Les Mémoires de Syfaria
Hors de toute région civilisée

Refleurir les jardins d'Ykena

Botanistes et Naturalistes bleus en mission
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Sujet lancé par MJ Syfaria
Le 29-10-1507 à 17h55
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Posté par Baër'lupis,
Le 29-01-1508 à 13h21
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Krepion Loudmer

Le Luang 12 Nohanur 1507 à 10h43

 
*** Après avoir enchainé, de moins en moins fort, une bonne partie de son répertoire, le vieillard ivre mort finit par s'endormir au pied des braises, marmonnant dans son premier sommeil les dernières notes de "Il était un petit navire"...

".......mmmatelot nammmvigueuu surmmm les flooots...mmm....mmm........"

...auxquelles s'enchainèrent des ronflements discrets.

Aussi c'est tout juste s'il frémit quand le nelda lui glissa dans les mains une blague pleine de tabac frais, et ne broncha même pas quand l'Erudite lui lança un sort d'Essencialis.

Mais après quelques heures de sommeil profond, comme bien des nuits depuis quatre années, le même cauchemar vint l'assaillir... Ce même souvenir, réminiscence d'une nuit d'horreur, ce même rêve sombre que même l'ivresse ne parvenait pas toujours à chasser, ce même éternel tourment vint hanter ses songes pour la millième fois... Les cris, l'orage, le feu, l'horreur, l'incendie, la tempête... Le vieux marin revit chaque instant, chaque douleur, chaque terreur, comme lors de cette fameuse nuit...
Gémissant doucement dans son sommeil, s'agitant en une futile tentative de fuite, car cette fois le rêve semble encore plus vrai, plus réel. La chaleur l'enrobait, la fumée âcre lui agressait les narines, la gorge, l'empêchant de respirer, l'etouffant, lui piquant les yeux...

Le vieux Krepion se réveilla en sursaut, trempé de sueur, les joues humides. Haletant, il regarda de tous cotés, pour finalement se rappeler où il se trouvait : l'expédition bleue, le campement...
Pourtant, toujours cette odeur de bois qui brule, qui ne quittait pas ses narines, même maintenant qu'il était délivré de son cauchemar...

Puis, mu par une subite intuition, Krepion baissa les yeux et comprit l'origine de cette fumée, bien réelle : sa jambe !
Dans son sommeil agité son membre de bois avait dévié dans les braises, et de petites flammes orangées la consumaient avidement. Pris de panique le vieillard se roula dans l'herbe et tortilla sa patte jusqu'à avoir éteint le début d'incendie. Mais le mal était fait : de son appendice en chêne ne restait plus qu'un moignon à moitié calciné... ***


- Elite Fraternelle Tchaë -
Qui ne risque rien... ne rate rien.

 
Cälli

Le Luang 12 Nohanur 1507 à 11h18

 
*** Cälli cherchait désespérément Cyan, comment avait-elle fait pour partir si vite, si loin? Il avait dans la forêt, sans réussir à la retrouver. Elle semblait plus qu'inquiète dans son dernier message et cela peinait le peintre.

Finalement il conclu qu'elle avait du entrer dans une autre partie de la forêt et retourna sur la route pour avancer plus vite vers le Nord avant de repartir la chercher dans la forêt.

Le coeur du mage battait plus rapidement que d'habitude. Et ce n'était pas dû à l'effort physique, même si Cyan paraissait terrifiée, le tchaë avançait sans courir, il savait bien que se presser ne lui ferait pas aller plus loin, bien au contraire. Alors qu'est ce qui agitait son coeur ainsi? La réponse n'était pas bien difficile à trouver. Il ne consevait soudain plus le temps présent sans Cyan...
***

Me voilà fin, moi qui m'était juré de ne plus jamais m'attacher...

*** Cälli reprit son chemin, la faune locale était aggressive, mais comme à son habitude cela lui paraissait une considération bien futile et il avançait sans plus de préoccupation que celle d'avoir la meilleur vue possible pour le pas louper Cyan. ***


 
Thanakis

Le Luang 12 Nohanur 1507 à 12h31

 
Au petit matin, les exclamations étouffées de Krepion Loudmer réveillent Thanakis avant l'heure, et c'est un marin plutôt dépité qu'elle découvre assis sur son séant près du feu moribond, les mains crispées autour de son misérable moignon de bois noirci.

Interdite, la Dame bleue se demande un bref instant ce qui lui est passé par la tête, avant de réaliser qu'il s'agit certainement d'un accident ! Rond comme une queue de pelle, le tchae a sans doute laissé trainer sa patte folle dans les flammes...



Hésitant entre le fou rire et l'affliction, elle s'avance en direction du vieillard sans se départir d'une expression parfaitement neutre :


Frère Loudmer, il semblerait qu'un cynique destin s'acharne à vous tourmenter... Permettez ?

