Les Mémoires de Syfaria
Hors de toute région civilisée

L'Obession était une Obsédée...

Sud de Korsyne, et ennuis probables
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Sujet lancé par Saltis' Dymer
Le 11-11-1507 à 13h55
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Posté par Erling,
Le 22-11-1507 à 18h19
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Saltis' Dymer

Le Dhiwara 11 Nohanur 1507 à 13h55

 
Saltis avait quitté Nelle depuis déjà un bon bout de temps.
Il fallait qu'elle découvre par elle même les joies et les peines de la vie de propage, et qu'elle se fasse d'elle même une opinion saine sur les tchaës de la Fraternité du Désordre.
Le vieux Nelda était convaincu que sa fille saurait s'en sortir avec brio, et que le machiavélique Ethan Gorgo lui montrerait bientôt ses babines acerbes.

En attendant, il s'était dirigé vers Korsyne, où il avait pris un long repos dans cette cité de songes et de silence.
Croyant bien faire, Saltis se dirigea ensuite vers le sud, afin de rejoindre et de, s'il le pouvait, aider la probable expédition des membres des Hauts Rêvants pour récupérer l'une des Obsessions dont ils avaient apparemment besoin pour combattre le P'KhenS'sarkh et changer enfin la face de Syfaria.

Le vieux propage était heureux, car l'âge de la Rédemption commençait enfin à dévoiler ses merveilles.
Les Nemens n'avaient jamais demandé d'aide auparavant, et cela aujourd'hui changeait tout.
Bien entendu, beaucoup se méfierait des Nemens, croiraient qu'ils fomentaient quelque complot, mais les immatures qui songeraient à cela étaient celles et ceux qui les premiers étaient prêts à comploter, Saltis le savait bien...

Les Nemens avaient toujours aidé les poussiéreux, et peu lui importait les tenants et aboutissants de cette aide.
Seul comptait leur éperdu combat contre l'Imposteur, et la Rédemption promise au S'sarkh par le dénouement d'une situation par trop douloureuse.

Bientôt arrivé auprès du Gardien Jyrkalien, il l'observa, conforme aux descriptions qu'il avait perçu dans son consensus de pensées, malgré sa répugnance de vieil imbécile envers ce nouveau mode de communication.
Il chercha des yeux les autres Neldas.
Et s'aperçut qu'il était seul.
Nulle troupe, nul membre de l'Ordre des Hauts Rêvants.

Saltis était seul face à l'un des artéfacts les plus anciens et les plus convoités de ces six derniers siècles.

Décidément, les rêveurs rêvaient trop...


Libre est la voie du S'sarkh !

 
Saltis' Dymer

Le Matal 13 Nohanur 1507 à 12h19

 
Saltis avait installé son campement, semi enterré dans le sable chaud du désert, dans l'entourage proche du miroir déformé par l'entropie.
Les tentacules semblant bouger au hasard l'atteignaient parfois sans lui faire grand mal pour le moment...

Habitué à subir les affres d'une douleur continue depuis bientôt trois décennies, le vieux Nelda n'avait cure des risques encourus, surtout qu'il les estimait moindres s'il ne lui venait pas l'idiote idée de s'attaquer de front à cette perversion.

Le soir venu, Saltis disposa de petits feux au plus près et tout autour du miroir, sortant des morceaux de charbons de sa besace qu'il enflamma grâce à un sort d'Essentialis proprement utilisé, et ajouta aux braises de longues tiges de Carnine séchées, afin d'enfumer le lieu tout autant que par plaisir de l'expérience qu'il menait ce soir là.

La fumée monta bientôt et s'accumula, les tentacules fouaillant cette brume onirique en un ballet sulfureux.
Le vieux Nelda ota alors tous ses vêtements, et se retrouva nu face au miroir.
Son corps, déformé par des cicatrices innombrables et pour certaines encore fraiches, laissait voir une myriade de cristaux du S'sarkh parfois gros comme le poing qui s'enchâssaient dans sa peau au plus profond de ses chairs.

