Les Mémoires de Syfaria
Hors de toute région civilisée

Obsession d'Yshtul

Observations et étude d'une obsession
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Sujet lancé par Binabik
Le 05-11-1507 à 11h31
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Posté par Artus Finn,
Le 29-11-1507 à 14h05
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Binabik

Le Luang 5 Nohanur 1507 à 11h31

 
*** Voila plusieurs jours que Binabik était en vue de l'obsession. La prise de contact avait été suffisamment violente pour que le Nelda se rende compte qu'il n'avait aucune chance contre le gardien de l'obsession. Se reculant à l'abris derrière un escarpement rocheux, il commença à panser ses plaies. ***


dit :
Tu croyais quoi gros lard ? Tu vois c'qui arrive quand on veux péter plus haut que son cul ? Te voila fin maintenant... Je ne vois toujours pas pourquoi un gros marchand comme toi va s'essouffler dans les montagnes à la recherche d'un objets Nemem dont il ne comprends rien


*** Binabik poussa un soupir. Il ne se ferait jamais au langage ordurier de son Mou. ***


Paix, Sigmund ! Si je suis venu ici, c'est pour de bonne raisons. La confrérie aura sans doute besoin des quelques renseignements que je pourrais glaner. Et puis l'air de la montagne et un peu de marche, c'est bon pour la santé. J'ai trop abusé des confiseries de Jypska ces derniers temps.

dit :
Quand je dis que t'es un gros lard...


*** Une fois soigné, Binabik grimpa un peu sur les rochers jusqu'au moment où il eu une vue dégagée sur le creux où se trouvait l'obsession. La distance était respectueuse, assez lui semblait il pour éviter toute agressivité du gardien. Il sortit son calepin, sa plume et un petit flacon d'encre et commença à prendre des notes :

Obsession d'Yshtul

J'observe tout d'abord qu'il semble que ce soit un miroir de grande taille. On pourrait si refléter en entier si on était assez fou pour s'en approcher. Le cadre semble richement ouvragé mais je ne parviens pas à distinguer les détails. La position à laquelle je me trouve me permet de dire qu'il y a une incohérence dans le reflet du miroir. Si les rochers alentour se reflètent bien dans le cadre, on note certaines distorsion fluctuantes qui me font penser que cet artefact renferme une magie puissante. Par moment, on peut distinguer comme une ombre à l'intérieur, comme si une créature était à l'affût dans le reflet. Cela semble incroyable, mais on a vu plus étrange à Syfaria. Il s'agit sans doute du gardien de l'obsession. Je l'appel ainsi, car il semble attaquer tout ce qui s'approche du miroir, j'en ai eu la preuve cuisante.

deuxième jour :

La nuit a été fraîche et je n'ai pas oser faire de feu dans ces montagnes hostiles, de crainte d'attirer une créature des montagne. J'en sait un peu plus sur le gardien. Tôt dans la matinée, un lapin est apparu à l'orée du creux où se trouve l'obsession. Après quelque bons en direction de l'obsession, il a été projeté en l'air par une décharge d'énergie en provenance du miroir. Son corps à littéralement implosé. Ses restes on rapidement intéressés des charognards des montagnes. Deux d'entre eux ont connus le même sort que le pauvre lapin. Depuis, plus une bêtes ne s'approchent. Le message a circulé dans la faune alentour. Ce que je peux dire de la magie utilisé, c'est qu'elle est puissante. Elle porte la marque du S'sarkh, je ne saurais dire pourquoi mais cela me semble évident. Je ne peux malheureusement pas dire à quelle sphère de magie elle appartient, mes connaissance en ce domaine étant assez maigre.

troisième jour :

Il ne se passe malheureusement rien de nouveau. Je remarque les mêmes irrégularités du reflet et la même ombre à l'intérieur de l'obsession. ***


dit :
Gros lard ! On s'réveille, un message pour toi !


*** Binabik sursautât. Il s'était assoupis. Le message émanait d'Umbre de la confrérie. Ses conseils étaient digne d'intérêt. Aussi rangea t-il ses affaires est partis à la recherche d'un tisseur de rêve. Il le trouva non loin de là, imposant et puissant. Prenant son courage à deux mains, il s'approcha de la créature, cherchant une entrée en matière qui puisse éviter de déclencher l'hostilité du Tisseur de rêve. ***


 
Narrateur

Le Luang 5 Nohanur 1507 à 15h18

 
*** Le Tisseur de Rêves se tenait face au nelda. L'étrange créature semblait porter son regard à travers celui du nelda, laissant a ce dernier une impression inconfortable. Le bipède félin était probablement la seule créature intelligente à dominer les neldas en taille. Pour une fois, Binabik devait porter le regard vers le haut en s'adressant à son interlocuteur, lui donnant ainsi vaguement la perspective que devait avoir un tydale lorsqu'il s'adressait à lui.

Sereinement, le Tisseur se mit à humer l'air en fermant les yeux. Ce manège dura près d'une minute puis il posa une fois de plus ses yeux de chats sur le nelda en pointant en dirrection de l'Obsession d'une main griffue. ***


 
Binabik

Le Matal 6 Nohanur 1507 à 13h32

 
*** Binabik se recroquevilla à la vue de cette patte monstrueuse se levant vers lui. Il ferma les yeux est attendit le coup... Comme rien ne se passait, il ouvrit un œil timide. Le Tisseur de Rêve semblait lui indiquer une direction. Se retournant, Binabik eu la confirmation de ce qu'il pensait : la créature lui indiquait le creux ou se trouvait l'obsession, à quelques centaines de mètres de là.

Umbre avait raison. Le Tisseur de Rêve savait des choses sur ce miroir. Le Nelda fouilla ses souvenirs à la recherche de ce qu'il pouvait connaître sur ces gigantesques créatures. Tout ce dont il se rappelait, c'était les contes que lui racontait sa mère, des histoires de Nemens massacrés par ces créatures gigantesques. Ils en avait la confirmation en voyant leurs peaux ornées de tatouage recouvrant la peau du tisseur.

