*** Aerodiüs marchait à travers les ruelles d'Oriandre en direction des portes Ouest. De nombreux noirauds suivaient le même chemin mais leur objectif n'était pas le même.
Le géologue arriva en vue des portes de la cité. Des dizaines de membres de la bulle noire s'étaient réunis sur la place autour de leurs chefs. Malgré la nuit qui tombait, Aerodiüs reconnu très bien le commandant Stennar qui se tenait au milieu des soldats, assis sur un tabouret un fusil à la main.
Aerodiüs rabattu la capuche de sa pelisse sur sa tête, tentant au mieux de masquer son visage, et se faufila à travers la foule. S'était une bien drôle de situation pour un géologue. Qu'elle idée avait-il eu de se lancer dans cette affaire ? ***

*** Le mou n'avait pas tord. L'idée d'accomplir cette mission l'excitait comme un adolescent. Mais il gardait tout de même à l'esprit que les conséquences de son résultats pouvaient être fort importantes. C'est d'ailleurs pour cela que, même s'il avait quitté ses compagnons un peu précipitamment, il les avait mis dans la confidence de sa mission et les avait invité à l'aider.
Il parvint enfin au porche des grandes portes Ouest. Là, il se dirigea vers l'entrée d'une des tours jouxtant le porche. Il vérifia que personne ne l'observait puis s'approcha de la porte de la tour. L'Erudite lui avait affirmer que Flymeur se trouvait dans les parages, peut-être même dans ces tours. Il posa sa main sur la clenche et un instant, une frayeur le saisit. Il vit l'image de la créature rôdant entre les consensus... Le tchaë prit une profonde inspiration puis tira sur la clenche pour ouvrir la porte. ***

*** Il saisit fermement sa canne et la serra contre lui. Lentement, l'objet se mit à irradier d'une lumière surnaturelle comme presque chaque fois qu'il lançait un sort connu en se servant de celle-ci comme vecteur de son mana. Mais cette fois, il tenta de fixer l'énergie dans l'objet. Un instant, il cru avoir réussit... puis la canne se mit à lui chauffer les mains et relâcha soudainement toute l'énergie accumulée. La légère explosion surpris le vieux tchaë qui en lâcha sa canne et bascula en arrière comme l'avait fait son apprentie quelques heures plus tôt.

Assis par terre, dans le noir de cette tour de garde, le géologue resta muet un moment puis éclata de rire. ***

*** Aerodiüs continuait de rire mais il fut rapidement interrompu par la lueur d'une torche et un voix bourru venant du haut de l'escalier. ***

« - Qui vive ?! »

*** Aerodiüs se releva et alla ramasser sa canne puis répondit au noiraud qui descendait. ***

« - Aerodiüs, doyen de la loge de géologie... Je désire monter au rempart pour observer les alentours. L'expédition de nettoyage ne doit pas tarder à partir et je pensait les accompagner, aussi comme j'ai l'oeil plutôt bon... »

*** Le soldat jeta un œil peu convaincu sur le géologue. Son aspect de vieillard plutôt inoffensif et la présence du mou l'aidèrent sûrement à se décontracter. ***

« - Vous nous avez fait peur, rire comme cela seul dans le noir...
- Mon mou me racontait un histoire locace... mais qu'importe. Nous pouvons monter ? »

*** Le soldat fit signe à Aerodiüs de le suivre et monta l'escalier. Les deux tchaës traversèrent diverses salles toutes innocupées puis débouchèrent au sommet de la tour.
L'air de la nuit commençait à devenir froid et une légère brise de nord soufflait sur les remparts ce qui n'arrangeait rien. Aerodiüs resserra sa pelisse autour de lui et se plaça devant une meurtrière. Il pouvait voir le comptoir de la confrérie et juste devant celui-ci il aperçut plusieurs tchaës. Il cru reconnaître Marcolien parmi eux.
Il contacta celui-ci par pensée. C'était bien lui là-bas. Aucune trace de Flymeur non plus. Il se représenta le personnage tel qu'il en avait perçu l'image mentale sur le consensus de pensées.
Puis il se tourna vers le soldat qui se tenait toujours près de lui. Il tâcha de prendre un air le plus naturel et dégagé possible. ***

« - Dites-moi garçon. Vous n'auriez pas vu un tchaë d'à peu près mon âge, avec une grande barbe blanche et un cache-oeil, tourner dans les parages ces derniers jours ? »

*** Le guetteur répondit qu'il n'avait vu personne ressemblant à la description. Aerodiüs le remercia et prit congé.
Il prit tout de même soin d'aller visiter l'autre tour de garde mais ne trouva rien si ce n'est un noiraud endormi sur la tête duquel il tapa avec la crosse de sa canne afin de le réveiller et le sermonner. Le garde perçu mal l'intervention du bleu et après quelques mots Aerodiüs quitta prestement cette tour. De toute façon, il ne s'attendait pas à trouver Flymeur sur les remparts ou dans les tours.
Il avait bien réfléchi. Les efforts mentaux de Flymeur pour naviguer entre les consensus devait exiger qu'il se trouve dans un endroit où il ne serait pas dérangé. Les tours de gardes, les remparts, la route et les montagnes entre les portes d'Oriandre et le comptoir marchand de la Confrérie ne se prêtaient guère à une telle tranquillité.

