Les Mémoires de Syfaria
L'île de Syfaria

L'irrésistible ascension de Sieur Flymeur

Là où le "bas" blesse...
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Sujet lancé par Narrateur
Le 29-09-1508 à 13h05
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Posté par Yorazenor,
Le 18-12-1508 à 19h07
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Narrateur

Le Luang 29 Saptawarar 1508 à 13h05

 
***



Sieur Flymeur...
Un tchaë, de la Fraternité du Désordre.
Huit décennies de loyaux services, pour finir dans la masse de ceux qui sont exclus de la symbiose.
Dans la masse de ce peuple qui, bon gré mal gré, s'est adapté à la vie dure de Syfaria.
Sieur Flymeur a eu une belle vie, et il en est fier. Il aime ce monde, ses difficultés et ses plaisirs.

Issu d'une famille simple, il fut élevé par sa grand mère, à Oriandre. Forgeron durant de longues années, il donna son sang pour défendre la cité Noire, et son temps pour éclairer de son art laborieux la Bulle Rouge.
Modestement. Anonyme parmi les anonymes...

Puis, alors que la vie se terminait, qu'il prévoyait de mourir bientôt, paisible, dans la cité de son enfance, alors que l'existence était simple et emplie de ballades, de ripailles, et surtout de solitude..., alors qu'au fond tout allait pour le mieux dans un monde qu'il estimait presque parfait, un Mou se lia à Sieur Flymeur.
La symbiose...



Un nouvel espoir à étreindre, mais aussi la révélation que cette symbiose dont tous parlent est bien plus complexe que l'image ordinairement véhiculée.
Les symbiosés sont invincibles, immortels ?
Non, Flymeur le comprend assez vite.
La télépathie relie tous les peuples de Syfaria, leur donnant la chance de se comprendre et de s'entendre pour vivre plus en sécurité ?
Non, là encore. Les Consensus sont fermés, restreints aux factions, et les symbiosés font preuve pour la plupart d'une incroyable bonhommie face aux responsabilités qui leur incombent maintenant...

L'âge de la Rédemption ?
Flymeur croyait benoitement que ceci signifiait que les poussiéreux allaient pouvoir enfin s'emparer de ce monde, pouvoir y élever leurs enfants en paix, débarassés de la muette oppression Nemen comme de la menace des rejetons.

Après quelques jours en tant que symbiosé, et plusieurs échanges sur le Consensus de la Fraternité, il comprit que tout ceci n'était que poudre aux yeux.
Rien de vrai dans les rumeurs.
Les symbiosés étaient différents, bien entendu, et possédaient d'impressionnants pouvoirs, mais... il leur manquait une indicible parcelle d'ambition.
Sieur Flymeur se sentait floué, trahi...
Il eut l'intense sentiment que son peuple avait été abandonné au profit de quelques uns qui se considéraient comme des élus, détachés du peuple et de ses préoccupations.

Il eut alors l'intuition, forte et puissante, qu'il devait changer tout cela.
Que cette symbiose ne pouvait se limiter à si peu.

Il posa les questions qui le taraudaient, et les réponses le surprirent. Il commença de percevoir les liens dans le flot de pensées. Il vit ce que les Nemens nomment l'Anamorphose se déployer tout autour de lui.
La pensée était une.
Il entendit le bruit de fond subtil des Consensus, et sut que tout n'était qu'une question de temps et de volonté, de puissance et de façon de l'employer.
Comment n'avaient-ils pas perçu pareille évidence ?

Il n'était pas encore capable d'emprunter les lignes de pensées, mais cela viendrait bientôt.
La vie allait changer !
En aucun cas, la Rédemption ne serait cette mascarade, continuation de six siècles d'attente et d'espoirs déçus !
Les peuples de poussière allaient briller dans le feu qu'il allumerait sur Syfaria !
Rien ne serait plus comme avant...

Mais il allait prendre le temps qu'il faudrait, contacter et comprendre, voir si d'autres ailleurs avaient la même perception.
Et la Rédemption voudrait enfin dire quelque chose...

***


 
Sieur Flymeur

Le Dhiwara 5 Otalir 1508 à 17h57

 
***



Du vent !
Tout ceci n'était que du vent.
La symbiose, l'Âge de la Rédemption...

Flymeur était assis dans un coin de la grande salle du pilier d'Oriandre.
Après sa symbiose, il s'était retrouvé aux abords du fantasque bâtiment, comme tous les nouveaux symbiosés, mais contrairement à la plupart il y avait pénétré, et n'en était plus sorti...



Il dormait, en boule, sur le sol glacé, et ne s'était pas alimenté depuis plusieurs jours.
Pourtant, nulle faim, nulle soif ne le torturaient.
Il se sentait bien. Juste un peu fatigué de ses efforts psychiques, rien de plus...