L'obsession était un artefact Nemen. Le tisseur voudrait sans doute le voir loin de ses montagnes... Binabik hésita, puis il prit la parole de son air le plus humble... ***


Maître des rêves, vous m'indiquez l'obsession. Cette...hum... abomination vous dérange n'est-ce pas ? Elle doit troubler...hum... la quiétude de vos montagnes. Je peux essayer de vous en débarrasser. A vrai dire, je suis venu un peu dans ce but...hum... Malheureusement, j'en suis incapable. Un être semble protéger cette obsession et refuse...hum... à quiconque de s'en approcher. Peut être seriez vous capable de...hum... raisonnez cette créature ? Ou alors, vous pourriez me dire comment procéder ? J'ai à cœur de préserver votre...hum... sanctuaire et je ferais tout ce qu'il est en mon pouvoir pour vous aider.

*** Binabik se tut. Il ne savait même pas si le Tisseur de rêves comprenait son langage. Il espérait par dessus tout qu'il ne s'était pas trompé sur les intention de l'imposante créature, car il ne survivrait pas à son courroux. ***


 
Narrateur

Le Merakih 7 Nohanur 1507 à 07h05

 
*** Un simple haussement des épaules. La créature semblait avoir peine à suivre les pensées du marchand. Lentement, le Tisseur désigna ses deux yeux du doigt puis pointa vers l'endroit où se trouvait l'Obsession. Finalement, sa main fit un geste de tourbillon vers le bas. ***


 
Binabik

Le Vayang 9 Nohanur 1507 à 08h59

 
*** Binabik était en pleine confusion. le language, son arme principales lors des marchandages les plus acharnés, n'était d'aucune utilitée ici. La créature ne semblait pas vouloir comprendre ses paroles. Il eu la vision d'un gros chat observant une souris en train de gesticuler entre ses pattes... Il pouffa de rire. Non ce n'était pas cela.

Il reproduisit le geste du Tisseur. Quelle pouvait en être la signification ? ***


dit :
Alors mon gros, j'sens qu'ça chauff' dans la théière. T'avait qu'à apprendr' l'language des sourd, t'aurais eu l'air moins c..


La ferme ! Je suis en pleine concentration, tu ne le vois pas ! T'es sarcasmes ne m'aident pas...

*** Soudain, Binabik eu un début de compréhension. Si il avait vu juste, le gardien de l'obsession était encore plus redoutable qu'il le pensait. ***


ëtes vous en train de...hum... m'expliquer que vous êtes allé voir l'obsession et que la créature vous a attaqué ? Est il donc si puissant ?



 
Narrateur

Le Vayang 9 Nohanur 1507 à 18h35

 
***
Le Tisseur regardait d'un air de plus en plus interloqué cet être pour le moins surprenant.
Il avait parfaitement saisi ce que désirait Binabik, mais semblait plus s'intéresser au vol des lucioles en une soirée de frimas qu'à ses questions.

Néanmoins, tout en jouant avec une petite boite couverte de complexes graphiques, il s'adressa à lui en Nelda, sans une once d'ironie dans sa voix gutturale.



Oui, ils sont extrêmement puissants.
Plus que ce que l'œil ou l'instant puissent percevoir.

Ils sont la douleur ancienne qui se réveille.
Cette douleur est telle qu'elle ne s'éteindra jamais.
L'on peut juste la calmer un temps, l'apaiser, la détourner...

Ils sont ce qui étaient depuis trop longtemps, et qui devient indispensable à ce qui sera bientôt.
Les songes le prétendent...


***


 
Binabik

Le Matal 13 Nohanur 1507 à 11h37

 
*** Voila plusieurs jour que Binabik restait assis non loin du tisseur de rêve. Cette paisible mais énorme créature avait le don de calmer le marchand.

Quand le Tisseur avait parlé, sa voix grondante avait terrifié le Nelda. Cette créature comprenait donc son langage et le parlait. Voila qui valait la peine d'être noté. mais ses paroles avait fait naître tant d'interrogation que Binabik n'avait pas prononcé un mot depuis lors. ***


Apaiser, détourner...comment apaiser un être aussi violent et dangereux que le gardien de l'obsession...

*** Cette question tournait en boucle dans l'esprit du Nelda. A tel point qu'il sentit le besoin de s'apaiser lui même, par n'importe quel moyen. Il s'assit, et pendant plusieurs jour, s'intéressa à du travail en retard, prendre des notes, faire quelques petits enchantements. Ces travaux anodins lui libéraient l'esprit, dans lequel tournoyait toujours son interrogation.

Au matin du quatrième jour, n'ayant pas le début de l'ébauche d'une solution, Binabik décida de contacter Umbre, cette homme mystérieux qui lui avait conseillé de trouver le Tisseur. Peut être qu'un avis extérieur lui serait utile.

Tout en observant l'énorme tisseur confortablement installé en train de fumer une monstrueuse pipe dont les effluves parvenaient jusqu'à ses narine, Binabik rentra en communication télépathique... ***


 
Umbre

Le Julung 15 Nohanur 1507 à 00h38

 
Et au soir du cinquième jour, un silhouette masquée et vêtue tel un acrobate de cirque ayant passé quelques jours dans la nature se détacha de l'horizon crépusculaire. Il venait de franchir les derniers mètres de l'arpent montagneux qui menait à cet étrange endroit où devaient cohabiter en toute tranquillité un Nelda symbiosé, un curieux Tisseur et un artéfact millénaire habité par une âme torturée et schizophrène.

Le Pantin ne ferait pas trop tâche dans ce décor singulier, et son compagnon non plus.

Il s'approcha de Binabik tout en saluant paisiblement le Tisseur, visiblement peu surpris de trouver une telle créature dans les parages. Après celui de la Lagune des Glaces et celui du Bois des Ans, Umbre en avait déduit qu'il devait s'en trouver un près de chaque Obsession.

Bien le bonjour à vous.

Puis il se tourna vers le marchand.

Je suis désolé mon ami, on m'a dit que vous étiez un expert culinaire d'une grande finesse et je n'ai pas pensé à vous amener le moindre met. À moins que vous considériez la chair crue tydale et tchaë comme une nourriture sans égale et appréciable en toute circonstance ! Enfin bref...J'espère que vous n'avez pas eu à nous attendre trop longtemps. Mais nous voilà désormais et nous allons récupérer cette Obsession. Du moins je l'espère, il me tarde de revoir la Perle, ses indicibles charmes et le cuir de ses catins.

Oups.


Il s'adressa de nouveau au Tisseur comme si il était leur hôte.

Puis-je ?

Demanda-t-il avant de déployer le drap de son baluchon sur le sol et de s'y assoir, n'attendant pas même une réponse. Il posa à son côté les deux livres qu'il trimballait, son vieux violon, ses bourses et son étrange coffret puis fit face aux trois soleils qui se couchaient. Il ne jeta même pas un regard aux alentours pour vérifier la présence de l'artéfact.