Sourde aux faibles protestations du demi cul-de-jatte, l'Erudite détache ce qui demeure fixé à sa cuisse et inspecte les débris de la misérable prothèse de bois : du fût de chêne, il ne reste qu'un embout de cuivre qui rougeoie désormais dans les braises du feu mourant. Le cuissard en forme de bol est en partie brulé, et fendu dans sa largeur. Les lanières de cuir et les attaches hautes sont intactes.

Thanakis se dirige vers les énormes fontes de l'Equilion, qui dort à poings fermés. Elle en sort tout un lot de sacoches d'ouvrier, qu'elle délie et étale au sol avant de les refermer tour à tour. Son choix s'arrête sur trois trousses dont les symboles trahissent l'origine : elles contiennent respectivement des outils de sculpteur, de médecin de campagne et de cordonnier.

Comme pour répondre à l'interrogation muette de Krepion Loudmer, la Première-Née explique en revenant vers lui :


Je n'ai pas toujours été bleue, vous savez.... J'ai d'abord fait mes classes d'ouvrière syndiquée dans plusieurs ateliers de renom, dont celui d'Othon. Alors les prothèses, les articulations, l'automatisme...

Souriant à l'évocation de vieux souvenirs, elle poursuit :

C'était avant... avant la radicalisation de son discours, la créations de ses premiers prototypes, le discrédit, le désaveu royal, la dissolution de... du Syndicat... la clandestinité, et puis... vous savez bien.

En baissant d'un ton, elle change soudain de langue sans s'en apercevoir. Même s'il ne le pratique plus, le marin reconnait les accents chantants et rocailleux de l'antique tchae :

Je me souviens de l'ambiance incroyable qui régnait alors au sein des équipes : nous étions ambitieux, très ambitieux, et très enthousiastes ! Lorsqu'une Loge s'est associée à nos travaux, je l'ai naturellement rejointe... et notre courant politique l'a progressivement... noyautée...

Ayant disposé l'ensemble des pièces et des outils nécessaires sur un plan bas, elle s'installe confortablement sur une caisse vide et commence à régler son tour, choisissant d'un œil averti le couteau à bois dont elle usera en premier. Puis elle sélectionne un gros piquet de tente surnuméraire en hochant la tête d'un air satisfait :

Je pense pouvoir vous dépanner, frère Loudmer. Comptez deux ou trois jours de travail pour obtenir quelque chose de correct. Et si vous voulez chanter pour me donner de l'entrain...

Ne vous gênez pas.


 
Cälli

Le Luang 12 Nohanur 1507 à 15h01

 
*** Cälli tribuche, tombe à quatre pates sur le sol, se relève, fait quelques pas, puis retombe... ***

Qu'est ce qui se passe?

*** Soudain, un spasm violent, le peintre se penche en avant et crache de la bille en quantité. Son regard se trouble, il tremble puis s'écroule de ton son long sur le sol. ***

Pourquoi suis je si faible?

*** Le mage regarde son corps, pour trouver une réponse. Enfin il remarque la cause de son malaise, un trou d'environ un pouce de diamettre et deux de profondeur horne son épaule.

Avec un petit effort de mémoire Cälli finit par se souvenir qu'il s'est fait attaqué par une sorte d'abeille géante il y a deux jours, cela ne l'avait pas inquiété sur le coup. Mais là, la blessure était infectée.

Le Tchaë respire profondement, bloque l'air dans ses poumons et du pouce et de l'indexe presse violement la blessure pour en faire sortir le pu. Une substance verdatre en sort alors
***

Du poison, manquait plus que cela...

*** Cälli se concentre tant bien que mal pour reconstituer ses réserves d'énergie magique, puis commence à incanter un sort de soin. Mais il s'arrête immédiatement. Cette énergie il doit s'en servir pour avancer plus loin, retrouver Cyan.

Le peintre se relève, dificiellement, et reprend son chemin, difficilement, la taisse baissée, les épaule avachies, le pas lourd et lent, il avance tout droit porté uniquement par sa volonté d'avancer, ses sens commençant à lui faire défaut...



***


 
Nelle

Le Luang 12 Nohanur 1507 à 17h05

 
Les deux témoins avaient avancé tranquillement à travers la plaine. Celle-ci était tout aussi peuplée de créatures que le désert de leur précédente recherche, même plus, à la différence notoire que les habitants des plaines, natifs ou pervertis, étaient bien moins dangereux que les assulters...
Même le loup dégénéré qui les avait suivi sur une courte distance, se révélait au final bien moins néfaste que ce que son surnom laissait à penser.
En fin d'après-midi, et bien que la nuit ne menaçait pas de tomber avant plusieurs heures, Nelle proposa à son compagnon de faire halte et de monter leur campement sommaire dès maintenant : malgré la présence de diverses créatures non loin, l'endroit semblait sûr, et ayant déjà marché la journée entière de la veille pour rejoindre le nouveau campement, Nelle sentait déjà revenir la fatigue...Et si un sort lui aurait permit de marcher encore une demi-journée, la jeune fille ne voyait pas raison de se presser.