Il avait rapidement compris que le potentiel de la symbiose, et de la télépathie, dépassait largement les bornes communément admises.
Comment avait-il compris cela ? Il se le demandait lui même...
Mais le fait était là : non seulement il avait saisi comment détourner les barrières, mais il savait maintenant communiquer avec tous les Consensus, ces espaces de pensées normalement restreints.
Il y était allé, et avait rencontré beaucoup d'aversion et d'agressivité.
Les symbiosés étaient pour la plupart bien tel qu'il se les étaient imaginés de nombreuses fois...

Il n'était pas déçu, ni surpris, mais il était dubitatif.
Pourquoi avait-il été aussi grandiloquent et empli de fierté, de prétention ?
Ce n'était pas son habitude.
Flymeur avait été tout le long de sa vie un être discret, travailleur, serviable et attentif aux autres.
Et voilà qu'il agissait comme s'il était le sauveur de tous les poussiéreux...

On lui demandait ses intentions, et il était quelque peu perdu.
Les mains sur le visage, assis en tailleur, il réfléchissait mais ne savait pas vraiment où il allait.
Il lui semblait avoir agi de manière presque automatique, totalement intuitive.
Et cette créature qui le pourchassait sans relâche ?
Elle l'inquiétait, mais en même temps il s'en désintéressait, comme si quoi qu'il advienne elle ne put rien contre lui...

Cela n'avait de cesse de le tourmenter.
Que lui arrivait-il ?
La symbiose provoquait cela chez lui ?
Trop de puissance ? Trop d'envie sublimée par ce potentiel dévastateur ?
Il avait bien senti qu'il avait infligé des douleurs à celles et ceux qui l'avaient énervé. Mais avait-il vraiment désiré cela ?
Il ne savait pas.

Quoi qu'il en soit, se disait-il, il était maintenant trop tard pour reculer.
Il serait tel qu'ils l'avaient perçu. Et de toute façon, la majeure partie de ses idées se trouvaient confirmées par l'attitude des symbiosés.
Il n'avait pas vraiment envie d'agir autrement.
Ils ne le méritaient pas...

Son esprit se dirigea vers ses sensations.
Il avait en tête des myriades de pensées diverses, et n'en ressentaient pas pour autant la moindre gêne.
Comme si son cerveau était devenu gigantesque.
Il avait une somme stupéfiante de connaissances à se disposition, et devait en faire le tri, car de ce tri dépendrait ses prochaines actions. Car il allait devoir agir.

Sauver les poussiéreux ?
Non, il commençait à deviner que cela était non seulement impossible, mais d'une inutilité totale. De quoi les sauver, de plus ?
Des rejetons ?
Il avait le sentiment de percevoir leur nature, et était de moins en moins persuadé qu'ils fussent les ennemis qu'on leur apprenait à haïr.
Les Nemens ?
Eux lui posaient plus de souci, car ils n'avaient pas de Consensus, même si certains étaient symbiosés.
Mais étaient-ils dangereux ?

Que devait-il faire ?
Doucement, il comprit, en relevant la tête et en regardant autour de lui...
Oui, la solution devait être là.
Certains l'accusaient déjà de travers qu'il dénonçait, et envisageaient qu'il allait sombrer dans les défauts de tous les symbiosés, ou qu'il allait se pervertir à l'aune de ses expériences qu'ils désapprouvaient.
Mais il sut soudainement qu'il n'en serait rien, même s'ils ne comprenaient pas.
Il avait eu, par un pur hasard, accès à ce qui était un passage vers un âge nouveau.
De renouveau.

Et ce lieu en était le centre...

Soudain, un bruit attira son attention.
Quelqu'un était entré dans le pilier, et le cherchait.
Le "doyen", perçut-il...

Il se releva, et s'avança à sa rencontre, conscient d'une faculté de nuisance qu'il ne voulait pas utiliser sans le vouloir.
Il se força à ne pas considérer le tchaë, qu'il avait mal apprécié dés le début, comme un ennemi.
Car il savait, instinctivement, qu'il pouvait lui détruire le corps et l'âme s'il oubliait qui il était pour juste se laisser submerger par l'intense sensation de pouvoir qu'il éprouvait...
Il cria en tchaë à l'intention d'Aerodius.

Je suis là, "Doyen".
Vous me cherchiez ?


Flymeur sourit en s'avançant vers l'entrée du pilier, sans toutefois sortir de celui-ci, songeant qu'en fin de compte la symbiose n'était rien, et que chaque poussiéreux était tout...