Les cicatrices, pour certaines vielles de trente ans, révélaient la souffrance qu'il s'infligeait afin de résister à la folie des effluves, arrachant et découpant sa carcasse parfois profondément afin d'endiguer l'inéluctable progression.
Et Saltis résistait depuis tellement de temps qu'il avait appris à distinguer ces filaments noirs qui s'enfonçaient jusque dans ses entrailles, le faisant souffrir jour après jour d'une douleur qui aurait été intenable pour qui n'aurait pas eu sa force de conviction, son amour pour la vie, sa dévotion à sa compassion, sa certitiude de devoir faire cesser tout cela.

Détruire le P'KhenS'sarkh, détruire les rejetons jusqu'aux derniers !
Rendre au S'sarkh sa juste sagesse, et faire cesser ses douleurs, dont Saltis croyait subir une once en son corps déchiré...

Ainsi, il se présenta au miroir, envahi par les fumées doucereuses, attendant de voir si lui même pouvait devenir un reflet pour ce reflet...


Libre est la voie du S'sarkh !

 
Narrateur

Le Matal 13 Nohanur 1507 à 18h10

 
***
Quelques minutes s'écoulèrent.

La surface du miroir se voila, et le corps martyrisé du Nelda se refléta soudain en lui, renvoyant l'image décharnée d'un être qui avait passé la moitié de sa vie à déchirer ses chairs pour tenter de ne pas sombrer.
Cette image resta là, fixe, les tentacules continuant de labourer l'air ambiant, entourée de fumées acres de Carnine.

Rêve ou réalité, nul n'aurait alors pu le déterminer...
***


 
Saltis' Dymer

Le Vayang 16 Nohanur 1507 à 15h05

 
Deux jours et deux nuits s'écoulèrent.
Les fumées s'étaient résorbées depuis fort longtemps.

Saltis était toujours là, mais assis, face à l'Obsession.
Deux jours et deux nuits sans penser, sans manger, sans rien de plus qu'une observation muette de son reflet.

Il sombrait.

Puis un message télépathique lui parvint, d'un propage nommé Erling.
Cela lui fouetta l'esprit !
Un nouveau message, de l'Erudite Thanakis de la Fraternité du Désordre.
Il n'avait pas suffisamment de force pour répondre à l'imbroglio qu'elle lui soumettait.
Il y songerait plus tard.

Il devait se concentrer.
Ses forces s'amenuisaient.
Parfois certaines tentacules le frappaient, sans qu'il n'y puisse rien, mais sans agressivité particulière.
Le hasard les guidait.

L'Obsession elle aussi avait sombré...
L'un et l'autre s'étaient perdus dans leurs reflets.

Sentant qu'une mort certaine l'attendait s'il ne trouvait pas rapidement le moyen de réagir, seul au beau milieu de rien, Saltis décida, vu qu'il paraissait avoir repris pour un temps ses esprits, de tenter une impossible et dangereuse manœuvre.

On disait que les symbiosés ne pouvait mourir.
Face à cette chose qui lui faisait perdre l'esprit plus que le corps, il eut un doute.
Nelle lui en voudrait, c'était ça le plus embêtant.


Saloperie !, songea-t-il.
Saleté, je l'avais dit en plaisantant, mais tu vas le cracher ton miroir !

Le vieux Nelda se releva péniblement, la bouché sèche et le corps meurtri par ces heures passées à baver sans plus pouvoir réfléchir.

Debout, il se contempla.
Et commença à se persuader qu'il était non pas dans le désert, mais dans le miroir.
Echanger les places.
Echanger les esprits.


Proposer l'impossible pour récupérer ce machin !


Il se concentra du mieux qu'il put.
Le sacrifice n'était pas un vain mot dans la bouche du vieux propage...


Libre est la voie du S'sarkh !

 
Narrateur

Le Sukra 17 Nohanur 1507 à 13h55

 
***
Les tentacules se figèrent au bout d'un temps incertain, puis convergèrent lentement vers Saltis' Dymer, formant un amas aux milles épines qui vint délicatement effleurer le Nelda.