Le géologue contacta mentalement l'Erudite pour lui faire son rapport. Elle lui confia que peut-être Flymeur se trouvait dans le pilier de poussière. Cela pouvait sembler fou mais il avait le sentiment qu'elle avait raison.
Il lui annonça qu'il était prêt à réunir un petit groupe et à pénétrer le pilier pour y chercher Flymeur mais l'Erudite lui répliqua qu'on ne pouvait pénétrer les pilier vivant et que l'information se suffisait à elle-même...
La belle affaire, cela les avançait bien. Aerodiüs retourna sur la place où les noirauds se réunissaient toujours pour préparer l'expédition de nettoyage des routes. Le commandant Stennar l'aperçu et lui demanda s'il se joignait à eux mais il déclina la proposition prétextant qu'il devait rencontrer la caravane des Six qui devait arriver. Pourtant, à cet instant précis, il n'avait que faire de cette caravane. Flymeur seul le préoccupait. Il devait bien y avoir un moyen de pénétrer dans le pilier. Si Flymeur y était parvenu il n'y avait pas de raison. ***

*** A la demande de son confrère, le jeune géologue avait quitté Oriandre par la porte Ouest et, une fois arrivé au carrefour avec la grande route, il marcha quelques heures vers le nord, dépassant le comptoir de la Confrérie.
Il ne vit rien, si ce n'est quelques chiroptères qu'il attaqua par principe, et qui lui rendirent la pareille.
Espérant qu'il aurait plus de chance, il fit marche arrière, revint au carrefour et cette fois alla vers le sud, au-delà du pilier de poussière. Là encore, il ne rencontra que quelques chiroptères et des frères qui ne savaient rien sur ce qu'il cherchait.
Il contacta par la pensée Aerodiüs. ***

*** Après quelques heures de repos qu'il mit à profit pour se soigner légèrement, il retourna au carrefour, puis se dirigea vers la cité noire mais bifurqua à mi-chemin vers les collines, où il se posta derrière des rochers où il pouvait voir aux alentours tout en restant passablement invisible. ***

*** Le jeune géologue porta soudain son attention vers des pensées inquiétantes qui semblaient émaner des environs d'Oriandre. ***

*** La mort, la symbiose, les consensus, les piliers... tout semblait lié dans cette affaire. Marcolien voyait juste et un échange télépathique avec Thanakis l'avait fait comprendre au vieux géologue. ***

*** La dernière pensée de Marcolien intrigua Aerodiüs. Une caravane attaquée. Cela ne lui disait rien. ***

*** Parler au mou de Flymeur ? Marcolien avait du se prendre à nouveau un morceau de poissardite sur la tête. ***

*** L'Erudite l'avait remercié pour le service rendu mais Aerodiüs n'en avait pas encore fini avec son investigation. Ce Flymeur l'obsédait. Les évènements dont il était l'auteur l'effrayaient et l'enthousiasmaient tout à la fois. Il ne pouvait se contenter de la supposition que l'individu se trouve dans le pilier et en rester là. Il voulait en avoir le coeur net.
Le sergent Toufic l'avait informé que le commandant Knïg venait d'arriver en ville par l'intermédiaire du pilier. A défaut d'avoir pu parler à Baër'lupis, il tenterait d'en savoir plus grâce au noiraud.
Il retourna sur la place où s'étaient retrouvés les membres de la bulle noir et ne tarda pas à apercevoir Knïg qui discutait avec le commandant Stennar.
Il s'approcha d'eux, les salua et engagea la conversation sur les préparatifs de leur expédition. Puis, il s'adressa directement au commandant Knïg. ***

« Commandant, j'ai entendu parler de vos mésaventures. Vous arrivez de Farnya n'est-ce pas ? Par hasard, vous n'auriez pas croisé quelqu'un sur la route... ou même dans le pilier ? »

*** Il évita consciemment de rentrer trop dans le vif du sujet. Il ne connaissait pas l'opinion que les deux noirauds pouvaient avoir de Flymeur et préférait éviter de citer son nom. ***

« - Il y a eu Hermenegilde juste après le départ à Farnya sinon non, je n'est croisé personne d'autre. Quelle est la personne que vous cherchez ? »

*** Le noirauds ne semblait pas voir de qui Aerodiüs voulait parler. Il ne devait pas avoir croisé Flymeur et il était inutile de l'informer que c'était ce dernier qu'il recherchait. ***

« - Oh à vrai dire je ne sais pas précisément. Nous attendons une caravane des Six qui doit arriver de Farnya mais je n'en connais pas tout les membres. »

