Les Mémoires de Syfaria
Hors de toute région civilisée

Refleurir les jardins d'Ykena

Botanistes et Naturalistes bleus en mission
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Sujet lancé par MJ Syfaria
Le 29-10-1507 à 17h55
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Posté par Baër'lupis,
Le 29-01-1508 à 13h21
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Thanakis

Le Luang 19 Nohanur 1507 à 18h41

 
Alertée par le Peintre Royal, l'Erudite replonge dans ses carnets et retrouve, avec effarement, les notes de la Directrice Lupis à propos de cette drôle de plante.

Elle réfléchit : que faire ? Prévenir sa soeur ? Ou... pas ?

Quoi qu'elle décide, en acte ou par omission, elle s'immisce dans une affaire qui ne la concerne en rien. Pourtant, elle se convainc d'alerter Cyan : en effet, une fois informée, cette dernière pourra agir en toute connaissance de cause...

Relire ses notes, décrypter l'écriture serrée de Baër'lupis, réfléchir, décider... tout ça prend du temps ! Lorsque Thanakis contacte Cyan et la met en garde, elle reçoit une réponse aussi courte qu'explicite :


Trop tard...

La Première-Née soupire intérieurement, puis s'abandonne à la mélancolie.

 
Nelle

Le Luang 19 Nohanur 1507 à 19h49

 
Tout en parcourant la plaine vers l'Est, les deux Témoins s'étaient mis à discuter. Et rapidement le sujet de cette obsession refit surface...et surtout celui de la proposition de Thanakis, dont ils n'avaient encore pas eu l'occasion de débattre ensemble de vive voix. C'est Eleuname qui, l'air presque gêné, prit la parole à ce propos :

Hum... comment va votre père ? Avez vous des nouvelles ?
Acceptera-t-il la proposition de Thanakis vous croyez ?


Nelle repensa à son court échange mental avec son père, ce matin-là.


Il va...bien...pour l'instant.
La proposition de Thanakis...J'en doute, en fait...
Elle haussa les épaules.
Non, pour être franche, je n'en sais rien... Mais il réfléchira en ces termes : qu'a-t-il à y gagner ? Qu'ont les Témoins à y gagner en rentrant dans cette combine ?

Et s'il n'y avait rien à gagner, rien d'autre que la paix entre les Factions ? Ne serait ce pas suffisant pour nous Témoins du S'sarkh ?


Nelle réfléchit quelques instants avant de répondre... La paix entre les factions...Etait-ce aussi simple ? Ou plutôt aussi compliqué ? Oui, certainement...

Rien d'autre que la paix entre les factions ? Oui, bien sûr... Mais dans ce cas offrir simplement cet artefact à leur roi ne serait pas un moyen plus sûr pour parvenir à ce résultat ?
Ce que je veux dire, c'est : la manipulation est-elle le seul moyen pour arriver à cette fin ? Les tchaës de la Fraternités sont-ils si retords qu'ils n'entendent plus que ce langage...?
Je trouve juste cela...déroutant...


Thanakis prétendait avoir déjà tenté de faire entendre la raison à son peuple, qui y était resté sourd... Comment était-ce possible ? Nelle et Théalgia n'avaient eut qu'à exposer leur point de vue sur ces affiches nemens pour que ceux qui les avaient interprétées autrement reconsidèrent la question... Et rapidement les Témoins sur place avaient participé à la quête des artefacts dans ce seul but de permettre la réalisation du concile... Et non celui de prendre une quelconque longueur d'avance sur les autres factions... En tout cas c'est ce qu'elle croyait.
Deux gamines arrivaient à se faire entendre de leur cofactionnaires, mais le discours de la Première-née restait sans suite au sein de son peuple...? Le gouffre était-il si grand entre les mentalités de leurs deux factions ?
Oui, c'était pour le moins déroutant...


Vous les connaissez mieux que moi. Mais cette Thanakis semble digne de confiance.


Nelle sourit et répondit avec amusement à cette reflexion :

Peut-on dire d'une personne qui vous propose un tel manège qu'elle est digne de confiance...?
Enfin, là n'était pas mon propos. Pour ma part oui, j'ai confiance en Thanakis. Si sa démarche peut sembler curieuse, son but est respectable je n'en doute pas.
Mais vous et moi l'avons côtoyée suffisamment pour nous forger cet avis... Ce qui n'est pas le cas de mon père, je pense...
Enfin, nous verrons bien...


La jeune tchaë s'interrompit en soupirant, repensant une nouvelle fois à la situation de son père face à l'artefact, et à ses énigmatiques derniers messages...


De toute façon cette question se posera réellement si mon père récupère effectivement cette obsession...et en bonne santé...

Puis, scrutant la plaine qui les entourait maintenant à perte de vue ou presque, Nelle changea de sujet :

Et bien...cette plaine est aussi vide de végétation que de créatures, il semblerait ! Vers où devrions-nous chercher, à votre avis ? Est, Sud ? Restons-nous ensembles ou bien allons-nous chacun d'un coté pour étendre le périmètre de nos recherches ?

 
Krepion Loudmer

Le Luang 19 Nohanur 1507 à 21h01

 
*** PTOIIING ! ***


C'était quoi c'bruit ?

*** A ce son pour le moins incongru en pleine forêt, s'ensuit un sifflement typique d'objets en chute libre, puis des impacts successifs alentours : Le Conoluth-Trebuchet vient d'ensemencer ! Une noix perfore le sol dans une explosion de terre juste à coté du vieillard qui, malgré sa vigilance, se trouve pris au dépourvu. ***


Saperlipopette ! C'est quoi c'bordel ?! Il pleut des noix d'coco maint'nant ?! Si même la forêt décide d'nous mettr' dessus on est mal bar...hé !