Doucement, les extrémités d'entropie touchèrent sa peau, la brulant à chaque fois.
Les blessures étaient superficielles, mais profondément douloureuses.
Saltis' Dymer tint bon, et resta debout, englué dans cette masse noirâtre qui explorait son corps sans défense.

Nul son. Nul cri. Nulle plainte.
Quelques minutes plus tard, les tentacules se retirèrent.
Mais ne recommencèrent pas à battre l'espace frénétiquement.
Le reflet dans le miroir revint à la normale, un visage souriant tel qu'on le voyait de loin.
Mais pourtant l'entropie était toujours là.

Saltis' Dymer s'écroula, épuisé et abasourdi par ce qui venait de se passer.
***


 
Saltis' Dymer

Le Dhiwara 18 Nohanur 1507 à 00h24

 
Ecroulé.
Ca, Saltis l'était.
Autant physiquement que mentalement.

Mais que s'était-il donc passé ?!, songea-t-il.

En dehors du fait qu'il avait la peau noircie et racornie sur à peu près la totalité de sa surface vivante, et que les tentacules s'étaient arrêtées, le vieux propage n'avait jamais, en quarante années de voyage et de combats contre des rejetons, vu semblable évènement.

Mais vraiment de vraiment, qu'est ce c'est que ce truc ?!, grogna-t-il en relevant les yeux.

Il s'était trompé.
Ca, c'était sur.
Et ça le faisait drôlement suer.
Il avait aveuglément cru ce qu'on lui avait raconté.
Mais ça n'était pas ce que ça devait être.

Voilà tout.
C'était la seule solution envisageable.
Saltis avait bâti toute sa "stratégie" sur le fait que le Gardien Jyrkalien, un rejeton du P'KhenS'arkh selon ce qu'on lui avait soumis comme informations, viendrait vers lui, attirée par le lien subtil qu'avait établi son corps avec les effluves depuis tout ce temps, et que donc l'Obsession serait libérée.

Bon...
Le plan ne comportait pas de suite, à savoir comment s'en sortir une fois le Gardien en lui, mais bon, avec la symbiose la mort ne faisait pas vraiment peur à Saltis.
Dans un sens, que ça se passe ainsi était quand même mieux, Nelle lui en aurait vraiment voulu...

Alors, alors...
La seule conclusion, estima-t-il en se relevant, était que cette chose absurde, ce Gardien Jyrkalien... n'était pas un rejeton du P'KhenS'sark.
Voilà...


Et donc, vieux fou ?..., se marmonna-t-il un peu décontenancé.

Donc...
Donc, donc, donc....

Saltis fit deux pas en arrière, retournant vers son requiem de camp, enfoui sous le sable dorénavant, et entreprit de se rééquiper.

Donc, l'Obsession et le Gardien ne forment qu'un.
Ou plutôt il n'y a pas de Gardien...
Il croyait tenir la solution, et entreprit de faire ses préparatifs pour agir le lendemain matin, assez satisfait de lui...


Libre est la voie du S'sarkh !

 
Saltis' Dymer

Le Dhiwara 18 Nohanur 1507 à 23h41

 
Saltis avait pris plus de temps que prévu pour préparer son action.
Le temps de consulter, de réfléchir, d'être plus affuté dans ses réflexions.

Il partait d'un constat qui n'était corroboré par rien.
Isolé comme il l'était, il n'avait que peu d'informations sur ce qui s'était déroulé avec les autres Obsessions.
Trop peu d'informations.

Les races de poussière ne collaboraient pas souvent, sauf si leur survie était en jeu, et aujourd'hui de vieilles rancœurs s'exprimaient vivement selon ce qu'il en savait.
Jusqu'à Thanakis qui complotait... cela avait de quoi faire sourire si la situation n'était pas si grave.
Les Nemens étaient stupides.


Ils nous prennent pour des enfants, nous traitent comme tels, et ne font pas le moindre effort d'adaptation à nos mentalités depuis six cent ans..., dit-il à haute voix.

