre d'hydromel. Pas question de finir affalée sur la table comme son compagnon. Bien qu'elle se laisserait volontiers emporter par le sommeil...
Mais sa part du contrat n'est pas remplie : maintenant qu'il a chanté, Tillial attend sans doute qu'elle lui raconte une histoire...
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Le Julung 24 Jangur 1508 à 19h24
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| *** Krepion se réveille soudain, les yeux exorbités et l'air halluciné, comme sortant d'un incroyable rêve...ou cauchemar. Il lui faut quelques secondes pour reconnaître l'endroit où il se trouve, les personnes avec lesquelles il se trouve, et à peine plus pour constater que son verre est bel est bien vide. ***
Nom d'un crotale troué, ça j'l'ai pas rêvé..., murmure-t-il pour lui-même, avec dépit.
*** Tout aussi soudainement, il se lève, vacille vaguement sur ses jambes le temps de prendre appui sur sa canne, et sans un regard vers les deux jeunes gens, il se dirige vers la sortie de l'auberge. ***
Saillon dit :
Hé hé... Il n'y a pas de feu sans fumée, comme on dit !
*** Le mou, toujours affichant son air vaguement amusé, jette un regard éloquent au verre vide avant de disparaître. ***
- Elite Fraternelle Tchaë -
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Le Matal 29 Jangur 1508 à 13h21
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| Après plusieurs jours de rangements intensifs, de mise en conservation, en germination, en éprouvette, la naturaliste trouve enfin un moment pour souffler.
Elle se rend à l'auberge qui surplombe les Jardins, et apprend que cela fait plusieurs jours que la propage et le vieux marin logent à cet endroit.
C'est Krepion qu'elle aperçoit en premier, déambulant en grommelant aux abords de la taverne, sur un gazon verdoyant de la périphérie des Jardins. Nelle n'est pas loin, le surveillant du coin de l'oeil. La jeune tchaë semble s'ennuyer ferme.
La vieille la sait par le bras et l'emmène avec elle.
Allons, laissez le grincheux ! Il ne se remet pas de sa promotion. Mais ça viendra, avec le temps ! Venez avec moi, que je vous montre où nous allons planter ce que nous avons trouvé.
Elle cria, à l'attention de Krepion :
Vous pouvez venir avec nous, Frère Bleu, si vous voulez vous changer les idées !
Puis tira Nelle vers le centre des Jardins.
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