*** Interrompant les remarques non dénuées d'intelligence du vieux tchaë, le sanglier de tout à l'heure revient en sens inverse, l'air tout aussi furieux et tout aussi déterminé à se dégommer du Krepion. A moins que ce soit la panique qui l'anime, et que Krepion se trouve tout simplement sur sa route... Mais au dernier moment, juste avant la collision -qui aurait été sans le moindre doute à l'avantage du porcidé- une noix de Conoluth-Trebuchet lui perfore le crâne, sous le regard horrifié -et un tantinet paniqué- du vieux marin...
Sans un regard en arrière pour la botaniste, Krepion profite sans hésitation de cette occasion de mettre à l'épreuve l'efficacité de sa nouvelle jambe articulée : il détale comme un lapin, droit devant lui.

Et c'est à croire que toute la forêt a décidé sa perte : à quelques mètres à peine de la lisière, une énorme araignée se jette sur sa jambe et lui plante son dard empoisonné dans le mollet -celui de chair ce coup-ci. Une nouvelle morsure de chiroptère orne également son épaule, et ce n'est que grâce au fait de s'affaler douloureusement dans l'herbe qu'il évite sans le faire exprès l'attaque d'un flaviste hargneux qui traine par là....

Mais c'est en apercevant juste sous son nez une drôle de fleur violacée, composée de deux couronnes de pétales tournant en sens inverse l'une de l'autre, qu'il comprend qu'il vient d'éviter le plus grand danger : s'il avait écrasé ce machin en tombant, nul doute que la botaniste, si elle survit aux chutes de noix de conoluth, l'aurait achevé sans plus de cérémonie... ***


- Elite Fraternelle Tchaë -
Qui ne risque rien... ne rate rien.

 
Thanakis

Le Luang 19 Nohanur 1507 à 23h38

 
La soirée s'avance, et l'Erudite médite, accroupie devant le feu de camp qu'elle a entretenu tout le jour durant. Le lieutenant Sirohl se tient à quelques pas, appuyé sur son arme, plus silencieux (et sans doute moins avisé) qu'une pierre tombale.

Les nouvelles en provenance de ses... frères ? Amis ? Administrés ? Pions ? sont diverses : les uns souffrent, les autres s'aiment... mais finalement, leur présence à ses cotés est un mystère.

Qu'est-ce qui réunit tous ces gens ? Le désastre de ses jardins ? Allons, bien sûr que non... Thanakis sait, au fond d'elle-même, ce qu'elle est. Mais eux, le savent-ils ? Le soupçonnent-ils ? Ils lui font confiance, impressionnés par son statut et peut-être, sa réputation...

Cela perturbe la Première-Née, plus encore qu'une marque injustifié de défiance. Sa culture lui souffle que tout se mérite, à commencer, justement, par la confiance. On ne l'accorde pas "comme ça", sauf si, bien sûr, on sait quelque chose qu'on ne devrait pas savoir...

Un frisson nait sur sa nuque : quelqu'un leur a parlé d'elle ? Tryphon, ce vieux grigou, peut-être ? Héritière de six siècles de paranoïa fraternelle, Thanakis ne supporte pas qu'on s'intéresse à son cas, même si cela ne pourrait que lui servir.

Elle repense à son audacieux projet, et le message d'avant-hier, resté sans réponse, lui revient en mémoire. L'indifférence du monde aux souffrances des êtres nous contamine, pense-t-elle. Il lui arrive de haïr Syfaria, monument de cruauté absurde envers ses hôtes. Et dans ces moments-là, elle fredonne à voix basse le premier chant que les colons tchae ont composé, lorsqu'ils ont franchi l'Antre :


Syfaria, monde vil,
Je t’appelle prison.
Prison, prison, prison vile,
Vivre là-dedans, c’est coton.
Tu crois pouvoir fuir en douce,
Même la mort t’est refusée.
Dans les champs, le blé pousse,
Mais les effluves le font crever
Le PhenS’sarkh et ses rejetons
Gangrènent le cœur et la raison, prison...

Donne-moi ta main, camarade,
Toi qui viens d'un pays
Où les êtres sont beaux.
Donne-moi ta main, camarade,
J'ai cinq doigts, moi aussi.
On peut se croire égaux.

Regarde là, ma vie :
Elle s'appelle poison,
Poison, poison, poison-vie,
Me tailler d'ici, à quoi bon ?
Pourquoi veux-tu que je me perde
Dans les couloirs du carrousel ?
Notre âme est souillée par la merde,
Promesse d’une horreur éternelle...
Si j’allais dans d’autres factions,
J’emporterais dans mon giron, poison...

Donne-moi ta main, camarade,
Toi qui viens d'un pays
Où les autres sont beaux.
Donne-moi ta main, camarade.
J'ai cinq doigts, moi aussi.
On peut se croire égaux.

Serre-moi la main, camarade.
Je te dis : "Au revoir".
Je te dis : "A bientôt".
Bientôt, bientôt,
On pourra se parler, camarade.
Bientôt, bientôt,
On pourra s'embrasser, camarade.
Bientôt, bientôt,
Les oiseaux, les jardins, les cascades.
Bientôt, bientôt,
Le soleil dansera, camarade.
Bientôt, bientôt,
Je t'attends, je t'attends, camarade...


Chanter l'a apaisée. Elle reprend sa méditation vespérale.

 
Nelle

Le Matal 20 Nohanur 1507 à 13h05

 
Les deux témoins avaient finalement décidé de se séparer pour accentuer les recherches. Une fois arrivés aux pieds des montagnes du Col du Partage, Nelle prit la direction du sud.
Elle marcha une bonne partie de la journée sans apercevoir de végétation susceptible d'apporter un quelconque intérêt botanique, bivouaqua à l'orée de la forêt, et se remit en route au lever du jour, toujours vers le sud.

Elle commençait à envisager de faire demi-tour, persuadée maintenant qu'elle ne trouverait rien d'intéressant en ces lieux, qui commençaient de plus à être de plus en plus fournis en habitants pas toujours d'inoffensifs, quand quelque chose attira son attention au loin, à la lisière du bois... Nelle se rapprocha, et si elle jeta un oeil sur le Chronolys, c'est surtout le vieillard affalé à coté, gémissant et délirant qui retint son attention. Nelle nota rapidement les entailles qui ornaient son bras et son épaule, et surtout la morsure sur sa jambe droite, boursoufflée et infectée...


