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Le Merakih 9 Astawir 1508 à 20h01
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| Le gros Nelda prend une longue inspiration et une mine contrite, cherchant visiblement dans sa prodigieuse mémoire quelque chose qui pourrait intéresser le Preux. Au bout de quelques courtes minutes, il répond enfin.
Je ne suis pas spécialisé dans les mystères de la sorcellerie, mais au cours des nombreux ouvrages que j'ai parcouru à leur propos, j'ai entendu une ou deux fois parlé de certains charmes de la sphère de Chimère, capable d'endormir ou de plonger des victimes dans une sorte de torpeur magique. Ceci dit, cela m'a semblé plutôt être du ressors de la légende que de l'expérience vécue. Dans ce domaine, la valeur sûr et primordiale demeure les plantes. Certains alchimistes, en créant des décoctions à partir de certains végétaux, créent de stupéfiant somnifère.
Après il faut pouvoir en faire profiter vos cibles. Mouillé un linge à partir du liquide et leur appliqué sur le nez, la bouche, etc. Ou même trouver un moyen de les soumettre à des vapeurs du même genre.
Et le tour est joué.
Le chroniqueur venait d'exposer ce qu'il savait sur le sujet, tranquillement, et attendait désormais les éventuelles questions d'Anty.
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Le Dhiwara 13 Astawir 1508 à 05h11
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| L'imposant nelda plissa les yeux et plaça l'ouvrage qu'il était entrain de lire sous le bras. Il esquissa une moue dubitative puis acquiesça de nouveau.
Et bien le plus facile serait que vous m'accompagniez. Ce genre d'archives ne sont pas à la disposition de tous et ne sont pas autorisées à être sorties des registres de la bibliothèque. Car si c'est bien d'un nom et d'un signe qui sont en cause, nous avons donc à faire à de l'héraldique. C'est toujours chose précieuse et complexe. Une véritable science, et c'est grâce à elle que nous pouvons maintenir vive la mémoire et les origines des habitants de l'Equilibrium.
Il fit un signe de la main, invitant Anty et Gelen à le suivre au travers de la grand bibiliothèque. Ils traversèrent ainsi le hall d'accueil, un vestibule puis l'immense salle principale, où scribes et pages retranscrivaient dans un silence apaisant d'immenses manuscrits sur des bureaux disposés en ligne entre les étagères gigantesques. Les trois hommes atteignirent finalement un long escalier en bois et achevèrent leurs parcours dans une pièce bien gardée par d'épaisses portes en chaîne.
Sombre mais vaste, l'endroit était rempli d'armoires massives pleines de très gros ouvrages, aussi larges que hauts. Si les deux symbiosés avaient déjà entendu parler de gros grimoires, ceux-là n'avaient aucune commune mesure avec ce qui se faisait habituellement.
Ils étaient énormes et visiblement très anciens, soigneusement préservés de la poussière et de l'humidité.
Une fois dans ce sanctuaire de la connaissance, le chroniqueur haussa ses grosses épaules et se tourna de nouveau vers ses hôtes.
Nous sommes dans les archives familiales de l'Equilibrium. Toutes les familles, leurs noms, leurs occupations, leurs blasons, leurs arbres généalogiques sont ici classés et gardés avec soin et amour. Mais surtout avec rigueur et vigilance. Je ne puis néanmoins rien vous garantir dans la mesure où je crains qu'elles ne soient pas toute référencées. Notre faction est très peuplée.
Puis il se pencha légèrement vers Gelen.
Nov...comment avez-vous dit ? Novgold ? Novgeld ? Mmmm....
Et un moulin ? Hum. Attendez ici, je vais voir ce que je peux faire.
L'érudit leur désigna deux chaises disposées dans un coin puis s'éloigna à la recherche du registre adéquat, aidé par un autre de ses collègues. Ils disparurent bientôt dans les rayonnages.
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Le Dhiwara 13 Astawir 1508 à 08h44
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| Gelen s'assit sur l'une de deux chaises. Il était étonné de voir de tels ouvrages et de tel archives dans la bibliothèque. Il n'avait finalement aucune connaissance des richesses de celle-ci et ce promis de revenir une fois cette affaire finie. La bibliothèque devait aussi contenir des ouvrages sur l'artisanat, ainsi que des secrets de l'équilibrium oublier, qui intéresserait peut -être ses clients.