Après avoir passé une bonne partie de la soirée à mettre à l'épreuve sa pratique de l'Essencialis face à un chiroptère qui semblait vouloir leur disputer leur lieu de bivouac, Nelle rejoignit le nelda à coté du feu qu'il avait allumé, et les deux Témoins regardèrent le jour disparaitre sans échanger beaucoup de mots. Eleuname ne semblait pas d'un naturel très bavard, et ce soir-là Nelle ne l'était pas beaucoup plus, préoccupée par les nouvelles récentes à propos de son père...

C'est une bonne demie-heure après l'extinction complète du jour que Nelle remarqua subitement que la lueur qui les environnait depuis un moment ne venait pas de leur feu mourant. Se retournant vers l'arbre au pied duquel ils s'étaient installés, elle resta muette d'admiration devant le spectacle charmant qui les surplombait :


***

***


Eleuname !! Regarde ! Les fruits de cet arbre...ils se sont illuminés !
Comme c'est beau....


Nelle se leva, excitée comme un enfant devant un énorme gateau au chocolat, et s'approcha de l'arbre... Après avoir examiné pendant quelques minutes les branches avec émerveillement, elle se saisit d'un des fruits oblongues et lumineux, qui se détacha aussitôt. Il était tiède, et continuait de diffuser sa lumière même une fois détaché de sa branche.
Retournant vers ses affaire, elle sortit de son sac les notes distribuées par la Directrice en début d'expédition, qu'elle parcourut jusqu'à tomber sur la description correspondant à cet étrange arbre, et lut à voix haute :


" L'orthlampe Marche-Arrêt

Voilà peut-être la plus originale des plantes de ces contrées : dans sa stratégie de survie et de reproduction, l'Ortholampe Marche-Arrêt (aussi nommée l'Omarchêt par les gens des campagnes) a développé une capacité unique d'émission et d'absorption de lumière.

De jour, la plante est difficile à voir, sombre et environnée d'ombres, comme si elle captait aux alentours les rayons du soleil au point d'obscurcir ce qui l'entoure.

De nuit, ses fruits, produits en toutes saisons de l'année, sont lumineux ! Ils attirent un nombre incalculable d'insectes, qu'ils absorbent au contact, révélant ainsi leurs moeurs carnivores. Ils ressemblent à des citrons, sont comestibles bien que très amers, et peuvent être cueillis : ils conservent alors leur luminosité plusieurs heures, puis ternissent et s'éteignent.

Encore plus étonnant : frappez le tronc de nuit, et toute la plante s'éteint... avant de s'illuminer à nouveau en l'espace d'une demi-heure. "


Et bien, une chance que nous ayons décidé de camper là, autrement nous serions passés à côté de cet arbre sans le voir !

Elle admira une nouvelle fois le fruit qui brillait dans sa main, émerveillée.


Quel dommage que Cälli ne soit pas venu de ce coté-là... Il en aurait certainement fait une superbe peinture !


 
Krepion Loudmer

Le Luang 12 Nohanur 1507 à 20h09

 
*** Après de maigres protestations dont l'Erudite ne tiens aucunement compte, le vieillard finit par la laisser détacher de son moignon la carcasse encore chaude de sa prothèse.
Hébété, encore sous le choc aussi bien du cauchemar que de l'incident -c'est tout de même la deuxième fois qu'il perd cette partie de son corps, même si la matière diffère- il la regarde farfouiller dans ses affaires, aller et venir, et l'écoute d'un air un peu hagard, se laissant prendre en charge par l'Erudite comme un enfant par sa mère.

Il écoute distraitement les bavardages de la jeune femme, se demandant à un moment pourquoi elle se met subitement à lui parler en tchaë ancien...encore une façon de se moquer du vieil inculte qu'il est, certainement...

Assis, toujours à coté du feu, et plus que jamais infirme, le vieux marin essaye de se consoler à l'idée que la perte de sa jambe de bois va du coup lui donner une bonne excuse pour ne pas partir gambader à la suite de ces stupides fleurs. Mais d'un autre coté, en regardant travailler Thanakis sur sa nouvelle prothèse, il ne peux se défaire de l'idée qu'il va maintenant lui être redevable... Quelle guigne !

Le vieil homme soupire en bourrant une nouvelle fois sa pipe, et se dit qu'il n'a pas franchement le coeur à chanter, comme elle le lui suggère. Cette femelle le laisse perplexe... Tantôt elle le moque, avec ses mots savants et ses étalages de savoir et de savoir-faire, tantôt elle semble pleine d'attention...
Il n'arrive pas à la cerner. Et s'en méfie du coup d'autant plus.

Cependant, au bout d'un moment, le vieux marin cesse ses regards perplexes en direction de l'Erudite, et sans réellement savoir pour qui, il se met finalement à entonner doucement la vieille berceuse qu'il chantait jadis à son fils...