Un bon coucher de soleils, il n'y avait rien de mieux. Surtout avec la bonne odeur de pipe que dégageait le colosse poilu. Il se mettrait au travail ensuite.

Le Chambellan demeura donc ainsi, contemplatif et apaisé après cette longue route qui n'en avait pas été moins tranquille. Après son difficile passage dans l'Inconnu (et l'Inconnaissable) son voyage en terre ferme avait eu le bonheur d'être tout à fait paisible. Et son arrivée à destination s'inscrivait dans cette droite ligne.



Un visage est-il un masque de comédie posé sur la tragédie de l'âme ?

 
Binabik

Le Julung 15 Nohanur 1507 à 15h00

 
*** Quand un soir Binabik vit s'approcher deux silhouette, qui grimpaient péniblement le versant de la montagne, son premier réflexe fut de se camoufler derrière un rocher. mais en jetant un coup d'œil vers le gigantesque Tisseur, il se rendit compte qu'il ne risquait pas grand chose s'il restait à proximité. Au bout de quelques minutes, il poussa un soupir de soulagement : cette silhouette de Tydale masqué, ce ne pouvait être que ce mystérieux Umbre. Il était nerveux de rencontrer cette personne si énigmatique, chambellan d'Arameth.

Mais l'entrée en matière d'Umbre le rassura aussitôt. Une personne qui s'excusait de n'avoir rien apporté comme nourriture ne pouvait être mauvaise. ***


N'ayez crainte cher ami, je ne mangerai...hum... pour rien au monde la chair d'un compatriote. De plus, j'ai trouvé quelques...hum... racines au creux des roches qui, convenablement préparée, sont tout à fait...hum... comestible. Cela n'a malheureusement rien...hum... de comparable avec les confiserie que l'on trouve dans les auberges de Jypska, mais compte tenu...hum... des circonstances...

*** Derrière lui arrivait enfin le compagnon d'Umbre, un Tchae qui semblait épuisé et en fort mauvais état. ***


Mais me voila en train de ...hum...soliloquer alors que je vous vois si mal en point ! Pardonnez moi. installez vous, je vais vous préparer...hum... ce fameux ragoût, cela vous réchauffera et vous rendra quelques forces.

*** Et voila Binabik qui s'affairait tandis que ses deux compagnons s'installait, sous l'œil indifférent du Tisseur.

Au matin, Binabik leur proposa de les mener en vue de l'obsession, but de leur voyage. ils partirent dans les montagnes, se frayant un chemin à travers les éboulis et les ravins. Les nouveaux venus le suivait d'un bon pas, mais leurs blessures semblaient les faire souffrir. Se souvenant tout à coup qu'il possédait quelques fioles au fond de son sac, il en tendit une à Umbre. Il fallait qu'ils soient en forme pour rencontrer le gardien de l'obsession. ***


 
Narrateur

Le Julung 15 Nohanur 1507 à 23h54

 
***
Le tisseur était resté là.
Simplement là.
En toute sa présence.
Durant tout le temps que dura cette longue soirée et cette nuit reposante.
Ces êtres l'étonnaient, en venaient presque à le passionner.

Il étaient fous et heureux, sages et malheureux.
Ils dormaient, là, non loin de lui.
Pourtant, ils savaient qu'il suffisait d'un élan, d'une décision de songes, pour qu'il s'attaque à eux et les détruisent de façon quasi certaine.

Mais non...
Fous et sages, tout autant qu'intrépides et insatiables.

Au matin, il devança la petite troupe, et s'installa plus près de l'Obsession.

Le Temps avait tourné.
Avec un sourire, il s'exprima en un Nelda parfait...

Celle-ci sera simple pour vous à libérer.
Ne vous en approchez pas, elle vous ressent sans que vous ayez besoin de subir les affres de ses morsures.

Elles ont peur, dorénavant.
Le problème, pour vous, est de savoir si exploiter la peur est une solution...
Ou un problème de plus...


***


 
Artus Finn

Le Vayang 16 Nohanur 1507 à 02h09

 
Dans le décors merveilleux et à la fois hostile, le nabot hirsute suivait le mouvement tant bien que mal à l'aide de sa jolie béquille en bois sauvage improvisée. Il observait avec attention le nelda qui avait une drôle de tête sympathique. Une drôle de tête de serpillière, ça oui alors !
Il n'avait guère parlé la veille, épuisé comme il l'était. Il s'était affalé à côté d'Umbre pour sombrer très vite dans une sommeil lourd et sans rêve, composant comme il pouvait avec la présence du tisseur qui lui faisait peur. Le tisseur quelle curieuse entité... Artus avait évité autant que possible de s'en approcher ou d'attirer son attention, mais lui jetait un regard curieux à la moindre occasion.

Allongeant un peu le pas, il se porta au côté du Nelda à la tête de serpillière en reniflant :

Nous n'avons pas eu le temps de beaucoup parler hier soir, je me suis endormi comme un patapouf. Je ne me souviens même pas de la soirée... Oh j'espère n'avoir pas fait de bêtise. Tante Esmara me disait que j'étais somnambule parfois. Je n'ai rien fait de bizarre n'est-ce pas ? Bon.
Oooh ! Mais je ne vous ai pas parlé de tante Esmara. Ah si elle était là, pour sûr qu'elle jubilerait ! Elle n'a pas beaucoup voyagé vous savez, c'était une petite dame très occupée, ça oui alors. D'ailleurs j'espère que ses occupations nous seront utiles face à cette curieuse affaire d'artéfact.. Vous l'avez vu ? Il est méchant ? Il mord ?


Il essuya d'un revers de manche son nez et reprit la marche avec toujours son bras gauche en écharpe, jetant un regard à Umbre, puis au Nelda, puis à Umbre, puis au Nelda... Les choses s'accélèreraient probablement à l'approche de l'artéfact. Quelle guigne d'arriver en si piteux état. Et puis en plus il faisait si froid dans ces montagnes. Il allait encore attraper la froiduche, c'était sûr ça...

 
Umbre

Le Vayang 16 Nohanur 1507 à 02h15

 
Umbre trinqua dans le vide lorsque Binabik lui offrit sa potion mais préféra la préserver pour plus tard. Il savait désormais à quoi ressemblait un réel moment de crise et celui qu'ils vivaient actuellement n'en était pas un. Un breuvage aussi salvateur devait être astucieusement utilisé. Il la rangea donc dans sa ceinture et suivit le Nelda en chantonnant paisiblement.

