*** Eskiiz avait préparé toutes ses affaires, un sac bien garni mais pratique pour la marche lui avait conseillé le chambellan.. Fort bien, il ne lui fallait pas grand chose pour être bien au nelda, quelques fringues, quelques trucs à manger et surtout des fioles..

Seulement quelques semaines qu'il avait obtenu ce poste au sein de la caravane, au service de l'horloge du suaire.. Faire des voyages l'emballait bien, mais ce matin là, s'apprétant à quitter la maison d'Artus Finn où il avait élu domicile, il ne pu s'empêcher de repenser au message d'antiorn.. Un voyage de plusieurs mois, un voyage si long et audacieux que peu de précédents existaient dans toute l'île.. Il n'en avait pas compris tos les tenants mais à quoi bon, de toutes façons il ne comprend que la moitié des informations et ce de manière systématique.. alors il avait simplement retenu l'heure et l'endroit du rendez-vous, prêt à parcourir le monde..
Dans son sac les fioles font gling gling... C'est pénible.. C'est le prix à payer pour s'entraîner en route, à l'alchimie, il ne se sent pas très doué mais ça va venir.. Il a aussi embarqué la fiole de flagadaze, cet étonnant breuvage dont seul Artus possède le secret.. En cas de coup de mou.. Et puis divers ingrédients plus saugrenus les uns que les autres. Oui, la route serait l'objet de diverses expérimentations..
Le voilà arrivant près du pilier de poussière d'Arameth.. Les premiers rayons de soleil peinent à percer en cette saison froide... Antiorn est déjà là...
***

*** eh ben il est en forme ce matin... ***

*** Lowine n'écoutait déjà plus.
Et pourtant le bruit de fond que son mou générait dans son esprit était plus que désagréable.

Elle se dépechait,
s'en voulant de son manque de préparation,
de son inexpérience, de...

Du sable! Elle était allée trop loin...
A peine partie, première erreur!
Déjà elle entendait le ricanement du dénommé Eskiiz.
Confusément elle se dit qu'elle n'en finirais pas de l'entendre.

Peste! ***

*** Le blanc nelda posa le regard sur Eskiiz avec un sourire en coin. Il avait abandonné l'idée d'essayer de cerner le personnage. On dit qu'à Arameth, les fous ont plus de chances de prospérer... question de trouver ses idées en dehors des conventions sans doute... ce caravanier était une chance unique de mettre l'adage à l'épreuve. ***

***
Posant le regard sur ses bottes, Antiorn murmura pour lui-même. ***

*** Mais la suite de pas qui devait suivre fut de courte durée, interrompue tant par un message télépathique que par la rencontre d'une jeune tydale qui arrivait de par la route, épiant sans vergogne les conversations des voyageurs dès qu'ils étaient à portée de son ouïe. ***

***
Ce à quoi le chambellan ne sût que répondre d'intelligent. L'absurde étant une arme redoutable en ce monde, que rétorquer à un commentaire sorti tout droit de l'abîme en réponse à un tordu qui cause à tout va d'un enfoiré de tailleur riche et fictif ?

Rien. L'inspiration qui était habituellement l'alliée du chambellan des caravanes haussait honteusement les épaules en se grattant le crâne d'un air perplexe.

Croisant les bras, le regard d'Antiorn se posa sur Eskiiz. Maintenant était le moment de voir si ce soit disant génie saurait assurer ses arrières... ***

*** Le chambellan est là, il en impose, à Eskiiz du moins, il voit là le baroudeur solitaire, l'aventurier au grand coeur, l'homme à poigne à qui on ne la fait pas en somme...
Cela sonne le départ pour de bon, et c'est une excellente chose ! Il est bouillant le nelda... ***

*** Il comprend tout de même qu'il devient un peu familier, là... Enfin il fait le nécessaire pour continuer à la vouvoyer mais il sait d'ores et déjà qu'il ne sera pas toujours attentif.. Il est en pleine recherche d'un nouveau sujet de conversation lorsqu'arrive une tydale.. Ah ! LA tydale ! ***

*** Hein ?
Ouille, les talents d'Eskiiz ne sont pas à la hauteur escomptée.. Ou elle parle avec un accent bizarre, oui ce doit être ça... ***