" Si l'on ne voit pas pleurer les poissons
Qui sont dans l'eau profooonde-eu
C'est que jamais quand ils sont polissons
Leur maman ne les grooonde

Quand ils s'oublient à faire pipi au lit
Ou bien sur leurs chausseeeettes-euu
Ou à cracher comme des pas polis
Elle reste mueeeette

La maman.....des poissons....elle est bien gentiiiilleuh !

Elle ne leur fait jamais la vie
Ne leur fait jamais de tartine
Ils mangent quand ils ont envie
Et quand ça a dîné ça r'dîne-eu

La maman des poissons elle a l'oeil tout rond
On ne la voit jamais froncer les sourcils
Ses petits l'aiment bien, elle est bien gentille
Et moi je l'aime bien avec du citron

La maman.....des poissons.....elle est bien gentiiiilleuh ! "

[...]

***


- Elite Fraternelle Tchaë -
Qui ne risque rien... ne rate rien.

 
Eleuname

Le Luang 12 Nohanur 1507 à 20h19

 
*** Eleuneame n'avait pas tout compris aux explications en Tchaë à propos de l'arbre, même s'il avait fait beaucoup de progrès dans cette langue grâce à la petite Cyan.

Aussi, lorsqu'il s'approcha de l'arbre pour cueillir un fruit et que son épée frappa le tronc, Eleuname se trouva plongé autant dans l'obscurité que dans le désarroi. ***


J'ai...j'ai cassé l'arbre !
*** Et il éclata en sanglots, comme un petit garçon.

Nelle éclata d'un rire gentil et lui expliqua en Ssarknesh que l'arbre n'était pas "cassé", qu'il se rallumerait dans une demi-heure. Ce qui arriva effectivement.
Eleuname en fut bien soulagé. ***


 
Cyan

Le Luang 12 Nohanur 1507 à 20h39

 
*** Cyan, la conscience entière lui revenant, avait finalement compris où elle était. Elle avait toujours eu un très bon sens de l'orientation, et seules la terreur engendrée par l'arbre et la solitude l'avaient brouillé.

Elle avait reçu un message de Cälli lui enjoignant de ne pas bouger, mais elle se situait très bien par rapport à la route et se dit qu'il serait plus simple de s'y donner rendez-vous, quelque soit l'endroit où était le mage.

Elle pinça des boutures du Conoluth-Trébuchet, se lança un sort d'oeil d'aigle... non, elle ne voyait pas Cälli au loin.
Elle pénétra donc dans le bois et arriva exactement à l'endroit prévu sur la route.
Un autre sort d'endurance lui permettrait de rejoindre le carrefour.
Mais soudain, au détour d'un virage, elle aperçut une silhouette qui lui devenait de plus en plus familière et ... chère.
Elle courut vers lui et se jetta dans ses bras.Sa joue contre la sienne, elle lui murmure :
***


Cälli, j'ai eu si peur sans toi ! Ne me laisse plus jamais toute seule ainsi !

*** Il fut manifestement si surpris qu'il tomba au sol. Il était chaud, non, brûlant ! Il n'avait pas l'air bien. Que lui arrivait-il ? ***


Je... J'ai un peu du mal à te voir, c'est tout flou...

*** Il sembla réfléchir un instant. ***


Si tu es là, je crois que je vais me soigner...As tu récupéré une fleur?

*** Il se lança un sort qui ne sembla pas fonctionner, fit la moue. ***


Hum, que se passe-t-il ? Je n'arrive plus à lancer le moindre sort...

*** Elle se tordit les mains de désespoir : elle avait utilisé toute son énergie pour les sorts d'endurance et ne pouvait incanter avant plusieurs heures. ***


Cälli, Cälli ! Ca va ?

 
Baër'lupis

Le Matal 13 Nohanur 1507 à 00h21

 
La botaniste avait fait jouer les feuilles du chêne-soleil avec la lumière du jour. En les plaçant au dessus de sa tête, en direction du soleil, on était frappé d'une lumière vive et rougeoyante.

Alors que le camp se formait, les tchaës se dirigeaient, seul ou en couple, dans différentes directions. Certains restaient au camp.

Baër'lupis en profita pour finir quelques affaires. Elle mit à l'aise les boutures du chêne-soleil, et en fit sécher les graines : elles se conserveraient mieux ainsi.

Quelques instant après, elle rassembla quelques affaires, et se dirigea, seule, vers la forêt au nord, en chantonnant un air guilleret. Pour sûr, ils avaient eu de la chance. Sans doute grâce à l'Erudite : tout ce qu'elle touchait se transformait en or.

Elle marcha tout l'après-midi, jusqu'à se perdre complètement dans les sous-bois. Elle n'avait pas perdu son orientation, guidée par une boussole et les différentes mousses qui poussaient sur les arbres, mais elle marchait avec son intuition, cherchant innocemment les endroits les plus sauvages et les plus reculés.