Alors qu'ils arpentaient les pentes et les couloirs naturels des Monts du Lac, il perçut finalement l'éclat miroitant de l'artéfact en contrebas, au sommet d'une des nombreuses collines qui entouraient la chaîne montagneuse. Ils arrêtèrent leur progression sur une excroissance rocheuse; dominant paisiblement le paysage alentour.

Malgré l'heure grave, Umbre prit encore une fois le temps d'admirer la vue.

La large plaine qu'ils avaient traversé avec Artus et l'Orenia au loin qui s'écoulait lentement. Vert et bleu. Sans parler des mille autres couleurs que renvoyaient des landes plus lointaines à peine visibles pour leurs yeux mortels.

Il avait tout à fait oublié l'Obsession lorsque la voix profonde du Tisseur s'exprima en Nelda. Malheureusement ses quelques cours n'avaient pas porter de fruits et il ne comprit donc pas un traître mot de ce qui sortit de la bouche du colosse.

Il jeta un coup d'oeil à Binabik, puis à Artus avant lancer de nouveau son regard sur l'artéfact qui gisait au loin, "innocemment". Il savait qu'un simple pas et tout pouvait basculer. Le joli petit miroir égaré devenait...autre chose.


Ainsi donc nous y voilà, Yshtul. J'imagine que toi aussi tu es un joli petit brasier de passions et de brisures...

Marmonna-t-il pour lui-même. Déjà un nouveau plan commençait à prendre forme dans son esprit malade. Un de plus parmi la multitude d'autres. Mais un de plus bien moins abstrait (de son point de vue), donc tout à fait envisageable.



Un visage est-il un masque de comédie posé sur la tragédie de l'âme ?

 
Binabik

Le Vayang 16 Nohanur 1507 à 08h34

 
*** Le curieux petit Tchae semblait nerveux. Que ce soit la présence du Tisseur ou la douleur et plus surement encore la proximité de l'obsession, sont esprit semblait voler dans toutes les directions.

Ils étaient proche de l'artefact, juste au dessus sur le promontoire rocheux ou Binabik avait fait ses premières observations. Le Tisseur par contre était descendu au plus près du miroir et semblait l'observer. Au bout d'un certain temps, il se retourna vers Binabik et ses compagnons et parla de sa voix caverneuse.

Et Binabik qui avait pensé au début qu'il ne pouvait pas parler.... Le Tisseur s'exprimait dans un nelda parfait, avec des propos aussi sybilin que les plus hauts rêvant de Jypska eux même.
Prenant conscience que ses compatriotes d'Arameth ne devaient pas parler sa langue natale, il leur traduisit les paroles du Tisseur ***


Celle-ci sera simple pour vous à libérer.
Ne vous en approchez pas, elle vous ressent sans que vous ayez besoin de subir les affres de ses morsures.

Elles ont peur, dorénavant.
Le problème, pour vous, est de savoir si exploiter la peur est une solution...
Ou un problème de plus...


 
Artus Finn

Le Vayang 16 Nohanur 1507 à 14h35

 
C'est un regard anxieux qu'Artus posa sur l'artéfact en se délectant du met préparé par Binabik. Il sursauta presque en s'adressant à son bienfaiteur :

Elle nous ressent elle nous ressent... Qu'est-ce qui nous dit que ce tisseur est digne de confiance...?

Quoi qu'il en soit vous avez du talent, Binabik touffu ! Tante Cyra serait contente de vous connaître, ça c'est sûr ! Vous -je déjà parlé de tante Cyra ? C'était une cuisinière hors paire, ça oui alors ! Comme vous, elle savait confectionner un plat savoureux avec un rien. Sauf le pain. Oui le pain a toujours été son problème, d'aussi loin qu'il m'en souvienne. D'ailleurs tante Esmara ne manquait pas de la narguer à ce sujet, et les disputes éclataient souvent à ce sujet. Voui ! Ah ça elle n'aimait pas qu'on lui fasse remarquer qu'elle ne savait pas faire le pain... Savez-vous faire le pain ?


Restant attentif quelques instant à son interlocuteur, il ne tarda pas à se tourner à nouveau vers l'artéfact plus loin, qui lui inspirait curiosité et crainte à la fois. Etait-ce bien là une énième tentative des déchus Eduens de regain de leur antique puissance, au même titre que les piliers, du temps où ces êtres immatériels ne s'étaient encore pas exilé de l'Opérant...

Snfff !

Dans un effort qui lui crispa la mâchoire, et après avoir reniflé, il rassembla ses souvenirs, des souvenirs d'interminables soirées passées à compulser des écrits hermétiques et gorgés d'une symbolique qu'il avait dû apprendre à déchiffrer, et qu'il n'avait encore pas fini d'étudier. Tous ces écrits que tante Esmara avait laissé inachevés à son décès, des écrits traitant de mille et un sujets afférent au domaine de l'alchimie, de la cosmogonie, et des quêtes passées qui avaient usé les os et le moral des loges occultistes qui les avaient entreprises. Toutes ces choses lui seraient-elle utiles ? Il fallait espérer que non dans la mesure où il était encore loin de maîtriser le sujet...

Quel angoisse... Quel froid... Mais quel paysage ! Umbre avait bien raison de s'y attarder, ça oui alors. Le fantastique se mêlait au grandiose du panorama. Les yeux rivés sur la vallée, le petit-être s'enfermait dans le silence. Les rouages de son esprit commençaient à se mettre en branle...


Snfff !

D'après les écrits d'Esmara, ces loges de sorciers fort discrètes croyaient en la tri-unité du monde visible et de chaque chose, animée ou non, qui y existait. La théorie du Trident devait modéliser les phénomènes naturels et surnaturels. Tant de points n'étaient encore pas clairs pour le nabot hirsute qui se gratouillait pensivement la barbiche de sa main valide en observant l'artéfact.
Toute chose avait été touché par la balafre du Trident, et cet évènement avait engendré la mutation primordiale, la vie, l'évolution, et à cet instant étaient nés l'Apparent, l'Opérant, et le Plan qui devraient depuis lors gouverner chaque chose et l'univers.


Snfff !