***


 
Aerodiüs

Le Dhiwara 5 Otalir 1508 à 21h04

 
*** Aerodiüs venait d'allumer une torche pour éclairer la pièce quand il entendit la voix de Flymeur. Il la reconnu immédiatement.
Il leva la torche devant lui et fut surpris de constater que la pièce était bien plus grande qu'il ne l'avait pensé dans un premier temps. En fait elle était immense, et bien que la lumière fut particulièrement ténue il parvenait maintenant à distinguer des sortes de grandes colonnes ciselées qui s'élançait vers un plafond à peine visible. Il aperçut également le tchaë qui se tenait debout à quelques mètres de lui. ***


« Flymeur ? Bien sûr que je vous cherchais, vous croyez que je viens ramasser des turquoises dans les piliers ?
...
Eh bien, quand la première fois que je vous ai entendu penser, vous parliez de vivre et profiter. Drôle d'endroit pour ça, je n'avais certainement pas très bien compris ce que vous vouliez dire.
»


*** Il fit quelques pas en direction de Flymeur, tentant de mieux distinguer son interlocuteur à la lueur de sa torche. ***


« Ce que vous faites avec les consensus Flymeur, cela est tout à votre honneur. Mais vous ne pouvez assumer de telle bouleversements seul.
L'Erudite vous a proposé son aide et je pense qu'il serait sage de l'accepter.
»



 
Marcolien

Le Luang 6 Otalir 1508 à 01h24

 
*** Le jeune géologue quitta le coin plongé dans la pénombre qu'il avait commencé à fouiller et, tenant toujours en main le fémur qu'il venait de découvrir, il se posta à quelques mètres derrière frère Aerodiüs. Il sentait que l'heure était grave, que quelque chose d'anormal se passait. Il apercevait la silhouette de Sieur Flymeur, qui avait accompli des choses qu'aucun symbiosé n'aurait cru imaginable.
La prudence était de mise.
Il préféra laisser s'exprimer son aîné, se préparant mentalement à le protéger avec ses modestes moyens si jamais il était en danger. ***


 
Sieur Flymeur

Le Luang 6 Otalir 1508 à 23h47

 
Flymeur sourit aux deux tchaës, et les rejoignit vers la porte gigantesque du Pilier de poussière, profitant des lueurs agréables de Syfaria.
Une douce chaleur, contrastant avec la fraicheur de la grande nef, baignait les premiers mètres jusqu'au dehors.
Flymeur s'arrêta juste aux abords de la porte, l'air pensif...
Puis se retourna vers les deux compères.

Il n'est pas de meilleur endroit pour vivre et profiter, Doyen.
Pas de meilleur endroit...
Nous sommes arrivés par cette salle, par ces piliers.
Où serions nous plus à notre place ?
Pour ma part, je n'en sais rien.

L'Erudite Thanakis est bien aimable, mais je ne vais pas la rejoindre.
J'ai d'autres projets, dont j'ai pris conscience récemment.
Je viens d'exclure le Consensus de la Confrérie, au fait, vous avez du le ressentir.
Et je fais une pause dans mes interventions sur les autres vecteurs de pensée. Je crois m'y être pris d'une façon assez inappropriée avec certaines factions.
Ce qui nous convient n'est pas ce qu'il faut pour tous.

Vous sentez ces vibrations sous la pierre ?
, demanda-t-il en caressant l'une des colonnes intérieures.

Flymeur était un tchaë âgé, à l'apparence on ne peut plus normale, mais les deux arrivants ne purent s'empêcher d'être mal à l'aise en sa présence, comme s'il était bien plus grand qu'il ne le paraissait...


 
Aerodiüs

Le Matal 7 Otalir 1508 à 18h04

 
Citation :
Où serions-nous plus à notre place ?

*** Aerodiüs contempla l'immense salle dans laquelle ils se trouvaient. Il la trouvait particulièrement lugubre. Pour lui les piliers n'étaient que des lieux de passage, vers la symbiose, vers la vie à nouveau, vers Syfaria depuis le monde de leurs ancêtres... pleins de puissance et de mystère, mais uniquement des lieux de passage et aucunement une finalité par eux-même.
Pour le doyen, la place des poussiéreux était sur Syfaria, certes plus dangereuse que le calme glacial de ces piliers, mais tellement plus prometteuse selon lui.
Flymeur lui semblait étranger. Non pas qu'il connaissait bien ce tchaë mais l'arrogance qui l'avait caractérisé jusque là semblait disparue. Il s'était attendu à un accueil plus agité. Pourtant Flymeur agissait toujours comme s'il était leur était supérieur, qu'il détenait une vérité qu'ils ne pouvaient saisir... et c'est précisément ce qui faisait peur au géologue. Il ne pouvait laisser Flymeur décliner ainsi l'offre de l'Erudite. Si ce tchaë continuait à agir sans contrôle, qui sait ce qui pouvait arriver.
Ainsi Aerodiüs aurait voulu protester vivement mais quelque chose chez Flymeur l'en empêcha. Il se contenta de s'approcher du pilier vers lequel se tenait Flymeur et d'y poser la paume de sa main tentant de ressentir les vibrations il parlait. ***