Poison ! souffla la jeune fille, se préparant à incanter un sort de purge. Mais, lui touchant le front, elle ne le trouva pas si fiévreux... Le vieillard, tout maigre et décharné qu'il paraissait, avait de la ressource, songea-t-elle...
Elle se "contenta" donc d'un sort de soin modéré, puisant directement dans le flux pour combler son manque de mana. Le sort n'eut qu'un effet modeste, mais le vieillard semblait de nouveau hors de danger. D'ailleurs il commençait à reprendre connaissance, l'air un peu hagard.


Monsieur Loudmer, vous êtes seul ?! Ne bougez pas, la plaine au nord d'ici est dangereusement peuplée.


Elle sortit de son sac une petite flasque et la tendit au marin, regrettant de ne pas avoir de véritable potion de soin.


Tenez, buvez ça, ça vous fera du bien... Je n'ai rien de mieux à vous proposer pour le moment, désolée... Quand j'aurai récupéré un peu moi-même, je tenterai de vous soigner de nouveau.


 
Krepion Loudmer

Le Matal 20 Nohanur 1507 à 15h14

 
*** Krepion avait passé une fort mauvaise nuit... Délirant et fiévreux sous l'effet du poison de l'araignée d'ombre, toutes sortes d'hallucinations défilent sous ses paupières brulantes... Les couronnes de la fleur se mettent subitement à tourner à une vitesse folle, et celle-ci se détache de sa tige telle une scie circulaire aux pétales acérés pour se jeter sur le marin et le découper en petits bouts de Krepion . Puis la vision change: Thanakis est penchée sur lui et le regarde l'air narquois, un rictus mauvais déformant son visage. Elle le raille et le montre du doigt tout en lui débitant la liste sans fin de ses défauts en tchaë antique, que le vieillard comprend parfaitement pour une fois. Krepion se met à pleurer, et soudain sa jambe de bois prend vie, elle s'agite et se tord d'elle-même en tous sens, pour se transformer en une masse compacte de serpents aux rayures fluorescentes qui détalent de tous cotés. Son moignon restant se ratatine, commence à fondre et à se répandre par terre en une matière visqueuse, brune et odorante qui ne laisse aucun doute sur sa nature fécale.... ***


Tnypnz !

*** Une voix le tire de son délire, et bien que ce qu'elle dit n'a aucun sens, elle semble bien réelle.
Le vieillard ouvre les yeux tandis que sa souffrance s'atténue quelque peu. C'est la gamine étrangère qui est penchée sur lui et lui parle, en tchaë maintenant.
Seul ? Il regarde autour de lui l'air encore un peu hagard... Oui, il semblerait effectivement qu'il soit seul. La botaniste a-t-elle succombé, le crâne éclaté par une noix de conoluth ? Sa cervelle de grande naturaliste se trouve-t-elle répandue sur un tapis de feuilles dans la forêt ? Ou peut-être qu'elle a fui elle aussi, mais dans une autre direction...
La gamine interrompt ses réflexions et lui tend une flasque en lui intimant de boire... Une potion au gout acre, certainement. Mais le vieux obéi sans discuter. N'importe quoi pourvu que la douleur cesse. Après la première gorgée, il descend le contenu de la flasque d'une traite : de l'hydromel !! Brave petite !!

Avec un sourire de reconnaissance, le vieux marin se redresse et s'adosse contre un tronc d'arbre, avant de bredouiller un remerciement : ***


Mhmmm... Merci

- Elite Fraternelle Tchaë -
Qui ne risque rien... ne rate rien.

 
Baër'lupis

Le Matal 20 Nohanur 1507 à 16h32

 
La botaniste, au moment où le marin se carapate, se trouva dans une situation bien délicate.

Elle qui a passé la journée à entendre les simagrées du vieillard d'une oreille distraite, plutôt concentrée à ses taches d'observation, lui répondant seulement de grognements, se dit maintenant que sa compagnie était pas loin d'être nécessaire.

En tentant d'aller récolter les noix, se protégeant de ses avant-bras, elle fut blessée à maintes reprises. C'est avec les poches vides et quelques membres cassés qu'elle sortit de la forêt.

Elle avait été saisie d'admiration devant ce milieu qu'elle ne connaissait guère ; elle qui était habituée aux petits bois montagneux, cette forêt presque tropicale, elle ne l'avait pénétrée qu'en présence de guides confirmés, non seule ou bien en compagnie d'un saoûlon.

Elle arriva dans la clairière, en se tenant le ventre. Elle avait tenté d'esquiver une araignée immense occupée à dévorer un cerf, mais celle-ci l'avait repérée, puis attaquée, la laissant partir aux prix de maints efforts de la part de la botaniste pour se servir de la magie offensive.

Elle se reposa un instant, et sentant son corps tout engourdi. Elle avait probablement été empoisonnée, par-dessus le marché. Elle plissa le front. Bon début, pour un premier contact avec des formes de vie animales à l'état sauvage. Ses collègues étiologues riraient bien s'ils la voyaient...

Elle s'effondra sous un arbre. Tant pis pour les échantillons ! L'observateur devait survivre pour être utile à la science !

En gémissant, elle défit sa robe. Un sang noir coulait de sa fesse droite et de son épaule. Elle se concentra, et une lumière blanche éclaira sa main. La douleur cessa, ses os se ressoudèrent, mais elle se sentait toujours aussi faible et engourdie. Sans aucun doute, l'Erudite la soignerait. Cependant, elle se refusa à la contacter pour le moment, jugeant qu'elle n'était pas encore en danger de mort.

Epuisée, elle s'endormit.



