| Prés de Cavillo, un Nelda de taille respectable avance courbé sous la pluie battante de ce début d'automne. Sa cape rabattue ne laissant pointer que son museau, il progresse dans la boue lui montant à mi-botte. D'humeur exécrable, par cette journée pluvieuse, trempé jusqu'à la moelle, l'infatigable voyageur pestant contre les éléments songea qu'il allait lui falloir trouver un abri pour la nuit approchant.
Avisant le petit village, Samael décida de s'y abriter quelques heures et s'engouffra dans la première entrée qu'il rencontra. Toquant trois grands coups dans la porte, le Propage attendit que celle-ci s'ouvre sur une tydale bien charpentée ne rendant qu'une tête au Nelda.
Dhanya, Je me nomme Samael, je suis Propage des Témoins de S'sarkh et je souhaiterais profiter de votre grange pour me sécher et passer la nuit. Si bien entendu vous accepteriez ma présence. Je peux vous dédommager pour le dérangement par le fruit de mon travail. Auriez vous quelques tâches à me confier?
Aprés avoir obtenu l'accord de la matrone, Samael installa ses affaires dans la grange, étendant ses affaires dégoulinantes pour les sécher, puis s'allongea dans le foin pour y gouter un repos salvateur. Appréciant la simplicité et le confort de l'instant, le Nelda se mit à chanter une vieille chanson de caravanier :
Des horizons infinis
Quand le soir tiède et clair
A conquis le désert,
La caravane endormie
Sur le sable encore chaud
Trouve enfin le repos.
Mais dans la nuit frémissante
Un jeune et beau caravanier
Chante aux étoiles naissantes
L'amour de son cœur prisonnier.
Chante ta mélopée troublante
Qui dans le vent du soir
S'envolera comme un chant d'espoir.
Chante, pour que ta voix prenante
Conte aux étoiles d'or
Le rêve ardent qui te grise encore.
Toi qui reprends au matin ta route ardente
Vers l'horizon incertain de ton destin.
Chante ta mélopée troublante
Pour dire au vent du soir
Ton vain amour et ton fol espoir.
Mais dans la nuit du désert
L'écho restera sourd
A ton beau chant d'amour,
Car sous les grands palmiers verts
Ta maîtresse d'un jour
N'attend plus ton retour
Mais après tout que t'importe
L'amour que ton cœur a perdu,
Tu prendrais mieux de la sorte
Celui qui n'est pas attendu.
La fatigue le faisant bailler comme un perdu. Dés la fin de son chant, le Nelda s'endormit doucement dans l'odeur enivrante du foin.
Appelez moi Charogne, et je vous appellerai Cadavre.
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