Ceci était assez faux, Saltis le savait, car les Nemens de la surface, ceux qu'ils côtoyaient au quotidien, étaient peu différents des races de poussière.
Mais ceux d'Ulmendya, c'était une autre paire de manche.

Le vieux Nelda n'avait pas voulu contacter cette Nemen chargée de leur répondre, car de toute façon il en attendait peu.
Soit elle était comme ceux de la surface, sympathiques et coopérants, les aidant du mieux qu'ils pouvaient, soit elle était comme ceux que le vieux propage avait déjà rencontré dans la ville puits : imbus d'eux mêmes et sans aucune propension à lâcher le moindre fragment de vérité compréhensible.
Parents affables mais complètement obtus...

Sortant de ses rêveries solitaires, Saltis retourna à sa besogne.

Si le Gardien n'en était pas un.
Si seul le miroir existait, et s'était donc fabriqué des mécanismes de défense contre les Nemens et les Rejetons, les êtres de poussière ne devait pas être concerné.
Et pourtant elle l'attaquait.
Mais elle n'attaquait pas le tisseur de rêve non loin de là.

Saltis avait longtemps réfléchi à quelle différence il pouvait y avoir entre cette créature native et un être de poussière.
Une seule lui parraissait pertinente en ce cas précis.
Les effluves...

Le tisseur n'était pas affecté par les effluves.
Les races de poussière l'étaient...

Tout être à la surface de Syfaria avait en lui de minuscules filaments de perversion, qui se cristallisaient par endroits en des cristaux du S'sarkh.
Il en savait quelque chose.

Cette chose avait exploré son corps, le touchant, comme cherchant à saisir ce qu'il était.
Saltis avait donc décidé de lui montrer que même envahi de cristaux, son corps n'était pas entièrement lui, et que son âme était neuve, ni Nemen ni rejeton.

Il arracha un dernier cristal d'un coup sec !

Son corps était en sang.
Il dégoulinait de sang.


Du travail et de la souffrance en moins pour les mois à venir, songea-t-il avec un sourire amer.

Se relevant, il quitta son campement de fortune sans laver ses plaies et ses croutes de sang séché.
Il avait fait le maximum sans attenter à sa vie.
Il était à la limite...

Il se rapprocha de l'Obsession, dont les tentacules avaient repris leurs mouvements et l'avaient frappé de manière hasardeuse encore une fois.

Une fois au plus près, il s'agenouilla.
Et regarda le miroir, tendant les mains vers lui, le corps nu et offert.
Si le miroir faisait la distinction, il n'aurait plus à se défendre.
Et il pourrait le récupérer...

Sinon....
je visiterai un pilier de poussière, marmonna-t-il avec un petit rire !

Libre est la voie du S'sarkh !

 
Erling

Le Luang 19 Nohanur 1507 à 20h41

 
Le trajet dans le Transport Nemen avait été long et comme la fois précédente, Erling avait subit le froid lié à l'altitude sans rien pouvoir faire d'autre que se pelotonner dans sa cape pour tenter de passer une nuit convenable. Ce fut peine perdue. Bien trop de soucis le tenaient éveillé. Qu'allait-il faire une fois qu'il aurait rejoint le Propage Nelda ? La dernière Obsession qu'il avait vu avait laissé en lui des craintes profondes qui revenaient au fur et à mesure que la distance le séparant de Korsyne diminuait. Il finit par sombrer dans un sommeil peuplé de rêves. Le premier se passait à Lerth, des flammes montaient des batiments et les Témoins semblaient comme devenus fous, une étrange lueur brillait dans leurs yeux, et ils s'approchèrent peu à peu d'Erling qui, subjugué ne pu courir. Au moment où ces amis dégénérés allaient le toucher, la vision changea et Erling se retrouva de nouveau dans les montagnes dans lesquelles il était à peine deux semaines plus tôt. Le Propage tenait dans ses mains un Miroir. Au milieu de celui-ci, Jemori Colcook le regardait, grimaçant et semblant se moquer de lui. Erling regarda autour de lui et aperçut la Matriarcale Arkana Voroskh. Elle marmonna de vagues excuses et un projectile magique fusa en plein dans la direction de la tête du Tydale. Une fois de plus, avant le choc, le rêve se dissipa et Erling se réveilla grelottant.