Elle se raidit, en voyant une silhouette immense. Un Tisseur de Rêve ! Il ne ferait qu'une bouchée d'elle, si elle usait de magie noire près de lui. En dehors de ça, il paraissait très calme, et la tchaë savait qu'elle ne risquerait rien tant qu'elle laisserait ses runes dans un recoin de sa caboche.

Elle sourit. Peut-être que sa présence n'était pas anodine, après tout... Elle frémit d'excitation. Après avoir arpenté l'hectare sur lequel elle se trouvait en tous sens, elle s'arrêta à un bruit particulier. Celui que feraient des dizaines de nids d'étourneaux un matin de printemps, mais comme assourdi, très distant.

Cela ne pouvait être qu'une chose, et la nouvelle Grande Naturaliste bondit de joie en se dirigeant vers le son.

Une Ombreleste ! Vivante, et sur le point de sa maturité ! Elle s'assit, ne souhaitant manquer ce moment pour rien au monde.

Elle sortit son cahier de notes, à la bonne page.


Herbier, lettre O a dit :
Cette créature défie le sens commun, au point qu'on hésite à la cataloguer comme plante. Peut-être s'agit-il en réalité d'un animal ? Tout dépend, en fait, de son âge et donc, de son stade d'évolution :

L'Ombreleste commence sa vie comme un végétal classique : une graine pousse, génère un arbrisseau, puis un petit arbre en forme d'Ombrelle, au feuillage persistant, décoré l'été de minuscules fleurs bleues. Ces fleurs, c'est à noter, n'attirent qu'une seule espèce d'oiseaux-mouches aux plumes d'un beau rouge vif, les Lestes.

Lorsqu'il atteint l'âge exact de 35 ans, l'Ombreleste développe toute une série de fruits en forme de poires, qui s'ouvrent à l'automne et libèrent... une foultitude de Lestes ! C'est ainsi que ces oiseaux naissent, et dans leurs déjections, ils libèrent de temps à autre une graine capable de générer un nouvel arbre. L'Ombreleste meurt alors l'hiver suivant.


Elle y ajouta quelques lignes

Ombreleste, addendum a dit :
Le spécimen répertorié ce jour, le 12 Nohanur 1507, confins Est de la forêt de Laod, arrive bientôt à maturation. Agé, d'après la circonférence du tronc et la couleur des bourgeons, de 33 ou 34 ans.
Avons trouvé, au sol, de vieilles graines à bonne distance des racines, ce qui semble confirmer l'hypothèse d'un renouvèlement cyclique ou d'une reproduction asexuée de l'espèce, comme l'ont posé nos confrères des Six, et non d'une pollenisation par les Lestes, dont le comportement à l'étude est très éloigné de celui des insectes. Les oiseaux s'absentent à la tombée de la nuit, ce qui confirme les observations préalablement enregistrées, en milieu naturel ou artificiel. A CREUSER !


Les fleurs fanées semblaient prises de tremblement, et le couinement animal se faisait entendre. La tchaë exultait : elle n'avait jamais vu d'Ombreleste de cet âge qu'en croquis ; celui qu'elle avait entretenu aux Jardins n'avait qu'une dizaine d'années. Après être passé sous les chenilles de l'engin de nettoyage, il était bon à mettre au feu.

Elle déplia sa couche, et se glissa sous ses couvertures. Sans manger ni faire de feu, elle resta de nombreuses heures à contempler sous la lune l'arbuste plein de vie.



 
Narrateur

Le Matal 13 Nohanur 1507 à 10h59

 
L’Equilion est un herbivore doux et timide, que sa force tranquille et sans égale incite au plus placide des comportements.

Symbole de confiance, de sagesse et de tempérance, il est souvent cité en exemple lorsqu’on a besoin d’un modèle fort, incontestable, universel, exprimant la quintessence de la retenue et de la maîtrise de soi.

Rien, absolument rien ne peut perturber le plus flegmatique des grands animaux jamais domestiqués par la main du tchae.

Rien, si ce n’est l’effroyable berceuse « La maman des poissons », exécutée par l’expression vivante de la douleur du S’sarkh : Krepion Loudmer.

L’Erudite, inconsciente du drame qui se joue derrière elle, fredonne en cadence et reprend même à voix basse les paroles impies. Elle plisse des yeux pour travailler, sous la lumière tremblotante d’une lampe-tempête aux verres ternis de suie.

L’Equilion, qui dort paisiblement, voit son sommeil progressivement envahi par le plus charmant des rêves : son corps est parcouru de frissons extatiques, ses yeux se révulsent et roulent en tout sens, un filet de bave mousseuse à grosses bulles s’écoule lentement de sa gueule, fendue d’un grand sourire niais…

Soudain, il s’éveille, interloqué : Le chant des sirènes... il l’entend toujours ! La réalité terrasse le rêve ! La « Chose Qui Emet Le Son Merveilleux » est bien là, devant lui, sous son nez ! C’est le truc tout plissé qui sent la vinasse !

Alors, il s’étire lentement. Sa queue massive, qu’une énorme excroissance de corne compactée termine en fléau d’arme, se plie comme un bras géant. Il regarde le marin, comme s’il procédait à quelque calcul balistique de haute volée...