L'Apparant était la réalité telle qu'elle était perçue par les sens, elle était le corps, la matière. L'Opérant était le pendant invisible de l'Apparent, un espace-miroir dans lequel toute chose tangible avait son reflet, son moule. C'était là que prenait naissance l'embryon de la réalité, et c'était cet espace dans lequel les sorciers intervenaient, consciemment ou non, pour réaliser des miracles et perturber la réalité. C'était l'espace interdit de la téléportation, de la télépathie, de la divination, c'était l'espace auquel les piliers de poussière étaient initialement accouplé et qui leur permettait ente autres de ramener un défunt en rappelant son reflet qui s'était figé à l'instant de la mort...
Le Plan, enfin, qui conditionnait l'Opérant, autrement nommé Destin. Un espace ou la réalité existait sous forme archétypale, idéale...

Artus renifla.


Snfff !

Que de maux de tête et quel temps n'avait-il pas fallut pour saisir que cette tri-unité se retrouvait parfaitement chez toutes choses, en particulier chez les êtres de poussières dont l'Apparent, l'Opérant et le Plan correspondaient respectivement au corps, à l'âme et à l'esprit.
Il se souvenait également de ces cauchemars lorsque très tôt déjà sa tante lui parlait des êtres psychiques qui peuplaient l'Opérant et qui entretenaient cet espace, effectuant les opérations de création et d'ouverture des moules de la réalité, et répondant occasionnellement à l'appel d'un sorcier qui pourrait le corrompre et le détourner de la tâche que le Plan lui avait attribuée. Ces êtres dont l'attention était captée par l'utilisation du fluide, dans lesquels ils étaient capable de voyager...

Il lui en avait fallut du temps pour saisir le sens de ces mots alambiqués décrivant un enchantement non pas comme une opération sur la matière d'un objet mais essentiellement sur son reflet dans l'Opérant. Tous ces rituels d'enchantement et lancement de charmes bien connus dispensaient le sorcier de se préoccuper de ces choses, c'est ce qui en faisait des rituels, des manipulations plus ou moins conscientes, souvent codifiées, mais dont les fondements étaient restés presque inchangés pendant assez longtemps pour que l'appel aux forces invisibles trouve une réponse sans que celui-ci n'ait besoin d'être compris dans son détail par l'occultiste...


Snfff !

Un coup de vent déstabilisa le tchaë pensif qui tituba avec sa béquille comme un oiseau blessé. Etait-il possible d'affaiblir le néfaste charme qui pesait sur le Jyrkalien et qui le retenait dans ce qu'il supposait être l'Interstice, une frontière entre Opérant et Apparent, entre le monde invisible dans lequel se forme l'embryon de la la réalité et le monde tangible. L'artéfact, le miroir, devait être un réceptacle associé à un reflet complexe dans l'Opérant, un reflet qui avait été altéré par les méchants pour y enfermer le Jyrkalien, un être supposé issu du peuple psychique de l'espace miroir, attiré puis emprisonné dans l'Interstice. Mais alors... Cette entité mutine dont parlait la nemen... Qui était-elle ? Une autre puissance de l'invisible ?

Pendant que son esprit tourbillonnait dans les méandres d'une réflexion désordonnée et probablement stérile, il sirotait paisiblement la préparation de Binabik. Qu'elle était savoureuse ! Ce nelda avait assurément un talent pour la cuisine !


 
Umbre

Le Vayang 16 Nohanur 1507 à 20h19

 
Umbre remercia d'un mouvement de tête la traduction de Binabik, passa son regard sur l'ami Artus visiblement plongé dans de tortueuses réflexions et revint sur l'objet qui gisait au loin dans une simplicité toute déconcertante. Nul doute que le Tisseur avait raison.

Toute cette affaire, d'une part ou d'une autre, n'a aucun lien de parenté avec la simplicité. Ni même avec la complexité d'ailleurs. Elle semble répondre à des critères tout à fait extérieurs à la raison ou à la logique. Peur, haine, douleur....
Autant de passions qui constituent le terreau de l'existence de ces artéfacts, autant de passions dont les jyrkaliens sont les victimes et les bourreaux. Nemen ou Rejeton.

Torrents intarissables d'humeurs. Proies aux élans prédateurs.

Nous ne pouvons l'approcher ? Alors il faudra faire à distance.
S'affranchir du Temps et de l'Espace, ce qui n'est pas une mince affaire. L'impossible n'est cependant pas dans mes cordes et nous ferons avec ce que nous avons, c'est à dire....


Il regarda ses compagnons. Deux confrères avec des caractères bien distincts mais tout aussi particuliers. Les Six avaient certainement forcé la rencontre entre ces trois individus très spéciaux. Le Chambellan se racla la gorge et leva le menton au ciel.

...suffisamment.

Il croisa les bras et se mit à tapoter du pied


Je vous entends déjà me demander si la peur est un sentiment libérateur. Oui, autant que la haine. Mais leur visage est double et on ne saurait ignorer l'oppresseur tyrannique qui articule ces émotions. Il nous faut donc jouer sur cet équilibre. La peur. Qu'est-ce ? Difficile de répondre, et inutile. Nous la caractérisons par ses effets, par ses conséquences.

La peur nous fragilise, perturbe la confiance que nous plaçons en nos capacités de résistance et nous transforme en proie idéale face à celui que la vulnérabilité de l'autre valorise. La peur nous rend faible autant qu'elle nous ouvre des voies insoupçonnées. Souvent aériennes.


Il jeta un coup d'oeil à Artus comme si c'était là une blague personnelle. Puis il reprit en guettant toujours le paysage et le petit espace réfléchissant qui l'habitait.

Une créature terrifiée trouve en elle-même des forces jusque là inconnues mais elles poussent souvent à la folie, la démesure, l'excès, le manque de considération. Le problème d'Yshtul, c'est qu'il ne peut pas fuir. Alors il griffe et mord. Fort. Mais il demeure affaiblie par sa propre obsession, par ce qui l'obnubile, par l'inconnu, par la peur.

Calmer cette peur semble impossible, si nous ne pouvons nous approcher et qu'il y reste accrocher. Il faut donc nous en servir....


Le Pantin paraissait avoir achevé là son discours allambiqué qui n'amenait par ailleurs rien de concret à la situation - et il en était conscient - mais qui avait eu le mérite de remettre en place ses idées et d'ouvrir une voie à traiter. Passer outre le matérialisme de l'existence, nul doute que cela allait être simple comme bonjour. Mais dans le monde dans lequel ils vivaient, les idées ne suffisaient pas toujours.