Il ne parvint pas à retrouver le sommeil, et, accoudé au bastinguage du vaisseau, les yeux hagards et bouffis de fatigue, il regardait défiler sous lui une bonne partie de Syfaria. Il n'était maintenant plus capable de penser correctement, et il n'aurait su dire si celà lui plaisait ou non. Enfin, après une matinée complète de plus passée à bord du vaisseau volant, Erling put enfin de nouveau mettre pied sur la terme ferme. La chaleur le prit à la gorge. Le désert, vaste étendue de sable, s'étendant devant ses yeux. Sortant de sa poche sa carte, le Propage regarda une nouvelle fois l'itinéraire qu'il avait prévu d'emprunter. Puis, il se mit en marche sur une route serpentant dans le désert, droit sur Korsyne.

Après quelques heures de marche, il arriva enfin face au Pilier de Poussière marquant l'entrée de la ville. Là, géné, il observa un moment la première ville de Hauts Rêvants qui s'offrait à ses yeux. Puis, avec un profond soupir, il la traversa d'un bout à l'autre, le regard baissé, comme honteux de ne faire que passer sans prendre le moindre contact.

Dès la sortie de la ville, Erling dut déjouer le piège du créature. Il s'en sortit sans plus qu'une vilaine égratinure. Cependant, il ne put même pas identifier son agresseur qui retourna se perdre parmit les dunes. Continuant sa progression, le Tydale finit vite par apercevoir ce qui semblait être une horde d'Assulters. Alors qu'il réfléchissait à la marche à suivre, la nuit tomba lentement. Il décida donc de retourner en arrière, et, non loin des portes de Korsyne, il établit son campement et, après s'être restauré, il tomba dans un sommeil profond.


Pélerin du S'sarkh

 
Narrateur

Le Matal 20 Nohanur 1507 à 14h23

 
***
La réaction se fit attendre.
Les miroirs avaient une temporalité particulière que ne comprenaient pas les êtres de poussière.

Mais la réaction fut d'une inouïe violence !

Alors que le vieux Nelda attendait, serein et prêt à mourir pour libérer ce qui était à l'être, les tentacules se transformèrent, s'amalgamèrent en une seule et longue épine de néant.

Celle-ci fonça droit vers lui, et pénétra dans ses chairs !

Saltis fut soulevé de terre, et un étourdissant déversement de puissance s'écoula dans son corps, l'entropie sortant sans aucune retenue du miroir !
La douleur était formidable autant que terrible.

En quelques secondes, durant lesquels le vieux Nelda, grimaçant et souriant à la fois, s'extasiait, pleurait et riait tout à la fois !, en quelques intenses secondes tout fut terminé.

Puis le flot se tarit, et finalement cessa...

Le corps de Saltis retomba lourdement au sol, d'une hauteur que même en temps normal ses os n'auraient pas supporté.
Le craquement fut étourdissant, plusieurs de ses côtes ressortirent de son poitrail déchiré et brulé.

Le visage ensanglanté, une bajoue pendante, il tourna un dernier regard vers l'Obession.
Celle-ci reposait, apaisée, libre, à quelques mètres de lui.
Il avait réussi.
Puis le néant vint, irrémédiable, et Saltis cessa de vivre.

Il allait effectivement et finalement bel et bien visiter un pilier de poussière...

***


 
Erling

Le Matal 20 Nohanur 1507 à 19h14

 
Erling se réveilla au matin avec le soleil cuisant du désert. Il mangea quelques fruits secs qu'il avait emmené depuis Lerth et se désaltéra brièvement à sa gourde. Le désert plus profond l'attendait et il avait maintenant décidé de rationner le précieux liquide. Il fit un tour d'horyzon du regard et ne, repérant nul être hostile, il se mit en marche l'esprit tranquille, dans la direction du sud sud-est que lui indiquait sa carte.