 
Nelle

Le Matal 20 Nohanur 1507 à 17h00

 
Nelle s'assit à coté du marin et sortit sa gourde d'eau. Après avoir bu longuement, elle se concentra pour donner de ses nouvelles à Eleuname et Thanakis, et les informer de l'état du vieux tchaë. La réponse de l'Erudite ne tarda pas, brève et tombant comme une réprimande dans l'esprit de la jeune fille.
Nelle se releva, confuse, et observa les alentours : le Bois des ans à l'ouest, les montagnes du Col du Passage à l'Est, toutes proches. Elle sortit sa carte et envoya une image mentale de leur position approximative à Thanakis, penaude. Son message ne se voulait pas alarmant, mais la première-née semblait décidée à venir les...secourir.
Soit. Le marin semblait pourtant maintenant hors de danger, et le rouge qui envahissait ses joues sous l'effet de l'alcool confirmait qu'il se remettait peu à peu. Sans pouvoir se défaire de son embarras à faire se déplacer Thanakis, et de l'impression d'être inutile, Nelle ne pouvait cependant que convenir que c'était plus sage. Plus prudent. L'Erudite remettrait le vieux tchaë sur pied, et assurerait sa sécurité bien plus efficacement qu'elle-même et ses dérisoires sorts de soin, sans nul doute.

Elle s'apprêtait à informer le marin que la première-née était en route, mais un nouveau message lui parvint : son père !
La joie qu'elle ressentit au contact mental de son père s'evapora cependant bien vite, et son expression se figea d'horreur lorsque celui-ci s'interrompit brutalement.
Sous le regard abasourdi du vieux tchaë, Nelle porta ses mains à son visage et tomba à genoux en hurlant.


PAPA NON !!!!
Non...


Pliée en deux et secouée de violents sanglots, Nelle se laissa aller au désespoir. Elle avait redouté ce qui venait d'arriver, mais sans vraiment y croire, sans réellement l'envisager... Et la réalité venait de la percuter de plein fouet.
Son père venait de succomber.
Le néant qui avait interrompu le contact mental ne laissait planer aucun doute.
Aucun espoir.

Nelle avait beau se répéter que son père, en tant que symbiosé, avait de fortes chances de réapparaitre dans un pilier de poussière, sa peine et son désarroi n'en étaient pas moins grands.
La mort n'était pas quelque chose d'anodin.

Les joues sillonnés de larmes, le visage figé et le regard vide, Nelle revint gravement s'assoir à coté du marin, les jambes ramenées contre sa poitrine. Une nouvelle fois orpheline, elle continua à pleurer silencieusement le sacrifice de son père.


 
Thanakis

Le Matal 20 Nohanur 1507 à 18h26

 
L'Erudite reçoit deux messages inquiétants, coup sur coup, et décide de se déplacer.

Cela fait quelques jours qu'elle rumine de sombres pensées à propos de ses responsabilités et de ses devoirs, tant envers ses frères qu'envers celles et ceux qu'elle entraine dans sa quête... et son roi, bien sûr, persiste à lui interdire toute entreprise, toute intercession, toute action...

Au milieu de ces bois, Oriandre n'est plus qu'un mot. L'obéissance, un concept vidé de toute substance. La voix de son roi porte loin, mais Thanakis fait la sourde oreille : elle marche à pas forcé dans la plaine, en direction du col du passage.

C'est alors qu'elle reçoit un troisième message, brutalement interrompu.

Incrédule, la Première-Née s'arrête, indifférente aux attaques qu'elle subit : la majorité d'entre elles est déviée, voire retournée par sa magie de protection. Non sans hésiter, elle consulte son mou : Oui, l'auteur du message mental est mort... au beau milieu de l'échange !

Cette fois, Thanakis court. Une nouvelle attaque détruit son camouflage ; elle l'ignore, accélère en percevant l'orée toute proche, puise dans ses réserves pour l'atteindre. Elle voit au loin sa sœur Lupis, au plus mal : en quelques foulées, elle la rejoint, la protège du mieux qu'elle peut, lui demande où sont Nelle et Krepion Loudmer. Elle repart...

A bout de souffle, l'Erudite les aperçoit enfin, au niveau du col. Elle s'y hisse dans un dernier effort, se concentre sur sa magie : il lui reste de la puissance, peu, mais suffisamment...

Une aura de renforcement enveloppe le marin, puis la jeune tchae, recroquevillée au sol. L'Erudite sait très bien, trop bien même, ce qu'elle ressent...

Elle se tait, s'assied lentement à ses cotés, et la prend dans ses bras. Usant de ses longs cheveux comme d'un teepee, perdue dans les sanglots de Nelle, elle cache à tous son propre désarroi...


 
Cälli

Le Matal 20 Nohanur 1507 à 22h49

 
*** Inconscients du drame qui se déroulait plus loin, Cyan et Cälli avaient passé une journée sous l'influence de la plante, jusqu'à ce que leurs corps ne puissent plus soutenir leurs ébats.

Ce répi physique leur permit de finir de récolter les graines de la Rosejoue, puis, finalement Cälli proposa une petite promenade au clair de lune...

Ce n'est qu'une fois à bonne distance de la plante, et après avoir pu se réoxygéner dans l'air fraiche de la nuit que le peintre eu conscience de ce qui s'était passé. Et du coté "anormal" du déroulement des dernières heures... Puis lui revient en tête le message de Thanakis, arrivé juste un peu trop tardivement, et il comprit... La rose l'influence qu'elle avait... Cälli avait beau ne pas aimer les "conventions sociales", il lui semblait là avoir dépassé ses propres limites personnelles.

Accélérant le pas le peintre prit de l'avance sur Cyan, sans même oser se retourner... Arrivé à la route, ne voulant tout de même pas perdre Cyan dans la nature, il éprouvait déjà une certaine forme de remord, presque un sentiment nouveau pour Cälli... Enfin, le fait est qu'il s'arrêta au niveau de la route, sur une pierre mousseuse, et posant ses coudes sur les genoux puis sa tête sur ses mains réunies il commença à réfléchir, il se sentait le besoin de faire le point...
***


 
Nelle

Le Matal 20 Nohanur 1507 à 23h47

 
Finalement la venue de Thanakis est salutaire, pas seulement pour la santé du vieux marin.

