Les Mémoires de Syfaria
La Région de Farnya

Où l'on creuse à quelques encablures d'un pilier

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Sujet lancé par Bail Lihkeux
Le 15-06-1508 à 16h23
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Posté par Bail Lihkeux,
Le 17-06-1508 à 13h52
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Bail Lihkeux

Le Dhiwara 15 Jayar 1508 à 16h23

 
*** Bail fit plusieurs achats avant de prendre la direction du Pilier de poussière. Il se rendit au marché, sans conserver aucune marque de son appartenance à la bulle noire et ce afin de ne pas attirer l’attention. Parvenu à destination, il se procura une brouette, une pelle qui lui parût suffisamment solide pour supporter le régime auquel il allait la soumettre, des gants en cuir pour ses précieuses mimines de ce même régime et enfin du pain et de l’eau en quantité suffisante pour tenir trois jours durant, sans avoir ni à souffrir de la faim et de la soif ni à retourner en ville pour se sustenter. Il mit ensuite le tout dans la brouette et quitta le marché, toujours en conservant un profil bas. C’était d’ailleurs un des avantages que sa taille lui procurait, avantage dont il se réjouissait tout en refusant d’en analyser plus précisément la cause première, à savoir la possibilité de passer inaperçu dans une foule.

Un marchand lui avait confirmé que le Pilier de poussière se trouvait au de-là de la porte Ouest de Farnya, aussi le petit tchaë en prit-il la direction en poussant sa brouette devant lui. Il la franchit une heure plus tard, alors que des nuages menaçants apparaissaient dans le ciel. Ses yeux inquiets s’arrêtèrent un instant sur ces cumulus et il se morigéna intérieurement de ne pas avoir pensé à s’acheter une couverture supplémentaire car, si jamais la pluie devait s’inviter dans la partie, le froid risquait d’être cuisant. Il rejeta finalement ses pensées dans l’arrière fond de son esprit et reprit-il sa route. Le comptoir de la Confrérie bordait la route sur sa gauche et il passa rapidement devant, en crachant un glaviot fourni sur le sol. Ces établissements tenus par des étrangers juste sous le nez des cités de la Fraternité lui avaient toujours paru douteux.

Il lui fallut encore une heure avant d’arriver jusqu’au Pilier. Ce dernier se trouvait au milieu d’une plaine herbeuse, sans relief particulier. On apercevait au Nord Ouest un fleuve s’écouler tandis qu’à l’Est les premières pentes des montagnes qui surplombaient Farnya débutaient leur ascension. Le fantassin se dirigea vers les dites montagnes pour tenter de trouver à mi chemin un sol qui se prêterait à ses plans.

Une fois arrivé, les mains de Bail vinrent farfouiller dans la brouette et il en retira un quignon de pain, ainsi qu’une gourde remplie d’eau dont il se servit pour se faire un petit encas. Son ventre le tiraillait déjà et mieux valait se nourrir régulièrement plutôt que de risquer la fringale fatale qui l’aurait laissé sans force et sans alternative autre que de se résoudre à ne pas mettre son plan à exécution. Tout en mangeant, il se mit à arpenter l’extérieur d’un cercle d’une cinquantaine de mètres et dont le Pilier était le centre. Pas trop proche de ce dernier afin que, le jour venu, les ravisseurs ne le repèrent pas, et pas trop éloigné pour ne rien manquer de la rencontre. Si les paroles échangées devaient lui échapper, au moins pourrait-il voir qui étaient leurs ennemis.

Il trouva finalement l’emplacement idéal. Une surface relativement plane, où les cailloux le disputaient à la terre mais en quantité bien moindre qu’à d’autres endroits. A plat ventre, le fantassin s’assura que l’horizon devant lui était dégagé et qu’il pourrait apercevoir ce qui se passait autour du Pilier. Un buisson bouchait la vue de-là où il se trouvait mais quelques coups d’épée suffirait à l’élaguer à dégager la visibilité. Satisfait, il revint au centre de son cercle imaginaire, y prit la brouette qu’il avait laissé et l’emmena jusqu’à l’emplacement qu’il s’était fixé.

Il enfila les gants qui devaient le protéger des ampoules puis se saisit de la pelle qu’il ficha légèrement dans le sol, posa son pied dessus pour peser de tout son poids et ainsi mieux l’enfoncer. Un dernier coup d’œil sur le ciel pour constater que les nuages menaçants s’étaient éloignés, une grande respiration et Bail se mit à creuser. ***


 
Bail Lihkeux

Le Luang 16 Jayar 1508 à 21h51

 
Un centimètre dans l'sol, ça use, ça use...
Un centimètre dans l'sol, ça use les paluches.

Deux centimètres dans l'sol, ça use, ça use...
Deux centimètres dans l'sol, ça use les paluches.

Trois centimètres dans l'sol, ça use, ça use...
Trois centimètre dans l'sol, ça use les paluches.

Quatre centimètres dans l'sol, ça use, ça use...
Quatre centimètres dans l'sol, ça use les paluches.

...

Quaatre... viiiinnngt... ciinnq... ceeennntiiimèèètreees... daaanns... pffuuu...


*** Au fond d'un trou dont seul maintenant son torse dépassait, Bail laissa sa pelle tomber par terre et posa un regard épuisé sur la terre qu'il s'escrimait à pelleter depuis plusieurs heures maintenant.
Un gros tas reposait à côté, tas qu'il avait eu davantage de mal à alimenter le temps passant, ses bras toujours plus douloureux rechignant à se soulever alors que l'effort qui leur était demandé augmentait à chaque coup de pelle. Le petit tchaë essuya la sueur qui ruisselait sur son front puis se saisit d'une gourde d'eau qu'il vida pour moitié dans son gosier et pour autre moitié sur son visage rougi par l'effort et le soleil. Le tremblement de ses mains dénotait un épuisement certain.