Deux heures durant, le Tydale marcha sans rencontrer le moindre obstacle, hormis le soleil, pesant, et le sable qui semblait glisser sous ses pieds. Soudain, son esprit vaguabond fut assaillit par des pensées télépathiques. Il écouta raisonnablement le contenu des dires de son interlocuteurs, et lorsque la fin arriva, le Propage eut brusquement le souffle coupé. Désemparé, il s'agenouilla à terre et tenta de reprendre ses esprits. Saltis' Dymer était mort. Mort à l'instant même où il communiquait dans son esprit. Abattu, Erling contempla longuement les grains de sables entre ses deux genoux. Puis, il se ressaisit. Le vieux Nelda lui avait délégué sa mission. Il lui incombait de finir la quête qu'il avait commencé. De plus, la symbiose allait surement l'amener à reparaître sur Syfaria par un pilier de poussière dans peu de temps. Il fallait qu'il en soit ainsi, un sacrifice comme celui-ci ne pouvait marquer la fin du existence.

Erling pensa à Nelle. Il pensa aux Témoins et à Syfaria. Alors, il se releva, et, d'un pas plein de détermination, reprit sa route qui devait le mener à l'Obsession du Sud. L'esprit d'Erling bouillonnait mais n'émettait pas la moindre idée constructive. Il ne savait à cet instant qu'avancer, encore et encore. Ce manque de réflexion l'amena à se précipiter droit dans les bras d'un Assulter. Fort heureusement pour le Tydale, celui-là était seul et semblait aussi surprit que le Témoin cette rencontre. Cependant, ce fut la créature de P'Khen'Ssarkh qui réagit la première et qui envoya bouler Erling dans le sable d'un coup de patte magistral. Affalé à terre, le Propage perdait ses esprits. Saltis. Le sacrifice. L'Obsession. Avec un hurlement, Erling se remit debout. L'assulter hésita quelques instants. Alors, le Tydale, conscient de ne pas pouvoir venir à bout de son adversaire, prit la fuite dans les dunes, malgré le sable qui cédait sous ses pas. La rage au ventre, il put semer rapidement son adversaire.

Plus tard, Erling, courant et clopinant, tomba une nouvelle fois à terre en haut d'une dune. Le corps à bout de force. Respirant difficilement l'air chaud qui l'assaillait de toutes parts, il sentit faiblement une vague brise marine. Levant les yeux, il aperçut depuis le promontoire où il était, les reflets scintillants de la mer. Erling jubila. La plus grande partie du chemin était maintenant achevée. Cette pensée fut comme un sceau d'eau dans l'esprit du Tydale. Il se remit à penser dignement comme un être de Poussière normal. La mer semblait décrire un renfoncement. Erling se remémorra sa carte et localisa l'Obsession par rapport à sa position. Alors, il reprit sa marche.

Le soir tombait lorsque le Propage aperçut au milieu du sable un reflet scintillant. Ainsi, le but était atteint, l'Obsession était devant lui. Lentement, il s'approcha. Des traces à terre rappelaient la tragédie qui avait eut lieu ici quelques heures plus tôt. Erling jeta un regard dégouté au Miroir. Le lieu semblait toutefois sûr, et il décida d'y passer la nuit. Il s'installa non loin de l'objet toujours au sol et, ne pouvant dormir, il commença des conversations télépathiques. Toujours sans toucher au l'Obsession. Il était là maintenant et il veillait sur elle. Rien ne l'obligeait à la toucher jusqu'au départ du lendemain matin, alors Erling préféra retarder le contact physique.