Il sortit un petit carnet et un crayon et nota cette idée. Puis il regarda Anty et lui dit, le plus doucement possible :
J'espère que nous allons trouver quelque chose ici, sinon j'ai bien peur que nous arrivions à une impasse dans cette affaire. Et j'espère aussi qu'il ne va rien arriver en notre absence, les fait étranges semble s'accumuler autour de cet enfant et j'aimerais que cela soit plus de l'ordre des coïncidences, que de fait en chaîne. Je n'ai aucune envie de commencer à croire en cette histoire de malédiction.
Gelen, bien sûr, ignorait tout à fait qu'au temple, un triste événement venait à nouveau de se produire. Quand il parla de la malédiction, il repensa à l'ambiance angoissante qu'il avait ressentit dans son atelier lors de la restauration et ne pu s'empêcher d'avoir un petit frisson dans le dot.
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Le Dhiwara 13 Astawir 1508 à 20h31
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| Il faut une bonne dizaine de minutes pour que le massif chroniqueur émerge de nouveau des rayonnages et tire ses invités de leur attente.
Pardonnez-moi, la recherche n'a pas été évidente et les classements sont un peu dépassés. Si vous voulez bien me suivre...
Se faisant, le nelda guide patiemment les deux symbiosés dans les précieuses archives.
Je suis obligé de vous faire déplacer, car nos livres sont à la fois extrêmement fragiles, lourds et surtout...enchaînés.
Les trois hommes aboutissent finalement au bout d'un couloir, sur un pupitre de taille respectable accueillant un énorme manuscrit, relié à son support par une longue chaîne de métal. Visiblement, on ne rigole pas avec ces choses.
Devant eux, le bibliothécaire ouvre le livre et se met à le feuilleter. Les pages sont très fines et presque transparents. Dessus sont dessinés à la plume de forts beaux blasons et des noms écrits en toute lettre, ainsi que des séries de textes.
J'ai eu quelques difficulté à trouver votre famille, monsieur. Il n'y avait pas de "Novgeld" mais j'ai par contre trouvé une "Novogeld".
Il s'arrête à une page précise et s'écarte pour que Anty et Gelen admire la trouvaille. Sur la dite page est soigneusement dessinée un très beau moulin entouré de multiples fioritures qui caractérisent les représentations des blasons familiaux. Pour Gelen, aucun doute, c'est cela qu'il cherche. Le nom inscrit sous le dessin ne trompe pas. Leur guide se râcle alors la gorge et s'empresse de leur apprendre ce qu'il vient de lire.
C'est une famille assez ancienne, de riches fer....Oh, PAR LA DÉESSE !
Au moment même où l'érudit est sur le point de leur dévoiler ce qu'il sait, le livre s'enflamme littéralement ! Emportant du même coup le pupitre dans un brasier incandescent. Immédiatement, le gros nelda prend un morceau de sa toge pour tenter d'éteindre les flammes qui s'élancent.
Qu'avez-vous fait, ma Déesse ! Qu'avez-vous fait bon sang ! Écartez-vous !
Puis, progressivement, d'autres foyers se déclarent à droite et à gauche, un peu partout...Sous les yeux éberlués d'Anty et Gelen, les archives commencent à prendre feu sans raison apparente....
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Le Dhiwara 13 Astawir 1508 à 22h54
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| *** Brutalement tiré de sa transe, Anty mit un moment pour reprendre ses esprits face au spectacle qui se déroulait sous ses yeux. La bibliothèque, en flamme ? Non...
Et pourtant les livres brulaient. Gelen lui cria d'utiliser son art pour combattre les flammes, mais de là à créer un courant d'air ?! Ce serait donc quitte ou double. Prenant pour cible les étagères touchées par le feu le nelda incanta un vent de changement, réservé en temps normal à un ennemi un peu trop entreprenant. La magie apaisa le brasier, dont le gros nelda lettré put venir à bout. Hélas d'autres étagères avaient été touchées, Anty recommenca à incanter tant et plus, sans une pensée pour sa propre sécurité. Un incendie était le cauchemard de tout érudit amoureux des écritures, il DEVAIT l'arrêter. Mais la magie chimérique ne suffirait peut-être pas. Si la situation empirait, le Preux n'aurait aucune hésitation : une boule de puissance d'essencialis viendrait à bout de l'incendie, même si elle emporterait avec elle une partie du bâtiment tout en sauvant le reste. La salle des archives était en retrait, les lourdes portes en chêne protègeraient les personnes présentes ***
Si le feu se répand, allez vous mettre à l'abris derrière les portes !
*** Le ton d'Anty ne laissait pas la place à la protestation. Il employa pour la première fois ces intonations péremptoires qu'il avait entendu son maitre utiliser lors de situations critiques. Le ton d'un être prêt au sacrifice... *** | |
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Le Dhiwara 13 Astawir 1508 à 23h41
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| Le brasier qu'avait été quelques instants plutôt le pupitre et l'immense registre d'héraldique n'était maintenant qu'un gros tas de bois et papier noirci et calciné. À peine quelques pages avaient survécu au feu.