Krepion ouvre la bouche, esquisse un dernier geste... trop tard :

Trente-cinq tonnes de muscles, d’écailles et de tendresse l’encerclent et l’attirent à lui, avant de l’essorer d’un grand coup de langue gluante et râpeuse.



 
Cälli

Le Matal 13 Nohanur 1507 à 11h39

 
*** Cälli se relève, un peu chancelant... ***

Je vais dormir maintenant que tu es là, une bonne nuit de sommeil me sera utile...

*** Le peintre grande couverture qu'il étend au sol, en général, il s'allonge sur une moitier et replie l'autre sur lui, mais pas cette fois. ***

Il y a de la place pour deux...

*** Sans attendre la réponse, Cälli s'allonge sur le dos du coté droit de la couverture. Il a le regard légèrement dans le vide, le sommeil est tout proche, la fatigue le rattrapant maintenant que la volonté qui l'animait n'a plus de raison d'être. ***


 
Cyan

Le Matal 13 Nohanur 1507 à 13h13

 
*** Cyan s'assit sur la couverture et veilla le malade.
Dès qu'elle pensait avoir assez d'énergie, elle lançait un sort de soin.
Elle s'épuisait à chaque fois, mais pas en vain. Elle réussit à soigner le mage pendant son sommeil, par deux fois.
A un moment, alors qu'elle somnolait pour reprendre un peu d'énergie, elle rêva qu'un arkonien attaquait Cälli et que ses premiers soins avaient été annulé.

A l'aube, elle lança une dernière fois un sort. Les blessures de Cälli se refermèrent, il n'en restait que de petites superficielles.
Cyan s'allongea alors, transie de froid, contre Cälli qui dormait encore.
Elle s'endormit rapidement, malgré la fraicheur, tant elle était épuisée.
***


 
Krepion Loudmer

Le Matal 13 Nohanur 1507 à 13h53

 
*** Krepion n'a pas le temps de crier, d'appeler à l'aide, ou encore moins de fuir avant que l'énorme appendice du monstre ne le saisisse comme une vulgaire poupée de chiffon et l'attire vers sa gueule béante et baveuse. Le vieillard submergé de terreur comprend aussitôt qu'il va mourir, broyé par les immenses mâchoires de l'infernale créature...

Pourtant au lieu de la douleur c'est une puanteur infâme qui malmène ses sens, tandis que le vieil homme impuissant se retrouve enseveli sous des litres d'une bave visqueuse et imprégnée d'une répugnante odeur de compost. La nausée le prend, et il regrette presque de ne pas être effectivement croqué par la créature. L'épreuve aurait été plus brève...

Entre deux coups de langue, le vieux marin effaré se démène pour essayer d'échapper au supplice gluant que l'equilion lui fait affectueusement subir, tout en glapissant de pitoyables cris de panique.
Il parvient à se trainer de presque un mètre avant d'être happé et caressé de nouveau par la langue poisseuse de l'animal.

M'zelle Thanakis...
parvient-il finalement à émettre, au prix d'une écoeurante gorgée de l'épais mucus... ***


- Elite Fraternelle Tchaë -
Qui ne risque rien... ne rate rien.

 
Thanakis

Le Matal 13 Nohanur 1507 à 14h28

 
Concentrée sur une phase délicate de son artisanat, l'Erudite se méprend sur les bruits qu'elle entend derrière la tente. Sans se déplacer, elle dit simplement d'une voix attendrie :

Allons, frère Loudmer, cessez de taquiner Erjiin... il doit dormir, c'est dans sa nature, et vous devriez aussi profiter du repos forcé auquel vous êtes contraint...

En guise de réponse, elle perçoit un gargouillis étranglé aux consonances visqueuses pour le moins dégoutantes. Intriguée, elle se lève et se décale vers la droite :

Tout va bien ? Je ne vous vois pas...

Elle avise alors que l'Equilion a bougé : il n'est plus sur sa couche, mais près du feu, lové en chien de fusil, occupé à jouer avec une sorte de gros chiffon sale. Thanakis s'approche, il risque de s'étrangler s'il l'avale.

D'un coup, la Première-Née reconnait le marin ! Elle se précipite sur lui, l'attrape par sa jambe valide et s'exclame :


Erjin ! Donne, allons ! Donne ! Donne à maman !

Dépité, l'animal écarte les pattes et rentre sa langue, libérant le vieil homme quelque peu moite et froissé. Tandis qu'il reprend ses esprits, plus choqué que réellement bousculé, Thanakis conduit sa monture vers les herbes tendres de la plaine pour détourner son attention... vers d'autres plaisirs.