 
Aerodiüs

Le Matal 7 Otalir 1508 à 19h01

 
*** La roche était aussi froide que le reste de la pièce. Mis à part quelques picotements dus à sa température, Aerodiüs ne ressentit aucune vibration.
Il resta pourtant un moment ainsi, la main contre le pilier et les yeux fermés, tentant de juger la situation. Il profita de cet instant de concentration pour prévenir mentalement l'Erudite Thanakis. Il ne savait pas comment les choses pouvaient tourner et il ne souhaitait pas voir Flymeur s'envoler.
Après un petit instant, il rouvrit les yeux et se tourna vers Flymeur. Il lui fallait le convaincre de venir avec eux aux jardins d'Ykenia, ou tout au moins gagner du temps pour que des renforts puissent s'organiser à l'extérieur du pilier. ***


Vous semblez percevoir des choses que beaucoup d'autres, si ce n'est tous, ne peuvent appréhender. Avez-vous idée de comment ? Qu'avez-vous perçu lors de vos escapades à travers les consensus, qu'en avez-vous retenu ? Cette "chose" qui rôde entre les consensus en a effrayer plus d'un, savez-vous ce que c'est ?

*** Le géologue s'interrompit. Il était dur de retenir le flot de ses questions mais il valait mieux les distiller plus précautionneusement, d'une part pour gagner du temps mais aussi pour ne pas réveiller le tempérament belliqueux que Flymeur avait manifesté à maintes reprises sur le consensus.
Il observa le tchaë en silence et un frisson le parcourut, mais ce n'était pas à cause du froid. ***



 
Sieur Flymeur

Le Matal 7 Otalir 1508 à 21h42

 
Flymeur baissa son bras, et considéra le doyen et son muet compagnon.
Puis il regarda dehors, vers les montagnes non loin d'Oriandre, le regard pétillant.


Cette ville m'a vu naitre, Doyen.
Du moins, c'est ce que m'a raconté ma Grand mère.
En tous cas, j'y ai vécu mon enfance, voilà huit décennies...

J'avais peur de ces montagnes.
Elles recèlent de si grands dangers pour des êtres si petits et fragiles que nous autres.
La symbiose a changé cela.
Certains d'entre vous se baladent.
Ils meurent, parfois, puis revivent...

La peur ne doit pas disparaitre, je pense.
Juste qu'on sait où l'on va, que l'inconnu a cédé le pas...

Voilà ce que je retiens.
La peur m'étreint de plus en plus, Doyen, car je sais de plus en plus de choses, et que l'obscurité s'éloigne.
Car au final ce n'est pas elle qu'il faut craindre, mais ce que l'on imagine qu'elle cache.
Voir en pleine lumière me fait aujourd'hui plus peur que toutes ces années à être terrorisé par des chimères.

Pour vous répondre, non je ne sais pas ce que c'est.


Flymeur avait un discours qui contrastait violemment avec les pensées qu'il avait diffusé dans les Consensus, cela frappa les deux tchaës. Comme s'il était devenu incroyablement plus "conscient".
Pour autant, on sentait toujours pleinement l'être simple, frustre et rugueux qu'il était derrière les mots.

Il prit pied dans l'encoignure de la porte, et dit d'un ton plus ferme.


Je n'irai nul part, Doyen, qui n'me convienne.
Que je vous cause comme à un être intelligent n'est pas la preuve que je vous aime bien, ou que je vais vous suivre.
Vous êtes là uniquement parce que j'vous intrigue.

Dites à vos pairs de ne pas me provoquer.
Je n'suis pas un tendre, Doyen, j'ai trop vécu pour ça...



 
Aerodiüs

Le Merakih 8 Otalir 1508 à 15h22

 
*** Aerodiüs regarda Flymeur se diriger vers la sortie du pilier. Il semblait vouloir mettre fin à cette entrevue. Mais le doyen ne voyait pas les choses de cet œil. ***


Mes "pairs" sont aussi les vôtres Flymeur, ne l'oubliez pas. Si certains sont parfois rustres ou font preuve de suffisance, il n'en restent pas moins vos frères.
Je ne vous demande pas de m'aimer, à notre âge ce n'est plus ce qu'on recherche. Je viens vous proposer une collaboration au nom de la bulle bleue. Quelques soient les projets que vous avez, et je serais honoré que vous m'en fassiez part, ne peuvent-ils pas être mieux menés dans le cadre d'une action collective et concertée ?
De plus, et ce n'est pas une menace, je ne suis pas garant de tous nos frères et encore moins des membres des autres factions. Ce que vous faites, je vous le répète, en effraie plus d'un. Aujourd'hui, la bulle bleue veut travailler à vos côtés. Mais à l'avenir, si vous partez et agissez seul, ce sera peut-être la bulle noire ou d'autres qui vous courseront pour vous empêcher d'agir.