Pélerin du S'sarkh

 
Erling

Le Merakih 21 Nohanur 1507 à 18h31

 
Erling n'avait trouvé le sommeil que très tard dans la nuit. Il s'était plus effondré qu'endormi mais le résultat était le même. Au petit matin, il se réveilla courbattu, les membres faibles et la réserve d'énergie au plus tard. Il n'avait pu, la veille, progresser si vite dans le désert que grace à la volonté que lui inspirait le mort de Saltis' Dymer. Maintenant, auprès de l'Obsession, il se sentait faiblard et reporta à nouveau son départ au lendemain. Une nouvelle journée et une autre nuit dans le désert avec l'artefact ne l'enchantait guère, mais, son corps ne lui en laissait pas le choix.

Le Propage resta donc assis, au milieu de l'étendue de sable, à réfléchir à sa situation et aux différentes informations qu'il avait reçu télépathiquement au cours des dernières heures. Sa première inquiétude lui venait de ses amis de la Confrérie des Six. L'un avait porté un artefact et l'autre avait étudié les Obsessions plus que quiconque sur Syfaria à la connaissance d'Erling. D'après eux, un être capable de se dématérialiser et de se déplacer très rapidement d'Obsession en Obsession pouvant anéantir la puissance de l'Artefact ou au moins la rendre bien plus faible. Les Confrères spécifiaient aussi que cet être s'attaquait aux gens autour de l'Artefact. Erling ne cragnait pas trop pour lui, les informations qu'il avait reçu semblaient montrer que ses méfaits n'étaient pas des plus dangereux pour son intégrté physique. Cependant, le sort de l'Obsession préoccupait le Témoin qui jeta un nouveau coup d'oeil à l'Artefact. Le vent venant de la mer commençait à le recouvrir de sable. Malgré tout, il fallut plus d'une heure au Propage pour se décider à aller chercher le Miroir, pourtant non loin. Il s'en saisit, décrocha sa cape et l'enroula dedans, se soustrayant ainsi aux yeux qui semblaient le regarder depuis la surface du Miroir. Des murmures s'échappaient mais Erling s'y attendait et il se relança alors dans des discussions télépathiques pour amener ainsi ailleurs sa concentration. Une question concernant la Fraternité du Désordre et la fille de Saltis' Dymer, Nelle, lui prit bientôt entièrement l'esprit et ce fut comme si il n'était plus assis seul dans le sable.


Pélerin du S'sarkh

 
Erling

Le Julung 22 Nohanur 1507 à 18h19

 
Une autre nuit en solitaire parmi le sable ne posa pas plus d'ennuis que la précédente contrairement à ce à quoi s'attendait Erling. Tout était toujours calme hormis le vent et Erling se sentait maintenant réelement seul. Il était temps pour lui de partir. Il rassembla le peu d'affaires qu'il avait éparpillé, à savoir son arc et son carquois et sa précieuse carte qu'il consulta une nouvelle fois avant de la ranger. Restait à décider comment transporter le Miroir. Erling décida de poser l'Obsession au milieu de sa cape, puis d'en replier les bords par dessus et de ramener ainsi le tissu pour l'enrouler autour de son poignet. Ce n'était pas bien pratique, le ballot pouvant heurter sa hanche, mais Erling ne voulait pas porter l'Artefact plus près de son corps. Enfin il se mit en route.

Des heures passèrent. La rage qui l'avait guidée dans le sens aller n'était plus. Le chemin pour rejoindre Korsyne lui sembla donc bien plus long et c'est avec une joie qu'il ne pensait pas éprouver qu'il aperçu les sillons de la route indiquant qu'il était maintenant proche de la ville des Hauts Rêvants. Puis, les remparts et le guetteur à l'entrée apparurent. La marche hors de toute civilisation était finie. Cependant Erling ne s'arrêta pas en ville. Il avait donné à certaines personnes des engagements concernant ses durées de trajets, et il mettait un point d'honneur à les respecter. De toute manière, il se l'avouait franchement, il était déjà en retard.

Hâtant encore un peu sa marche grâce à l'amélioration de l'état de la chaussée, Erling fit sortit l'Obsession du désert dans lequel elle était depuis bien des jours ...


Pélerin du S'sarkh

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