*** Il la regarde d'un oeil suspicieux puis se décide à faire les présentations... ***

*** Tournant le regard vers Lowine... ***

*** Aaaaah, les expéditions.. Il est ravi Eskiiz, il arbore son plus grand sourire, voyant la fine équipe se mettre en place... ***

*** Un sentiment de soulagement prit la place de la sourde angoisse qui l'habitait:
Sa participation à cette expédition ne semblait pas remise en cause...
du moins, pour le moment. ***

*** Sentant les regards la jauger, elle se sentit obligée d'ajouter, tout en ce maudissant: ***

*** Le blanc nelda se tâta une oreille d'un air distrait. Ses propres appendices auditifs devaient être au moins aussi longs que ceux d'Eskiiz, sinon plus. Était-il donc le chambellan aux grandes oreilles pour tous les tydales d'Arameth ? ***

***
Se retournant vers Eskiiz, il esquissa un sourire énygmatique. ***

*** Juste le temps de reprendre un souffle de plus...
La tydale laissa les neldas discuter chiffons et comparer la taille de leurs appendices auditifs. ***

*** Mais elle ne pouvait arreter de sourire... ***

*** Eskiiz regardait la scène.. ainsi on attendrait un peu la tydale avant de prendre la route à proprement parler... Très bien.
Répondant au chambellan.. ***

*** Et voilà, il a craqué et s'est montré familier, il le voit comme un vieux compagnon de ripaille, le chambellan, et les voilà enchangeant sur les femmes comme de rustres charretiers... Il lui lance un egard plein de connivences.. Puis se ravise ***

*** Eskiiz s'asseoit alors et sort de son sac quelques fioles, et tout en sifflotant il entame une recette dont il semble connaître tous les secrets... Jusqu'à ce que versant le contenu d'une dans une autre, une épaisse fumée rouge ôcre s'en dégage... ***

*** Le chambellan ignora les remarques sur la tydale qui les accompagnerait. Il n'avait jamais été attiré par les créature imberbes de toute façon. Et si cette délicate tydale voulait s'en sortir avec Eskiiz, cela allait assurément donner un spectacle divertissant d'ici à Zarlif ! ***

*** Consignes données, et elles sont claires, l'idée est de se retrouver à la station de transports Nemen en attendant la nouvelle caravanière...
Très bien, Eskiiz a envie de se dégourdir les jambes, et il y a un autre convoi qui part lui au matriarcat sur la même route, l'ambiance est bonenfant, ça rigole tout ça... Il y a aussi les gros bras du poinçon qui en décousent avec un gambol.. whao.. Belle bête pense le nelda...

Il fouille dans son sac vérifier ses fioles, il regarde celle qu'il a laissé à décanter bien calée dans le fond, tout va bien, RAS, c'est ok.

Mais voilà que relevant la têve, la bêbête est juste à ses côtés... Houlaaaa....
Il se crispe sur son bâton ferré... ***

*** Ils sont face à face, on sent que ça va faire mal, Eskiiz le toise dans le fond des yeux... Il est content de son effet, et de sa réplique digne des meilleurs nanars parmis les grimoires au second étage de la bibliothèque, la fiction, il en a lu le début d'au moins trois, avant d'arrêter, trop de descriptions, pas assez de baston...

Bon l'effet est fait, mais faut pas déconner, si Eskiiz était un guerrier ça se saurait.. Hop, camouflage, et il détale.. ***

*** ... La station Nemen, au poil, il y sera en sécurité.. tiens y'a même Artus, le caravanier s'installe tranquillement et sort son petit matériel d'alchimie de voyage... Il sera très bien ici en attendant son supérieur et sa collègue... ***

*** quant à la nouvelle caravanière,
elle se planquait derrière un tas de sable au bord de la route, observant la bête de loin.

Tant de course pour finir par tant d'attente.

Elle se dit que le poincon finirait bien par arriver,
et se mit à mâcher...

ses dents... ***

*** Bien à l'abri derrière les dunes, Antiorn observait le Poinçon à l'oeuvre. Finghin, Ligerio et Avarion avaient encerclé le Gambrol qui, pour une raison inexplicable, semblait attiré par la route reliant Arameth à la station Nemen comme une abeille à du miel... Tous les efforts pour le déloger, et ils n'avaient pas été moindres, avaient été futiles. La mise à mort était donc exécutée systématiquement.