 
Krepion Loudmer

Le Matal 13 Nohanur 1507 à 17h27

 
*** Enfin libéré, le vieillard s'affale sur ses trois pattes et crache et expire tout ce qu'il peut de l'amère salive animale qui a réussi l'exploit de s'insinuer dans les moindres replis de sa peau fripée.
Reprenant peu à peu le pas sur la terreur indicible qui l'avait envahi, le vieil homme se redresse et observe d'un air vide la créature s'éloigner à la suite de la jeune femme.
Recouvert de la tête au pied par la matière visqueuse dont Erjiin l'a enduit à grands coups de langue, il reste assis quelques minutes à coté du feu, l'air absolument désemparé...




Puis il commence machinalement à ôter ses fripes détrempées, se prenant à rêver -une fois n'est pas coutume- de baignoire, de brosse et de savon.
Après avoir étalé ses vêtements le long du feu, en se demandant furtivement si, en séchant, la bave de l'equilion ne va pas les statufier, il sort de sa sacoche son ancienne pipe et une bouteille, et allume la première tout en commençant à vider la seconde.
Jetant sans cesse des coups d'oeil inquiets en direction du monstre, il marmonne tout bas une série de jurons tous plus imagés les uns que les autres sur le sort qu'il réserverait à Erjiin s'il en avait les moyens.
***


- Elite Fraternelle Tchaë -
Qui ne risque rien... ne rate rien.

 
Nelle

Le Matal 13 Nohanur 1507 à 21h19

 
Au lever du jour, après un déjeuner frugal, les deux témoins s'étaient remis en route à travers la plaine.
Nelle observait avec attention chaque arbre, massif ou fleur qu'elle croisait, et surtout ceux qu'elle ne connaissait pas ou peu. Mais pour la plupart le grand nombre de spécimens qu'elle rencontrait laissait à penser qu'ils n'étaient pas de ceux, rares et étonnants, figurant sur la liste de la Directrice.

L'après-midi était bien avancée quand Nelle aperçu de nouveau l'orée de la forêt sur sa droite, et que des mouvements et bruits répétés attirèrent son attention. Avertissant succinctement le Contemplateur, elle s'écarta de lui et se rapprocha de l'orée du bois.
Non loin, dans une petite clairière elle aperçut alors plusieurs neldas, dont deux étaient allongés et semblaient plongés dans un profond sommeil, de même qu'un tchaë assez agé.
Intriguée, la jeune propage se rapprocha encore, restant toutefois à la lisière, et c'est alors qu'elle entrevit le miroir... Un miroir vieux et bosselé, à la surface duquel semblait flotter une image vivante, mouvante, une sorte de visage...


***

***


L'Obsession... Nous sommes bien plus à l'Ouest que prévu, si l'on se fie à l'emplacement de cet artefact sur la carte nemen... songea-t-elle tout haut.

Immobile, Nelle ne pouvait détacher ses yeux de l'obsession, comme hypnotisée. Elle ne parvenait pas à se défaire de l'idée que son père se trouvait devant un objet identique...seul. Un frisson la parcourut, un sentiment d'angoisse. Nulle envie de s'en approcher davantage, bien au contraire. A la lagune des glaces, Erling avait décrit comment un des Equilibriens était devenu fous au contact du miroir...
Et son père qui était seul face à une de ces obsessions malsaines, pour lesquelles certaines factions semblaient prêtes à se sauter à la gorge...


 
Cälli

Le Matal 13 Nohanur 1507 à 22h01

 
*** Cälli se lève à l'aube. Il est encore fourbu, mais sa vision est revenue et surtout... Surtout son épaule ne lui faisait plus mal! D'un coup d'oeil, le Tchaë vit que la cicatrice était presque refermée. Et surtout seine!

Pas de doute Cyan l'avait soigné durant la nuit, et pas qu'un peu...

Cälli se retourne pour la remercier et s'arrête subitement. Elle dors, là, tout contre lui... Elle parait sereine. Elle a presque un sourire... Elle est radiante de beauté les premiers rayons de soleil se refletent de temps à autre dans ses cheveux blonds...

Le peintre hésite, sortir son calpin ou... Cälli se redresse légèrement sur un coude et se penche au dessus de Cyan... L'admire encore quelques instants puis se baisse doucement approche son visage du sien... Ses lèvres, son sourire...

Câlli approche encore son visage, caresse la joue de la belle Tchaë de sa main libre... Les lèvres se touchent...
***


 
Thanakis

Le Matal 13 Nohanur 1507 à 22h30

 


Eloignée de quelques dizaines de mètres du campement, sans inquiétude aucune pour Erjin, Thanakis regarde en direction de la forêt avec intensité. Le message attendu lui est parvenu :

L’obsession est bien là-bas... ainsi que le lieutenant Abel, allongé, plongé dans un profond sommeil qui n’a rien de naturel. Le fer de lance de la Bulle noire fait la dernière des choses qu’on aurait pu attendre de lui : il dort...

Autour de lui, des hauts rêvant font de même. Ces spécialistes de l’investigation onirique partagent sans doute un même songe, et l’inconscience du noir soldat, dès lors, prend du sens : où sont-ils donc, tous ces esprits mêlés ? Dans quel monde invisible sont-ils partis danser ?