Nelle se laisse aller dans ses bras, secouée par de nouveaux sanglots, mais rapidement apaisée par la présence silencieuse et compatissante de la jeune femme.
BIentôt sa respiration redevient régulière, et les yeux fermés, Nelle reste simplement immobile, blottie dans cette étreinte rassurante. Par ce simple geste, elle se sent l'espace d'un instant un peu moins seule, un peu moins orpheline...

Au bout d'un moment, elle murmure dans un souffle :


Thanakis... Merci d'être là...

Le silence s'installe de nouveau avant que la jeune femme, s'écartant doucement, réponde à voix basse, comme pour s'excuser :

Nelle... ma soeur Lupis est perdue plus au nord, mortellement blessée. Je dois la retrouver, la secourir... je dois partir...

La jeune fille se fige, mais ne dit rien, et regarde la première née s'éloigner avec regret, mais aussi avec reconnaissance : son devoir l'a menée là pour soutenir le corps meurtri du vieil homme, réconforter son âme en peine, et il l'appelle maintenant vers une autre soeur dans le besoin. L'observant disparaitre derrière les arbres, Nelle se demande pourquoi elle fait tout cela... Après tant d'années, qu'est-ce qui l'anime encore, qu'est-ce qui lui donne encore cette force et ce courage...?

De nouveau seule, elle regarde le vieillard qui s'est finalement endormi. Sentant la mélancolie l'envahir, elle tente de se ressaisir : elle tourne son attention vers la plante, et s'abandonne pendant de longues minutes dans l'observation de ses pétales en couronnes, la régularité du mouvement rotatif ayant un effet calmant sur les nerfs à vif de la jeune tchaë.
Puis, se rappelant le but premier de leur mission, elle en prélève quelques causses, avant de s'accroupir auprès du marin et de le secouer doucement :


Monsieur Loudmer, réveillez-vous... Venez, allons rejoindre Thanakis et Baer'Lupis, au nord. Nous rentrerons ensembles au campement.

Le vieillard grogne un peu, s'étire, puis se remet debout sans rien ajouter. Nelle incante successivement deux sorts de soin, sur lui puis sur elle-même, et se met en marche, longeant la forêt vers le nord, suivie du marin et de sa démarche claudiquante.


 
Cyan

Le Merakih 21 Nohanur 1507 à 00h34

 
*** Cyan sous l'effet de la plante s'est laissée aller à des mots et des gestes dont elle ne se serait pas crue capable.
Elle sourit à ce souvenir.
Rien, elle ne regrette rien !
Ou plutôt, si, une seule chose : que Cälli et elle aient commencé une relation... charnelle ? sous l'emprise de cette plante.
Aucun romantisme, à vrai dire peu d'amour.

Oui, c'est clairement ça que Cyan regrette.
Tout fut délicieux pour le corps. Mais l'âme ? Le coeur ?

Cälli accélère le pas, sans se retourner.
Cyan sent les larmes lui monter aux yeux. Elle ne sait pas exactement pourquoi. La fatigue sans doute... la crainte de l'avoir... déçu ? la peur qu'il n'ait plus envie de la voir, de continuer une relation avec elle...
Ou plutôt d'en commencer une, réellement, sans plante, sans rien... mais avec le coeur, avec ... de l'amour ?

"A-t-il honte ? Est-il déçu ? Est-il las de moi ? Ou choqué par ce que j'ai fait, dit ? Il accélère sans se retourner, ne veut-il plus me voir ?"
Cyan se retrouve plongée dans un océan d'incertitude et de questions sur elle et sur Cälli, alors que depuis quelques temps, elle est assez sûre d'elle et de son jugement.

Elle voit le mage au loin qui s'assoit sur une pierre plate. Il semble réfléchir.
Elle voudrait s'avancer, s'asseoir derrière lui, passer ses bras autour de son torse, appuyer son visage contre son dos, ne rien dire, juste rester là, contre lui. Recréer un lien, un lien simple...

Elle ne veut pas faire comme si de rien n'était , comme s'il ne s'était rien passé, non, elle n'aime pas le travestissement de la réalité.
Mais elle voudrait que maintenant ils s'approchent à nouveau doucement, tendrement, gardant leurs délires charnels en mémoire pour enrichir leurs futurs ébats si futur il y a.
Elle voudrait... elle voudrait... elle voudrait, oui, qu'il y ait un futur, au moins petit, mais oui, continuer encore un peu à s'approcher... et puis advienne que pourra.

Elle voudrait ! Mais elle reste là, à marcher de plus en plus lentement, la peur grandissant dans son ventre au fur et à mesure qu'elle approche du mage.
***


 
Thanakis

Le Merakih 21 Nohanur 1507 à 09h13

 
L'Erudite s'éveille au petit matin, percluse de crampes qu'un poison insidieux distribue dans son corps. Krepion, Nelle et Baër'lupis dorment à poings fermés, indifférents à la présence de nombreuses créatures hostiles dans leurs alentours immédiats.

Enhardi par les premiers mouvements patauds de Thanakis, un loup malfaisant bondit d'un creux du terrain, ventre à terre, et tente de la surprendre : il s'écrase sur une barrière invisible, tandis qu'une nuée de dards ligneux pénètre sa chair et l'écorche vif ! Il s'enfuit aussitôt, hurlant de rage et de dépit.


Nulle violence qui ne soit désespérée... Pense Thanakis, toujours engluée dans un sommeil qui tarde à se dissiper.

Elle balance sa besace sur l'épaule, voit un verre d'hydromel renversé dans l'herbe. Curieusement, cet objet anodin la perturbe davantage que le loup. Elle le ramasse. S'approchant des endormis, elle ausculte l'état de santé de chacun, mais n'a plus assez d'énergie ni de magie pour les aider. Elle dépose une seconde potion près de Nelle, se relève et la main en visière, regarde au loin :

L'endroit est dangereux, il leur faut bouger... vers le nord. Trois ou quatre monstres s'y trouvent encore, mais au-delà, la plaine s'élargit et devient saine.