Si vraiment vous pensez devoir agir seul, apportez au moins la preuve à la fraternité que c'est ce qu'il y a de plus sage...
Ne soyez pas l'Harko d'un nouvel âge.


*** Ses derniers mots étaient sortis presque seuls. Son inconscient n'avait pu s'empêcher de faire le lien entre ce qu'il vivait et leur légende. Dans son esprit, le consensus prenait de plus en plus des allures de Carrousel.
Aerodiüs demeurait appuyé contre la colonne, l'air calme, mais il sentait des sueurs froides lui couler le long de l'échine. ***



 
Marcolien

Le Merakih 8 Otalir 1508 à 17h36

 
*** Le jeune géologue ne put s'empêcher de prendre la parole. ***


Frère Aerodiüs a raison, Sieur Flymeur. N'oubliez pas que si la Fraternité et d'autres factions existent depuis si longtemps, c'est qu'il y a de bonnes raisons. Trop de différences nous séparent. En reliant les consensus sans leur demander leur avis, vous vous êtes certes mis en danger, mais vous avez aussi attiré l'attention sur nous. Nul doute que certains n'attendent que ce prétexte pour s'en prendre à la Fraternité.
Que vous le vouliez ou non, désormais vous avez de nombreux ennemis. Si vous nous suivez, vous aurez plus de chances pour comprendre ce qui vous arrive, et la Fraternité se chargera de votre protection.
Toute votre vie vous l'avez servie. Au nom de cette fidélité, il faut que vous preniez en compte la proposition de frère Aerodiüs.


*** Marcolien sentait la tension dans cette grande salle. Redoutant que ses paroles aient été trop brusques, il s'empressa d'ajouter : ***


Mais vous n'avez rien à craindre de nous. Nous sommes géologues. Si jamais vous décidez de partir malgré tout, nous ne pourrons pas faire grand chose pour vous arrêter. Mais songez que si vous refusez notre offre, vous vivrez une vie de paria.

 
Sieur Flymeur

Le Merakih 8 Otalir 1508 à 22h23

 
Flymeur acquiesça en silence aux propos des deux tchaës...
Puis il fit courir sa main sur l'immense chambranle de la porte du pilier.
Quand il répondit, sa voix était ferme et assurée.


Je vois.
Je commence à saisir certaines nuances, en réalité.
La symbiose a amplifié certains phénomènes, mais en a restreint d'autres.
La faculté d'adaptation, par exemple, se trouve réduite à un potentiel de confrontation.

Je vais vous montrer quelque chose, et vous allez comprendre pourquoi je n'ai besoin d'aucune aide...


Il toucha une fine ligne dans la roche dure du pilier, et se concentra sur celle-ci, fermant les yeux.
La ligne, au bout de quelques longues secondes, se mit à luire faiblement.
Une lueur bleutée, pâle, qui se diffusa le long du mur adjacent, et s'évanouit bientôt, trace évanescente de ce qu'avait fait Flymeur.
Il se retourna vers les deux Géologues, le front dégoulinant de sueur, et les traits tirés par son effort.

Les barrières sont faites pour être franchies...
Alors, oui, je saisis votre point de vue.
Mais pour le moment, je ne compte pas m'éloigner de ce pilier, car j'ai des choses à y faire, et à y comprendre.

Néanmoins, j'ai drôlement besoin d'me dégourdir les jambes, c'est que ça m'use la vie toutes ces expériences et découvertes !...


Et il s'éloigna de quelques pas, commençant à marcher nonchalamment aux abords de la structure massive, en en faisant le tour, observant à la fois les montagnes, la ville d'Oriandre toute proche, et les murs de Poussière...
Une simple ballade, apparemment. Anodine pour lui.
Tout comme le fait d'activer, même si brièvement et de façon si localisée, un pilier de Poussière, sans doute...


 
Aerodiüs

Le Julung 9 Otalir 1508 à 00h04

 
*** Aerodiüs resta stupéfait. D'abord ces vibrations qu'il ne pouvait sentir et maintenant ça... Il resta paralysé par l'étonnement et ne put réagir tout de suite quand Flymeur franchit l'encadrement de la grande porte.

