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Le Merakih 10 Saptawarar 1508 à 00h25
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| Fin Agur, Quelque part au nord de Lerth.
*** Bon sang, ça me faisait un mal de chien (sans mauvais jeu de mot).
Je m'étais déjà vu tout beau, tout frais, à arpenter les territoires de Syfaria, courant après les Abominations, sans prendre le temps de jauger leur force. La double-lame à la main, je m'étais cru invincible. L'ennui est que, aux abords de Lerth, je n'avais jamais rien affronté d'aussi terrifiant...
Alors, je traînais ma carcasse puante et sanguinolente jusqu'au transport Nemen. Quelle autre solution avais-je alors, tandis que les Abominations, de toute sorte, me cerclaient, avides de se repaître du moindre de mes os.
La morsure de cette chauve-souris de l'horreur m'avait paralysé l'épaule, et je me traînais donc, presque à quatre pattes, errant dans la terre, à m'approcher de la civilisation.
Les gardiens Nemens s'en moquaient éperdument, et je savais qu'ils n'avaient d'yeux que pour la sécurité de leur navigables. A aucun moment ils n'auraient pris le temps de se pencher sur mon cas, c'était évidence.
Et il était impensable de demander de l'aide, tant j'avais vanté, par pensées collectives, la puissance de mes coups. C'était aussi, pour moi, une véritable remise en question.
Le soleil ne tapait plus bien fort, mais le sable me piquait les yeux. Tout comme la terre séchée sur laquelle je traînais ma misérable carcasse.
Au moins, s'ils ne me soignaient pas, les gardiens nemens auraient-ils le mérite de décourager les Aberrations alentours.
Au fond, et dans mon état, c'était toujours ça de gagné. *** | |
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Le Merakih 10 Saptawarar 1508 à 21h13
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| *** Curieusement, il ne me fallut pas longtemps pour que l'odeur de vinasse me réveille. J'avais des courbatures partout, mais je ne souffrais plus comme avant.
Ma bourse était toujours accrochée à ma ceinture misérable, toujours aussi vide, certes, mais toujours présente. Le sang, lui, avait disparu.
Je grognais en me redressant et posa une main au sol. Panique ! Ma double-lame avait disparu ! Fouillant du regard, je la retrouvais un peu plus loin, soigneusement déposée sur une cape en laine, la mienne en l'occurrence, à quelques centimètres seulement des mains assurées du vieillard.
Bon sang, il me l'avait volé ! Je découvrais encore mes crocs, le gratifiant d'un regard féroce. Il ne semblait pas bien puissant mais quelque chose dans son regard m'indiquait toutefois qu'il saurait se défendre. ***
Qui t'es, toi ? | |
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Le Vayang 12 Saptawarar 1508 à 22h49
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| *** Et c'est là que je compris aussitôt mon impertinence, mon erreur, ma bêtise. Lorsqu'on était un individu revanchard, goguenard, torturé, en constante guerre contre le monde entier, contre Syfaria tout entier, on ne réalisait pas forcément, on ne voyait pas les choses telles qu'elles apparaissaient.
Je dirais que la rencontre avec Timeo a été, pour moi, un déclic. J'avais entendu parler de lui, bien sûr. Le vieil homme qui devait devenir Gardien de la Communauté lerthienne, celui qui remplacerait celui qui part, un jour ou l'autre. Même les non symbiosés connaissaient son nom.
Et moi, j'étais là, vautré sur le sol, à me masser la nuque avec vigueur, léchant quelques traces de sang séché, honteux d'avoir si mal interprété les choses. Et tellement baroudeur qu'incapable de présenter la moindre excuse... Mais, ce jour, je me forçais. ***
Pardon vieux. Je... je n'avais pas réalisé...
*** Je demeurais là, béat, stupide, à le regarder, tandis que la chaleur montait en moi. Ma main passa subitement sur mon épaule et je réalisais - avec une étonnante satisfaction - que ma petite boule collante était toujours là. Celle que je m'étais promis de détruire n'avait pas subis les frais de mon escapade dangereuse, et j'en ressentais un profond soulagement.
Je me consolais en me disant que c'était parce que je voulais la détruire moi-même. Mais, au fond de moi, je réalisais bien qu'elle faisait désormais partie de ma vie. ***
Dis moi, vieux. Je... pardon, dîtes moi, Maître, et réponds... répondez avec franchise... C'est quoi ce truc collant, là, à mon cou...
J'entends des voix depuis des semaines... Je... je suis perdu. | |
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