Elle décide de s'y rendre, non sans prévenir ses compagnons d'échappée de quelques paroles qui, l'espère-t-elle, feront leur chemin dans leur esprit ensommeillé.

Telle une vouivre, elle serpente dans les hautes herbes pour se cacher...


 
Nelle

Le Merakih 21 Nohanur 1507 à 13h07

 
Tiraillée entre la fièvre provoquée par le poison arachnide et ses pensées revenant sans cesse à son père, Nelle ne trouve pas le sommeil, malgré ses yeux fatigués et gonflés d'avoir pleuré. Assise en tailleur, enroulée dans sa couverture, elle laisse errer son regard de ci de là, à l'image de l'errance de ses réflexions...
Son père reviendra-t-il par un pilier de poussière ? Les symbiosés reviennent, presque systématiquement. Presque.
Oui, il le faut...Il ne peut en être autrement... Il ne peut pas l'abandonner. Pas maintenant...
Il reviendra.
Nelle s'accroche à cet espoir comme un bigorneau à son rocher.
Mais quand ? Et dans quel état...

Lasse de ressasser ces mêmes questions sans réponses, Nelle s'étend enfin, se blottissant tout contre la Première-née, et ferme les yeux. Une nouvelle fois son esprit se tend vers celui de son père, et ne trouve que le néant pour tout écho.
Puis enfin le sommeil s'empare d'elle.


Au matin, la fièvre est toujours là, mais semble baisser peu à peu. Nelle se lance un nouveau sort de soin, sourit en trouvant la potion que Thanakis a glissé dans son sac, puis sourit de plus belle en apercevant le vieux marin qui dort en suçant son pouce...
Après s'être passé un peu d'eau sur le visage, elle plie sa couverture et se met en marche pour rattraper l'Erudite.
Un peu plus au nord la plaine est effectivement beaucoup moins hostile, et les deux jeunes femmes s'installe de nouveau dans l'herbe pour attendre leurs compagnons et prendre de nouveau un peu de repos.


 
Cälli

Le Merakih 21 Nohanur 1507 à 16h23

 
*** Cälli sentit Cyan s'assoir à coté de lui, son corps contre le siene, réconfortant. Elle ne le rejettait pas. Il fut heureux à cette idée, cela confirmait tout le bien que le Tchaë pensait d'elle. Il arrêta donc sa décision: assumer, et avancer, être honnète, jouer cette carte là, maintenant pour lui laisser la possibilité encore de le rejetter avant que leurs liens ne soient trop forts... ***


Cyan... Sourit tendrement. Je suis désolé pour ce qu'il s'est passé. Cela ne correspond pas vraiment à ce que j'avais envisagé. Mais les choses sont ainsi il ne sert à rien de les nier...

Mais avant d'en arriver là j'avoue que j'avais prévu d'autre choses, plus de temps, et plus de... d'intimité, non physique mais pour le reste. J'ai presque l'impression de t'avoir trompée de ne pas avoir pu te parler avant.

Mais je ne peux me résoudre à la cupabilité ou au remors, nous n'avons réagit comme cela qu'à cause de la plante. Et j'oserais presque dire qu'il est mieux que ce soit tombé sur nous
Sourit légèrement en imaginant d'autres couples de leur voyage...

Quoiqu'il en soit, pour moi, cela ne change pas ce que je ressens pour toi, j'aimerais reprendre notre... relation... Là où nous en étions, elle sera peut être accélérée maintenant, par l'envie de recommencer Le ton est à l'humour, chose rare chez le peintre.

Mais je dois te parler, te parler de mon passé au moins, mais c'est difficile, très difficile...

Allons au campement, nous pourrons discuter tranquilement tous les deux.


 
Cyan

Le Merakih 21 Nohanur 1507 à 18h25

 
*** Alors Cyan prit la main de Cälli, l'aida à se relever, lui sourit et, gardant sa main dans la sienne, commença à faire route vers le campement, sans dire un mot.

Il parlerait quand il serait prêt. En attendant, elle ne pouvait que le guider vers le chemin de son coeur, doucement, tendrement.

Et l'accueillir, encore et toujours. L'accepter, comme elle avait accepté son corps en entier, dans sa totalité.
Elle avait respiré son odeur, avait bu sa sueur fraîche de l'amour, elle avait exploré toutes les parties de son corps, tout vu, tout embrassé, tout léché, tout aimé...

Elle savait que souvent ce qui en nous nous parait monstrueux et inacceptable, pour les autres n'est qu'un petit défaut charmant (et que parfois, là où on se croit très agréable aux autres, on est parfaitement insupportable !!!). Aussi n'avait-elle pas trop d'appréhension d'entendre l'histoire passé de Cälli. Et le passé est le passé, dans tous les cas. Seules les répercussions sur le présent avaient réellement de l'importance.

Elle lui laisserait le temps. Elle lui offrirait toutes les parenthèses de douceur dont il pouvait avoir besoin pour avoir le courage de parler.
Cyan n'était pas parfaite, et surtout elle ne demandait pas aux autres de l'être (même si elle avait parfois tendance à se le demander à elle même). Elle aimait chez les autres, les failles, les cicatrices, tout ce qui fait qu'on n'est pas lisse, que notre âme vibre...
Tout ce qui nourrit le jardin intérieur... de joie et de tristesse....
Le reste ? Le reste lui importait peu, ce n'était que conventions, rôle social, habitudes et .. emprisonnement dans tout cela.
***


 
Krepion Loudmer

Le Merakih 21 Nohanur 1507 à 21h14

 
*** Krepion a assisté sans savoir quoi faire au chagrin soudain de la jeune fille. Bien plus que les leçons narquoises de sémantique de Thanakis, la détresse simple et manifestement profonde de la gamine le fait se sentir bête et inutile : lui qui ne perd jamais -ou rarement- une occasion de la ramener se trouve subitement complètement démuni et muet face à la petite en pleurs.
Aussi quand Thanakis arrive, une fois n'est pas coutume, le vieillard est bien content de la voir là. En regardant l'Erudite prendre Nelle dans ses bras, il ne peut que convenir intérieurement qu'il aurait bien moins convaincu dans le rôle de la maman consolatrice. Si les circonstances -qu'il ignore d'ailleurs- ne semblaient pas si graves, il aurait même trouvé qu'elles formaient toutes deux un bien joli tableau.
Finalement Krepion s'endort dans l'herbe, encore bien affaibli par son récent empoisonnement.

