*** Cela fait déjà plusieurs heures que la danse a commencé.

Je ne perçois plus que mon adversaire sur un horizon blanc qui frappe au ralenti. Je danse autour de lui comme sur un sol floconneux, les gerbes de sang dessinent des motifs carmins autour de nous et abreuvent Naishadh.

L'assulter est rapide, il esquive bien, il frappe fort et j'adore cela. Le sang coule et tapisse un lit à nos pieds. Le lit s'étire dans la plaine, à partir de notre engagement initial. La danse, elle aussi s'étire, s'étire depuis bien trop longtemps et je m'en delecte. J'espère ne jamais sortir de cette danse.

Je vrille autour de lui et ma lame glisse le long de son flanc alors qu'il s'écarte lestement. Il frappe et je recule encaissant le coup avec la grâce d'un chorégraphe parfaite à force d'avoir tant de fois executé ces pas chassés.

Mon souffle est regulier et je ne vois plus que l'assulter qui tourne autour de moi.

Bientôt un nouvel assaut alors que je prépare ma lame. ***

*** Les paroles des maitresses lames resonnent dans ma tête depuis ma plus jeune enfance, et le sang a coulé, et mon sang a coulé, et le sang coule toujours, toujours aussi vif, aussi rouge quand il jaillit de la plaie, de la blessure.

Je retire ma lame d'un geste sec pour cisailler plus encore dans la plaie et l'assulter grogne de douleur et charge, j'esquive en enroulant mon corps autour de lui, et ma lame glisse de nouveau sur sa cuisse découpant les chairs et son sang jaillit décorant la plaine.

Quelle faculté de recuperation ce rejeton a t'il, c'est un bonheur, des blessures effectuées il y a quelques dizaines de minutes n'y sont plus et il se maintient en bonne forme.

Le combat n'en est que plus excitant car il durera comme jamais. L'adrenaline fait pulser mon coeur alors que j'evite un coup en biais qu'il me destinait. ***

*** La danse n'en finit pas de nous faire tourner, feinter, nous fendre dans un ballet savamment coordonné pendant des heures.

Je commence lentement à prendre l'aval sur mon adversaire, il s'essoufle et son sang coule tandis que mon souffle est regulier et mes blessures superficielles.

Une feinte et ma lame glisse sur sa gorge decoupant la chair et le faisant hurler, un second coup en rotation detruit le cartilage de son genou et le jette à terre. Il est à l'agonie et hurle sa haine.

Je me jette sur lui pour terminer la danse, deux coups virevoltent et l'assulter n'est plus là. ***

*** Je serre les dents, un jet pourpre vient de tomber au sol, mon sang coule en jet de la lame de l'assulter qui rit en crachant son sang. Il vient de percer ma cuisse à la jointure de mon armure, au dessus du genou.

Sans reflechir, en reflexe, ma lame court vers son coeur, et au dernier moment se redresse pour traverser sa gorge. ***

*** L'assulter s'effondre, foudroyé alors que sa moelle epinière a explosé en un instant.

Je recule, reprenant mon souffle. La danse vient de finir. ***

*** Je me repose au soir après cette rude journée de bataille.

Alors que je viens de commencer mon diner, j'entends des branches craquer, et voici un placide qui a debuté son repas au milieu des baies.

Bonne idée pour reprendre l'entrainement à la danse, je me jette derechef sur la créature et entame mon ballet sanglant.

Les balafres se dessinent sur le corps du placide assez vite alors que je danse autour de lui. Il est dans un état grave, le bras pendant mollement à son épaule mais il essaie pourtant toujours de me happer quand je suis à sa portée.

En pleine bataille j'entends un vrombissement anormal, et j'apercois au loin un Sykramen !! Une horreur d'abeille de deux mètres de longs, aux crocs acérés et à l'allure pourtant sympathique...

Je laisse là mon placide et fonce sur le sykramen. En deux passes d'armes, la créatures est tranchée en deux au sol.

Je me retourne et voit le placide qui part loin de moi.

Hep mon gros ! Pas fini !

Je cours à sa suite et aperçoit camouflé dans les broussailles un Jarilith qui flotte à peine au dessus de l'herbe folle de la plaine ! Une belle aberration engendrée par le S'sarkh.

Ah le placide a merité sa fuite, je vais m'occuper de regler son sort à l'aberration ! S'sarkh oblige ! ***

*** Quelques passes d'armes plus tard...

Le Jarilith est eventré comme une grosse citrouille eclatée. Un peu de suc veneneux et paralysant est encore accroché à mon armure.

J'ai à peine le temps de regarder autour de moi que déjà sortent des herbes hautes deux assulters et un loup malfaisant qui essaient de me mettre en charpie. En quelques esquives et ripostes bien ajustées je me degage, et prend un peu de recul. Naishadh a bien souffert et je m'emploie à la reparer.

Que les environs sont denses en créatures corrompues, un megalithe de perversion trainerait dans le coin que cela ne m'etonnerait pas...

Je piste les créatures au loin, ne les perdant jamais de vue, quand soudainement, hier soir, elles fuient toutes les alentours, mêmes les placides qui constellent la region.

Je me retrouve seule et isolée.. ***