En toute logique, l’Erudite doit aviser ses frères de ce qu’elle sait. Elle devine déjà ce qu’il en sortira, et cela lui déplait. Alors oui, elle va le faire, mais...

A sa façon.



 
Nelle

Le Merakih 14 Nohanur 1507 à 00h08

 
Un bruissement derrière elle...Nelle se retourne aussitôt, tendue. C'est Eleuname qui l'a rejoint, silencieux. Un instant il observe comme elle la scène qui s'étale devant eux : les neldas et le tchaë endormis, s'agitant parfois dans leur profond sommeil. Un des deux Haut-revants éveillés s'installe à leurs cotés, et ferme les yeux. Il semblerait qu'il veuille à son tour rejoindre leur songe commun.
Nelle s'étonne : se sentent-ils à ce point en sécurité pour s'allonger ainsi chacun à leur tour et s'abandonner en pleine forêt ?!

A coté d'elle, le contemplateur commence à s'avancer parmi les arbres. Nelle l'interpelle doucement :


Eleuname... J'ai prévenu Thanakis de la présence de cet artefact et de l'un de ses frères en ces lieux... Ainsi que de leur activité onirique... Que voulez-vous faire ?


Elle regarde de nouveau en direction de l'artefact, puis détourne les yeux. La vue de l'objet n'éveille en elle nulle convoitise, nulle envie... Simplement l'inquiétude grandissante qu'elle éprouve depuis qu'elle sait que son père se confronte seul à une de ces choses.
Imperceptiblement, la jeune tchaë se recule, mal à l'aise. Elle ne veut pas se mêler à cette course aux Obsessions dans laquelle certains se sont lancés, interprétant ainsi le message des nemens.


Eleuname...Je...Je vais poursuivre l'exploration des plaines.
Puisque nous avons longé la forêt pour arriver jusqu'ici, je pense retourner vers le campement en passant par le sud.
Vous l'avez vu, ces plaines ne sont pas dangereuse...alors...faites ce qui vous semble le mieux....


Sans attendre la réponse du nelda, elle se détourne aussitôt et s'éloigne de la lisière d'un pas pressé, presque en courant...

 
Baër'lupis

Le Merakih 14 Nohanur 1507 à 14h57

 
La vieille dodelinait de la tête en souriant, alors que la lune avait entamé depuis un moment sa course elliptique dans la ciel étoilé, lorsqu'un craquement sec se fit entendre.

Gnîî ?

Impossible : cela ne pouvait arriver.

Un second craquement, suivi d'un troisième.

Elle sauta sur ses pieds, l'adrénaline envahissant ses veines.

Elle s'était trompé, l'arbre était plus ancien qu'elle le croyait. Et ce soir ...

Ce soir, il arrivait à maturité sous ses yeux. Son cœur s'emballa. Un trésor, qu'elle ne pourrait partager avec personne d'autre. Elle recula de quelques pas, s'assit sur une souche, et se réjouit du spectacle, alors que les larmes lui montaient aux yeux.

Chacun des fruits délicats se craquela comme un œuf, reproduisant le son des poches de graines que l'on fait éclater au feu.

Quelques secondes défilèrent, où le temps et l'espace semblaient comme figés. Tout, autour, animaux et insectes, avaient cessé leurs activités nocturnes, semblant attendre aussi religieusement ce qui allait se produire.

Puis, tout à coup, l'arbre explosa. Des fruits ouverts qui tombaient au sol, ou restaient suspendus à leur branche comme des lanternes vides, jaillirent des centaines d'oiseaux bleus minuscules, qui s'envolèrent vers le ciel en piaillant.

La tchaë eut un pincement au cœur en voyant les lestes disparaitre aussi vite. L'arbre semblait maintenant abandonné de toute vie.

Mais, moins d'une minute après, le tourbillon des oiseaux fondit du ciel vers l'arbre, tournoyant autour comme les papillons autour d'une lampe. Ils engloutissaient les morceaux de fruits qui restaient au sol, se les disputaient, virevoltaient autour de l'arbuste l'habillant ainsi, sous la lumière de la lune, d'une couleur bleue argentée.

La botaniste n'avait jamais rien vu de tel. L'éclosion et les danses interminables des lestes avaient dépassé en beauté et en vie ce que son imagination lui avait apporté. Au point du jour, les lestes s'envolèrent aussi vite qu'ils étaient venus.

Elle se précipita au pied de l'arbre, et, fouillant les fientes fraiches, finit par trouver ce qu'elle cherchait.

Des graines douces et brillantes, qui n'attendaient que de germer. Elle visualisa ce que cela pourrait donner, dans ses Jardins, d'ici quelques décennies. Elle fondit en larme, souhaitant de tout son cœur que le destin lui accorderait la chance d'assister à ça avant de la laisser mourir.

Elle s'endormit ainsi, sanglotant de bonheur, serrant contre son cœur son précieux trésor.



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