Quand la jeune tchaë le réveille doucement, il la suit sans oser la questionner, de peur de la voir se répandre une nouvelle fois en larmes. Rapidement ils rejoignent la Première-née et cette bonne vieille botaniste, qui a donc manifestement réchappé aux noix de conoluth meurtrières. Ainsi qu'aux autres dangers de la forêt, bien qu'elle ne semble pas plus que lui au mieux de sa forme... ***

- Ah vous v'la ?! Z'avez pas fini le crâne fendu par une noix d'coco, final'ment. Z'allez bien ?

- J'en suis pas passé loin, et j'ai failli manger les feuilles...

*** Oh oh, mais ne serait-ce pas là une pointe d'humour ?! Elle en est donc capable !!! Krepion se retient de lui assener une grande claque dans le dos, sous le coup de la découverte...
Finalement, alors que la nuit est largement tombée et que le silence de la fatigue s'installe, le vieux marin s'approche de Thanakis et, lui désignant ses vêtements qui luisent doucement sous l'effet de l'essencialis, il lui dit à voix basse : ***


- ..hem...hum...heu...merci. Très saillant, c'te p'tite lueur sur ma vest' rapiécée. Très chic.
Dites, ça va pas attirer les insectes au moins ?

- Aucune importance, frère... ils ne peuvent plus vous piquer...

- Oui peut-être, mais vot' magie, elle les empêche aussi d' faire leurs insupportables ''bzzz bzzz'' ?!


*** Thanakis sourit, d'amusement ou bien peut-être de lassitude, puis répond finalement : ***

Passez-moi donc un peu de vin, au lieu de ronchonner...

*** Trop content de trouver quelqu'un avec qui trinquer, Krepion ne prend pas la peine de s'étonner d'une telle requête de la part de la si respectable Erudite. Il entrouvre sa sacoche, hésite un instant en farfouillant dedans, puis sort finalement une bouteille d'hydromel qu'il lui tend presque à regret... ***

T'nez m'zelle. Une bonn' cuvée. Savourez-la, elle m'a couté six jours de...heu...salaire...

*** Thanakis s'en sert un verre et s'apprête à le porter à ses lèvres, mais son regard se trouble et... elle s'endort ! Le vieux marin s'affole et secoue l'Erudite... ***

Hé !! Nan mais faites un peu gaff', z'allez l'renverser !!

*** Trop tard, le précieux contenu s'est répandu dans l'herbe, et Thanakis continue de pioncer l'air de rien malgré ses efforts pour la réveiller. Krepion jette un regard tour à tour indigné et dépité sur la jeune femme et le récipient renversé. ***

Pfff...Savent pas picoler ces femm'lettes...Quel gachis ! Un si bon hydromel...
Ah nan mais j'comprends bien qu'pour vous c'est rien...Y vous en servent tous les jours dans vot' resto universitaire, chuis sûr...
Alors forcément, 'vous z'en foutez d'en renverser un verre...Après tout, c'est rien qu'un peu d'hydromel...

Rien qu'un peu d'hydromel... Pfff... J'vous jure... Sav' pas apprécier les bonn' choses, ces bourgeoises...

*** Le vieillard continue de râler tout seul à voix haute le temps de finir ce qu'il reste d'hydromel dans on propre verre, puis s'endort à son tour, serrant contre lui la bouteille vide.


Le lendemain matin, après avoir rassuré Baër'Lupis sur le fait que Nelle a récolté des graines de la fleur bizarre -qu'elle a raté, du coup, quelle idée aussi de courir après des noix de coco dévastatrices- il rejoint la gamine et Thanakis plus au nord, dans un lieu effectivement plus calme. Cette dernière semble d'ailleurs s'être rendormie, et Krepion s'installe dans l'herbe avec une nouvelle bouteille de vin, ne pouvant s'empêcher de lui jeter de temps à autres des regards réprobateurs... La douce ivresse de l'alcool lui permet de ne plus, ou presque, sentir la douleur de certaines blessures encore vives... ***


- Elite Fraternelle Tchaë -
Qui ne risque rien... ne rate rien.

 
Eleuname

Le Merakih 21 Nohanur 1507 à 21h44

 
*** Eleuname longeait le fleuve pour rejoindre le campement lorsuq'il vit soudain une fleur au loin. Il s'approcha et envoya rapidement un message à Thanakis. ***


Citation :
Thatha Thanakis

J'...j'...j'ai trou trouvé lalala tutututulipepepe -pe.
Jejeje reste prprprprès d'elle pppppppour ramamamaser lele bububulbe.

Citation :
Voilà une variété de tulipe toute aussi réputée que la Rosejoue Priapique, mais pour d'autres raisons plus anecdotiques. Elle est cependant célèbre chez les troubadours, bardes, bouffons et plus généralement, chez les intermittents du spectacle :

Quiconque en respire le parfum capiteux devient bègue, pour une durée égale (en nombre de tours) à la partie entière de [100-I]/10. I, c'est votre score en intelligence. Par exemple, quelqu'un ayant 18 doit p-parler co-co-comme ça p-pen-p-pend-pend-pendant d-dant huuuu-huit t-tours.