Le jour commençait à décliner aussi le fantassin sortit-il de son trou, avec force cris et gémissements, et se posa-t-il à côté de la brouette qui contenait son unique couverture de voyage et le pain qui lui allait lui servir de victuailles. Il empoigna les deux, s'enroula dans la première et ingurgita quelques morceaux du second avant que ses forces ne lui échappent définitivement et que son corps ne retombe lourdement sur le sol, son esprit sombrant dans un sommeil sans rêve. Il dormit douze heures durant, sans qu'aucun des bruits alentours ne le réveille.

Le petit matin le cueillit ragaillardi, presque frais et relativement dispo pour reprendre sa tâche là où il l'avait laissé. Le trou étant suffisamment profond à son goût, assis il n'en dépasserait plus, lui restait à rejeter la terre excavée à quelques distances de là, que les éventuels ravisseurs ne le repèrent pas parce que sa cachette était marquée du sceau de la bêtise du fainéant. Puis récupérer feuilles et brindilles qu'il disposerait sur sa couverture, elle-même posée au-dessus de son trou. Il ne lui resterait plus ensuite qu'à se poster à l'intérieur et à attendre que les événements se poursuivent d'eux-mêmes. Camouflé dans son trou, il ne pourrait alors plus rien contrôler.

Après un nouvel en-cas, Bail se mit à nouveau au travail. Il fit plusieurs allers-retours avec une brouette pleine de terre qu'il allait répandre à divers endroit, veillant à saupoudrer le sol sans faire de petits tas trop voyant. Cela lui pris trois bonnes heures après lesquelles il fit un nouveau somme. Son organisme avait décidément du mal à supporter les efforts répétés. Vint ensuite le tour des brindilles et des feuilles qu'il récupéra sans trop de problème, notamment sur ce buisson qui, pas encore élagué, lui bouchait la vue et qui finalement, nu, ne constituait même plus une simple gêne, et qui lui servirent à camoufler la couverture qui bouchait son trou.

Tout cela finit, il plaça pains, eau, épée et pelle au fond du trou avant de se retrouver avec une brouette dont il ne savait que faire. Il se décida finalement à faire cent mètres au Nord et à l'y abandonner, espérant que personne ne la remarquerait ou que, si quelqu'un le faisait, cela n'éveillerait aucun soupçon. Il revint ensuite d'un pas las jusqu'à son trou et s'y carra, soulagé d'en avoir enfin terminé. ***


Pfffuuu... pas trop tôt... je suis épuisé...

*** Ses petits yeux commençaient à se clore doucement lorsqu'il s'imposa une dernière corvée. Son visage marqué se figea lorsqu'il consulta ses symbioses privées. Des ordres plus précis lui étaient finalement parvenus et pour la première fois depuis qu'un brusque mouvement de colère l'avait poussé à prendre cette initiative, il en vint à songer qu'il pourrait s'en mordre les doigts si cela devait n'aboutir à rien. Voire gêner les travaux du reste de la bulle. Il n'aurait plus manquer que les hommes de Stennar tombent sur son trou... ***


Oh et puis ça leur apprendra à me laisser de côté parce que je n'ai pas la "taille" adéquate.

*** Taille entre guillemets parce que Bail prononçait toujours ce mot avec un accent d'où perçait des nuances de frustration. La fatigue emporta finalement ses derniers scrupules et il s'endormit. Une journée encore avant que les événements ne se précipitent. Autant profiter de ces derniers moments pour récupérer et se trouver au meilleur de sa forme quand cela deviendrait nécessaire. ***


 
Bail Lihkeux

Le Matal 17 Jayar 1508 à 13h52

 
*** Bail s'éveilla alors que la matinée était largement entamée et gémit de douleur quand il essaya de se lever. Dormir sur un matelas de terre n'avait rien de confortable et son corps commençait à le lui faire entendre. Ses muscles tout ankylosés, il parvint tout de même à s'extraire de son trou et fit quelques pas au dehors pour que son sang se remette à circuler normalement. Il marcha ainsi jusqu'à la rivière dans laquelle il fit un brin de toilette, refusant toutefois de s'y plonger complètement après qu'il en eut retiré rapidement un premier orteil frileux.

Le fantassin revint ensuite vers son trou, redisposa sur la couverture les feuilles et les brindilles qui s'en étaient écartées avant de se réinstaller à l'intérieur. Un petit encas d'eau et de pain, qu'il mangeait depuis deux jours et dont le manque d'originalité commençait à lui faire tirer la tronche, puis il consulta ses messages privés, pour s'apercevoir que trois nouveaux l'attendaient. Il n'en prit pas connaissance cette fois, songeant que ce qu'il ignorait ne pouvait pas lui faire de mal et qu'on ne pourrait pas l'accuser plus tard de désobéissance aux ordres s'il ne connaissait pas ces derniers. Le raisonnement était un tantinet tordu mais il s'en contenta pour le moment. En sachant très bien que, l'instant venu, il ne pourrait se retenir d'avouer ce qu'il avait fait.

Encore une fois, il mit un voile sur ses scrupules afin de se concentrer tout entier sur sa tâche présente. Il se mit donc en position, debout, la tête soulevant légèrement la couverture qui camouflait son trou, les yeux fixés sur le pilier à une cinquantaine de mètres de là, bien décidé à ne rien rater de ce qui allait advenir. Car, si son compte était bon, le grand jour était arrivé. Ne restait donc plus qu'à attendre que les ravisseurs et le Prince en fassent de même. ***


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