Après quelques secondes, le doyen se remit de ses émotions. Rapidement, il se récapitula la situation. Flymeur voulait rester dans ce pilier, fort bien !
Après tout, si c'est c'est ici qu'il voulait travailler. Au moins il n'essaierait pas de s'enfuir... du moins dans un premier temps. Il fallait contacter Thanakis et la prévenir de la situation. Flymeur ne voulait pas de leur aide, mais il n'avait pas indiqué qu'il refusait que des personnes soit présentes avec lui dans le pilier. Peut-être qu'une équipe d'étude parviendrait à saisir ce que faisait Flymeur, surtout que celui-ci ne semblait pas rejeter le dialogue. Que des points positifs.
Puis Aerodiüs réalisa que Flymeur venait de sortir du pilier. Il se tourna vers Marcolien, lui faisant signe de le suivre. ***


« Vite, il ne faudrait pas qu'un noiraud trop zélé s'en prenne à lui par une poussée d'obscurantisme.
Flymeur a l'air bien luné alors autant ne pas gâcher ça !
»


*** Le doyen sortit du pilier et aperçut Flymeur qui se promenait un peu plus loin. Il lui courut après tout en lui lançant par pensée. ***


°°°Attendez, si ça ne vous dérange pas que l'on marche ensembles.°°°

*** Il parvint tant bien que mal au niveau de Flymeur qui semblait aussi inspiré par les montagnes qu'il l'était par le pilier quelques minutes plus tôt. Trottinant pour tenter de se maintenir à sa hauteur, il reprit la conversation sur un ton essoufflé. ***


« Soit, vous n'avez besoin d'aide. Mais je suppose que vous ne voyez aucun inconvénient à ce qu'un équipe d'étude vienne vous observer, ne serait-ce que pour consigner et faire part de vos exploits ?
...
Dites, vous ne voudriez pas ralentir l'allure ? C'est que je me trimballe tous mon fatras de géologue moi.
»


*** Dans le même temps, le doyen jetait des coup d'œil inquiets autour d'eux. Il avait entendu les rumeurs qui couraient ces derniers jours. Certains parlaient de Flymeur comme d'un danger, d'autres lui avaient même déjà attribué la manigance de cette attaque du côté de Motabé. Autant dire qu'il se tenait sur ses gardes prêt à s'interposer entre Flymeur et un potentiel justicier paranoïaque et qu'il communiqua à Marcolien d'en faire autant. Pourtant, il évita d'aborder ce sujet dans un premier temps, préférant ne pas donner plus de raisons à Flymeur de dénigrer ses frères symbiosés. ***



 
Sieur Flymeur

Le Vayang 10 Otalir 1508 à 19h27

 
***


La marche se poursuivait...
Sans but précis, autour du pilier, avec néanmoins un Flymeur qui naviguait entre sourire et froncement de sourcils.
Le Pilier, gigantesque et imposant, posait son ombre sur les tchaës, et le soir tombait doucement sur Oriandre.



Durant un long moment, il avait presque ignoré la présence des deux autres tchaës, mais n'avait pas pour autant rejeté leur présence.
A le voir ainsi déambuler, on avait encore plus une impression de malaise à ses côtés. L'être, rustre mais au final par certains côtés attachant, imprimait dans l'âme de ceux qui le côtoyaient comme une onde de gêne, une appréhension à lui parler....
Puis il répondit enfin.

Si vous saviez le fatras que je me trimballe, pour ma part, Doyen...
Enfin bon, pour vous répondre, non je ne vois aucun inconvénient à ce que des curieux fassent ce que bon leur semble.
Les choses bougent, Doyen, plus rapidement qu'on le croit.
Le Temps s'accélère sans qu'on le ressente.

Les Nemens ont eu connaissance de ma présence et de mes "exploits".
Les jours qui suivent risquent d'être mouvementés...

Je vais terminer cette ballade, et aller me reposer dans le pilier jusqu'à demain matin.
J'aimerai juste avoir du calme, pour cette nuit tout du moins, car plus je suis fatigué, moins je suis patient...
C'est peu dire.


***


 
Aerodiüs

Le Sukra 11 Otalir 1508 à 00h51

 
*** Malgré la gène ressentie au côté de Flymeur, Aerodiüs commençait presque à apprécier certains aspects du personnage. Il était notamment fasciné par le mystère qui l'entourait et l'étrange force qui l'habitait. Néanmoins, le côté obscure de cette dernière l'effrayait.
Les nemens en avait pris connaissance... des jours mouvementés ? Tout cela ne laissait rien présager de bon. Plein de questions tournaient dans l'esprit du doyen. Mais il avait compris que pour ce jour ci, Flymeur n'était pas disposé à plus parler. ***


Je crois que nous avons tous besoin de repos. Il se fait tard et comme vous ne semblez pas y voir d'inconvénient, je pense dormir dans le pilier ce soir.