Il se tourna lentement vers Binabik et vers Artus.


Dites-moi, avez-vous peur de cette chose ?



Un visage est-il un masque de comédie posé sur la tragédie de l'âme ?

 
Artus Finn

Le Vayang 16 Nohanur 1507 à 22h59

 
Tandis que trottait dans un coin de son esprit une ribambelle de pensées, les paroles d'Umbre lui firent relever le menton, le regard toujours dans le vague. Tout ce qui racontait l'artiste semblait plein de bon sens à l'oreille profane d'Artus. Oui, Umbre était un grand artiste, et en tant que tel, il en connaissait un rayon sur l'esprit et su les émotions, ça c'était sûr ! L'allusion au voies aériennes arracha un sourire au petit bonhomme qui ramena finalement son regard chafouin sur l'orateur.

Se servir de la peur du gardien...

Interrogé, le nabot sursauta presque.


Moi ? Peur d'une entité d'un autre monde, torturée, et qui digère tout ce qui passe à sa portée. Meuh non, vous n'y pensez pas ! Quelle idée saugrenue...

Il tatouillait un caillou du pied en répondant avec une ostensible ironie qui avait un ton de candide plaisanterie. Il baissa la voix :

En fait le tisseur me rend bien plus nerveux pour tout vous dire...
Il y a chez le gardien un mystère irrésistible qui m'attire à lui, bien que je redoute ses gestes guidés par le tourment qui est le sien... Je ne suis pas de taille à essuyer tous les assauts, enfin vous comprenez... Mais je compatis néanmoins avec sa détresse. Car si la moitié de ce que tante Esmara a écrit est vrai alors il doit endurer de drôles de choses là où il est...


Snfff !

Il se torcha vite fait la truffe avant de reprendre, accoudé sur sa béquille :

Nous ne pouvons pas à nous approcher de l'artéfact, et son gardien n'en sortira normalement pas, à moins que...

Il lança un regard de fouine vers Binabik :

Vous n'êtes pas un sorcier fou du Limonaire ? Vous n'êtes pas un Mordeck ? Bon tout va bien, elle ne sortira vraisemblablement pas.


Toussotant il se demanda où était passé ce sorcier du Limonaire qui se faisait passer pour un Mordeck et qui en avait bien l'étoffe au demeurant. Oh et puis peu importait...
Il reprit :


Si tant Esmara disait vrai, et si la bête là bas aussi, et bien nous devrions pouvoir atteindre le Jyrkalien depuis ici. Voui, le poilu – pas vous Binabik touffu – prétend que le gardien nous ressent, tante Esmara dirait que l'Opérant nous relie tous.
Et là, Umbre, vous voilà qui demandez si nous avons peur ! La peur, justement, affecte l'Ame, c'est à dire à l'Opérant spécifique des êtres. Oh vous êtes décidément un grand artiste Umbre. Tante Esmara avait raison en disant qu'il fallait étudier auprès des artistes ! Ca oui alors !

Si vous voulez mon avis, il nous faut trouver un moyen de le toucher, et de le comprendre... Et les émotions qui sont liées à l'Ame sont en principe des moyens puissants, le tout étant de pouvoir les apprivoiser.
Qu'avez-vous derrière la tête Umbre ?


Tandis qu'il parlait, il réfléchissait à ce qui avait pu modifier la nature de l'artéfact et de la façon dont cela c'était fait. Existait-il une possibilité pour qu'il subsiste dans l'Opérant une trace de cette contrefaçon ? Et une trace du reflet originel de l'artéfact ? Ce reflet était probablement complexe, et il avait été modifié, par les méchants. Voui.
Artus avait déjà effectué cette opération en sens inverse un certain nombre de fois, réalisant ce que les gens appelaient un « enchantement », et qu'il appelait pour sa part une alchimie, une altération du reflet d'un corps dans l'Opérant par le biais des forces invisibles empruntant les flux, ayant pour conséquence une altération du fragment de réalité correspondant. Les devins faisaient le travail inverse, tirant de l'Opérant leurs visions et leurs réponses...

Fallait-il adresser aux forces occultes une requête un peu particulière au travers d'un rituel classique ? S'il pouvait provoquer une mutation orientée de l'artéfact, faire ce qu'il avait fait avec la dague de l'oncle Gibo, il pourrait peut-être glisser dans son rituel une demande exceptionnelle aux êtres psychiques, une demande visant à ce qu'ils utilisent le reflet originel de l'artéfact, s'il existait encore.
Et que ce passerait-il alors ? L'artéfact retrouverait sa nature, et son gardien retrouverait la paix ou sentirait au moins le charme pesant sur lui s'alléger, ce qui faciliterait les opérations tentées par ailleurs... Et si Artus se faisait mal comprendre, ou que le reflet originel n'existait plus ? Ce pourrait être pire encore... Quelle guigne...

Le petit être était toujours attentifs à ses confrères, bien que les rouages de sa mécanique cérébrale se mouvait avec frénésie.


Snfff !

 
Binabik

Le Sukra 17 Nohanur 1507 à 12h17

 
La question d'Umbre le prit au dépourvu. Peur ? C'etait bien possible. Mais en remontant ses souvenirs, Binabik n'arrivait pas à trouver un réel sentiment de peur, une terreur pure est belle comme on en trouvait dans les romans de sa jeunesse. Ce qu'il avait ressenti jusqu'à présent, c'était un frisson le long de l'échine qui le motivait plus que la perte de moyen qu'il associait à une grosse frayeur.

Peur dites vous ? Hum...ma curiosité reste encore la plus forte il me semble. Une curiosité poussée par...hum...la compassion. Ne riez pas, je ressent cette étrange...hum... sentiment quand je pense à l'être enchainé dans ce miroir. C'est étrange...Umbre, vous êtes un artiste...hum... de l'esprit, je le sens. Vous dites vrai en parlant de peur, le gardien à peur.

Le tout était de savoir ce qui motivait une telle peur, qui se transformait en rage destructrice. Calmer cette peur. Binabik repensa alors au mots du Tisseur, quelques jours plus tôt : "ils sont la douleur ancienne qui se réveille. Cette douleur est telle qu'elle ne s'éteindra jamais. L'on peut juste la calmer un temps, l'apaiser, la détourner... C'était donc la douleur qui rendait folle cette créature ? Pourquoi pas. S'agissait-il d'une douleur physique, ou d'une souffrance de l'Ame, comme le disais Artus ?