Mais pour un foyer d'éteint, dix de retrouvés. Tout autour des trois hommes les archives s'enflammaient. Vision apocalyptique que ces lumières oranges et jaunes dans un royaume sombre de bois et de parchemins. Le chroniqueur regarda tour à tour Gelen et Anty, un peu perdu, puis reprit finalement ses esprits.
De l'eau, oui, de l'eau, oui, oui. Nous ne pouvons pas laisser tout ces précieux ouvrages disparaître. Non, non.
Le gros nelda partit aussitôt et disparut au détour des étagères qui commençaient à rougoyer les unes après les autres. Jamais les bibliothécaires, scribes et autres hommes de lettres n'auraient les capacités d'éteindre ce feu à temps, et c'était tout le temple du savoir qui risquait d'y passer, si on n'agissait pas plus rapidement.
Aux yeux des deux hommes, les moyens les plus efficaces restaient sans nul doute l'utilisation de la sorcellerie. Mais les risques encourus par un sort de boule de puissance demeuraient considérables. Pour les lieux et les gens.
Dans un cas comme dans l'autre, le feu se propageait à toute allure, la fumée commençait déjà à étreindre la pièce dans une brume suffocante et on commençait à peine à entendre, au loin, des cris affolés.
Il fallait agir vite.
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Le Luang 14 Astawir 1508 à 01h04
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| *** Ainsi soit-il...
Anty s'élanca derrière le gros lettré, l'attrapa au cou et l'immobilisa d'une clef de bras, privant le nelda d'oxygène pour une poignée secondes. Profitant de la semi-inconscience de son frêre de race, le Preux fit jouer son imposante musculature pour le porter à hauteur de son épaule, pliant sous le poid. Pas à pas Anty se rapprocha de la sortie, devant laquelle se tenait Gelen qui luttait de son mieux contre les flammes gloutonnes. Le tchaë et le gros nelda se retrouvèrent en un clin d'oeil dans le couloir cul par dessus tête, projetés avec une violence aussi surprenante qu'inattendue. Anty utilisa ses dernières forces pour refermer les deux battants massifs. S'adossant à eux pour éviter de tomber d'épuisement, il commenca alors à prononcer la terrible incantation qui déciderait du sort de la bibliothèque. Ses vêtements en lambeau, la fumée lui tirant des larmes acides, ses muscles tendus à tout rompre, le magicien eut la lucidité de prendre les quelques secondes de concentration nécessaires pour optimiser les chances de réussites du sort. ***
DEGAGEZ !
*** Il n'avait pas pu s'assurer que tout le monde avait quitté la salle. L'énergie fusa de ses doigts pour former une boule de lumière grossissante à vue d'oeil. Anty la laissa s'envoler, droit au coeur du brasier. Il capta une pensée de Râleur au moment ou la lumière éclatait devant ses yeux, aveuglant le nelda. ***
*** Soit sans craintes, ce n'est pas le bout du chemin. *** | |
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Le Luang 14 Astawir 1508 à 07h05
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| La boule de puissance vint s'écraser de tout son soul dans les archives en feu, avec un bruit de fracas terrible ! Littéralement projeté contre les épaisses portes qu'il venait de fermer, Anty perdit aussitôt connaissance, accompagné dans sa chute par un grand nombre d'objets de tailles variables.
De leur côté, Gelen et le chroniqueur, se relevant à peine de leur sortie expéditive, perçurent le boom de l'explosion avant de sentir le sol trembler légèrement. Le Preux avait appliqué sa folle idée. Sans attendre, le bibliothécaire ouvrit les massives portes de chaîne déformées par l'impact, entraînant l'arrivée prodigieuse d'un nuage de fumée et de poussière.
Quelques secondes après, ils trouvaient devant eux des archives en ruines mais saines et sauves. La brutalité et la force du souffle de l'explosion avaient, semble-t-il, mouché toute les flammes.
À leurs pieds, Anty gisait entre un bureau en miettes, une étagère allongée et un amas de livres abîmés.
Il fallut aux deux hommes près d'une minute pour tirer le symbiosé des décombres. Le Preux n'avait physiquement que des contusions et des blessures légères. Seul l'état de son esprit restait encore à déterminer. Car le Nelda paraissait plongé dans un profond coma. Le chroniqueur déposa son corps un peu plus loin et partit aussitôt chercher un médecin.
Pour Anty, s'était un noir total, abîme sans rêves.
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