Mettre à bât une telle bête n'était pas aisé. Cela demandait unsavant mélange de sang froid, de patience, de coordination. Les bras croisés, le chambellan observait le bal à distance, comparant les tactiques du Poinçon aux siennes pour la mise à mort des engeances dangereuses, constatant qu'elles étaient sensiblement les mêmes. Mais le Poinçon possédait des éléments bien mieux entraînés et équipés que ses caravaniers.

La bête était harcelée. Les attaques venaient tantôt de son flanc, tantôt de son dos pour la forcer à se retourner et ainsi exposer ses points faibles en alternance. Ne sachant comment se déffendre cernée comme elle l'était, elle devenait confuse rapidement. Confuse mais furieuse. Les membres du Poinçon s'avançaient chacun leur tour, tantôt pour attirer son attention, tantôt pour attaquer. De multiples blessures mineures ralentissaient les mouvements du gambrol au fur et à mesure que le temps passait. La perte de sang faisait son oeuvre.

Haussant les épaules, le blanc nelda continua sa route, se disant qu'il aurait très bien pu être prévôt si le maniement des armes ou de la sorcellerie de combat n'était pas un atout pour l'embauche... ***

*** ... Pendant ce temps, Eskiiz, fatigué d'attendre à la station Nemen, se demandant même s'il n'avait pas perdu ses compagnons, se met en tête d'explorer un peu les environs... D'après l'itinéraire, c'est le route de l'ouest qu'ils prendraient, fier de cette déduction, son esprit génial, rappelez-vous, il décide d'aller reconnaître le terrain, armé de son bâton il ne risque rien, de toutes façons intimidant comme il est ainsi, peu de choses vivantes prendraient le risque de lui chercher des crosses.

Il marche un peu, Gai comme un pinson, le ciel est clair ce matin... Jusqu'à ce qu'une drôle d'impression le tétanise..

hummmm ?

hummmmmmm ?

Ah oui, c'est bien ça.. Un assulter camouflé le bougre... Ni une, ni deux, ni trois d'ailleurs, Eskiiz se camoufle lui aussi, le petit filou l'aurait-il repéré ? Rien n'est moins sûr... Toutefois Eskiiz évite de bouger, il reste prostré, là.. priant pour ne pas attirer l'attention, il n'arrive même pas à voir s'ils sont plusieurs, il voit juste qu'il est très moche cet assulter et qu'il n'a pas l'air commode... ***

*** chuchote t-il... ***

*** "Courageusement" elle avait fini par s'élancer,
pour finalement se rendre compte que le danger avait disparu.

En deux temps trois enjambées elle fût en vue du "patron" près du transport nemen.

elle hésitait sur la route à prendre lorsque une petite voix se fit entendre...

là, juste là,

entre ses synapses... ***

*** Le tête à tête a duré un moment, l'Assulter ne semblant pas vouloir passer à l'attaquer et Eskiiz totalement pétrifié.. Les heures ont passé et malgré la crispation, le nelda a fini par s'endormir... De doux songes l'envahirent, emplis de saveurs subtiles et de bouches sucrées, d'effluves hallucinatoires et de sexe débridé.. Ah la puissance du monde des rêves, il en avait goûtés des substances fotes le caravanier, mais rien n'est comparable au monde des r... ***

*** Il est passé à l'attaque le bougre... Eskiiz a trinqué sec mais ça va, il est robuste le nelda, il est sur ses deux pieds, bâton en main, il toise le monstre... ***

*** Oui lorsqu'il est très en colère, Eskiiz est d'un grossier affligeant... ***

*** Pure intimidation, il sautille et gesticule tout ce qu'il peut pour effrayer l'Assulter qui ne bouge pas... Alors il se doit de prendre son courage à deux mains, advienne que pourra... Il s'élance en avant le bâton brandi au dessus de la tête, fait un petit saut et l'abat de toute ses forces vers la tête de la créature...

