Les Mémoires de Syfaria
La Région de Lerth

Pélerinage à l'arrivée

Où un pélerin retrouve un chemin oublié
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Sujet lancé par Diodore
Le 02-11-1507 à 15h14
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Posté par Diodore,
Le 03-11-1507 à 11h52
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Diodore

Le Vayang 2 Nohanur 1507 à 15h14

 
***
Une silhouette maigre et affaissée apparut à l'ombre du pilier, crachant à même le sol des glaviots de poussières qui, tous, ne provenaient pas du-dit pilier. Les deux mains apposées sur un long et fin bâton de bois, l'homme, car d'un homme il s'agissait sans aucun doute, reprit longuement et calmement son souffle avant de se redresser et de contempler les falaises escarpées qui bordaient le chemin menant jusqu'à la Scintillante.

L'homme regarda au loin dans un silence quasi religieux. Sur ses traits marqués se lisaient, en cet instant, un apaisement soudain à travers lequel ses quelques rides semblaient retrouver une souplesse perdue et ses yeux éteints une étincelle de vie. Il porta machinalement une main encore légèrement tremblante vers la besace en cuir qui pendait le long de sa hanche gauche et en tâta le contenu comme pour bien s'assurer que rien n'avait disparu.

Apparemment rassuré, il épousseta ensuite tant bien que mal les monceaux de poussières que ses vêtements recelaient, sans vraiment avoir l'air de croire que cela pourrait avoir quelques résultats, mais plutôt en un mouvement de respect pour la encore lointaine cité qu'il n'avait pas visité depuis de longues années.

Les traits fermés, il entreprit alors de suivre le chemin escarpé qui devait le mener jusqu'à Lerth, la tête remplie de questions quand à ce destin nouveau qui, semble-t-il, venait de s'offrir à lui à travers ce petit être que, faute de mieux, il avait nommé "La tresse".

Le pas pesant, le dos courbé, le bâton traînant sur la route, Diodore s'engagea dessus, porté par une excitation entièrement contenue. Un pressentiment le poussait alors, l'obscur sentiment qu'une vie nouvelle allait maintenant s'offrir à lui. ***


 
Diodore

Le Sukra 3 Nohanur 1507 à 11h52

 
*** Plusieurs heures plus tard.

La nuit recouvrait l'horizon marin qui entourait Diodore, se fondant ainsi dans le bleu ombré d'une mer d'où s'échappait les effluves ambrées de vagues venant s'abîmer au bas des falaise. Le vent traître qui soufflait dans le dos du Tydale au début de son périple, menaçant de le faire trébucher s'il ne prenait pas garde, était maintenant retombé, emportant avant de mourir quelques uns des nuages qui couvraient le ciel et ne laissant derrière lui qu'un délice de voile étoilé.

Diodore s'arrêta sur les arrêtes du chemin pour se déchausser et faire tomber de ses bottes usées par les ans et les voyages, les quelques caillasses qui s'étaient glissées à l'intérieur pour lui écorcher la plante des pieds et se nourrir de leurs saignements. Une odeur tenace et rance grimpa alors jusqu'à son nez, lui arrachant une grimace de dégoût et un grognement de mécontentement. Il griffonna ensuite quelques notes dans le cahier le plus récent que contenait sa besace, prenant bien le temps de choisir les mots adéquats afin que le temps ainsi gagné lui permette de récupérer de sa marche.

Cela achevé, il se redressa et posa le regard au loin. Une lueur brillante attira ses yeux et c'est d'un pas pressé qu'il reprit sa route, accélérant sensiblement son rythme à mesure que le sentiment que la ville approchait grandissait en lui. Ignorant les obstacles sur le chemin, il continua à regarder droit devant lui, se refusant à laisser échapper la moindre miette du spectacle qui allait bientôt s'offrir à ses yeux à la fois fatigués et revigorés.

Et alors se présenta à lui la Scintillante. Mille reflets brillants dansaient devant ses yeux, tenant autant aux lumières de la cité qu'à l'imaginaire foisonnant qui entourait cette dernière. Non qu'elle ne fut pas chatoyante en réalité mais l'esprit des créatures intelligentes tend à grossir les traits et à exagérer les impressions quand l'excitation ou l'orgueil s'invitent dans la danse. Excitation présente ici-même du fait que Diodore n'avait pas contemplé Lerth depuis bien des années et orgueil d'appartenir d'héritage et de foi à la faction qui la peuplait.

La ville semblait se situer au creux de la mer, au bas de falaises qui la surplombaient et du haut desquelles Diodore la contemplait en cet instant. Et son oeil se posa sur Le Temple de l'adoré, reconnaissable entre mille par sa hauteur, sa prestance et sa richesse. S'il était un lieu qu'il se devait de visiter dès son retour, Diodore n'aurait pas à hésiter longtemps sur son identité. Les paroles de son maître résonnaient encore à ses oreilles, peut-être plus pressantes que jamais, et rien que pour sa mémoire, le Tydale ne pouvait faire autrement que s'y présenter dès son arrivée.

Le souffle court, la tête emplie d'images qui dansaient à l'intérieur en une farandole joyeuse et entraînante, à l'opposé du Tydale taciturne, Diodore s'assit à même le sol pour retrouver une sérénité perdue.

C'est alors que la petite créature qui s'était liée à lui quelques jours auparavant se manifesta à nouveau, lévitant à ses côtés. Avec circonspection, Diodore tendit son esprit vers lui au moyen d'un processus nouveau qui l'effrayait sensiblement et qu'il ne comprenait pas. Et encore une fois, des dizaines de voix s'élevèrent dans son esprit, l'obligeant à se retirer aussitôt par crainte de mourir écraser sous leur poids. Mais le voyageur devait bien se l'avouer, ce n'était pas tant ces voix qui le terrorisaient plutôt que la faculté nouvellement acquise de communiquer avec. Donnez à un aveugle le moyen de voir et regardez le fuir ensuite pour échapper aux visions grotesques qui se présentaient alors à lui. C'est exactement ce que ressentait Diodore à l'idée de pouvoir maintenant communiquer.

Refoulant ces idées noires au fin fond de son cerveau, il serait bien temps de réfléchir dessus plus tard, le Tydale se releva et se remit à suivre le chemin escarpé et pentu qui allait bientôt le mener jusqu'à la Scintillante. ***


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