*** En vérité l'idée ne l'enchantait guère plus que de passer la nuit dans un cimetière mais il ne voulait pas quitter Flymeur d'un pouce. ***


Ne vous inquiétez pas, je serai discret comme un mou sans bouche. D'ailleurs à ce propos, je n'ai jamais entendu le votre s'exprimer. Il n'a rien à nous raconter ? C'est que, même pour un mou, ce que vous vivez doit être exceptionnel et il doit être aux premières loges.


 
Sieur Flymeur

Le Dhiwara 12 Otalir 1508 à 13h33

 
Flymeur rentra sans un mot dans le pilier, et s'installa dans un recoin de l'immense nef, se pelotonnant dans un coin.
Il paraissait épuisé...
La nuit s'écoula tranquillement, sans un accroc, le vieux tchaë ne répondant à aucune question.
Son Mou était bel et bien à ses côtés, et était on ne peut plus "normal", vivant sa vie de Mou sans anicroches apparentes...

Le lendemain matin, Flymeur se leva, rasséréné, et s'étira longuement.
Le temps s'écoulait d'une manière bizarre dans le pilier, et Aerodiüs comprit qu'il était difficile de savoir combien de temps cette nuit avait exactement duré...
Flymeur se dirigea vers lui, l'air confiant et souriant.


C'est pour aujourd'hui, Doyen.
Tout va débuter, et rien ne pourra arrêter la Rédemption...


 
Marcolien

Le Dhiwara 12 Otalir 1508 à 14h29

 
*** Le jeune géologue avait dormi près de l'entrée du pilier, enroulé dans ses couvertures. Il se réveilla tôt le matin, et entra dans le pilier. Il aperçut de loin Sieur Flymeur, allongé dans un coin.
Jugeant qu'il n'y avait pour le moment aucun danger, Marcolien sortit pour faire une petite promenade dans les collines, afin d'être en forme pour une journée qui s'annonçait particulière.
Et en effet, il distingua dans le ciel un aigle qui lâcha sa proie non loin de lui. Un rongeur doté de grandes oreilles, qui semblait bien appétissant. ***


Serait-ce un signe ? Si c'est le cas, c'est pour dire que je vais avoir un bon déjeuner.

*** Il ramassa du bois qu'il disposa en tas et auquel il mit le feu, et fit cuire l'infortuné lapin. Il en mangea la moitié, et garda l'autre dans son sac, enroulé dans des linges.
Toute cette cuisine lui avait pris beaucoup de temps, et lorsqu'il retourna devant le pilier, il vit Sieur Flymeur déjà levé et en pleine conversation avec frère Aerodiüs. ***


Vous avez parlé de Rédemption ? Que voulez-vous dire par là ? Va-t-il y avoir une catastrophe ? Une attaque ? Et pour qu'il y ait une Rédemption, il faut qu'il y ait une faute ! Quelle est-elle ?

 
Sieur Flymeur

Le Dhiwara 12 Otalir 1508 à 15h08

 
L'autre tchaë s'avança, un fumet délicat sur son sillage, au moment où Flymeur arrivait vers le Doyen.

Une faute ?
Une faute ?!
Vous osez demander quelle faute est à expier ?
Peuh !

Que croyez vous qu'on fit sur ce Monde, à part être là où n'est sans aucun doute pas notre place ?
Pourquoi sommes nous là, à vouloir instaurer notre soi disant "ordre" après uniquement six siècles d'existence avérée ?
Les races natives de Syfaria, issues du massacre qu'ont perpétré les Eduens et leurs poursuivants, n'ont elles pas plus le droit de vivre en paix sur cette Terre que nous mêmes ?

Mais vous avez raison, en un sens...
Notre faute ne nous incombe pas. Nous n'en connaissons même pas l'origine ou la profondeur, et nous avons bien le droit de vivre enfin en paix.
Mais les Nemens, eux, qui ont imposé leur force et leur capacité à modifier la Réalité sur l'ensemble de ces Terres, eux méritent une "Rédemption".
La Rédemption n'est peut être pas la notre, Géologue.
Mais la leur...


 
Aerodiüs

Le Dhiwara 12 Otalir 1508 à 16h57

 
*** Les Eduens et leurs poursuivants, la rédemption des nemens... Était-ce justifié ? A vrai dire, Aerodiüs n'en avait aucune idée et il ne pensait pas devoir en avoir une. Ce que les nemens étaient réellement, ce qu'ils avaient fait, il ne le comprenait que trop mal.
Ce que le doyen savait en revanche, c'est que bien qu'une rédemption puisse être le rachat d'une faute, il pouvait tout aussi bien s'agir d'un renouveau, d'un pas en avant. Quoiqu'il en soit, cela était annonciateur de changements... et les changements se faisaient rarement d'eux mêmes.