Mes amis, comme je vous l'ai dit, je suis plus...hum... à mon aise avec les chiffres et les recette de cuisines. Mais si ce gardien est dans une telle...hum... rage, c'est sans doute la peur qui la cause. Le Tisseur m'a parlé de souffrance,...hum... de douleur. Peut être que l'être dans le miroir redoute de revivre une douleur passée, infligée par...hum... je ne sais qui. Les Nemens peut être. Quelque soit cette créature, nous ne pouvons la laisser...hum... souffrir à ce point. Utilisons nos talents pour l'apaiser. Approchons là comme l'on approche...hum... une bête blessée, avec des paroles apaisantes et des gestes calmes...

Binabik réfléchissait à voix haute, comme à chaque fois qu'il était pris dans une situation intense. Il ne se sentait pas à la hauteur des capacités de ses compagnon. Ses savoirs étaient fondés sur l'observation de la nature, de l'Apparent selon la tante d'Artus. Le domaine de la magie n'était pour lui qu'une affaire d'instinct, jamais il ne l'avait étudiée, ni cherché à la comprendre, bien que sa mère lui ai affirmé qu'il y avait un certain talent.

Je peux...hum...vous apporter une aide médiocre pour approcher l'obsession. Ce n'est pas grand chose, mais...

Se taisant, Binabik se concentra. Il mit en mouvement les images mentales qui, quelque fois, faisaient leurs effet : un lit douillet dans une maison chaude contre laquelle battait une froide tempête d'hivers, le sentiment de sécurité, la protection. Dans ce lit, il matérialisa le corps du Tchae. Lorsqu'il ouvrit les yeux, il vit se dissiper une aura autour d'Artus. le sort avait marché ! Il réalisa soudain que c'était la première fois qu'il révélait ce pouvoir à quelqu'un. Il se sentit tout à coup vulnérable.

rassurez vous Artus, je ne suis pas...hum...un sorcier fou du limonaire, juste un marchand gourmand...

 
Artus Finn

Le Dhiwara 18 Nohanur 1507 à 02h51

 
Artus avait ravalé son sourire après que le nelda à tête de serpillière ait parlé de de curiosité poussée par la compassion. Il semblait que tous s'accordait sur l'état du gardien. Binabik avait suggéré de l'approcher avec toutes les précautions dont on use face à une créature blessée, et Artus n'avait pu qu'approuver une telle idée, même s'il craignait que cela ne suffise pas.
Mais alors qu'il en était venu à cette conclusion, il avait senti une présence autour de lui, une curieuse sensation de sécurité. Le nabot chercha du regard qui était l'auteur d'une telle altération, Le tisseur ? Meuh non. Umbre ? Il semblait tout à fait naturel. Binabik touffu ? Bigre, le nelda affichait un air bizarre, gêné, il altérait donc l'Opérant ?
Une étincelle d'admiration vint apparaître dans le regard chafouin et évaluateur de Finn. Juste un marchand gourmand... ben voyons.


Vous n'êtes définitivement pas un sorcier fou, Binabik touffu. Vous êtes un nelda exceptionnel, ne serait-ce que parce que vous ne m'avez toujours pas attrapé par le col pour me soulever à un mètre du sol, ça voui alors !

Et toujours, alors qu'il échangeait avec ses compagnons d'infortune, une partie de son esprit était en ébullition, Binabik touffu lui avait fait un don, il ne devait pas le gaspiller, il devait aller au contact de l'artéfact, et tenter d'en affaiblir le maléfice, de modifier son reflet dans l'Opérant, pour lutter avec le gardien et non contre lui pour briser les chaînes invisibles et abstraites qui le rendaient fou. Et alors peut-être les choses s'arrêteraient là, ou au moins cela devait favoriser les tentatives à venir... Peut-être...

Toc !

Le petit être hirsute se leva en prenant appui sur sa béquille de fortune.


Toc !

Il fit un pas, puis un autre, puis laissa retomber la pointe de sa béquille au sol pour prendre appui...

Toc !

Il passa devant ses compagnons en fixant du regard l'artéfact gisant plus bas.

Toc !

Le chemin de rocaille était glissant, prudence en entamant la descente...

Toc !

Le nabot classait ses idées, séparait les concepts, pour finalement enfermer chaque groupe de pensées dans une jolie boite colorée qu'il rangea soigneusement dans le petit atelier de son esprit.

Toc !

Il entreprit ensuite de faire le ménage dans l'atelier, retirant tout ce qui traînait et n'était pas nécessaire, balayant la poussière de la fatigue, débarrassant autant que possible les étroites allées des obstacles de doute et de peur... Il fit ensuite le tour des fenêtres pour les fermer convenablement.

Toc !

Quelque part dans l'atelier, un fourneau s'éveilla, entrant en gestation d'un feu invisible et froid. Le petit être se dirigea verrouilla la porte d'entrée de l'atelier et se dirigea vers le fond de la pièce, saisissant au passage une paire de lunettes suspendue parmi le bric à brac pendouillant des étagères.

Toc !

Il poussa la porte de l'arrière salle et se présenta face au fourneau. A l'aide d'une paire de tenailles il porta à ses lèvres menues une pierre dont il chuchota le nom, avant de la placer au sein du feu en abaissant ses lunettes sur la truffe. Souriant béatement, il augmenta le tirage du four.

Toc !

Une fumée légère s'élevait dans la cheminée et ne tarda pas à présent de l'atelier. Les murs tremblèrent, et un nuage de pousière se détacha du plafond dans un bruit sourd. Le Jyrkalien venait d'atteindre Artus qui s'approchait. Que s'était-il passé ? Le nabot n'en avait pas la moindre idée. Toutes les fenêtres et la porte étaient condamnés, ne laissant rien entrevoir de ce qui se passait à l'extérieur.

Contact.

La main du nabot qui n'était pas prise dans l'écharpe soutenant son bras estropié s'était posée sur le bord de l'artéfact. Dans l'atelier qui résonnait sous les impacts du Jyrkalien, Artus allait et venait entre le feu étrange et la série de boîtes colorées qu'il avait triée auparavant, puisant dans l'une ou dans l'autre de curieuses choses pour les placer au sein du feu crépitant. La température montait. A chaque offrande au feu Artus formulait une demande, une demande adressée aux forces invisibles, à ce qu'Esmara décrivait comme des êtres psychiques de l'Opérant. Il les invitait à tendre l'oreille à sa demande, leur offrait un marché, un pacte en contrepartie duquel ils devaient trouver le reflet originel de l'artéfact, sa forme initiale, et s'en servir comme modèle pour atlérer, corriger l'obsession dégradée par les méchants. Une force tambourinait aux fenêtres et à la porte qui menaçaient de céder.