.. qui d'un pas chassé esquive le coup, et à son tour envoie un tonitruant coup de lancer qui touche Eskiiz à l'épaule.. Il s'écrase quelques mètres plus loin dans la neige... son sang macule le manteau hivernal... ***

*** .. se permet-il avant de s'élancer à travers la plaine, priant pour échapper à la créature, il court il court il court vers l'ouest, il n'entend pas s'il est pris en chasse.. À ce moment même il n'y a plus de caravne, de confrères, de mission, juste une trouille omniprésente qui lui tiraille le ventre.. Eskiiz vient d'être confronté à son premier vrai combat contre une créature pervertie... Et ça n'a pas été rigolo.. ***

*** L'assulter en était à ce bref moment de réflexion qui lui servait à anticiper la façon dont il allait dévorer ce grand velu lorsqu'un petit caillou vint lui percuter l'arrière du crâne.

Au loin, un autre de ces velus au pelage clair se tenait sur une dune et lui balança un autre caillou. Celui-là allait payer de son arrogance.

Au loin, Antiorn souriait de la réussite d'un plan somme toute simplet.

C'est ça mon gros, viens voir tonton.

En espérant que la bête corrompue le suive assez longtemps pour libérer la route pour Lowine, le blanc nelda entraîna l'Assulter vers l'est. ***

*** Décidement, tout un tas de bestioles étranges peuplaient cette plaine sans fin.

Elle se fit attaquer et courser par des monstres qu'elle ne pourrait jamais décrire, vu que leur simple vue la faisait détaler.

Il fallût toute l'expéience d'Antiorn pour lui venir en aide plusieurs fois avant qu'elle ne put rejoindre Stabr,

blessée, ereintée, mais en vie...
***

*** Et voilà notre caravanier à STABR...
Il est content, épuisé, mais content, il a un peu mal partout, mais quelle satisfaction que d'arriver premier.
Alors oui, on lui ferait un discours sur le fait qu'il ne s'agit en aucun cas d' une course, sur la nécessité de progresser en groupe, mais zut, le nelda est très très fier et sait que ce sont là propos de jaloux ! Ahaaa !

Non c'est qu'il se demande bien ce qui lui a le plus filé la frousse, quand l'Assulter lui courait derrière, au moment où il a vu de ses yeux vu pour la première fois de sa vie un Placide ou quand le Gryott lui a filé des coups de crocs..

Alors oui il a galopé, tel le lapin comme le sobriquet qu'aime à lui affubler Lowine.. Mais le résultat est là, il est à STABR et en un seul morceau...



Il voit arriver Lowine, chic, elle est vivante ! Il se dit que quand même elle est roulée la p'tite.. Ils sont à l'entrée du village, elle lui annonce l'arrivée imminente du chambellan, Eskiiz s'attend à se voir passer un savon, à cause du fait d'avoir couru devant, mais surtout pour avoir répondu de sa propre initiative au message incompréhensible venant des frêres du désordre.. C'est qu'il faut assurer les relations diplomatiques enfin !

Bref.. Il est crevé, et il a envie d'une bonne ripaille ! ***

*** Le petit village pentu niché sur les monts des vents offrait une température contrastant avec celle du désert. Le froid était certes moins mordant, mais l'humudité apporté par le vent marin pénétrait chacune des couches de vêtements pour finalement vous attaquer les os. Tranquilement, une grand nelda blanc arpentait la rue principale, croisant ici et là quelques mineurs. Si la plupart ne le reconnaissaient pas, d'autres le saluaient respectueusement en retirant leur bonnet. C'est que le chambellan des caravanes était ici relativement connu, le hameau tombant pile poil dans sa judisdiction. Le chambellan organisait un afflux de caravanes pour rappatrier l'argent qui restait le moins longtemps possible sur place. Question de ne pas tenter les pillards...

Le blanc nelda remonta la rue principale, donc, et se dirrigea vers l'auberge où il trouva ses deux compagnons de voyage attablés. Sans rien dire, il se posa sur une chaise et alluma une pipe. Après avoir tiré quelques bouffées, il posa le regard vers le plafond et entama un discours d'une voix fatigué et distante. ***

***
Se tournant enfin vers son public, Antiorn termina sur un ton rassurant. ***