Si vous voyez cette plante, c'est que son parfum peut vous atteindre. C'est ballot, surtout si vous êtes poursuivi par une créature du S-Shh-hh, du Ssss-ssh-hh... du Shhhhhh-S-S'sharr (ah m... trop tard).

Vous devez stationner un tour au contact de cette fleur pour en prélever un bulbe.


 
Baër'lupis

Le Julung 22 Nohanur 1507 à 01h18

 
GASP ! Rheuuh !

L'air emplit les poumons de la tchaë, qui se réveille subitement de son cauchemar. Elle s'enfonçait dans le sol, continuellement, et des pattes griffues lui déchiraient les chairs.

Mais là, elle se sent bien. A en voir la position du soleil, elle ne s'est évanouie que quelques heures. A son réveil, ses plaies sont guéries, et l'engourdissement a disparu. Thanakis n'est pas loin, ainsi que le marin et la jeune Adoratrice.

Le marin s'inquiète de sa santé ; elle en sourit, se souvenant de la vitesse à laquelle il disparaissait au moindre signe de danger. Peut-être devait-elle en prendre de la graine après tout...

Mais, le triste constat la rattrapait. Elle avait été faible, avait failli dans sa mission. Elle aurait du songer à un moyen d'esquiver les projectiles. Peut-être, en y retournant, avec un de ces larges boucliers qu'ils forgeaient en ville ? Le reste de la soirée fut plutôt morose, et elle retourna vite dans un sommeil peu reposant.



Le lendemain, tout le monde était déjà au pied levé. Elle se sentait vieille, et lourde telle un fardeau.

Elle ne pouvait supporter cette position. Elle était femme de science, et sa passion devait transcender les faiblesses de son corps. Elle se força à maintenir un rythme soutenu, même si elle fermait la marche. A un moment, sans que les autres puissent le voir, elle fit quelques gestes en maugréant quelques syllabes. Tant qu'elle le pourrait, la magie l'aiderait à gagner des forces. Après tout, ça servait aussi à ça.

Se donnant un air guilleret, elle rattrapa le groupe, et voyagea avec eux en se donnant un air guilleret. Lors de la halte, elle entreprit de faire le point. Elle se dirigea vers Nelle.


Ma p'tite, peux-tu me montrer ce que tu as amassé hier ? Je vais les consigner.

Elle regarda la jeune tchaë dans les yeux.

Je n'ai pas encore eu l'occasion de le faire, mais je tenais à te remercier pour ce que tu fais pour nous. C'est d'une importance capitale, même si ce ne sont que de simples graines. Et je souhaite de tout mon cœur que tu puisses voir un jour, en Oriandre, les fruits de notre entreprise....

Elle regarda ses pieds.

Je n'ai pas été très sociable, mais si tu as une question sur quoi que ce soit, nos recherches ou n'importe quoi d'autre, je suis là.

La jeune fille ne semblait pas vraiment dans son assiette. Elle ignorait comment soigner quoi que soit d'autre que des plantes, mais elle se devait d'un minimum de reconnaissance envers elle.


 
Nelle

Le Julung 22 Nohanur 1507 à 17h16

 
Nelle fut surprise de voir s'approcher la botaniste, avec qui elle n'avait jusque là pas réellement eu l'occasion de converser. Elle observa la petite vieille d'apparence habituellement renfermée tandis qu'elle lui parlait, et lui répondit avec un léger sourire :

Oh, c'est à moi de vous remercier, madame : à chaque découverte, à chacun de vos exposés ou de ceux de Thanakis je m'enrichis de nouvelles connaissances, et au final ma participation à cette expédition m'est tout aussi profitable qu'elle l'est pour vos jardins... Elle l'est d'ailleurs sur bien d'autres aspects que celui du registre des connaissances botaniques...


Elle hésita un instant avant de continuer avec un sourire d'excuse :

A vrai dire je n'ai pas franchement l'esprit à discuter, actuellement...
Une fois reposée au campement, je serais très heureuse de parler avec vous de vos recherches ou de...n'importe quoi d'autre...je suis sure que vous avez énormément de choses à partager, et ce sera avec plaisir.

Oh, et voici les causses de Chronolys
, rajouta-t-elle en sortant de sa poche le mouchoir dans lequel elle les avait enrobées et le donnant à la botaniste.

Puis, après s'être plongée de nouveau dans le mutisme pensif qui l'habitait depuis la veille, Nelle se releva pour suivre l'Erudite qui semblait prête à se remettre en route. Quand elle lui emboita le pas, celle-ci se tourna d'ailleurs vers elle et lui demanda d'une voix étrange, avec un instant d'hésitation :


Nelle, j'ai retrouvé mes jambes. Est-ce que... tu peux marcher ?


Je vous suis... Répondit simplement la jeune fille.
Et tandis qu'elle cheminaient côte à côte en silence, Nelle réalisa avec étonnement que Thanakis venait de la tutoyer...Elle s'interrogea un instant sur cette marque de familiarité, mais ses pensées revinrent rapidement sur l'obsession et son père, dont elle n'avait toujours aucune certitude qu'il...reviendrait...



Mamamamalheureuses Nana- prprprochez papas !
La tututulipepepe -pepe rend bèbèbègue !


L'injonction d'Eleuname penché sur un pied de tulipes la tira de ses pensées. Nelle lui adressa un sourire, soulagée de le voir en bonne santé. Elle examina les fleurs avec curiosité, ne leur trouvant rien d'extraordinaire en apparence, puis rejoignit Thanakis et le contemplateur au campement.
Elle fit cependant l'étrange expérience de leur effet en voulant saluer Sirolh :


B-b-b-b-b-bon-bon-bon-bonjour L-l-l-li-li-li-lieutenant !

En s'entendant bégayer sans pouvoir se contrôler, Nelle laissa échapper un gloussement.
Puis tandis qu'elle s'asseyait avec un soupir de soulagement devant le feu, elle espéra que le soldat n'allait pas croire qu'elle s'était moqué de lui, qui avait naturellement ce léger défaut de prononciation...


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