Les paroles de Flymeur effrayaient le vieux géologue. Pourtant, tout comme Flymeur il avait obtenu la promesse d'une vie éternelle alors qu'il croyait la sienne gâchée et presque terminée. Paradoxalement, depuis le jour de sa symbiose, il tenait moins à la vie en tant que bien acquis que l'on risque de perdre à tout instant. Cela ne le préoccupait plus, seul ce qu'il pouvait faire de ce temps qui lui était offert l'intéressait.
La vie, la découverte, le changement, et pourquoi pas la rédemption... autant de faits qui méritaient d'être expérimentés à fond, à conditions de pouvoir peser ce que l'on gagnait et ce que l'on perdait dans l'échange.

En quoi consistait donc cette Rédemption ? La puissance que dégageait Flymeur, le mystère qui l'entourait auraient pu faire pensé qu'il en était l'instigateur. Pourtant, Aerodiüs était convaincu qu'il n'en était que le témoin privilégié voire peut-être l'instrument. Le fait qu'il ne semble pas savoir qui serait réellement l'objet de cette rédemption et qu'il continue de parler de la fraternité sans s'en exclure soutenait cette thèse.
Dans ce cas, qui en était l'instigateur... ***


L'imminence de cette Rédemption, l'avez vous ressentie ou vous l'a-t-on annoncée ?
Je ne sais pas si les Nemens méritent une quelconque punition. Je pense qu'il est impossible pour un simple tchaë de juger si ce que tel ou tel peuple fait est justifié. De ce que je sais, les nemens et les autres peuples de Syfaria ont tous plus ou moins les mêmes motivations : défendre les leurs, survivre. Seuls les moyens employés diffèrent.
Les Nemens et leur ancêtres Eduens ont certainement profondément marqué Syfaria. Mais s'ils méritaient une punition, n'est-elle pas déjà en œuvre depuis longtemps, depuis l'arrivée du S'sarkh et leur exil dans Ulmendya ?



 
Tick'an

Le Dhiwara 12 Otalir 1508 à 19h15

 
Mais alors ... Sommes nous sensé apporter la rédemption aux Nemens ?

*** La silhouette d'un tchaë de belle taille se découpa dans l'encadrement de l'entrée du Pilier. Si il ne pouvait être exactement identifié à ce moment précis à cause du contrejour, l'accent du jeune homme, malgré une certaine maitrise de la langue tchaë, n'avait pas grand chose de Fraternel. ***

***
Faisant timidement quelque pas en avant, le confrère vêtue de la robe traditionnelle des nomades du désert d'Amody s'exprima ... ***


Je ... Je ne voulais pas vous épier, j'ai simplement suivi l'odeur de la viande rôtie alors que je passais par là ... Voyez vous ... Je n'ai pas accès à la cité et je me suis donc demandé si quelqu'un habitait ... hum ... Enfin ... Je n'ai pas put m'empêcher d'entendre ce que vous disiez ...

Je .. me présente, Tick'an, marchand de la Confrérie des Six nouvellement attribué au comptoir d'Oriandre ... Je doute que vous vous en souveniez mais nous avions échangé une pensée sur le consensus avant que ... que ... bref ...

*** Détachant son regard de Sieur Flymeur, le jeune marchand regarda tour à tour les deux autres tchaës présent dans la pièce. ***


Messieurs, mes respects, je ne voulais pas vous couper ...

*** Si la gêne semblait transpirer du visage de Tick'an, elle était engagée dans une lutte sans merci avec son intérêt et sa curiosité pour ces trois personnages. ***


Le Tchaë Pressé

 
Aerodiüs

Le Dhiwara 12 Otalir 1508 à 20h05

 
*** Le doyen sursauta en entendant la voix de l'étranger. Il faillit d'abord lui dire de partir, il n'avait rien à faire ici. Pourtant, il n'en fit rien. Après tout n'étaient-ils pas dans un pilier de poussière, ici où tout avait commencé pour eux, avant même que ne se créent les factions ? Et puis, ce que Flymeur annonçait dépassait le cadre de la Fraternité, ce tchaë pouvait légitimement se préoccupé de ce qui allait se déroulé ici. Cela ajouté au fait qu'il était tchaë, visiblement fatigué par un long voyage et intimidé par la situation finit de lui attiré la sympathie d'Aerodiüs. ***


Ne soyez pas gêné mon fr... jeune tchaë. Marcolien, si ça ne te dérange pas, tu pourrais lui donner un peu de cette viande. Si son nez à réussit à en sentir le fumet avec une telle efficacité c'est que son estomac doit être cruellement vide.

*** Le doyen sourit amicalement à Tick'an puis se tourna de nouveau vers Flymeur, espérant que ce dernier leur en dirait plus. ***



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