*** Après tout ce n'était qu'un demi-mensonge. Il n'avait pas de nouvelles de cette expédition et si Knïg les avait vu cela l'aurait également intéressé. Il ne tirerait sans doute pas grand chose de plus de lui en parlant franchement. ***

« - Ainsi vous n'avez vu personne dans le pilier... Eh bien merci. Bon chance à tous pour votre expédition. »

*** Le géologue prit congé des noirauds et se dirigea de nouveau vers les portes. Il fallait qu'il aille voir le pilier lui-même. Il ne trouverait certainement rien mais il voulait vérifier par lui-même qu'il n'y avait là-bas aucune trace de Flymeur.
Alors qu'il marchait vers les portes, L'Erudite lui confia que Flymeur semblait se déplacer. Il aurait quitté le pilier ? Aerodiüs n'y comprenait plus rien. Finalement y était-il seulement passé ou se terrait-il dans les montagnes ? Il contacta ses camarades. Il fallait le trouver. Il demanda à la jeune Adwëis d'aller se renseigner sur Flymeur et son frère à l'administration. Peut-être l'un des deux possédait une maison à Oriandre ?
Tout en échangeant mentalement avec ses frère, le tchaë passa les puissantes portes de la cité et prit la route en direction du pilier. Il ne tarda pas à se retrouver proche de celui-ci. Le bâtiment lui inspirait le même sentiment de crainte et de curiosité que les expérinces de Flymeur. Il appela son frère géologue par la pensée. ***

*** Le jeune géologue fut réveillé par la pensée de son confrère. ***

*** Les deux géologues se tenait au bas de l'escalier menant aux portes du pilier de poussière. Même en faisant abstraction des nombreux mystères qui l'entouraient, l'édifice avait de quoi impressionner rien que par son architecture et sa taille. Aerodiüs tenta de prendre un air détaché afin de rassurer son cadet. ***

« Bah ne t'inquiètes pas Marcolien, on ne risque rien. On entre juste, on jette un coup d'œil et on ressort. »

*** Marcolien afficha un sourire à moitié convaincu. Aerodiüs lui sourit en retour et posa le pieds sur la première marche. Puis il s'arrêta et se retourna vers Marcolien. ***

« Je vais quand même nous lancer une petite aura de renforcement hein ? Ca peut pas faire de mal après tout. »

*** Après avoir jeter le sort sur chacun d'eux, avec une maîtrise dont il se félicita lui-même, Aerodiüs monta lentement les marches suivi de près par Marcolien. Arrivé à hauteur des portes, il déglutit un coup. Il n'avait aucune idée de ce qu'il allait trouver derrière. Lors de son dernier passage par le pilier, il ne s'est pas rappeler être passé par les portes. Probablement était-il trop choqué ce jour là.
Il ouvrit l'un des battant de la porte et pénétra dans le pilier.
La pièce dans laquelle les deux tchaës aboutirent avait de quoi surprendre. Sa taille, particulièrement petite contrastait avec l'immensité du pilier. Il y faisait tout noir et dans un premier temps, les tchaës n'auraient pu dire si c'était parce qu'aucune lumière n'y pénétrait ou si c'était les murs eux même qui l'absorbait. ***

« Youhou ! Y a quelqu'un ? »

« Imbécile, c'est pas à toi que je parle... »

*** Aerodiüs poussa un soupir de désespoir puis jeta un nouveau coup d'œil à la pièce. Thanakis avait parler de "pièce de sortie" et les mots ne pouvaient être mieux choisis. En effet, il n'aperçut aucune autre porte que celle par laquelle il venait d'entrer. Se pouvait-il que Flymeur se soit réfugié ici ? Cela paraissait étonnant, quiconque serait passé par le pilier l'aurait nécessairement croisé et il y avait fort à parier que tout le monde n'oubliait pas être passé par cette pièce comme ça avait été son cas. Mais s'il n'avait pas été dans cette pièce ? Ce pilier ne pouvait pas contenir uniquement une si petite pièce. Qu'y avait-il dans le reste de l'édifice ? Il devait bien y avoir un passage caché vers d'autres pièces ?

Aerodiüs s'avança dans la pièce afin de mieux l'examiner, y chercher des traces ou indices et pourquoi pas un potentiel passage. Il fit signe à Marcolien de le suivre. ***

« Oh, si tu pouvais caler la porte Marcolien. Il n'y a pas beaucoup de lumière ici... et puis elle est un peu lourde, il ne faudrait pas qu'on peine à la rouvrir. »

*** Puis les géologues se mirent à faire ce qu'ils savaient le mieux faire : fouiller et examiner chaque recoin de l'espace dans lequel il se trouvaient. ***

*** Le jeune géologue sortit de son sac un caillou assez volumineux et dont il jugeait qu'il n'avait pas de valeur, et il le plaça contre la porte de manière à la bloquer. ***

*** En attendant que son aîné lance son sort, Marcolien se dirigea vers le coin le plus obscur et tâtonna lentement, sondant le mur puis le sol. ***