Boum...

Artus serra les dents. Il fallait que l'atelier tienne bon. Il reprit son ouvrage, patiemment, cherchant à capter l'attention des entités occultes, cherchant le déclic, l'ouverture, le truc qui fait que ça marche. Il puisa encore dans les boîtes colorées : Corriger l'artéfact, transmuter son reflet selon le modèle originel, comme il l'avait fait avec la dague de l'oncle Gibo... Affranchir le Jyrkalien...

En contrebas de la montagne, le corps d'Artus était balayé par les assauts du gardien. Inconscient de ce qui se produisait, le petit être toujours, appuyé sur sa béquille et la main posée sur l'artéfact, procédait, obstinément, à ce qu'il appelait forme d'alchimie, et à ce que beaucoup qualifieraient de tentative d'enchantement à tendance suicidaire et très probablement foireuse.



 
Umbre

Le Dhiwara 18 Nohanur 1507 à 18h03

 
*** L'artiste écouta attentivement les réponses d'Artus et de Binabik. Il avait désormais confirmation qu'il n'était pas avec des manchots et qu'ils arriveraient sans doute à quelquechose ensemble. Il y avait entre eux trois une conception semblable de la situation et ce consensus les aideraient assurément dans leur tâche.

Comme Artus était entrain de le manifester, approcher la chose était une pure question de volonté. Communiquer avec elle, rentrer en contact le serait tout autant. On ne pouvait pas rester sourd indéfiniment.

Umbre regarda Binabik qui demeurait à côté de lui, posa ses menues affaires au sol hormis son violon. Puis il descendit à la suite du tchaë et comme lui, eut tôt fait d'arriver dans la vallée. Derrière; dans les hauteurs, la massive silhouette du colosse tigré guettait. Silencieuse et enfumée dans ses volutes parfumées.

Il posa finalement la pointe de son instrument dans le creux de son cou, respira profondément et entama lentement une mélodie à la fois parfaitement calme, paisible et nostalgique. Chaque note était une stance poétique. Une mélodie qui évoquerait peut-être quelques vieux souvenirs à l'esprit d'Yshtul et l'inviterait à s'ouvrir à eux.

Il s'approcha donc en jouant.
En jouant ce au'il espérait être la musique des sphères. ***


Un visage est-il un masque de comédie posé sur la tragédie de l'âme ?

 
Artus Finn

Le Dhiwara 18 Nohanur 1507 à 20h19

 
Boum...

Les étagèrent tremblèrent dans l'esprit du tchaë, quelques fioles s'écroulèrent sur le plancher, bientôt suivies dans leur chute par quelques livres.

Boum...

Du sable tombait par couche du plafond vibrant auquel une lanterne suspendue se balançait, menant l'assemblée des ombres de la pièce dans une étrange sarabande.

Boum...

Une queue fila derrière un pot. N'était-ce pas l'un des deux lézards qui avait élu domicile dans le laboratoire ? La poussière s'était élevée dans l'air qui devenait plus opaque, donnant aux ombres dansante une consistance toujours plus solide.

Boum...

La mâchoire crispée, Artus observait à travers ses lunettes le foyer faiblir doucement. Les fenêtres et la porte n'avaient encore pas cédé sous les assauts répétés du gardien dont l'irradiante présence envahissait progressivement l'atelier.

Boum...

Une mélodie étouffée parvint aux oreilles du tchaë qui augmentait encore le tirage, allant et venant ici ou là, choisissant les boites colorées dont il offrirait un peu de leur contenu au brasier palissant.

Cette mélodie... Un violon ?

La température chutait doucement dans la pièce aux ombres dansantes qui s'étendaient progressivement sur le fragile mobilier. L'air était épais, si épais...


Boum...

Une quinte de toux tira au petit être une sueur froide, il y avait trop de poussière, partout. Sa petite main potelée était crispée sur une boite bleue qui contenait une poignée de substance sans forme appelée patience dans laquelle demeurait encore quelques petits ronds de fatigue. Il y plongea son poing moite...

Cette mélodie... Ce violon... Umbre ?

Umbre.

Une éclaircie passa sur le visage sale du petit être dans son atelier. Le feu dévorait la poignée qui lui était lancée. Un sourire réconforté se dessina chez le nabot. Il était temps.
La poussière retomba doucement sur les meubles, l'air devint plus clair, les ombres revinrent à leur place.
Un tisonnier vint retourner le brasier. Ne pas ouvrir les fenêtres, le gardien était toujours là, dehors... Ne pas le laisser entrer...
La boite rose fut ouverte et une pincée d'un truc gluant à rayures, nommé "origine", fut projetée dans le foyer faiblard qui l'absorba difficilement...




Une bourrasque de vent vint déstabiliser le tchaë qui se tenait comme un somnambule à côté du miroir, les yeux à demi clos.
Vidé de toute trace de mana, il demeurait immobile, se refusant à puiser le mystérieux fluide autour de lui, laissant les choses se faire d'elles mêmes, convaincu qu'il était que tout siphon de mana risquerait d'ouvrir la voie au monstre vers son atelier intérieur.
Que se passait-il donc autour de lui ? Umbre devait jouer, il l'avait entendu. Binabik ne devait pas être très loin non plus, préparait-il lui aussi au Jyrkalien un aperçu de son art, culinaire, pour le ramener à la paix ?
Et le tisseur ? Fumait-il toujours en observant le spectacle ?


Dans l'esprit d'Artus, l'atelier s'était mis en désordre. Relevant ses lunettes, le petit être passa le balai à l'intéreur, nettoyant les idées qui s'était mises à trainer par terre, rangeant les craintes qui étaient tombées des étagères pendant les secousses, ordonna les petites choses qui s'étaient mises à trembler, et cacha les babioles colorées qui nuisaient à sa concentration en suscitant en lui mille et une questions ou idées.
Il finit par regagner sa place dans le local, devant le four étrange, et reprit son travail avec ses petites boites, avec la musique d'un violon allié pour fond sonore, et la présence proche de deux confrères pour soutien...


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